- Ulysses S. Grant
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Ulysses S. Grant Mandats 18e président des États-Unis 4 mars 1869 – 4 mars 1877
8 ans, 0 mois et 0 jourÉlection 3 novembre 1868 Réélection 5 novembre 1872 Vice-président Schuyler Colfax (1869 – 1873)
Henry Wilson (1873 – 1875)Prédécesseur Andrew Johnson Successeur Rutherford B. Hayes Biographie Date de naissance 27 avril 1822 Lieu de naissance Point Pleasant, Ohio Date de décès 23 juillet 1885 (à 63 ans) Lieu de décès Mount McGregor,
New YorkNationalité Américain Parti politique Parti républicain Conjoint Julia Grant Diplômé de USMA West Point Profession Militaire Religion Méthodisme Signature
Présidents des États-Unis modifier Ulysses S. Grant (né Hiram Ulysses Grant le 27 avril 1822 - 23 juillet 1885) est un général américain, chef d'état-major des troupes de l'Union lors de la guerre de Sécession et le dix-huitième président des États-Unis. Il est élu pour deux mandats consécutifs de 1869 à 1877.
Il a dirigé une administration marquée par de graves scandales et infestée par la corruption. Les historiens s'accordent toutefois pour dire que U. Grant était intègre et que le blâme doit retomber sur son gouvernement[réf. souhaitée].
Sommaire
Biographie
Hiram Ulysses Grant naît le 27 avril 1822 à Point Pleasant (Ohio) dans le comté de Clermont (à 40 km en amont de Cincinnati (Ohio) sur le fleuve Ohio). Ses parents, Jesse Root Grant et Hannah Simpson, sont originaires de Pennsylvanie. Son père, qui était tanneur, avait une grand-mère paternelle Suzanna Delano d'origine française, descendante de Philippe de La Noye (1602-1681), issu de l'illustre Maison de Lannoy, l’un des passagers du Fortune qui accosta à Plymouth en novembre 1621, rejoignant les premiers colons du Mayflower. La descendance de Philippe de La Noye donnera quelques décennies plus tard un autre président aux États-Unis, Franklin Delano Roosevelt.
À l'automne 1823, ils déménagent vers le village de Georgetown (Ohio) dans le comté de Brown, où Grant passe la majeure partie de son enfance jusqu'à ses 17 ans. Il y manifeste un grand amour et une relation particulière avec les chevaux et une disposition naturelle pour les dresser[1]. Ses talents d'écuyer le serviront pendant toute sa carrière militaire.
Le député de son État le fait entrer à 17 ans comme cadet de l'académie militaire des États-Unis à West Point, (New York). Par erreur, ce député l'inscrit sous le nom d'Ulysses S. Grant, nom qu'il apprécie et conserve. Il est diplômé en 1843, classé 21e dans une promotion de 39 élèves.
Il se marie avec Julia Boggs Dent (1826-1902), fille d'un propriétaire d'esclaves du Missouri[2] le 22 août 1843 et ils ont quatre enfants : Frederick Dent, Ulysses Simpson Junior, Ellen Wrenshall et Jesse Root.
Il appartenait à la Franc-maçonnerie.
Première carrière militaire
Bien qu'il juge cette guerre injuste[2], il sert pendant la guerre américano-mexicaine sous les ordres des généraux Zachary Taylor et Winfield Scott, participant aux batailles de Resaca de la Palma, Palo Alto, Monterrey et Vera Cruz. Par deux fois il est décoré pour actes de bravoure : à Molino del Rey et Chapultepec. Promu capitaine, il est muté après le conflit dans un poste militaire isolé[2] dans le nord de la Californie, où il sombre dans l’alcool et la dépression.
Retour à la vie civile
Le 31 juillet 1854, il démissionne de l'armée pour éviter d’être traduit en cour martiale. Suivent sept ans de vie civile. Il va d'abord être fermier sur des terres cédées par son beau-père[2]. N'arrivant pas à vivre de son exploitation il va alors enchainer différents métiers, sans grand succès[2]. Il est recouvreur de dettes[2] , agent immobilier à Saint-Louis, marchand ambulant de bois de chauffage[2] et finalement assistant dans l'atelier de sellerie[2] que possèdent son père et son frère à Gallena dans l'Illinois.
Guerre de Sécession
Le 24 avril 1861, dix jours après la chute du fort Sumter, le capitaine Grant arrive à Springfield (Illinois) avec une compagnie d'hommes qu'il a recrutés. Le gouverneur estime qu'un homme sorti de West Point peut être mis à meilleur profit et il le nomme colonel de la 21e division d'infanterie d'Illinois (à partir du 17 juin 1861). Le 7 août il est nommé général de brigade des volontaires.
En novembre 1861, son premier acte important de la guerre est de prendre la ville de Paducah (Kentucky) immédiatement après que les Confédérés eurent violé la neutralité de l'État par l'occupation de Columbus (Kentucky). Trois mois plus tard, Grant donne à l'armée de l'Union sa première victoire de la guerre de Sécession en prenant le Fort Henry (Tennessee) le 6 février 1862. Il enchaine succès sur succès en remportant quelques jours plus tard la bataille de Fort Donelson. Le contrôle du Tennessee et de la rivière Cumberland est rapidement repris par l'Armée de l'Union créant ainsi un boulevard pour l'invasion du Sud. Grant devient ainsi en quelques mois un héros de l'Union.
Il se lance aux trousses de l'armée confédérée et gagne des victoires impressionnantes mais coûteuses à la bataille de Shiloh, la bataille de Vicksburg et la bataille de Chattanooga. Sa combativité et sa capacité à être victorieux impressionnent le président Lincoln qui le nomme Lieutenant-Général le 2 mars 1864 après avoir longtemps cherché un stratège pouvant rivaliser avec le général Lee que les Confédérés avaient mis à la tête de leurs troupes. Le 17 mars 1864, le Congrès rétablit pour lui le grade suprême de lieutenant-général, porté autrefois par George Washington, ce qui fait de lui le nouveau commandant en chef de toutes les armées fédérales. Sans éprouver le moindre complexe, il prend lui-même la direction des opérations sur le front de Virginie et affronte Lee dans une succession d’affrontements autour de Richmond.
Un général de ses collègues a dit que Grant se battait comme un bouledogue. Au cours de nombreuses batailles, il ordonne des offensives ou maintient le siège des forces confédérées alors même que ces dernières sont en train d'attaquer. Qu'il ait choisi l'offensive ou le siège, Grant continue ses attaques jusqu'à la capitulation ou la retraite de l'ennemi. Ces tactiques minent les forces confédérées en leur infligeant des pertes irremplaçables, mais c'est au prix d'un lourd tribut dans les troupes de Grant, ce qui lui vaut le surnom peu flatteur de « Grant le boucher ».
Grant donne au major général William T. Sherman le commandement des forces de la zone ouest et installe son quartier général en Virginie où il porte son attention sur la prise de Richmond (capitale de la Virginie) qui résiste aux attaques de l'armée de l'Union. En dépit de lourdes pertes et du terrain difficile, l'armée du Potomac poursuit implacablement les troupes du général Robert E. Lee aboutissant à une défaite meurtrière à la bataille du désert (ou bataille de la Wilderness), une issue incertaine lors de la bataille de Spotsylvania et une terrible défaite à la bataille de Cold Harbor.
Malgré ses lourdes pertes, Grant ne fait pas retraite sur Washington. Il réussit à faire traverser la James River à ses troupes sans que Lee s'en aperçoive et entame le siège de Petersburg. Cette pression implacable finalement oblige Lee à évacuer Richmond, qui est incendiée, et le force à se rendre à Appomattox le 9 avril 1865. Quelques semaines plus tard, la guerre civile américaine est de facto terminée même si la dernière bataille, celle de Palmito Ranch, a lieu le 12 et 13 mai 1865, où le général confédéré Kirby Smith se rend avec ses forces le 2 juin.
Après la guerre, le Congrès américain le nomme au tout nouveau rang de général d'armée le 25 juillet 1866.
Grant est choisi comme candidat républicain à la convention nationale républicaine de Chicago le 20 mai 1868 sans réelle opposition. Il remporte une majorité de 3 012 833 sur un total de 5 716 082 votes enregistrés aux élections de 1868.
Présidence
Chronologie
- 1869
- 4 mars : Investiture de Ulysse S. Grant en tant que dix-huitième président des États-Unis. Lors de son discours inaugural : « Je ne connais pas de meilleure méthode pour faire annuler les mauvaises lois que de les mettre rigoureusement à exécution. »
- 1870
- 30 mars : passage du 15e amendement à la Constitution donnant le droit de vote sans conditions de race.
- 1871
- Le président Grant signe le Ku Klux Klan Act, loi visant les activités du Ku Klux Klan. Il déclare la loi martiale dans neuf comtés de Caroline du Sud. L'arrestation de plusieurs milliers de membres du Ku Klux Klan, libérés peu après faute de preuves, entraîne cependant la disparition de l'organisation jusqu'à sa renaissance au XXe siècle.
- 1872
- Août : Grant signe la loi créant le premier parc national à Yellowstone.
- 20 septembre : la bourse panique à la suite de la faillite frauduleuse de compagnies de chemin de fer. L’économie entre dans une phase de dépression qui durera six ans.
- 5 novembre : Grant est réélu pour un second mandat. Une féministe, Susan B. Anthony, est arrêtée et condamnée pour avoir tenté de voter[note 1].
- 1873
- Grant signe un décret permettant aux Indiens de la tribu des Nez-Percés de conserver à jamais leurs terres de l’Oregon.
- 1876
- Grant autorise le financement permettant de terminer le monument en hommage à Washington.
- Scandale militaire avec la défaite du général George Armstrong Custer à Little Big Horn contre les Sioux de Sitting Bull. Grant prend position contre Custer et l'armée classe l'affaire sans enquête[3].
Politique étrangère
Grant essaie d’annexer les colonies espagnoles de Saint Domingue et de Cuba mais ses efforts ne sont pas soutenus par le Congrès.
Grant se préoccupe indirectement de l'affaire Edgardo Mortara, un enfant juif enlevé à sa famille par les autorités catholiques italiennes, en envoyant une requête au pape Pie IX demandant le retour de l'enfant chez ses parents.
Politique intérieure
Dans la période troublée qui suit l'assassinat de Lincoln, la présidence de Grant passe pour l'une des pires avec son fort parfum de scandales, notamment la fraude des distilleries de whisky qui détournent 3 millions de dollars de taxes. Orville E. Babcock, le secrétaire privé du président, est inculpé comme membre du réseau et n'échappe à une condamnation que par la grâce présidentielle. Le secrétaire à la Guerre William W. Belknap est impliqué dans une enquête révélant qu'il a reçu des dessous-de-table en échange de la vente de comptoir marchand avec les indiens d'Amérique. Bien qu'il n'y ait aucune preuve que Grant se soit personnellement enrichi grâce à la corruption d'une partie de ses subordonnés, il n'a jamais adopté de position ferme à l'encontre des malfaiteurs et n'a pas non plus réagi énergiquement une fois leur culpabilité établie.
Aujourd'hui, l'histoire lui fait justice en lui imputant seulement un manque de discernement dans le choix de ses collaborateurs.
Cette période de scandales a donné lieu à la naissance d'un néologisme, le grantisme, synonyme de "gouvernement corrompu".
Politique concernant les minorités, les droits civiques et l’immigration
À la fin de la guerre de Sécession, la question des droits civiques de la minorité noire reste ouverte. Le passage du 15e amendement résout le problème sur le papier, car les lois d’application, en particulier dans les États du Sud, priveront de facto les Noirs de leurs droits pendant encore plusieurs décennies.
Politique partisane
Grant est le candidat du Parti républicain aux élections de 1868 en raison de sa stature de héros de la guerre de Sécession. Il reste populaire auprès de la population malgré les scandales qui entourent son gouvernement et est réélu en 1872. Il souhaite se représenter une troisième fois, en 1880, mais le Parti républicain respecte la règle (non écrite à cette époque) de la limite à deux mandats.
Retraite
À la fin de son second mandat, Grant voyage pendant deux ans et demi à travers le monde. Il visite la ville de Sunderland où il ouvre la première bibliothèque municipale d'Angleterre. De ce tour du monde, il revient sans un sou. Sur les conseils de son fils, il devient associé dans la société Grant and Ward, qui s'avérera une escroquerie pyramidale. Ferdinand Ward, principal responsable, fut condamné à 10 ans de la prison. Il ne fut jamais prouvé que Grant ait eu connaissance du subterfuge. Il mettra un point d'honneur à rembourser autant qu'il le pouvait, jusqu'à donner les cadeaux qu'il lui avait été fait pendant son tour du monde, ses uniformes, ses sabres,... Son principal débiteur, le milliardaire Vanderbilt, fit don des objets historiques au Smithsonian Institute et rendit le reste à Grant, considérant sa dette comme acquittée[4].
Grant est élu huitième président de la National Rifle Association en 1883.
Apprenant qu'il est en phase terminale d'un cancer du larynx probablement lié à sa consommation déraisonnable de cigares tout au long de sa vie (plus de 20 par jour selon certains témoignages), Grant rédige ses mémoires, ce qu'il s'était refusé à faire jusqu'alors. Il combat la maladie pour pouvoir terminer ses mémoires en espérant que sa famille en profitera après sa mort. Il les achève juste quelques jours avant de mourir et leurs publications par l'ami de Grant, Mark Twain[note 2], permettra de donner un revenu confortable à sa femme et ses enfants. Il décède le 23 juillet 1885 au Mount McGregor, dans le comté de Saratoga (New York).
Lobby
Grant est connu pour avoir fréquenté les salons de l'hôtel Willard, alors le seul hôtel luxueux du centre de Washington. Il s'y détendait en buvant un whisky ou fumant un cigare dans le hall-salon, le lobby. Il était alors souvent approchés par des personnes désirant une faveur présidentielle, Grant les appelait « ces sacrés lobbyist ». Il a été émis l'hypothèse que le terme « lobbying » désigne l'ensemble des personnes qui approchent les législateurs pour tenter d'influencer leur vote, mais le verbe « to lobby » existait déjà des décennies auparavant et ne semblait pas lié spécifiquement à la politique de Washington.
Hommages
Grant et sa femme reposent à New York près de Riverside Park, sur l'Hudson, dans un caveau qui est le plus grand mausolée d'Amérique du Nord.
Le portrait de Grant apparaît sur les billets de cinquante dollars américains.
Une version du char allié M3 de la Seconde Guerre mondiale fut désigné Général Grant.
Un sous-marin lance-missiles de l'US Navy, aujourd'hui désarmé, porte son nom : le modifier] Notes et références
Notes
- années 1980, son effigie apparaîtra sur la pièce d’un dollar destinée à remplacer le billet ; cette pièce n’est plus frappée. Cf.Susan B. Anthony dollar (en). Dans les
- Mark Twain a donné lieu à un livre : Grant and Twain: The Story of a Friendship That Changed America de Mark Perry. L'amitié de Grant avec
Références
- Grant et l'équitation.
- The Civil War de Ken Burns, épisode 6 "La vallée de l'ombre de la mort (1864)" (Valley of the Shadow of Death (1864)). Portrait de Grant dans le film documentaire
- voir David Cornut, Little Big Horn, autopsie d'une bataille légendaire, Anovi, 2006.
- Life of Ulysses Simpson Grant (1885) par Emma Elizabeth Brown
Voir aussi
Articles connexes
- Élection présidentielle américaine de 1868
- Élection présidentielle américaine de 1872
- Liste des présidents des États-Unis
Catégories :- Décès en 1885
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- 1869
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