Nationalisme américain

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Histoire des États-Unis

Drapeau des USA
Histoire des États-Unis
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Adena • Anasazis • Cinq tribus civilisées • Civilisation du Mississipi • Culture Hopewell • Hohokams • Mogollon • Mound Builders

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1865-1918
1918-1945
1945-1964
1964-1980
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Lorsque les premiers colons anglais sont arrivés à Jamestown (Virginie) en 1607, le continent connaissait une faible densité de population depuis plusieurs millénaires. Désireux de s'affranchir de la métropole et de gouverner par eux-mêmes, ces colons ont proclamé leur indépendance en 1776 et créé une nouvelle nation qu'ils baptisèrent États-Unis. Bien qu'ayant traversé une grave guerre civile au début des années 1860, la jeune république s'est développée rapidement grâce à l'afflux d'immigrés européens au XIXe siècle. À l'issue de la Première Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus la plus grande puissance mondiale, devançant les grands pays d'Europe. Ils n'ont plus quitté ce rang par la suite, prenant la tête du « monde libre » après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, la défaite subie à la fin de de la longue guerre du Viêt Nam en 1975 a remis en cause les certitudes américaines même si la désagrégation du bloc soviétique au début des années 1990 a favorisé le maintien de leur leadership international.

Formation du territoire américain (1810-1920). En vert, les territoires américains ; en orange les États fédérés de l'Union

Sommaire

Des origines à la fin de la guerre de sept ans

La période précolombienne

Les Anasazis construisent des cités bien avant l'arrivée de Christophe Colomb. Mesa Verde, Colorado.
Article détaillé : Amérindiens aux États-Unis.

Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. La découverte en 1996 de l'Homme de Kennewick (dans l'État de Washington) d'origine « caucasienne » et daté de 9700 ans, ainsi que les restes d'un homme, en partie momifié, également de type caucasien retrouvé sur le site de la Grotte des Esprits, au Nevada , daté entre -11 000 et -8000, donnent une nouvelle orientation dans le processus de colonisation préhistorique et de peuplement d'origine multiple, de l'Amérique du Nord. Parmi les hypothèses expliquant l'arrivée des Amérindiens, la plus connue laisserait entendre que des tribus de Mongolie et de Sibérie auraient, par petites bandes de chasseurs, émigrés d'Asie par le détroit de Béring, profitant d'une baisse du niveau de la mer. Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, il y a 17 000 ans avant notre ère, lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud[1].

Avant l'arrivée des Européens, plusieurs civilisations se sont développées sur le territoire actuel des États-Unis : les Mound Builders ont aménagés les premiers tertres vers 3 400 avant J.-C.[2]. La cité de Cahokia, près de Saint-Louis comptait au XIIe siècle quelques 15 000[3] à 30 000 habitants[4] et 120 tumulus[5].

Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis à 1,7 millions de personnes. Au XVIe siècle, les terres situées à l'est des Montagnes Rocheuses sont peuplées par des tribus amérindiennes : Cheyennes, Crows, Sioux, Hurons, Iroquois, Cherokees et Creeks qui chassent du bison mais aussi pratiquent la culture, la cueillette, l'élevage et la pêche. Les Iroquois vivent dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches. Ils comptent six grandes tribus.

Des tribus d'éleveurs et d'agriculteurs, Apaches, Comanches ou Pueblos, habitent les Rocheuses[6].

Découvertes et exploration

Au XVIe siècle, le conquistador Coronado se lance à la recherche des légendaires cités d'or, dans le sud-ouest des États-Unis actuels.

L'exploration du territoire de futurs États-Unis commence peu de temps après la découverte et exploration de l'Amérique par Christophe Colomb. Elle est d'abord le fait des Espagnols : Ponce de León qui découvre les côtes de Floride en 1513, Pánfilo de Narváez pour la partie septentrionale du golfe du Mexique (de la Floride jusqu'au Texas) en 1528[7]. Cependant, le territoire exploré intéresse peu les Espagnols car on n'y trouve pas d'or. Le premier poste permanent est fondé en Floride en 1565. À l'Ouest, les missions de jésuites qui tentent d'évangéliser les Indiens[6] et les encomiendas colonisent le Nouveau-Mexique, l'Arizona et la Californie à partir de la fin du XVIe siècle.

Au Nord-Est, Jean Cabot, un Italien, atteint le Labrador en 1497 pour le compte du roi d'Angleterre Henri VIII, mais cette expédition reste sans lendemain. Verrazano explore pour François Ier les côtes du Nouveau Monde de la Caroline du Nord jusqu'à la Nouvelle-Écosse (1524). Au XVIIe siècle, la présence d'abondants bancs de poissons attire les Européens dans ces régions orientales : les Français au nord, les Hollandais et les Suédois autour de l'embouchure de l'Hudson[7]. Ils nouent des contacts avec les Hurons et les Penobscots au nord, les Algonquins au centre, Delawares au sud. En 1609, Henry Hudson fonde à l'extrémité de la presqu'île de Manhattan, la Nouvelle-Amsterdam, pour le compte des Hollandais. Peter Minuit achète l'île pour 24 dollars aux Algonquins en 1624. Une colonie hollandaise s'y implante. Les premiers établissements suédois dans le Delaware datent de 1638. Dans tous ces établissements, le commerce de la fourrure avec les Indiens est très florissant. Au Nord du Saint-Laurent, les Français s'installent au Québec.

Au XVIIe siècle, des explorateurs étendent les possessions françaises vers la région des Grands Lacs et vers le Mississippi. Louis Jolliet et Jacques Marquette explorent le fleuve jusqu'à son confluent avec l'Arkansas en 1673. Cavelier de La Salle atteint le golfe du Mexique en 1682. La domination française s'étend alors sur toute la région du Mississippi, baptisée «Louisiane» en l'honneur de Louis XIV. En 1717, la France accorde le monopole du commerce local à la Compagnie d'Occident du financier Law[6].

Naissance et développement des colonies anglaises

Le littoral américain qui va de la baie de Fundy au Nord à l'embouchure de la Savannah au Sud, littoral le long duquel se sont installés les treize colonies anglaises d'Amérique, est plutôt inhospitalière et ne comporte aucune richesse naturelle. Ceci explique pourquoi les Espagnols et les Français, partis avant les Anglais dans la course à la colonisation du continent américain, ont négligé cette partie du Nouveau Monde[8]. C'est sous le règne d'Elisabeth Ière que commence l'aventure coloniale anglaise en Amérique du Nord. Dans la lutte contre l'Espagne, l'Amérique du Nord, reconnue par Humphrey Gilbert, représente une position stratégique. Les missions de colonisation sont confiées à Walter Raleigh en 1585 et en 1587. Des colons anglais débarquent dans l'île de Roanoke. Ils disparaissent mystérieusement, sans doute sous les coups des Indiens[7]. Jamestown est fondé en Virginie en 1607 par un groupe de marchands, muni d'une charte au profit de la Virginia Company of London[7]. En 1620, les 102 « pélerins », des protestants dissidents, arrivés à bord du Mayflower, s'installent près du Cap Cod dans le Massachusetts. Entre ces deux sites d'implantation anglaise, des colonies hollandaises (dans la baie d'Hudson) et suédoises (dans le Delaware) sont déjà en place. Les Anglais les éliminent progressivement et sont maîtres de toute la côte à la fin du XVIIe siècle[9]. Les remous de l'histoire de l'Angleterre au XVIIe siècle ont une grande influence sur le peuplement des colonies. Dans un premier temps, les dissidents y trouvent refuge ; après la proclamation de la République en 1648, ils sont suivis par des aristocrates et des catholiques ; enfin, ce sont de nouveau les puritains, puis les jacobinss qui débarquent[10]. Des Suédois, des Allemands, des Hollandais et des protestants français chassés par la révocation de l'édit de Nantes viennent commencer une autre existence.

Boston, la capitale de la Nouvelle-Angleterre, s'est développée au XVIIe siècle
Philadelphie est la ville la plus peuplée au XVIIIe siècle : Independence Hall

Au XVIIIe siècle, on peut distinguer trois types de colonies :

  • La Nouvelle-Angleterre regroupe quatre colonies : le New Hampshire, le Massachusetts, le Connecticut et le Rhode Island. Elles sont peuplées de petits propriétaires et entrepreneurs. Les ports sont voués à la pêche à la morue vers Terre-Neuve, au commerce de produits coloniaux vers les Antilles, en violation du pacte colonial[11]. La Nouvelle-Angleterre est peuplée de puritains. La religion y marque profondément la vie politique. En effet chaque communauté religieuse a l'habitude de s'administrer de manière autonome. Le même modèle est reproduit pour l'administration publique. Dans chaque bourgade, la communauté se réunit et délibère pour prendre les décisions concernant l'intérêt commun. La Nouvelle-Angleterre devient donc une démocratie de fait[12]. Sur le plan social, celui qui s'écarte de la religion est aussitôt mis à l'écart de la vie du groupe. La vie communautaire, très développée, aboutit à un strict contrôle de mœurs de chacun. Les Puritains ont fondé les premiers collèges, futures universités comme Harvard dès 1636. La ville principale, Boston, compte environ 20 000 habitants au milieu du XVIIIe siècle.
  • Les colonies du Sud sont au nombre de cinq : le Maryland, la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud et la Géorgie. Plus vastes que les colonies du Nord, elles sont essentiellement agricoles. La forme principale d'exploitation du sol est la plantation cultivée grâce à une main d'œuvre d'esclaves importés d'Afrique. On y cultive l'indigo, le tabac, le riz et à partir de la fin du XVIIIe siècle, le coton. L'organisation n'est guère démocratique. On trouve d'un côté les esclaves noirs plus nombreux que les Blancs[13] et de l'autre l'aristocratie politique qui gouverne les colonies. Cette dernière a transporté en Amérique les usages des élites européennes.
  • Le groupe intermédiaire de quatre colonies, New York, le New Jersey, le Delaware, la Pennsylvanie, est situé au centre et regroupe des colonies sans liens entre elles et sans identité commune. Le peuplement y est le plus diversifié. On note la présence d'Hollandais et de Suédois aux côtés des Britanniques. La ville principale est à l'époque Philadelphie, capitale de la Pennsylvanie peuplée par des quakers. Son urbanisme en avance sur celui de l'Europe fait de cette cité de 30 000 habitants la ville la plus admirée d'Amérique du Nord[14].
Les expériences scientifiques de Benjamin Franklin

Les Protestants encouragent la scolarité et les études. Aussi, la vie intellectuelle est intense. On trouve dans les colonies bon nombre des sociétés philosophiques et des loges maçonniques. Dès le XVIIe siècle les premières universités sont fondées : Harvard en 1636, Yale en 1716, Princeton en 1746[15]. Avec Benjamin Franklin, l'Amérique peut même s'honorer de fournir son premier grand savant au monde.

Les colonies sont toutes dotées de constitutions. Elles sont dirigées par un gouverneur qui représente la Couronne anglaise et qui est issu des vieilles familles de la colonie. Une assemblée élue représente les colons. La répartition des pouvoirs est calquée sur la monarchie parlementaire britannique. L'assemblée vote les impôts. Le gouverneur exerce le pouvoir exécutif. Mais ce qui fédère les colonies, c'est essentiellement la lutte contre un ennemi commun. Le premier ennemi est l'Indien. La cohabitation entre les premiers occupants, des semi-nomades ayant besoin de grands espaces, et les colons sédentaires cherchant des terres nouvelles à exploiter au fur et à mesure que leur nombre augmentait, est impossible. Les guerres indiennes, faites essentiellement d'embuscades et de petits coups de main[16], marquent non seulement cette période mais aussi toute l'histoire des États-Unis jusqu'à la fin du XIXe siècle. Les Français représentent une autre menace. Les colons britanniques aimeraient s'étendre vers l'Ouest mais les immenses territoires qui vont de l'embouchure du Saint-Laurent à celle du Mississipi appartiennent aux Français et encerclent entièrement les treize colonies. Cependant les colons anglais ont l'avantage du nombre ; ils sont environ 1,5 million sur un territoire relativement limité alors que les Français ne sont guère plus de 60 000 sur un territoire immense[17]. À l'issue de la guerre de Sept Ans, les Français perdent la plupart de leurs possessions sur le continent nord-américain.

La naissance des États-Unis

La révolution américaine

Drapeau lors de l'Indépendance en 1777
Drapeau de l'Union (avec les étoiles des États sécessionnistes même pendant la guerre civile).
Article détaillé : Révolution américaine.

L'élimination de la France fait disparaître tout danger immédiat et rend quasi inutile et donc difficilement supportable la présence des troupes anglaises. Au même moment, le gouvernement britannique veut répartir entre tous ses sujets les charges financières nées de la guerre et cherche à faire payer aux colons des taxes nouvelles. Toutes ces mesures sont jugées illégales par les colons qui n'ont pas été consultés : « Pas de taxation sans représentation »'[18] martèlent-ils. Pour les Britanniques, le Parlement représente tous les sujets de Sa Majesté et peut donc les taxer. Le Parlement de Londres finit par supprimer la taxe la plus contestée, le Stamp Act, le 18 mars 1766. Le conflit s'envenime quand le gouvernement britannique décide, pour sauver la Compagnie des Indes orientales en grandes difficultés financières, de détaxer le thé qu'elle vend[15]. Cette décision provoque la partie de thé de Boston (Boston Tea Party) du 16 décembre 1773 au cours de laquelle un groupe de colons déguisés en Indiens jette à la mer une cargaison de thé de la Compagnie des Indes. Le gouvernement britannique ferme le port de Boston et abolit les franchises du Massachusetts. Le colons résistent et s'organisent. La bataille de Lexington (19 avril 1775) est le signal de la rupture et du début de la guerre d'indépendance américaine.

En 1775, les révoltés, appelés aussi insurgents, choisissent comme commandant en chef George Washington, originaire de Virginie, qui a combattu contre les Français lors de la guerre de sept ans. Il cherche rapidement un allié et se tourne vers la France, désireuse de prendre sa revanche sur les Britanniques. Dans la même période, le congrès continental composé de représentants des colonies révoltées tient une session permanente à Philadelphie. Elle décide de rompre définitivement les ponts avec la métropole. La déclaration d'indépendance, rédigée par Thomas Jefferson et adoptée par le Congrès le 4 juillet 1776 énonce des principes issus de la philosophie des Lumières comme les droits naturels et politiques des hommes, rappelle les griefs des colons envers le Royaume-Uni. Il s'agit d'un véritable acte révolutionnaire qui a posé les principes qui guidèrent ultérieurement tous les mouvements d'émancipation[7].

La guerre mobilise peu d'effectifs. La Grande-Bretagne n'aligne pas plus de 40 000 hommes dans un territoire éloigné de la métropole. Les soldats de Washington sont tout au plus 20 000. De plus, cette armée composée de volontaires peu disciplinés se réduit lors de grands travaux agricoles à 3 000 hommes en état de combattre[15]. Ils ont cependant pour eux l'enthousiasme et la connaissance du terrain. La victoire de Saratoga en 1777, et le travail de Benjamin Franklin, ambassadeur des insurgents à Paris, entraînent l'intervention française. La France apporte son appui militaire, avec une armée dirigée par Rochambeau ainsi qu'une flotte commandée par d'Estaing et De Grasse, seule capable de briser le blocus des Britanniques. La victoire de Yorktown, le 19 octobre 1781, met fin à la résistance de l'armée et de la flotte britanniques. L’indépendance américaine est reconnue par le Royaume-Uni en 1783.

L'organisation du nouvel État

George Washington

Le Traité de Paris (1783) reconnaît chacune des anciennes colonies comme un État souverain et indépendant. La Constitution de 1787 instaure pour la première fois un gouvernement fédéral fondé sur un partage des compétences entre État fédéral et États fédérés. L'État fédéral est souverain pour la politique extérieure, la défense, le commerce extérieur ou entre les États. Tout ce qui n'est pas expressément délégué à l'État fédéral, comme la justice, la protection des droits individuels, l'instruction, est du ressort des États fédérés. Les Américains sont à la fois citoyens de leur État et de l'État fédéral ; ils participent donc à la vie politique des deux instances. Les Pères fondateurs ont délibérément laissé aux États une place de prédilection pour ménager les défenseurs de la souveraineté étatique[19].

La répartition des pouvoirs est conçue selon une séparation stricte. L'exécutif est confié à un président, élu pour quatre ans, rééligible, et d'un vice-président, élu sur le même ticket. Les secrétaires (ministres) doivent être choisis hors du législatif. Le président est à la fois chef de l'État et du gouvernement, commandant en chef de l'armée et des milices des États ; il nomme les ambassadeurs, conclut les traités et promulgue les lois. Le pouvoir législatif appartient au Congrès, composé du Sénat et de la Chambre des représentants. Le Sénat représente les États. Chaque État, quelle que soit sa taille ou sa population, élit deux sénateurs, élus pour six ans et rééligibles par tiers tous les deux ans. La Chambre des représentants représente les citoyens. On compte à l'origine un représentant, pour deux ans, pour 30 000 citoyens. Ce système est issu d'un compromis entre grands et petits États, ces derniers craignant d'être écrasés par les États les plus peuplés. Le Congrès vote les impôts, établit le budget, propose les lois au président qui les signe, approuve les traités, à condition qu'une majorité des deux tiers se soit prononcée au Sénat. Le pouvoir judiciaire est confié à une Cour suprême qui doit garantir les droits des individus et interpréter la Constitution américaine. Le pouvoir judiciaire est supérieur aux deux autres dans la mesure où les actes de l'exécutif ou du législatif peuvent lui être soumis.

Pour entrer en application, le texte doit être ratifié par neuf États, ce qui est, une reconnaissance du rôle politique des États fédérés et même une acceptation de la pluralité de la nation américaine perçue comme une composition d’entités différentes[19]. À l’issue de la ratification, trois États (le Rhode Island, la Virginie et New York) ont introduit des clauses leur réservant le droit de reprendre, le cas échéant, les pouvoirs qu’ils venaient de déléguer[20]. La stabilité constitutionnelle est due au fait que toute modification de la Constitution doit avoir l’approbation des 3/4 des États.

En accordant aux Américains leur indépendance, les Britanniques leur concèdent les territoires de l'Ouest, soit un vaste espace allant des Grands Lacs à la Floride et bordé à l'Ouest par le Mississippi. Les États choisissent de les abandonner à l'État fédéral. L'Ordonnance du Nord-Ouest (1787) fixe un cadre pour l'évolution de ces terres et pour le territoire américain. Ces régions obtiennent le statut de Territoire dès qu'il s'y trouve 5 000 hommes libres et adultes[21]. Dès qu'un quorum de 60 000 citoyens est atteint, elles acquièrent le statut d'État[22], avec les mêmes droits que les treize États fondateurs. Cette charte de l'Ouest produira rapidement ses premiers effets. Le Kentucky entre dans l'Union en 1792, le Tennessee en 1796.

De l'élection du premier président à la fin de la guerre de Sécession

Les bases de la politique américaine

Le 4 mars 1789, George Washington est élu président de la République, inaugurant une nouvelle période dans l'histoire des États-Unis. L'interprétation de la constitution américaine donne naissance à deux écoles de pensée qui s'opposent sur le partage des compétences entre les États et l'État fédéral. Il en découle la formation des premiers partis politiques. La première école pense qu'il faut renforcer le pouvoir fédéral d'où son nom de « fédéraliste ». Elle suggère que l'État ne peut se passer d'un exécutif efficace[23]. Les fédéralistes, pour la plupart d'origine aristocratique, se méfient du peuple. Leur chef de file est Alexander Hamilton, Secrétaire au Trésor du cabinet formé par George Washington. Le second courant de pensée regroupe les républicains qui défendent l'idéal d'une république de petits propriétaires, libres et égaux, ne devant rien à personne. Attachés à la liberté individuelle, ils se méfient du pouvoir central. Ils sont les défenseurs farouches du droit des États fédérés. Ils ont comme porte-parole Thomas Jefferson, le premier Secrétaire d’État de l'Union. Pendant la Révolution française, la sympathie des fédéralistes et de George Washington va au Royaume-Uni alors que celle des républicains va aux révolutionnaires français. La dernière recommandation du premier président des États-Unis est de tenir la jeune nation à l'écart des querelles européennes, conseil suivi pendant plus d'un siècle.

Lewis et Clark sur la rivière Columbia, peint par Charles Marion Russell

Sous la présidence de John Adams (1797-1801), un fédéraliste, a lieu la Quasi guerre avec la France (1798-1800). Le démocrate-républicain Thomas Jefferson devient ensuite président des États-Unis de 1801 à 1809. Sous ses deux mandats, le gouvernement est transféré dans la nouvelle capitale fédérale, Washington, construite à cet effet. En 1803, la France vend la Louisiane aux États-Unis pour 15 millions de dollars, ce qui permet le doublement du territoire de l'Union. La Nouvelle-Orléans permet aux nouveaux États situés le long du Mississipi d'avoir un débouché maritime. Les explorateurs Lewis et Clark découvrent les affluents de la rive droite du Mississipi avec l'aide de l'armée fédérale[24]. L'Ohio entre dans l'Union. Les institutions sont acceptées par tous et les luttent de partis s'apaisent[25]. James Madison (1809-1817) et James Monroe (1817-1823) sont tour à tour élus à la présidence. Cependant, des conflits passionnés opposent les factions et les régions sur le plan du développement économique et de l'esclavage[26].

En 1812, éclate une guerre contre le Royaume-Uni qui dure jusqu'en 1815. Appelé aussi la seconde guerre d'indépendance[27], elle est causée par la volonté britannique d'interdire le commerce entre les États-Unis et la France, et par le blocus britannique le long des côtes américaines. Madison veut faire respecter les droits de neutres. Les Américains dirigés par le général Andrew Jackson, battent un corps expéditionnaire britannique à la Nouvelle-Orléans, le 8 janvier 1815. En 1819, l'Espagne cède la Floride aux États-Unis. En 1823, Monroe édicte les principes de son administration dans un message au Congrès, auxquels on donnera plus tard le nom de « doctrine Monroe ». Les États-Unis s'interdisent de se mêler des affaires européennes mais, en retour, demandent aux puissances européennes de s'abstenir de toute intervention dans les affaires du continent américain. De plus, ils considéreraient comme inamicale toute action européenne contre un gouvernement américain ayant proclamé son indépendance. Cette déclaration porte en elle le panaméricanisme et la légitimisation de l'hégémonie américaine sur le reste du continent[28].

Andrew Jackson devient président en 1828. Cet homme du peuple incarne la poussée des nouveaux États. Il met en place le spoils system. sous sa présidence les constitutions des États achèvent de se démocratiser, l'école et la presse connaissent un véritable développement.

La marche vers l'Ouest

Paul Kane, Camping on the prairie, huile sur papier, imprimée en 1846. La scène montre Paul Kane (1810-1871) accompagné de son guide dans les Grande Plaines du Dakota.

Le territoire américain s'est considérablement agrandi depuis la présidence de Washington. Le pays compte déjà 5 millions d'habitants en 1810[29]. La colonisation vers l’ouest franchit le Missouri après 1840. C'est à ce moment que l'idée du "destin manifeste" voit le jour; les États-Unis sont destinés à s'étendre de l'Atlantique à l'océan Pacifique[30].. En 1846, le Royaume-Uni cède l'Oregon aux États-Unis. C'est la première fenêtre américaine sur l'océan Pacifique. Depuis le Mississippi et le Missouri, les pionniers suivent la piste de l'Oregon dans leurs chariots, une route de plus de 3000 kilomètres. En 1846, les Mormons s'installent près du Grand Lac Salé et bâtissent Salt Lake City, dans l'Utah[31]. La Guerre américano-mexicaine se termine en 1848 par l'annexion du Texas, de l'Utah, du Colorado, d'une partie de l'Arizona et de la Californie quelques semaines avant la découverte de fabuleux gisement d'or dans cette région. En quelques mois, près de 80 000 migrants y affluent attirés par la fièvre de l'or, vite déçus car les pricipaux gisements sont déjà exploités. En 1853, l'annexion de nouveaux territoires permet d'améliorer les communications entre le Texas et la Californie. De 1803 à 1853, les États-Unis ont triplé leur superficie qui atteint désormais 7 millions de km² d'un océan à l'autre[32]. Ces nouveaux territoires, au climat semi-aride attirent principalement les chercheurs d'or, 100 000 candidats pour le Colorado en 1859[33].

Les pionniers évincent les Indiens au fur et à mesure de leur marche vers l'ouest. À partir de 1820, le secrétaire à la Guerre, John Caldwell Calhoun, applique une politique de déplacement des tribus. Jackson, devenu président, poursuit cette politique. Les Indiens, peu nombreux et peu organisés, sont incapables de contenir le flot des immigrants. Ils sont transférés dès 1826 à l'ouest du Mississippi[34]. En 1834, une réserve indienne est créée dans la région aride de l’Oklahoma. Parmi les Indiens déportés en Oklahoma, on peut citer les Cherokees déplacés en 1835 et dont nombre d’entre eux moururent de maladie et de privations sur la « Piste des Larmes »[35].

Les terres vierges ainsi conquises deviennent la propriété du gouvernement fédéral. Elles sont mises en vente à un très bas prix, un dollar l'acre. L'administration autorise même ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter des terres à occuper des parcelles à titre gracieux. Quand celles-ci sont mises en vente, ils peuvent se porter acquéreur s'ils le peuvent, ou bien demander des indemnités au nouveau propriétaire en échange des travaux de défrichement qu'ils ont effectués. Ceux qui s'installent dans les terres de l'Ouest sont majoritairement des Américains de souche venus des terres pauvres de Nouvelle-Angleterre, des Carolines et de Virginie. Ils sont en quelque sorte, les rudes héritiers des pélerins du Mayflower. Les nouveaux États n'ont pas à tenir compte d'une organisation sociale ou de privilèges anciens. Ils se dotent pour la plupart d'institutions démocratiques où le suffrage universel est la règle. Pour relier entre eux les États, le gouvernement fédéral développe les moyens de communication par la construction de canaux, de lignes de chemin de fer. Dès 1860, le "Pony Express" transporte en 10 jours le courrier du Missouri à la Californie.

L'opposition entre le Sud et le Nord

Les oppositions économiques

À partir de 1830, l'entente entre le Nord et le Sud est remise en cause. Plusieurs facteurs contribuent à l'éloignement des deux régions. Le Nord-Est de l'Union s'industrialise rapidement, protégé par des tarifs douaniers élevés. Les États du Sud sont pour leur part restés essentiellement agricoles. Ils ne disposent en 1860 que de 10 % du potentiel industriel du pays[36]. Le coton est progressivement devenu une monoculture à partir du début du XIXe siècle. Il est pour l'essentiel vendu aux manufactures britanniques. Alors que 75 % des habitants libres du Sud et du Sud-Ouest n'ont pas d'esclaves, les petits propriétaires s'identifient et soutiennent les riches planteurs. Les aristocrates du Sud préfèrent acheter les produits raffinés venus d'Europe plutôt que ceux produits sur le sol américain. Ils tiennent au libre-échange et sont hostiles aux tarifs douaniers concédés par le Congrès aux manufacturiers du Nord[37]. L'antagonisme sur les tarifs douaniers fait ressurgir le débat entre les partisans du droit des États et ceux de l'État fédéral. John Caldwell Calhoun, alors vice-président, se fait le porte parole des Sudistes et théorise la nullification, soutenant qu’une minorité (un État par exemple) est en droit de se protéger contre la décision d’une majorité (le pays) en annulant (« nullify ») les lois qu’il juge contraire à sa propre législation[38]. En 1832, la théorie de Calhoun est mise en pratique par l’État de Caroline du Sud qui déclare anticonstitutionnels les tarifs douaniers prohibitifs votés par le Congrès. En riposte, Jackson envoie des navires de guerre à Charleston, en novembre 1832[39]. Il met en place une nouvelle législation accordant à l’État fédéral des pouvoirs accrus en cas refus de la part d'État de payer des impôts au Trésor. En février 1833, Calhoun dénonce alors la « tyrannie jacksonienne » mais réussit à convaincre l’assemblée de Caroline du Sud de renoncer à la nullification et de ne pas s’engager dans la voie de la sécession[38]. le sénateur Henry Clay propose sa médiation et fait voter un nouveau tarif douanier présenté en 1833 prévoyant de réduire progressivement tous les droits de douane afin qu’en 1842 les taxes sur toutes les marchandises soient ramenées au niveau de 1816[40].

La question de l'esclavage

Dès 1787, les Pères fondateurs s'étaient posés la question de l'abolition de l'esclavage, mais jugeant l'esclavage comme une forme de propriété, ils n'avaient rien statué. En 1807, l'abolition de la Traite, décidée dès 1787, entre en vigueur. Mais l'esclavage ne disparait pas. Au contraire, il se développe. « L'élevage d'esclaves » remplace alors la traite car la culture de coton exige une main d'œuvre nombreuse. L'esclavage devient la clé de voûte de l'économie sudiste et du maintien de son art de vivre[41].

Dans le Nord, le public commence à s'émouvoir d'un état de fait qui contredisait les grands principes de la constitution. Les abolitionnistes, qui passaient au départ pour des exaltés, gagnent peu un peu des pans entiers de l'opinion, notamment dans les Églises. Les esclavagistes sont sur la défensive, le Royaume-Uni en 1833, la France en 1848, abolissent l'esclavage. Après l'immense succès de la case de l'oncle Tom d'Harriet Beecher Stowe, publiée en 1852, le débat entre abolitionnistes et esclavagistes fait rage. Les esclavagistes défendent le droit des États à se prononcer sur un problème qui les concernent et qui touchent leurs intérets supérieurs[42].

La question de l'esclavage donne naissance à une compétition entre le Sud et le Nord au sujet des territoires de l'Ouest. Les planteurs du Sud ont faim de terres pour cultiver le « roi coton » (king cotton) toujours plus demandé mais qui épuise les terres. Ils s'installent dans l'Arkansas et dans le Missouri. Ils cherchent à faire adopter par ces nouveaux États des constitutions légalisant l'esclavage. Mais pour les habitants du Nord, l'esclavage aurait comme conséquence la disparition des fermiers libres. Le problème devient important au niveau fédéral, car chaque nouvel État envoie deux sénateurs à Washington D.C.. Des compromis successifs sont trouvés. En 1820, l'admission du Missouri comme État esclavagiste et compensée par celle du Maine, État libre. La limite entre les États libres et les États esclavagistes est ensuite fixée à 36°30' de latitude nord[43]. Les États entrent par couple dans l'Union, maintenant ainsi le statu quo. Mais la Californie, pourtant située au Sud du parallèle fatidique, entre dans l'Union en tant qu'État libre. L'équilibre est remis en cause. En 1854, à l'instigation du Sénateur Douglas, il est décidé que chaque État choisirait lui-même son statut. Chacun des deux camps envoie des flots d'immigrants dans les deux prochains territoires devant entrer dans l'Union, le Kansas et le Nebraska. Les partis politiques se recomposent en fonction du problème. En 1854, un nouveau parti, le Parti républicain voit le jour. Son programme est de contenir l'esclavage à défaut de l'abolir et maintenir l'Union. Mais les passions sont telles que la Sécession du Sud s'annonce.

Abraham Lincoln

Alors que les esprits sont échauffés de part et d'autre, la campagne pour élire le successeur de James Buchanan révêt une importance capitale. Quatre candidats s'affrontent au lieu des deux habituels. Le parti démocrate présente deux candidats. Ceci fait le jeu du jeune parti républicain qui parvient à placer en tête son candidat, l'avocat de l'Illinois, Abraham Lincoln. Il devient président des États-Unis avec 40 % des voix. Sans même attendre son entrée en fonction, la Caroline du Sud sort de l'Union le 20 décembre 1860, suivie de plusieurs États. Ces derniers constituent en février 1861, une nouvel État indépendant, les États confédérés avec Jefferson Davis comme président et Alex Stephens de Georgie comme vice-président. Le 12 avril 1861, l'artillerie sudiste tire sur Fort Sumter, une forteresse fédérale située près de Charleston. La guerre de Sécession commence.

La guerre de Sécession

Article détaillé : Guerre de Sécession.

La Guerre de Sécession tient une place fondamentale dans l'histoire des États-Unis[44]. Elle divise encore les esprits. Jusqu'aux environs de 1910-1920, les historiens pensent que l'esclavage est la raison principale du départ de l'Union du Sud. Celui-ci pensait ne pouvoir survivre sans cette institution. L'historien Allan Nevins a montré que plusieurs facteurs ont joué simultanément: les progrès de l'abolitionnisme, le fanatisme et l'incompréhension. La guerre est ainsi le résultat d'un long divorce résultant à la fois de différences économiques, d'oppositions sociales, d'une incompréhension intellectuelle et de faux calculs sur les intentions de l'adversaire[45].

Le conflit

Carte des États confédérés d'Amérique

Dès le début, la lutte semble inégale. Face aux onze États du Sud peuplés par neuf millions d'habitants, se dressent 23 États (bientôt 25[46]) peuplés de 25 millions d'hommes. Le Nord possède tous les grands centres industriels et les principaux ports. Ses ressources financières sont considérables. Le Sud a une économie surtout agricole. La présence de trois millions d'esclaves laisse surgir le spectre de la révolte servile pendant tout le conflit. Mais les Sudistes, excellents militaires ont l'impression de lutter pour leur survie et jettent toutes leurs forces dans la bataille. Ceci leur permet de résister et de retarder de plusieurs années l'échéance inéluctable, à savoir la victoire du nord[47]. La guerre de Secession est aussi considérée comme la première guerre moderne : recours massif aux transports ferroviaires, au télégraphe, adoption du fusil rayé qui décuple la puissance et la précision du feu, chargement des canons par la culasse, emploi d'armes à répétition, nouvelles formes de défense, tranchées, remblais de sacs de terre[45].

Bataille de Gettysburg


Les opérations militaires se déroulent sur trois fronts : en premier lieu sur le front de l'est, en Virginie, dans le Maryland et en Pennsylvanie. Chacun des belligérants tente de s'emparer de la capitale adverse. Les batailles sont longues et sanglantes comme celles de Fredericksburg et surtout de Gettysburg en juillet 1863 sans qu'aucun des camps ne l'emporte définitivement. Sur le front du sud, la Nouvelle-Orléans tombe, le 1er mai 1862. Le Sud est privé du Mississippi, voie essentielle pour son ravitaillement, alors que le réseau ferré est peu développé dans la Confédération. Dans le seconde partie du conflit le front de l'ouest devient le théâtre principal des opérations. Le général Sherman entreprend un mouvement pour prendre à revers les confédérés. Après la chute de Vicksburg sur le Mississippi, le 1er juillet 1863, et du nœud ferroviaire de Chattanooga au Tenessee, Atlanta tombe le 2 septembre 1864. De Savannah, prise le 21 décembre 1864, Sherman se dirige vers le nord. Le général Grant reçoit la reddition de Lee à Appomattox le 9 avril 1865. En tout, 175 000 hommes déposent les armes, mais aucune représaille n'est exercée[45]. La guerre a causé 500 000 morts dans les deux camps, dont plus de la moitié est décédée des suites de maladies contractées à l'armée.

Conséquences et séquelles du conflit

La première conséquence de la guerre de Secession est l'abolition de l'esclavage. Ce dernier n'est pas aboli dès le début du conflit. En effet, trois États esclavagistes sont restés dans l'Union, le Maryland, le Missouri et le Kentucky ; Lincoln, soucieux en premier lieu de préserver l'Union, veut les ménager. Les mesures d'émancipation sont donc progressives. Après avoir interdit l'esclavage dans le district de Columbia et dans les Territoires, le président annonce en septembre 1862, l'émancipation des esclaves dans les États rebelles à dater du 1er janvier 1863. Puis, le treizième amendement, en décembre 1865, qui supprime l'esclavage sur tout le territoire américain[45]. Mais rien n'est prévu pour intégrer les Noirs à la société américaine. En effet, seule une minorité d'Américains, les radicaux, pensent que les Noirs sont les égaux des Blancs et doivent avoir des droits politiques. Certes, les quatorzième et quinzième amendements, adoptés en 1868 et 1870, garantissent à tous les citoyens américains des droits égaux et la protection de la loi. Mais ils ne profitent pas aux Noirs. Un Bureau des réfugiés, affranchis et terres abandonnées est bien créé en 1865 pour reclasser les Noirs chassés des plantations ou sans travail, mais la corruption et le favoritisme rendent l'action du Bureau inefficace. Un travail efficace est cependant mené pour la scolarisation des enfants noirs. Mais les Noirs arrivés en masse dans les villes se retrouvent sans emploi et ceux restés à la campagne deviennent des métayers au sort misérable[48].

Sur le plan politique, il s'agit de réintégrer les États rebelles dans l'Union. Lincoln partisan de la clémence, avait demandé que les États retrouvent leur place dès que 10 % des citoyens auraient prêté un serment d'allegeance à l'Union. Les républicains radicaux, dirigés par Thaddeus Stevens et Charles Sumner, obtiennent le vote d'une loi plus sévère fixant le seuil à 50 %. Mais à la fin de la guerre, les attentats politiques se multiplient. Lincoln est assassiné par John Wilkes Booth, au théâtre Ford, le 14 avril 1865. Le général Grant et le secrétaire d'État Seward échappent de peu à un attentat[45]. Le successeur de Lincoln, Andrew Johnson, partisan d'une politique de réconciliation accorde son « pardon » à tous les États rebelles et entérine toutes les constitutions des États, même celles où règnent des « codes noirs »[49]. La lutte entre le président et le congrès, dominé par les radicaux est alors sans merci. Le congrès impose la rédaction de nouvelles constitutions qui doivent recevoir son approbation a posteriori. Il cherche à imposer le droit de vote des Noirs à un sud hostile.

La reconstruction alors est l'occasion de prendre une revanche sur les États du Sud, occupés militairement par les nordistes. Le pouvoir est confisqué par les carpet-baggers, des nordistes sans scrupule venus s'enrichir dans le Sud et les scalawags, des renégats sudistes. Pendant une courte période, des Noirs se retrouvent à des postes politiques et administratifs. Les anciennes élites sont écartées de la vie publique. Elle comporte aussi des aspect positifs puisque les carpet-baggers et les scalawags entreprennent aussi de combler le fort retard économique du Sud en construisant entre autres des voies de chemin de fer. La résistance à la reconstruction prend plusieurs aspects ; une forme violente avec la naissance de sociétés secrètes racistes comme le Ku Klux Klan ou les Chevaliers au camélia blanc; le refus de payer des impôts empêchant les gouvernements locaux de mener à bien leur politique en faveur de l'égalité des droits[50]. La reconstruction a laissé une certaine amertume chez des Blancs sudistes[45]. Dès 1868, le Nord commence à se désintéresser du Sud. Il laisse peu à peu le pouvoir aux « démocrates bourbons », des hommes d'affaires du Sud bien décidés à industrialiser la région. Républicains et démocrates bourbons entretiennent de bonnes relations et trouvent des accords politiques[51].

Histoire des États-Unis de 1865 à 1918

L'âge du toc (1865-1897)

L'expansion territoriale

Célébration de la jonction du premier chemin de fer transcontinental à Promontory Summit

En 30 ans, les Américains réalisent leur « destinée manifeste » et prennent possession de l'immense territoire situé à l'Ouest du Mississippi au détriment des Indiens. Grâce au développement des lignes de chemin de fer, ranchers et farmers nourrissent le continent.

La conquête de l'Ouest s'accompagne comme dans la première moitié du XIXe siècle de la spoliation des Indiens. Le gouvernement fédéral retire aux Indiens des terres précédemment concédées par un traité, ce qui provoque de nombreuses révoltes. En 1867, le congrès décide de concentrer les indiens dans deux réserves, les « collines noires » dans le Dakota et l'Oklahoma. En 1871, il renonce à la politique des traités qui de toute façon sont toujours violés. La volonté de pacification du Congrès n'empêche pas les guerres indiennes de continuer. En 1874 et 1875, les indiens de la Red River engagent 14 batailles contre l'armée[52]. Malgré quelques victoires éclatantes comme celle de Little Big Horn en 1876, les Indiens ne peuvent résister. L'extermination des bisons, la poussée des colons, les massacres de l'armée ont raison d'eux. Les autorités tentent de pratiquer alors une politique d'assimilation. Elles s'en prennent à la propriété collective traditionnelle et obligent à partir de 1887 les Indiens à recevoir une part de terres tribales, le reste revenant à l'État fédéral.

La construction de voies ferrées transcontinentales permet de surmonter l'obstacle des distances géographiques. La réalisation du premier chemin de fer transcontinental, l'Union Pacific-Central Pacific, en 1869, entre Omaha et San Francisco, marque une date importante dans la conquête de l'Ouest. D'autres lignes transcontinentales sont achevées avant la fin du XIXe siècle : le Great Northern entre Saint-Paul et Seattle en 1893, le Northern Pacific de Chicago vers le Nord-Ouest en 1881, l'Atchison, Topeka and Santa Fe entre Kansas City et Los Angeles et San Francisco la même année, le Southern Pacific de La Nouvelle-Orléans à Los Angeles en 1883[7]. Les compagnies de chemin de fer sont les grandes bénéficiaires de la ruée vers l'Ouest. En effet, dès 1862, le congrès leur concède dix sections alternées[53], soit 640 acres de part et d'autre de la ligne à construire. Entre 1850 à 1871, les compagnies de chemin de fer reçoivent 181 millions d'acres en tout[54]. Elles les revendent avec un important bénéfice aux agriculteurs.

Un cowboy, symbole de la conquête de l'ouest (1887).

En pleine Guerre de Sécession, en 1862, Lincoln signe le Homestead Act. Il permet à chaque famille pouvant justifier qu'elle occupe un terrain depuis 5 ans d'en revendiquer la propriété privée, et ce dans la limite de 160 acres, soit 65 hectares. Si la famille y vit depuis au moins 6 mois, elle peut aussi sans attendre acheter le terrain à un prix relativement faible de 1,25 dollar par acre. Cette loi ne sera pas étendue aux Noirs après leur émancipation. Pourtant de 1867 à 1885, les terres de l'Ouest ne sont pas occupées par les farmers mais par des éleveurs de bovins. C'est au Sud du Texas qu'apparaissent les premiers grands troupeaux[55]. Les éleveurs peuvent réaliser des bénéfices importants en vendant leurs bêtes sur les marchés du Nord. Ceci explique les grandes transhumances des lieux d'élevage aux gares situées plus au Nord, à Abilene ou à Wichita. Mais les bêtes perdent du poids pendant le voyage. Les éleveurs prennent l'habitude d'acheter le bétail au Texas et de l'engraisser dans les grandes plaines, plus au Nord, au plus prêt des gares. Le Wyoming, les deux Dakota et le Montana deviennent ainsi des vastes zones de pature[56]. Les rigueurs de l'hiver 1886-1887, en tuant un grand nombre de bovins, mettent fin à l'empire du bétail et à la période des pionniers du Far West. Les fermiers s'installent progressivement, entourant leurs parcelles de barbelés et repoussant les troupeaux plus à l'Ouest. Le dry farming et l'utilisation de blés durs permettent à ces régions semi-arides d'obtenir une forte productivité[57].

En 1890, la fin de la frontière, c'est-à-dire du front de colonisation, est proclamée. Cette nouvelle provoque un choc dans l'opinion publique américaine[58]. La conquête de l'Ouest a eu comme conséquences l'augmentation considérable du nombre des agriculteurs, alors que leur nombre diminue ailleurs[59], celui de la surface cultivée[60], le triplement de la production agricole. Les États-Unis deviennent le premier producteur mondial de coton, de céréales et de bovins[61].

L'industrialisation et ses conséquences

Alexander Graham Bell
John D. Rockefeller vers 1875

Certains traits propres aux États-Unis expliquent la vigueur de l'industrialisation. La rareté de main d'œuvre a comme conséquence une mécanisation et une standardisation précoce. Les innovations technologiques et l'emploi de machines outils y sont donc plus importants qu'ailleurs. Entre 1860 et 1890, le nombre de brevets déposés passe de 5 000 à 25 000. Plus vite qu'en Europe, les produits sont destinés au grand public et non à l'élite. Le téléphone, inventé par Alexander Bell est diffusé à un million d'exemplaires en 1900[62]. Les industriels du Nord ont fait adopter par le congrès des droits de douane exorbitants: 47 % en moyenne sur les importations[63]. Enfin, la forte augmentation de la population permet de fournir la main d'œuvre nécessaire au développement industriel.

les mutations économiques

Les années qui suivent la fin de la guerre de Sécession sont celles où le chemin de fer est roi. Des milliers de kilomètres de voies ferrées sont construites jusqu'à la fin du XIXe siècle. En 1900, 200 000 milles de lignes de chemin de fer couvrent le territoire américain dont cinq transcontinentaux[64]. La production sidérurgique et le commerce se trouvent ainsi stimulés. Il existe une concurrence sauvage entre les entreprises. Dans les chemins de fer la guerre des tarifs fragilisent les compagnies. En effet dans les lignes soumises à la concurrence, les compagnies baissent leurs tarifs et vont jusqu'à vendre à perte pour capter la clientèle, quitte à se rattraper sur les lignes où elles n'ont pas de concurrence. Lors de la crise économique de 1873, beaucoup sont acculées à la faillite et sont rachetées à bas prix. Les autres préfèrent signer des accords secrets pour se partager le marché[65], mais ces accords ne fonctionnent vraiment qu'en période de prospérité. La période se caractèrise en outre par une tendace à la concentration des entreprises qu'il est possible d'attribuer au désir de contrôler le marché, de faire des économies d'échelle et aux capitaux des plus en plus importants que nécessitent le développement industriel. Le cas le plus connu est celui de Rockefeller qui rachète les droits de vote des actionnaires d'une quarantaine de compagnies pétrolières pour les contrôler. Ces dernières forment un trust sous sa direction. Il ferme 33 des 55 raffineries qu'il détient et, grâce aux économies d'échelle réalisées, engrange d'immenses profits[66]. À la fin des années 1880, une quinzaine de trusts se sont ainsi constitués. En 1890, la loi Sherman interdit les trusts. Les capitaines d'industrie choisissent alors la holding comme forme de concentration. Rockefeller préfère développer la Standard Oil du New Jersey parmi toutes ses compagnies. En 1897, cette dernière contrôle 83,7% du raffinage du pétrole[67]. La compagnie Carnegie fournit 25 à 30% de l'acier américain. Elle possède aussi ses mines de charbon et de fer, ses bateaux et ses trains. Le compagnie Carnegie est ainsi une remarquable exemple des mouvements de concentration horizontale et verticale du capitalisme américain.

Entre 1860 et 1890, la production industrielle est multipliée par 11. Les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de charbon. L'industrialisation profite surtout au Nord-Est des États-Unis qui concentrent 75 % de la production. Le sud a développé des industries de transformation mais reste sous la dépendance économique du Nord.

Les bouleversements sociaux

Entre 1860 et 1900, 14 millions d'immigrants arrivent aux États-Unis. Les Britanniques laisssent peu à peu la place aux Allemands et aux Scandinaves, puis, vers la fin du siècle, aux Italiens, aux Russes et aux ressortissants d'Europe centrale. Ils constituent une main-d'œuvre peu exigeante pour l'industrie en plein essor. La population passe de 31 millions en 1860 à 50 en 1880 et 76 en 1900. La fusion entre les divers éléments est facilitée par l'absence de traditions et l'immensité du pays[7].

Le Singer Building en 1908, New York

À la fin de la guerre de Sécession, l'Amérique est encore largement un pays de fermiers, selon l'idéal de Thomas Jefferson. À la fin du XIXe siècle, l'agriculture n'y est plus la première activité économique. L'Amérique industrielle et urbaine triomphe. Entre 1860 et 1890, le nombre de villes dépassant les 100 000 habitants a triplé. New York compte 1,5 million d'habitants, Philadelphie un million[68]. Les gratte-ciel, les tramways, le métro, l'éclairage urbain électrique et d'autres innovations technologiques caractérisent les grandes villes américaines. Les villes sont des lieux d'accueil pour les immigrants et les agriculteurs ruinés. Ils y trouvent travail et instruction. C'est à la ville que naît le nouveau mythe américain, celui du self-made man[69] incarné par Andrew Carnegie. Comme dans tous les pays en voie industrialisation, la condition ouvrière est particulièrement difficile, avec des journées de travail de 12 à 14 heures, des salaires faibles, des logements indécents. Cependant, dans l'Amérique de « l'âge du toc », aucun mouvement syndical puissant ne parvient à se développer. Sans organisation efficace, délaissés par les partis politiques, les ouvriers multiplient les grèves. En 1877, un grève de cheminots paralyse le trafic depuis la côte atlantique jusqu'à l'Ouest du Mississippi. Le président Hayes envoie des troupes fédérales en Virginie occidentale pour briser la grève[70]. Plusieurs autres mouvements sont ainsi brisés par les forces de l'ordre. Ce n'est qu'en 1886 que naît la première grande organisation syndicale, l'American Federation of Labor (AFL), une fédération des métiers hautement spécialisés[71]. Elle renonce à toute référence révolutionnaire ou passéiste. L'échec des mouvements ouvriers peut s'expliquer par la présence de nombreux ouvriers déracinés venus des régions pauvres d'Europe et qui voient dans la condition ouvrière américaine une nette amélioration de leur sort. Pendant cette période le monde agricole connaît une grave crise. En effet, à partir de 1873, les prix agricoles baissent. L'augmentation de la productivité ne compense pas la chute des prix. Les fermiers tentent de s'organiser : mouvement des Grangers vers 1870, des Greenbackers vers 1880, alliance des fermiers et des populistes vers 1890. Les farmers réclament l'inflation monétaire pour compenser la baisse mondiale des cours de produits agricoles et réduire leur endettement[7].

La démocratie « confisquée »

« L'âge du toc » est marqué par la main mise des milieux d'affaires sur la vie politique. Des municipalités à l'élection des sénateurs, ils contrôlent une classe politique vénale qui soutient sans réserve leurs intérêts[72]. Les hommes d'affaires parviennent à faire croire aux électeurs, principalement aux classes moyennes, que leurs intérêts sont ceux de la nation entière[73]. C'est « l'évangile de la richesse ». Les partis politiques ne permettent pas le débat d'idées. En effet, le parti républicain et le parti démocrate sont des coalitions d'intérêts parfois antagonistes et ne sont plus guère, à partir de 1876, que des machines à remporter les élections et à pourvoir les supporters en places dans l'administration selon le système des dépouilles. Ce n'est qu'en 1883, que, pour limiter les abus et les scandales liés au système des dépouilles que le président Chester Arthur fait voter la loi Pendleton. Elle fixe une liste d'emplois dont les titulaires sont désignés par une commission indépendante en fonction de leurs capacités. À la fin du siècle, la nomination d'un fonctionnaire fédéral sur deux dépend de la commission[74]. Mais la collusion entre monde politique et milieu des affaires perdure à cause du coût grandissant des campagnes électorales. Pour remercier les associations industrielles protectionnistes qui ont aidé à l'élection de Benjamin Harrison, les Républicains votent en 1890 le tarif McKinley. Les tarifs douaniers sont tellement prohibitifs que certaines entreprises européennes choisissent de s'installer aux États-Unis. Mais ils entrainent une hausse des produits industriels. Grover Cleveland[75] est réélu président au moment où le pays connait une crise économique sévère. Il répond aux nombreuses grèves et aux marches de chômeurs en faisant intervenir les troupes fédérales. Sa politique monétaire, fin du bi-métallisme, mécontente les États du Sud et ceux producteurs d'argent. Les protestataires, parviennent à imposer leur candidat au parti démocrate, William J. Bryan pour les élections présidentielles de 1896. Ce candidat qui défend avec passion l'Amérique agraire chère à Jefferson et le bi-métallisme effraie les milieux industriels qui soutiennent tous le candidat républicain William McKinley. La victoire de ce dernier marque la victoire définitive du capitalisme et une domination de 16 ans pour le parti républicain[76].

L'Amérique à la recherche d'une place dans le monde

Le début de l'interventionnisme

Ten Thousand Miles From Tip to Tip (« 10 000 miles de d'extrémité à l'autre ») - des Philippines à Porto Rico.
Article détaillé : Expansion outremer des États-Unis.

La politique étrangère des États-Unis est restée fidèle au testament de George Washington et à la doctrine Monroe. Les Américains tout absorbés par la conquête de l'Ouest et leur développement industriel ne se sont pas dotés des atouts des grandes puissances. Pierre Mélandri[77] établit un lien entre le débuts des ambitions internationales des États-Unis, la prise de conscience de leur suprématie industrielle ainsi que la fin de la frontière[78] en 1890. En 1880, il n'y a presque pas de flotte militaire et commerciale, les effectifs de l'armée sont très réduits[79]. Dans les années 1880, le gouvernement fédéral commence à développer la marine militaire, elle passe du 12e rang mondial en 1883 au 3e en 1906. Il s'assure aussi de bases à Pearl Harbour et dans les Samoa. L'acceptation facile de l'annexion de Hawaii par le Sénat en 1898 montre que les esprits sont mûrs pour l'aventure expansionniste. Désireux de détourner la colère populaire due à la crise économique, les responsables politiques entretiennent auprès de l'opinion publique une grande susceptibilité nationaliste avec l'aide de deux journaux à grand tirage, The World et The Journal. Le 15 février 1898, une explosion a lieu à bord du Maine, ancré dans le port de La Havane à Cuba, alors colonie espagnole, entraînant la mort de 266 hommes. McKinley cède à l'opinion publique et envoie un ultimatum à l'Espagne le 29 mars et part en guerre contre elle le 25 avril. La « spendide petite guerre » est une véritable promenade militaire. Cuba est occupée le 16 juillet. Entre mai et août 1898, l'amiral George Dewey fait la conquête des Philippines. En décembre 1898, les États-Unis reçoivent de l'Espagne Porto-Rico, L'île de Guam par le Traité de Paris et achètent les Philippines. Cuba devient indépendant[80]. Mais très vite les Américains renoncent à l'aventure coloniale, échaudés par la révolte de patriotes aux Philippines et par les difficultés engendrées par les possessions de terres lointaines. Ils préfèrent se tourner vers la conquête pacifique des marchés étrangers, comptant sur leur suprématie économique pour s'imposer sur les marchés.

Le renouveau de la démocratie

Une rue de New-York en 1900.

Au début du XXe siècle, l'idéal américain semble menacé. Le pouvoir d'achat des ouvriers tend à se dégrader. Le flot d'émigrants qui arrive chaque année aux États-Unis est accusé de créer une pression à la baisse sur les salaires. En effet, cette période marque l'apogée de l'immigration aux États-Unis. De 1902 à 1910, 9 millions de personnes débarquent aux États-Unis, dont 1,3 million pour la seule année 1907. Elles sont 4,5 millions de 1911 à 1915[81]. Ces nouveaux venus, slaves, latins et majoritairement catholiques inquiètent le vieux fond anglo-saxon et scandinave. Ils représentent près de 40 % de la population des grandes agglomérations où ils vivent regroupés selon leurs origines. La concentration monopolistique des industries constitue une autre menace au modèle américain de réussite. En 1909, 1 % des firmes assurent 44 % de la production industrielle. Ainsi en 1901, l'U.S. Steel Company a pu prendre le contrôle de la plupart des aciéries[82].

Le mouvement progressiste apparait dans les premières années du XXe siècle. Face au triomphe de « l'Évangile de l'argent », il a comme objectif de réformer le gouvernement pour qu'il œuvre pour le bien commun et non pour les intérêts industriels dont les abus sont dénoncés. Les progressistes appartiennent à tous les groupes sociaux. Ils trouvent des relais actifs parmi les journalistes, les muckrakers comme Lincoln Steffens qui décrit les problèmes urbains dans son célèbre livre The shames of te cities[83]. Ils dénoncent les pratiques frauduleuses ou abusives des industriels, la mise en danger de la démocratie par les « barons-voleurs »[84]. Sur le plan local, les progressistes généralisent le scrutin secret et les primaires directes pour le choix des candidats. Plusieurs États et municipalités instaurent le référendum pour les grandes décisions. En 1901, Théodore Roosevelt, qui soutient les réformistes, devient président après l'assassinat de McKinley. En 1906, il fait voter par le congrès une loi visant à garantir aux consommateurs une véritable sécurité sanitaire (Pure Food and Drug Law). Il utilise la loi Sherman anti-trust pour mettre fin aux agissements nuisibles de certains trusts comme la Northern Security Company qui avait le monopole des chemins de fer dans le Nord-Ouest des États-Unis. Son action est continuée par Taft qui parvient à briser le monopole de la Standard Oil et de l'American Tobacco Company. Roosevelt est resté dans la mémoire des Américains le premier président à se soucier de la préservation de la nature et à avoir créé un parc national[85]. En 1912, la division du camp républicain permet au démocrate Woodrow Wilson de l'emporter avec 42% des suffrages. Parmi les réformes qu'il initie, on peut citer la création de la réserve fédérale en 1913, les Federal Trade Commission Act et le Claytin Anti-Trust Act de 1914 qui permettent le renforcement des contrôles sur les monopoles et l'instauration de commissions pour enquêter sur les pratiques des entreprises faussant la libre concurrence.

Histoire des États-Unis de 1918 à 1945

Les États-Unis sortent très largement renforcés de la Première Guerre mondiale. L'Europe détruite et ruinée, ils renforcent leur domination économique, et deviennent même un centre de la culture mondiale dans les années 1920. Cependant, la crise de 1929 remet en cause le modèle américain, et les réponses du New Deal restent insuffisantes, les États-Unis ne retrouvant la prospérité que, et ce paradoxalement, grâce au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle ils triomphent de l'Axe et du Japon. Leur victoire fait d'eux en 1945 l'un des deux Supergrands, avec l'Union soviétique.

Histoire des États-Unis de 1945 à 1964

Les États-Unis sont un des grands pays victorieux de la Seconde Guerre Mondiale, avec l'URSS. Très vite, les relations entre les deux grands vont se dégrader, les deux pays n'ayant rien à voir niveau idéologie. En 1947, les États-Unis lancent le plan Marshall, pour contrer l'expansion du communisme en Europe. C'est le début de la guerre froide, qui durera plus de 40 ans, jusqu'à la chute de l'Union soviétique. Le monde frôlera à ce moment plusieurs fois la Troisième guerre mondiale. En 1964, les États-Unis font la guerre du Vietnam.

Histoire des États-Unis de 1964 à 1980

Cette période de guerre froide est également marquée par l'abolition de la ségrégation raciale, l'assassinat de plusieurs grandes personnes s'étant battues pour les droits civiques (Robert Kennedy, Martin Luther King...). En 1969, le premier homme marche sur la Lune, et il s'agit d'un Américain, Neil Armstrong. Dans les années 1970, le Scandale du Watergate éclate, remetant en cause le gouvernement américain. En 1975, le pays perd la guerre du Vietnam, qui leur aura été couteuse. La puissance du pays est remis en cause.

Histoire des États-Unis depuis 1980

Drapeau actuel des États-Unis (50 États).

Cette période est marquée par la chute de l'URSS en 1991. Les États-Unis se retrouvent comme seule hyperpuissance, dominant le monde, le "rêve américain" renait. En 1990, les États-Unis se lancent dans la guerre du Golfe, pour libérer le Koweït. Les années 90 seront marquées par d'autres scandales comme l'Irangate ou l'affaire Monica Lewinsky. En 2001, les États-Unis sont attaqués pour la première fois depuis 1941 sur leur territoire. Ils se lancent dans une guerre contre le terrorisme, attaquent l'Afghanistan en octobre 2001 pour poursuivre Ben Laden, et attaquent l'Irak dès mars 2003 pour "libérer le pays du danger qu'est Saddam Hussein", selon le gouvernement américain. En 2007, une crise financière touche le pays puis l'Europe. Un autre symbole nait en 2008, il s'agit de Barack Obama devenant le premier président afro-américain du pays.

Présidents :

Notes et références

  1. Histoire sociolinguistique des États-Unis, Les premiers habitants : les autochtones, [1]
  2. Andrew O’Hehir, « La huitième merveille du monde : les grandes pyramides du Mississippi » dans Courrier international, n°983, 3-09-2009, [lire en ligne]
  3. Estimation de Charles C. Mann, Marina Boraso (trad.), 1491. Nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb, Albin Michel, 2007, (ISBN 9782226175922), p.290
  4. Havard Gilles, Vidal Cécile, Histoire de l'Amérique française, Flammarion, 2003, p.201.
  5. Charles C. Mann, Marina Boraso (trad.), 1491. Nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb, Albin Michel, 2007, (ISBN 9782226175922), p.290
  6. a , b  et c La période coloniale aux États-Unis, MEMO
  7. a , b , c , d , e , f , g  et h Annick Foucrier, États-Unis-Histoire, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
  8. René Rémond, Histoire des États-Unis, p.4, PUF, collection "Que-sais-je?", Paris, 1990
  9. René Rémond, op.cit., p.5
  10. René Rémond, op.cit., p.6
  11. René Rémond, op.cit., p.7
  12. René Rémond, op.cit., p.8
  13. René Rémond, op.cit., p.9
  14. René Rémond, op.cit., p.10
  15. a , b  et c L'indépendance américaine, MEMO
  16. René Rémond, op.cit, p.12
  17. René Rémond, op.cit., p.14-15
  18. 'No taxation without representation
  19. a  et b François Vergniolle de Chantal, « Le parti de Lincoln est-il devenu celui de Calhoun? Héritage sudiste, Parti républicain et fédéralisme », n° 93 de la revue française d'études américaines, 2002, [2]
  20. Sur le document de ratification adopté par la Virginie le 27 juin 1787, on peut lire : « The powers granted under the Constitution being derived from the people of the United States may be resumed by them whensoever the same shall be perverted to their injury or oppression. » Dans le cas de New York, le 26 juillet, il est précisé que « We the Delegates declare and make known that the Powers of Government may be resumed by the People, whensoever it shall become necessary to their haines »
  21. Pierre Mélandri, Histoire des États-Unis depuis 1865, Nathan, 1976, p.18
  22. René Rémond, op.cit., p.44
  23. René Rémond, op.cit., p.33-34. René Rémond pense que les fédéralistes, convaincus que la monarchie est la meilleure forme de gouvernement rêvent d'instaurer « une monarchie sans monarque ».
  24. René Rémond, op.cit., p.45
  25. René Rémond, op.cit., p.39
  26. Collectif, Esquisse D'une Histoire Des États-Unis D'Amérique, p.129, Services Américains d'Information, 1953
  27. René Rémond, op.cit., p.39
  28. René Rémond, op.cit., p.41
  29. « À la recherche d'un équilibre », MEMO
  30. En 1845, le journaliste John L. O'Sullivan écrit dans the démocratic rewiev au sujet du Texas que celui doit rejoindre l'Union non seulement parce que ces habitants le souhaitent mais aussi parce que c'est " our manifest destiny to overspread the continent allotted by Providence for the free development of our yearly multiplying millions", cité par Howard Zinn, A people's history of the United States. 1492 - present, HarperCollins Publishers, New York,2005, p. 151
  31. Histoire des États-Unis, La conquête de l'Ouest, Université de Lyon II, [3]
  32. René Rémond, op.cit., p.46
  33. Pierre Mélandri, p 19
  34. René Rémond, op cit., p.48
  35. Une esquisse de l'histoire des États-Unis, p.143
  36. Pierre Mélandri, op.cit., p.7
  37. René Rémond, op.cit., p.58
  38. a  et b books review sur [4]. Consulté le 27 janvier 2008
  39. Esquisse d'une histoire des États-Unis, p.132
  40. Esquisse d'une histoire des États-Unis d'Amérique, p.133
  41. René Rémond, op cit., p.60
  42. René Rémond, op. cit., p.62
  43. René Rémond, op.cit., p.63
  44. Réné Rémond soutient qu'elle occupe dans l'histoire des États-Unis la même place que la Révolution française en France
  45. a , b , c , d , e  et f Claude Folhen, La guerre de Secession, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
  46. La Virginie occidentale et le Kansas sont admis dans l'Union pendant la guerre
  47. René Rémond, op.cit., p.67
  48. Pierre Mélandri, op. cit., p.15-16
  49. Pierre Mélandri, op. cit., p.11
  50. Pierre Mélandri, op. cit., p.16
  51. Lors des élections présidentielles de 1876, le démocrate Tilden et le républicain Hayes se disputent la victoire. Après une réunion secrète entre les deux camps, les leaders démocrates renoncent à disputer la victoire en échange de l'évacuation des dernières troupes fédérales dans les deux derniers États encore occupés et de promesses de mesures économiques. C'est le « compromis de 1877 »
  52. Pierre Mélandri, op. cit., p. 23.
  53. Une section de terre est un carré d'un mille de côté
  54. Pierre Mélandri, op. cit., p. 28.
  55. En 1865, on dénombre entre 3,5 et 5 millions de bovins au Sud de San Antonio : d'après Mélandri, op. cit., p. 223.
  56. Pierre Mélandri, op. cit., p. 25.
  57. Pierre Mélandri, op. cit., p. 27.
  58. Pierre Mélandri, op. cit., p. 28.
  59. Le nombre d'agriculteurs passe de 1,5 millions à 5,7 millions
  60. La surface cultivée passe de 300 000 acres à 840 000.
  61. Pierre Mélandri, op. cit., p. 38.
  62. Pierre Mélandri, op. cit., p.32
  63. Pierre Mélandri, op. cit., p.35
  64. Pierre Mélandri, op. cit., p.34
  65. Pierre Mélandri, op. cit., p.36
  66. Pierre Mélandri, op. cit., p.37
  67. Pierre Mélandri, op. cit., p 40
  68. Pierre Mélandri, op. cit., p.42
  69. Homme ayant acquis sa fortune ou son statut social, par son mérite personnel, en partant de rien ou avec peu de chose.
  70. Pierre Mélandri, op. cit., p.53
  71. Pierre Mélandri, op. cit., p.47
  72. Pierre Mélandri, op. cit., p.50-51
  73. Pierre Mélandri, op. cit., p.52
  74. Pierre Mélandri, p 57-58
  75. Cleveland a été président un première fois de 1883 à 1888. Il a été battu par Harrison à cette date. Pendant son premier mandat, il s'est illustré en militant contre la corruption et pour un abaissement des tarifs douaniers.
  76. Pierre Mélandri, op. cit., p.61-63
  77. dans son livre, Histoire des États-Unis depuis 1865, publié chez Nathan Université
  78. Rappel : la frontière est un front de colonisation et non une limite entre les États
  79. Pierre Mélandri, op. cit., p.69
  80. Pierre Mélandri, op. cit., p.72
  81. Pierre Mélandri, op. cit., p. 75.
  82. René Rémond, op. cit., p. 84.
  83. William O. Kellog, American History, The easy way, p. 204, Barron's, 2003
  84. René Rémond, op. cit., p. 83.
  85. William O. Kellog, op. cit., p. 205.

Bibliographie

  • Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, ISBN 2-7298-1451-5
  • Daniel Boorstin, Histoire des Américains, Paris, Laffont, 2001, ISBN 2-2210-6798-3T
  • Robert Calvet, Les Américains. Histoire d'un peuple, Paris, Armand Colin, 2004, 280 pages.
  • David Cornut, Little Big Horn, autopsie d'une bataille légendaire, Anovi, 2006, ISBN 2-914818-10-6
  • Bernard Cottret, La Révolution américaine. La quête du bonheur, Paris, Perrin, Tempus, 2004.
  • André Kaspi, Les Américains, Paris, Le Seuil, 1996, ISBN 202009360X
  • Pierre Lagayette, Les grandes dates de l'histoire américaine, Paris, Hachette, 2001, ISBN 2011454891
  • Jean-Pierre Martin, Daniel Royot, Histoire et Civilisation des États-Unis, Paris, Nathan, 1re édition : 1974, 6e édition : 2003
  • Yves-Henri Nouailhat, Les États-Unis et le monde au XXe siècle, A. Colin, Paris, 2000, réédition
  • René Rémond, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2003, Collection : Que sais-je ?, ISBN 2130533582
  • Bernard Vincent, Histoire des États-Unis, Paris, Flammarion, 1998, ISBN 2080813765
  • Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, De 1492 à nos jours, Marseille, Agone, 2002, ISBN 2-9108-4679-2

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