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Bataille des champs Catalauniques
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Les huns à la bataille de Chalons
par Alphonse de Neuville (1836–85)Informations générales Date 20 au 22 septembre 451 Lieu Environs de Troyes, Champs Mauriaques Issue Indécise, grandes pertes des deux côtés, conduit au repli d'Attlia au-delà du Rhin Belligérants Empire romain,
Wisigoths,
Francs,
Alains,
Burgondes,
Armoricains,
Saxons,
Bagaudes ,
Sarmates
Huns,
Ostrogoths,
Gépides,
Hérules,
Skires,
Ruges,
Pannoniens,
Akatzires,
GélonsCommandants Aetius,
Théodoric Ier †,
Mérovée,
Gondioc,
SangibanAttila,
Valamir,
Ardaric,
BérikForces en présence 120 000 500 000 (chiffre incertain) Pertes Inconnues Inconnues (jusqu'à 160 000 morts et blessés au total en comptant les deux camps) En 451 après J.-C., la bataille des champs Catalauniques est une bataille au cours de laquelle les les forces coalisées composées de Gallo-romains et de peuples fédérés menées par le patrice romain Aetius repoussèrent les troupes des Huns emmenées par Attila. Elle fut appelée ainsi parce que les chroniqueurs grecs, un siècle plus tard, situaient le lieu de cette bataille aux environs de Châlons-en-Champagne (Duro Catalaunum à l'époque gallo-romaine). Aujourd'hui encore, à proximité de « la Grande Romanie », antique voie romaine entre Reims et Toul, reconvertie en chemin départemental rectiligne, on peut rencontrer un terrain bordé de fossés (vestiges d'un antique relais militaire romain ou d'une enceinte celte ?) appelé « le camp d'Attila » (cf. commune de La Cheppe).
Ætius eut l'occasion, comme otage dans sa jeunesse, de côtoyer les Huns et, à plusieurs reprises, en avait enrôlé comme troupes auxiliaires. Il est dès lors vraisemblable que cette bonne connaissance des us et coutumes, notamment militaires, de ce peuple nomade lui servit utilement dans le déroulement de la bataille.
La victoire romaine permit, durant quelques années, de maintenir la présence de l'Empire et interdit toute implantation des Huns en Gaule. Elle y conforta, en revanche, la présence des peuples barbares fédérés. La bataille des champs Catalauniques marque l'avancée extrême en Occident des Huns établis en Pannonie (les actuelles plaines hongroises).
Sommaire
Localisation
La localisation précise du champ de bataille reste incertaine. Deux lieux principaux se dégagent des études.
Actuellement, le site considéré comme le plus probable où se droula ce combat se situe dans un lieu appelé Campus Mauriacus[1], Champs Mauriaques, situés à quinze kilomètres à l'Ouest de Troyes, dans la plaine de Moirey, au sud de la commune de Dierrey-Saint-Julien (Aube).
Selon certains chercheurs européens, le champ de bataille serait situé à une douzaine de kilomètres au Nord-Est de Châlons-en-Champagne, sur la commune de La Cheppe. On y trouve une vaste enceinte protohistorique dite « camp d'Attila », datant du IIe siècle av. J.-C., située sur les bords de la Noblette, vestige d'un oppidum gaulois occupé ensuite par les Romains. Ce lieu de forme elliptique comprenant des fortifications à fossés entourés de remparts en terre, hauts d'environ sept mètres, est aujourd'hui envahi par la végétation qui entoure le camp d'une épaisse barrière d'arbres. La voie romaine passant à proximité, et la vaste plaine qui le jouxte permettent d'envisager qu'une bataille s'y est déroulée. Toutefois ce camp, ne fut identifié comme « camp d'Attila », qu'à partir du XVIIIe siècle. Napoléon III fasciné par l'histoire y fait lancer des fouilles, mais sans résultat. Une autre série de nouvelles fouilles (à la fin du XIXe siècle) permettront de mettre au jour des céramiques, des colliers en bronze et diverses pièces en fer forgé (conservés au musée de Saint-Germain-en-Laye).
Selon encore d'autres, comme l'historien britannique Thomas Hodgkin (1831 - 1913), la bataille se serait déroulée près de Méry-sur-Seine à vingt-cinq kilomètres au Nord-Ouest de Troyes.
Le lieu exact reste cependant incertain, la « querelle » entre les historiens partisans de ces thèses est donc loin d'être terminée.
Déroulement de la bataille
Attila avait le soutien de Genséric (Gaiseric), roi des Vandales qui lui servait aussi d'agent de renseignement et de diplomate.
Attila ne rencontra pas de résistance significative jusqu'à ce qu'il atteigne Aureliani (de nos jours Orléans). Sangiban, roi des Alains, dont le territoire incluait Aureliani, avait promis d'ouvrir les portes de cette ville à Attila, mais les Romains eurent connaissance de ce complot et furent non seulement capables d'occuper par la force la cité, mais obligèrent les troupes de Sangiban à se joindre à l'armée alliée. Lorsque Attila se présente et constate qu'il ne peut compter sur cette ville, il fait retraite. Poursuivi, il décide de faire front dans l'espoir de tuer Aetius, qui fut son compagnon d'armes dans sa jeunesse, au risque de sa propre vie. La somme des richesses accumulées au cours des pillages de l'Europe centrale le ralentit considérablement.
Les deux armées groupaient des combattants de nombreux peuples (cf. tableau), mais on ne peut le voir comme un affrontement est-ouest, des deux côtés nombreuses étaient les tribus germaniques, parfois apparentées (Goths), et les Huns étaient minoritaires parmi l'armée d'Attila.
La nuit avant la bataille principale l'une des forces du côté romain rencontra une bande de Gépides loyaux à Attila où environ 15 000 hommes de chaque côté furent mis hors de combat.
La bataille aurait impliqué de 30 000 à 40 000 combattants. Le combat débute à 15 heures pour ne finir que tard dans la nuit. Les pertes sont très élevées des deux côtés, mais les barbares d’Aetius, équipés à la romaine, prennent le dessus dans les combats rapprochés.
Les forces d'Aetius occupant le sommet de la colline, les Huns lancèrent une attaque de cavalerie. Repoussés ils furent poursuivis par les Wisigoths, dont le chef Théodoric Ier fut tué, et se retranchèrent derrière leurs chariots placés en cercle à la tombée de la nuit.
Le lendemain Aetius et le fils de Théodoric Ier, Thorismond, discutèrent de la stratégie à adopter. Ce dernier voulait attaquer le camp des Huns encerclé, mais Aetius craignait sans le dire que les Wisigoths ne deviennent trop puissants. Il conseilla à son allié de retourner à Toulouse pour s'assurer de son royaume vis à vis de ses frères[2]. Ce serait en fait Thorismond lui-même qui aurait choisi de quitter le champ de bataille puisqu'il avait objectivement plus d'avantages qu'Aetius à ne pas anéantir totalement les Huns : ainsi, la menace représentée par ses frères était réelle (son court règne prend fin l'année suivante après un complot auquel certains de ses frères n'étaient pas étrangers) sans compter qu'une déroute des Huns aurait sans doute largement fourni l'armée romaine en auxiliaires.
Attila était suffisamment désespéré pour avoir placé une pile de selles pour faire un éventuel brasier dans lequel il aurait fait jeter son corps si la situation devenait critique. Lorsqu'il vit que les Wisigoths partaient, il crut à une feinte, mais il finit par comprendre qu’Aetius lui laissait ouvert le chemin du retour. Les autres alliés barbares se dispersèrent. Aetius ne put pas attaquer seul Attila, qui resta un temps sur les lieux puis se retira lentement sur le Rhin, guidé par l’évêque Loup de Troyes.
Si le nombre des combattants était sans doute très élevé, il est très difficile de connaître celui des pertes, car nous n'avons pas d'inventaire direct et Attila fut diabolisé par les historiens de l'époque. Les contingents alains venus d'Orléans durent néanmoins subir de lourdes pertes, car on n'entendit plus parler d'eux.
Stratégiquement, il n'y eut pas de vainqueur : les coalisés d'Aetius se désunirent, et Attila mena l'année suivante une nouvelle offensive contre l'Italie du Nord sans rencontrer de résistance[3], ce qui semble indiquer que les pertes subies par ce dernier furent minimes et que son prestige ne fut pas trop "atteint" par une défaite lourde (voire le contraire). De manière générale, les autorités romaines ecclésiastiques ont grossi exagérement l'importance du revers infligé aux Huns; ils se sont retirés du champ de bataille les chariots remplis de butin, ce qui était l'objectif primordial de leur campagne et pouvait permettre à Attila de continuer à compter sur ses vassaux pour les campagnes à venir. De ce point de vue, les Champs Catalauniques sont anecdotiques.
Postérité
Le mythe développé sur la bataille
La bataille des Champs Catalauniques devint le mythe de la victoire contre les Huns, avec toutes les altérations historiques qui forgent un mythe : ainsi, une fresque gigantesque du peintre allemand Wilhelm von Kaulbach [4] la dépeint comme une bataille des chrétiens contre les Huns, où le roi Théodoric mort au combat plane au milieu du tableau, tenant une croix qui irradie dans toutes les directions. Frappé par cette fresque, Franz Liszt composa en 1857 le poème symphonique La Bataille des Huns (Hunnenschlacht), mêlant thème tzigane pour les Huns, style wagnérien pour l'engagement et évocation grégorienne pour le final.
Voir aussi
Bibliographie
- Jordanès, Histoire des Goths, les Belles Lettres, Paris, 1995.
- Pierre Riché, Les invasions barbares, P.U.F, Que sais-je?, 1983 (6ème édition mise à jour). ISBN 2-13-038308-4. Pierre Riché soutient la thèse des Champs Mauriaques (Campus Mauriacus), à Moirey, entre Sens et Troyes.
- Anne Logeay, Aux champs catalauniques..., revue Historia, juin 2007.
Liens internes
Liens externes
- Grigori Tomski Récit de la bataille
Notes et références
- ↑ Page 273 dans Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances extraordinaires du Comité Impérial des Travaux Historiques et des Sociétés savantes (1864)
- ↑ Telle est la version donnée par l'historien du VIe siècle, Jordanès dans son histoire des Goths, chapitres 36 à 43
- ↑ Joseph Épiphane Darras, Histoire générale de l'église depuis le commencement de l'ère chrétienne..., 1855, p. 544
- ↑ (en) article anglais
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