- Vitraux de Chartres
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Les vitraux de Chartres, mondialement connus de par leur fameux « bleu de Chartres », sont restés intacts depuis le Moyen Âge.
La plupart des vitraux ont été faits pour l'église actuelle reconstruite après l'incendie de 1194. Leur réalisation peut être datée des années 1205 à 1240.
Cependant quelques uns sont des témoins de la cathédrale antérieure :
- - les trois lancettes de la façade occidentale qui ont dû être exécutés entre 1145 et 1155,
- - la partie centrale du vitrail (baie située au début du déambulatoire côté Sud) appelée Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière, célèbre pour son bleu dit de Chartres, daté de 1180 (le reste du vitrail date des années 1215-1220).
Les plus anciens vitraux de Chartres sont contemporains de ceux que l'abbé Suger fait réaliser, entre 1144 et 1151, pour l'abbatiale de Saint-Denis et qui y sont encore visibles dans les chapelles rayonnantes du chevet.
Quelques vitraux ont été réalisés plus tardivement :
- les vitraux de la chapelle Saint-Piat, du milieu du XIVe siècle ;
- la verrière de la chapelle de Vendôme qui a été réalisée dans le premier quart du XVe siècle.
Plusieurs verrières ayant été endommagées, elles ont été restaurées au cours des siècles, la première au XVe siècle. Un programme de nettoyage et de traitement des verrières contre les effets de la pollution a été entrepris à partir de 1972. Il est toujours en cours. Les études préalables ont été menées par le Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques[1]. Pour les protéger des bombardements allemands (voir la destruction des vitraux de la cathédrale de Reims), les vitraux ont été entièrement déposés pendant les Première et Seconde guerres mondiales.
But - Iconographie - Technique
Pourquoi des vitraux
Faire pénétrer la lumière dans un bâtiment pour permettre d'y voir afin de s'y déplacer sans risque et lire plus facilement des textes liturgiques est une obligation à laquelle une église doit répondre.
L'architecture romane avec ses voûtes en berceau nécessitait des murs épais pour assurer la reprise de la poussée de la voûte. La recherche des maîtres d'œuvre va donc tenter de répondre à ce désir d'alléger la structure du bâtiment. Pour ce faire, ils vont ramener la poussée des voûtes dans certains points de la voûte où elle est équilibrée par des contreforts disposés perpendiculairement aux murs. Ces murs n'ayant plus que leur poids et la poussée du vent à reprendre peuvent être allégés. Des ouvertures de plus en plus grandes vont être pratiquées dans ces murs jusqu'à pratiquement les faire disparaître dans la Sainte-Chapelle de Paris, où la chapelle haute peut être considérée comme un reliquaire de verre, où à la cathédrale Saint-Étienne de Metz qualifiée de « Lanterne du Bon Dieu » avec ses 6 500 m² de vitraux.
À cette recherche, somme toute assez pratique, s'en ajoutent d'autres plus prégnantes parce que d'origine théologique. Dans le monde du XIIe siècle qui voit fleurir les études auprès des cathédrales, elles se sont imposées aux clercs.
La Bible s'ouvre avec le livre de la Genèse 1-5 :
« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
La terre était informe et vide; il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
Dieu dit : Que la lumière soit! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour. »Cette volonté de faire entrer la lumière dans l'église est énoncée avec force par Suger dans ses écrits ainsi que les raisons pour lesquelles il fait entreprendre les travaux de reconstruction du chœur de l'abbatiale. Quand ses contemporains ont assisté à la consécration du chœur en 1144, ils ont été étonné par la lumière pénétrant dans l'édifice. Suger justifie dans De constructione ecclesiae sancti Dionysii les chapelles rayonnantes du chevet « grâce auxquelles toute l'église resplendit de la lumière merveilleuse et ininterrompue des fenêtres étincelantes qui rayonnent leur beauté à l'intérieur »[2]. Ce nouvel art de France (opus francigenum) initié par Suger, qu'on a appelé gothique au XVIIe siècle, a fait école à partir du domaine royal dans toute l'Europe. Pour reprendre les termes de Louis Grodecki, c'est dans l'abbatiale de Saint-Denis « que se dégage pour la première fois l'architecture gothique en tant que système constructif - emploi cohérent et fécond dans les solutions qu'il commande des ogives indépendantes,"arcus singulariter voluti" comme l'appelle l'abbé »[3]. C'est aussi à l'abbaye de Saint-Denis qu'a été réalisée par Suger la première rose avec des vitraux dans la façade occidentale. Mais elle a été détruite au XVIIIe siècle pour mettre une horloge.
C'est aussi à l'abbaye de Saint-Denis que va se développer l'étude d'un manuscrit grec des œuvres de Denys l'Aréopagite, appelé le pseudo-Denys. Ce manuscrit avait été donné à l'abbaye vers 827 par l'empereur Louis le Pieux qui l'avait reçu de l'empereur d'Orient Michel II le Bègue. Ce texte et son interprétation par Jean Scot Érigène est à l'origine de tout un courant mystique de la théologie médiévale. Cette interprétation a fortement influencé Suger d'autant qu'exact contemporain du maître le plus écouté de Paris, Hugues de Saint-Victor, il a dû être conforté par sa vision du monde écrite en 1125 dans ses commentaires de la Hiérarchie Céleste du Pseudo-Denys.
Pour reprendre ce qu'écrit Georges Duby : « Hugues de Saint-Denis proclame que chaque image sensible est signe ou « sacrement » des choses invisibles, celles que découvrira l'âme lorsqu'elle sera dégagée de son enveloppe corporelle »[4]. Il distingue trois étapes de cette progression du visible vers l'invisible :
- la cogito : exploration du monde perceptible en s'appuyant sur la pensée abstraite ;
- la meditatio : retour introspectif de l'âme sur soi-même ;
- la contemplatio : intuition de la vérité.
La première affirmation que Suger a essayé de réaliser dans son œuvre, c'est que « Dieu est Lumière », reprenant le texte de la première épître de Jean dans 1:5 : « La nouvelle que nous avons apprise de lui et que nous vous annonçons, c'est que Dieu est lumière, et qu'il n'y a point en lui de ténèbres. »
Cette identité de Dieu avec la lumière est affirmée autant dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament et doit se manifester dans l'église qui est celle de l'évêque qui enseigne au peuple chrétien. Cette église enseignante est une préfiguration de la Jérusalem céleste décrite dans l'Apocalypse de Jean (21:11-14) : « Son éclat était semblable à celui d'une pierre très précieuse, d'une pierre de jaspe transparente comme du cristal. » Le fidèle entrant par le portail occidental de la cathédrale devait pouvoir parcourir les différents états décrits par Hugues de Saint-Victor en même temps qu'il s'approchait du chœur et du maître-autel où il peut communier pendant la messe.
Iconographie
La compréhension et l'interprétation de l'ensemble des vitraux est délicate à faire aujourd'hui pour un esprit moderne qui n'a plus aucun contact avec la théologie du Moyen Âge, ses enseignements et les sermons qui commentaient ces verrières. Cependant, la présence d'une école, célèbre au XIIe siècle, ne peut pas laisser supposer que la répartition des vitraux n'ait pas eu un sens précis pour celui ou ceux qui les ont conçus.
Dans les justifications faites par Suger, et reprises dans les cathédrales gothiques, on peut constater qu'il a voulu montrer les grands dogmes de la foi chrétienne avec ses différents degrés de lecture de la Lectio divina :
- - littéral, historique ou légendaire ;
- - allégorique ou typologique, qui établit la correspondance entre l'Ancien et le Nouveau Testament ;
- - anagogique, qui élève l'esprit du visible à l'invisible, et fait entrevoir le Royaume de Dieu ;
- - moral, qui conduit à la piété et à la vertu.
L'espace des verrières peut être divisé en plusieurs sous-espaces[5] :
- le bas et le haut :
- le niveau inférieur de l'église, avec des verrières légendaires, vitraux narratifs, racontant des vies de Jésus, de la Vierge, de saints ou de prophètes et composées de plusieurs scènes à petite échelle ;
- le niveau supérieur avec de grands personnages, cortège de saints et de prophètes, montrant la gloire de l'Église.
- le Nord et le Sud pour une église orientée Est-Ouest :
- l'Est, par où apparaît la lumière du jour, rappelant le début de la Genèse ;
- l'Ouest, où la lumière disparaît avant sa renaissance et le Jugement dernier ;
- le Nord, qui est consacrée à l'histoire jusqu'à l'Incarnation ;
- le Sud, qui annonce le royaume de Dieu après la seconde parousie du Christ et la Rédemption.
- les trois façades avec les roses :
- la façade occidentale avec sa rose du Jugement dernier ;
- la façade Nord avec sa rose de la Vierge à l'Enfant, rappelant l'Incarnation qui mène à la Rédemption ;
- la façade Sud avec sa rose du Christ triomphant entouré de 24 vieillards de l'Apocalypse, annonçant la seconde parousie et le royaume de Dieu.
La rose est d'abord une représentation d'une roue. Elle apparaît dans la vision d'Ézéchiel (1:15-16)[6] :
« [...] et voici, il y avait une roue sur la terre, près des animaux, devant leurs quatre faces.
À leur aspect et leur structure, ces roues semblaient être en chrysolithe, et toutes les quatre avaient la même forme ; leur aspect et leur structure étaient tels que chaque roue paraissait être au milieu d'une autre roue. »Les Animaux de la vision d'Ézéchiel seront reliés aux être vivants de la première vision de l'Apocalypse et aux quatre évangélistes. La première représentation de la roue en architecture peut se voir sur la façade du croisillon Nord de l'église Saint-Étienne de Beauvais. C'est alors une roue de la Fortune[7]. La représentation de la roue est reprise par Suger sur la façade occidentale de l'abbatiale de Saint-Denis. Ce n'est que progressivement que la roue va se transformer en rose, symbolisant la Vierge.
- la nef, le transept et le chœur
Une interprétation rattachant les vitraux qui composent ces trois espaces (nef, transept, chœur) à un temps de l'histoire de la révélation est plus difficile à faire à Chartres.
Technique et ateliers
Les vitraux sont connus en France depuis le Ve siècle. Le plus ancien vitrail figuré conservé en France est le Christ de Wissembourg.
La restauration récente des vitraux a permis de les étudier et de remettre en cause les affirmations de Louis Grodecki qui avait imaginé l'intervention de deux ateliers principaux[8] :
- celui qui avait réalisé le vitrail du Bon Samaritain,
- le deuxième aurait réalisé le vitrail de la Vie de Saint Lubin.
Les analyses stylistiques ont permis de compter jusqu'à cinq peintres-verriers différents pour le vitrail du Bon Samaritain, un peintre-verrier principal et des peintres-verriers secondaires. Mais on a pu aussi constater qu'un peintre-verrier secondaire d'un vitrail pouvait être le peintre-verrier principal d'une autre verrière. Cette organisation faisant apparaître des individus plutôt que des ateliers, comme on le constate plus nettement au XIVe siècle, est probablement dû aussi à la rapidité d'exécution des verrières.
L'analyse des verres a montré qu'ils avaient des colorations semblables et se sont corrodés de manière identique. On peut donc supposer que les verres étaient communs à tous les peintres-verriers. Il n'y a qu'une seule exception : le vitrail de la Vie de saint Eustache. Le verre n'a pas la même coloration que les autres verres et s'est corrodé de manière différente. On peut donc supposer comme l'a fait remarquer Louis Grodecki que le maître qui a réalisé ce vitrail a dû être demandé par la fabrique de la cathédrale et qu'il est venu avec ses propres verres.
La technique de la fabrication des verrières a été minutieusement décrite par le moine Théophile au début du XIIe siècle dans son traité Schedula diversum artium : sur un panneau de bois blanchi, le peintre-verrier trace la composition de la verrière, il découpe ensuite les verres dessus, puis les peint et les assemble[9].
Lecture des vitraux
Les verrières narratives se lisent en général de bas en haut et de gauche à droite. Par contre le vitrail de la Passion typologique (baie no 37) se lit de haut en bas.
Cependant, toutes les verrières ne sont pas que des bandes dessinées sur verre racontant une histoire d'une manière linéaire. Dans certaines verrières, les scènes se répondent en jouant sur des concordances entre images en vis-à-vis.
Les scènes d'un vitrail peuvent être regroupées en ensembles formant des carrés, des fleurs à quatre pétales ou lobes.
Notre-Dame de la Belle Verrière
Les vitraux de Chartres sont célèbres pour leur bleu dont le secret précis de fabrication ne nous est pas parvenu.
Notre-Dame de la Belle Verrière, vitrail qui est une des cent soixante-quinze représentations de la Vierge dans la Cathédrale, doit sa célébrité à ce bleu cobalt exceptionnel qui a pourtant failli disparaître lors du terrible incendie de 1194. En effet, seul le panneau central — celui de Marie et de son Enfant — et les trois verrières qui surplombent le portail royal ont résisté au désastre.
Sur ce vitrail, la Vierge, sans écraser ceux qui la regardent depuis le sol de la cathédrale, les surplombe de ses 2,25 mètres et présente son Enfant tenant un livre sur lequel peut être lue l'inscription « omnis vallis implebitur » (« Toute vallée sera comblée ») en référence à Saint Luc qui cite cette phrase en prélude à la prédiction de Saint Jean-Baptiste.
Elle pose son regard sur nous et en même temps au-delà de nous, avec à la fois grandeur, humilité, pureté, compassion, expérience, sérénité, tristesse, sourire et majesté.
En son centre, Marie règne sur son trône céleste. Sous le trône de la Vierge, trois panneaux rappellent l'épisode des tentations de Jésus, et six autres celui des noces de Cana. Enfin, autour de la Vierge en Majesté, huit autres panneaux montrent les anges glorifiant l'Enfant Roi et sa Mère. Au zénith, le dernier des vingt panneaux, celui de l'Esprit-Saint — représenté par une colombe dont la tête est cernée d'un nimbe crucifère — rayonne sur elle.
Ce vitrail sans signature se compose de deux parties :
- au centre, les trois panneaux qui représentent la Vierge à l'Enfant remontant à la fin du XIIe siècle avec son célèbre bleu de Chartres ;
- autour des panneaux distincts juxtaposés du début du XIIIe siècle.
Le chanoine Delaporte avait fait remarquer en 1960 qu'un acte avait été passé le 3 octobre 1195, soit après l'incendie, sur l'autel de la Vierge qui devait être l'autel majeur de la cathédrale. Il en déduisait que l'abside de la cathédrale devait avoir subsisté après l'incendie de 1194. D'autres spécialistes ont remarqué que sur le livre ouvert que tient l'Enfant Jésus est écrit le début de l'antienne en l'honneur de la Vierge à Chartres. Ils en ont déduit que ces trois panneaux faisaient partie du vitrail qui se trouvait dans l'abside de la cathédrale derrière l'autel majeur et n'a donc pas été touché par l'incendie[10].
Verrières du chœur
La numérotation des baies est celle adoptée par le Corpus vitrearum.
Elle va de 0 à 99 pour le niveau inférieur, commence par le chevet jusqu'à la façade de la nef. Le numéro 0 est donné à la baie située dans l'axe de l'abside ou de la chapelle d'axe. Les numéros impairs sont donnés aux baies situées côté gauche. Les numéros pairs sont donnés aux baies côté droite.
Le niveau supérieur va de 100 à 199, suivant le même principe que pour le niveau inférieur. La baie 100 est la baie située dans l'axe du chœur.
Les vitraux sont présentés dans l'ordre de numérotation du Corpus vitrearum, c'est-à-dire du chœur vers la façade occidentale.Verrières de la chapelle d'axe du chevet (chapelle des Apôtres)
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 00 La vocation des Apôtres - 1210-1225 1 Les histoires de saint Simon et de saint Jude Chanoine Henri Noblet 1220-1225 2 L'histoire de saint André - 1210-1225, 1872 3 Grisaille - seconde moitié du XIIIe siècle 4 L'histoire de saint Paul - 1210-1225, 1872 La chapelle axiale est consacrée à la mission des apôtres. Cela est original car le plus souvent la chapelle axiale est consacrée à la Vierge d'autant que la cathédrale de Chartres à toujours été dédiée à Notre-Dame. Cependant, on peut remarquer que le pape Innocent III, qui a lancé la croisade contre les Albigeois à partir de 1208, a rappelé la mission des apôtres dont les évêques sont les successeurs.
Verrières basses
Verrières côté gauche
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 5 Histoire de saint Jacques le Majeur - 1210-1225 7 Histoire de Charlemagne - vers 1225 9 Histoires de saint Théodore et saint Vincent - 1215-1225 11 Histoitre de saint Pantaléon - 1220-1225 13 Histoire de saint Étienne et de la translation de ses reliques - 1220-1225 15 Histoire de saint Chéron - 1220-1225 17 Histoires de saint Savinien et saint Potentien - 1215-1225 19 Grisaille - vers 1240 21 Histoire de saint Julien l'Hospitalien - 1215-1225 23 Histoire de saint Thomas - 1220-1230 et vers 1240 25 Martyre de saint Laurent, Christ bénissant avec quatre anges - 1230-1250 27 Christ entre Alpha et Oméga et Tétramorphe - 1230-1250 29 Miracles de saint Thomas, saint Nicolas en lutte contre le culte de Diane
Histoire de saint Germain d'Auxerre, Christ bénissant et le trétramorpheChanoine Étienne Chardonel
Chanoine Geoffroy Chardonel1225-1235 Vitrail de l'Histoire de Charlemagne
On peut s'étonner de voir dans une fenêtre de chapelle du chevet d'une cathédrale un vitrail consacré à la vie de Charlemagne. Ce dernier n'était pas un saint même s'il avait été reconnu comme saint par l'antipape Pascal III à la demande de l'empereur du Saint empire romain germanique Frédéric Barberousse, en 1165, mais cette décision n'a jamais été reconnue par l'Église.
On peut remarquer qu'il existait au chevet de l'abbatiale de Saint-Denis un vitrail sur le voyage légendaire de Charlemagne en Orient qui faisait probablement partie des vitraux commandés par Suger. À Saint-Denis ce vitrail était couplé avec celui de la Première Croisade. Le récit de ce voyage légendaire, appelé Descriptio qualiter Karolus Magnus clavum et coronam Domini a Constantinopoli Aquisgrani detulerit qualiterque Karolus Calvus hec ad Sanctum Dionysium retulerit, avait été composé à Saint-Denis avant 1125. Ce voyage racontait le récit des reliques de la Passion et de leur transfert partiel jusqu'à l'abbaye de Saint-Denis.
Certaines scènes du vitrail de Chartres rappellent celles de Saint-Denis (disparues à la Révolution mais connues par des dessins) mais elles sont des compilations de plusieurs textes : la légende du pèlerinage de Charlemagne composée à Saint-Denis, la chronique du Pseudo-Turpin et la légende de saint Gilles.
Dans la partie basse, Charlemagne apparaît en rêve à Constantin, se rend à Constantinople puis à Jérusalem pour délivrer la ville. Constantin lui remet les reliques que Charlemagne dépose à Aix-la-Chapelle.
Puis Charlemagne se rend en Espagne pour délivrer le tombeau de saint Jacques après l'avoir vu en rêve avec l'archevêque de Reims, Turpin. Bataille contre les Maures à Pampelune, construction d'une église en l'honneur de l'apôtre. Deuxième bataille au cours de laquelle les lances des Maures se mettent à fleurir et Roland se bat contre Ferragut. Embuscade de Roncevaux faite par les païens avec Ganelon. Baudouin, écuyer de Roland, annonce sa mort à Charlemagne.
Dans le registre supérieur, messe de saint Gilles. Charlemagne est pardonné du péché d'inceste avec sa sœur dont est né Roland.Ce vitrail est placé à côté de celui de saint Jacques le Majeur. Il montre l'exemple d'un empereur, représentant le pouvoir temporel, qui se met au service du pouvoir spirituel et délivre les lieux saints des infidèles et obtient de lui le pardon de ses péchés. Faut-il y voir un message d'exemple adressé au roi Philippe Auguste au moment où le pape Innocent III le presse de participer à la Croisade contre les Albigeois et où se pose le problème de l'interdit prononcé par le pape après sa séparation d'avec sa femme et son remariage avec Agnès de Méranie ?
Verrières côté droite
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 6 Grisaille - 1350-1360 8 Histoire de saint Sylvestre - 1210-1225 10 Grisaille - dernier quart du XIIIe s., 1417 12 Histoire de saint Rémi - 1220-1225 14 Vie et miracles de saint Nicolas - 1215-1225 16 Vies de sainte Marguerite et sainte Catherine - 1220-1227 18 Vie de saint Thomas Becket - 1215-1225 ? 20 Vie de saint Martin - 1215-1225 22 Grisaille - fin du XVIe s. et 1961 24 Grisaille - fin du XVIe s. et 1961 26 Annonciation, Christ bénissant et Tétramorphe - milieu du XIIIe s. et 2e quart du XIVe s. 28 Vie de la Vierge, le zodiaque et les travaux des mois
Annonciation, Visitation, Nativité, Présentation au Temple
Adoration des Mages, Massacre des Innocents, Fuite en Égypte, Christ bénissantVignerons
Thibault VI, comte de Chartres1217-vers 1220 30 Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière
Histoire de saint Antoine- vers 1180, 1215-1220 Verrières hautes
Verrière d'axe
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 100 Annonciation, Visitation, Vierge à l'Enfant Boulangers 1210-1225, 1415 Verrière côté gauche
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 101 Aaron et ange Gaufridus et sa femme 1210-1225, XVIe s. 103 Ézéchiel, David jouant de la harpe Bouchers 1210-1225 105 Christ remettant les clés à saint Pierre
Saint Pierre délivré de prison par un ange
Rencontre du Christ et de saint Pierre à la porte de RomeChangeurs 1210-1225 107 Grisailles
Les vitraux ont été détruits en 1757 et 1773 pour éclairer l'autelLouis de France en armure et à cheval 1220-1225, 1935 109 Histoire de saint Martin Thibault VI, comte de Chartres 1210-1225 111 Saint Jacques le Majeur et roi de Casille
Saint Jean Baptiste et reine de CastilleRoi de Castille 1210-1225, 1935 113 Pèlerins de Saint-Jacques
Vierge à l'Enfant et Christ couronné trônantRobert de Bérou
Regnault de Mouçon, évêque de Chartresvers 1217 Verrière côté droite
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 102 Moïse et le buisson ardent
Isaïe trônantBoulangers 1210-1225 104 Christ remettant les clés à saint Pierre
Saint Pierre délivré de prison par un ange
Rencontre du Christ et de saint Pierre à la porte de RomeChangeurs 1210-1225 106 Histoire de saint Jean Baptiste Changeurs 1210-1225, 1920 108 Grisailles
Les vitraux ont été détruits en 1757 et 1773 pour éclairer l'autelGuillaume de la Ferté, Étienne de Sancerre
un seigneur de Montfort1220-1225, 1935 110 Saint Paul
Histoire de saint VincentMégissiers
Pierre Baillart, un seigneur de la maison de Montfort1210-1225, 1921 112 Saint Eustache
Saint Georges
Rose représentant un seigneur de CourtenayPhilippe de Courtenay
Guillaume de Tanlay1210-1225, 1936 114 Saint Jean l'Évangéliste et saint Jacques le Majeur, adoration des mages
Nativité, fuite en Égypte
Rose représentant un seigneur de BeaumontBouchard de Marly
Colin1210-1225 Chapelle Saint-Piat
La chapelle a été construite à partir de 1324 pour recueillir les reliques du saint. La chapelle a été reliée à la cathédrale entre 1350 et 1358. La chapelle contient sept verrières notées de 0 à 6, la baie 0 est celle de l'axe de la chapelle. Les baies 0-4 contiennent des vitraux gothiques. Les baies 5 et 6 ont des vitraux du XVIe siècle avec des restes de vitraux du XVe siècle provenant de la bibliothèque détruite du chapitre.
Croisillon Nord du transept
Vitraux réalisés vers 1235.
Rose du transept Nord
La rose a en son centre la Vierge Marie portant l'Enfant Jésus, autour, un premier cercle présentant :
- au-dessus de la Vierge, quatre colombes, pour les dons du Saint-Esprit,
- des anges tenant des encensoirs,
- des anges tenant des chandeliers
- des chérubins,
ensuite un deuxième cercle de vitraux en forme de losange avec les rois de Juda donnée dans l'Évangile selon Matthieu (Matthieu 1,7-10) :
sur un troisième cercle, au bord de la rose, les douze petits prophètes :
Entre ces deux cercles, des quadrilobes avec les armes de France.
Vitraux autour de la rose
Les vitraux placés de part et d'autre de la rose et au-dessous sont aux armes de France et de Castille.
Vitraux de la façade
Ces vitraux placés sous la rose ont en leur centre, sous celui de la Vierge Marie tenant l'Enfant Jésus, un vitrail représentant sainte Anne tenant le Vierge enfant dans ses bras, au-dessus des armes de France.
À sa gauche, le roi David tenant sa harpe, au-dessus de Saül qui se jette sur son épée, scène qui représente le vice de la colère. Puis, Melchisédech, le roi-prêtre, placé au-dessus de Nabuchodonosor adorant une idole.
À sa droite, le roi Salomon, le plus juste des rois d'Israël, placé au-dessus de Jéroboam adorant le veau d'or. Puis Aaron, le grand prêtre, dominant pharaon et ses troupes englouties par la Mer Rouge.
Mur Est
Verrière basse
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 31 Symbolique de la réconciliation entre Dieu et les hommes - 1971 Verrières hautes
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 115 Histoire de la Nativité - Histoire de saint Eustache Maison de Beaumont 1230-1235 117 Saints Philippe, Jude, André Prêtres 1230-1235 119 Saints Jude, Thomas, Barnabé - Christ trônant et bénissant Prêtre 1230-1235 Mur Ouest
Verrières basses
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 33 - - XIIe, XIIIe, 1964 35 La parabole du fils prodigue - 1205-1215 Verrières hautes
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 123 Grisaille - Dernier quart du XIIIe s. 125 Histoire de la Vierge : Annonce à Joachim - Annonciation - Visitation Femme et fille de Philippe de Boulogne 1230-1235, 1880 127 Histoire de la Vierge : Nativité - Dormition - Assomption - Couronnement Philippe Hurepel, comte de Boulogne 1230-1235 Croisillon sud du transept
Les vitraux ont été réalisés vers 1230.
Cette rose est un exemple de l'application de la Lectio divina :
- - littéral, historique ou légendaire : récit de la première vision de l'Apocalypse de Jean ;
- - allégorique ou typologique, qui établit la correspondance entre l'Ancien et le Nouveau Testament : les évangélistes du Nouveau Testament montés sur les épaules des prophètes de l'Ancien Testament pour voir le Royaume de Dieu, et eux-mêmes représentés par analogie avec les quatre être vivants de la première vision de l'Apocalypse de Jean ;
- - anagogique, qui élève l'esprit du visible à l'invisible, et fait entrevoir le Royaume de Dieu ;
- - moral, qui conduit à la piété et à la vertu : la famille de Dreux-Bretagne priant.
On peut aussi constater qu'il y a deux niveaux de représentation :
- - le premier niveaux, terrestre, avec la famille de Pierre Mauclerc, les quatre prophètes et les quatre évangélistes disposés de part et d'autre de la Vierge qui porte l'Enfant Jésus, Incarnation de Dieu sur terre, médiatrice entre les hommes et son Fils ;
- - le second niveau, céleste, avec la rose, première vision de Jean dans l'Apocalypse, image du royaume de Dieu.
Rose
Au centre de la rose se trouve le Christ en majesté.
Le premier cercle représente, à partir du bas à gauche et dans le sens d'une montre :
- - le lion, symbole de l'évangéliste Marc ;
- - le bœuf, symbole de l'évangéliste Luc ;
- - l'homme, symbole de l'évangéliste Matthieu ;
- - l'aigle, symbole de l'évangéliste Jean ;
- - les autres vitraux représentent des anges tenant des encensoirs.
Les deux cercles suivants représentent les vingt quatre Vieillards de l'Apocalypse. Entre ces deux cercles, des quadrilobes avec les blasons de la famille de Dreux, donateurs.
Cette rose est une illustration de la première vision de l'Apocalypse de Jean (4:1-11) :
« Monte ici, et je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite.
Aussitôt je fus ravi en esprit. Et voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône quelqu'un était assis. Celui qui était assis avait l'aspect d'une pierre de jaspe et de sardoine ; et le trône était environné d'un arc-en-ciel semblable à une émeraude.
Autour du trône je vis vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d'or.
Du trône sortent des éclairs, des voix et des tonnerres.
Devant le trône brûlent sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu. Il y a encore devant le trône comme une mer de verre, semblable à du cristal.
Au milieu du trône et autour du trône, il y a quatre être vivants remplis d'yeux devant et derrière. Le premier être vivant est semblable à un lion, le second être vivant est semblable à un veau, le troisième être vivant a la face d'un homme, et la quatrième être vivant est semblable à un aigle qui vole. Les quatre êtres vivants ont chacun six ailes, et ils sont remplis d'yeux tout autour et au dedans. Ils ne cessent de dire jour et nuit : Saint, saint, saint et le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, qui était et qui est, et qui vient ! »Verrières
Au centre, la Vierge tenant l'Enfant Jésus dans ses bras.
De part et d'autre deux groupes de quatre personnages montés deux à deux. Les quatre grands prophètes de l'Ancien testament portent sur leurs épaules les quatre évangélistes. Cette représentation traduit la continuité entre les deux testaments mais aussi la supériorité de la religion chrétienne. Il y a de gauche vers la droite :
- - Jérémie portant saint Luc,
- - Isaïe portant saint Matthieu,
- - Ézéchiel portant saint Jean,
- - Daniel portant saint Marc.
Ces prophètes et les évangélistes ont annoncé le royaume de Dieu qui est représenté dans la rose placée au-dessus.
Cette représentation des évangélistes montés sur les épaules des prophètes reprend une image du maître et chancelier de l'école de Chartres, Bernard de Chartres, telle qu'elle nous a été transmise par Jean de Salisbury dans son Metalogicon :« Nous sommes comme des nains assis sur les épaules des géants. Nous voyons plus de choses que les anciens et de plus éloignées, non par la pénétration de notre propre vue ou par l'élévation de notre taille, mais parce qu'ils nous soulèvent et nous exhaussent de toute leur hauteur gigantesque[11]. »
Au-dessous de ces personnanges sont représentés les membres de la famille des donateurs. Pierre de Dreux, surnommé Mauclerc, s'était marié en 1213 avec Alix de Thouars. Il devient alors duc de Bretagne et fait de cette branche cadette des capétiens une famille puissante.
- au-dessous de la Vierge, les armoiries des comtes de Dreux,
- à gauche, au-dessous de Jérémie, Alix de Thouars, duchesse de Bretagne
- puis à sa gauche, sa fille Yolande (née en 1224),
- au-dessous d'Ezéchiel, Pierre de Dreux dit Mauclerc,
- enfin, le fils aîné, Jean le Roux (né en 1217).
Mur Est
Verrière basse
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 32 La vie de saint Fulbert - 1954 Verrières hautes
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 116 Saint Denis remet à Henri Ier Clément l'oriflamme de l'abbaye de Saint-Denis
Saint Jean-BaptistePrêtre Geoffroy - Armoiries Clément du Mez 1228-1231 118 Saints Gervais, Protais, Saints Côme, Damien - la Vierge à l'Enfant couronnée Prêtre, prêtre Geoffroy - Donatrice 1225-1230 120 Un prophète, Osée - Vierge à l'Enfant trônant Pierre Mauclerc avec ses armes 1225-1230 Mur Ouest
Verrières basses
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 34 Grisaille - Début XVIe s., 1924 36 Histoire de saint Apollinaire - 1205-1215, 1328 Verrières hautes
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 124 Malachie - Michée Alix de Thouars, Pierre Mauclerc à cheval 1225-1230 126 Saintes Paule et Monique, prophètes - Saints non identifiés, saint Antoine Prêtre 1230-1235, 1928 128 Saint Paul - Saint Pierre Jean de Courville 1225-1230 Verrières de la nef
Verrières des collatéraux
Bas-côtés gauche
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 37 Passion typologique Forgerons et maréchaux-ferrants 1205-1215 et 1876 39 Vie de saint Nicolas Portefaix 1205-1215 41 Vie de Joseph Changeurs 1205-1215 43 Vie de saint Eustache Drapiers et fourreurs vers 1210-1215 45 Vie de saint Lubin Vignerons et marchands de vin 1202-1215 47 Vie de Noé Charpentiers, charrons, tonneliers 1205-1215 Bas-côté droite
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 38 Miracles de Notre-Dame Bouchers 1205-1215 et 1927 40 (Chapelle de Vendôme) - Vers 1415, XIXe et XXe siècles 42 Glorification de la Vierge Cordonniers 1205-1215 44 Parabole du Bon Samaritain Cordonniers et savetiers 1205-1215 46 Vie de sainte Marie Madeleine Porteurs d'eau 1205-1215 48 Vie de saint Jean l'Évangéliste Armuriers 1205-1215 Vitrail du Bon Samaritain
Le vitrail comprend trois grands quadrilobes avec des médaillons sur fond rouge au milieu de chacun et des semi-quadrilobes. Il a été offert par les cordonniers qui sont représentés au travail. Il raconte la parabole du Bon Samaritain racontée dans l'Évangile selon Luc (Lc 10, 25-37) dans sa partie inférieure. Il commence par le docteur de la Loi qui demande au Christ comment obtenir la vie éternelle. À la question du Christ qui lui demande ce que dit la Loi, le légiste répond « Aimer Dieu et ton prochain comme toi-même ». Mais qui est son prochain demande le légiste. Jésus répond par la parabole du Bon Samaritain : un voyageur se rend de Jérusalem à Jéricho. En chemin il est agressé et sérieusement blessé. Un légiste et un lévite passent à côté de lui sans vouloir s'en occuper. Un Samaritain le voyant banda ses plaies et le conduisit à une auberge où on prit soin de lui. Jésus demanda alors : « lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? », le légiste répond : « C'est celui qui a exercé la miséricorde envers lui ». Jésus répond : « Va, et toi, fais de même. »
Dans la partie supérieure est représentée l'histoire d'Adam et Ève. Adam et Ève ayant succombé à la tentation sont chassés du Paradis et sont condamner à travailler. La dernière scène du vitrail est le meurtre d'Abel par son frère Caïn.
L'enseignement du vitrail se fait en combinant des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testaments pour montrer la continuité du message. Pour Wilhelm Schlink, si le travail est le châtiment pour le péché, il est possible d'obtenir le salut de l'âme par la pénitence et la purification ainsi que par l'amour de son prochain et en ne tuant pas.
Pour Anne Prache, le concepteur du vitrail a réussi à relier les mots latins « sudore » (« sueur ») qui se trouve dans le commandement de Dieu : « in sudore vultus tui vesceris pane » (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ») et « sutore » (« cordonnier ») faisant entrer les cordonniers parmi les personnages de l'histoire sainte.
Vitrail de la Vie de Marie-Madeleine
Le vitrail a été offert par les porteurs d'eau. Le groupe de quatre scènes du médaillon inférieur de la Vie de Marie-Madeleine se lit en commençant par le bas à gauche :
- le repas chez Simon Lazare, Marie-Madeleine oint les pieds de Jésus en train de manger ;
- Lazare dans son cercueil ;
- le Christ est averti de la mort de Lazare par Marthe et Marie ;
- le Christ se rend chez Lazare.
Le médaillon suivant raconte le récit de Marie-Madeleine après la mort du Christ : elle se rend au tombeau et le découvre vide, elle rencontre le Ressuscité qui lui demande d'aller rejoindre les disciples pour leur annoncer sa Résurrection. Ont été ajoutées des scènes légendaires du voyage de Marie-Madeleine en Provence, de sa vie de pénitence et de sa mort. Le vitrail indique d'autres voie pour gagner la vie éternelle, par les dons à l'église et la pénitence.
Chapelle de Vendôme
À la suite d'un pèlerinage à Chartres, Louis de Bourbon, comte de Vendôme, et après la bataille d'Azincourt où il est fait prisonnier, fait entreprendre la construction de la chapelle en 1417.
La verrière se décompose en trois niveaux :
- au niveau inférieur, les armoiries des membres de la famille représentés au-dessus,
- au niveau intermédiaire, des membres de la famille de Louis de Vendôme avec leurs saints patrons :
- à l'extrémité gauche : Jacques de Bourbon, comte de La Marche, et son épouse Jeanne, reine de Naples, devant saint Denis,
- à côté, Jean de Bourbon, comte de La Marche, avec Catherine de Vendôme, parents du fondateur, avec saint Jacques,
- puis, Jean de Lusignan, roi de Chypre, et Charlotte de Bourbon, sœur du fondateur, avec saint Louis,
- enfin, les fondateurs, Louis de Bourbon et son épouse, avec saint Rémi,
- au niveau supérieur, la représentation de la sphère céleste avec le Christ couronnant sa Mère et saint Jean Baptiste et saint Jean l'Évangéliste.
Ces vitraux étaient déjà endommagés avant 1700. Ils ont disparus en grande partie au moment de la Révolution, en particulier les membres de la famille de Louis de Vendôme. Les personnages ont été refaits en 1920 par le peintre-verrier Albert-Louis Bonnot en s'inspirant des dessins de la collection Gaignières.
Verrières hautes
Chaque verrière haute comporte deux lancettes.
Côté gauche
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 129 Sainte Vierge - Vie de saint Martin Bourgeois de Tours 1205-1215 131 Sacrifice d'Abraham - Dieu bénissant - Christ bénisant Laboureurs 1205-1215 133 Saint-Gilles - Saint Georges Habitants de Nogent 1205-1215 135 La Vierge et les sept dons de l'Esprit - Deux apôtres Changeurs 1205-1215 137 Saint Nicolas - Quatre apôtres - Saint Thomas Becket Mégissiers - Deux donateurs 1205-1215 139 Saint Étienne - Saint Laurent - Sait Lubin Tisserands - Deux donateurs 1205-1215 141 Trois prophètes - Triple tentation du Christ Deux donateurs 1205-1215 Côté droite
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 130 Saint Symphorien - Saint Hilaire de Poitiers Deux donateurs 1205-1215 132 Murée au XVIe à cause de l'orgue - Saint Grégoire le Grand - 1205-1215 134 Moïse, saint Barthélemy - Saint Augustin, saint Caletric Tourneurs, un donateur 1205-1215 136 Saint Jacques - Saint Philippe et prophète Jérémie Cordonniers, famille de donateurs 1205-1215 138 Vierge portant l'Enfant - Sainte Foy - Saint Solenne Deux donatrices 1205-1215 140 Saint Jacques le Majeur - Saint Pierre - Christ bénissanr Boulangers 1205-1215 142 Sainte Marie l'Égyptienne - Saint Laumer - Saint abbé avec deux moines - 1205-1215 Façade occidentale
En cours de restauration.
Verrières de la vie terrestre du Christ
Ce sont les plus anciennes verrières de la cathédrale.
Liste des vitraux N° baie Nom du vitrail Donateurs Dates 49 L'Arbre de Jessé - 1145-1155 50 L'enfance et la vie du Christ - 1145-1155 51 La Passion - 1145-1155 La représentation de l'arbre de Jessé apparaît au XIIe siècle. Elle correspond à un double mouvement :
- l'importance dans la noblesse de l'importance du lignage,
- l'affirmation par l'Église de l'humanité du Christ, face à tous les mouvements hérétiques qui sont apparus et qui la nient, en particulier les cathares.
Le plus ancien vitrail connu est celui fait à la demande de Suger pour une chapelle du chevet de l'abbatiale de Saint-Denis. La représentation de Chartres peut être rapprochée de celle se trouvant dans le psautier de la reine Ingeburge, épouse répudiée de Philippe Auguste, qui se trouve aujourd'hui au musée Condé de Chantilly.
On peut remarquer que le vitrail de l'Arbre de Jessé qui rattache Jésus aux rois d'Israël se trouve côté Nord. C'est côté Nord que se trouvent les vitraux historiés liés à l'Ancien Testament, dont le vitrail de la vie de Noé qui est le suivant du bas-côté.
Le vitrail de la Passion est côté Sud est suivi de celui de saint Jean l'Évangéliste dans le bas-côté Sud de la nef.Rose du Jugement Dernier
Donateurs
Ce qui fait aussi l'intérêt des vitraux de Chartres, c'est la représentation des donateurs.
Pour permettre la réalisation en un temps aussi court de la nouvelle cathédrale, il a fallu de nombreux dons. Toutes les classes sociales de la société ont participé à cette entreprise : les souverains, dont on peut voir les armes sur les vitraux de la façade Nord du transept, les nobles de la région de Chartres, d'Île-de-France et de Normandie, le chapitre de la cathédrale, et les différentes corporations d'artisans.
Les nobles ont choisi de participer plutôt à la réalisation des verrières hautes. Ils sont représentés sur vingt-six verrières hautes et seulement tois verrières basses. On peut retrouver Louis VIII, Etienne de Sancerre, Guillaume de la Ferté, Simon de Montfort, Thibault VI, comte de Blois et de Chartres, Ferdinand III de Castille, Raoul de Courtenay, Robert de Champignelles, un seigneur de la famille Bar-Loupy, Bouchard de Montmorency, Robert de Beaumont, Jean de Courville, Pierre de Dreux dit Mauclerc, Jean Clément de Metz, seigneur du mez et d'Argentan, Philippe Hurepel, comte de Boulogne ... Blanche de Castille et Louis IX ont participé à la réalisation des vitraux de la façade du croisillon Nord du transept tandis que Pierre de Dreux participait à celle de la façade du croisillon Sud.
Près d'une trentaine de confréries et de corporations ont participé à la reconstruction de la cathédrale. Représentés sur les vitraux, ils forment un tableau des différents métiers au XIIIe siècle : charpentiers, menuisiers, laboureurs, vignerons, maçons, tailleurs de pierre, drapiers, fourreurs, boulangers, ...
Cet ensemble de petites scènes donnent une peinture vivante de la société du Moyen Âge.
Galerie de représentations de donateurs
Notes et références
- LRHM : Vitrail
- XIIe siècle, pp. 60-67, dans Saint-Denis, la basilique et le trésor, Dossiers d'Archéologie, n°261, mars 2001 Anne Prache, Les vitraux du
- Louis Grodecki, Les vitraux de Saint-Denis, p.18, CNRS et Arts et Métiers graphiques, Paris 1976
- ISBN 2-605-00034-6) Georges Duby, Le Moyen Âge - L'Europe des cathédrales 1140-1280, p.58, Éditions d'Art Albert Skira, Genève, 1995 (
- Colette Deremble, Les vitraux de la cathédrale, le programme iconographique, dans Chartres et sa cathédrale, Archéologia, Hors série no 5H, 1994
- ISBN 2-02-005291-1) Painton Cowen, Roses médiévales, Éditions du Seuil, Paris, 1979 (
- Architecture religieuse en Occident : Saint-Étienne de Beauvais
- XIIIe siècle, dans Chartres et sa cathédrale, Archéologia, Hors série n°5H, 1994 Claudine Lautier, Les vitraux de la cathédrale, les ateliers de peintres-verriers de la cathédrale au
- L'art et les artistes - Vitraux - Les techniques de fabrication des vitraux
- ISBN 2-7084-0511-X) Anne Prache, Remarques sur la construction de la cathédrale de Chartres à la lumière de la dendrochronologie, pp. 76, dans Actes du colloque Monde médiéval et société chartraine. Chartres 1194-1994, Picard éditeur, Paris, 1997 (
- Étienne Gilson, la philosophie au Moyen Âge, tome 1, p.259, petite bibliothèque Payot, Paris, 1976 (ISBN 2-228-32740-9)
Bibliographie
- Anne Prache et Françoise Jouanneaux, Chartres. La cathédrale Notre-Dame, Éditions du patrimoine (collection Cathédrales de France), Paris, 2000 (ISBN 2-85822-153-7)
- Brigitte Kurmann-Schwarz et Peter Kurmann, Chartres. La cathédrale, pp. 128-263, Éditions Zodiaque (collection Le ciel et la pierre), La Pierre-qui-Vire, 2001 (ISBN 978-2736902599)
- Y. Delaporte et E. Houvet, Les vitraux de la cathédrale de Chartres, Chartres, 1926
- Colette Manhes-Derembre, Les vitraux narratifs de la cathédrale de Chartres, étude iconographique, Corpus vitrearum, France, Études 2, Le Léopard d'Or, Paris, 1993 (ISBN 978-2863771167)
- J.-P. Derembre et C. Manhes, Les vitraux légendaires de Chartres, étude littéraire, Desclée de Brouwer, 1988 (ISBN 978-2220027258)
- Louis Grodecki, Le Maître de saint Eustache de la cathédrale de Chartres et Les problèmes de la peinture gothique et le Maître de saint Chéron de la cathédrale de Chartres, articles republiées dans Le Moen Âge retrouvé, vol. 2, Flammarion, Paris, 1990
- Louis Grodecki et C. Brisac, Le vitrail gothique du XIIIe siècle, Office du Livre, Fribourg, 1984
- Claudine Lautier, Les peintres-verriers des bas-côtés de la nef de Chartres au début du XIIIe siècle, p. 7-45, dans Bulletin monumental, t. 148, 1990
- Colette Deremble, Jean-Paul Deremble, et Henri Gaud, Voyage au Moyen Âge à travers les vitraux de Chartres, Édition Gaud (collection Ver Lum), 2004 (ISBN 978-2840801108)
- Jean-Pierre Deremble, Le vitrail du Bon samaritain, Chartres, Sens, Bourges, Centurion, 1987 (ISBN 978-2227810020)
- Nicole Lévis-Godechot, Chartres : Révélée par sa sculpture et ses vitraux, Éditions Zodiaque (collection Les formes de la nuit), La Pierre-qui-Vire, 1987 (ISBN 978-2736900403`)
- Anne Prache, Notre-Dame de Chartres. Image de la Jérusalem céleste, CNRS éditions, Paris, 2003 (ISBN 2-271-05012-X)
Annexes
Articles connexes
- Chartres
- Cathédrale Notre-Dame de Chartres
- Église Saint-Aignan
- Collégiale Saint-André
- Association Chartres, Sanctuaire du Monde
- Vitrail
- Michel Petit, maître verrier
Liens externes
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