- Évariste-Vital Luminais
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Évariste-Vital Luminais Charles-Evariste-Vital Luminais (1821-1890) photographié en 1870. Nom de naissance Charles-Évariste-Vital Luminais Naissance 13 octobre 1821
NantesDécès 1896
ParisNationalité France Activité(s) Peintre Maître Léon Cogniet, Constant Troyon Élèves Albert Maignan, Alexandre Nozal, Armand Queyroy, Jeanne Rongier, Emily Sartain Mouvement artistique Peinture d'histoire Œuvres réputées Les Énervés de Jumièges, La Fuite du roi Gradlon, La Veuve Influencé par Constant Troyon Influença Albert Maignan Récompenses Légion d'honneur modifier Évariste-Vital Luminais, né à Nantes le 13 octobre 1821 et mort à Paris en 1896, est un peintre français.
Sommaire
Biographie
Fils de Clara et René Luminais, il naît au sein d'une famille de parlementaires et d’hommes de loi : , son arrière-grand-père, Michel Luminais, procureur de Vendée ; son grand-père, Michel-Pierre, avocat et député de la Vendée de 1799 à 1803[1] ; son père, futur député de la Loire-Inférieure de 1831 à 1834 et de l'Indre-et-Loire de 1848 à 1849[2]. Sa famille, consciente de son talent, l’envoie à Paris auprès du peintre et sculpteur Auguste Debay (1804-1865). Il n'a alors que 18 ans et suit alors les cours de Léon Cogniet ( 1794-1865), peintre d'Histoire et portraitiste qui comptera parmi ses élèves Léon Bonnat (1883-1922). Enfin, il fréquente l’atelier de Constant Troyon (1810-1865), peintre de paysage et d’animaux, qui sera son véritable maître.
En première noce, il épouse Anne Foiret qui lui donne une fille, Esther. En 1874, Anne décède et en 1876 il se remarie avec une de ses élèves, Hélène de Sahuguet d'Amarzit d'Espagnac, veuve depuis le guerre de 1870, de Claude Durand de Neuville.
Sa carrière officielle débute au Salon français, où deux de ses toiles sont admises en 1843. Il sera médaillé aux salons de 1852, 1855, 1857, 1861, et 1889. En 1869, il reçoit la Légion d'honneur. Il partage son temps entre son atelier parisien du 17 boulevard Lannes et sa maison de Douadic dans l'Indre, au lieu-dit La-Petite-Mer-Rouge.
Il meurt à Paris âgé de 75 ans, et est inhumé dans le petit cimetière de Douadic. La ville de Nantes lui a dédiée une rue.
Son œuvre
Peintre de salon, classé trop rapidement parmi les peintres pompiers[3] et donc voué à l'infamie par les tenants de l'art moderne, Luminais oscille entre la peinture de genre et la peinture d'Histoire ; ses œuvres, présentes dans le monde entier, passent alternativement des cimaises aux réserves au gré d'expositions thématiques ou selon le bon vouloir des conservateurs et de la mode du temps.
Les Énervés de Jumièges
Une des œuvres de ce peintre assez méconnu a échappé à l'oubli. Il s'agit des Énervés de Jumièges[4] de 1880 dont l'artiste fit deux tableaux (Rouen, Sydney) après avoir réalisé plusieurs études. L'œuvre s'inspire d'un récit apocryphe qui raconte le supplice infligé au VIIe siècle par le roi mérovingien Clovis II à deux de ses fils révoltés. Ce tableau, porteur d’un symbolisme étrange, a tour à tour fasciné et dérangé les spectateurs, comme beaucoup des peintures de cet artiste que la critique commence timidement à reconsidérer. Selon la légende, les fils rebelles furent punis à la suggestion de leur mère qui conseilla de leur faire couper les tendons des jambes puis de les remettre à la grâce de Dieu, les laissant dériver sur un radeau au fil de la Seine. Ils auraient été secourus par les moines du monastère bénédictin de Jumièges et se seraient réconciliés plus tard avec leurs parents. Cette peinture est considérée comme le chef-d'œuvre de Luminais et a fait sensation au salon de Paris de 1880.
Le peintre en a d'abord réalisé une esquisse intitulée Première pensée pour les énervés de Jumièges, représentant le moment du supplice et comportant quatre personnages, puis une étude pour les énervés de Jumièges n'ayant plus que trois personnes et présentant les suppliciés dérivant sur la Seine. Cette nouvelle version, précédant le sauvetage des fils de Clovis et leur accueil au sein d'un monastère bénédictin, souligne l'horreur de leur situation. Lors du salon de 1880, Luminais présente une nouvelle version où les personnages sont réduits aux deux suppliciés; elle fut vendue à l'Australie sous le titre Les fils de Clovis II et exposée dans la galerie d'art de la Nouvelle-Galles du Sud à Sydney, après avoir été présentée dans différents lieux d'exposition dont la galerie française de Messrs Wallis & Sons à Londres en 1881, l'exposition internationale de Munich en 1883 et enfin la galerie nationale d'Australie du Sud et la galerie nationale de Victoria en 1896. Une dernière version grandeur nature fut acquise par l'état français pour le musée des beaux-arts de Rouen.
Le peintre des Gaules
Luminais a largement participé à la diffusion de cette iconographie nouvelle véhiculée par les manuels scolaires et l'idéologie de la IIIe République ; c'est à cette époque que naît la représentation du gaulois au casque ailé et aux longues tresses blondes célébrée par l'imagerie populaire. Ainsi la scène du tableau Gaulois revenant de la chasse comporte-t-elle quelques anachronismes, notamment dans l'habillement : braie et haut-le-corps serrés. Il s'agit ici d'un retour de chasse et non d'une scène guerrière, le casque représente bien plus un accessoire nécessaire à la caractérisation du Gaulois, qu'un attribut guerrier. La longue chevelure rousse participe à l'idée que l'on se faisait des gaulois au XIXe siècle[5].
La même liberté apparait dans la toile En vue de Rome, où la représentation des casques et du bouclier de gauche est très fantaisiste[6]. L'aventure des Celtes en Italie a frappé très tôt de manière durable l'imagination des artistes[7].
Le Peintre des Gaules représente également des scènes de bataille opposant les différents peuples qui s'y sont affrontés. Les Romains, rôdés aux techniques d'attaque par leurs campagnes précédentes, allaient au combat équipés de cuirasses à éléments métalliques. Téméraires, les Celtes les affrontaient torse nu, n'ayant pour toute protection qu'un casque et un bouclier[8].
Une autre de ses toiles nous montre la bataille de Tolbiac au moment où les Alamans s'enfuient devant les hordes franques. Théophile Gautier en fit ce compte-rendu dans le Salon de 1848 : « La multitude vaincue se présente en raccourci au spectateur, et la fuite continue hors de la toile : les chevaux effarés galopent sur des fondrières, où ils se précipitent ; les grands bœufs qui traînent les chars de bagage, fous d’épouvante, se jettent de côté, résistant à tous les efforts de leurs conducteurs, et forment, dans ce torrent humain, avec l’obstacle des chariots, des espèces d’îles, autour desquelles la foule écume et fait des remous, et que surmontent les bras tordus des femmes au désespoir. A l’horizon, tant que le regard peut s’enfoncer, l’on aperçoit des vagues de fuyards, où se dresse, çà et là, comme un flot blanchissant, un cheval qui se cabre, atteint par la francisque ou la flèche d’un vainqueur[9]. » La lecture de Chateaubriand lui a inspiré une autre de ses œuvres : Combat de cavaliers francs[10].
Luminais a également peint plusieurs toiles représentant les francs Mérovingiens. Ignorants les données de l'archéologie funéraire, les peintres du XIXe siècle proposèrent des costumes germaniques orientaux pour les reines mérovingiennes[11]. Luminais inventa ainsi le portrait d'une princesse mérovingienne. De même, la déposition de Childéric III, avec l'accord du pape Zacharie, par Pépin le bref et son enfermemant dans le monastère de saint Bertin à Saint-Omer lui donna l'idée d'une toile. Luminais aurait utilisé comme modèle le grand-père d'un dénommé Roger-René Dagobert[12].
Il rencontra Théodore Hersart de La Villemarqué, qui avait publié un recueil de chants populaires de Bretagne, le Barzaz Breiz. Un de ces chants raconte la légende de la ville d'Ys, qui inspira à Luminais une toile conservée au musée des beaux-arts de Quimper. Elle représente la scène où le roi Gradlon fuit à cheval la ville d'Ys submergée par les flots. Il est rejoint par saint Guénolé qui le somme de jeter Dahut, son unique fille qui l'accompagne, à la mer. Plusieurs esquisses de cette œuvre sont conservées aux musées des beaux-arts de Quimper, Rennes et Nantes.
Il pressent mais sans vraiment les précéder les Réalistes sociaux, notamment dans une œuvre comme la Veuve, de 1865, proche par le mouvement des figures, la lumière et le drame suggéré, du peintre belge Eugène Laermans (1864-1940).
Luminais ne fut pas seulement un peintre de Salon avide d'honneurs et de commandes, mais également un artiste capable d'audaces de touches, des bonheurs de matières qui transcendent l'académisme de sa manière.
Luminais et le Berry
Pendant près de quarante ans, il séjournera au pays des milles étangs la Brenne en Berry dans son atelier d'été de Douadic attiré par deux de ses amis fréquentés à Paris dans les milieux littéraires et artistiques, Jules de Vorys et Louis Fombelle ; son goût de la nature et sa passion de la chasse vont s'illustrer dans ses toiles « berrichonnes » aux titres évocateurs :
- L'Hallali, souvenirs de chasse en Brenne de 1863.
- Les deux gardiens.
- La Folle du tertre, légende locale, toile grand-format toujours présente en Berry dans une collection particulière.
- La Chasse à travers les âges, vaste composition en six panneaux pour orner la salle à manger de son vieil ami Louis Fombelle.
- un dessin, pour le livre de son ami Jules de Vorys : Dagobert en Brenne.
La fille de sa seconde femme Hélène, Marthe épousera Geoffroy Hérault de la Véronne, grand-père des propriétaires actuels de Château du Bouchet.
Peinture monumentale
La coupole de la Bourse de commerce de Paris, une surface 1500 m² commencée en 1886 et inaugurée en 1889, représentant l'Histoire du Commerce entre les continents, où Luminais représenta l'Amérique dans l'esprit colonialiste de l'époque: des indiens, des esclaves, des ouvriers, des cow-boys, ainsi qu'une locomotive symbole de modernité[13].
Bibliographie
- Catalogue de l'exposition Evariste Vital Luminais, Peintre des Gaules, par les musées des Beaux-Arts de Carcassonne et le Musée de l'Ardenne à Charleville-Mézières en 2003 (ISBN 2-905666-22-6).
- Simone de Beauvoir, à propos des Énervés de Jumièges, écrira dans la Force de l'Âge, Paris, 1960, p. 234 : « la calme horreur qu’elle évoque ».
Filmographie
- Le Défilé des toiles, un film de Gilles Brenta et Claude François, production Les trois petits cochons, 1997.
- Les Énervés de Jumièges, court métrage de Claude Duty.
Notes et références
- [1] Site de l'Asemblée nationale :
- [2] Ibidem :
- Dans Pour une histoire culturelle de l'art moderne (Odile Jacob, 1993) Pierre Daix le cite à propos de ce qu'il appelle le « déferlement des pompiers du conformisme historique » p. 286.
- Le terme d’« Énervés » est à prendre littéralement : on leur a coupé les nerfs des bras et des jambes.
- Ouest-France, p. 70. Renée Grimaud, Nos ancêtres les gaulois, collection Mémoires, éditions
- Ibid., p. 19.
- Gallimard - Réunion des musées nationaux, p. 65. Christiane Eluère, L'Europe des Celtes, éditions Découverte
- Ibid., p. 79.
- Théophile Gautier, Salon de 1848.
- Françoise Vallet, De Clovis à Dagobert : Les Mérovingiens, collection Histoire, éditions Découvertes Gallimard - Réunion des musées nationaux, p. 29.
- Patrick Périn et Gaston Duchet-Suchaux, Clovis et les Mérovingiens, collection Historia, éditions Tallandier, p. 140.
- Roger-René Dagobert, Le roi Dagobert : Histoire d'une famille et d'une chanson, p. 74.
- Les références de cette page proviennent du catalogue Evariste Vital Luminais, Peintre des Gaules,1821-1896, organisée en 2003 par les Musées de Carcassonne et de l'Ardenne à Charleville-Mézières.
Liens externes
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