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Querelle du Filioque
On appelle « querelle du Filioque » (prononciation /filjɔkwe/) la querelle théologique entre l'Église romaine (future Église catholique romaine) et l'Église orientale (future Église orthodoxe), à propos du dogme de la Trinité, à partir du VIIIe siècle. Cette querelle, ainsi que des différends d'ordre culturel et politique, conduisit au Grand Schisme d'Orient de 1054, séparant le catholicisme de l'orthodoxie.
Sommaire
Définition
La querelle porte précisément sur la « procession » du Saint-Esprit, c'est-à-dire le rapport entre le Saint-Esprit d'une part, le Père (Dieu) et le Fils (Jésus-Christ) d'autre part. Le symbole du Ier concile œcuménique de Constantinople (381) affirme :
- « Nous croyons dans l'Esprit Saint, qui est seigneur et qui donne la vie. Il procède du Père. »
Il ne mentionne donc pas que l'Esprit relèverait du Fils d'une quelconque façon. À partir du VIIIe siècle, la liturgie latine a augmenté la formule initiale, qui devient : « Il procède du Père et du Fils », en latin Filioque (ex Patre Filioque procedit). L'introduction du Filioque dans le credo occidental fut proposée par Charlemagne lors du concile d’Aix-la-Chapelle de 809, reprenant une proposition plus ancienne qui avait déjà eu cours dans l'Espagne wisigothique par les détracteurs de l'arianisme. Cet ajout fut retenu malgré l'opposition du pape Léon III à cette démarche césaropapiste du nouvel empereur d'Occident qui, avec ses théologiens, souhaitait « rivaliser d'orthodoxie avec l'Orient »[1]. Cet ajout fut inséré définitivement dans le Credo romain au XIe siècle.
Cet écart par rapport à la formule œcuménique se fit unilatéralement, sans l'avis des autres Églises, qui le considérèrent comme le signe d'une volonté de rupture dans les rapports difficiles avec l'Église latine. Ultérieurement, on trouva une justification théologique à la nouvelle formulation, la donnant comme héritière d'une tradition alexandrine et latine, professée par exemple par le pape Léon en 447, soit avant la réception par l'Église romaine du symbole de Constantinople au concile œcuménique de Chalcédoine (451). Les Orientaux, eux, ont toujours refusé l'adjonction du Filioque au Credo, s'en tenant à sa formulation originale.
La querelle autour de cette nouvelle formulation reflète deux conceptions différentes du dogme de la Trinité :
- pour les orthodoxes, l'Esprit est issu du Père par le Fils, c'est le Père qui est premier par rapport au Saint-Esprit : monopatrisme.
- pour les catholiques, le Filioque exprime en outre la communion consubstantielle entre le Père et le Fils : filioquisme.
Il existe un lien entre cette querelle et une querelle antérieure sur la grâce entre l'augustinisme et le semi-pélagianisme.
Notes et références
- ↑ Bertrand Fauvarque in Yves-Marie Hilaire, Histoire de la papauté, éd. Seuil/Points, 2003, pp. 152
Bibliographie
- Avery Dulles, s.j., The Filioque: What Is at Stake?, in Concordia Theological Quarterly, vol 59, n° 1-2,1995, article en ligne.
- Jean-Claude Larchet, La question du Filioque. À propos de la récente «Clarification» du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, in Theologia, vol. 70 , n° 4, Athènes, 1999, article en ligne
- Jean-Miguel Garrigues, o.p., L'Esprit qui dit "Père !" et le problème du filioque, col. Croire et Savoir, Téqui, Paris, 1982.
Voir aussi
Lien externe
- Dominus Jesus - Déclaration du cardinal Ratzinger
Catégorie : Doctrine chrétienne
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