- Cénomans
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Les Cénomans ou Cénomani sont un peuple gaulois, de Gaule cisalpine qui, comme les Sénons, les Lingons et les Boïens, ont émigré en Italie au IVe siècle av. J.-C.. Ils sont une fraction du peuple des Aulerques et plus précisément une faction des Aulerques Cénomans transalpins.
Sommaire
Histoire
Fondation de Brixia et romanisation
Selon Tite Live, les Cénomans proviennent de Gaule et vraisemblablement de la région du Maine oriental où étaient établis les Aulerques Cénomans. Sous la conduite de Etitovios, leur installation en Italie aurait été facilitée par Bellovèse, un roi, dont l'existence réelle est douteuse et dont les historiens actuels s'accordent à penser qu'il s'agit d'un personnage mythique.
Tite Live, Histoire Romaine, V, 35 : « Bientôt, suivant les traces de ces premiers Gaulois, une troupe de Cénomans, sous la conduite d'Élitovius, passe les Alpes par le même défilé, avec l'aide de Bellovèse, et vient s'établir aux lieux alors occupés par les Libuens, et où sont maintenant les villes de Brixia et de Vérone. »
Polybe, Histoire générale, II, 3 : « Vers la source de ce fleuve étaient les Laëns et les Lébiciéens ; ensuite les Insubriens, nation puissante et fort étendue ; et après eux les Cénomans ; auprès de la mer Adriatique, les Vénètes, peuple ancien qui avait à peu près les mêmes coutumes et le même habillement que les autres Gaulois, mais qui parlait une autre langue. »
Opposés d'abord à Rome, il semble qu'ils se rallièrent à la République romaine même avant la bataille de Télamon en -225[1].
Des témoignages montrant des rapprochements, dans le temps, entre les Cénomans et les Romains, existent :
Polybe, Histoire générale, II, 5 :
« Les Insubriens et les Boïens soutinrent aussi constamment le parti qu'ils avaient pris ; mais les Vénètes et les Cénomans se rangèrent du côté des Romains, gagnés par les ambassadeurs qu'on leur avait envoyés, ce qui obligea les rois gaulois de laisser dans le pays une partie de leur armée pour le garder contre ces peuples. »
Tite Live, Histoire Romaine, XXXII, 30 :
« Le consul Cornélius établit son camp sur ce fleuve, à cinq milles au-dessous de l'ennemi. De là il envoya des émissaires dans les bourgs des Cénomans et à Brixia leur capitale, et acquit la certitude que, si la jeunesse du pays avait pris les armes, c'était sans l'aveu des anciens, et qu'aucune décision publique n'avait autorisé les Cénomans à se joindre aux Insubres révoltés. Il fit donc venir les principaux de la nation, et mit tout en œuvre pour les gagner et obtenir qu'ils se séparassent des Insubres, et que, levant leurs enseignes, ils se décidassent ou à rentrer chez eux, ou à passer du côté des Romains. Il ne put réussir ; mais il reçut leur parole qu'ils resteraient neutres dans le combat, ou que, si l'occasion se présentait, ils aideraient les Romains. Les Insubres ignoraient cette convention ; ils avaient pourtant quelques soupçons. »
Tite Live, Histoire Romaine, XXXIX, 3 : « En Gaule, le préteur M. Furius, qui cherchait un prétexte de guerre au milieu de la paix, avait désarmé les Cénomans, sans avoir aucun grief contre eux. Les Cénomans allèrent s'en plaindre à Rome, et le sénat les renvoya au consul Aemilius, qu'il chargea de l'instruction et du jugement de cette affaire. À la suite de débats fort animés, les Cénomans obtinrent gain de cause; le préteur eut ordre de leur rendre leurs armes et de quitter la province. »
La capitale des Cénomans était Brixia (Actuelle Brescia)[2].
Ce nom Brescia' dérive du radical gaulois *brica / *briga (sommet, colline, hauteur), radical qui se retrouve dans d'autres toponymes de l'aire d'influence celtique (Bresse, la Brie, Bressanone, etc.
Les Cénomans furent alliés des Romains. En -49, sous Jules César, ils obtiennent la pleine citoyenneté romaine avec l'ensemble de la Gaule cisalpine
Il s'ensuivit une période de paix et de prospérité économique notamment grâce à l'agriculture, au commerce, aux carrières de marbre et aux exploitations minières, qui firent de la région un des pôles central du nord de l'Italie à l'époque romaine.
Un peuple, parmi les peuples gaulois, de Gaule Cisalpine
Le nom « Gaulois » (latin galli) est attesté, quant à lui, pour la première fois sous la plume de Caton l'Ancien vers -168, pour désigner les habitants qui avaient envahi la plaine du Pô, c'est-à-dire les habitants de la Gaule cisalpine. On sait principalement grâce à l'étymologie qu'il s'agissait bien de peuples nord-alpins.
La Gaule cisalpine (Latin : Gallia cisalpina, Gallia transpadana, Gallia citerior, Provincia ariminum ou Gallia togata) s'étendait dans la plaine du Pô, au nord de l'Italie. Elle était ainsi nommée par les Romains pour sa position en deçà des Alpes, et par opposition à la Gaule transalpine (au-delà des Alpes).
Elle correspondait aux régions actuelles d'Émilie Romagne, le Frioul-Vénétie julienne, la Ligurie, la Lombardie, le Piémont et la Vénétie. Ses limites étaient les suivantes : à l'ouest, les Alpes; au nord, les Alpes et les lacs situé à leur pied; à l'est, le territoire de Trieste; au sud, le Rubicon et l'Arno ou la Macra (territoire des Étrusques) et l'Apennin ligure.
Située au nord de la péninsule, la Gaule cisalpine fut créée sous la République en -81 et était administrée par un propréteur.Elle ne faisait donc pas partie des provinces romaines impériales. La province était gouvernée depuis Mutina (d'aujourd'hui Modène). La province est annexée à l'Italie vers -42/43 sous les seconds triumvirats.
Strabon, Géographie, V, 1, 9: "Ainsi les contrées au-delà du Pô sont habitées par les Henétes et les Istriens jusqu'à Pola. Au-dessus des Hénétes. sont les Carnes, les Cénomans, les Médoaces et les Insubres. Tous furent les ennemis des Romains à l'exception des Cénomans et des Hénetes qui furent leurs alliés, même avant l'expédition d'Hannibal, quand ils firent la guerre aux Boïens et aux Insubres, et encore dans la suite."
Curiosités
Clivana - Il s'agirait d'une divinité n'apparaissant que sur une unique inscription découverte à Canale en Italie du Nord, sur le territoire des Cénomans. « Canale (CIL 05, 7593) - G(ENIO) L(VCI) N(OSTRI) IVN(ONI) CLIVANAE N(OSTRAE) IVN(ONI) ANNAEAE N(OSTRAE) VIANELLIA RESTITVTA » Elle y est associée à Junon, et figure en compagnie d'Annea (elle aussi assimilée à Junon), et des genius locus (génies du lieu). Aucune étymologie du nom n'est proposée, mais l'origine celtique de cette déesse semble retenue par la plupart des spécialistes.
Viredia - Nom féminin de personne apparaissant sur une inscription funéraire découverte à Brescia (Italie-du-Nord), où elle est l'un des défuntes, et fille de Tertulla. Son nom est basé sur la racine celtique virido- "loyauté, courage, juste". « Brescia (CIL 5, 4522) D(IS) MANIB(VS) ALBV[C]IA T[E]RTVL[L]A VIRIDIAE T[E]RTVL[L]AE MATRI DIGNISSIMAE »
Sources
- Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 2000, (ISBN 2-7028-6261-6).
- X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 2003
- X. Delamarre, Noms de personnes celtiques dans l'épigraphie classique, Errance, Paris, 2007
Notes et références
- Polybe, Histoires, II, 6.
- Pline, H.N., III, 130.
Lien externe
Catégories :- Peuple gaulois
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