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Histoire de l'Ouganda
Sommaire
L'Ouganda avant le XVIIe
Les premiers habitants humains de la région que l'on nomme aujourd'hui Ouganda étaient des chasseurs-cueilleurs. Il existe encore quelques peuples qui ont conservé ce mode de vie nomade, notamment les Pygmées dans l'ouest du pays. Les sources sur la première période historique de la région sont peu nombreuses et reposent principalement sur les fouilles archéologiques. L’hypothèse la plus courante concernant le peuplement de la région montre deux vagues de migrations successives. Entre, approximativement, -2 000 et -1 500 avant notre ère, des populations de langue Bantou, venant apparemment de l'Afrique centrale et de l'ouest africain, ont migré et se sont installés dans la plus grande partie du sud de l'Ouganda. Ce sont ces migrants, qui apportèrent avec eux l'agriculture, le travail du fer ainsi que de nouvelles idées d'organisation sociale et politique. Il existe peu d'information sur la période qui suit les migrations et ce jusqu'au XVe siècle. On voit alors se développer des royaumes dont la particularité est une centralisation politique précoce. Parmi ces royaumes, le Bunyoro-Kitara qui domine alors la région, l'Ankole, les Îles Sese et le Buganda.
Les populations nilotiques, qui incluent les Luo et les Ateker, sont entrées dans la région par le nord, probablement aux alentours du premier siècle de notre ère. Ce sont principalement des bergers et des agriculteurs qui se sont installés dans le nord et l’est du pays. Certains Luo ont migré dans la région du Bunyoro puis ont été assimilés avec les Bantous. Ils ont ainsi établi la dynastie des Badiito de l’actuel Omukama du Bunyoro. L’émigration Luo se poursuivit jusqu’au XVIe siècle, certains s’établissant dans les régions bantoues de l’est tandis que d’autres s’installèrent sur les rives du lac Victoria. Les Ateker (peuples Karimojong et Teso) s’implantèrent eux dans le nord-est et dans l’est de l’Ouganda. Certains ont fusionné avec les Luo dans les régions nord du lac Kyoga.
L'Ouganda entre le XVIIe et le XIXe
Les XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles sont marqués par l’expansion du royaume du Buganda au détriment de ses voisins. La stratégie des différents Kabaka (rois) prend plusieurs aspects. Le premier consiste à tenter de contrôler les routes commerciales qui relient la côte de l’océan Indien au Bunyoro, alors centre commercial de la région. Le second consiste à profiter des querelles de succession et de l’éclatement politique pour intervenir de façon de plus en plus insistante dans les royaumes voisins. L’essor décisif du royaume intervient sous le règne du Kabaka Suna. Les royaumes affaiblis passent alors sous la dépendance des Bagandas. Ceux-ci sont soumis à des tribus et sont peu à peu assimilés au Buganda. Au fur et à mesure des conquêtes, les royaumes annexés ne sont plus assimilés mais persistent en tant qu’entités dépendantes. Le Buganda ne parviendra pas malgré ses efforts à conquérir le Bunyoro. Mais en rognant petit à petit les royaumes sous la domination du Bunyoro, ce dernier perd à la fois son influence régionale et sa puissance politique. Ainsi, le Buganda, petit royaume au début du XVIIe siècle, est devenu au début du XIXe siècle la puissance politique et commerciale majeure de la région. Une des explications de la réussite du Buganda serait la refonte de ses institutions politiques au XVIIe siècle : l’autorité du Kabaka s’affirme en faisant reculer celles des clans. C’est à partir de ce moment que l’on a tendance à assimiler l'histoire du Buganda et l'histoire de l’Ouganda.
Quand les marchands « Arabes », partis de la côte de l’océan Indien, entrent dans l’Ouganda dans les années 1830, ils s’installent tout naturellement à la cour du Kabaka du Buganda. Ces marchands sont suivis dans les années 1860 par les explorateurs britanniques à la recherche des sources du Nil. Parmi les premiers, citons Richard Burton, John Speke et James Grant. Ce sont ensuite des aventuriers de l’Europe entière qui arrivent dans cette région. Le haut niveau de centralisation politique du royaume provoque, couplé à la présence du fleuve mythique, une certaine fascination des Européens pour ce que Winston Churchill surnommera « la perle de l’Afrique ».
Il faut attendre l’arrivée des missionnaires protestants en 1877, suivis des missionnaires catholiques en 1879, pour que des Européens s’installent dans le pays. L’implantation des deux missions marque le début d’une campagne d’évangélisation intense, au Buganda tout d’abord puis dans les royaumes dépendants. Cependant, les missionnaires chrétiens se heurtent rapidement à la présence plus ancienne des commerçants arabes et swahili musulmans. Le Kabaka du Buganda, Mutesa, ne se convertit jamais réellement à l’une de ces trois religions. Au contraire, les Baganda (habitants du Buganda) se convertissent en masse au christianisme et au protestantisme. Ce nouveau facteur religieux est rapidement intégré dans l’organisation du royaume au point de devenir un enjeu déterminant dans les guerres civiles de 1889 à 1895.
L'Ouganda Colonial
En 1888, la partie à l'Est du Kenya est donné à l’Imperial British East Africa Company. C'est une compagnie commerciale à chartes. L’arrangement est renforcé en 1890 par un accord Anglo-Germanique qui confirme la domination britannique sur le Kenya et l’Ouganda. Le fort coût de l’occupation du territoire contraint la compagnie à abandonner la gestion de l’Ouganda en 1893. Le fonctionnement administratif est alors confié à un Commissioner Britannique. C’est finalement en 1894 que le royaume du Buganda signe un traité avec les représentants de l'Empire britannique. Un second traité est signé en 1900. IL est connu sous le nom d'Agreement. Le Buganda et les royaumes subordonnés deviennent officiellement un protectorat britannique. Le pays est unifié sous le nom d'Uganda.
L'indépendance
Le 9 octobre 1962, lors de son indépendance, l'Ouganda voit se poser, de manière aiguë, le problème des structures politiques. La solution retenue, exprimée dans la première Constitution, est de type fédéral - elle associe les quatre anciens royaumes - mais le Buganda maintient sa prépondérance jusque dans le nom du nouvel État, l'Ouganda, pays des Bagandas. Le roi Mutesa II en devient le président à vie. Cependant, Milton Obote, fondateur, en 1960, du Congrès du peuple ougandais, (UPC), l'Uganda People's Congress, devient Premier ministre. L'UPC, à l'image de son dirigeant, est le parti des populations nilotiques du Nord, opposées à la domination économique et politique du Bouganda et, donc, favorable à la centralisation. Dès lors, les tensions entre le Nord nilotique et le Sud bantou s'exacerbent.
En mai 1966, Milton Obote, afin d'imposer la centralisation, envoie l'armée au Bouganda et dépose Le roi Kabaka Mutesa II, avec l'appui de son chef d'état-major, Idi Amin Dada, appartenant à une ethnie musulmane minoritaire du nord-ouest. Obote fait promulguer, l'année suivante, une nouvelle Constitution abolissant les royaumes, et instituant un régime présidentiel à parti unique. La résistance des Baganda, dont les intérêts sont menacés par la politique de nationalisation du commerce entreprise par Obote, la dégradation économique et les accusations de corruption se conjuguent pour déstabiliser Obote.
Le 25 janvier 1971, Idi Amin Dada prend le pouvoir lors d'un coup d'État.
En 1978, l'Ouganda frôle la faillite, et le gouvernement ougandais est aidé financièrement par les États arabes amis d'Amin Dada. Son régime prendra fin avec la guerre ougando-tanzanienne qui voit les rebelles ougandais prendre le contrôle du pays avec l'aide militaire de la Tanzanie. Yusuf Lule s'empare du pouvoir mais bientôt éliminé par Godfrey Binaisa. En 1980 Obote reprend le pouvoir à la faveur d'élections contestées. Après plusieurs années de conflit tribal, Yoweri Museveni s'empare du pouvoir grâce à un coup d'état.
L'ére Museveni
Dictateur fraudant systématiquement aux élections, Museveni muselle l'opposition et continue l'état policier de ses prédécessseur. En 1997 les troupes ougandaises soutiennent la rébellion de Laurent Désiré Kabila au Zaïre. Succès total, Kabila devient président du Zaire rebaptisé Congo. Mais les anciens alliés se brouillent vite.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) M. Louise Pirouet, Historical dictionary of Uganda, the Scarecrow press, Lanham (Md.), Londres, 1995, XLV-533 p. (ISBN 0-8108-2920-7)
- (fr) Jean-Pierre Chrétien, L'Afrique des grands lacs : deux mille ans d'histoire, Flammarion, Paris, 2001, 411 p. (ISBN 2-08-080060-4)
- (fr) Ferdinand Kaddu-Mukasa, Du Buganda à l'Uganda : la genèse de l'espace ugandais et l'évolution de sa structure territorio-administrative, Université de Bordeaux 3, 1984, 442 p. (thèse de 3e cycle de Géographie)
- (fr) J. Mercui (père), L'Ouganda : la mission catholique et les agents de la Compagnie anglaise, Procure des missions d'Afrique, Paris, 1893, 326 p.
- (fr) Gérard Prunier, L'Ouganda et la question indienne : 1896-1972, Ed. Recherche sur les civilisations, Paris, 1990, 256 p.
- (fr) Gérard Prunier et Bernard Calas (dir.), L'Ouganda contemporain, Karthala, Paris ; Ifra, Nairobi, 1994, 303 p. (ISBN 2-86537-471-8)
- (fr) Marc-Louis Ropivia, Batailles navales précoloniales en Afrique : géopolitique du Buganda et du Manyema au XIXe siècle, Institut de Stratégie comparée, Economica, Paris, 2007, 114 p. (ISBN 978-2-7178-5414-5)
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