Lingon

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Lingons

Les Lingons sont des populations celtiques constituant l'un des peuples gaulois. Leur ethnonyme est constitutif du toponyme de la ville de Langres située au sud du département français de Haute-Marne.

Une partie du peuple Lingon s'est établie en Italie au IVe siècle av. J.-C., dans le delta du Pô.

La Gaule vers -100

Sommaire

Territoire en Gaule-transalpine

A sa plus grande extension, le territoire lingon transalpin couvre approximativement les territoires actuels suivants (non compris celui des Mandubiens intégré à la Lingonie au début du Principat) :

La capitale de la Lingonie-transalpine lors de la Gaule-romaine est Andemantunnum (selon Pline l'ancien), actuelle ville de Langres, sous-préfecture de l'arrondissement éponyme.

Les Lingons transalpins ont pour voisins les peuples gaulois ci-après :

Ethnogenèse

Diffusion de la métallurgie en Europe

Les Lingons, Lingones pour les auteurs latins, constituent l'un des peuples celtes les plus anciens de la Gaule. Leur territoire originellement identifié se situe entre le cours inférieur du Serein à l'ouest, la Saône à l'est, l'Ouche au sud et l'actuel Perthois au nord, sur les plateaux de Langres-Châtillonnais et du Barrois méridional ainsi que leurs marges.

Les datations les plus hautes des objets en fer de facture celtique collectés sur le territoire originel des Lingons font remonter leur ancienneté au début de l'Âge du fer européen (IXe siècle av. J.-C.), le territoire concerné relevant de l'aire de diffusion initiale de la culture celte du Hallstatt (comme ultérieurement de celle de La Tène).

Le Hallstatt-ancien des Lingons est en continuité culturelle avec le Bronze-final local, comme en témoignent notamment les inventaires archéologiques des nombreux tumuli des arrondissements de Langres et de Montbard ne faisant pas apparaitre de hiatus entre les deux périodes.

Bronze-final en territoire lingon transalpin

Article connexe : Bronze final.

Le Bronze-final européen se manifeste notamment en territoire lingon transalpin par une production d'objets très élaborés tels que les cuirasses de Marmesse et le moyeu de roue de Langres préfigurant une véritable industrie métallurgique lingonne. Les profits résultant de la diffusion de ces objets manufacturés et la spécialisation du travail correspondante induisent une nouvelle structure sociale augurant de la forte hiérarchisation de la société du Hallstatt.

Les Lingons dans le Monde-celte du Hallstatt

Diffusion celtique du VIIIe au IVe siècles av. J.-C.
Article connexe : Civilisation de Hallstatt.

La société celtique centreuropéenne du Premier âge du fer à laquelle appartiennent les Lingons, entre environ -900 et -500, est dominée par une aristocratie guerrière héritière de la transformation sociale du Bronze final. Outre sa hiérarchisation marquée, cette société est caractérisée par de nouvelles pratiques funéraires. Les défunts sont inhumés dans des sépultures individuelles sous tumulus, celles des personnalités de marque étant dotées d'un char d'apparat et d'un très riche mobilier, à l'image de celles des dignitaires de l'Égypte antique... En territoire lingon notamment, les sépultures de Poiseul, Magny-Lambert, Sainte-Colombe-sur-Seine et Vix illustrent ces pratiques, les artéfacts de ces deux dernières attestant de relations avec les comptoirs grecs et le Monde-étrusque.

Les produits méditerranéens, tels que le vin et le corail rouge, sont échangés contre l'étain des îles britanniques nécessaire à la fabrication du bronze, l'ambre de la Baltique, l'or recueilli dans certaines rivières de la Région-rhénane ainsi que contre les armes et autres objets en acier pour lesquels les Celtes révèlent une maîtrise inimitable. Cette maîtrise du métal se manifeste particulièrement dans l'émergence d'un véritable Art celte à laquelle contribuent largement les Lingons, comme en témoignent le bracelet à triscèle de Montsaugeon et les boucles d'oreilles de Sainte-Colombe-sur-Seine.

Les peuples occupant les points de passage obligés entre l'Europe centrale, septentrionale et méridionale, tels que les Lingons sur le Seuil de Langres, prennent une position commerciale stratégique qu'il convient de défendre. Cette position explique la multiplication des habitats de hauteur puissamment fortifiés comme celui du Mont-Lassois en territoire lingon.

Les Lingons dans le Monde-celte du début de la Tène

Article connexe : La Tène.

La première vague de diffusion du fer en Europe, la Culture de Hallstatt, est suivie par celle de la Tène il y a environ 2 500 ans. Cette dernière diffusion culturelle celte est marquée à son début par une mutation de la société gauloise du Hallstatt-final, conséquence d'une crise interne, de la réorganisation des circuits commerciaux ou des luttes entre Grecs et Étrusques pour le contrôle des échanges commerciaux. Les citadelles celtes du Premier âge du fer, poumons des relations commerciales, sont abandonnées au profit d'un mode de vie plus rural dominé par une chefferie guerrière. Certains territoires tel que celui des Lingons apparaissent comme de nouveaux pôles de la culture celtique.

Une lente évolution se produit dans les coutumes et les productions, de nouveaux objets d'apparat comme le stamnos ([1]) et le miroir importés d'Étrurie prennent place dans les tombes princières telle que celle de la Motte-Saint-Valentin (Courcelles-en-Montagne [2]) en territoire lingon. Les mobiliers funéraires laissent entrevoir une moindre disparité sociale entre les puissants et le peuple. Les importations méditerranéennes décroissent, les bijoux sont moins somptueux, les sépultures des personnalités de haut-rang perdent de leur monumentalité tout en conservant leur mobilier type : le poignard de parade fait place à la panoplie guerrière complète, le char à deux roues plus léger et plus rapide que celui à quatre roues y apparait. La longue épée de fer caractéristique de l'équipement militaire laténien supplante les armes plus courtes de la période antérieure, de nouveaux types de fibules apparaissent. Les récipients destinés au vin tels que le tonneau et les vases en céramique, bien que ces derniers soient encore inspirés des œnochoés étrusques, sont fabriqués par des artisans locaux. Un art décoratif original s'affirme, dont la contribution des Lingons est attestée par des objets telle que la rouelle de Balesmes-sur-Marne. Les vastes cimetières destinés aux défunts des catégories populaires, signe d'un peuplement dense, comportent des tombes plates sans tumulus. Les femmes portent des agrafes de ceinture, des fibules, des torques. Les fantassins sont inhumés avec leur armement : épée, lance, javelot, cotte de mailles… Cette dernière, d'origine celte, deviendra le lorica hamata à la suite de son adoption par l'Armée romaine après l'invasion celtique en Italie à laquelle participeront les Lingons.

Les Lingons dans l'expansion celtique de la Tène-ancienne

Article connexe : Raids gaulois en Italie.

Alors que le Monde celte apparaît globalement stable au milieu du Ier millénaire avant J.-C., les IVe et IIIe siècle av. J.-C. voient d'importants groupes celtes se mettre en mouvement.

Au début du IVe siècle av. J.-C. se produit l'Invasion celtique en Italie, demeurée célèbre en raison de la victoire remportée en -387 sur les Romains lors de la Bataille de l'Allia et de l'épisode des Oies du Capitole suivi du célèbre Vae victis lancé par Brennus aux vaincus... D'importants groupes migrants de Lingons, Sénons, Boiens et Cénomans s'établissent en force en Italie du Nord. En coalition avec le peuple celte des Insubres établi dans l'actuelle Lombardie au moins depuis le VIe siècle av. J.-C., ils constituent la Gaule transpadane, les Lingons prenant alors possession du delta du Pô dans l'actuelle Province de Ferrare.

Dans le même temps a lieu l'Invasion celtique en Pannonie, première étape d'une expansion plus vaste en direction du Bassin des Carpates dont témoignent de nombreuses tombes découvertes sur le territoire de l'actuelle Hongrie. Vers 279 av. J.–C., la Grande expédition commandée par le Second Brennos pénètre en Thessalie, force le Passage des Thermopyles et marche sur Delphes. L'un des groupes celtes partis envahir la Grèce s'installe au retour au confluent de la Save et du Danube pour donner naissance aux Scordiques. D'autres groupes s'établissent en Thrace pour y fonder le Royaume de Tylis. Un dernier groupe passe au service de Nicomède Ier, roi de Bithynie, qui l'installe en Anatolie où il fonde le Royaume-galate.

Les Lingons dans la Gaule de la Tène-moyenne

Lingons de Gaule-cisalpine

« Gaulois mourant » (détail)
Article connexe : Gaule cisalpine.

Les celtes de Gaule cisalpine, dont les Lingons du delta du Pô, parviennent à se maintenir face à Rome au prix des batailles d'Arretium en -284 et du Lac Vadime en -283.

En dépit de leur pugnacité, les Sénons doivent se retirer d'Étrurie et se replier sur la Plaine padane en -232. En -225 les Insubres sont défaits à la Bataille de Faesulae et perdent Mediolanum. Après l'échec de la contre-offensive gauloise à Télamon la même année, les Celtes ne parviennent pas à contenir la poussée de Rome en Cisalpine, les Insubres étant défaits à Clastidium en -222. Lors de la Deuxième guerre punique, les celtes cisalpins s'allient à Carthage. L'issue du conflit n'ayant pas été favorable à la Cisalpine gauloise, les Boïens sont défaits de -203 à -191. Après la victoire romaine de Betriacum en -200, seuls les Insubres résistent jusqu'à leur reddition à Mutina en -194. Dès lors, la Gaule-cisalpine tombe sous la dépendance de la République romaine.

Lingons de Gaule-transalpine

Taranis de l'oppidum du Châtelet à Gourzon
Article connexe : Oppidum.

La Gaule transalpine voit se développer il y a environ 2 200 ans la Culture des Oppida marquée par la réinstallation de places fortes. Outre leur fonction militaire, les oppida sont des places de commerce sur d'importantes voies de communication. On voit s'y développer de puissants pouvoirs locaux, on y frappe la monnaie dont la circulation et le rôle dans les échanges s'accroissent rapidement. Un monde nouveau apparaît ainsi en des endroits tels que l'éperon de Langres, capitale des Lingons, et l'oppidum du Châtelet (Gourzon) sur leur territoire.

Cette mutation révèle une nouvelle organisation de la société gauloise caractérisée par l'influence grandissante des druides et l'autorité de l'aristocratie militaire incarnée par les vergobrets. Il apparaît aussi que la royauté familière aux Celtes au cours des siècles précédents a désormais disparu au profit des oligarchies dominantes des diverses cités. Il est attesté que le père de Vercingétorix, Celtillos, a été tué par ses compatriotes parce qu'il aspirait à la royauté. Les profondes transformations de la société gauloise transalpine et les invasions des Belges entamées il y a environ 2 300 ans, notamment en direction des Iles britanniques, ont sérieusement ébranlé le Monde-celte dont le centre de gravité se trouve à ce moment là en Gaule-transalpine, laquelle doit compter avec la pression des Germains au nord-est...

Les Lingons dans la Gaule-préromaine

Développement économique des Lingons transalpins

Potin « à la grosse tête »

Les Lingons de Gaule-transalpine, alliés des Éduens au sud, contrôlent les échanges commerciaux au carrefour des axes Rhône-Saône-Meuse et Seine-Marne, entre nord de l'Europe-occidentale et Méditerranée.

Outre leur position commerciale et leur auto-suffisance agricole, les Lingons transalpins disposent de gisements de minerai de fer dont ils maîtrisent parfaitement l'extraction et le processus sidérurgique ainsi que la métallurgie comme en témoigne la belle chaudronnerie-dinanderie de Vertillum.

La Lingonie-transalpine est par ailleurs réputée pour sa richesse en céréales et bois. La qualité de ses productions textiles et vestimentaire est en outre reconnue, particulièrement celle du Bardocucullus, sorte de coule ou de saie à capuche très portée en Gaule et exportée depuis Marseille et Narbonne dont les Lingons se partagent le marché avec les Santons. A partir de 50 les Lingons maîtrisent la viniculture, comme en attestent les datations des restes du pressoir gallo-romain de Selongey.

Les nombreuses monnaies frappées par les Lingons identifiées dans tout le quart nord-est de la France et en Suisse attestent leur dynamisme économique.

Évolution géostratégique

Périple des Helvètes en -58
Articles connexes : Guerre des Cimbres et Helvètes.

La soumission de la Gaule-cisalpine au pouvoir de Rome, suivie de l'implantation romaine au sud de la Gaule en -118, marque le début du recul géostratégique du Monde-celte. En -81 la Gaule-cisalpine devient Provincia ariminum administrée par un propréteur et vers -42 elle est annexée à la République romaine.

A partir de -121, la limite nord de la Province romaine de Narbonnaise correspond à la partie de la vallée du Rhône comprise entre le Lac Léman et le confluent avec la Saône. Avec cette proximité géographique les Lingons transalpins et les Éduens, intermédiaires traditionnels des Romains dans les échanges commerciaux avec l'Europe-septentrionale, voient leur position commerciale renforcée, le couloir Saône-Rhône constituant alors une « zone de libre-échange » dite du Denier à l'est de la Gaule chevelue.

La Zone du Denier prend une importance géostratégique avec la Guerre des Cimbres voyant ses derniers et leurs alliés s'imposer en Gaule chevelue et Narbonnaise ainsi qu'en Hispanie avant que les Cimbres soient défaits par les Romains à la Bataille de Verceil. La Guerre des Cimbres, première importante violation de la souveraineté territoriale de Rome, à pour conséquence immédiate le renforcement du pouvoir militaire dans la République romaine. Cette évolution permet l'ascension politique de généraux tels que Jules César, lequel allait être confronté à la pression des Germains suèves sur le nord-est de la Gaule et aux conséquences géostratégiques en résultant.

Durant leur périple en Germanie et Norique, les Cimbres et leurs alliés ont bousculé les populations des territoires traversés dont celles d'une bonne partie des peuples celtes d'Europe centrale et de l'important groupe germanique des Suèves occupant un vaste territoire au centre-nord de la Germanie. Au début du Ier siècle av. J.-C. une grande partie des Suèves se met en mouvement vers le sud-ouest et se heurte aux populations celtiques du sud et de l'ouest de la Germanie n'ayant pas migré avec les Cimbres (auxquels s'étaient joints une partie des Boïens et les Helvètes-tigurins). En dépit de leur sérieuse résistance face aux Suèves, plusieurs peuples celtes de Germanie doivent migrer vers de nouveaux territoires :

Poursuivant leur avancée dans les Champs décumates, les Suèves s'adjoignent les Vangions et atteignent le Rhin vers -65. Au nord, ils sont confrontés pour un temps à la résistance des Ubiens qui parviendront à se maintenir sur la rive droite du Rhin jusqu'en -39 ainsi qu'à celle des Usipètes et Tenctères qui devront trouver refuge sur le territoire des Ménapiens en -55.

Solidement établis sur la moyenne vallée du Rhin, les Suèves sont au contact des Séquanes alors que ces derniers et leurs alliés Arvernes sont en guerre contre les Éduens. Les Séquanes pactisent avec le chef suève Arioviste dans une coalition contre les Éduens pendant que Rome doit mater la révolte des Allobroges en Narbonnaise. Comme tribut de leur aide militaire, les Suéves s'octroient une importante partie du territoire des Séquanes, lesquels renversent leur alliance en se coalisant avec les Éduens pour les repousser... Après la défaite de la coalition gauloise vers -60 consacrant l'installation des Suèves en territoire séquane, Éduens et Séquanes sollicitent l'assistance de Rome. proconsul de la Narbonnaise, César est mandaté par le Sénat romain pour contrer la menace suève. Refusant la proposition de partition de la Gaule entre Germains et Romains faite par le chef suève Arioviste, César défait les Suèves à la bataille de l'Ochsenfeld en -58 à l'issue de laquelle ils se retirent à l'est du Rhin.

La même année voyant les Suèves repoussés de Gaule, Helvètes, Tulinges, Rauraques, Latobices et Boïens pénètrent sur le territoire des Ambarres. Devant le risque que cette incursion soit suivie de l'installation des Germains d'outre-Rhin aux confins de la Narbonnaise, les troupes de César interviennent avec l'appui des Lingons et des Éduens pour contenir les Helvètes en territoire ambarre. En dépit de cette intervention, les Helvètes pénètrent en territoire éduen où ils sont mis en déroute devant Bibracte. Ce succès de César conforte son ambition politique et son alliance avec les Lingons et les Éduens. Disposant ainsi d'une vaste zone sécurisée s'interposant entre les Germains d'outre-Rhin et la Narbonnnaise, il en fait une tête de pont pour lancer ses légions à l'assaut du reste de la Gaule...

Lingonie-transalpine dans la Guerre des Gaules

Civitas-lingonum

Les Lingons dans la Gaule-transalpine romaine du Haut-empire

Article connexe : Andemantunnum.

Historique

Après la conquête romaine la Lingonie-transalpine, dénommée alors Civitas-lingonum, connaitra une forte instabilité territoriale. Relevant initialement de la Gaule lyonnaise, la Civitas-lingonum est intégrée à la Gaule belgique puis à la Germanie supérieure avant d'être rattachée à la Lyonnaise. Au gré des affrontements des entités géopolitiques succédant à ces trois provinces, cette instabilté territoriale perdurera sur dix-sept siècles, jusqu'à la fin de la Guerre de trente ans...

En tant qu'alliés de César lors de la Guerre des Gaules, leur territoire ayant hébergé son état-major de campagne et servi de base logistique à ses légions, les Lingons obtiennent en compensation de la perte de leur indépendance politique le statut de peuple fédéré. Cette alliance se manifeste notamment par la présence de deux cohortes de Lingons dans l'Île de Bretagne, comme en témoignent des inscriptions locales et une citation par Frontin dans son Stratagemata (selon Tacite). Vers -15 le territoire de la Civitas est augmenté de celui des Mandubiens, dans le cadre du redécoupage des provinces par Auguste.

L'allégeance des Lingons au pouvoir central de Rome perdure lors de la Révolte de Sacrovir en 21 sous Tibère et de la rébellion de Vindex contre Néron en 68. Le début de la Guerre-civile met un terme au légitimisme des Lingons qui ne reconnaissent pas le pouvoir de Galba après le suicide de Néron. Cette prise de position entraîne la rupture du fœdus par Galba, la Civitas devenant alors une simple colonie romaine. Après l'assassinat de Galba, Othon octroie la citoyenneté romaine aux Lingons pour s'assurer de leur soutien politique. En dépit de cette faveur les Lingons prennent le parti de Vitellius et laissent la Ve-légion, emmenée par Fabius Valens depuis la Germanie inférieure pour porter Vitellius au pouvoir à Rome, traverser librement leur territoire.

La désorganisation politique à la tête de l'Empire conduit les Lingons menés par Julius Sabinus à se joindre au Soulèvement des Bataves fomenté par Gaius Julius Civilis en 69. Après la révolte avortée des Bataves et l'auto-proclamation d'Empereur par Julius Sabinus dont la tentative d'usurpation le conduit à la mort, Vespasien retire la citoyenneté romaine aux Lingons et les place sous la surveillance directe de la VIIIe-légion cantonnée à Mirebellum avec un détachement sur l'actuel territoire de la commune de Chenôve.

Sous Domitien la Civitas, amputée du Pagus d'Apance annexé à la Séquanie et vraisemblablement de celui des Mandubiens annexé au territoire éduen, est détachée de la Gaule belgique et intégrée à la Germanie supérieure.

Infrastructures urbaines et réalisations architecturales

Article connexe : Voies romaines en Gaule.

La Pax-romana confirme la position de carrefour routier majeur occupé par la Civitas-lingonum sur l'axe Lyon-Trèves du réseau Agripa, comme l'indiquent la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin. Les nombreux restes de voies tels que ceux de Faverolles et un bon nombre de bornes milliaires temoignent de cette importance routière.

Détail de la Table de Peutinger représentant le réseau de voies romaines à l'est de la Gaule au IVe siècle
Article connexe : Architecture romaine (Empire).

Outre les restes de voies ainsi que de nombreux artéfacts et une abondante épigraphie, les nombreux vestiges de la Langres antique (dont la très belle « mosaïque de Bacchus ») et dans une moindre mesure ceux du « castrum » de Dijon témoignent du développement urbain de la civitas.

De la période gallo-romaine en Lingonie subsistent par ailleurs les vestiges du Mausolée de Faverolles et des éléments de substructions, particulièrement des :

Divinités, lieux de culte et rites funéraires

Article connexe : Mythologie celtique gauloise.

Avec ses deux nécropoles, Dijon était un site religieux lingon notable mais surtout Bourbonne-les-Bains, haut lieu du thermalisme religieux gallo-romain comme l'atteste l'importante épigraphie votive du site dédiée à Borvo et sa parèdre, Damona, le culte de cette dernière étant aussi identifié à Balesmes-sur-Marne et Châtillon-sur-Seine. En limite des territoires lingon et leuque, Grand était un important sanctuaire consacré à Grannos.

Outre la grande déesse gauloise Epona, d'autres divinités telles que Vindonnus, Sukellos et Cernunnos étaient vénérées par les Lingons, les vestiges du temple de Mirebellum témoignant du culte lingon de ce dernier. Une statuette représentant un personnage masculin paré d'un torque et d'un plastron figurant un sanglier fut découverte vers 1922 sur la Côte d'Alun. Cette statuette, dite du Dieu d'Euffigneix[1], est une probable représentation d'une divinité topique. L'onomastique et la toponymie locales attestent de la vitalité du panthéon gaulois en Lingonie.

Les rites funéraires des Lingons gallo-romains sont rapportés par les très nombreus ex-voto inventoriés sur leur territoire et par le Testament du Lingon.Ce texte énonce les ultimes volontés d'un riche testamentaire concernant notamment les objets devant être incinérés avec lui, l'architecture de son monument funéraire et les repas rituels devant y être célébrés, cette architecture funéraire étant particulièrement bien illustrée par les vestiges du Mausolée de Faverolles.

Diocèse de Langres

Constance Chlore, vainqueur des Alamans devant Langres (buste des collections du Musée de Pergame)

Les Lingons dans la Gaule-transalpine du Bas-empire

Article connexe : Empire des Gaules.

Dans la seconde moitié du IIIe siècle la Civitas-lingonum, devenue Diocèse de Langres rattaché à la Lyonnaise, subit des incursions des Alamans et probablement des Francs. Vers 298 les Alamans sont défaits par Constance Chlore devant Langres.

Article connexe : Grandes invasions.

Lors des grandes invasions du début du Ve siècle, le diocèse est ravagé par les Vandales (407-409) et de nouveau assailli par les Alamans dont les raids se poursuivent jusqu'au milieu du siècle. Devant ces incursions répétées, les Lingons se placent vers 460 sous la protection des Burgondes dont la montée en puissance s'affirme depuis leur installation dans l'est de la Gaule vers 440.

Selon Jacques Vignier (Jacobo Vignerio) dans son Chronicon Lingonense de 1665, la ville de Langres aurait été en partie détruite par l'armée coalisée hunno-germanique lors du raid conduit par Attila en 451, en dépit de la protection burgonde. Intégré progressivement à la Burgondie, le Diocèse de Langres échoit en 534 à Théodebert-Ier au terme de la conquête de la Burgondie par les Francs.

Annexes

Notes

Références

  • Venceslas Kruta - Les Celtes, Histoire et Dictionnaire - page 134, ch. « Le problème des origines » & Les Celtes en Italie - Mondadori à Milan / 1999
  • Elena Percivaldi - Les Celtes, une civilisation européenne - Giunti à Florence / 2003
  • C. Peyre - La Cisalpine gauloise du IIIe au Ier s. av. J.-C. - Paris / 1979
  • S. Migneret - Précis de l'Histoire de Langres - Dejussieu à Langres / 1835
  • Joseph Drioux - Thèse de la Faculté de Droit de Paris - A. La-Hure à Paris / 1883
  • Georges Drioux - Cultes indigènes des Lingons - A. Picard à Paris (Impr.champenoise à Langres) / 1934 & Les Tumulus de l'arrondissement de Langres - Bulletin de la Société préhistorique française / 1941 (vol.38, n°3, p.77-80)
  • J. Briard - L'Âge du bronze en Europe - Errance à Paris / 1985
  • P. Brun - Princes et princesses de la Celtique - Errance à Paris / 1987
  • C. Éluère - L'or des celtes - Bibliothèque des arts à Paris / 1987
  • J. Guilaine - La France d'avant la France - Hachette à Paris / 1980
  • Stephan Fichtl - Les peuples gaulois - Errance à Paris / 2004
  • Yann Le-Bohec - Inscriptions de la cité des Lingons et lapidaire de la Civitas fœderata lingonum - CTHS à Paris / 2003
  • Martine Joly - Carte archéologique de la Gaule : Langres, 52/2 - pré-inventaire archéologique publié sous la responsabilité de M. Provost - Académie des inscriptions et belles-lettres, Ministère de la Culture et de la Communication, Maison des sciences de l’Homme à Paris / 2001
  • Yann Le-Bohec & André Buisson - Traduction du Testament du Lingon - Université Jean-Moulin, Centre d'études romaines et gallo-romaines / 1990
  • Jacques Vignier (Jacobo Vignerio) - Chronicon lingonense ex probationibus decadis historiae contextum uiriusque - Langres / 1665
  • D.Gaultherot - L'anastase de Langres / 1649.
  • Abbé Mangin - Histoire du diocèse de Langres et de celui de Dijon - Paris / 1765

Historiographie

Les Lingons sont mentionnés par Posidonios et ses continuateurs, Diodore de Sicile, Strabon et Athénée ainsi que par Polybe, Tacite, Pline l'ancien, Ptolémée, Claudien, Frontin et Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules.

Bibliographie

  • Les Celtes en Italie par Venceslas Kruta - Mondadori à Milan / 1999
  • Cultes indigènes des Lingons par Georges Drioux - A.Picard à Paris (Impr.champenoise à Langres) / 1934
  • Inscriptions de la cité des Lingons & lapidaire de la Civitas fœderata lingonum par Yann Le-Bohec - CTHS à Paris / 2003
  • Les Tumulus de l'arrondissement de Langres (Bulletin de la Société préhistorique française) par Georges Drioux / 1941
  • La Cisalpine-gauloise du IIIe au Ier s. av. J.C. par C.Peyre - Paris / 1979
  • Précis de l'Histoire de Langres par S.Migneret - Dejussieu à Langres / 1835
  • Les Peuples gaulois par Stephan Fichtl - Errance à Paris / 2004

   

Articles connexes

Liens externes

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