- Richard Nixon
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Richard Nixon Mandats 37e président des États-Unis 20 janvier 1969 – 9 août 1974
( 5 ans, 6 mois et 19 jours)Élection 5 novembre 1968 Réélection 7 novembre 1972 Vice-président Spiro Agnew (1969-1973)
Gerald Ford (1973-1974)Prédécesseur Lyndon B. Johnson Successeur Gerald Ford 36e vice-président des États-Unis 20 janvier 1953 – 20 janvier 1961 Président Dwight David Eisenhower Prédécesseur Alben William Barkley Successeur Lyndon B. Johnson Biographie Date de naissance 9 janvier 1913 Lieu de naissance Yorba Linda, Californie Date de décès 22 avril 1994 (à 81 ans) Lieu de décès New York, État de New York Nationalité Américaine Parti politique Parti républicain Conjoint Pat Nixon Diplômé de Whittier College
Université Duke (droit)Profession Avocat Religion Société religieuse des Amis Signature
Présidents des États-Unis
Vice-présidents des États-Unismodifier Richard Milhous Nixon, né le 9 janvier 1913 à Yorba Linda (Californie) et mort le 22 avril 1994 à New York, est le 37e président des États-Unis. Il est élu pour deux mandats de quatre ans en 1968 et 1972. Sa présidence est marquée par la guerre du Viêt Nam, le traité SALT ainsi que la détente avec l'Union des républiques socialistes soviétiques, l'ouverture sur la République populaire de Chine et le scandale du Watergate, qui mènera à sa démission en 1974. Il est le seul président américain à avoir démissionné.
Sommaire
Biographie
Enfance et éducation
Richard Milhous Nixon naît le 9 janvier 1913 à Yorba Linda. Son arrière-grand-père fut tué lors de la bataille de Gettysburg durant la guerre de Sécession. Ses parents, Francis Nixon et Annah Milhous, sont des quakers pratiquants et si son père gère l'épicerie et la station d'essence familiale, sa mère l'éduque dans l'esprit quaker (pas de boissons alcoolisées, pas de soirées dansantes et défense d'utiliser des jurons) et veut en faire un missionnaire. Fils cadet, Richard Nixon a eu quatre frères dont l'un, Arthur, mourut à l'âge de sept ans (tuberculose) : Harold (1909–1933), Donald (1914–1987), Arthur (1918–1925) et Edward Nixon (né en 1930).
Ses études secondaires brillantes lui permettent d'obtenir une bourse offerte par l'université Harvard mais ses parents n'ont pas les moyens d'assurer son entretien en dehors de la maison. Il fréquente donc le Whittier College (une école quaker) où il finit deuxième de sa promotion, puis reçoit une bourse qui lui permet de faire ses études de droit à l'université Duke en Caroline du Nord.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans la Marine alors que sa religion lui aurait permis d'être exempté. Il sert sur un navire de ravitaillement et termine la guerre avec le rang de commandant en second et l'estime de ses supérieurs qui le considèrent comme un bon officier et un meneur d'hommes. C'est aussi pendant son service militaire dans la Marine qu'il apprend à jouer au poker et qu'il devient rapidement un excellent joueur ; il y gagne près de 10 000 dollars, somme considérable à cette époque, ce qui lui permet de financer sa première campagne politique[1].
Un groupe d'hommes d'affaires californiens (The Committee of 100) lui demande de devenir candidat pour la Chambre des représentants à la fin de son service militaire.
Les débuts de sa carrière politique
Il est élu à la Chambre des représentants des États-Unis en 1946 comme député de l'État de Californie, au cours d'une première campagne très dure contre Jerry Voorhis.
Nixon grimpe rapidement les échelons politiques se faisant connaître comme un ferme anti-communiste. Il est membre du Comité de lutte contre les menées anti-patriotiques (House Un-American Activities Committee) et participe au procès d'Alger Hiss (accusé d'être un espion communiste, il fut condamné à cinq ans de prison pour faux témoignage).
En 1950, Nixon bat la candidate Helen Gahagan aux élections sénatoriales, en l'accusant d'avoir des sympathies pour le communisme. C'est durant cette dernière campagne électorale qu'un petit journal lui donne un surnom qu'il conservera toute sa vie, « Tricky Dick » (Richard le roublard).
Vice-présidence
Nixon est élu vice-président de Dwight Eisenhower en 1952. Il n'a alors que 39 ans. Il est réélu à la vice-présidence en 1956.
Un des points marquants de sa campagne est l'utilisation de la télévision, une nouveauté à ce moment. Richard Nixon est accusé d'avoir été financé par une caisse noire et il utilise la télévision pour assurer lui-même sa défense dans un discours destiné à émouvoir l'opinion publique (Checkers Speech). Il est alors submergé de soutiens ce qui permet à Eisenhower de le garder sur le ticket républicain.
En tant que vice-président, Richard Nixon voyage en Amérique du Sud et reçoit des éloges pour sa détermination, faisant face aux opposants de la politique étrangère des États-Unis.
Durant sa vice-présidence, il assume à trois reprises les fonctions de chef d'État, lors de trois crises cardiaques du président Eisenhower (24 septembre 1955, juin 1956 et novembre 1957).
Il prouve aussi qu'il est un fin penseur lors de sa confrontation avec Nikita Khrouchtchev lors de l'« American National Exhibition » à Moscou (le 24 juillet 1959).
Cette célèbre confrontation voit les deux leaders débattre des mérites respectifs des systèmes capitaliste et communiste dans un modèle de cuisine américaine aménagée présenté à l'exposition.
L'élection de 1960 et l'après vice-présidence
Lors de l'élection présidentielle de 1960, il est le candidat principal des Républicains, mais il perd de justesse face à John F. Kennedy. La plupart des observateurs s'accordent à dire que le facteur crucial qui a fait basculer la campagne est le premier débat télévisé de l'élection présidentielle.
Malgré une barbe naissante (le débat ayant lieu en fin d'après midi), Nixon refusa qu'on le maquille, de plus, il était malade et fatigué par de nombreux déplacements de campagne. Il espérait gagner des voix grâce à ses connaissances en politique étrangère, mais les Américains ont seulement vu un homme mal à l'aise, transpirant beaucoup et portant un costume gris qui se confondait avec le décor. D'ailleurs, les sondages ont montré que les auditeurs qui avaient suivi le débat à la radio considéraient que Nixon était le vainqueur alors que les téléspectateurs optaient pour Kennedy.
Le mardi 6 novembre 1962, il perd une nouvelle élection : celle pour le poste de gouverneur de Californie. Dans son discours de clôture, Nixon affirme que c'était sa « dernière conférence de presse ». Pendant sa « traversée du désert », de Gaulle le reçoit, geste que le futur président américain n'oubliera pas.
Présidence 1969-1974
Son défaitisme ne dure pas. Il déménage à New York où il devient un éminent avocat.
En 1968, candidat des Républicains, il a sa revanche en remportant de justesse l'élection présidentielle devant le démocrate Hubert Humphrey et le candidat Dixiecrat George Wallace. Nixon obtient 43,4% des votes (301 grands électeurs) alors que H.H. Humphrey en obtient 42,7% (191 grands électeurs).
En janvier 1969, Richard Nixon devient le 37e président des États-Unis.
Parmi les faits marquants de sa présidence, notons :
- le redémarrage des rapports avec la Chine communiste en février 1972, ce qui aboutira à l'établissement de relations diplomatiques avec la République populaire de Chine en 1979 sous la présidence de Jimmy Carter, et l'amélioration des relations avec l'Union soviétique. Son secrétaire d'État Henry Kissinger a joué un rôle majeur dans cette politique ;
- la création de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA) ;
- la création de la Drug Enforcement Administration (DEA);
- la « vietnamisation » de la guerre du Viêt Nam : retrait progressif des troupes américaines de la république du Viêt Nam en les remplaçant par des combattants sud-vietnamiens ;
- signature (avec le Nord Vietnam) d'un accord de paix le 27 janvier 1973 à Paris
- dans le cadre de la guerre du Viêt Nam, les bombardements sur le territoire du Cambodge neutre, puis le renversement du régime en place ;
- le lancement du programme de construction de la navette spatiale.
Pendant la campagne électorale, comme pendant sa présidence, Nixon s'appuie sur ceux qu'il appelle la « majorité silencieuse » : l'Amérique conservatrice qui n'aime pas les hippies, la contre-culture et les anti-guerre. Nixon promet une « paix avec l'honneur » au Viêt Nam sans expliquer comment il compte procéder. Son rival démocrate va alors ironiser sur un « plan secret » et il est couramment attribué à Nixon d'avoir prétendu en avoir un. Nixon confirmera dans ses mémoires qu'il n'en avait aucun.
L'administration Nixon commence secrètement une campagne de bombardements massifs contre le Cambodge en mars 1969 (nom de code : « Menu ») pour détruire ce qu'elle croyait être les quartiers généraux ainsi que les « sanctuaires » où se seraient trouvés de nombreux soldats du Front national de libération du Viêt Nam. La campagne de bombardements ne reste secrète que pour l'opinion publique américaine. L'efficacité militaire fut limitée et n'empêche pas les forces communistes de s'implanter dans ce pays.
En ordonnant ces bombardements, Nixon réalisa qu'il allait étendre une guerre déjà impopulaire tout en violant la neutralité officielle du Cambodge. Quelques jours plus tard, des manifestations étudiantes contre la guerre font quatre morts. Les conseillers de Nixon puis l'opinion se retournent. Les détails de ces bombardements restèrent secrets même pour de hautes personnalités. L'usage peu orthodoxe des pouvoirs exécutifs à l'occasion des bombardements du Cambodge est l'une des raisons de la procédure d'impeachment lancée contre Nixon mais cette charge fut finalement retirée car il n'y avait pas violation des pouvoirs constitutionnels.
Le 30 juillet 1969, Nixon fait une visite surprise au Viêt Nam du Sud où il rencontre le président Nguyễn Văn Thiệu et le commandant en chef des forces armées américaines. La guerre se termine pendant sa présidence, mais après quatre années de bombardements massifs, de piétinements sur le terrain et par le retrait des troupes du Viêt Nam du Sud.
Le 4 septembre 1970, alors que le président chilien, Salvador Allende est élu, le président Nixon n'envoie aucun message de félicitation et son ambassadeur à Santiago n'assiste pas à la cérémonie d'investiture. La victoire d'Allende menace de faire tache d'huile dans le continent tout entier. « Il faut écraser ce fils de p... le plus tôt possible », répétait Richard Nixon à qui voulait bien l'entendre. La commission Church n'a trouvé aucune preuve d'une implication directe des États-Unis dans le coup qui renverse Allende en 1973 ; néanmoins cette implication est fréquemment tenue pour hautement probable[2].
Le 5 janvier 1972, Nixon ordonne le développement du programme de construction de la navette spatiale américaine. Cette décision allait profondément modifier la manière d'explorer et d'utiliser l'espace dans les décennies qui suivirent.
Alors que la gauche est très hostile à Nixon quand il arrive au pouvoir, les politiques économiques et sociales de celui-ci apparaissent rétrospectivement centristes, voire de gauche : il impose un contrôle des salaires et des prix face à la crise, refuse les changes flottants et abolit l'étalon-or, intervient fréquemment en légiférant, crée des agences et administrations, augmente considérablement les salaires des fonctionnaires.
L'élection présidentielle de 1972 est la consécration de Richard Nixon. En effet, avec plus de 60% de suffrages populaires, il remporte 49 des 50 États contre le démocrate George McGovern (seul le Massachusetts lui échappe).
Il lance le Project Independence pour tenter de réduire la dépendance énergétique des États-Unis le 7 novembre 1973 et le 2 janvier 1974, Nixon signe une loi limitant la vitesse des automobiles à 55 miles par heure (environ 90 km/h) afin de réduire la consommation de pétrole pendant la crise pétrolière.
Watergate
Article détaillé : Scandale du Watergate.Nixon a été impliqué peut-être dans la préparation et certainement dans la dissimulation du cambriolage effectué au siège du Parti démocrate, dans l'immeuble du Watergate.[réf. nécessaire] Ce cambriolage est l'un des scandales impliquant le comité de réélection de Nixon. Ce sont les enregistrements secrets de la Maison Blanche qui révèlent des détails sur son implication dans l'affaire. Il perd tout soutien après le « massacre du samedi soir » (Saturday Night Massacre) pendant lequel il fait renvoyer Archibald Cox, défenseur du ministère public dans l'affaire, ainsi que ceux qui se sont exprimés contre ce renvoi dans sa propre équipe. La Chambre des représentants lance une procédure d'impeachment contre Richard Nixon le 9 mai 1974. Menacé de destitution, il préfère démissionner, le 9 août 1974.
Son successeur à la Maison Blanche, Gerald Ford, proclame un pardon, ce qui met fin aux enquêtes.
Fin de sa vie
Dans ses dernières années, Richard Nixon parvient à redorer son image, et à gagner le respect du peuple en tant que sage sur le plan des affaires étrangères.
Nixon écrit de nombreux ouvrages pendant sa retraite politique, dont ses mémoires.
Il meurt le 22 avril 1994 dans un hôpital de New York à l'âge de 81 ans, à la suite de complications d'un accident vasculaire cérébral. Conformément à ses vœux, il n'aura pas d'obsèques nationales à Washington. Sa dépouille est transportée à bord du Boeing VC-137C SAM 26000, avion de la flotte présidentielle et ancien Air Force One du temps de Nixon, vers sa bibliothèque présidentielle, la Richard Nixon Presidential Library and Museum, à Yorba Linda (Californie) sa ville natale. Il y est enterré aux côtés de sa femme Pat. Le président Clinton et les anciens présidents Ford, Carter, Reagan et Bush assistent à ses obsèques.
Membres notables de l'administration Nixon
- Spiro Agnew - Vice-président (1969-1973)
- Gerald Ford - Vice-président (1973-1974)
- Henry Kissinger - Conseiller pour la sécurité nationale, puis secrétaire d'État (à partir de 1973)
- James Schlesinger - Secrétaire à la défense (1973-1974)
- George Shultz - Secrétaire au trésor (1972-1974)
- John Mitchell - Procureur général (ministre de la Justice) (1969-1972)
- Caspar Weinberger - Secretary of Health, Education, and Welfare (1973-1974)
- Richard Helms - Directeur de la CIA (jusqu'en 1973)
- J. Edgar Hoover - Directeur du FBI (nommé avant Nixon, en poste de 1924 à 1972)
- John Ehrlichman - conseiller et assistant des affaires intérieures
Nixon dans la culture
Littérature
- Underworld USA, troisième et dernier opus de la trilogie de l'écrivain de polar américain James Ellroy ; il apparaît notamment au travers de conversations téléphoniques enregistrées.
- Watchmen (bande dessinée et film), univers parallèle où il est toujours président en 1985.
Cinéma
- Frost/Nixon
- Les Hommes du Président
- The Assassination of Richard Nixon
- The Cayman Triangle
- Dick
- Forrest Gump
- Hot Shots! Part Deux
- Nixon
- Secret Honor
Peinture
- L'illustrateur Norman Rockwell a peint six portraits de Nixon, dont un pour la couverture du Saturday Evening Post du 5 novembre 1960 lors de la candidature à la présidentielle[3].
- Le peintre J. Anthony Wills fit en 1984 le portrait de Nixon pour la Maison-Blanche.
Caricature
- La figure de Richard Nixon inspira de nombreux caricaturistes, dont l'un des plus prolifique fut l'américain David Levine qui le dessina 66 fois[4],[5].
Musique
- Nixon in China (1985), opéra écrit par John Coolidge Adams.
Télévision
- Les Simpson (Milhouse tire son prénom du second prénom de Richard Nixon ; l'ancien président fait de très fréquentes apparitions dans la série)
- Futurama (Il est le président de la terre en l'an 3000)
- Doctor Who, saison 6, épisodes "The Impossible Astronaut" et "Day of the Moon"
- Warehouse 13, saison 3, épisode 3, ses chaussures sont empruntées par Pete afin de faire une mauvaise blague à Steve. Sur le panneau de contrôle de l'artefact on peut lire qu'elles induisent une profonde paranoïa et entraînent le porteur à mener des actions illégales.
Jeux vidéo
- Call of Duty: Black Ops (2010) Il est un des personnages jouables sur la carte "Five" en mode Zombie
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- Catherine Durandin, Nixon, le président maudit, Paris, éd. Grancher, 2001, ISBN 2-01-235141-7 article sur cette biographie
- Romain Huret, De l’Amérique ordinaire à l’État secret. Le cas Nixon, Paris, Presses de Sciences Po, 2009.
- Étienne Manac'h, Mémoires d'extrême Asie : le président Nixon en Chine, revue des deux mondes, 1980
- Claude Moisy, Nixon et le Watergate, Paris, Hachette, 1994, ISBN 2-01-235141-7
- Bruce Oudes, De la part du président, Les archives secrètes de Richard Nixon, Belfond, 1991
- Ed Nixon & Karen Olson, The Nixons - a family portrait" , Book Publishers Network, 2009, ISBN 978-1-935359-05-0, ISBN 1-935359-05-3
Notes et références
- Franck Daninos, Histoire du poker : Le dernier avatar du rêve américain, Tallandier, 2010, 313 p. (ISBN 2847345647)
- (en) le rapport Church sur l'action secrète au Chili 1963-1973 et Romain Huret, qui évoque, dans « Nixon: le vrai bilan », paru dans L'Histoire, n° 336, novembre 2008, pp. 76-81, alors qu'il achève une biographie de Richard Nixon, « l'action décisive de la CIA au Chili lors du coup d'État de Pinochet contre Salvador Allende en 1973 » (p. 78). Voir
- Couverture site du Saturday Evening Post
- David Levine, dessinateur américain Le monde.fr
- David Levine Gallery New York review of books
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