Georges d'Isly

Georges d'Isly

Georges Simenon

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Georges Simenon
Statue de Simenon à Liège
Statue de Simenon à Liège

Autres noms "G. Sim"
Activité(s) romancier
Naissance 13 février 1903
Liège, Belgique
Décès 4 septembre 1989 (86 ans)
Lausanne, Suisse
Langue d'écriture française
Mouvement(s) Roman français du XXe siècle
Genre(s) nombreux genres commerciaux sous pseudonymes, roman policier, romans psychologiques et sociaux qui sont autant de pièces mosaïques d'un roman total, formant une grande œuvre sur son siècle.
Distinctions Académie royale de Belgique (1952)

Georges Joseph Christian Simenon (IPA: [ʒɔʀʒ sim'nɔ̃]), communément appelé Georges Simenon, est un écrivain belge francophone. Il est né à Liège, officiellement, le 12 février 1903[1] et mort à Lausanne le 4 septembre 1989. L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les « Maigret ») éclipsent en partie le reste d'une œuvre beaucoup plus riche.

Simenon est en effet un romancier d’une fécondité exceptionnelle : on lui doit 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes. Les tirages cumulés de ses livres atteignent 550 millions d’exemplaires. Georges Simenon est, selon l'Annuaire Statistique de l'UNESCO de 1989, le dix-huitième auteur toutes nationalités confondues, le quatrième auteur de langue française, et l'auteur belge le plus traduit dans le monde. Il a été choisi comme un des Cent Wallons du siècle, par l'Institut Jules Destrée, en 1995.

André Gide, André Thérive et Robert Brasillach sont parmi les premiers hommes de lettres à le reconnaître comme un grand écrivain. André Gide, fasciné par la créativité de Georges Simenon qu'il avait souhaité rencontrer dès son succès policier, le questionna à maintes reprises, échangea une correspondance quasi-hebdomadaire pour poursuivre les méandres créatifs de cet écrivain populaire et prit la surprenante manie d'annoter en marge tous ces romans pour conclure en 1941 : « Simenon est un romancier de génie et le plus vraiment romancier que nous ayons dans notre littérature d'aujourd'hui ». Menant une enquête encore plus intense mais plus courte en convoquant l'auteur à Darmstadt pour trois jours et nuits de questions ininterrompues, le philosophe allemand Hermann von Keyserling déclarait péremptoirement : « C'est un imbécile de génie. »

Sommaire

Biographie

Simenon est né au 2e étage du « 26 (aujourd'hui 24) rue Léopold » à Liège. Il est le premier fils de Désiré Simenon, comptable dans un bureau d’assurances, et d’Henriette, mère au foyer, treizième enfant issue d’une famille aisée, mariés le 22 avril 1902. Fin avril 1905, la famille déménage au « 3, rue Pasteur » (aujourd'hui 25, rue Georges Simenon) dans le quartier d’Outremeuse. On retrouve l’histoire de sa naissance au début de son roman Pedigree.

La famille Simenon est originaire du Limbourg belge, une région de basses terres proches de la Meuse, carrefour entre la Flandre, la Wallonie et les Pays-Bas (voir aussi Euregio Meuse-Rhin). La famille de sa mère est aussi originaire du Limbourg, mais du côté hollandais ; plat pays de terres humides et de brumes, de canaux et de fermes. Du côté de sa mère, il descend de Gabriel Brühl (paysan et criminel de la bande des verts-boucs qui, à partir de 1726, sous le régime autrichien, écuma le Limbourg, rapinant fermes et églises, et qui finit pendu en septembre 1743 au gibet de Waubach). Cette ascendance explique peut-être l'intérêt particulier que porta le commissaire Maigret aux gens simples devenus assassins. Le Limbourg apparaît aussi. Simenon a logé quelques semaines à Neeroeteren, notamment dans une maison qui lui inspira le roman La Maison du Canal.

Sa jeunesse à Liège

En septembre 1906 naît son frère Christian qui sera l’enfant préféré de sa mère, ce qui marquera profondément Georges. Ce malaise se retrouve dans des romans comme Pietr-le-Letton et Le Fond de la bouteille. Il apprend à lire et à écrire dès l’âge de trois ans à l’école Sainte-Julienne pour les petits. À partir de septembre 1908, il suit ses études primaires à l’Institut Saint-André où durant les six années qu’il y passera jusqu’en juillet 1914, il se classera toujours dans les trois premiers.

En février 1911, la famille s’installe dans une grande maison au « 53 rue de la Loi » où la mère va pouvoir louer des chambres à des locataires, étudiants ou stagiaires, de toutes confessions et origines (russe, polonaise ou belge). Ce fut pour le jeune Georges une extraordinaire ouverture au monde que l’on retrouvera dans nombre de ses romans comme Pedigree, Le Locataire ou Crime impuni. À peu près à cette époque, il devient enfant de chœur, expérience que l’on retrouvera dans L’Affaire Saint-Fiacre et dans Le Témoignage de l’enfant de chœur.

En classe de sixième, en septembre 1914, il entre chez les Jésuites, au collège Saint-Louis, et dès l'âge de douze ans, il décide de vouer sa vie au roman. Lors de l’été 1915, il connaît sa première expérience sexuelle avec une « grand fille » de quinze ans, ce qui sera pour lui une véritable révélation, complètement à l’encontre des préceptes de chasteté promus par les pères jésuites. Il poursuivra sa scolarité dans un autre collège jésuite de Liège, Saint-Servais, qui prépare aux sciences et aux lettres et où il passera trois années de sa scolarité. Cependant le futur écrivain est toujours mis un peu à l’écart par ses camarades plus fortunés, et s'il s’était éloigné de la religion suite à l'enseignement reçu à Saint-Louis, il trouve au collège Saint-Servais maintes raisons de haïr les riches qui lui font sentir son infériorité sociale.

Un jour de l'année 1916, le médecin de la famille Simenon fit appeler le jeune Georges pour lui dire que son père n'avait pas plus d'une année à vivre et qu'il lui fallait travailler. Cette révélation bouleverse le jeune Georges. En février 1917, la famille déménage pour s’installer dans un ancien bureau de poste désaffecté du quartier d’Amercœur. En juin 1918, prétextant les problèmes cardiaques de son père, il décide d’arrêter définitivement ses études, sans même participer aux examens de fin d'année ; s'ensuivent plusieurs petits boulots sans lendemain (apprenti-pâtissier, commis de librairie).

En janvier 1919, en conflit ouvert avec sa mère, il entre comme reporter à la rubrique « faits divers » du journal très conservateur La Gazette de Liège dirigée par Joseph Demarteau, troisième du nom. Cette période journalistique fut pour le jeune Simenon, juste âgé de seize ans, une extraordinaire expérience qui lui permet d’explorer les dessous de la vie d’une grande ville, les dessous de la politique, mais aussi de la criminalité, de fréquenter et de pénétrer la vie nocturne réelle, de connaître les dérives dans les bars et les maisons de passe ; elle lui permet aussi d’apprendre à rédiger de façon efficace. Il écrira plus de 150 articles sous le pseudonyme « G. Sim ». Durant cette période, il s’intéresse particulièrement aux enquêtes policières et assiste aux conférences sur la police scientifique données par le criminaliste français, Edmond Locard. Outre ces thèmes que l'on retrouvera plus tard dans ses romans, l'influence catholique et « réactionnaire » de La Gazette de Liège l'ont conduit à signer, sous le titre « Le Péril juif », une série de 17 articles pugnaces, radicalement et fortement antisémites[2].

En juin 1919, la famille déménage à nouveau pour revenir dans la quartier d’Outremeuse, dans la rue de l’Enseignement. Simenon y rédige son premier roman « Au pont des Arches », publié en 1921 sous son pseudonyme de journaliste. À partir de novembre 1919, il publie les premiers de ses 800 billets d’humeur, sous le nom de Monsieur Le Coq (jusqu’en décembre 1922). Durant cette période, il approfondit sa connaissance du milieu de la nuit, des prostituées, de l’ivresse d’alcool, des garçonnières en ville. Parmi ses fréquentations, il rencontre des anarchistes, des artistes bohèmes, et même deux futurs assassins, qu’on retrouvera dans son roman Les Trois crimes de mes amis. Il fréquente aussi un groupe artistique, dénommé « La Caque » mais sans réellement s'investir ; cependant, c’est dans ce milieu qu’il rencontre une étudiante en Beaux-Arts, Régine Renchon, qu’il épousera en mars 1923. Dans Quand j'étais vieux, Simenon (Presses de la Cité p. 132) évoque (4 janvier 1961) l'influence qu'a eue sur lui le journal de la FGTB liégeoise La Wallonie, nomme André Renard, et auparavant (30 décembre 1960), la grève de 1960-1961 dont les images le font souffrir et lui donnent envie d'envoyer un télégramme « à la Wallonie qui est à la tête de la révolte du peuple belge » (sans qu'on puisse dire s'il s'agit du journal (La Wallonie) ou du pays (ou les deux).

Simenon à Paris

Durant toute cette période, lors de laquelle il fréquente des bohèmes et des marginaux, Georges commence à caresser l’idée d’une véritable rupture, qu’il concrétise après la mort de son père sur la suggestion répétée de sa fiancée artiste-peintre Régine Renchon dénommée affectueusement Tigy. Le 11 décembre 1922, il débarque à Paris pour s’installer et préparer la venue de Tigy qu'il prévoit d'épouser au printemps. Ce grand jeune homme blond sûr de lui, confiant dans son avenir et plein d'une vitalité effrontée sous des apparences prudentes et timides n'a pas choisi la vie d'artiste, puisqu'il bénéficie par l'intermédiaire de Georges Plumier, hommes d'affaire de solides recommandations auprès d'un réseau politique animant la droite française, auréolée de sa représentation à la chambre bleu-horizon. En particulier, Binet-Valmer, écrivain mondain, animateur de la Ligue des chefs de sections et des anciens combattants s'est engagé à le prendre sous son aile. Las, Simenon découvre que cette protection ne comporte que des menues services de portefaix et de manutention sommaires mal rétribués, même si son protecteur présomptueux s'est engagé à le présenter à des cercles littéraires. Aussi, vite remis de cette première désillusion, le jeune homme encore pauvre reporte son enthousiasme sur la Ville Lumière, la grande capitale des arts, découvre avec avidité ses multiples charmes et apprend à aimer ses délires, ses désordres et ses délices.

Le jeune homme n'abandonne pas ses projets et se marie à Liège avec Tigy le 24 mars 1923. Disposant des meubles de l'épousée qui a d'ailleurs plus de ressources financières que le mari, le couple emménage à Paris. Active, Tigy installe un atelier et peint beaucoup de portraits qu'elle expose à Montmartre. Simenon hâbleur sait faire la chasse aux femmes, qui constitue les plus importants modèles de Tigy. Avec son épouse, Georges Simenon approfondit sa connaissance des arts. Il est attiré par la gravure et la sculpture, il poursuit inlassablement sa découverte de la peinture impressionniste commencée à Liège. Jeune poète sensuel, il voudrait en plus donner une troisième dimension à l'expression écrite, exalter par l'écriture une sorte de matière des mots, donner du poids et de la consistance aux choses écrites. Dans cette quête littéraire solitaire, ce manuel qui aime toucher, sentir physiquement ce qu'il accomplit retient surtout comme maître d'écriture Gogol et ses héritiers, à commencer par Dostoïevski et le courant psychologique né des écrivains russes jusqu'à Tchékov.

Le couple aux revenus très modestes fréquente le petit cercle des expatriés liégeois. Enfin, la recommandation au réseau parisien lui permet de s'extirper de l'obscure travail à la Ligue. Le marquis Jacques de Tracy, jeune héritier récemment marié, un des grands bienfaiteurs de la Ligue, le prend pendant plus d'une année en tant que secrétariat et homme de confiance. Un revenu et un statut plus confortable l'extirpent de sa dépendance associative.

Alors que le jeune homme intelligent pénêtre les arcanes de l'aristocratie française en déclin, tant en campagne qu'à Paris, ces premières tentatives littéraires l'amènent à fréquenter le milieu des lettres et des journalistes littéraires. Il place, raconte-t-il plus tard, beaucoup d'espérances en des contes et nouvelles, qu'il apporte à Colette, directrice littéraire du très puissant quotidien parisien, le Matin. Et l'écrivain des années cinquante de suggérer tacitement la sévérité et la cruauté de la patronne Colette, refusant fermement toute chance d'édition au jeune écrivain raté. La femme mûre vivant dans la haute société luxueuse proche du pouvoir lui impose des conseils de rigueur française afin d'éviter la préciosité d'un style empâté ou pastiché : Écrivez des histoires simples, surtout pas de littérature. Et lorsqu'il récidive, elle lui rend le manuscrit, dépitée : "Encore trop littéraire !". Vis à vis de la presse de l'après-guerre, Simenon qui n'ignore pas la popularité de l'écrivaine, immortelle hégérie de la littérature française, l'appelle l'adorable Colette et lui fait endosser mythiquement la paternité de son style et de son œuvre. En réalité, les faits démentent cette histoire pour journalistes : Colette, nullement insensible à la beauté du jeune homme à l'accent liègiois et qui, appelée par ses soins mon petit Sim, paraît sous des airs narquois encore si timide, a finalement accepté au moins deux manuscrits, nécesssaires concis pour des impératifs de publications dans la rubrique Les mille et un matins, dont l'un fut publié le 27 septembre 1923. Ce qui est plus probable est le rôle à longue échéance de la mondaine Madame Colette, introductrice surtout de l'écrivain reconnu auprès de la belle société.

C'est mu par ses expériences que Georges Simenon simplifie radicalement son écriture, et observe avec rigueur le fonctionnement de l'écriture commerciale selon les genres : littérature enfantine d'aventures et de combats, écrits de cœur pour midinettes, histoires sensuelles pour dactylos, drames effrayants pour concierges, historiettes de gare pour voyageurs, écrits érotiques ou licences pornographiques .. Il commence à écrire sous des pseudonymes de plus en plus nombreux, visite maintenant les éditeurs et diffuseurs industriels pour collecter des demandes concrètes, fréquente de moins en moins et en tous cas sans plus rien en attendre l'oisive et futile côterie littéraire parisienne. Les jours de relâche ou de fatique, il part encore plus souvent à la découverte des bistrots, bougnats, meublés, hôtels minables, brasseries et petits restaurants, qui lui offrent le beaujolais, l’andouillette et les petits plats mitonnés.

Il rencontre avec plus d'attention le petit peuple parisien d’artisans besogneux, de concierges acariâtres et de pauvres types à la double vie d'autant plus que dès l'été 1924, le fructueux labeur du couple lui donne accès à un bel appartement Place des Vosges.

Sa créativité stimulée par rencontres, séjours et voyages au delà de la ville éditrice lui assure un succès financier rapide en trois années. Passé vingt-deux ans, il abat directement avec sa machine à écrire deux écrits de genre populaires par semaine à raison de 8 heures et 80 pages par jour. À la maturité, commençant toujours à partir de 4 heures du matin, il avoue rédiger par matinées intenses vingt pages fermes et invariablement en onze journées nécessairement continues écrire un roman.

En 1928, il entreprend un long voyage en péniche dont il tire des reportages. Il y découvre l’eau et la navigation, qui deviendra un fil rouge tout au long de son œuvre. Il décide en 1929 d’entreprendre un tour de France des canaux et fait construire un bateau, l’Ostrogoth, sur lequel il vivra jusqu’en 1931. En 1930, dans une série de nouvelles pour Détective, écrites à la demande de Joseph Kessel, apparaît pour la première fois le personnage du commissaire Maigret.

En 1932, Simenon part pour une série de voyages et de reportages en Afrique, en Europe de l’Est, en Union soviétique et en Turquie. Après une longue croisière en Méditerranée, il s’embarque pour un tour du monde en 1934 et 1935. Lors de ses escales, il effectue des reportages, rencontre de nombreux personnages, et fait beaucoup de photos. Il en profite aussi pour découvrir le plaisir auprès des femmes sous toutes les latitudes.

Simenon et la région de La Rochelle

Dans l'œuvre de Simenon, trente-quatre romans et nouvelles se situent ou évoquent la ville de La Rochelle. Parmi les romans, dans lesquels apparaît cette ville et sa région, on peut citer : Le Testament Donnadieu (1936), Le Voyageur de la Toussaint (1941) et Les Fantômes du Chapelier.

« La ville ce matin-là, ressemblait au La Rochelle de certaines gravures anciennes de Mme Brun. La marée était basse, le bassin presque vide de son eau. Les barques de pêche s’étaient peu à peu couchées dans la vase qu’on voyait, épaisse, sillonnée de minces ruisseaux…
(…) Chaque jour, les lampes s'allumaient un peu plus tôt et la seconde vie de la ville commençait, celle des bonnes femmes de la campagne ou de La Rochelle, allant, silhouettes noires, se heurter comme des phalènes aux vitrines illuminées, celle des bureaux silencieux où, de la rue, on voyait des employés courbés sous des abat-jour verts, vie d’hiver plus animée dans les rues commerçantes, plus mystérieuse dans les ruelles où les becs de gaz servent de point de rendez-vous et où l’on s’étreint sous les porches.

Dans le port, l’eau sentait plus fort, les bateaux se soulevaient davantage au rythme de la marée, les poulies grinçaient et tous les petits bistrots d’alentour étaient saturés de l’odeur du rhum chaud et de la laine mouillée. »

— Extrait du Testament Donnadieu

Il découvre La Rochelle en 1927 alors qu’il passe ses vacances à l’île d'Aix, fuyant l' attraction de Joséphine Baker dont il était l’amant. Cette année là il découvre aussi une passion pour la navigation, et c’est lors d’une course en bateau qu’il débarque sur les quais de La Rochelle et va prendre un verre au café de la Paix qui va devenir, plus tard, son quartier général et qui sera le lieu central de son roman Le Testament Donadieu. C'est dans ce café, en 1939, qu’il apprend en écoutant la TSF la déclaration de guerre ; il commande alors une bouteille de champagne, et faisant face à l’incompréhension des présents, il dit : « Au moins, celle-là, on est sûr qu’elle ne sera pas bue par les Allemands ! ».

D'avril 1932 à 1936, il s’installe avec son épouse « Tigy » à La Richardière, une gentilhommière du XVIe siècle, sise à Marsilly, qu’il utilise comme décor du château des Donnadieu : « ce bâtiment de pierre grise avec sa tour coiffée d’ardoises, autour duquel une allée de marronniers, un petit parc, puis, serré, touffu, humide, coincé entre de vieux murs, un bois en miniature, deux hectares de chênes, domaine des araignées et des serpents ».

Début 1938, il loue la villa Agnès, à La Rochelle, avant d’acheter en août 1938 « une simple maison des champs » à Nieul-sur-Mer. Son premier fils, Marc Simenon, y naquit en 1939.

Pendant toute la guerre, entre 1940 et 1945, Simenon a continué à vivre en Charente-Maritime, mais cette période, assez mal connue, est sujette à de multiples soupçons. Représentant de l'état Belge auprès des Belges réfugiés, son antisémitisme crapuleux renaît, il refuse d'aider les juifs belges réfugiés. Non seulement son frère fut volontaire auprès de la Waffen-SS Wallonie, mais de plus, selon certaines personnes, lors de cette période cruciale de sa vie et de son œuvre, l'écrivain aurait été un collaborateur — comme le dit ambigument Pierre Assouline dans sa biographie consacrée à Simenon. Alors que Michel Carly dans Simenon, les années secrètes — d'après son enquête et les témoignages recueillis — affirme que Simenon n'a pas été un « collabo », mais que, comme beaucoup à cette époque, il a été un peu lâche (il n'est pas revenu en Belgique afin d'échapper au service militaire), un peu rusé, et opportuniste, sans aucun sens de l'histoire avec un grand «H». Il a commis d'« énormes imprudences » en écrivant dans des journaux contrôlés par les Allemands, mais Simenon ne dénonce pas, ne s'engage pas, pas de politique, seulement de la fiction. En 1944, une dépêche de l'AFP, retrouvée à Poitiers, mentionne sa dénonciation pour « intelligence avec l'ennemi » par « certains villageois Vendéens exaspérés par la conduite égoïste de cet écrivain affichant l'opulence de son train de vie, à l'époque des tickets d'alimentation ». D'autre part, la « Gestapo a soupçonné Simenon d'être juif, tablant sur une confusion entre Simenon et Simon, patronyme d'origine israélite ».

Lors de cette période, Simenon, qui n'est plus libre de ses mouvements, écrit énormément, vingt romans dont seulement trois Maigret. Parmi eux de nombreux chefs-d'œuvre et paradoxalement, dans l'intrigue de ses romans, la grande présente c'est la Charente-Maritime, décrite comme « une région lumineuse, impressionniste, où la mer rejoint la terre. Un plat pays » comme une lointaine nostalgie de son Limbourg familial.

La vision ambiguë que Simenon avait de la région et de la bourgeoisie locale a quelquefois offusqué ses habitants. Toutefois en 1989, la ville lui a rendu hommage, de son vivant, en baptisant du nom de Georges-Simenon le quai situé en face du bassin des Grands Yachts. Déjà très malade, il n'a pu faire alors le déplacement. En 2003, un autre hommage a eu lieu en présence de son fils, John Simenon.

Simenon après la guerre

Simenon passe donc la Seconde Guerre mondiale en Vendée et entretient une correspondance avec André Gide. Son dernier roman écrit en Vendée Le Cercle des Mahé a pour thème la crise de la quarantaine. En 1945, au sortir de la guerre, il part s’installer au Canada, dans la contrée Laurentienne, au nord de Montréal. Lors de son séjour au Domaine L'Estérel (Sainte-Marguerite du Lac-Masson), développement immobilier de style art déco réalisé grâce aux investissement du Baron Belge Louis Empain, il travaillera dans une des Log Cabin (LC5). Il y écrivit trois romans dont "Trois Chambres à Manhattan".[3] C'est lors de ce séjour qu'il rencontre son épouse Denise Ouimet. Il quitte par la suite pour les États-Unis, d'abord en Californie, puis en Floride et dans l'Arizona, avant de s'installer à Lakeville dans le Connecticut, dans une propriété nommée Shadow Rock Farm dont la grande maison de dix-huit pièces comportant huit chambres à coucher et six salles de bains. Il parcourt pendant dix années en voiture cet immense continent, afin d’assouvir sa curiosité et son appétit de vivre, il visite intensément New York, la Floride, l’Arizona, la Californie et toute la côte est, des milliers de miles, de motels, de routes et de paysages grandioses.

Il découvre aussi une autre façon de travailler pour la police et pour la justice et rencontre aussi sa seconde épouse, la canadienne Denise Ouimet, plus jeune de dix-sept ans. Il vit avec elle une passion faite de sexe, de jalousie, de disputes et d’alcool. Pendant les sept premières années qu'il passe en Amérique, il écrit 35 livres dont certains ont atteint dans la traduction anglaise des tirages de 500 000 exemplaires : « Je suis bien en Amérique, parce que là-bas il n'y a pas de cafés littéraires où des intellectuels racontent les romans qu'ils n'écriront jamais ». Dès cette époque, les étudiants en langue française des universités américaines commencent à étudier l'œuvre de Simenon.

En 1952, il est reçu à l’Académie royale de Belgique, et revient définitivement en Europe en 1955. Après une période mouvementée sur la Côte d'Azur à côtoyer la jet-set, il finit par s’installer en Suisse à Épalinges au nord de Lausanne, où il se fait construire une gigantesque maison[4]. En 1956, il participe à un ballet, « La Chambre», pour la Compagnie Roland Petit, et raconte, sur une musique de Georges Auric et dans un décor de Bernard Buffet, une histoire policière. Satisfait du travail accompli, il écrit, avec son vieil ami Georges Auric, un opéra où il fera chanter des policiers et des mauvais garçons. En 1960, il préside le festival de Cannes ; cette année-là, la prestigieuse Palme d’or fut attribuée au film culte La Dolce vita de Federico Fellini.

En 1972, il renonce au roman, mais n’en a pas fini avec l’écriture et l’exploration des méandres de l’homme, à commencer par lui-même: il rédige une longue autobiographie de 21 volumes, dictant tout sur un petit magnétophone : « Des idées, je n’en ai jamais eu. Je me suis intéressé aux hommes, à l’homme de la rue surtout, j’ai essayé de le comprendre d’une façon fraternelle… Qu'ai-je construit ? Au fond, cela ne me regarde pas. »

Le suicide de sa fille Marie-Jo endeuille ses dernières années. À 86 ans, Georges Simenon s'éteint à son domicile lausannois à l'aube du 4 septembre 1989 ; son corps est incinéré le 6. De nuit, Térésa jette ses cendres sur l'herbe du jardin, dans l'ombre du cèdre du Liban, les mêlant à celles de sa fille.

Analyse

À la différence de beaucoup d’auteurs d’aujourd’hui qui essayent de construire une intrigue la plus complexe possible, comme un jeu d’échecs, Simenon propose au final une intrigue simple, mais un décor et des personnages forts, un héros attachant d’humanité, obligé d’aller au bout de lui-même, de sa logique.

Le message de Simenon est complexe et ambigu : ni coupables, ni innocents mais des culpabilités qui s’engendrent et se détruisent dans une chaîne sans fin. Les romans de l’écrivain plongent surtout le lecteur dans un monde riche de formes, de couleurs, de senteurs, de bruits, de saveurs et de sensations tactiles ; on y entre dès la première phrase…

« À la gare de Poitiers, où elle avait changé de train, elle n’avait pas pu résister. (…) Il faisait vraiment chaud. On était en août et l’express qui l’avait amenée de Paris était bondé de gens qui partaient en vacances. Furtivement, fouillant son sac pour y chercher de la monnaie, elle avait balbutié :
— Servez-m’en un autre. »

— Extrait de Tante Jeanne

Le critique Robert Poulet avait dit : « Presque tous ses récits commencent par cent pages magistrales, auxquelles on assiste comme à un phénomène naturel, et à l’issue desquelles on se trouve infailliblement devant une certaine quantité de matière vivante dont un autre Simenon s’empare alors pour en tirer des surprises et des drames beaucoup moins habilement. » Il avait aussi précisé que Simenon était meilleur dans la peinture des états que dans celle des actions, définissant son univers comme statique.

Hors commissaire Maigret, ses meilleurs romans sont basés sur des intrigues situées dans des petites villes de province, où évoluent de sombres personnages à l’apparence respectable, mais qui ourdissent de ténébreuses entreprises, dans une atmosphère sournoise et renfermée, dont les meilleurs exemples sont les romans Les Inconnus dans la maison et Le Voyageur de la Toussaint, mais aussi Panique, Les Fiançailles de M. Hire, La Marie du port et La Vérité sur bébé Donge.

Simenon est-il un écrivain belge ?

Jean-Louis Dumortier (Georges Simenon, Labor, Bruxelles, 1990) écrit que même si pour les Wallons, Simenon est le plus célèbre des représentants des lettres belges de langue française, il n'est pas facile de le rattacher immédiatement à l'histoire de cette littérature. Il a fui Liège pour des raisons étrangères à cela et c'est Paris qui l'a consacré où, au départ, il n'a écrit que ce qui était considéré comme de la paralittérature pour gagner sa vie, ce qui ne le disposait pas à être reconnu immédiatement par la critique belge. Après 1945, il est couvert de gloire, mais ni comme Belge, ni comme Wallon. Et cela malgré l'admiration de quelqu'un comme André Gide qui a aussi fait un autre Wallon Maurice Grevisse.

La consécration institutionnelle à Paris puis à Liège

Pour Jean-Louis Dumortier, directeur du centre d'études Georges Simenon

La consécration lui viendra (…) notamment de l'université de Liège, aux alentours des années 1970. Et cette reconnaissance académique est manière d'appropriation. Les travaux que l'écrivain suscite en Belgique à cette époque et depuis lors sont autant d'actes de revendications, de récupération : la Wallonie se rattache au fils prodige (…) loin de résister à la manœuvre, Simenon (…) l'a encouragée par un geste dont la signification est évidente. En 1977, il fait don de ses archives littéraires à l'université de Liège où le professeur Maurice Piron, avec ses assistants Jacques Dubois et Jean-Marie Klinkenberg, crée un Fonds et un Centre d'études Georges Simenon consacré à l'écrivain[5].

Des raisons plus fondamentales

On sait que Pedigree (publié en 1948 mais daté de 1943), représente une sorte d'autobiographie de Simenon, le plus grand roman que Liège ait jamais inspiré a écrit Maurice Piron dans Aspects et profils de la culture romane en Belgique (Mardaga, Liège, 1978). Simenon écrivit ce livre sous le choc d'un diagnostic d'un médecin en 1941 qui lui prédisait n'avoir plus que deux ans à vivre comme Maurice Piron le précisa dans La Wallonie, le Pays et les Hommes[6] M.Piron retient que plusieurs romans de Simenon comme Le pendu de Saint-Pholien, La danseuse du Gai-Moulin, Les trois crimes de mes amis sont explicitement liégeois mais qu'il y a aussi des anomalies dans la description d'autres villes françaises qui s'expliquent par le fait que Simenon décrit en réalité sa ville natale à travers ces localités. Au-delà même des notations concernant les lieux il y a toute une sociologie qui se relie à la ville natale du romancier. Ce qui amène Maurice Piron à conclure

Il y a, ainsi, plus qu'une empreinte qu'on parviendrait à localiser, une imprégnation liégeoise subtilement diffuse à travers toute l'oeuvre. On peut en trouver l'origine dans l'oeuvre elle-même, et à un point précis: c'est de nouveau vers Pedigree qu'il faut se tourner. Bien qu'il arrive loin dans la chronologie des écrits de l'auteur, Pedigree est réellement la matrice du roman simenonien[7].

Simenon à la Pléiade

Georges Simenon, Romans, édition de Jacques Dubois et Benoît Denis. Coll. La Pléiade, nos 495 et 496, Éditions Gallimard, 1 600 pages et 1 760 pages récemment le troisième tome "pedigrée en pléiades " Cette entrée dans la célèbre collection est une consécration de l'œuvre de Simenon, présentée notamment par l'un de ses meilleurs connaisseurs, le professeur liégeois Jacques Dubois.

Autre reconnaissance

  • En 2005 il est nominé pour le titre du Belg der Belgen (le plus grand Belge). Dans la version flamande, il finit à la 77e position. Dans la version francophone, il finit en 10e position.

Simenon en chiffres

Ses romans font référence à 1 800 lieux du monde entier, et donnent vie à plus de 9 000 personnages, mais ce sont d'abord :

  • 103 épisodes de Maigret (75 romans et 28 nouvelles) ;
  • 117 romans représentants 25 000 pages ;
  • les œuvres complètes publiées sous son patronyme sur 27 volumes ;
  • plus de 500 millions de livres vendus ;
  • traduit en 55 langues,
  • et publié dans 44 pays ;
  • plus de 50 films basés sur son œuvre, par le cinéma français ;
  • des milliers d’articles dans différents journaux ;
  • un millier de reportages autour du monde.

Œuvre d'un créateur littéraire

Pour être fidèle à sa mémoire, il faudrait diviser les écrits en deux grandes sections, les productions commerciales ou de commande souvent sous pseudonymes, et ses tentatives d'écriture du roman, avancée par palier vers le roman total qu'il envisageait sans jamais desespérer. Le roman policier, semi-littéraire selon l'appellation qu'il proposa à son éditeur Fayard, en particulier la série des commissaires Maigret appartiennent encore à l'œuvre de genre, nécessairement commerciale. Lorsqu'il voulut quitter ce personnage épuisé par une série continue de vingt romans qui avait fait surgir un écrivain populaire en quelques mois, son éditeur le prit pour un fou paranoïaque qui fuyait le succès naissant.

Il faudrait encore adjoindre dans une tierce partie les premiers récits poètiques d'adolescence, les romans et contes du petit reporter épris de littérature, les essais, interviews et conférences publiés, et enfin ses Mémoires intimes publiés en 1981.

Les pseudonymes de Simenon

  • G. Sim
  • Georges Sim
  • Jacques Dersonne
  • Jean Dorsage
  • Georges-Martin Georges
  • Jean du Perry
  • Gaston Vialis
  • Christian Brulls
  • Luc Dorsan
  • Gom Gut

On a longtemps cru que Max-André Dazergues était un pseudonyme de Simenon.

Série des Commissaire Maigret

Article détaillé : Série des Commissaire Maigret.

Le personnage du commissaire Maigret fait une première apparition en 1929, Simenon publie alors son œuvre dans la maison de l'inquiétude, dans une série de nouvelles pour Détective, écrites à la demande de Joseph Kessel.

Mais l'un des six premiers roman de la série qu'il propose à l'éditeur Fayard est Pietr-le-Letton (1931), écrit à bord de son yacht l’Ostrogoth. Le commissaire Maigret, silhouette massive, col de velours, chapeau mou et pipe à la bouche, attend un escroc international dans le hall de la gare du Nord. Voici comment Simenon le décrit :

« La charpente était plébéienne. Il était énorme et osseux. Des muscles durs se dessinaient sous le veston, déformaient vite ses pantalons les plus neufs. Il avait surtout une façon bien à lui de se camper quelque part qui n'était pas sans avoir déplu à maints de ses collègues eux-mêmes. C'était plus que de l'assurance, et pourtant ce n'était pas de l'orgueil. Il arrivait, d'un seul bloc, et dès lors il semblait que tout dût se briser contre ce bloc soit qu'il avançât, soit qu'il restât planté sur ses jambes un peu écartées. La pipe était rivée dans la mâchoire. Il ne la retirait pas parce qu'il était au Majestic. Peut-être, au fond, était-ce un parti pris de vulgarité, de confiance en soi ? »

— Extrait de Pietr-le-Letton

Pour lancer ses premiers Maigret, Simenon organise le fameux Bal anthropométrique à l'entrée duquel les empreintes digitales des invités ont été prises.

Son éditeur après avoir lu les tapuscrits des premiers Maigret simule la catastrophe, tout en soutenant la proposition du jeune auteur intimidé dont il doute pourtant du succès :

« 1° Vos romans policiers ne sont pas de vrais romans policiers. Ils ne sont pas scientifiques. Ils ne jouent pas la règle du jeu.

2° Il n'y a pas d'amour, tout au moins d'amour comme on le conçoit dans le roman policier.

3° Il n'y a pas de personnages franchement sympathiques ou de personnages franchement antipathiques. Vos romans ne finissent ni bien ni mal. C'est désastreux. »

« Ce ne sont pas des romans policiers. Ce n'est pas scientifique. Il n'y a pas de jeune premier ni d'héroïne. Pas de personnage sympathique et cela finit mal puisqu'on ne se marie jamais. Vous n'aurez pas mille lecteurs. »

Lorsque l'écrivain arrête sa production, son éditeur consterné n'eût de cesse de lui en réclamer d'autres[8].

Romans étapes vers le Roman total

  • La Folle d'Itteville (1931)
  • Le Relais d’Alsace (juillet 1931)
  • La Maison du canal (1933)
  • Les Fiançailles de M. Hire (1933)
  • Le Coup de lune (1933)
  • L'Homme de Londres (1934, réédité en 1976)
  • L’Assassin (1935)
  • Les Pitards (1935)
  • Quartier nègre (1935)
  • Ceux de la Soif (1935)
  • 45 ° à l’ombre (1936)
  • Les Demoiselles de Concarneau (1936)
  • Le Testament Donadieu (1937)
  • L'Homme qui regardait passer les trains (1938)
  • La Marie du port (1938)
  • Le Bourgmestre de Furnes (1938)
  • Les Sœurs Lacroix (1938)
  • Les Inconnus dans la maison (1940)
  • La Vérité sur Bébé Donge (1940)
  • Malempin (1940)
  • Les Rapports du gendarme (1941)
  • Le Voyageur de la Toussaint (1941)
  • La Vérité sur Bébé Donge (1942)
  • La Veuve Couderc (écrit à Nieul en mai 1940, publié en 1942)
  • Pedigree (projet écrit de décembre à janvier 1943, remanié et publié en 1948)
  • L’Aîné des Ferchaux (1943)
  • La Révolte du Canari (1944)
  • Le Deuil de Fonsine (janvier 1945)
  • Madame Quatre et ses enfants (janvier 1945)
  • Le Cercle des Mahé (1945)
  • La Maison des sept jeunes filles (1945)
  • Trois Chambres à Manhattan (1946)
  • Un certain monsieur Berquin (août 1946)
  • L’Escale de Buenaventura (août 1946)
  • Les Petits Cochons sans queue (novembre 1946)
  • Le Petit Restaurant des Ternes (janvier 1947)
  • Le Petit Tailleur et le chapelier (mars 1947)
  • Le Clan des Ostendais (1947)
  • Au bout du rouleau (1947)
  • Lettre à mon juge (1947)
  • Le Destin des Malou (1947)
  • La Jument perdue (1948)
  • La neige était sale (1948)
  • Le Cas Maletras (1948)
  • Les Fantômes du chapelier (1949)
  • Le Temps d’Anaïs (1950)
  • Les Volets verts (1950)
  • Un nouveau dans la ville (1950)
  • Sept petites croix dans un carnet (septembre 1950)
  • La Mort de Belle (écrit en décembre 1951, publié en 1952)
  • Antoine et Julie (1952)
  • Le Grand Lot (1953)
  • Le Grand Bob (1954)
  • Le Châle de Marie Dudon (1954)
  • Le Bateau d'Emile (1954)
  • En cas de malheur (1956)
  • Les Frères Rico (1957)
  • Le Passage de la ligne (1958)
  • Dimanche (1958)
  • La Vieille (1959)
  • Betty (1960)
  • Le Train (1961)
  • Les Anneaux de Bicêtre (écrit en octobre 1962, publié en 1963)
  • Le Petit Saint (1964)
  • La Chambre bleue (1964)
  • Le Train de Venise (1965)
  • La Mort d’Auguste (1966)
  • Le Riche Homme (1970)
  • Le Petit Homme d'Arkhangelsk (1956)
  • Lettre à mon juge (1967)
  • Novembre (1969)
  • Les Innocents (1972)

Autres livres, nouvelles, essais, articles, conférences, mémoires

  • Les 13 Mystères (1932)
  • La Mauvaise Étoile (1936) Recueil de nouvelles.
  • Quand j’étais vieux (1970)
  • Lettre à ma mère (1974) - voir Archive vidéo
  • Je me souviens (écrit à partir de Pedigree en 1945, édité au Presse de la Cité en 1978)
  • Le Roman de l'homme, édition de l'Aire, Lausanne, 1980, 128 pages.
  • Livre de Marie-Jo
  • Mémoires intimes (1981).

Simenon au cinéma

L’univers de Simenon est relativement statique, mais cela n’a jamais découragé les réalisateurs de cinéma, pourtant « art du mouvement », à porter sur grand écran son œuvre. Plus de cinquante films ont été tournés par le cinéma en France à partir d’une œuvre de Georges Simenon. Des dizaines d’autres ont été tournés par d'autres industries cinématographiques à travers le monde.

Il fut le premier romancier contemporain à être adapté dès le début du parlant avec La Nuit du carrefour et Le Chien jaune, parus en 1931 et portés à l’écran dès 1932.

Mais au final, les réussites sont assez rares, car entre la fidélité décevante et la trahison féconde, la ligne de partage est étroite, de nombreux réalisateurs (et des plus prestigieux : Jean Renoir, Maurice Tourneur, Marcel Carné, Henri Verneuil, Henry Hathaway, Claude Autant-Lara, Jean-Pierre Melville, Bertrand Tavernier, Claude Chabrol…) s’y sont essayés avec plus ou moins de succès. Finalement, le choix de l’interprète s’est toujours avéré primordial, surtout pour le célèbre commissaire Maigret, car c’est autour de lui que va se structurer le film, sa personnalité, son humanité et sa présence, devant être aussi fortes que l’intrigue.

Les acteurs qui ont interprété, au cinéma, le célèbre commissaire sont : Pierre Renoir qui fut un des meilleurs, Abel Tarride, Harry Baur qui fut aussi un des meilleurs, Albert Préjean qui fut le moins convaincant et le plus mal choisi, Charles Laughton, Michel Simon qu’on a juste entrevu, Maurice Manson, Jean Gabin qui sut habiter le rôle et lui donner une composition intelligente, Gino Cervi et Heinz Rühmann qui composa un « Maigret » savoureux et vraisemblable.

Jean Gabin et Simenon étaient très amis et l’acteur a tourné un total de dix films adaptés de Simenon, dans lesquels il a su presque faire oublier son passé cinématographique et ses très nombreux rôles de mauvais garçon.

Adaptations pour le cinéma (liste non exhaustive)


Simenon à la télévision

Maigret

Il existe plusieurs séries de téléfilms liées au commissaire Maigret dans plusieurs pays :

  • En France, une mini-série et deux grandes séries ont été tournées :
    • une première série de trois épisodes a été tournée au début des années 1950 avec Maurice Manson dans le rôle de Maigret. En réalité ces épisodes ont été regroupés et retravaillés, et sont sortis au cinéma sous le titre Maigret dirige l'enquête. En 1960, un téléfilm dramatique, Liberty-Bar, a aussi été réalisé avec Louis Arbessier dans le rôle.
    • la première grande série est celle réalisée, à partir de 1967 avec Jean Richard dans le rôle titre, rôle qu’il jouera 88 fois en 24 ans, voir [1] ;
    • l'autre, à partir de 1991 avec Bruno Cremer dans le rôle titre, rôle qu’il jouera 54 fois en 14 ans[9]. Victor Lanoux avait été aussi approché pour le rôle.
  • En Angleterre, trois séries ont été réalisées :
    • une série de 52 épisodes a été réalisée entre 1960 et 1964 avec Rupert Davies dans le rôle de Maigret ;
    • une deuxième série, entre 1964 et 1968 avec Kees Brusse dans le rôle titre ;
    • une troisième réalisée en 1991 avec Michael Gambon sous l'intitulé « Inspector Maigret et Bohler».
  • En Italie, une série a été réalisée avec Gino Cervi.
  • Enfin, aux États-Unis, quelques titres ont été adaptés en téléfilms dès mai 1950 sur CBS avec un certain Herbert Berghof dans le rôle titre et en 1952 avec Eli Wallach.

En guest star des séries françaises, on peut retrouver de grands acteurs tels que :

Autres œuvres

Archives radiophoniques et vidéos

Bibliographie

  • Pierre Assouline : Simenon éd. Julliard, Paris, 1992.
  • Alain Bertrand : Georges Simenon, La Manufacture, 1998.
  • Jean-Christophe Camus, "Simenon avant Simenon. Les Années de journalisme (1919-1922)", Bruxelles, Didier-Hatier, 1989.
  • Jean-Christophe Camus, "Les Années parisiennes (1923-1931). Simenon avant Simenon", Bruxelles, Didier Hatier, 1990.
  • Michel Carly : Simenon et les secrets de La Rochelle, préface de Denys de La Patellière, éd. Omnibus, 144 pages
  • Michel Carly : Simenon, les années secrètes (Vendée 1940-1945), éd. d'Orbestier, 2005 - 180 pages.
  • Patrick Chastenay et Philippe Chastenay : Simenon, album de famille « Les années Tigy », éd. Presses de la Cité, Paris, 125 pages
  • Centre d’études Georges Simenon : Simenon, l’homme, l’univers, la création éd. Complexe, Bruxelles, 1993 (réédition novembre 2002).
  • Stanley Eskin, Simenon, une biographie, Presses de la Cité, 1990, ISBN 2-258-03175-3 traduction française par Christian Mari de Simenon : a critical biography, Mac Farland and Company, Inc., Publishers, Jefferson, N.C., USA. 1987.
  • Claude Gauteur, D'après Simenon. Simenon et le Cinéma, Carnets Omnibus, 2001, 250p.
  • Claudine Gothot-Mersch : Lire Simenon : réalité, fiction, écriture, éd. Nathan/Labor, Bruxelles, 1980.
  • Michel Lemoine : L’Autre Univers de Simenon éd. CLPCF, Liège, 1991.
  • Patrick Marnham : L'Homme qui n'était pas Maigret - Un portrait de Georges Simenon éd. Presses de la Cité, Paris, 2003 (avec 2 livrets de photos).
  • Paris chez Simenon, éd. Encrage, collection travaux no 37.
  • Anne Richter : Simenon sous le masque, préface d'Eric-Emmanuel Schmitt, éd. Racine, 2007
  • Denis Tillinac : Le Mystère Simenon

Références

  1. Sa vie commence par un mystère, il serait né le vendredi 13 février, mais déclaré le 12 par superstition. Voir (Bernard Alavoine, biographie en ligne
  2. Jacques-Charles Lemaire, Simenon, jeune journaliste, Complexe, 240 pp., 2003.
  3. http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article185
  4. Pour éviter de payer des impôts en Suisse, il localise alors ses romans comme écrits à Noland.
  5. Jean-Louis Dumortier, Georges Simenon, Editions Labor, Bruxelles, 1990, page 79. [ISBN 2-8040-0579-8]
  6. Georges Simenon et son pays natal, La Wallonie, le Pays et les Hommes tome 3, Bruxelles, 1975, pages 85-96, p.90.
  7. Maurice Piron op. cit., p. 92
  8. Le Romancier, conférence en 1945 à l'institut culturel de New-York in Le roman de l'Homme, option cité
  9. Bienvenue sur le site du commissaire Maigret !

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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