- Theodoric le Grand
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Théodoric le Grand - Wikipédia Théodoric le Grand
Pour les articles homonymes, voir Théodoric.Théodoric le Grand Roi Statue de Théodoric à Brescia (légende populaire)Règne 474 - 30 août 526 Dynastie Amales Titre complet Roi des Ostrogoths et du Royaume ostrogoth d'Italie Prédécesseur Thiumidir Successeur Athalaric Autres fonctions Période
-Président {{{président1}}} Président(s) de la République {{{président de la république1}}} Monarque Gouverneur général {{{gouverneur1}}} Prédécesseur Successeur Période
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{{{début fonction10}}} - {{{fin fonction10}}}Président {{{président10}}} Président(s) de la République {{{président de la république10}}} Monarque {{{monarque10}}} Gouverneur général {{{gouverneur10}}} Prédécesseur {{{prédécesseur10}}} Successeur {{{successeur10}}} Biographie Naissance Fin 454 ou début 455 Dacie Décès 30 août 526 Ravenne Père Thiumidir Mère Erelieva Erchiva Crelieva Résidence(s) Ravenne Théodoric le Grand ou Théodoric l'Amale (gotique Þiudareiks, latin : Flāvius Theodoricus, grec: Θευδερίχος, Theuderikhos, vieil anglais : Þēodrīc, allemand : Dietrich von Bern, vieux norrois : Þjōðrekr, Þiðrek) est né en Dacie, fin 454 ou début 455, et mort à Ravenne le 30 août 526.
Avant d’être roi des Ostrogoths et du Royaume ostrogoth d'Italie, il est un conquérant et un guerrier.
Envoyé dès l’âge de sept ans, comme otage à Constantinople, Théodoric y apprend beaucoup sur le gouvernement et la conduite militaire d’un empire.
Théodoric a une grande influence en Italie. Tout d’abord, il réussit presque à unifier l’Italie qui a toujours été divisée. Il meurt sans y être parvenu, mais le mouvement est enclenché et d’autres après lui vont prendre la relève, le prochain étant Charlemagne trois siècles plus tard. Théodoric réussit à introduire un système social mélangeant l’ancien système romain et certains aspects ostrogothiques.
Après son décès, sa fille Amalasonte et son petit-fils Athalaric ne sont plus en sécurité car les Ostrogoths les voient désormais, avec raison, comme des êtres lourdement romanisés qui veulent changer leur culture. Tous deux sont assassinés quelques années plus tard.
Sommaire
Sa famille
Son grand-père, Valamir est le fils de Vandalarius et cousin du roi Thorismod. Vassal sous la suzeraineté des Huns, Valamir participe aux raids d'Attila dans les provinces du Danube (447), et commanda le contingent Ostrogoth de l'armée d'Attila à la bataille des champs Catalauniques. Avec la mort d'Attila en 453, Valamir devient le chef des Goths installé en Pannonie. Il s'ensuit une lutte pour l'indépendance contre les Huns, de 456 à 457, où il défait et met en déroute les fils d'Attila, à la bataille de la Nedao.
Son père, Thiumidir, roi des Ostrogoths, de la dynastie des Amales, règne conjointement avec ses deux frères, et à cette époque est un vassal du roi Attila des Huns. Il se marie à Erelieva Erchiva Crelieva (440-500)[1], avec qui il a quatre enfants :
- Théodoric (454-526)
- Amalafrida, mère du roi Théodat, puis mariée au roi des Vandales Thrasamund, un des petit-fils de Genséric. Leur fille, Amalaberga se marie au roi Lombard Aldoin.
- Thiudimund Amali, Theodimund, cité en 479[2].
- Argota Amali, elle meurt en 479[3].
Quand Thiumidir meurt en 474, Théodoric lui succède comme roi des Ostrogoths. Erelieva Erchiva Crelieva se convertit au catholicisme et est une reine très respectée aux côtés de son fils.
Biographie
Sa jeunesse
Théodoric naît un an après que les Ostrogoths ont mis fin à la domination des Huns à la bataille de la Nedao (Nedava, un affluent de la Save) qui a lieu dans la région de la Pannonie en 454.
Les premières années de Théodoric rappellent le nourrisson des forêts, l'habitant mobile des basternes plutôt que le fils des rois. Point d'autre pompe autour de lui que l'attirail du camp de son père Théodemir ; point d'autre cortége que sa mère Éréliéva qui, par sa tendresse vigilante et ses mœurs simples, prépara ou même hâta le développement de son heureuse constitution[4].
Dès l’âge de sept ans, où il est envoyé en otage à Constantinople, où les prêtres du château enseignent à Théodoric la Bible traduite pour les Goths par le sage Wulfila. Ils lui apprennent aussi les paroles latines qu’on doit connaître quand on est appelé à gouverner les nations. Son entraînement militaire est très rude et très long, car il y a toujours la possibilité qu’un ennemi, ou l’empire romain elle-même, décide de chasser les Ostrogoths de la Pannonie ou de les envoyer combattre au loin. Leur futur roi doit donc être prêt à toute éventualité. C’est la tâche de chefs militaires que de lui enseigner comment combattre et comment diriger une armée. Avec eux il apprend à manier légèrement la lourde épée, à se servir de la lance, à planter dans le but des flèches infaillibles. On lui impose de rudes et longues chevauchées qui l’aguerrissent. Il doit supporter la fatigue et la faim, l’ardeur du soleil et la pluie glaciale. Parfois, lorsque l’enfant, épuisé, se disposait à demander grâce, un regard sévère du vieil écuyer le faisait se redresser sur sa selle, et sans même qu’on le lui eût commandé, il mettait sa monture au galop. Si cela semble cruel envers un enfant, il n’en est pas moins que cela forge le corps et l’âme de Théodoric et lui donne une volonté hors du commun, ainsi que d’étonnantes capacités et efficacité militaires.
Mais Théodoric n’était pas non plus un être sans passion autre que la guerre, il affectionne particulièrement les poèmes des vieux scaldes, où il revoit les exploits de ses ancêtres. S’il n’est à Constantinople qu’un otage détenu en garantie du traité conclu par son père avec l’Empire byzantin, il est élevé comme un aristocrate romain, bien traité par les empereurs Léon Ier et Zénon.
Théodoric apprend beaucoup sur le gouvernement et la conduite militaire d’un empire. Il est très déçu lorsqu’il pénètre à Byzance et même lorsqu’il voit l’empereur. Il se rend compte que ce sont les barbares qui défendent l’empire, car les romains ne sont plus des guerriers. Ils sont mous et décadents. Par contre, il sait rapidement reconnaître le véritable maître de l’empire lorsqu’il le voit : Aspar, le général barbare de l’empire de Byzance. Un certain sentiment de supériorité envers les romains nait en lui à ce moment, voyant que les figures les plus nobles sont les barbares à Byzance. Théodoric ne mord pas non plus au piège des Byzantins qui tentent d’implanter dans les jeunes barbares une mentalité romaine et d’admiration pour l’empire.
Sur les instances de son père, il le rejoint en 477, et prouve aussitôt que les plaisirs de la licencieuse de Byzance n'ont pas amolli son âme[5].
Un chef de guerre
Ses premiers exploits sont de battre les Sarmates et de tuer leur roi de sa main.
Lorsque les Goths, mécontents de leurs territoires, franchissent le Danube, il commande l'avant-garde, s'empare de la Macédoine, et pénètre en Thessalie, où il prend Larisse et Héraclée. Il assiége Thessalonique lorsque la paix assigne aux Goths un établissement dans la Macédoine septentrionale, puis dans la basse Mésie.
C'est là que naissent ses premiers enfants et que meurt son père Théodemir. Théodoric lui succède. Son rêve est de conquérir l'Empire.
Roi des Ostrogoths (474)
Le moment désiré vient en 475, alors que l’empereur Zénon assitait à des courses de chars, il y a un grand soulèvement et Zénon n’a d’autre choix que de fuir. Le chaos s’installe dans la ville, le temps que tout se calme pour acclamer le nouvel empereur, Basiliscus, qui avait reçu l’aide de Théoderic Strabo. Cet Ostrogoth était le rival de Théodoric Amale, ce qui donc provoqua une nouvelle lutte pour savoir qui était le véritable roi des Goths.
Trop faible pour le combattre, Théodoric le Grand préfère s'accommoder avec lui; puis, tournant sa colère contre le perfide Zenon, il s'avance jusqu'à la muraille construite cinq lieues en avant de la capitale en 478. Repoussé avec pertes, il se retire vers la province de Rhodope, qu'il dévaste de fond en comble ainsi que le littoral de la mer Égée, et prépare le déménagement général de son peuple dans la riche province d'Épire. Zenon, effrayé, lui députe Artémidore, homme de cour et d'étude, que Théodoric a connu et pour lequel il s'était pris d'affection. Artémidore parvient à se faire écouter de Théodoric, qui éprouve un de ces retours vers le bien qui amène une réconciliation.
Cela prend deux ans suite à la déchéance de Zénon avant que le parfait moment arrive, et que Théodoric le Grand pénètre dans Byzance. L’empereur témoigne sa reconnaissance au Goth en le comblant d'argent, en le nommant sénateur, généralissime et patrice, et en lui donnant les commandements qui appartenaient à Théoderic Strabo. Celui-ci, pour se venger, cherche à fomenter de nouveaux troubles. La seule raison pourquoi Théodoric, dans son stratagème, a ramené Zénon au titre d’empereur en prenant Byzance, c’est pour la question religieuse, car les dirigeants religieux de Byzance ne l’ont jamais laissé monter sur le trône, lui étant un arien, donc un hérétique.
Les Goths sont installés dans les contrées du Bas-Danube. Théodoric voit donc se réaliser le voeu qu'il avait souvent exprimé, de vivre en Romain et de prendre part au gouvernement de la grande république des Césars. Après avoir aidé à réprimer la révolte d'Ilus, il reçoit en 484 l'honneur insigne, réservé aux Césars, de voir sa statue équestre élevée devant la porte du palais. Envoyé en 485 contre les Bulgares, il remporte sur eux une sanglante victoire. De retour à Constantinople, il se replonge dans les délices de la vie civilisée, et semble avoir oublié son peuple.
Odoacre (487)
En 487, les Goths, menacés par les entreprises victorieuses d'Odoacre, patrice d'Italie, sur le Danube, rappellent Théodoric au milieu d'eux. Il a honte de rompre avec Zenon, qui l'avait accablé de bienfaits. Toutefois, Le nom d'Odoacre, prononcé sans cesse avec colère par les siens, le décide, et il conçut le projet de lui arracher l'Italie. Cachant ses desseins, il s'avança d'abord avec une forte armée vers Constantinople, et sous les murs de la ville seulement il demande à Zenon d'être autorisé à s'emparer de l'Italie. Zenon, heureux d’une fédération des auxiliaires germains, une épine dans la chair d'Odoacre, y consent, et fait rédiger et approuver par le sénat un acte public, intitulé Pragmatique, où sans explications précises l'Italie est attribuée aux Goths et à leur roi.
Investi solennellement par le voile de pourpre sacré, Théodoric convoqua autour de lui les hommes de sa nation. Presque tous les Goths campés entre le Danube et le lac Balaton se rallient à sa voix, et forment une armée de deux cent mille combattants. Les vieillards, les femmes, et les enfants placés sur des milliers de chariots, la nation entière quitte pour toujours les parages qu'elle habitait depuis plus d'un siècle. Elle descend dans l'automne de 488 le revers des monts Albaniens. Théodoric a le dessein d'envahir l'Italie méridionale, qui n'est pas en état de défense ; mais le défaut d'embarcations le force de changer de route et de gagner la vallée de la Save et les Alpes Juliennes. An moment de passer l'Unna, en Bosnie, il se voit arrêté par les Gépides. Il les taille en pièces, puis à travers mille fatigues, et sans cesser de combattre, il travers la Pannonie, les Alpes juliennes, et vint camper au printemps de 489 sur les bords de l'Isonzo, en Vénétie.
La descente de Théodoric provoque un immense émoi à travers tout l’Occident, chaque tribu barbare hésitant entre repousser l’envahisseur ou se joindre à lui pour partager le butin. Certains le rejoignent, d’autres tentent de le trahir.
Théodoric ne se laisse pas berner et ,soutenu par les Wisigoths de son gendre, le roi Alaric II se rend au combat en 489. Il gagne avec surprise à Aquilée en 489, à Vérone, puis sur les bords de l'Adda en 490. Obligé de se replier dans Ravenne, sa capitale, Odoacre résiste trois ans alors qu'il est assiégé. Théodoric finit par lui proposer un marché et Odoacre accepte de négocier un compromis en 493.
Roi d'Italie (493)
Théodoric est roi d'Italie depuis 488, mais c'est en mars 493 qu'il se débarrasse de son ennemi.
Théodoric éprouve suite à cette paix de nombreux embarras, tel que le refus de l'empereur de lui confirmer par une investiture plus solennelle la couronne d'Italie.
Le Sénat romain, bien que plusieurs membres influents, comme Faustus Niger, se soient laissés gagner par Théodoric, continue à expédier les affaires au nom d'Odoacre.
Après de laborieuses négociations, il est enfin arrêté que les deux rois habiteront ensemble Ravenne sur un pied d'égalité et se partageront en frères le gouvernement d'Italie (27 fév. 493). Le bon accord ne dure pas longtemps; la guerre parait à nouveau vouloir recommencer, lorsque Théodoric se mit à afficher le retour le plus sincère à la conciliation. Pour célébrer la concorde rétablie, il invite Odoacre, son fils et ses principaux officiers, à un brillant festin, dans les jardins du palais, et sur un signal de leur roi, les Goths se précipitent sur les convives et les massacrent. Lui-même égorge de sa main Odoacre et son jeune fils.
Au même instant, dans Ravenne et autres grandes villes s'accomplissent les mêmes horreurs. Les Goths, qui avaient conspiré la mort des Ruges et des Hérules, sans que le secret de ce guet-apens de peuple à peuple soit un instant dévoilé, les tuent par milliers, hommes, femmes et enfants. Théodoric, sans attendre plus longtemps la réponse de l'empereur, se fait proclamer roi des Goths et des Romains. Il lance aussitôt contre les partisans de son rival un édit des plus rigoureux, les privant du droit de posséder et de tester. Mais, sur les remontrances d' Épiphane de Pavie, évêque de Pavie, il consent à une amnistie.
La suprématie d’un empereur romain
Politique intérieure
Fichier:Cassiodorus at the Vivarium in Codex Amiantinus.jpgA l'intérieur il se laisse guider par des vues qui sont également loin d'être ordinaires; mais ce qu'il y crée avait trop besoin d'être maintenu par sa main puissante. Quand elle vient à manquer, son royaume, dont la prospérité fait illusion à lui comme à tous ses contemporains, s'écroule rapidement.
Son royaume autonome, accorde néanmoins aux Romains la possibilité d’être soumis aux lois romaines et aux juridictions romaines, tandis que les Goths conservent leurs propres coutumes. Mais, il commence par faire distribuer aux Goths le tiers des terres et des esclaves. Ces terres sont, contrairement à ce qui se passait dans les pays barbares, soumises à l'impôt foncier, conservé comme les autres impôts de l'administration romaine, qui elle-même est maintenue tout entière, le fond et la forme, en, matière civile comme en matière politique. Cependant, en laissant aux Romains leur législation et des administrateurs romains, Théodoric fait prédominer dans les affaires publiques un esprit de justice, une vive sollicitude pour le bien général et particulier, auxquels on n'est plus habitué depuis Théodose II. En même temps il n'admet que des Goths dans son armée. Aux Romains les occupations de la paix, aux Goths celles de la guerre, dit-il. Ce système isole les deux peuples, et est en effet calculé pour empêcher la fusion des deux populations, qui n'entre pas dans les idées de Théodoric, au point que, tout favorable qu'il est à la culture des lettres et aux arts, il défend aux siens de fréquenter les écoles, où ils pourraient s'amollir.
L'armée ou plutôt l’élément militaire est pourvu d'une grande influence sur l'ensemble des affaires : ainsi les comites, ou commandants de province, exercent sur les gouverneurs civils et romains un contrôle suffisant pour assurer la domination des Ostrogoths ; non seulement ils jugent les différends entre les individus de la nation conquérante, mais ils sont seuls compétents pour décider les procès entre Goths et Romain. La seule condition est d'adjoindre en qualité de conseil un jurisconsulte romain.
Cependant pour les cas les plus fréquents de conflit entre les deux peuples Théodoric émet, en 500, un édit. emprunté tout entier aux prescriptions du droit romain, et qui doit néanmoins régir les deux peuples. Cette politique, à laquelle Théodoric, maintenu dans cette voie par Cassiodore, son premier ministre, est fidèle jusqu'à sa mort, est acceptée avec joie par les Romains.
Quoique arien, il laisse à l'Église orthodoxe pleine liberté et qu'il ne lui ménage pas ses bienfaits.
Quant aux Goths, ils ne réclament jamais plus de privilèges qu'il ne leur en avait octroyés.
En 498, il se voit enfin conférer les insignes royaux par l'empereur Anastase qui jusqu'alors avait exigé comme condition que Théodoric reconnaisse la validité de la constitution qui rend la puissance civile juge des dogmes religieux. Il se montre bon politique en maintenant l'élection du pape Symmaque (498) et en le laissant abolir la loi d'Odoacre qui réservait au pouvoir civil la confirmation du choix des pontifes.
Des troubles religieux ayant éclaté à Rome, il vient pour la première fois dans cette ville en octobre 500, et abandonne toute l'affaire au jugement de l'Église. Sa présence est célébrée par des jeux et par l'établissement qui assure au peuple par an vingt mille muids de blé et du vin en proportion. Il veille aussi à la réparation des fortifications et des monuments.
La paix que Théodoric après 511, entretient pendant plus de dix ans avec tous ses voisins permet à ce roi de voir s'épanouir les germes de son sage gouvernement. Il s'est entouré de ministres habiles et intègres, dont il a discerné le mérite avec une rare sagacité. Il relève et agrandit l'autorité du sénat, et il le consulte pour toutes les affaires importantes. Conduite par les Cassiodore, les Boèce, les Symmaque, son administration, aussi ferme que prévoyante, maintient partout la tranquillité et la justice. Le travail refleurit promptement, les campagnes désertes sont rendues à la culture, et de nombreux défrichements entrepris, et une foule d'édifices de luxe et d'utilité publique s'élèvent dans les principales villes, à Vérone notamment, une des résidences favorites du roi. Le commerce prit le plus grand essor, surtout depuis la construction dans l'espace de deux ans (510-512) d'une flotte de mille dromons, ou bâtiments légers, répartis dans les différents ports. Si par une excellente police Théodoric prend ainsi soin des intérêts matériels, il ne néglige pas de seconder les évêques dans leurs efforts pour l'amélioration morale de ses sujets. Un de ses principaux soins est d'assurer la sainteté du mariage. Il protége également avec zèle les lettres. Mais son intervention ne peut arrêter la décadence irrémédiable qui étouffe de plus en plus le génie littéraire. En revanche, il rend une nouvelle et féconde impulsion aux arts et à l'industrie. Théodoric le grand aime à en envoyer les produits en présent aux rois barbares. Cela contribue à augmenter l'admiration que le spectacle de son règne lui vaut de leur part, et dont ils lui font rendre un témoignage naïf par de solennelles ambassades.
L'éclat de ce règne s'est encore augmenté par la réconciliation des Églises romaine et grecque, en faveur de laquelle il a en vain insisté auprès d'Anastase , mais qui s'est opérée dès l'avènement de l'empereur Justin. Ce dernier s'empresse de nouer les meilleures relations avec le roi d'Italie. Il adopte Eutharic comme fils d'armes, et partage en 519 le consulat avec lui.
Arrive l'année 522 qui marque le point culminant du règne de Théodoric. Dans l'intervalle une vive ferveur religieuse est venue animer tout l'Occident. La conversion des Burgondes, le rétablissement de l'orthodoxie en Afrique après la mort de Thrasamund, la victoire sur l'hérésie en Orient, tout cela fai naître dans l'esprit des Italiens le vif espoir de voir l'unité de la foi triompher bientôt du dernier obstacle qui s'y opposait, l'arianisme, la croyance professée par Théodoric.
Politique extérieure
Désormais, il ne soucie plus des difficultés que l'empereur Anastase fait de le reconnaître. Indépendant vis-à-vis de la cour de Byzance, il se montre Romain vis-à-vis des Barbares et revendique sur eux la suprématie des empereurs. Sans renier la fraternité résultant de leur commune origine, il veut qu'ils le considèrent comme un successeur des Césars. Il se met à parler aux rois ses égaux avec un ton de supériorité paternelle, leur adressant des remontrances, des encouragements, des conseils en faveur de la justice et de la concorde mutuelle, et se servant sans cesse du grand nom de Rome pour leur inspirer le respect ou la crainte.
Les rois germains reconnaissent volontiers cette suprématie, qui consolide leur usurpation en créant l'unité et la solidarité parmi les spoliateurs de l'empire. Telle est la ligne de sa politique extérieure, qu'il suivit avec une habileté et un succès constants.
Après avoir consolidé son autorité, Théodoric députe l’évêque Épiphane de Pavie à Gondebaud, roi des Burgondes, pour réclamer les Liguriens que ce roi avait emmenés en esclavage. Touché des exhortations du pieux évêque, Gondebaud rend sans rançon plus de six mille captifs.
En 495, Théodoric épouse Audofleda, sœur de Clovis Ier, dont il essaie de contenir l'ambition croissante. L'année suivante, il obtient de ce prince qu'il ne poursuivit pas au delà du Danube les Alamans, dont Théodoric place les débris dans la première Rhétie. Il a ainsi l'avantage de repeupler une contrée et d'acquérir de braves et fidèles vassaux.
Après avoir soumis les Suèves de la seconde Rhétie, il réduit pour toujours a l'obéissance les Ruges qu'il a cantonnés en Norique et qui s'étaient révoltés.
En 504, Théodoric le Grand envoie un de ses lieutenants au secours de son vassal Mundo, chef des Huns établis entre la Save et le Margus, en Mésie. Traséric, roi des Gépides, et le général impérial Sabinianus, qui avaient uni leurs forces contre Mundo, sont battus, et Sirmium avec une grande partie de la Pannonie tombent au pouvoir du vainqueur[6].
Théodoric donne ensuite toute son attention à arrêter la mésintelligence croissante entre Alaric II, roi des Wisigoths, son gendre, et Clovis, son beau- frère. Les lettres qu'il leur écrit ainsi qu'à Gondebaud, ses vives représentations amènent une première, réconciliation. Mais en 507, les Francs, voyant Théodoric sur le point d'être impliqué dans une guerre avec l'empereur, qui voulait venger la défaite de Sabinianus, entrent brusquement en Aquitaine, et remporte la bataille de Vouillé, lors de laquelle Alaric II, roi des Wisigoths, est tué par Clovis et qui leur livre la majeure partie des possessions wisigothes en Gaule.
Théodoric n'a pas de peine à repousser l'armée impériale, qui se borne à piller quelques villes du golfe de Tarente, en 508. Cette guerre terminée, il envoie en Gaule une armée considérable, composée de Goths et de Gépides et commandée par le duc Ibba. Ce général s'illustre en Provence contre les troupes franques qui cherchent à étendre leur domination jusqu'en Méditerranée. Ibba s'oppose donc énergiquement aux Francs et à leurs alliés burgondes, pénétrant en Provence à l'automne 508, et délogeant, après de rudes combats, Francs et Burgondes qui assiègent Arles, avant de s'emparer de Nîmes et de Narbonne en 508, tandis que des renforts ostrogoths dirigés par le duc Mammo ravagent Orange et Valence. Enfin, en 510, Ibba libère Carcassonne. Selon Jordanès, probablement peu objectif de par ses origines gothiques, plus de 30.000 Francs sont tués par Ibba[7].
Entre 508 et 511, Geisalic, bâtard du roi Alaric, se lie d'amitié avec les Ostrogoths d'Italie, mais en 511 « il s'allie avec les ennemis des Ostrogoths » (selon Isidore de Séville), probablement avec un parti wisigoth opposé à l'influence ostrogoth. En 511, Geisalic est chassé du trône par le dux ostrogoth Ibba et s'enfuit en Afrique chez les Vandales. Il tente alors vainement d'obtenir leur aide ainsi que celle des Ostrogoths. À partir de ses bases en Aquitaine, il lance une invasion de l'Espagne, entrant par la région tarraconaise, mais est défait par l'armée d'Ibba à 20 km de Barcino ; il s'enfuit au nord, traverse la Narbonnaise, essayant d'entrer en Burgondie, mais il est capturé et tué en franchissant la Durance, probablement par des soldats ostrogoths, en l'an 512. Ibba installe le jeune prince Amalaric sur le trône wisigothique, sous tutelle ostrogotique (511), à Barcino, alors que le garçon n'a que neuf ans. Théodoric devient régent jusqu'à la majorité d'Amalaric. Wisigoths et Ostrogoths sont de nouveau réunis sous un seul véritable maître jusqu'en 526 : Thédoric l'Amale [8].
La fin du règne (523-526)
Les Romains irrités d’avoir un roi arien se tournent alors vers Justin et son neveu Justinien. Chez beaucoup d'entre eux le coeur devient infidèle à leur roi, surtout depuis que la mort subite d'Eutharic (523) laisse comme perspective l'avènement prochain au trône d'un enfant en bas-âge sous la tutelle d'une femme. Des persécutions contre les juifs, que Théodoric réprime aussitôt, et d'autres symptômes marque l'animation religieuse des esprits. Le Romains ne tiennent aucun compte du brillant succès de l’intervention de Théodoric dans la guerre du roi de Burgondie, Gondémar II contre les fils de Clovis et de la concession de nombreuses conquêtes.
Les Italiens d’alors admirent la conduite de l’empereur qui va jusqu'à tyranniser les Ostrogoths ariens de l'Orient. Cette attitude fait renaître chez Théodoric l'emportement de ses premières années. Il menace d'user de la force si l'édit n'est pas abrogé. Le chef goth demande en 525 au pape de négocier l'annulation de l'édit mais ce dernier ne réussit pas. Le sénat tremblant croit lui complaire en punissant Boèce, mais Théodoric commue la peine de mort en détention perpétuelle. Toutefois ses conseillers calomnient ses ministres romains. Boèce et Symmaque sont exécutés et le bruit court qu’un édit va interdire aux Romains de porter des armes.
Informé de l'insuccès de l’ambassade du pape, de plus en plus aigri, Théodoric fait jeter le pape Jean en prison, dès qu'il débarque en Italie à son retour d'Orient. Le pontife est exténué des fatigues du fait du voyage. Le roi le soumet aux plus dures privations, le pape ne tarde pas à succomber.
Cette mort n’apaise pas sa colère contre les Romains. Cassiodore, son premier ministre, tenu à l'écart pendant la tempête, reprend le timon des affaires, et fait rentrer le gouvernement dans l'ancienne ligne de modération.
Sa mort (526)
Mais il est trop tard. Frappé de remords, ou au moins accablé de doutes sur la durée de son œuvre, Théodoric meurt, trois mois après le pape. Selon Procope de Césarée, il croit reconnaître à table dans une énorme tête de poisson celle de Symmaque, s’est levé pris de fièvre et de terreur, et s’est couché pour mourir deux jours après. Quoi qu'il en soit de ce fait, qui sera contesté, il convoque quelques moments avant d'expirer les fidèles et grands des deux races, leur fait reconnaître pour son successeur son petit-fils Athalaric, avec Amalasonte pour régente, et leur recommanda d'aimer le sénat et le peuple romain et de conserver l'amitié de l'empereur d’Orient. Il est enterré à Ravenne, dans un mausolée élevé de son vivant, et qui deviendra l'église Maria della Rotonda.
Son règne est plutôt un glorieux appendice à l'histoire des temps anciens que l'inauguration des temps modernes, dont il ne sait pas deviner les besoins, qui demandent la fusion des races, l'abolition des formes surannées et pesantes de la centralisation romaine. Il ne mérite pas moins le surnom de Grand, et nous dirons avec Procope, l'ennemi des Goths cependant : On peut l'appeler tant qu'on voudra usurpateur et tyran : en réalité ce fut un roi. Il ne fut inférieur à aucun de ceux qui se sont jamais distingués sur un trône.
Sa haute renommée continuera à faire vivre sa mémoire dans l'imagination des peuples. La poésie s'en emparera, et nous verrons figurer dans Les Nibelungen, Les Rosengarten, La bataille de Ravenne et autres poèmes nationaux du Nord, le terrible Dietrich de Berne (Vérone) comme vainqueur de dragons, de géants et des fameux héros seulement. Il se trouve dépouillé de son royaume, parce que personnifiant en lui toute la nation des Ostrogoths, l'imagination populaire rapportant à lui la catastrophe qui leur fait perdre l’Italie[9].
Officiellement, Théodoric meurt en 526 de dysenterie[10].
Mariages et descendance
Théodoric a tout d’abord comme concubine N. de Mésie, née en 463, qui est peut-être l'une des petites-filles d’Attila, d’où :
- Thiudigotho (476-524)[12], mariée à Alaric II, roi wisigoth d'Hispanie de 484 à 507, se remarie à Sigismond, fils de Gondebaud, sanctifié par l'Église catholique, roi des Burgondes.
Veuf, Théodoric se remarie avec Audofleda (469-535), fille de Childéric Ier, sœur de Clovis Ier vers 493. Ils sont les parents de :
- Amalasonte (469-535)[13] qui épouse le prince amale Eutharic. Ce prince meurt bientôt laissant un jeune fils nommé Athalaric, dont Théodoric en fait son héritier. Amalasonte, jeune veuve depuis 522/523, gouverne pendant la minorité d'Athalaric (à partir de 526), et se remarie avec Théodat, qui l'année suivante la fait étrangler sur une île du lac de Bolsena.
Théodoric a une fille avec Theodora :
Notes et références
- ↑ Amory Patrick, People and Identity in Ostrogothic Italy, 489-554, Cambridge University Press|1997
- ↑ Herwig Wolfram, Wolfram, 1997, pg. 24, figure 2 et Thomas S. Burns, History of the Ostrogoths, pg. 96-97.
- ↑ Herwig Wolfram, Wolfram, 1997, pg. 24, figure 2 et Thomas S. Burns, History of the Ostrogoths, pg. 96-97.
- ↑ Histoire de Théodoric le Grand, roi d'Italie, précédée d'une revue ... , de Auguste François Louis Scipion de Grimoard-Beauvoir Du Roure de Beaumont-Brison, L. M. Du Roure – 1846, p.83.
- ↑ Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés... Hoefer, p.74.
- ↑ Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à... Hoefer, p.48.
- ↑ Jordanès, Getica, vers 550 et Michel Rouche, Clovis, Fayard, 1996.
- ↑ Rafael Altamira, « La Spagna sotto i Visigoti », dans Storia del mondo medievale, vol. I, 1999, pp. 743-779 et Christian Pfister, « La Gallia sotto i franchi merovingi: vicende storiche », dans Storia del mondo medievale, vol. I, 1999, pp. 688-711.
- ↑ Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à... Hoefer, p.82.
- ↑ C'est moins poétique !
- ↑ C. W. Previté-Orton sCMH I, pg. 132, genealogy table 4 et Thomas S. Burns, History of the Ostrogoths, pg. 96-97, sans oublier Herwig Wolfram, Wolfram, 1997, pg. 24-25, figure 2.
- ↑ Herwig Wolfram, Wolfram, 1997, pg. 24, figure 2 et Herwig Wolfram, Wolfram, 1979, pg. 203
- ↑ C. W. Previté-Orton sCMH I, pg. 132, genealogy table 4 et Thomas S. Burns, History of the Ostrogoths, pg. 96-97 et encore Jordanes, Jordanes Getica, XIV-80.
- ↑ Paternal Ancestry oH. B. James, online, I Copyright (c) Homer Beers James 1996.
Bibliographie
- Marcel Brion, Théodoric, roi des Ostrogoths, Payot, 1935 ; 1979
- (en) « Théodoric le Grand », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de l’édition] [lire en ligne]
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