- Henri Alekan
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Henri Alekan, né le 10 février 1909 et mort le 15 juin 2001, est l'un des plus grands chefs opérateurs français. On lui doit la photographie de films tels que : La Belle et la Bête (1946), La Bataille du rail de René Clément (1946), Orphée (1949), La Marie du port (1950), Austerlitz (1960) ou encore Les Ailes du désir (1987), ce qui constitue une carrière exceptionnelle. Son travail inspirera Cosette Harcourt pour le style du célèbre Studio Harcourt[1].
Très engagé dans le syndicalisme et l'enseignement du cinéma, il a transmis dans un livre de référence son approche de la lumière, Des lumières et des ombres.
Sommaire
Biographie
Né à Paris, Henri Alekan étudia au Conservatoire national des arts et métiers, puis à l’Institut d’optique, tout en suivant les cours pratiques de Pathé-Cinéma. Assistant opérateur de 1928 à 1940 (notamment du chef opérateur Eugen Schüfftan), ses sympathies syndicales pour le Front Populaire l'amène à créer une association des assistants opérateurs.
Pendant l’Occupation, il participe à la Commission Supérieure Technique, fondée chez Max Douy par Jean Painlevé entre autres. Des réflexions de cette institution officialisée naitra l’IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques), dont il est un des fondateurs et responsables. Après guerre, il est également cofondateur de la Coopérative Générale du Cinéma français pour la production de films exigeants.
La célébrité vient à la Libération par un de ces films engagés promus par la Coopérative, La Bataille du rail de René Clément (1946), dans le style documentaire. La même année, le succès redouble avec La Belle et la Bête, de Jean Cocteau, dans le style fantastique. Son principal collaborateur est alors l'électricien Louis Cochet qu'il a connu résistant.
Sans effets recherchés, mais toujours au service du réalisateur, Henri Alekan joua de sa capacité à passer du réalisme à la poésie dans Les Maudits (René Clément, 1947), dans Les Amants de Vérone (André Cayatte, 1949), dans La Marie du port (Marcel Carné, 1949) ou dans Une si jolie petite plage (Yves Allégret, 1949), se révélant un maître de la photographie en noir et blanc. La couleur ne le prendra pas à l’improviste, comme le montrent Austerlitz (Abel Gance, 1960) ou La Princesse de Clèves (Jean Delannoy, 1961).
Son engagement ne cesse pas avec le succès. Il créé avec Albert Viguier et Max Douy l’AFC, association des chefs opérateurs, et prend des responsabilités au sein de l’Union des Auteurs Réalisateurs et Techniciens du Cinéma et de la Télévision, qui est une caisse de secours.
En 1949, il assure lui même la réalisation d'un documentaire, L'Enfer de Rodin. En 1986, il récidive avec La petite danseuse de Degas. En 1987, il a apporte une contribution essentielle à la réussite des Ailes du Désir de Wim Wenders. Deux ans plus tard, il se met au service de l'IMAX pour un film de Pierre Etaix destiné à La Géode.
Au début des années soixante dix, afin de pallier les insuffisances de l'IDHEC sur ce plan, il crée un cours du soir, le Cours Alekan, initialement accueilli par Sylvia Monfort dans son Carré, aujourd'hui abrité par la célèbre salle d'art et d'essai parisienne, le cinéma Champollion, en liaison avec les universités de Nanterre et de Jussieu.
Inventeur d'un procédé d'éclairage, Transflex, il consacre la fin de sa vie à des spectacles de mise en lumière des villes, les Chemins de lumière.
Il participa au jury longs métrages du Festival de Cannes 1983.
Il a été inhumé au cimetière du Montparnasse. La cinémathèque de Boulogne-Billancourt, où il habitait, porte son nom.
Filmographie
- 1936 : La Vie est à nous de Jean Renoir
- 1937 : La Danseuse rouge de Jean-Paul Paulin
- 1940 : Tobie est un ange d'Yves Allégret
- 1940 : L'Émigrante de Léo Joannon
- 1940 : Les Musiciens du ciel de Georges Lacombe
- 1941 : Vénus aveugle d'Abel Gance
- 1941 : Parade en sept nuits de Marc Allégret
- 1942 : Ceux du rail de René Clément
- 1944 : Les Petites du quai aux fleurs de Marc Allégret
- 1945 : Échec au roy de Jean-Paul Paulin
- 1946 : La Bataille du rail de René Clément
- 1946 : La Belle et la bête de Jean Cocteau
- 1947 : Les Maudits de René Clément
- 1947 : Le Diable souffle d'Edmond T. Gréville
- 1948 : Anna Karénine (Anna Karenina) de Julien Duvivier
- 1949 : Une si jolie petite plage d'Yves Allégret
- 1949 : Les Amants de Vérone d'André Cayatte
- 1950 : La Marie du port de Marcel Carné
- 1950 : Ma pomme de Marc-Gilbert Sauvajon
- 1951 : Juliette ou la Clé des songes de Marcel Carné
- 1951 : Le Voyage en Amérique d'Henri Lavorel
- 1951 : Paris sera toujours Paris (Parigi è sempre Parigi) de Luciano Emmer
- 1952 : Trois femmes d'André Michel
- 1952 : Un homme à détruire (Imbarco a mezzanotte) de Joseph Losey
- 1952 : Le Fruit défendu d'Henri Verneuil
- 1953 : Les Amours finissent à l'aube d'Henri Calef
- 1953 : Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville
- 1953 : Vacances romaines (Roman Holiday) de William Wyler
- 1953 : Julietta de Marc Allégret
- 1954 : Zoé de Charles Brabant
- 1954 : Les Impures de Pierre Chevalier
- 1954 : La Reine Margot de Jean Dréville
- 1955 : Le Port du désir d'Edmond T. Gréville
- 1955 : Frou-Frou d'Augusto Genina
- 1955 : Les héros sont fatigués d'Yves Ciampi
- 1955 : La Meilleure Part d'Yves Allégret
- 1956 : Un matin comme les autres de Yannick Bellon
- 1956 : Le Salaire du péché de Denys de La Patellière
- 1957 : Typhon sur Nagasaki d'Yves Ciampi
- 1957 : Le Cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois
- 1957 : Casino de Paris d'André Hunebelle
- 1958 : Le Bourgeois gentilhomme de Jean Meyer
- 1958 : Le Cerf-volant du bout du monde de Roger Pigaut
- 1959 : Douze heures d'horloge de Géza Von Radványi
- 1959 : Le Secret du chevalier d'Éon de Jacqueline Audry
- 1959 : Le Mariage de Figaro de Jean Meyer
- 1960 : Les Collants noirs de Terence Young
- 1960 : Austerlitz d'Abel Gance
- 1961 : Avant le petit déjeuner d'Artur Ramos (court-métrage)
- 1961 : La Princesse de Clèves de Jean Delannoy
- 1962 : Les Parisiennes de Marc Allégret, Claude Barma, Michel Boisrond et Jacques Poitrenaud
- 1962 : Le Couteau dans la plaie d'Anatole Litvak
- 1963 : El otro Cristóbal d'Armand Gatti
- 1964 : Le Récit de Rebecca de Paul Vecchiali (court-métrage)
- 1964 : Topkapi de Jules Dassin
- 1965 : Lady L de Peter Ustinov
- 1966 : Opération Opium (The Poppy is Also a Flower) de Terence Young
- 1966 : La Fantastique histoire vraie d'Eddie Chapman (Triple Cross) de Terence Young
- 1967 : Versailles d'Albert Lamorisse (documentaire)
- 1968 : Mayerling de Terence Young
- 1969 : L'Arbre de Noël de Terence Young
- 1970 : Deux hommes en fuite (Figures in a Landscape) de Joseph Losey
- 1971 : Soleil rouge de Terence Young
- 1975 : La Pépée du gangster (La Pupa del Gangster) de Giorgio Capitani
- 1977 : L'Ombre et la nuit de Jean-Louis Leconte
- 1978 : Les Divisions de la nature de Raoul Ruiz (court métrage)
- 1979 : La Dame de Monte-Carlo de Dominique Delouche (court-métrage)
- 1981 : Le Territoire de Raoul Ruiz
- 1982 : En rachâchant de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub
- 1982 : Le Toit de la baleine de Raoul Ruiz
- 1982 : La Truite de Joseph Losey
- 1982 : L'État des choses (Der Stand der Dinge) de Wim Wenders
- 1983 : Une pierre dans la bouche de Jean-Louis Leconte
- 1983 : La Belle Captive d'Alain Robbe-Grillet
- 1984 : Wundkanal de Thomas Harlan
- 1984 : A Strange Love Affair d'Éric de Kuyper et Paul Verstaten
- 1984 : 7 faux raccords de Raoul Ruiz (documentaire)
- 1985 : Notre nazi de Robert Kramer (documentaire)
- 1986 : Esther d'Amos Gitai
- 1987 : Les Ailes du désir (Der Himmel über Berlin) de Wim Wenders
- 1989 : J'écris dans l'espace de Pierre Etaix (documentaire)
- 1989 : Cézanne de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub (documentaire)
- 1989 : Berlin-Yerushalaim d'Amos Gitai
- 1991 : Naissance d'un Golem d'Amos Gitai
- 1992 : Golem, l'esprit de l'exil d'Amos Gitai
- 1993 : Golem, le jardin pétrifié d'Amos Gitai
Bibliographie
Henri Alekan s'est efforcé de transmettre son expérience dans quelques ouvrages.
- Des lumières et des ombres (1984, Éditions du Collectionneur).
- La belle et la bête (1992, Éditions du Collectionneur).
- Question de Lumières en collaboration de Robert Doisneau (1993, Édition Stratem)
- Le Vécu et l'Imaginaire. Chroniques d'un homme d'images (1999, Éditions La Sirène).
- Encore une nuit à Paris.
Œuvres diverses
En collaboration avec Patrick Rimoux, Henri Alekan a développé en 1996 l'illumination qui est visible dans l'un des escaliers de la rue du Chevalier de la Barre à Montmartre (Paris XVIIIe). Créée à base de fibres optiques, cette installation perpétuelle représente les constellations du premier janvier au premier juillet.
Récompenses
Notes et références
- Harcourt, soixante-quinze ans de classicisme dans Le Figaro du 10 septembre 2009
Liens externes
- Le site de l'Institut Henri Alekan (anciennement connu sous le nom de l'association Arts et techniques du cinéma et de la télévision)
- Henri Alekan sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
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