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On désigne généralement par sadducéens les membres d'un des quatre grands courants du judaïsme antique de l'ancienne Judée (avec les pharisiens, les esséniens et les zélotes), entre le IIe siècle av. J.-C. et le Ier siècle, mais cette définition n'est nullement exclusive. Elle fait également référence aux membres du clergé à l'époque du Premier Temple de Jérusalem (dont le Grand Prêtre était Sadoq[1]) et à un courant théologique sans contextualisation historique dénommé sadocite[2]. A ce titre, les esséniens[3] se nommaient eux-mêmes Fils de Sadoq.
Sommaire
Étymologie
Le terme sadducéen vient de la translittération française du latin Sadducaei[4], lui-même issu de l'hébreu talmudique Tsadoukim. La thèse largement répandue serait que ce substantif dérive de בני צדוק (bnei Tsadok) ou Fils de Sadoq, sans qu'il y ait toutefois consensus scientifique.
Histoire
L'histoire des sadducéens est difficile à retracer car les sources sont rares et partiales ou peu fiables historiquement. Mêlés au propos légendaire comme à l'histoire, ils disparaissent pour réapparaître au cours des siècles.
Origines légendaires
Il n'y a que deux passages du Tanakh (la bible hébraïque) qui désignent par sadducéens les membres de la classe sacerdotale liés au Grand Prêtre Sadoq, composant de fait une forme de parti (quoique ce terme soit anachronique). C'est dans le livre Ézéchiel (XLIII-19) que la référence émet un lien direct entre les partisans du Grand Prêtre et le clergé. Référence répétée (XLVIII-11) où le prophète encense les sadducéens comme les garants de l'orthodoxie lors de l'Exil à Babylone.
Au IIe siècle av. J.-C.
En dehors des textes bibliques et des spéculations que l'on peut faire à partir d'eux, la première source explicite qui atteste d'un mouvement sadducéen est la mention[5] de leur existence sous le règne de Jean Hyrcan I (134-104 av. J.-C.) faite par Flavius Josèphe (37-~100 ap. J.-C.). On peut néanmoins dater l'apparition de ce courant au début du IIe siècle av. J.-C. avec l'ascension de Simon II lors de la conquête séleucide de la Judée[6].
Soutenant la domination séleucide, une hostilité des sadducéens va naître à l'encontre de la dynastie hasmonéenne pour adhérer plus largement au règne d'Hérode Ier le Grand, quoique cette perspective qui fait des sadducéens les membres de l'aristocratie hellénisée soit désormais contestée[7] par les historiens.
Au Ier siècle
De rares sources parlent des sadducéens. Essentiellement issues du christianisme, elles n'émettent que des jugements de valeurs théologiques sans grandes précisions. Les Actes des Apôtres, ainsi que l'Évangile selon Matthieu,comme Saint-Marc en 12,18-27 en font mention.
A partir du Ier siècle jusqu'au XIIe siècle
Après la destruction du Temple de Jérusalem en 70, les sadducéens n'apparaissent plus que dans quelques mentions du Talmud (voir paragraphe suivant). Au VIIe siècle, on voit apparaître en Perse un mouvement, dirigé par Abu Isa d'Ispahan, se réclamant comme sadducéen[8]. Le karaïsme, dans ses balbutiements au VIIIe siècle, compte parmi les partisans d'Anan ben David des dits «sadducéens». Sadoq fera encore parler de lui au Xe siècle avec le livre Sefer Tsadok écrit par le sage karaïte Ya'akov al-Qirqisani.
Ultime découverte en 1910, alors qu'on croyait pendant longtemps la pensée des sadducéens disparue depuis des siècles, Solomon Schechter mit au jour l'Écrit de Damas datant du XIIe siècle. Celui-ci fait référence à une présence - ou au mieux une influence - des thèses sadocites au sein de la communauté karaïte.
Croyances
Les sadducéens rejettent l'interprétation de la Torah faite par les Pharisiens et plus exactement le Talmud qui s'en suivra. L'historien Flavius Josèphe, dont on peut penser qu'il penche pour les sadducéens, résume ainsi cette opposition : «Les Pharisiens ont transmis au peuple certaines règles qu'ils tenaient de leurs pères, qui ne sont pas écrites dans les lois de Moïse, et qui pour cette raison ont été rejetées par les saducéens qui considèrent que seules devraient êtres tenues pour valables les règles qui y sont écrites et que celles qui sont reçues par la tradition des pères n'ont pas à être observées.» (Antiquités juives, XIII-297)
Mais il ne faut pas croire que les sadducéens étaient littéralistes. A ce titre, le Talmud parle d'un «livre sadducéen des décrets[9]». Leur spiritualité se résume ainsi[10] : «tout en ayant leur propre exégèse orale, les sadducéens rejetaient certaines traditions extra-bibliques et en particuliers celles des autres mouvements.»
Cette spiritualité amena les sadducéens à se séparer des pharisiens sur certaines questions, telles :
- la résurrection des morts
- la vie après la mort
- l'existence des anges
En outre, les pratiques religieuses différaient quelque peu de celles des pharisiens, en vertu d'interprétations différentes de la Torah :
- la fête de Shavouot était célébrée le lendemain du Shabbat, c'est-à-dire un dimanche
- la réjouissance du puisage de l'eau pendant la fête de Souccot était prohibée
Notes et références de l'article
- ↑ La Bible, I Rois (II-35)
- ↑ P.KAHLE, Der hebräische Bibletest, Stuttgart, 1961. (de)
- ↑ M.WIZE, M.ABEGG, E.COOK, Les manuscrits de la Mer Morte, ed. Perrin
- ↑ (fr) Définitions lexicographiques et étymologiques de sadducéen du CNRTL.
- ↑ Flavius Josèphe, Antiquités juives', XIII-288 à 298.
- ↑ Talmud, Pirqé Avot, I et II.
- ↑ E.P.SANDERS, Judaism. Practice and Belief., Trinity Press International, 1996
- ↑ S.SZYSZMAN, Le karaïsme, ed. L'Age d'Homme
- ↑ Talmud, Yadaïm IV-6
- ↑ E.P.SANDERS, Judaism. Practice and Belief., Trinity Press International, 1996
Voir aussi
Articles connexes
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