- Sanctuaire gallo-romain de Grand
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Le sanctuaire gallo-romain de Grand est un sanctuaire dédié au dieu guérisseur gallo-romain Apollon-Grannus, édifié au Ier siècle et situé dans le village de Grand dans les Vosges en France.
Sommaire
Le sanctuaire et son histoire
Description
Sa construction est datée entre l'an 70 et 140 de notre ère. Il comportait une enceinte de 1750 m avec 22 tours et portes délimitant un espace de 70 hectares[1]. Quinze kilomètres de galeries hydrauliques convergent vers le centre du sanctuaire qu'occupe la résurgence d'une rivière souterraine. Leur fonction était de régulariser le débit de la source. 307 puits ont également été répertoriés sur l'ensemble du site.
La photo aérienne du site de Grand révèle un espace circulaire limité par le chemin de ceinture appelé encore aujourd'hui "Voie close" et qui correspond au pomœrium des lieux de culte antiques[2].
Un ex-voto trouvé sur le site en 1935 porte l'inscription somno jussus, confirmant par là la pratique de l'incubation par les pèlerins : ceux-ci passaient la nuit dans l'enceinte du sanctuaire et attendaient la visite du dieu au travers d'un songe. On peut supposer des purifications préalables et un rituel autour de l'eau.
Visiteurs célèbres
En 213, l'empereur Caracalla aurait peut-être visité le sanctuaire. Ce n'est là cependant qu'une hypothèse ; elle s'appuie sur un passage de Dion Cassius[3] qui pourrait s'appliquer aussi bien à Grand qu'au sanctuaire de Faimingen (Rhétie)[4].
En 309, l'empereur Constantin se rendant à Trèves se détourne de sa route pour visiter le sanctuaire[5]
Sainte Libaire et la mémoire du sanctuaire
À travers la Passion de Saint Élophe[6] et son extension la Passion de Sainte Libaire[7], textes hagiographiques du Moyen Âge, on peut voir une tentative de christianisation des rites païens de Grand.
L'amphithéâtre
Article détaillé : Amphithéâtre de Grand.L'édifice à plan basilical et sa mosaïque
Une mosaïque de 232 m2 a été découverte en 1883 par Félix Voulot ; c'est la plus grande mosaïque de Lorraine. Elle couvrait le sol de la basilique. Pendant longtemps datée du milieu du IIIe siècle, certains spécialistes pensent aujourd'hui qu'elle pourrait être plus ancienne (deuxième moitié du IIe siècle)[8]
Le motif central ou emblema dont un tiers seulement subsiste, pourrait représenter une scène du Phasme de Ménandre[9].
Les tablettes zodiacales de Grand
En 1967 et 1968, furent trouvées dans le puits 77, quatre tablettes d'ivoire, formant deux diptyques ; il semble qu'elles aient été brisées de façon intentionnelle. Elles témoignent de la tradition égyptienne de la fin de la période ptolémaïque ou du début de la domination romaine[10]. Les noms des décans sont retranscrits en vieux-copte au moyen de caractères grecs. L'un des diptyques est conservé au Musée départemental des Vosges à Épinal, l’autre est au Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye. Ces tablettes sont un témoignage des influences orientales qui se répandent en Gaule, surtout à compter de la fin du IIe siècle après J.-C.[11].
Notes
- Jean-Paul Bertaux, le sanctuaire de l'eau de Grand, d'Apollon... à Sainte Libaire, Le Pays Lorrain, mars 2006
- "Aujourd'hui fossilisé par le chemin de ceinture du village, perpétué par le toponyme évocateur de la "Voie close", cet espace de quelque 880m de diamètre, était, à l'égal du pomœrium, matérialisé par un simple fossé, ponctué ici et là de statues ou groupes sculptés" Chantal Bertaux, Pèlerinage au sanctuaire de Grand, in : Les tablettes astrologiques de Grand (Vosges) et l'astrologie en Gaule romaine : actes de la table ronde du 18 mars 1992, organisée au Centre d'études romaines et gallo-romaines de l'Université Lyon III, De Boccard, 1993, p. 25-38
- Dion Cassius, Histoire romaine, 78, 15, 5-6. "Mais aucun des dieux ne lui donna une réponse qui aboutît à la guérison de son corps ou de son esprit, bien qu'il honorât tous les plus illustres... En effet, ni Apollon Grannus, ni Asklépios, ni Sérapis ne lui vinrent en aide, malgré ses nombreuses supplications et sa grande persévérance"
- Jeanne-Marie Demarolle, Caracalla consulte Apollon Grannus en 213 : À Grand ou à Faimingen ((Rhétie) ? in : La mosaïque de Grand : actes de la table ronde de Grand, 29-31 octobre 2004, p. 63-82
- Panégyrique de Constantin, VII, 21, 3-4. " Le lendemain du jour où, informé de cette agitation, tu avais fait doubler les étapes, tu appris que tous ces remous étaient calmés et que la tranquillité était revenue, telle que tu l'avais laissée <à ton départ>. La fortune elle-même réglait toute chose de telle façon que l'heureuse issue de tes affaires t'avertit de porter aux dieux immortels les offrandes que tu leur avais promises <et que la nouvelle t'en parvint> à l'endroit où tu venais de t'écarter de la route pour te rendre au plus beau temple du monde, et même auprès du dieu qui y habite, comme tu l'as vu. Car tu as vu, je crois, Constantin, ton protecteur Apollon, accompagné de la Victoire, t'offrir des couronnes de laurier dont chacune t'apporte le présage de trente années" (Texte : Galletier, E., Panégyriques latins, II, VII, 21, l-4 ; Paris, Les Belles Lettres, 1952, p. 72)
- Bibliotheca Hagiographica Latina, 2482
- Bibliotheca Hagiographica Latina, 4903
- La mosaïque de Grand : actes de la table ronde de Grand, 29-31 octobre 2004 / études réunies par Jeanne-Marie Demarolle, Metz : Centre régional universitaire lorrain d'histoire, 2006
- Jean-Pierre Darmon, la mosaïque de Grand mise en perspective, in : La mosaïque de Grand : actes de la table ronde de Grand, 29-31 octobre 2004, p. 91-118
- Jean-Claude Goyon, l'origine égyptienne des tablettes décanales de Grand (Vosges), in : Les tablettes astrologiques de Grand (Vosges) et l'astrologie en Gaule romaine, table ronde du 18 mars 1992, De Boccard, 1993, p. 63-76
- Jean-Pierre Martin, L'astrologie dans l'occident romain : les conditions de pénétration, in : Les tablettes astrologiques de Grand (Vosges) et l'astrologie en Gaule romaine, table ronde du 18 mars 1992, De Boccard, 1993, p. 13-29
Bibliographie
- Les tablettes astrologiques de Grand (Vosges) et l'astrologie en Gaule romaine : actes de la table ronde du 18 mars 1992, organisée au Centre d'études romaines et gallo-romaines de l'Université Lyon III, De Boccard, 1993
- La mosaïque de Grand : actes de la table ronde de Grand, 29-31 octobre 2004 / études réunies par Jeanne-Marie Demarolle, Metz : Centre régional universitaire lorrain d'histoire, 2006
- Jean-Paul Bertaux, le sanctuaire de l'eau de Grand, d'Apollon... à Sainte Libaire, Le Pays Lorrain, mars 2006
- Jean-Noël Castorio, “Le 'Pseudo-Marsyas' et le portrait présumé de Géta découverts à Grand (Vosges)”, Latomus 65, 3, 2006, p. 659-678, pl. VII-XIV.
Liens externes
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