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Longtemps, dresser l’histoire du christianisme fut une entreprise difficile. En effet, elle fut longtemps cantonnée dans l’apologie de l’Église dominante dans le contexte géopolitique où se situait le candidat historien[1]. Depuis Walter Bauer[2], on sait qu’aucune unité doctrinale n’existait dans le christianisme ancien et, depuis Adolf von Harnack[3], que le dogme crée le schisme et que l’hérésie et l’orthodoxie font système. Ainsi, l’histoire du christianisme est une longue suite de fractures mais, si sa composition a souvent relevé de la justification a posteriori et anachronique - sans rapport avec une stricte recherche de la restitution de faits -, la méthodologie historique et l’évolution de disciplines telles que la science des religions permettent désormais d’en cerner les vicissitudes et d’éclairer les enjeux qui ont présidé à son développement.

Sommaire

Christianisme des premiers temps

Voir également les articles Origines du Christianisme

Les sources contemporaines à propos de l’Église primitive sont peu nombreuses : les Actes des Apôtres (datés des années 80-90) se veulent l’histoire du mouvement au cours des premières années après la mort du Christ. Pour certains théologiens ils ne constituent cependant pas des sources pertinentes[4]et sont difficilement exploitables par les historiens. Les lettres de saint Paul de Tarse (datées des années 50), sont les plus anciens documents du christianisme et les Evangiles, fournissant des indications indirectes sur les tendances qui parcourent le christianisme au cours du Ier siècle. Les premiers chrétiens (le mot n’existait d’ailleurs pas encore) ne sont pas perçus en Judée autrement que comme un des nombreux courants au sein du judaïsme au tournant de l’ère chrétienne, dont les plus importants sont les Pharisiens, les Sadducéens, les Zélotes et les Esséniens.

Premiers récits chrétiens

Les Actes des Apôtres et les lettres de Paul de Tarse laissent entrevoir un certain nombre de dissensions au sein de la première communauté de Jérusalem, mais ne sont guère prolixes. Il est ainsi question d’une dissension entre deux courants du Judéo-christianisme : les « Hellénistes » (issus de la diaspora juive héllénisante) et « Hébreux » (issus de Palestine), qui fait l’objet de controverses entre spécialistes.

L’Apôtre Paul joue un rôle important dans le développement du christianisme. Sous le nom de Saül, ce Juif originaire de Tarse aurait d’abord persécuté les disciples de Jésus et ensuite connu une spectaculaire conversion après le Christ lui est apparu sur le chemin de Damas. Il consacre le reste de son existence à la conversion tout d’abord des Juifs de la Diaspora, puis suite à des blocages des responsables des synagogues, il dirige sa prédication vers le monde non-juif, les païens, aussi appelés « Gentils », parmi lesquels on peut distinguer deux catégories : d’un côté les adeptes de cultes polythéistes, de l’autre, les craignant-Dieu, c’est-à-dire des non-Juifs attirés par le judaïsme, mais qui ne franchissent pas le pas de la circoncision[réf. nécessaire], et dont le nombre n’était pas négligeable dans l’Empire romain. La mission de Paul oblige les chrétiens à prendre position face aux communautés mixtes de Juifs et de non-Juifs[5]. La question est tranchée[réf. nécessaire] lors d’une réunion qui se tient à Jérusalem vers l’an 50 et qu’on appelle parfois « concile de Jérusalem ». Le résultat semble avoir été un compromis qui penche grosso modo vers l’universalisme du message chrétien. Paul peut en tout cas continuer son apostolat.

Rupture définitive avec le judaïsme[réf. nécessaire]

Dans ce qui fut longtemps l’interprétation chrétienne, Paul estime clairement que la foi passe avant la loi mosaïque; cette affirmation ne résiste cependant plus à l’analyse historique[6],[7],[8]. Ceux qui partagent son point de vue (reflété par l’Évangile selon saint Jean, datant de la fin du Ier siècle, et qui se distingue des Évangiles synoptiques par ses prises de position anti-juives) se heurtent à la fois :

La concurrence

Le christianisme n’était pas la seule religion cherchant et trouvant des adeptes au Ier siècle. Les historiens modernes du monde romain trouvent de l’intérêt dans ce qu’ils appellent des religions à mystère ou des cultes à mystère commençant au dernier siècle de la République romaine et se développant à l’époque de l’Empire romain. Les auteurs romains eux-mêmes, Tite-Live par exemple, racontent l’importation « des dieux étrangers » pendant des périodes de difficultés dans l’Empire romain. Les religions qui auront le plus de succès sont le mithraïsme et le manichéisme. Les chrétiens considéraient les manichéens comme particulièrement dangereux, et saint Augustin, qui avait été manichéen dans sa jeunesse, consacre encore beaucoup d’énergie à la fin du IVe siècle à combattre la doctrine.

Le judaïsme recevait aussi des convertis et, dans certains cas, prosélytait activement. Le Nouveau Testament témoigne d’une catégorie de personnes désignées sous le nom de craignants Dieu qu’on pense avoir été en passe de se convertir, à moins qu’ils ne soient peut-être ceux des Gentils qui ne s’étaient pas soumis à la circoncision. Philon d'Alexandrie évoque explicitement le devoir des Juifs d’accueillir des convertis. Le judaïsme de la fin du Ier siècle ne considère plus les "Nazoréens" comme une tendance, et entend s’en démarquer[réf. souhaitée].

Du IIe au IVe siècle

Les Églises chrétiennes au tournant du Ier siècle

Pour cette période qui suit la disparition des apôtres, les Pères apostoliques constituent la source. C’est le début de la littérature patristique (90-160 apr. J.-C.). Ces textes, de caractère non canonique, se préoccupent d’instruction et de prédication.

Les communautés chrétiennes prennent le nom d’« Églises » (du grec Ekklèsia = assemblée). Ces communautés sont dotées d’un conseil, avec à sa tête un « évêque » (du grec épiskopos = surveillant) ou « presbytre » (du grec « presbyteros » = ancien). Le premier terme finira par l’emporter. Il est assisté de diacres. Les fidèles se réunissent, d’abord dans des maisons particulières, puis dans des maisons spécialement aménagées (dont il subsiste un exemple connu du IIIe siècle à Doura Europos, où une pièce sert de lieu de réunion et une autre de baptistère).

Courants de pensée du IIIe siècle : adoptianisme, sabellianisme, donatisme.

Émergence de différents courants

Le christianisme, dont la pensée n’est pas encore fermement fixée, doit très rapidement faire face au problème de la multiplication des sectes gnostiques. Le gnosticisme est un terme générique désignant une série de sectes, qui, entre 80 et 150, propagent des adaptations ésotériques du christianisme, à savoir, la croyance en une connaissance réservée à des élus au sujet de la nature du Mal et des moyens d’y échapper. Les gnostiques croient également que le monde matériel est étranger à Dieu et a été créé par des puissances inférieures. Ces croyances s’accompagnent de tendances soit à l’ascétisme, soit à la débauche, qui reflètent toutes deux un même mépris du monde matériel. Bien que l’idée de rédemption reste centrale, le rédempteur n’est pas nécessairement le Christ, vu leur répugnance du monde matériel. Dans les sectes les plus proches du christianisme, on considère que le Christ divin est un pur esprit et que son incarnation est une illusion optique et une apparence (en grec dokèsis, d’où le nom donné à cette doctrine : docétisme). La rédemption est réservée aux élus en qui réside une étincelle divine. Une des doctrines les plus populaires est le dualisme de Marcion, qui distingue le Dieu des juifs du Père de Jésus, et rejette donc les allégories de l’Ancien Testament. Un autre groupe dissident se forme autour de Montanus au IIe siècle. Originaire de Phrygie, Montanus affirmait que le Paraclet s’exprimait à travers lui. Le montanisme connaîtra un certain succès en Asie Mineure.

Ces doctrines sèment la discorde dans les communautés chrétiennes et incitent ceux que l’on appellera par après les Pères de l’Église à s’opposer à ces tendances centrifuges et à élaborer des réfutations de ces doctrines. Ils s’y prennent de plusieurs manières :

  • en insistant, comme Ignace d'Antioche, sur le rôle de l’évêque, représentant de Dieu sur la terre en vertu de la succession apostolique
  • en élaborant un Canon du Nouveau Testament, c’est-à-dire un corpus de textes faisant autorité. On finira par s’accorder sur quatre textes : les trois Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) et celui de Jean, fermement défendu par Irénée de Lyon. Les Valentiniens en reconnaissent d’autres, comme l’Évangile selon Thomas.
  • en élaborant un « symbole de la foi », c’est-à-dire un court texte, qui résume ce qu’il convient de croire, et permet de faire la démarcation avec l’hétérodoxie (Irénée et Tertullien).

Littérature chrétienne des premiers siècles

Face à la concurrence, aux courants centrifuges, mais aussi au scepticisme païen, le christianisme développe une littérature

  • apologétique
    • face aux Juifs. Justin Martyr (première moitié du Ier siècle) écrit le Dialogue avec Triphon. Une lecture chrétienne de l’Ancien Testament y voit l’annonce de la venue du Christ.
    • face aux païens. Ceux-ci, (par exemple Celse) méprisent le christianisme. C’est à nouveau Justin Martyr, ex-philosophe païen, qui veut montrer qu’on peut concilier le platonisme avec le christianisme. Il soutient qu’une parcelle de la Révélation (la semence du Logos) est également présente chez les philosophes païens. Tatien est son disciple. Plus tard, Lactance et Eusèbe de Césarée développeront les mêmes thèmes.
  • contre les hérétiques

Irénée de Lyon écrit « Contre les hérésies », dans lequel il s’attaque aux gnostiques (voir ci-dessus). Il leur oppose l’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament ainsi qu’une vision optimiste de la chute d’Adam et Ève, rachetée par le sacrifice du Christ.

Origène posa les fondements de l’herméneutique chrétienne en définissant, le premier selon Henri de Lubac [10], la théorie des quatre sens, et la Lectio Divina, qui seront par la suite largement développés et pratiqués pendant tout le Moyen Âge, surtout au XIIe siècle, et dans les débuts de la Renaissance.

Politique religieuse des empereurs romains

Jusqu’au début du IVe siècle, le christianisme connaît des alternances de paix, notamment sous le règne de Gallien, et de persécution, notamment sous le règne de Dioclétien. Ces persécutions marquent tellement l’esprit des chrétiens que le début de son règne (284) constituera jusqu’au VIe siècle le début de l’ère chrétienne, dite l’« ère des martyrs » ou « de Dioclétien ». En 312, arrivé au pouvoir, Constantin Ier adopte une attitude de tolérance que son collègue Licinius ne partage pas. Après la victoire de Constantin sur Licinus, il affiche une préférence de plus en plus marquée pour le christianisme. Il prend des mesures matérielles (don d’argent, de terrains, etc.), mais aussi législatives, pour intégrer les chrétiens dans la structure de l’empire (par exemple, l’élévation du dimanche, jour du soleil, au nombre des jours fériés). Il intervient dans les querelles religieuses, en convoquant des conciles (voir ci-dessous) et fonde la ville de Constantinople, capitale chrétienne qui remplace Rome, toujours largement païenne à cette époque. Il prend des mesures contre les institutions païennes, mais ne supprime pas la liberté du culte. Il ne se convertira que sur son lit de mort (attitude très commune à l’époque d’ailleurs). Si l’on excepte le court intermède de l’empereur Julien l'Apostat (361-363), qui veut revenir au paganisme, ses successeurs seront tous catholiques romains. C’est sous Gratien et Théodose Ier (380-395) que l’Église catholique devient réellement une religion d’État. Ils promulguent d’abord une série d’édits contre les "hérétiques" qui sont en désaccord avec le syncrétisme pagano-chrétien créé sous Constantin. Sous l’influence d’Ambroise, évêque de Milan, Théodose interdit toute forme de culte païen (392) et impose le catholicisme.

Les institutions ecclésiales

Si, théoriquement, tous les évêques sont sur le même pied, certains acquièrent progressivement plus d’importance du fait de l’importance des premiers titulaires du siège, ce poids n’étant pas nécessairement lié à la place du diocèse dans la structure administrative de l’Empire romain. Au sommet de cette hiérarchie se trouvent cinq sièges qu’on appellera les patriarcats à partir du règne de Justinien.
En Occident, la direction des premières communautés chrétiennes de Rome est longtemps de type synodal et la prééminence de l’évêque de Rome n’est que très progressive; ce n’est qu’à partir de la fin du IVe siècle qu’il devient réellement important. Calixte Ier sera le premier être désigné sous le terme « pape » à l’instar de ce qui se faisait déjà pour le patriarche d'Alexandrie. Sa primauté d’honneur se transforme en primauté juridictionnelle. Le patriarche romain Léon Ier s’opposera au canon 28 du concile de Chalcédoine (451) qui fait de Constantinople le second siège de l’Église. Ces prétentions du pape de Rome seront mal acceptées par les Églises d’Orient, surtout en matière doctrinale. En Orient, le concile de Nicée (325) reconnaît deux grands sièges : Antioche et Alexandrie, ainsi qu’avec quelques restrictions à Jérusalem. Le concile de Constantinople (381), et surtout le concile de Chalcédoine (451), accordent à Constantinople les mêmes privilèges qu’à Rome, ainsi que la deuxième place après celle-ci. Des conflits entre patriarcats seront pour beaucoup dans les controverses qui déchireront l’Église.

À côté des cinq grands sièges, se constitueront en dehors des frontières de l’Empire romain, des Églises nationales, "autocéphales" (Arménie, Géorgie, Perse).

Tous les évêques font partie d’une même Église, qui se qualifie de catholique, et communient dans la même foi. Pour assurer cette unité de foi, on a mis en place une institution spécifique : le concile, c’est-à-dire une réunion d’évêques. À partir du IVe siècle, l’empereur convoque des conciles généraux, dont certains sont qualifiés d’œcuméniques (« de la terre entière »). Comme leurs décisions sont infaillibles et ont une autorité universelle, elles ne peuvent être ni revues, ni corrigées.

Sept conciles sont reconnus comme « œcuméniques » à la fois par les catholiques et les orthodoxes :

– le Ier concile de Nicée (325) ;
– le Ier concile de Constantinople (381) ;
– le concile d'Éphèse (431) ;
– le concile de Chalcédoine (451) ;
– le IIe concile de Constantinople (553) ;
– le IIIe concile de Constantinople (681) ;
– le IIe concile de Nicée (787).

Controverses christologiques

Les premiers siècles du christianisme sont une période d’approfondissement théologique. Certaines notions, difficilement compatibles avec le rationalisme grec, doivent être éclaircies. Ces débats, qui portent sur la Sainte Trinité, la nature de ses trois personnes, les rapports qu’elles entretiennent, l’incarnation du Christ et la position de la Vierge Marie, sont d’autant plus violents, qu’ils illustrent des rivalités entre les grandes métropoles religieuses de la partie orientale de l’Empire romain (Alexandrie, Antioche et Constantinople) ainsi que des rivalités de personnes. Ces controverses, qui sont réglées au cours des conciles, donneront lieu à plusieurs grandes hérésies, dont les conséquences historiques sont incalculables.

L’arianisme

Au début du IVe siècle Arius était un prêtre d’Alexandrie qui professait un monothéisme strict. Il ne reconnaissait pas Jésus-Christ comme égal à Dieu le Père. Condamné par l’évêque d’Alexandrie, il cherche et trouve de nombreux appuis. Inquiet devant la division de l’Église, l’empereur Constantin convoque le Ier concile de Nicée (325). Composé principalement d’évêques orientaux, le concile condamne les thèses d’Arius, déclarant le Fils « consubstantiel (homoousios) au Père ». Au cours des décennies suivantes "nicéens" et "anti-nicéens" se déchireront dans des conciles, où les évêques qui refusent de signer sont déposés. Certains successeurs de Constantin prendront des positions nettement ariennes (Constance II, Valens. Ce n’est que sous l’empereur Théodose Ier que le Ier concile de Constantinople (381) tranchera en faveur des thèses de Nicée, en y ajoutant la consubstantialité de l’Esprit et en affirmant la réalité des trois personnes.

Le macédonianisme

Macédonius, évêque de Constantinople (342-360), proche de l’arianisme, niait la divinité du Saint-Esprit.Celui-ci n'est qu'une créature du Fils, un ange (démiurge). Cette doctrine fut condamnée par Saint Athanase d'Alexandrie, épaulé par Didyme l'aveugle et Saint Epiphane; Elle fut oecuméniquement condamnée en 381 par le Concile de Constantinople I (Mai-juillet 381). Cette hérésie s'appelle "Macédonianisme ou l'hérésie pneumatomaque".

Le nestorianisme et le monophysisme

Cette controverse est typique des querelles d’écoles et de personnes qui font rage du IVe au VIe siècle. Nestorius, patriarche de Constantinople (421), formé à l’école d'Antioche, affirme la distinction entre la nature humaine et la nature divine du Christ, refuse à Marie le titre de "Theotokos" (mère de Dieu) et ne voit en elle que la mère du Christ. C’est une position dualiste, à laquelle s’oppose l’école d'Alexandrie représentée par Cyrille. La convocation du concile d'Éphèse (431) doit les départager. Dans un premier temps, Cyrille profite de l’absence des partisans de Nestorius pour faire condamner celui-ci. Lorsque les partisans de Nestorius arrivent à Éphèse, ils condamnent Cyrille. Les deux partis intriguent auprès de l’empereur Théodose II et maintiennent une agitation permanente. Par opposition aux thèses de Nestorius, certains théologiens alexandrins verseront dans l’hérésie inverse, le monophysisme, représenté par le moine Eutychès. Accusé d’hérésie, il maintient que le christ n’a qu’une seule nature (physis). Après l’Incarnation, la nature divine du christ aurait absorbé sa nature humaine. Ce nouveau conflit provoque la convocation du concile d’Éphèse (449). Sous la pression de l’empereur Théodose II, Eutychès est réhabilité. Cet épisode est qualifié par le pape Léon de « brigandage d’Éphèse ». À la mort de Théodose, le pape obtient du nouvel empereur, Marcien la tenue du concile de Chalcédoine (451). Ce concile sera l’un des plus importants de l’histoire du christianisme. Les participants retiennent la formule d’une seule personne et de deux natures. Cette définition est aussitôt contestée. Jusqu’aux conquêtes arabes, la politique impériale variera entre la répression à l’égard de ses adversaires et diverses tentatives d’accommodement théologique : l’Hénotique, le monoénergisme ou le monothélisme. Sous l’empereur Justinien, la répression des monophysites aboutit à la constitution d’Églises non-chalcédoniennes, avec une hiérarchie parallèle à celle de l’Église officielle : l’Église syrienne orthodoxe, dite aussi Église jacobite en Syrie, et l’Église copte orthodoxe en Égypte. Ces deux Églises comprennent la majorité des fidèles. À côté d’elles subsiste une Église chalcédonienne, dite "melkite" (du syriaque melek = "roi"). La conquête musulmane figera cette situation jusqu’à nos jours.

Les controverses christologiques :

Diffusion dans le monde romain

Le christianisme en Égypte

Saint Marc serait aux origines de l’Église d’Égypte. Il aurait subi le martyre à Alexandrie en 62 ou 68. Il est en tout cas probable qu’une communauté chrétienne y existait vers 50 apr. J.-C. Si, à ses débuts, elle devait certainement être composée de Juifs, nombreux en Égypte, au IIe siècle elle est devenue grecque, après l’anéantissement de la communauté juive d’Alexandrie en 115-117. Les chrétiens ont du y faire face à la concurrence du gnosticisme et du manichéisme. L’orthodoxie est défendue par le Didascalée, une école qui a compté parmi ses membres des écrivains célèbres, tels que Clément d'Alexandrie ou Origène. Comme en Afrique du Nord, l’Église d’Égypte a été déchirée par les conflits qui ont suivi la persécution de Dioclétien au début du IVe siècle. Le schisme est provoqué par l’évêque Mélèce de Lycopolis, qui s’oppose à la réintégration des chrétiens qui ont renié leur foi pendant la persécution.

Après l’avènement de l’empereur Constantin, l’Église d’Égypte prospère. Elle jouera un rôle important dans les controverses christologiques du IVe au VIe siècle, grâce à la forte personnalité de certains évêques d’Alexandrie, tels qu’Athanase ou Cyrille.

L’Égypte est fortement marquée par le monachisme (du mot grec monachos (solitaire, célibataire). Certains chrétiens se réfugient au « désert » pour échapper au monde. Petit à petit, certains d’entre eux, tels qu’Antoine (251-356?), rassemblent des disciples autour d’eux, et forment des communautés de semi-anachorètes. Pacôme de Tabennesis (286-346) fonde des communautés de cénobites (du grec koinos bios (= vie commune)), avec un supérieur à leur tête. Ces moines, souvent fanatiques, joueront un grand rôle dans la lutte contre le paganisme, dont un des épisodes les plus tristement célèbres est le meurtre de la philosophe Hypatie (415).

Le christianisme en Afrique du Nord

Bien que le christianisme se soit certainement implanté tôt en Afrique du Nord (c’est-à-dire à l’époque romaine principalement l’actuelle Tunisie et la région de Constantine en Algérie, avec comme centre culturel prestigieux Carthage), nous ne disposons d’informations sûres qu’à partir de la fin du IIe siècle, grâce à Tertullien et saint Cyprien, les deux premiers Pères latins. Nous savons donc que l’Église africaine des premiers siècles a pris une part importante à la vie et au développement du christianisme occidental latin qui selon Claude Lepelley est né en Afrique du Nord. Au milieu du IIe siècle, les communautés chrétiennes y étaient déjà très nombreuses et dynamiques. Et au IVe siècle, naîtra saint Augustin dont la pensée aura une influence déterminante sur l’Occident chrétien du Moyen Âge et de l’époque moderne[11].

La présence de pas moins de 71 évêques au concile de Carthage en 216 indique que le christianisme devait y être implanté de longue date. L’un des passages les plus cités de Tertullien est éloquent à ce propos :

« Nous sommes d’hier, et déjà nous avons rempli la terre et tout ce qui est à vous : les villes, les îles, les postes fortifiés, les municipes, les bourgades, les camps eux-mêmes, les tribus, les décuries, le palais, le sénat, le forum ; nous ne vous avons laissé que les temples ! »

— Apologétique, XXXVII,4

Dans tous ses écrits, Tertullien se place en opposition directe avec la culture romaine païenne et fait l’apologie du martyre. C’est d’ailleurs au travers des martyrs que nous commençons à approcher la chrétienté africaine : en 180, les Actes des martyrs scillitains nous racontent l’histoire de sept martyrs de la ville de Scilli. Tertullien lui-même nous rapporte dans les Actes des martyres Perpétue et Félicité un des épisodes les plus connus des persécutions en Afrique du Nord.

Lors des persécutions, de nombreux chrétiens apostasient en sacrifiant aux dieux païens pour sauver leur vie. Au moment de la persécution de Dèce (250), de nombreux chrétiens d’Afrique « lapsi » (c’est-à-dire apostats), souhaitent revenir au sein de l’Église. L’évêque Cyprien, partisan d’une réconciliation après une pénitence proportionnelle à la faute, se heurte à un groupe plus laxiste. Cyprien trouve un allié auprès du pape Corneille, alors en lutte avec Novatien, opposé à toute réconciliation. C’est la voie moyenne qui l’emporte, et le schisme de Novatien est condamné.

Une hérésie occidentale : le pélagianisme

La doctrine diffusée par Pélage (360 - 418), moine de Grande-Bretagne, qui niait la nécessité de la grâce, le péché originel, la damnation des enfants morts sans baptême, agita surtout la partie occidentale du monde romain. Les semipélagianistes n’allèrent pas aussi loin que Pélage. Ils nièrent que la grâce fut nécessaire pour commencer à croire. Saint-Augustin fut le principal adversaire du pélagianisme et du semi-pélagianisme et il écrivit contre ces hérésies plusieurs de ses ouvrages. Malgré leur condamnation à diverses reprises par plusieurs conciles (Carthage en 415 et 417, Antioche en 424, Éphèse en 431), le pélagianisme et le semi-pélagianisme subsistèrent jusqu’au VIe siècle (dernière condamnation par le concile d’Orange, en 529.

Développement en dehors du monde romain

Le christianisme ne s’est pas limité au bassin méditerranéen et à ses arrière-pays. Il s’est répandu partout où existaient des zones de diaspora (terme d’origine grecque pour dispersion) juive, entre autres en Mésopotamie, en dehors de l’empire romain, où cette population résidait depuis la captivité à Babylone, ville où se développa une grande partie du Talmud.

Le christianisme en Perse dans l’Empire sassanide

Le christianisme se répand en Perse dès le IIe siècle. Il s’y heurte à une religion nationale, le mazdéisme zoroastrien. Les chrétiens apparaissent d’abord comme susceptibles d’apporter un soutien à l’Empire romain et sont persécutés. Un synode de l’Église perse en 424 décrète son indépendance. À la fin du Ve siècle, l’Église de Perse passe au nestorianisme, ce qui permet aux chrétiens de Perse de se distinguer de l’Église de l’Empire romain.

Le christianisme en Arménie

L’histoire du début du christianisme en Arménie repose sur des bases légendaires : le pays aurait été évangélisé par Simon, Barthélémy et Thaddée. On est sur un terrain plus sûr au IVe siècle. L’empereur romain Dioclétien installe Tiridate IV (298-330) sur le trône d’Arménie. Le roi est païen, mais un prédicateur, Grégoire Ier l'Illuminateur, le convainc de faire de l’Arménie le premier État officiellement chrétien. On date maintenant cet événement de 314, plutôt que de 301. Ceci n’enlève rien au fait que l’Arménie reste le premier pays officiellement chrétien, puisque l’édit de Milan (313) ne constitue qu’un édit de tolérance.

Suite au partage de l’Arménie entre l’empire romain et la Perse (387), la plus grande partie du pays, dans l’orbite du mazdéisme perse, est menacé d’anéantissement culturel. C’est pourtant à cette époque que le moine Mesrob Machtots crée l’alphabet arménien : la Bible est traduite en arménien. Le roi perse Yazdgard II (438-457) et ses successeurs tentent de convertir de force les Arméniens au mazdéisme, mais sans succès. Par ailleurs, l’Église arménienne ne veut pas se plier aux décisions du concile de Chalcédoine et son chef prend le titre de catholicos (506).

Le christianisme en Éthiopie

Le christianisme éthiopien aurait pris naissance avec la conversion du roi Ezana d’Axoum par saint Frumence (ou Frumentios)au IVe siècle. Capturé et réduit en esclavage lors d’un voyage, il est libéré par le roi et Athanase d'Alexandrie en fait le premier évêque du pays (entre 328 et 356 (?)). Les successeurs d’Ezana seraient retournés au paganisme, et ce n’est qu’à la fin du Ve siècle que le christianisme est fermement implanté en Éthiopie. Le pays a sans doute été évangélisé par de missionnaires monophysites : son Église est non-chalcédonienne et son chef nommé par le patriarche copte d’Alexandrie. Elle a adopté comme langue liturgique le guèze, la langue du royaume d'Aksoum.

Le christianisme nestorien en Extrême-Orient

Le nestorianisme, véhiculé le long de la Route de la soie, atteint la Chine en 635. Une stèle érigée en 731 décrit l’introduction du christianisme sous l’empereur Taizong.

Moyen Âge

Le partage de l’Empire romain (395) et la disparition de l’Empire romain d’Occident (476) vont avoir pour conséquences l’éloignement progressif des chrétientés occidentale et orientale et l’affirmation tout aussi progressive de la papauté dans l’ex-Empire romain d’Occident, où il n’existe plus d’autorité temporelle suprême.

Par ailleurs, les invasions arabes et le passage d’une grande partie des chrétiens orientaux sous domination musulmane (VIIe siècle) vont profondément modifier le paysage du christianisme oriental. Dans les régions qui échappent à l’empire byzantin vont pouvoir se développer librement des Églises dissidentes (par exemple l’Église copte en Égypte) parallèlement aux Églises restées chalcédoniennes. Par ailleurs vont naître au cours du Moyen Âge différentes Églises uniates, c’est-à-dire reconnaissant l’autorité de Rome, mais conservant leur rite. En Occident, le christianisme disparaît quasiment d’Afrique du Nord et les chrétiens d’Espagne sont réduits progressivement à une minorité de dhimmis.

Orient

Le fait que la dénomination de nombreuses Églises orientales comporte le mot « orthodoxe » est une source de confusion. Nous ne considérerons ici que les Églises qui se reconnaissent elles-mêmes et qu’on désigne communément comme l’« Église orthodoxe » ou encore les « Églises des sept conciles », principalement le patriarcat de Constantinople. L’histoire des autres Églises orientales sera traitée séparément.

Empereurs, patriarches et moines à Constantinople

Les Byzantins voyaient dans leur empire l’image du royaume céleste et dans leur empereur l’image du souverain céleste. Il est le « lieutenant de Dieu », et c’est de Lui qu’il tient son pouvoir (« Deo gratia »). Le couronnement à Sainte-Sophie par le patriarche de Constantinople symbolise cette sanction divine. Même dans les cas d’usurpation les plus manifestes, le patriarche ne l’a jamais refusée. Cette conception a pour conséquence que l’empereur est le seul souverain légal de la cité terrestre. C’est au nom de cette conception que les empereurs byzantins ont toujours farouchement considéré tout autre souverain chrétien comme leur subordonné. Au XIVe siècle, lorsque l’Empire va vers sa fin, le patriarche de Constantinople rappelle au grand-duc de Moscou, qui ne se considère plus comme soumis à l’empereur, qu’« unique est l’empereur universel ».

Sa position dans l’Église n’a jamais été clairement définie. Sa personne a un caractère sacré: depuis Constantin Ier il est « égal aux apôtres » (isapostolos). Il n’est pas prêtre, mais pourtant, comme le prêtre, il pénètre dans le Saint des Saints, derrière l’iconostase, et communie sous les deux espèces.

L’empereur fait respecter les lois de l’Église. Quand le besoin s’en fait sentir, c’est lui qui convoque les conciles œcuméniques. En principe le patriarche, comme chef de l’Église, est lui aussi l’émanation de dieu. Dans la pratique, l’empereur nomme le patriarche comme bon lui semble, même si en théorie il choisit parmi une liste qui lui est présentée. Le patriarche choisi peut même être un laïc, comme Photios Ier de Constantinople, qui reçoit en catastrophe tous les ordres. Au cours des premiers siècles de l’empire, l’empereur intervient dans des questions de dogme. Cet interventionnisme culminera au cours de la crise iconoclaste (voir ci-dessous). Par la suite s’instaure un équilibre fragile entre l’empereur et le patriarche. Il doit en théorie régner entre eux une harmonie (telle que la définit l’« Epanagogè » de Basile Ier) en vue du bien-être de l’État et de l’Église. L’empereur peut difficilement de franchir certaines barrières morales. On peut en donner pour exemple le quatrième mariage de Léon VI, qui fait scandale. Le patriarche Nicolas Mystikos refuse alors à l’empereur l’entrée de Sainte-Sophie. Bien qu’il ait forcé le patriarche à abdiquer, Léon devra faire pénitence. Au cours des derniers siècles de l’Empire, les souverains qui veulent se rapprocher de Rome (voir ci-dessous) se heurtent à l’opposition de l’Église.

Les véritables vainqueurs de la crise iconoclaste sont les moines, qui se sont faits les champions des images. Ils forment un véritable parti et n’hésitent pas à contester l’autorité de l’État. Comme ils voyagent beaucoup (moines « gyrovagues »), ils exercent une grande influence sur l’opinion publique. Par leur ascétisme et leur mépris du monde, ils constituent un idéal de vie pour le peuple et sont considérés comme les médiateurs par excellence avec Dieu, et parmi eux, l’« innocent » ou l’« idiot » a le contact le plus direct avec Dieu. Ils ont contribué à donner un aspect anti-intellectualiste au christianisme byzantin. Les moines sont d’autant plus respectés que le prestige du clergé séculier est bas. Au cours des derniers siècles de Byzance, les patriarches seront d’ailleurs souvent recrutés parmi les moines.

La crise iconoclaste

Au VIIe siècle, l’iconoclasme est une réaction au culte des images (ou "icônes"). Ce culte se manifeste de diverses façons ; de l’illumination de l’icône à la prosternation, jusqu’à la conviction que l’icône a un caractère agissant par elle-même. Les raisons de la crise ne sont pas claires. On a invoqué entre autres l’influence du judaïsme et de l’islam. Les premières mesures iconoclastes sont prises en 725 par l’empereur Léon III. Il remplace le patriarche Germanos par un iconoclaste, Anastase. Dans un premier temps, il n’y a pas de persécutions. Le successeur de Léon, l’empereur Constantin V Copronyme, convoque un concile qui fait de l’iconoclasme la doctrine officielle de l’Empire d’Orient. Il doit faire face à l’opposition des moines qui sont iconodules (partisans du culte des images). Sous l’impératrice Irène a lieu une réaction : en 786-87, un nouveau concile renverse la tendance et rétablit le culte des images. La hiérarchie religieuse suit la volonté impériale. En 815, un autre empereur, Léon V l’Arménien, revient à l’iconoclasme. Il doit faire face à une opposition puissante menée par Théodore le Stoudiote. Dès la mort de l’empereur Théophile, en 845, le culte des images est définitivement rétabli.

La conversion des Slaves

Au VIe siècle, la péninsule des Balkans est envahie par des tribus slaves païennes. La rechristianisation s’opère en plusieurs étapes et s’accompagne de frictions avec l’Église d’Occident.

Cyrille et Méthode

En 862, Rostislav, prince de Grande-Moravie, demande aux Byzantins de lui envoyer des prêtres pour former une Église locale. Le patriarche Photius lui envoie deux frères : Cyrille et Méthode, originaires de Thessalonique et connaissant le monde slave. Cyrille met au point le premier alphabet slave, le glagolitique. Leur mission est un succès. Si, au départ, ils sont soutenus par le pape, ils se heurtent à l’opposition des partisans de l’usage des « trois langues » (qui n’admettent que le grec, le latin et l’hébreu comme langues liturgiques) et surtout à l’hostilité des évêques francs, qui ne veulent pas voir échapper la région à l’influence politique de la Germanie. Après leur mort, leurs successeurs seront chassés de Grande-Moravie.

Les Bulgares, ennemis héréditaires des Byzantins, se convertissent à la même époque. En 866, le khan bulgare Boris (852 - 889) est baptisé, ce qui entraîne la conversion de tout le peuple bulgare. La Bulgarie hésite d’abord entre Rome et Constantinople. C’est Constantinople qui l’emporte et la Bulgarie fait encore actuellement partie du monde orthodoxe. Il en va de même pour un certain nombre d’autres principautés slaves, correspondant grosso modo aux Serbes actuels. L’adoption du christianisme va de pair avec celle de la civilisation byzantine. C’est donc à cette époque que se forme dans les Balkans une nouvelle frontière : celle entre le monde orthodoxe et le monde catholique.

Un autre événement capital est la conversion des Russes au christianisme. La princesse Olga, sœur du prince de Kiev (Rus) Igor s’était déjà convertie au milieu du Xe siècle. En 989, le prince Vladimir Ier, soucieux d’asseoir son pouvoir plus solidement, négocie avec les Byzantins son baptême ainsi que celui de ses sujets et son mariage avec une princesse byzantine. La Russie relève directement du patriarche de Constantinople, qui désigne le métropolite de Kiev. Pendant près de 400 ans, celui-ci sera grec et contribuera à ancrer la Russie dans la sphère d’influence byzantine. Au Xe siècle, Mieszko Ier de Pologne, Géza de Hongrie, son fils, le futur saint Étienne et Bořivoj Ier de Bohême, époux de sainte Ldumila et grand-père de saint Venceslas sont parmi les premiers souverains à se convertir au christianisme.

Les sphères d’influence du Saint Empire romain germanique et de l’Empire byzantin déterminent, du nord au sud de l’Europe, une frontière religieuse et culturelle qui existe toujours.

Les rapports entre la papauté et les Églises d’Orient

L’histoire des rapports entre la papauté et les Églises d’Orient ne peut se comprendre que dans le contexte de rivalités de personnes et de sièges. Au IXe siècle, le premier problème grave tourne autour de la nomination du patriarche de Constantinople. L’empereur Michel III dépose le patriarche Ignace, et le remplace par Photius. Le pape Nicolas Ier, qui y voit une occasion d’intervenir dans les affaires de Constantinople, finit par refuser de reconnaître Photius. C’est le « schisme de Photius ». C’est au cours de cet épisode qu’est évoquée pour la première fois la question du « Filioque » (un ajout de Charlemagne au symbole de Nicée-Constantinople). Bien que le pape et Photius se soient réconciliés, la question reste en suspens. Elle est à nouveau évoquée lors de ce que l’on appelle le Grand Schisme d'Orient en 1054 : le légat du pape Hubert de Moyenmoutier et le patriarche de Constantinople Michel Cérulaire s’excommunient mutuellement. Les choses prennent un tour plus grave lors des Croisades, émaillées d’une multitude d’incidents entre « Latins » et « Grecs ». Elles prennent un tour franchement dramatique lors du sac de Constantinople par les Croisés en 1204, qui va consommer la rupture. À deux occasions, au IIe concile de Lyon en 1276 et au concile de Florence en 1439, pour des raisons politiques, des empereurs byzantins reconnaissent la primauté du pape de Rome, mais sont désavoués par la hiérarchie de ce que l’on peut maintenant appeler l’Église orthodoxe.

Occident

Du Ve au XIe siècle, naît, de l’Irlande à la Pologne, et de la Suède à l’Italie, une nouvelle civilisation. Sous l’impulsion des Francs, cette civilisation constitue une synthèse de la civilisation romaine et des Barbares, dont la religion sera une forme particulière de christianisme qui deviendra le catholicisme romain.

Développement de la papauté

Déjà sous Damase Ier (366 - 384), s’esquisse l’affirmation de l’autorité de l’évêque de Rome, comme successeur de Saint Pierre, en matière de discipline et de liturgie. Le pape Léon Ier le grand (440 - 461) poussera encore davantage dans de nombreux écrits l’exaltation du siège de Pierre. Face à l’empereur Anastase, le pape Gélase Ier (492 - 496) affirme dans un texte célèbre la primauté du pouvoir spirituel face au temporel. Les papes du Moyen Âge s’en inspireront pour justifier leurs prétentions. La reconquête de l’Italie par l’empereur Justinien replace néanmoins provisoirement le pape dans l’orbite de l’Empire. Au VIIe siècle, suite à l’invasion des Lombards, l’empire byzantin perd progressivement la plus grande partie de ses territoires italiens et la papauté devient une puissance autonome en Italie. Les ravages des Lombards en Italie coïncident avec le pontificat de Grégoire Ier le Grand. Ce pape énergique assume le gouvernement civil de Rome, affermit l’autorité de Rome sur les évêchés italiens, s’efforce d’entretenir des relations suivies avec les autres Églises d’Occident et travaille à la conversion de l’Europe du Nord.

Le christianisme irlandais

L’Église d’Irlande a été fondée à une date incertaine au Ve siècle par saint Patrick. Selon la tradition, Patrick, qui était un chrétien breton (de l’île de Bretagne, l’actuelle Angleterre), aurait été emmené comme esclave en Irlande dans sa jeunesse. Après s’être échappé, il retourne en Irlande pour convertir le pays. Le christianisme irlandais présente des caractères très particuliers. À cette époque, l’Irlande était divisée en un grand nombre de petits royaumes, appelés tuath, qui se convertirent en douceur les uns après les autres. Dans cette île à l’écart du monde romain, sans « cités » (c’est-à-dire une division administrative romaine sur laquelle l’Église a calqué ses évêchés), le monachisme prend une importance toute particulière. Les abbés irlandais constituent, plus que les évêques, l’autorité ecclésiastique sur un territoire. De plus, coupés du monde romain par les invasions, les Irlandais conservent certaines anciennes traditions réformées à Rome, différences de pratique dans le calcul de la date de Pâques ou autres qui posent problème lors de l’évangélisation du continent par les moines irlandais.

Les royaumes Barbares

Sur le territoire de l’ancien Empire romain d’Occident se sont installés différentes peuplades germaniques. Certaines étaient déjà converties à une forme « arienne » du christianisme. C’est le cas des Vandales en Afrique du Nord, des Wisigoths en Espagne et dans le sud de la France et des Ostrogoths en Italie. Ils cohabitent plus ou moins harmonieusement avec la population catholique locale. Par contre, les Francs, qui se sont installés dans le nord de la Gaule ainsi que les Anglo-Saxons qui ont envahi la Bretagne sont païens.

Les Vandales

La situation est franchement tendue en Afrique du Nord où les Vandales persécutent l’Église catholique. Cette situation aura des conséquences politiques importantes. Les Vandales, isolés du reste de la population, seront rapidement vaincus au moment de la reconquête de l’Afrique du Nord par l’empereur Justinien.

Les Ostrogoths

Les Ostrogoths, sous la conduite de leur roi Théodoric, s’installent en Italie en 489. Théodoric, fait construire des églises ariennes (dont certaines existent encore à Ravenne). Les Ostrogoths sont soucieux de conserver leur identité nationale. Ils ne se mêlent pas à la population locale et leur religion y contribue. Théodoric accorde néanmoins sa protection à l’Église catholique. Les Ostrogoths disparaîtront d’Italie, suite à la reconquête byzantine.

Les Wisigoths

La politique des Wisigoths à l’égard de l’Église catholique, est généralement assez tolérante. Sous le règne de Léovigilde (568-586), la situation est plus tendue. Le roi espère unifier l’Espagne sous la bannière de l’arianisme et l’Église catholique fait l’objet de multiples tracasseries. Son successeur Reccarède fait le choix inverse. Il se convertit au catholicisme (concile de Tolède en 589).

L’Église espagnole entretient dorénavant des liens étroits avec la royauté.

Les Francs

La situation est toute différente dans le nord de la Gaule. Les Francs qui y sont établis sont païens. Sous l’influence de Remi, évêque de Reims, leur roi Clovis se convertit à la religion catholique en 496 ou 506. Clovis devient ainsi le premier roi barbare catholique de l’ancien Empire romain d'Occident. Cet événement a certainement contribué au succès du royaume franc dans sa lutte contre les autres royaumes barbares de Gaule. En 507, Clovis obtient le soutien de l’aristocratie gallo-romaine pour chasser les Wisigoths ariens du sud de la Gaule. À l’image des empereurs romains chrétiens, il convoque un concile des évêques de Gaule (511).

Les Anglo-Saxons

À partir du Ve siècle, la Bretagne (qui deviendra plus tard l’Angleterre), est progressivement envahie par les Anglo-Saxons païens, qui refoulent les Bretons chrétiens. Au cours de cette période obscure, il est difficile de savoir dans quelle mesure le christianisme a pu subsister dans les régions envahies. Ce n’est qu’à partir de la fin du VIe siècle que les royaumes anglo-saxons sont évangélisés à la suite de la mission d’Augustin de Cantorbéry, envoyé par le pape Grégoire le Grand, qui convertit Æthelbert, roi du Kent (597) et fonde l’évêché de Cantorbéry. Quelques années après, les moines irlandais et écossais du monastère de Lindisfarne convertissent le roi Oswald de Northumbrie (634). Les autres royaumes anglo-saxons se convertissent sous leur influence. Suite à des tensions entre les missionnaires de Lindisfarne (la mission « celtique ») et les autres (la mission « romaine ») au sujet de la méthode pour déterminer la date de la fête de Pâques, a lieu un important concile à Whitby (664). L’Église celte se rallie au rite romain.

L’Église d’Occident des Carolingiens à la féodalité

Au milieu du VIIIe siècle, la papauté et les Carolingiens nouent des relations qui vont se révéler profitables pour les deux parties, et lourdes de conséquences pour la suite de l’histoire de l’Occident. À la demande de Pépin le Bref, le pape Zacharie apporte par une lettre son soutien moral à l’élimination de la dynastie mérovingienne : Pépin se fait sacrer roi. En échange de cet appui, Pépin mène en Italie deux expéditions dans le but de lever la menace que les Lombards font peser sur Rome. C’est dans ces circonstances qu’est créé l’État pontifical, qui ne disparaîtra qu’en 1870. Cette alliance est encore plus étroite sous le fils de Pépin, Charlemagne. Celui-ci fait adopter la liturgie romaine, à un moment où l’extension du royaume franc correspond à celle de la Chrétienté occidentale (à l’exception des Îles britanniques et du petit Royaume des Asturies.

La complexité des rapports entre l’Église (spirituel)et l’État (temporel) aux XIe-XIIe siècles

« Une seule cité et deux pouvoirs : le pape et l’empereur. »

— Jean Danielou, professeur à l’Institut catholique de Paris et André Duval, dominicain

Grégoire VII

Au Xe siècle, la papauté est à son plus bas[réf. nécessaire]. Elle a été le jouet de l’aristocratie romaine, et ensuite mise sous tutelle par les empereurs germaniques. L’ensemble du monde religieux est sous l’emprise des seigneurs féodaux, qui considèrent la fonction d’évêque comme un bien de famille. L’idée de réforme fait son chemin au XIe siècle. Sous l’influence du moine Hildebrand, le pape Nicolas II confie l’élection du pape au collège des cardinaux (1059). En 1073, Hildebrand devient pape sous le nom de Grégoire VII. Il va lancer ce que l’on appelle la « réforme grégorienne ». Sa doctrine est élaborée dans le « Dictatus papae ». Il y affirme la primauté du pape. En s’attaquant à l’investiture laïque, il entre en conflit avec l’empereur germanique Henri IV. Celui-ci fait déposer Grégoire VII par une assemblée d’évêques à Worms. C’est le début de la Querelle des Investitures. Le pape fait à son tour déposer l’Empereur. Face à la rébellion de nombreux vassaux, l’empereur « va à Canossa » : en tenue de pénitent, il va implorer le pardon du pape au château de Canossa en Toscane (1077). Ce n’est qu’une ruse. En 1080, il fait élire un antipape. Ce n’est qu’en 1122, que son fils Henri V conclut avec le pape Calixte II un accord connu sous le nom de concordat de Worms. Au terme de ce compromis, l’investiture temporelle des évêques et abbés revient à l’empereur, tandis que le pape leur accorde l’investiture spirituelle. La papauté n’entend cependant pas renoncer à ses prétentions. En 1139, le IIe concile du Latran affirme que « Rome est à la tête du monde ». Le conflit reprend de plus belle au milieu du XIIe siècle: il oppose l’empereur Frédéric Barberousse au pape Alexandre III, avec un schéma sensiblement identique : l’empereur fait désigner un antipape, tandis qu’Alexandre III s’allie à la ligue des villes lombardes. Le conflit militaire tourne au désavantage de Frédéric Barberousse qui doit signer la paix de Venise (1177). Cet épisode aura une conséquence importante : au IIIe concile du Latran (1179), il est décidé que le pape sera dorénavant élu à la majorité des deux tiers du collège des cardinaux.

Apogée de la société chrétienne occidentale au XIIIe siècle

Le processus engagé aux XIe ‑ XIIe siècles culmine au XIIIe siècle, sous le pontificat d’Innocent III. Celui-ci a une conception élevée de la fonction pontificale. Sur le plan spirituel, son autorité est sans partage et s’exerce à travers toute la chrétienté occidentale par l’envoi de légats pontificaux. Sur le plan temporel, il fait une distinction entre l’auctoritas du pape et la potestas, que les souverains tiennent du pape. Innocent III intervient dans les affaires temporelles de nombre d’États en excommuniant ou déposant les souverains. Il obtient par ailleurs que plusieurs de ces souverains se déclarent vassaux du Saint-Siège (notamment Jean sans Terre, roi d’Angleterre). Ses successeurs reprennent la lutte contre l’Empire incarné par le Hohenstaufen Frédéric II. Le conflit sans merci qui oppose les guelfes (partisans du pape) aux gibelins (partisans de l’empereur), tourne à l’avantage de la papauté: grâce à l’appui de Charles d’Anjou, la dynastie des Hohenstaufen est éteinte et le Saint-Empire éliminé d’Italie. La papauté triomphe également en Orient : au IIe concile de Lyon (1274) l’empereur Michel VIII Paléologue, partisan de l’« union des Églises », reconnaît la primauté du pape de Rome. Ces succès sont de courte durée : dès la mort de Michel VIII, l’Église byzantine rejette l’union, tandis qu’en Occident le roi de France Philippe le Bel, irrité par les ingérences du Saint-Siège, opère un coup de force : lors de l’épisode connu sous le nom d’« attentat d'Anagni », il s’en prend physiquement au pape Boniface VIII (1303), qui meurt du choc de cette humiliation.

Crises de l’Église aux XIVe-XVe siècles

Venu s’installer provisoirement à Avignon pour préparer le concile de Vienne, le pape français Clément V finit par y demeurer, vu l’insécurité qui règne en Italie. Cette situation se perpétue sous ses successeurs Jean XXII et Benoît XII. L’administration papale atteindra un degré de centralisation inégalé jusqu’alors, notamment en matière de fiscalité pontificale, mais les prétentions de la papauté à gouverner le monde chrétien suscitent de plus en plus d’opposition, notamment de la part de théologiens comme Marsile de Padoue ou Guillaume d'Occam. Les monarchies occidentales comme la France et l’Angleterre, elles aussi sur la voie de la centralisation, se rebiffent. C’est cependant le luxe de la cour papale qui finit par scandaliser bon nombre de chrétiens. L’écrivain Pétrarque la traite de « nouvelle Babylone » et Catherine de Sienne la dénonce en termes encore plus violents. Sensible à ces critiques, le pape Grégoire XI revient s’installer à Rome en 1377. À peine élu, son successeur Urbain VI, extrêmement autoritaire, entre en conflit avec les cardinaux. Sous prétexte qu’ils ont élu le nouveau pape sous la contrainte de la population romaine, une majorité de ceux-ci procèdent à l’élection d’un nouveau pape, Clément VII, qui s’installe à Avignon. Urbain VI refuse de s’effacer. C’est le début du Grand Schisme d'Occident (1378 - 1417).

Exécution de Jan Hus.

La querelle d’obédience divise le monde chrétien occidental tout entier. Le schisme se prolonge après la mort des deux protagonistes, qui ont chacun un successeur. Le concile de Pise (1409), embrouille encore un peu plus la situation en élisant un troisième pape. Dans une Chrétienté occidentale désorientée, des remises en cause doctrinales voient le jour: en Angleterre celle de John Wyclif condamnée en 1382 et surtout en Bohême celle de Jan Hus, moins radicale mais plus durable. L’empereur Sigismond convoque le concile de Constance en 1414. Celui-ci condamne les théories de Wyclif et Hus. Ce dernier est exécuté. Le concile dépose ensuite les trois papes et procède à l’élection d’un pape qui fait enfin l’unanimité : Martin V. Si l’unité de l’Église est rétablie, le besoin de réformes continue à se faire sentir. Certains théologiens voient la solution dans la tenue régulière de conciles (conciliarisme). Ces thèses se retrouvent d’ailleurs dans les décrets Haec sancta et Frequens du concile de Constance. Le concile de Bâle à peine réuni en 1431, il est dissous par le pape Eugène IV. Les participants au concile se rebiffent et refusent de se disperser. Ce mini-schisme se termine par la victoire du pape qui manœuvre habilement en convoquant un nouveau concile à Ferrare puis à Florence.

Si la primauté du pape sur les conciles est acquise pour longtemps, le pouvoir papal est néanmoins battu en brèche sur plusieurs fronts, qu’il s’agisse de l’indépendance des Églises nationales, comme en France où le roi promulgue la Pragmatique Sanction de Bourges, ou de la persistance de mouvements radicaux, comme en Bohême, où le pape doit transiger avec les Hussites. Par ailleurs, les conflits au sommet de l’Église ont jeté le trouble dans l’esprit des fidèles, dont la piété prend un caractère plus personnel. Au XVe siècle, le christianisme occidental est traversé par un courant mystique, dont Maître Eckart et Jean de Ruysbroeck sont les représentants les plus connus.

Le temps des réformes

La Réforme

Origines

À la fin du XVe siècle, l’Église était en crise. Au niveau de la papauté et du haut clergé cette crise se manifestait par des pratiques et des comportements qui n’avaient plus aucun rapport avec la foi.

a) les papes faisaient la guerre et se préoccupaient plus de s’enrichir que de faire respecter la religion. Ils pratiquaient le népotisme, c’est-à-dire qu’ils plaçaient leurs protégés (souvent leurs enfants illégitimes) à des postes importants. b) le haut clergé pratiquait le cumul des bénéfices ecclésiastiques. c) on vendait les sacrements et on se livrait à la vente d’indulgences (pardon des péchés) d) le bas clergé issu du peuple est à peine instruit et contribue à faire de la religion un ensemble de pratiques plus proches de la superstition que de la foi. La croyance à la sorcellerie est très répandue.

C’est parmi les catholiques qu’on rencontre les premières réactions face à cette situation. Les humanistes contribuent à cette remise en question.

La Réforme en Allemagne

Luther

Luther (1483 -1546) est un moine tourmenté par son salut, il s’interroge donc sur la situation décrite ci-dessus. Dès 1515, il commence à « repenser » la religion, et en 1517, quand les envoyés du pape arrivent pour vendre les indulgences, il affiche sur la porte de son église 95 propositions, dans lesquelles il condamne la vente d’indulgences et les autres abus de l’Église. Le pape le somme de se rétracter et face à son refus l’excommunie. Luther devra également faire face à l’empereur Charles Quint. Ce dernier, soucieux de ménager à la fois le pape et les princes de l’Empire dont certains avaient déjà rallié le luthéranisme (nom de la doctrine de Luther), hésitera entre la répression et la tolérance. D’abord, il chasse Luther mais devant les protestations de certains princes luthériens (d’où le nom de religion protestante), il accorde à chaque prince le droit de choisir sa religion, ses sujets étant obligés de le suivre. Les idées de Luther :

  • Le croyant doit pouvoir recourir directement à la bible car la religion est une affaire de contact personnel entre la créature (l’homme) et son créateur (Dieu). Dans cet esprit Luther traduit la bible en allemand
  • Le salut ne peut s’espérer que par la foi et non par la pratique des œuvres.
  • Le rôle du clergé en est considérablement diminué. Il n’est plus l’intermédiaire obligé entre Dieu et les hommes.
  • Luther simplifie la religion (supprime le culte de la Vierge et des saints, ne garde que trois sacrements et nie l’existence du purgatoire).

Du point de vue politique il se rangera du côté des privilégiés contre les paysans et le petit peuple qui avaient cru trouver un soutien dans sa doctrine et s’étaient révoltés contre leurs princes.

La Réforme en Suisse

En Suisse, la Réforme a lieu en même temps qu’en Allemagne. Les idées du réformateur suisse Ulrich Zwingli (1484-1531) sont au départ proches de celles de Luther. À partir de 1529, il s’éloigne du luthéranisme et perd le soutien des princes allemands. Il est tué en 1531 à la bataille de Kappel, qui oppose les cantons suisses catholiques à Zurich. Cette défaite militaire freine le développement du protestantisme en Suisse. Le réformateur français Calvin (voir ci-dessous), appelé, chassé, puis rappelé à Genève(1541), fait de cette ville un bastion du protestantisme. Il fait condamner à mort et brûler un de ses adversaires, Michel Servet.

La Réforme en France

Les idées de Luther inspirent un juriste français : Jean Calvin (1509-1564). Ce dernier propage d’abord le luthéranisme puis le transforme en une doctrine beaucoup plus sévère. La doctrine de Calvin (ou calvinisme : L’homme est entièrement soumis à Dieu, il n’est responsable de rien. Dieu a prévu le destin de chaque être humain, il lui accorde ou non la foi : c’est la PRÉDESTINATION. Il faut gouverner suivant les ÉCRITURES (dépouillement total des lieux de cultes, réglementation des tenues vestimentaires, bijoux, etc.). Cette doctrine, dont le succès est partiel en France, s’impose en Suisse, dans le nord des Provinces Unies (actuels Pays-Bas) et en Écosse. En outre des calvinistes persécutés en Angleterre émigrent en Amérique du Nord (États-Unis actuels). Sur le plan politique : luthériens, calvinistes et catholiques s’affrontèrent en des luttes sanglantes (les guerres de religion). En 1598, l’édit de Nantes y mit un terme en autorisant le culte réformé.

La Réforme en Angleterre

Dans ce pays, les motivations sont politiques et non religieuses Le roi d’Angleterre, Henri VIII, veut être le seul à contrôler son royaume (absolutisme). Il désire donc se débarrasser du pouvoir que détient le pape sur l’Église d’Angleterre. Il trouve un prétexte (son divorce refusé par le pape) et, en 1534, se proclame chef de l’Église d’Angleterre ou anglicane. L’anglicanisme est un « mélange » de la doctrine calviniste, de la hiérarchie et du rituel catholique (décorations, fastes nécessaires pour célébrer la gloire du roi absolu). Les calvinistes qui ne tolèrent pas cette adaptation sont persécutés et s’exilent (voir puritanisme).

Réforme radicale, Jacobus Arminius

La Contre-Réforme ou Réforme catholique

La Contre-Réforme est la réaction de l’Église catholique face à la Réforme protestante dont elle se veut l’antithèse. Devant la crise religieuse, de nombreux membres de l’Église ont vu la nécessité de réformer l’Église. C’est la Réforme catholique. La mission pour freiner la Réforme protestante est confiée à un ordre religieux fondé en 1537 : les Jésuites (la Compagnie de Jésus), sorte d’« armée » au service du pape qui est chargée de la formation intellectuelle (collèges) et de l’évangélisation. L’Inquisition, tribunal religieux créé au XIIIe siècle, est rétablie. Elle fait torturer et brûler les hérétiques. En 1543, l’Index est instauré, il s’agit d’une commission de censure qui établit la liste des ouvrages dont la lecture est interdite aux fidèles. Pour consacrer ces décisions, le pape accepta finalement de réunir le concile de Trente (1542-1563). Celui-ci décida :

  • de mettre un terme aux nombreux abus (concubinage des prêtres, la non résidence des évêques, l’ignorance intellectuelle de nombreux curés)
  • de maintenir la doctrine catholique dans ses dogmes (le pouvoir intercesseur de la Vierge Marie et des saints, l’Eucharistie, le pouvoir de l’image…)
  • garder les traditions de l’Eglise romaine (prière et Bible en latin, le prêtre n’est pas un homme comme un autre donc obligation du célibat), c’est-à-dire sans tenir compte des idées humanistes (notamment Érasme)

Le développement de la Contre-réforme ne suit pas le même cours dans les différents pays catholiques. Dans une politique défavorable à l’égard du pape et de l’Espagne, la France n’accepta pas les principes du concile de Trente et s’opposa catégoriquement à l’inquisition. La Contre-réforme ne débuta en France que dans les années 1580. Elle atteint son apogée sous le règne de Louis XIV. En Allemagne, la Contre-réforme déboucha sur la guerre de Trente Ans.

Du XVIIe au XXe siècle

L’Église catholique et les Lumières

À la fin du XVIIe siècle, les premières critiques textuelles de la Bible entament le monopole intellectuel de l’Église catholique. Au XVIIIe siècle des philosophes athées (comme Diderot ou D’Alembert) ou déiste (comme Voltaire) ne se privent pas de critiquer l’Église.[réf. souhaitée]

L’Église catholique et la Révolution française

La Révolution française pose la question du rapport de l’État et de l’Église dans les pays catholiques.

Dans la foulée du gallicanisme, l’Assemblée constituante française adopte un ensemble de mesures qui transforment radicalement les structures religieuses en France :

  • Elle abolit en février 1790 les vœux monastiques et supprime de fait les ordres et congrégations religieuses,
  • Elle adopte le 12 juillet 1790 la Constitution civile du clergé qui subordonne l’Église à l’État, met en place des diocèses correspondant aux départements, et des prêtres et évêques élus.
Article détaillé : Constitution civile du clergé.

Les biens du clergé sont par ailleurs confisqués. Cette décision entraîne un schisme entre l’Église « officielle » du point de vue de la Révolution (c’est-à-dire « assermentée ») et les membres du clergé restés fidèles au pape (les prêtres « réfractaires »). En novembre 1791, un décret est voté contre les prêtres réfractaires. Après quelques années de persécution pure et simple de la religion, Napoléon Ier négocie avec le pape le Concordat de 1801, qui servira plus tard de modèle dans de nombreux pays. Cet accord marque un souci d’apaisement et permet malgré tout au pape d’affirmer son autorité sur l’Église gallicane. Le XIXe siècle sera marqué par l’ultramontanisme, un courant de pensée qui reconnaît l’infaillibilité et la suprématie pontificale.

L’Église catholique et la modernité

Le monde « moderne », qui émerge des guerres napoléoniennes, a profondément changé, et, malgré ses efforts, l’Église catholique ne retrouvera jamais la position qu’elle occupait pendant l’Ancien Régime. Dans de nombreux pays la société se sécularise.

En France, la politique relativement pro-cléricale de la Restauration est emportée par la révolution de 1830.

En Italie, l’idéologie de l’unification italienne contribue à dresser l’État contre l’Église. Les États pontificaux, le dernier vestige du pouvoir temporel de la papauté, sont absorbés par le nouvel État italien, et en 1870, le pape se considère comme prisonnier dans la Cité du Vatican. Cette affaire ne sera définitivement réglée que sous Mussolini par les accords du Latran (1929).

Par ailleurs, l’Église doit affronter des courants intellectuels ouvertement athées et anticléricaux. En France, le positivisme d’Auguste Comte secoue les fondements de la métaphysique et de la religion. Des penseurs tels que David Friedrich Strauss ou Ernest Renan réduisent le Christ à sa dimension humaine et historique. Les progrès des sciences naturelles (en géologie et paléontologie notamment) mettent à mal la lecture littérale de la Bible. Face à l’effritement de la société chrétienne, la papauté réagit par un raidissement doctrinal. Dans son Encyclique Mirari vos (1832), Grégoire XVI condamne le catholicisme libéral prôné par le Français Lamennais.

La perte progressive de l’autorité temporelle va paradoxalement de pair avec un renforcement de l’autorité spirituelle du pape. La proclamation du dogme de l’Immaculée Conception par Pie IX en 1854 va dans ce sens. Les positions du pape se font de plus en plus réactionnaires : en 1864, le pape publie l’encyclique Quanta cura , auquel s’ajoute le document qu’on appelle en général simplement le « Syllabus », qui condamne sans appel 80 erreurs modernes. Par ailleurs, de nombreux ouvrages témoins de la modernité sont mis à l’Index. Cette tendance culminera lors du Ier concile œcuménique du Vatican (1870), dont la principale décision est de proclamer l’infaillibilité du pape en matière de dogme. Certains évêques sont en désaccord avec les décisions, ce qui donnera lieu à un mini-schisme : celui de l’Église vieille-catholique. Le pape Léon XIII essaie de reprendre une initiative qui échappe de plus en plus à l’Église en matière intellectuelle.

L’Église catholique et la question sociale

Les problèmes sociaux consécutifs à la Révolution industrielle (révolte des Canuts…) poussèrent les chrétiens et l’Église à un renouvellement de leur pensée sociale. En effet, les profondes transformations économiques, sociales et politiques ne permettaient plus aux chrétiens et aux structures existantes de l’Église d’exercer la charité dans les mêmes conditions. Il fallait refonder l’action sociale.

Les premiers à contester l’idée que la misère était inévitable et même nécessaire furent des ecclésiastiques et des penseurs catholiques. On peut citer Frédéric Ozanam et Lamennais en France, Mgr Ketteler en Allemagne.

Article détaillé : Doctrine sociale de l'Église.

Certains de ces penseurs furent d’abord condamnés par l’autorité religieuse. Il faut distinguer différentes attitudes, celle des individus (prêtres, intellectuels catholiques), celle des Églises nationales et des partis politiques qui y sont liés, et celle du pape.

Peu à peu, une position officielle de l’Église par rapport au problème social prit forme. Elle aboutit en 1891 à la promulgation de l’encyclique Rerum Novarum par la plus haute autorité de l’Église, le pape Léon XIII. Cette attitude obligea les Églises nationales à modifier leur point de vue et à admettre que des mesures politiques étaient nécessaires pour soulager la misère.

Au niveau politique, ce nouveau courant finit par donner naissance à diverses formations politiques qui se rassembleront ultérieurement sous le nom de démocratie chrétienne. Celle-ci fut longtemps combattue par une partie importante des catholiques et par l’épiscopat.

Les Églises protestantes depuis la Réforme

Dès le XVIe siècle, se développent au sein de la Réforme des mouvements plus radicaux appelés à jouer un rôle dans le développement du protestantisme : le puritanisme en Angleterre et le baptisme en Europe centrale. Par ailleurs, les nouvelles colonies anglaises en Amérique du Nord serviront de refuge à de nombreux groupes persécutés en Europe. Ceci explique que les États-Unis soient encore actuellement un des foyers les plus vivaces de protestantisme.

En Angleterre les puritains ou non-conformistes estiment que l’Église anglicane ne s’est pas suffisamment dégagée du catholicisme; ils sont notamment opposés à l’organisation épiscopalienne à laquelle ils préfèrent des communautés d’anciens et des synodes, c’est-à-dire une conception congrégationaliste de l’Église. Ils sont aussi partisans d’une plus grande rigueur morale. Face à l’opposition et à la politique de persécution de la plupart des souverains anglais (sauf sous Cromwell) du XVIe et XVIIe siècle, ils émigreront d’abord vers les Provinces-Unies, où ils entreront en contact avec la tendance baptiste. Les baptistes sont opposés au baptême des enfants (pédobaptême), auquel ils préfèrent le baptême des adultes. Ils pratiquent le baptême par immersion, plutôt que par aspersion. Eux-mêmes récusent le terme d’« anabaptistes », dont les affublent leurs adversaires : il ne peut en effet être question d’un « rebaptême », puisque celui des enfants ne peut être considéré comme valable. Leur idée du congrégationalisme va plus loin que celle des puritains : l’interprétation des Écritures repose sur le consensus qui résulte d’un débat auquel chaque membre de la communauté peut prendre part. Il s’agit d’une conception très démocratique du christianisme. Les excès commis par un petit groupe d’anabaptistes fanatiques qui avaient pris le pouvoir à Münster en 1534 ont contribué à dresser contre eux les autorités tant catholiques que protestantes. Les baptistes sont pourtant pacifistes, comme en témoigne la prédication de Menno Simons (1496 - 1561), un de leurs principaux dirigeants, auquel un des principaux groupes baptistes doit son nom : les mennonites. Un autre groupe de baptistes, implanté en Moravie, porte le nom de Frères moraves.

Dès le début du XVIIe siècle, le protestantisme s’épanouira en Amérique du Nord. La plupart des colonies anglaises ont été fondées par des groupes protestants très divers. Un des groupes les plus connus est celui des Pilgrim Fathers ou « pères Pèlerins » qui fondent Plymouth au Massachusetts en 1620, composé de baptistes anglais. À partir de 1639, Roger Williams, chassé du Massachusetts, fonde des Églises baptistes dans la colonie de Rhode Island. Le quaker anglais William Penn (1644 - 1718) fonde en 1682 la colonie de Pennsylvanie. Il y invite les mennonites allemands, persécutés dans leur pays, qui arrivent par dizaines de milliers. Des calvinistes écossais et hollandais fondent des communautés presbytériennes.

Les Églises orthodoxes depuis le Moyen Âge

Les Églises préchalcédoniennes depuis le Moyen Âge

  • Les pays du Refuge
  • Les non-conformistes et la création de l’Église unitarienne d'Angleterre
  • La société religieuse des amis, ou Quakers

Notes

  1. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. CERF, coll. Initiations, 2001 ISBN 2204062154 cf. introduction
  2. Walter Bauer, Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity, éd. Sigler Press, 1996 (ISBN 978-0962364273) (rééd.); Traduction originale en anglais (1934) en ligne
  3. Adolf von Harnack, Histoire des dogmes, éd. Le Cerf, 2e éd. corr., 1993 (ISBN 2204049565)
  4. Régis Burnet, Paul, le bretteur de l’Évangile, éd desclée de Brouwer, 2000, Consultable en ligne :
    « Les Actes des Apôtres, qui sont attribués à l’évangéliste Luc, font depuis quelques années les frais de la critique historique. Si les biographes d’antan leur ont accordé un crédit historique sans mesure, les historiens d’aujourd’hui ont remarqué l’incompatibilité de la figure de Paul des Actes avec celle qui se dégage de ses lettres, ainsi ses rapports avec l’Église de Jérusalem ou sa conception du judaïsme. La raison en est que l’auteur de l’ensemble Luc-Actes écrit pour l’édification de ses lecteurs en utilisant un programme théologique bien défini qui lui fournit une clef pour l’interprétation des évènements historiques. »
  5. Les historiens récents depuis trente ans disent au contraire qu’aucune séparation totale et décisive n’eut lieu avant le IVe siècle. En particulier, en Espagne : les Juifs espagnols au Moyen Âge, Luis Suarez Fernandez
  6. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien (30-35), éd. du Cerf, mars 2001
  7. Peter J. Tomson, Jésus et les auteurs du Nouveau Testament dans leur relation au judaïsme, éd. du Cerf, mars 2003
  8. Daniel Boyarin, A Radical Jew, Paul and the Politics of Identity, Berkeley: University of California Press, 1994 Consultable en ligne
  9. Le Temps : Histoire du christianisme, Premier siècle : une naissance lente et douloureuse, par Patricia Briel
  10. Henri de Lubac, Exégèse médiévale
  11. Alain Corbin, Histoire du christianisme p.120 (Saint-Augustin), Ed. Seuil, 2007

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • MORDILLAT (Gérard) & PRIEUR (Jérôme), Jésus après Jésus, Editions du Seuil, Paris, 2004; vulgarisation des travaux de critique textuelles sur les actes des apôtres pour une histoire du christianisme primitif. Condensé d’une série d’émissions télévisées beaucoup plus complète (site de ARTE)
  • BEAUDE (Pierre-Marie), Premiers chrétiens, premiers martyrs, Découvertes Gallimard, Paris, 1993
  • SACHOT (Maurice), L’invention du Christ - Naissance d’une religion, Odile Jacob, 1998
  • DANIÉLOU, Jean, L’Église des premiers temps, Le Seuil, Points Histoire, Paris, 1985
  • MIMOUNI (Simon Claude) & MARAVAL (Pierre), Le Christianisme des origines à Constantin, PUF, Nouvelle Clio, Paris, 2006
  • VEYNE (Paul), Quand notre monde est devenu chrétien (312-394), Albin Michel 2007 ISBN 978-2-226-17609-7
  • MARAVAL (Pierre), Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe, Puf, Nouvelle Clio, Paris, 1997
  • RUNCIMAN (Steve), Le Schisme d’Orient, la papauté et les Églises d’Orient, XIe-XIIe siècles, Les Belles Lettres, Paris, 2005
  • VALOGNES (Jean-Pierre), Vie et mort des chrétiens d’Orient, Fayard, Paris, 1994
  • HILAIRE (Yves-Marie) (sous la direction de), Histoire de la papauté, Le Seuil, Points Histoire, Paris, 2003
  • BROWN (PETER), L’essor du christianisme occidental, Le Seuil, Paris, 1997
  • RICHÉ (Pierre), Grandeurs et faiblesses de l’Église au Moyen Âge, Les Éditions du Cerf, Paris, 2006
  • CHAUNU (Pierre), Le temps des réformes T.I La crise de la Chrétienté 250-1550, T.II La Réforme protestante, Éditions Complexe, Bruxelles, 1984
  • MOISSET (Jean-Pierre), Histoire du catholicisme, Flammarion, Paris, 2006
  • GLASER (Klaus-Peter), Les théologies chrétiennes au XIXe siècle
  • GLASER (Klaus-Peter), Les théologies post-modernes
  • HARNACK (A. von), Abrégé de l’histoire des dogmes, Fisbacher, Paris
  • LE GOFF (Jacques) et RÉMOND (René), Histoire de la France religieuse (4 tomes), Seuil.
  • MAYEUR (Jean-Marie), sous la direction de, Histoire du christianisme : des origines à nos jours, Ed.: 1990-2000 en 13 tomes:
    • 1. Le Nouveau Peuple (des origines à 250), sous la direction de J.-M. Mayeur, Ch. et L. Pietri, A. Vauchez, M. Venard, Paris, Desclée, 2000
    • 2. : Naissance d’une chrétienté (250-430) / sous la responsabilité de Charles et Lucie Pietri ; avec la collaboration de Jacques Biarne, Laurence Brottier, Alain Chauvot,…[et.al.], Paris : Desclée de Brouwer, 1995 ISBN : 2-7189-0632-4
    • 3. : Les Églises d’Orient et Occident (432-610) / sous la responsabilité de Luce Pietri ; avec la collaboration de Brigitte Beaujard, Paris : Desclée De Brouwer, 1998 ISBN : 2-7189-0633-2
    • 4. : Evêques, moines et empereurs (610-1054) / sous la responsabilité de Gilbert Dagron, Pierre Riché et André Vauchez ; avec la collaboration de Christian Hannick,…[et.al.], Paris : Desclée de Brouwer, 1993 ISBN : 2-7189-0614-6
    • 5. : Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté (1054-1274) / sous la responsabilité de André Vauchez ; avec la collaboration de Jerzy Kloczowski,…[et.al.], Paris : Desclée de Brouwer, 1993 ISBN : 2-7189-0573-5
    • 6. : Un temps d’épreuves 1274-1449 / sous la responsabilité de Michel Mollat du Jourdin et André Vauchez ; avec la collaboration de Marie-Hélène Congourdeau, Paris : Desclée-Fayard, 1990 ISBN : 2-213-02628-9
    • 7. : De la Réforme à la Réformation (1450-1530) / sous la responsabilité de Marc Venard ; avec la collaboration de Viviane Barrie-Curien… [et al.], Paris : Desclée, 1994 ISBN : 2-7189-0624-3
    • 8. : Le temps des confessions (1530-1620/30) / sous la responsabilité de Marc Venard ; avec la collaboration de Viviane Barrie-Curien… [et al.], Paris : Desclée-Fayard, 1992 ISBN : 2-7189-0574-3
    • 9. : L’âge de raison (1620/1630-1750) / sous la responsabilité de Marc Venard ; avec la collaboration de Viviane Barrie,…[et.al.], Paris : Desclée De Brouwer, 1997 ISBN : 2-7189-0634-0
    • 10. : Les défis de la modernité (1750-1840) / sous la resposabilité de Bernard Plongeron ; avec la collaboration de Astérios Argyriou,…[et.al.], Paris : Desclée De Brouwer, 1997 ISBN : 2-7189-0629-4
    • 11. : Libéralisme, industrialisation, expansion européenne (1830-1914) / sous la responsabilité de Jacques Gadille, Jean-Marie Mayeur ; avec la collaboration de Christian Chanel,…[et.al], Paris : Desclée de Brouwer, 1995 ISBN : 2-7189-0635-9
    • 12. : Guerres mondiales et totalitarismes (1914-1958) / sous la responsabilité de Jean-Marie Mayeur ; avec la collaboration de Jan Theodore Bank… [et al.], Paris : Desclée-Fayard, 1990 ISBN : 2-7189-0546-8
    • 13. : Crises et renouveau, de 1958 à nos jours / sous la responsabilité de Jean-Marie Mayeur ; avec la collaboration de Roger Aubert, Paris : Desclée, 2000 ISBN : 2-7189-0636-7
  • Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien (312-394), éditions Albin Michel, collection Idées, 2007 (ISBN 978-2-226-17609-7).
  • VAN DEN KERCHOVE (Anna), "Histoire du christianisme", La Documentation photographique, n° 8069, Paris, La documentation Française, 2009.
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