Tombe de Vix

Tombe de Vix
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Vix.

47°54′23″N 04°31′58″E / 47.90639, 4.53278

La tombe de Vix est une sépulture princière à char du Hallstatt final (fin du VIe siècle av. J.-C.). Elle se situe sur l'actuelle commune de Vix dans le département français de Côte-d'Or, sur un territoire jadis occupé par le peuple gaulois des Lingons. Découverte en 1953, elle est parvenue intacte. En raison de l'importance et de la qualité de son mobilier, elle est considérée comme une découverte de tout premier ordre pour cette période de la civilisation celtique.

Le site et la sépulture princière fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 22 août 2006[1].

Sommaire

Le site et sa découverte

En janvier 1953, Maurice Moisson, alors le chef du chantier des fouilles menées par la société archéologique de Châtillon-sur-Seine, remarque un léger monticule et une concentration inusitée de pierres dans un champ au pied de l'Oppidum du Mont Lassois, près du petit village de Vix en Côte-d'Or. Maurice Moisson signale immédiatement sa découverte à René Joffroy, archéologue autodidacte qui était à cette époque le président de la société archéologique locale. Ce dernier s'occupe alors activement de la poursuite des fouilles et de l'exhumation de tous les objets de la tombe. Dans sa première publication au sujet de la découverte de la tombe de Vix, René Joffroy mentionne bien le fait que Maurice Moisson est le véritable découvreur de la tombe de Vix, mais dans les éditions suivantes il ne mentionnera plus le rôle premier de ce dernier et passera ensuite pour le premier et unique découvreur.

L'oppidum du Mont Lassois est une butte-témoin de grande taille, qui domine la haute vallée de la Seine d'une altitude de 100 m environ, près de Châtillon-sur-Seine. Sa situation en fait un lieu idéal pour commander la circulation dans la vallée où passe un des itinéraires antiques qui ramenaient l'étain de Grande-Bretagne vers l'Italie. Des fouilles ont montré l'occupation de cet oppidum durant le néolithique et plusieurs des périodes postérieures.

À partir de 2002, de nouvelles fouilles sur le plateau sommital de l'oppidum ont amené à la découverte des vestiges d'un très grand bâtiment, supposé le Palais de la Dame de Vix et situé dans un complexe de constructions que l'on pourrait assimiler à une « ville », fait encore unique pour le monde celtique à cette époque[2]. Le site est ensuite déserté à l'époque gallo-romaine au profit de la cité de Vertillum située non loin.

Au VIe siècle av. J.‑C., la population celtique locale, rattachée à la culture de Hallstatt et dirigée par une aristocratie féminine, profita de ce site exceptionnel pour prélever sans doute une taxe de passage aux marchands d'étain. La puissance des princesses établies au mont Lassois leur permit, suivant le rite aristocratique de l'époque de la tombe à char, de constituer des sépultures d'une richesse exceptionnelle. Cependant, le plus remarquable est que la sépulture de Vix renfermait les restes d'une femme ayant sans doute le rang de reine et de prêtresse, ce qui est révélateur du statut de la femme dans la société celtique.

Le mobilier de la tombe

Creusé dans le sol, le caveau, d'environ 4 mètres de côté était à l'origine recouvert d'un tumulus de pierres et de terre, aujourd'hui complètement arasé. La fouille minutieuse du contenu de la sépulture en janvier et février 1953 permit la reconstitution des différents éléments.
Le corps était allongé dans la caisse d'un char de parade à timon et quatre roues, décoré d'appliques en bronze. De nombreux bijoux, bracelets, torques, fibules en bronze paraient la défunte. Une pièce exceptionnelle, un torque (ou diadème ?)[3] en or pur pesant 485 g fut retrouvé au niveau de la tête. Sa décoration aux extrémités de deux chevaux ailés rappellent le style orientalisant mais il est probable qu'il a été confectionné localement par des artisans s'inspirant de la stylistique grecque et orientale, des techniques de l'orfèvrerie ibérique. Des études sur l'origine de l'or employé appuient cette hypothèse[4], [5].

Le torque en or

Une phiale d'argent hallstattienne, plusieurs vases de bronze, d'origine étrusque, de la céramique grecque antique, étaient déposés près du cratère, dans le caveau envahi de terre et d'eau lors des crues de la Seine. La coupe attique à figure noire, la plus récente, date la sépulture d'une période légèrement postérieure à 525 av. J.-C.

Mais la pièce principale, le vase de Vix, un gigantesque cratère de bronze, le plus grand parvenu jusqu'à nous, a fait la renommée de cette découverte. Sans doute sorti des ateliers grecs d'Italie du Sud vers 540-530 av. J.-C., et, outre ses dimensions exceptionnelles, (1,64 m de haut pour un poids de 208 kg), sa décoration d'appliques de bronze en haut relief, anses en forme de gorgones et frise de chevaux et hoplites, en font un chef-d'œuvre dans l'art du bronze antique. Sa capacité est de 1100 litres.

Article détaillé : Cratère de Vix.

Non loin de Vix, sur la commune de Sainte-Colombe-sur-Seine, un autre ensemble d'objets de bronze de la même époque fut découvert au XIXe siècle, dont un grand bassin sur trépied, ou lébès, à décor de griffons d'origine étrusque ou Anatolienne, ils appartenaient à une sépulture féminine à char. Cependant, le contexte archéologique ne fut pas complètement déterminé. D'autres fouilles plus récentes ont exploré cinq autres tumulus postérieurs et proches de la tombe princière ainsi qu'un petit enclos (funéraire ?) associé à deux fragments de statues anthropomorphes[6] datés probablement de la fin du premier âge du fer. Tout cela, ainsi que les trouvailles provenant de la cité gallo-romaine de Vertillum, est exposé dans le musée du Pays Châtillonnais à Châtillon-sur-Seine.

Autres sites hallstattien qui présentent de grandes similitudes avec Vix (nature du gisement, datation, importance des objets découverts) : la sépulture princière de Hochdorf, près de Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg), en Allemagne, presque contemporaine de Vix (fin du VIe siècle av. J.-C.) et la citadelle de Heuneburg près de Stuttgart dans le Wurtemberg, oppidum fortifié dominant le Danube et ayant livré de nombreuses pièces de vaisselle d'origine grecques. Un autre site fort comparable est celui de Glauberg en Hesse, où un oppidum énorme est associé avec des sépultures en tumulus et des statues datant de la fin du VIe siècle av. J.‑C..

Notes et références

  1. Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA21000043 » sur www.culture.gouv.fr.
  2. Le palais de la Dame de Vix Communiqué du CNRS
  3. Dans les comptes-rendus de l'Académie des inscriptions et belles lettres en 1953, René Joffroy apportait plusieurs arguments pour définir la pièce comme un diadème et non comme un torque (p.175) Le texte du compte-rendu sur le site Persée. Le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais de 1965 parle d'un diadème, mais dans le musée actuel la pièce est décrite comme un torque.
  4. L'or et l'argent de la tombe de Vix - Bulletin de la société préhistorique française, 1989 - ISSN:0249-7638.
  5. Alfred Haffner, Le torque en or de la tombe princière de Vix, in Dossiers d'Archéologie n° 284 (juin 2003)
  6. Rapport détaillé sur l'ensemble des sites et des sépultures site du Graf-Zeppelin-Gymnasium de Friedrichshafen, Allemagne.

Articles connexes

Bibliographie

  • Claude Rolley: La Tombe princière de Vix, pour La Société des Amis du Musée du Châtillonnais - Paris, éditions Picard, 2003 - (ISBN 2-7084-0697-3)
  • Claude Rolley: Vix, le cinquantenaire d’une découverte. Dossiers d'Archéologia N° 284, Juin 2003.Ed: Faton, p. 36-43.
  • Claude Rolley: Vix et son territoire à l'Age du Fer , avec Bruno Chaume & Claude Mordant: fouilles de l'Oppidum du Mont Lassois Ed: Monique Mergoil, Montagnac 2001, 643 p. Planches, cartes, tableaux, plans, schémas, photographies.(ISBN 2-907303-47-3).
  • Claude Rolley: Les Echanges, in : Vix et les éphémères principautés celtiques, Paris 1997, pp.239-242.
  • René Joffroy La Tombe à char hallstattienne de Vix, Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1953, volume 97, n°2, pp. 169-179 - [lire en ligne]
  • René Joffroy Vix et ses trésors-Paris, Ed. Taillandier, 1979.
  • René Joffroy: Le Trésor de Vix (Côte d’Or). Presses Universitaires de France, Paris 1954.
  • René Joffroy: Das Oppidum Mont Lassois, Gemeinde Vix, Dép Côte-d’Or. In: Germania 32, 1954, S. 59-65.
  • René Joffroy: L’Oppidum de Vix et la civilisation Hallstattienne finale dans l’Est de la France. Paris 1960.
  • René Joffroy: Le Trésor de Vix. Histoire et portée d’une grande découverte. Fayard, Paris 1962.
  • Vix, le cinquantenaire d'une découverte, Dossiers d'Archéologie no.284 (juin 2003)
  • Bruno Chaume/Tamara Grübel u.a.: Vix/Le mont Lassois. Recherches récentes sur le complexe aristocratique. In: Bourgogne, du Paléolithique au Moyen Âge, Dossiers d’Archéologie N° Hors Série 11, Dijon 2004, S. 30-37.
  • Franz Fischer: Frühkeltische Fürstengräber in Mitteleuropa. Antike Welt 13, Sondernummer. Raggi-Verl., Feldmeilen/Freiburg. 1982.
  • Bruno Chaume, Walter Reinhard: Fürstensitze westlich des Rheins, in: Archäologie in Deutschland 1, 2002, S. 9–14.

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Tombe de Vix de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем написать курсовую

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Tombe de vix — Le Cratère de Vix La tombe de Vix est une sépulture princière à char du Hallstatt final (fin du VIe siècle av. J. C.). Elle se situe sur l actuelle commune de Vix dans le département français de Côte d Or, sur un territoire jadis occu …   Wikipédia en Français

  • VIX (TOMBE DE) — VIX TOMBE DE L’oppidum du mont Lassois, à Vix (Côte d’Or), est un des hauts lieux de la protohistoire française. Il a été fouillé par J. Lagorgette en 1930, puis par R. Joffroy de 1948 à 1974. C’est une butte témoin, dans la vallée de la Seine,… …   Encyclopédie Universelle

  • Vix (Cote-d'Or) — Vix (Côte d Or) Pour les articles homonymes, voir Vix. Vix Église Saint Marcel …   Wikipédia en Français

  • Vix (côte-d'or) — Pour les articles homonymes, voir Vix. Vix Église Saint Marcel …   Wikipédia en Français

  • Tombe a char — Tombe à char L expression « tombe à char » désigne un mode d inhumation remarquable du Premier âge du fer celtique qui consistait à enterrer le défunt avec un char de guerre dans la même tombe. On en a retrouvé plus de 200 dans la… …   Wikipédia en Français

  • Vix Grave — This article is about the Celtic settlement and burial site in France. For other uses, see Vix. The Vix Krater, an imported Greek wine mixing vessel found in the famous grave of the Lady of Vix The area around the village of Vix in northern… …   Wikipedia

  • Vix (Côte-d'Or) — Pour les articles homonymes, voir Vix. 47° 54′ 24″ N 4° 32′ 24″ E …   Wikipédia en Français

  • Vix — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Vix, commune française de la Côte d Or avec la tombe de Vix le cratère de Vix le palais de Vix Vix, commune française de la Vendée Vix, hameau de Haute… …   Wikipédia en Français

  • Tombe à char — L expression « tombe à char » désigne un mode d inhumation remarquable du Premier âge du fer celtique qui consistait à enterrer le défunt avec un char de guerre dans la même tombe. On en a retrouvé plus de 200 dans la région Champagne… …   Wikipédia en Français

  • Trésor de Vix — Tombe de Vix Le Cratère de Vix La tombe de Vix est une sépulture princière à char du Hallstatt final (fin du VIe siècle av. J. C.). Elle se situe sur l actuelle commune de Vix dans le département français de Côte d Or, sur un territoire jadis… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”