- Dinanderie
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Le mot dinanderie est apparu au XIVe siècle. Il est dérivé du radical de dinandier. Il désigne l'ensemble des ustensiles de cuivre et de laiton fabriqués à l'origine dans la ville de Dinant, en Belgique[1].
Sommaire
Description
La dinanderie est la technique du dinandier. Elle consiste à mettre en forme les métaux en feuille comme le cuivre, le laiton, l'argent ou encore l'étain au moyen de différents outils dont principalement les marteaux. Les différentes techniques nécessaires à la réalisation d'une pièce sont :
- Le traçage et la découpe d'un flan,
- la mise en forme proprement dite par des techniques de roulage, de cintrage, de pliage, d'emboutissage et de rétreint,
- L'assemblage par agrafage, soudage ou brasage, et bordage,
- le prè planage (au maillet tonneau), le planage (marteau postillon et battes à planer) et l'utilisation de poinçon pour le marquage et le façonnage des motifs en relief par la technique du repoussé et les divers traitements de surface pour la finition et le rendu final de la pièce.
Selon le matériau employé, les opérations de mise en forme peuvent être précédées ou entre-coupées de traitements thermiques spécifiques ayant pour but de restaurer l'aptitude du matériau à la déformation c'est-à-dire de supprimer l'écrouissage provoqué pendant le travail du matériau. Il peut par exemple s'agir d'un recuit pour un acier doux ou d'une trempe pour un duralumin ou encore de chauffes successives suivies de refroidissements étagés (trempe suivie d'un revenu par exemple) selon les exigences du matériau travaillé, exemples :
- étain et plomb, pas de recuit ;
- or et argent, recuit teinte rose pâle ;
- cuivre, recuit teinte rouge cerise ;
- le laiton doit se chauffer à 500 °C, être refroidi à 300 °C, repasser à 700 °C, puis être refroidi lentement.
Les techniques de mise en formes
- Le roulage consiste à former les parties cylindriques ou coniques. Les outils employés sont les barres de tôlier mais aussi les rouleuses mécaniques (type planeur, pyramidale, ...etc)
- Le cintrage consiste à former les parties genre couronne un peu comparable à la forme d'un sabre. Le cintrage est ce qui est obtenu lorsqu'une partie de tôle ou un profilé sont formé dans l'axe du moment d'inertie le plus élevé. Dans le cas d'un tube (moment d'inertie identique quel que soit l'axe de formage) on emploie toujours le mot cintrage. Les outils employés sont les machines à cintrer, des presses et aussi le marteau et les formes associées (jamais de rouleuse).
- Le pliage consiste a effectuer un pli selon le rayon le plus petit possible sans endommager le matériaux. Les outils employés sont les plieuses, les presses plieuses mais aussi les pinces et le marteau associé à des artifices tels que les mâchoires vis-écrous, les étaux munis de cornières de protection...
- L'emboutissage consiste à former les parties non développables comme des cols de signe (bec de théière par exemple) ou encore des formes sphériques, toriques ou quelconques. Les outils employés sont le maillet à emboutir, le marteau à boule, les différent tas (plomb, salières, etc.) ainsi que les machines d'emboutissage mécaniques ou hydrauliques,
- La rétreinte permet de lever un bord (par exemple le bord d'une tourtière). Les principaux outils sont le marteau à rétreindre ainsi que les presses.
- Le bordage consiste à sécuriser le bord d'une pièce en escamotant les arêtes tranchantes. Les outils employés sont les marteaux à rétreindre et à rentrer ainsi que les machines à border. L’agrafage, qui est un moyen d'assemblage, utilise pratiquement la même technique et les mêmes outils.
- Le prè-planage se fait au maillet tonneau voire au marteau. Il permet d'éliminer les grosses irrégularités (creux ou bosses) de la mise en forme. Le coup est portant. La pièce est prise entre le maillet et le tas, on entend la résonance de la masse métallique (tas).
- Le planage se fait au marteau postillon ou à la batte à planer (faces planes ou bombées). Il termine la mise en forme et redonne une dureté (écrouissage)) à la pièce. Le coup est portant. La pièce est prise, comme dans le prè-planage, entre le marteau et le tas, on doit également entendre la résonance de la masse métallique support (tas). L'aspect final sera lisse ou facetté suivant le choix de l'outil.
Cette méthode de travail permet d'obtenir des pièces de toutes formes et dimensions au poids relativement réduit puisqu'elles sont creuses et que la feuille de métal employée ne dépasse pas 1,5 mm d'épaisseur. Cette technique était, à la base, utilisée pour la création de récipients divers tels que chaudrons, bassines, pichets, assiettes, théières, aiguières réalisés dans des matériaux différents selon les castes sociales.
Aujourd'hui, elle apparaît aussi dans le domaine décoratif où elle permet la réalisation de fontaines, baignoires, vasques, miroirs, luminaires et petits objets divers...
Historique
- Dès le 4e millénaire avant notre ère, le cuivre, qui contenait alors de l'arsenic, était travaillé en Égypte et en Chaldée.
- La dinanderie proprement dite fut cependant pratiquée au début du XIe siècle dans la vallée de la Meuse, d'abord à Huy puis à Dinant (ville d'où cette discipline tire son nom). Elle est probablement à l'origine d'une importante tradition d'orfèvrerie liturgique qui se répand dans tout le pays mosan et produit des châsses, reliquaires, croix, reliures d'une grande richesse (art mosan).
- Renier de Huy exécute, de 1107 à 1118, en laiton, les fameux fonts baptismaux de Saint-Barthélemy à Liège, d'une perfection classique exceptionnelle à l'époque.
- Par la suite, les œuvres deviennent plus complexes, plus chargées et les matériaux plus variés. Godefroy de Huy emploie l'émail champlevé dans ses réalisations, notamment le chef reliquaire du pape Alexandre, réalisé pour l'abbaye de Stavelot et exposé aux Musées royaux d'art et d'histoire de Bruxelles.
- Nicolas de Verdun exécute la châsse de Notre-Dame pour la cathédrale de Tournai en 1205. Le frère Hugo d'Oignies cisèle des œuvres délicates et raffinées qui sont visibles à Namur, au couvent d'Oignies.
- Beaucoup d'œuvres anonymes, comme la châsse de Visé (XIIe siècle) ou celle de Stavelot (XIIIe siècle), sont des pièces de dinanderie appartenant également à l'art mosan.
Les hauts lieux de la dinanderie en France sont Villedieu-les-Poêles et Durfort. À noter qu'en France, le saint patron des chaudronniers, dont les dinandiers font partie puis par extension les métallurgistes et les mécaniciens, est saint Éloi à l'exception des dinandiers de Villedieu-les-Poêles qui ont choisi saint Hubert, partout ailleurs saint patron des chasseurs.
Références
Voir aussi
- Battage
- Jean Dunand, 1877 - 1942 (dinandier de la période Art déco)
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