- Ancien Testament
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Dans le christianisme, on appelle Ancien Testament, Alliance[1], ou Ancienne Alliance l'ensemble des écrits de la Bible hébraïque, textes hébreux antérieurs à la vie de Jésus, laquelle est relatée dans le Nouveau Testament (en grec : Ἡ Παλαιὰ Διαθήκη / Hê Palaià Diathếkê). Le mot testament vient du mot grec διαθήκη / diathếkê : testament, contrat, convention) traduit en latin par testamentum (testament ; témoignage). Le mot grec a un sens plus large (celui de contrat) que le mot latin, aussi certains préfèrent le traduire par « Alliance ».
Les chrétiens considèrent que la Bible se compose de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament.
L'Ancien Testament comprend les livres de la Bible hébraïque : Torah (Pentateuque), Nevi'im (Prophètes) et Ketouvim (Autres Écrits) ; pour le catholicisme, les livres deutérocanoniques s'ajoutent à la Bible hébraïque.
Sommaire
Textes originaux d'après l'histoire deutéronomiste
Ce qu'on appelle Bible hébraïque est un ensemble de textes religieux rédigés pour sa très grande majorité en hébreu et qui nous est parvenu sous la forme de copies de copies[2]. Les Juifs la nomment TaNaK ou Tanakh, par abréviation du nom hébreu des livres qui la composent : Torah (la Loi), Neviim (les Prophètes), Ketouvim (les [autres] Livres, ou Ecrits). A ce Canon reconnu par la communauté juive, l’Eglise chrétienne a ajouté sept livres et des additions diverses, œuvres dites deutérocanoniques, que ne reconnaissent pas les Eglises Protestantes. Pour les premières communautés chrétiennes, celles auxquelles écrit Paul, la Bible était encore exclusivement ce que les chrétiens appellent l'Ancien Testament ou "Alliance" ou "Première Alliance".
La Bible naît de l'exil. Dès 605 avant J.-C., l'empire babylonien contrôle le proche Orient. En 598 a lieu le premier siège de Jérusalem et une partie importante des intellectuels du roi de Judée sont déportés. La révolte de Sédécias se termine par la destruction de la ville et du premier Temple. Récits d'exil et de Déportation (qui n'affecte en fait que 1 à 5 % du peuple) en deux Rois XXI:25.
À partir d'un Deutéronome primitif, écrit vers 630 avant J.-C., les intellectuels écrivent en exil une fresque historique qu'on retrouve de Deutéronome jusqu'aux Livres des Rois. Toutefois, ce n'est pas une historiographie au sens moderne non plus qu'une enquête comme celle que fera Hérodote. C'est une histoire interprétée à la lumière d'une clef de lecture : la désobéissance d'Israël à Dieu. On repèrerait aussi un « livre des sauveurs » datant du règne de Josias sous la charpente du Livre des Juges et de l'Ascension de David (1 Samuel XVI- 2 Samuel V). À défaut de temple, Deut. VI:9 se trouve à l'origine du culte synagogal.
Les prophètes du VIIIe siècle avant l'ère commune avaient dénoncé les injustices sociales et les dérèglements en Israël et en Judas. Après la catastrophe de l'Exil, ils deviennent crédibles. On considère que leurs oracles sont confirmés. Les mêmes deutéronomistes éditent donc Amos, Osée et Jérémie et étayent leur clef de lecture. À partir de 540 avant J.-C., se développe un prophétisme de salut qui répond à la question : « Y a-t-il un espoir pour le peuple de YHWH ? » C'est ce qu'on trouve dans le Deutéro-Ésaïe (deuxième Ésaïe, chap. XL:55) où un groupe de prophètes anonymes éditent ou rééditent la collection d'Isaïe datant du VIIIe siècle en l'actualisant. Ils présentent la fin de l'Exil, le retour au Pays comme un nouvel Exode et une nouvelle création (Isaïe XLIII:18-20).
Les traditions sur les patriarches furent véhiculées par les populations rurales non déportées. (Ezechiel XXXIII:24 revendique la terre contre une partie des exilés au moyen de la figure d'Abraham). La mise par écrit est l'œuvre de l'entourage de Guedalias, le gouverneur installé par les Babyloniens. Contrairement aux livres deutéronomistes qui prônent la séparation d'Israël avec les autres nations, l'histoire d'Abraham insiste sur la nécessité d'une cohabitation pacifique avec les peuples de Syrie et de Palestine.
Durant l'Exil, les traditions sur les patriarches (Élection, Libération) se trouvent en concurrence avec les récits deutéronomistes (éloignement de YHWH, punition, conversion, rétribution). Vers le fin de l'Exil ou dans les premières années de la domination perse, le milieu sacerdotal publie le noyau narratif du Pentateuque avec l'histoire de l'Exode et les traditions des Patriarches où sont distinguées trois époques d'une révélation continue : les origines de l'humanité où Dieu est appelé « Elohim », la période des patriarches où il se manifeste comme « El Shadday », l'époque de Moïse où il se fait connaître sous le nom de « YHWH ».
On insiste alors sur le culte sacrificiel (Levitique) et l'on tient compte d'un peuple en dispersion en plaçant l'obligation du Shabbat (Genèse II:1-4), les règles alimentaires de base (Genèse IX:4), la circoncision (Genèse XVII), la célébration de la sortie d'Égypte (Exode XII) comme autant de règles d'identité faciles à observer où qu'on se trouve.
L'Exil est le lieu nodal dont tiennent compte deutéronomistes et auteurs sacerdotaux. À l'époque perse, le Deutéronome est séparé de l'histoire deutéronomiste et fournit la partie finale. La Torah est devenue une patrie portative (l'expression est de Heine).
Canon de l'Ancien Testament
Article détaillé : Canon (Bible).Il est difficile de situer le moment à partir duquel l'Ancien Testament a été constitué en Canon par les chrétiens. Au IIe siècle, l'Église de Rome décida de rejeter l'hérésie de Marcion, qui prétendait supprimer toute référence aux écrits vétéro-testamentaires. Ce ne fut que plus tard que le Canon de la Bible chrétienne fut constitué, en incluant pour l'Ancien Testament le Canon de la Bible hébraïque.
Le plan du Canon de l'Ancien Testament est actuellement le suivant (entre parenthèses, l'équivalent dans la Bible hébraïque, avec quelques différences de contenu) :
- Pentateuque (Torah)
- Prophètes (Nevi'im)
- Autres écrits appelés Livres poétiques et sapientaux dans le catholicisme (Ketouvim)
- Livres deutérocanoniques, comptés dans le canon lors du Concile de Trente mais considérés comme apocryphes par le protestantisme.
Notes
- Bible, Nouvelle traduction 2001 Bayard
- Voir Edouard DHORME, Introduction à La Bible (Ancien Testament) (Pléiade (Gallimard); p.XVII-XVIII)
Voir aussi
Articles connexes
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