- Ian Smith
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Ian Smith Mandats Premier ministre rhodésien 13 avril 1964 – 1er juin 1979 Chef de l'État Elizabeth II
Clifford Dupont
Henry Everard
John Wrathall
Henry Everard
John Pithey
Henry Everard
Josiah Gumede
Elizabeth IIPrédécesseur Winston Field Successeur Abel Muzorewa Biographie Nom de naissance Ian Douglas Smith Date de naissance 8 avril 1919 Lieu de naissance Selukwe,
Rhodésie du SudDate de décès 20 novembre 2007 Lieu de décès Le Cap,
, Afrique du SudNationalité britannique (1919-1985)
rhodésienne (1923-1980)
zimbabwéenne (1980-2007)Parti politique Southern Rhodesia Liberals (1948-1953)
Parti fédéral uni (1953-1958)
parti réformiste rhodésien (1958-1962)
Front rhodésien (1962-1981)
Front républicain (1981-1986)
Alliance conservatrice du Zimbabwe (1986-2000)Conjoint Janet Watt Religion Presbytérien
Premiers ministres rhodésiens modifier Ian Douglas Smith (né le 8 avril 1919 et mort le 20 novembre 2007) était un homme politique rhodésien, premier ministre de la Rhodésie (futur Zimbabwe) du 13 avril 1964 au 1er juin 1979 puis chef de l'opposition parlementaire d'avril 1980 à avril 1987.
Une enfance africaine
Ian Smith est né le 8 avril 1919 à Selukwe (appelé Shurigannina de 1963 à 1968 et de nos jours Shurugwi), une petite ville minière de la colonie britannique de Rhodésie du sud. Il était le plus jeune des trois enfants de la famille et le seul garçon. Son père, Douglas Smith, était un écossais immigré en Rhodésie en 1898 pour tenter de devenir fermier. Sa mère était l'une des premières natives blanches de Rhodésie[1].
Elevé à Gwelo (aujourd'hui Gweru), Smith commence en 1938 des études supérieures en commerce à la prestigieuse Université Rhodes, à Grahamstown en Afrique du Sud.
Pilote de la RAF durant la seconde guerre mondiale
En 1939, la Seconde Guerre mondiale débute en Europe et en 1941, il interrompt ses études pour devenir pilote de flying Hawker Hurricanes dans la Royal Air Force. Il est affecté d'abord au Moyen-Orient dans un escadron de pilotes rhodésiens. C'est à Alexandrie qu'il est gravement blessé lors du crash au décollage de son avion le 4 octobre 1943. Défiguré, la chirurgie plastique lui redonne ses traits mais il continuera à souffrir d'une légère paralysie faciale. Ian Smith n'a alors que 24 ans.
Son escadron est ensuite affecté en Corse où, en tant qu'escorte de bombardiers américains, il pilote des Spitfire Mark IXs.
Au milieu de l'année 1944, son Spitfire est abattu lors d'une mission au-dessus de l'Allemagne. Ayant sauté en parachute, il se retrouve derrière les lignes ennemies mais parvient à rejoindre les résistances italiennes et françaises qui le cachent pendant 5 mois près de Sasello et l'aident à rejoindre les lignes alliés[1].
Ascension politique en Rhodésie
En 1946, Smith revient en Afrique et termine ses études à Rhodes où il est notamment élu président du conseil représentatif des étudiants.
Deux ans plus tard, il achète une ferme à Gwenoro, près de Selukwe. Il épouse également Janet Watt, déjà mère de deux enfants, avec qui il aura un fils unique, Alec.
En juillet 1948, Ian Smith entre en politique au sein du parti libéral de Rhodésie du Sud (Southern Rhodesia Liberals). Il est élu député de Selukwe à l'assemblée législative. Smith est alors le plus jeune député du parlement[1].
En 1953, favorable à la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland, il rejoint le parti fédéral uni (United Federal Party) de Lord Malvern et est élu à l'assemblée fédérale, député de la circonscription générale de Midlands. En 1958, il est vice-président du groupe parlementaire du parti fédéral uni à l'assemblée fédérale. En désaccord avec la politique du premier ministre Roy Welensky, qu'il estime trop modéré face aux revendications nationalistes notamment après l'élargissement de droits économiques et sociaux aux populations noires de Rhodésie du Sud, il quitte les fédéralistes et fonde le parti réformiste rhodésien (Rhodesia Reform Party) qu'il fusionne en mars 1962 avec le parti du dominion pour former le Front rhodésien (RF). Ce dernier remporte les élections générales de Rhodésie du Sud en décembre 1962 de 8000 voix face au parti fédéral uni du premier ministre sortant Edgar Whitehead.
Ian Smith est alors élu député de Umzingwane et est nommé ministre du trésor dans le nouveau gouvernement de Winston Field.
En décembre 1963, lors d'une conférence aux Chutes Victoria, le secrétaire britannique aux affaires étrangères, Rab Butler, lui déclare que la Grande-Bretagne serait d'accord pour accorder l'indépendance à la Rhodésie du Sud conjointement avec la Rhodésie du Nord et le Nyassaland[1].
Le premier ministre de Rhodésie (1964-1979)
Le 13 avril 1964, Smith devient le chef du parti et succède à Field à la tête du gouvernement. Smith est alors un partisan déterminé du maintien des droits et des privilèges de la minorité blanche de Rhodésie du sud. Il refuse tout transfert de droits politiques à la majorité noire comme l'y incitait le gouvernement britannique (principe de transmission du pouvoir à la majorité noire avant toute indépendance de la colonie).
À l'époque, la colonie est régie par la constitution de 1961 qui prévoit une assemblée nationale de 65 députés élus à deux niveaux. Pour le premier niveau (50 députés), les conditions pour être électeurs sont drastiques et reposent sur un suffrage censitaire combinant différents facteurs dont le niveau d'éducation et la propriété foncière ou immobilière (principe électoral adopté dès 1923). Au bout du compte, 95% du corps électoral de ce niveau était issu de la minorité blanche (8% de la population) alors que le pays comptait 90% de citoyens noirs (5% d'entre eux avaient le droit de vote dans ce corps électoral). Pour le second niveau (15 députés), les conditions pour être électeurs étaient moins contraignantes. Du coup, 90% de ce corps électoral était issu de la communauté noire. Par conséquent, 50 députés étaient issus de la communauté blanche et seulement 16 de la communauté noire. Ian Smith défendait ce principe de représentation à deux niveaux qui évitait les critère raciaux et qui théoriquement, permettait à très long terme la constitution d'une majorité politique noire dans le pays.
Mais au début de 1964, alors que la plupart des anciennes colonies britanniques accèdent ou sont en voie d’accéder à l’indépendance, que la fédération rhodésienne se voit dissoute, les Rhodésiens noirs se sont aussi regroupés dans des mouvements nationalistes dont le but est la prise du pouvoir politique encore détenu par la minorité blanche. Parmi ceux-ci, le Zimbabwe African National Union (radical) et le Zimbabwe African People’s Union (parti ethnique).
De leur côté, les loyalistes britanniques de Rhodésie menés par Roy Welensky optent pour le statu quo: pas d’indépendance sans pouvoir majoritaire donc pas de pouvoir majoritaire ni d’indépendance. Le Front rhodésien et Smith veulent au contraire forcer les choses et prévenir toute indépendance imposée par la métropole coloniale comme il venait de se passer en Rhodésie du nord, au Kenya ou au Nyassaland.
Ainsi, l'afflux de milliers d’Européens en provenance de Zambie, du Malawi, du Kenya ou du Congo[Lequel ?] conforte les craintes de la minorité blanche. Smith décide alors de forcer le cours des évènements. Il convoque les 622 grands chefs de tribus à une Indaba (réunion), en tant que représentant de la population noire, et obtient leur accord pour réclamer l’indépendance au Royaume-Uni.
Le 5 novembre 1964, le référendum sur l’indépendance qu'il organise auprès de l’électorat majoritairement blanc lui est favorable. Avec 58 091 voix en faveur de l’indépendance contre 6 096 voix hostile à cette perspective, il reçoit un soutien massif pour négocier auprès de la métropole coloniale.
En janvier 1965, à Londres, Smith rencontre pour la première fois le nouveau premier ministre britannique Harold Wilson, à l'occasion des funérailles de Winston Churchill. La rencontre ne se passe pas bien d'autant plus que Smith n'est pas invité dans un premier temps au déjeuner qui suit les funérailles à Buckingham Palace. Smith est finalement invité à la dernière minute par la Reine puis reçu par le premier ministre au 10 Downing Street.
Le 7 mars 1965, les élections générales apportent une victoire éclatante au Front rhodésien qui, laminant les loyalistes, remporte la totalité des 50 sièges de députés blancs à pourvoir.
En juillet et août, des rencontres bilatérales ont lieu entre représentants britanniques et sud-rhodésiens à Londres et Salisbury, la capitale de Rhodésie. Les négociations achoppent chaque fois sur la question du droit de vote. Le gouvernement Smith revendique une solution sud-rhodésienne et la préservation des privilèges de la minorité alors que le gouvernement britannique exige la mise en place d’un régime non-racial et égalitaire.
En octobre, Smith rencontre Harold Wilson, le premier ministre britannique, à Salisbury. L'intervention des Nations unies dans les négociations raidissent les positions sud-rhodésiennes.
Le 5 novembre 1965, Ian Smith met alors la colonie en état d'urgence pour faire cesser les agitations des mouvements nationalistes noirs.
La déclaration unilatérale d'indépendance
Le 11 novembre 1965, après l’échec des dernières tractations avec le Royaume-Uni, Ian Smith signe unilatéralement, comme chef de gouvernement colonial, l'indépendance de la Rhodésie faisant de la colonie britannique un État souverain.
Cet acte de rébellion envers la métropole est déclaré nul par Londres. Il est suivi d'une condamnation générale de l'Organisation des Nations unies qui enjoint au gouvernement britannique de mettre fin aux actions de sa colonie rebelle. Le pays est soumis à un embargo international.
De fait, après le 11 novembre seule l’Afrique du Sud reconnaissait la colonie sécessionniste qui pouvait néanmoins compter sur le soutien indirect du Portugal colonialiste de Salazar.
Les gains apparaissent alors bien maigre hormis une fierté nationale rhodésienne. À deux reprises, Smith se rend à Gibraltar négocier avec le gouvernement britannique une sortie de crise mais c’est l’échec. Alors que Wilson manifeste une certaine ambivalence, déclarant que la Rhodésie n'était pas prête pour une égalité complète en matière de droits électoraux[2], il humilie plus ou moins volontairement Smith par son comportement lors de leur première rencontre. Les britanniques lui offrent cependant la possibilité de prolonger la domination politique blanche pour une période fixée assez longue le temps qu’une élite noire prenne la relève. Les intérêts économiques de la minorité seraient alors garantis. Mais les négociations achoppent sur le sort du gouvernement rebelle qui aurait dû se dissoudre, en appeler à l’intervention directe du gouverneur britannique pour gérer durant une période transitoire la colonie, lequel aurait eu tout loisir pour former un gouvernement nationaliste noir sans tenir compte des dernières élections favorables au front rhodésien. Selon le premier ministre Harold Wilson, Smith n’avait pas l’intention de concéder le pouvoir à la majorité noire. Les relations entre les deux négociateurs sont en fait détestables. Quant aux Rhodésiens, ils sont assignés à domicile car leurs passeports ne sont pas reconnus. Smith lui-même ne peut assister au mariage de son propre fils en Norvège en 1975. Malgré la sympathie ou l’aide stratégique de pays comme le Portugal, Israël, Taïwan ou l’Afrique du Sud, les sanctions finissent par étrangler le pays alors qu’une guérilla meurtrière commence à ravager la Rhodésie au début des années 1970.
La république de Rhodésie
En 1970, les derniers liens avec la métropole sont rompus quand la république de Rhodésie est proclamée le 3 mars 1970. Clifford Dupont prenait les fonctions protocolaires de l’ancien gouverneur général et devenait le premier président de Rhodésie du Sud. Smith demeurait le Premier ministre et le véritable homme fort du régime.
La République de Rhodésie du Sud instituait un régime parlementaire sur le modèle britannique de Westminster. Les critères pour être électeurs étaient toujours censitaires et de fait ségrégationniste. Ainsi seulement 8 000 Africains (sur cinq millions) bénéficiaient du droit de vote afin d’élire seize députés noirs alors que 82 852 Blancs (sur 243 000 Rhodésiens) élisaient 50 députés blancs. Un sénat de 23 membres était institué où dix Blancs étaient élus par les députés, dix Noirs par les collèges des chefs traditionnels et trois sénateurs, sans distinction de races, étaient nommés par le Président.
La répartition territoriale restait similaire à celle de l'époque coloniale. Ainsi, 49% du territoire étaient détenus par les blancs (7 % de la population) ou par l’administration alors que les noirs (92% de la population) se partageaient les 51 % restant au titre de réserves indigènes. Les terres de mission étaient par contre supprimées. Les Nations unies continuèrent à organiser l’isolement international de la Rhodésie.
En novembre 1971, un accord concernant le statut du territoire sembla intervenir entre le gouvernement britannique désormais dirigé par le conservateur Edward Heath et le gouvernement rhodésien. Mais le projet de transfert progressif du pouvoir sur une durée d'une cinquantaine d'années, par l'extension du droit de vote aux africains et leur participation progressive aux affaires politiques, proposé par Alec Douglas-Home, le ministre des affaires étrangères britanniques, prévoit également l’approbation préalable de la majorité noire. Une commission royale sillonna tout le pays durant l'année 1972 pour obtenir le sentiment de la population noire. Dans son rapport publié en mai 1972, elle en conclut que 98% de la population blanche était favorable à l’accord anglo-rhodésien (« un oui de lassitude ») de même la quasi-totalité des chefs tribaux reconnus par Salisbury. Mais elle estimait également que le projet intérimaire était par contre rejeté par une large majorité de la population noire. Le projet se trouvait alors enterré alors que débutait la Guerre du Bush menée par les nationalistes du ZANU et du ZAPU.
Au début du mois de janvier 1973, Smith ferma sa frontière avec la Zambie par laquelle transitaient 40% des importations zambiennes et 48% de ses exportations. constituant ainsi une déclaration de guerre économique envers son voisin du nord[3]. Il s’agissait pour lui de mettre en garde la Zambie pour son soutien logistique aux mouvements de guérilla. Ce faisant il provoquait l’hostilité de son voisin portugais au Mozambique[4] et surtout celle de son grand voisin, la République d'Afrique du Sud dont les intérêts économiques en Zambie étaient considérables[5]. L’état tampon de Rhodésie du Sud devenait un fardeau pour son puissant voisin. l'éditorial d’un journal sud-africain exprima cette mauvaise humeur en demandant à Monsieur Smith de « rechercher des solutions aux problèmes existants » au lieu d’en créer de nouveaux[6]. Ainsi, un pont aérien fut mis en place entre la Zambie et l’Afrique du Sud pour le transport de matériel d’exploitations des mines[7]. La frontière fut finalement rouverte dès le 5 février 1973 marquant un échec diplomatique pour Smith lâché par ses alliés. Un épisode qui démontrait par ailleurs la dépendance de la Rhodésie envers l’Afrique du Sud.
Dans le cadre de sa politique de détente avec les pays africains John Vorster, le premier ministre d'Afrique du Sud décida d'intervenir auprès de Smith pour tenter de l’amener à négocier la fin de la domination de la minorité blanche en Rhodésie du Sud. Sous la pression de Vorster, Smith annonça ainsi le 11 décembre 1974 la libération de tous les prisonniers politiques, assuré selon lui de la fin des actes de terrorisme en Rhodésie du Sud et de l'organisation prochaine d’une conférence constitutionnelle avec des chefs nationalistes noirs modérés mais c'est un échec.
En 1975, avec le soutien de la Grande-Bretagne et des États-Unis, John Vorster continua néanmoins de mettre la pression sur Ian Smith pour que ce dernier accepte de négocier le principe d'un transfert du pouvoir à la majorité noire en Rhodésie, dans ce but il annonça le retrait progressif de plusieurs contingents de police sud-africaines, auxiliaires des forces de police locales au moment même où, pour contrer la guérilla, les forces de sécurité du gouvernement sud-rhodésien multipliaient les raids contre les bases d’entraînement de la ZANU et de la ZAPU au Mozambique et en Zambie, fit retirer son appui militaire à l'armée rhodésienne et réduisit les liens commerciaux entre l'Afrique du Sud et la Rhodésie. Pour Smith, le comportement de Vorster est une trahison digne de ce qu'il attendait de la Grande-Bretagne et non d'un aillé mais il est obligé de céder.
Le 25 août 1975, sous les auspices de John Vorster et de Kenneth Kaunda, le président de la Zambie, une rencontre au sommet entre Smith et les leaders noirs des mouvements de guérillas eut lieu aux chutes Victoria, dans un wagon sud-africain stationné sur un pont situé au-dessus des chutes à la frontière entre la Zambie et la Rhodésie. Ian Smith insista pour que la rencontre ait lieu en Rhodésie alors que l'UANC voulut qu'elle est lieu ailleurs car au moins deux de ses représentants le révérend Ndabaningi Sitholé et James Chikerema étaient soumis à une arrestation basée sur des accusations de subversion en cas de retour en Rhodésie[8]. Au bout de neuf heures d’entretien, cette conférence entre Smith et Abel Muzorewa, Joshua Nkomo, le révérend Ndabaningi Sitholé, et Robert Mugabe se solda également par un échec, néanmoins en septembre 1975, lors du congrès du Front rhodésien à Umtali, Smith envisage publiquement de former dans les temps à venir un gouvernement avec Joshua Nkomo.
Le 18 septembre 1976, au cours d'un match de rugby disputé à l'Ellis Park Stadium de Johannesburg entre les Springboks d'Afrique du Sud et les All Blacks de Nouvelle-Zélande, John Vorster réussit à convaincre Ian Smith d'assouplir sa position et d'accepter de rencontrer le secrétaire d'état américain Henry Kissinger, le lendemain matin après 4 heures de discussions Ian Smith accepte le principe de l'accession de la majorité noire au pouvoir en Rhodésie[9].
En octobre 1976, une conférence sur la Rhodésie est alors organisée à Genève entre Ian Smih, son gouvernement et les représentants des nationalistes africains, elle se termine sur un échec deux mois plus tard.
La transition politique
Ayant donné son accord au principe majoritaire, Smith ne prend pas les dispositions immédiates pour le faire appliquer. Il est pourtant alors le leader incontesté et respecté de la minorité blanche et aucun autre blanc rhodésien n’est en mesure de se confronter politiquement à lui. Ainsi, lors des élections du 31 août 1977, le Front rhodésien confirme sa prédominance chez les Rhodies en remportant 50 des 65 sièges du parlement, marginalisant le Rhodesia Action Party (15% des voix), une dissidence d’extrême-droite hostile à toute négociation.
Le mois suivant, sans consulter son cabinet, il se rend à Lusaka en Zambie pour rencontrer Kenneth Kaunda et tenter de l'amener à le soutenir dans sa démarche de règlement interne. C'est un échec.
Le 24 novembre 1977, à Bulawayo, Ian Smith annonce clairement son ralliement au principe du fait majoritaire (« one man, one vote »). Ce revirement aboutit aux accords de Salisbury du 3 mars 1978, signés entre Smith et trois leaders africains modérés, Abel Muzorewa, le révérend Sitholé et le Chef Jeremiah Chirau, prévoyant la formation d’un gouvernement multiracial intérimaire chargé de mettre en place une nouvelle constitution.
Le 21 mars 1978, le premier gouvernement multiracial de Rhodésie du Sud était alors formé avec un conseil exécutif de transition réunissant les signataires de l’accord de Salisbury.
Malgré le massacre à Umtali, par des guérilleros du Front patriotique, de douze civils anglais d’une mission religieuse dont cinq femmes, trois enfants en bas âge et d’un bébé, Smith tente encore de rallier Joshua Nkomo aux accords de Salisbury et le rencontre à Lusaka en Zambie le 14 août 1978.
Suite à l'attentat mené par des membres du mouvement de guérilla de Nkomo contre un avion de ligne d’Air Rhodesia[10], Smith rompt les négociations avec Josuah Nkomo, lequel écartait toute solution légale et pacifique pour prendre le pouvoir.
En octobre 1978, à l’invitation de 27 sénateurs conservateurs, Ian Smith se rendait aux États-Unis pour plaider sa cause, transgressant les sanctions édictées par le conseil de sécurité des Nations-Unies, sa tournée fut plutôt fructeuse, s’il ne rencontra officiellement aucun membre de l’administration en place, ses entretiens avec d’importantes personnalités républicaines, Ronald Reagan, l'ancien président Gerald Ford, l'ancien vice-président Nelson Rockefeller, l’ancien secrétaire d’état Henry Kissinger et l’ancien gouverneur démocrate du Texas puis secrétaire républicain au Trésor, John Connally furent considérés comme une reconnaissance de facto de son gouvernement.
Le 30 janvier 1979, la nouvelle constitution était ratifiée par 84,4 % des électeurs blancs. Elle prévoyait la formation d’un régime parlementaire avec un président élu au suffrage universel pour dix ans, un parlement bicaméral composé d’un sénat de 30 membres élus pour cinq ans (dix Noirs, dix Blancs, dix chefs tribaux) et d’une assemblée de cent députés élus où 28 sièges seraient réservés aux Blancs (3% de la population) pendant une période de dix ans. Le projet garantissait la prédominance blanche dans l’administration (justice et armée incluse) ainsi qu'un quart des postes ministériels aux blancs durant les cinq premières années du nouveau régime.
Bien que cette constitution ait été négociée avec Muzorewa, celui-ci fut désavoué par tous les autres mouvements noirs, les Nations-Unies et le Royaume-Uni.
Le 28 février 1979, le dernier parlement de Rhodésie du Sud à majorité blanche était dissout.
Dans un contexte de forte mobilisation électorale, les premières élections multiraciales organisées en avril 1979 aboutirent à la victoire attendue du conseil national africain uni de Muzorewa alors que le Front rhodésien remportait sans surprise les 28 sièges réservés aux Blancs (3% de la population représentés par 28% des députés).
En juin 1979, Smith cédait son poste de premier ministre à Abel Muzorewa mais restait au gouvernement du nouveau Zimbabwe-Rhodésie.
En septembre 1979, le gouvernement britannique de Margaret Thatcher persuade néanmoins le gouvernement de Muzorewa de négocier à Lancaster House. En décembre, la Rhodésie redevint colonie britannique.
Malgré ses réserves et ses récriminations contre ce qu'il considère être une trahison britannique, Smith approuve avec réticence les accords de Lancaster House de décembre 1979 préparant le passage de pouvoir à la majorité noire et l'indépendance du Zimbabwe. Smith refuse néanmoins de participer à la célébration officielle, préférant aller diner dehors avec plusieurs membres de sa délégation. Selon ces accords, la minorité blanche obtient une représentation garantie de 20 députés pendant sept ans et l’absence d’expropriation foncière pendant 10 ans. Enfin, une amnistie est garantie à tous, guérilleros et membres du gouvernement et des forces militaires.
Smith espérait former une coalition avec l’UANC et le ZAPU mais la victoire absolue des radicaux du ZANU aux élections de février 1980 mettait fin au projet de gouvernement modéré. Smith tenta de faire annuler l’élection au motif de multiples mesures d’intimidations des électeurs dans les campagnes reculées mais les observateurs internationaux déclarèrent l’élection juste et démocratique .
Alec Smith de retour en Rhodésie arrangea une entrevue entre Smith et Robert Mugabe, le futur premier ministre, pour tenter de trouver un accord de gestion. L’entretien de plusieurs heures eu lieu le 2 mars 1980 et fut amical selon les témoins[11]. Selon son témoignage ultérieur, Smith déclara avoir été bien reçu par Robert Mugabe alors que celui-ci avait promis dans ses meetings de le faire pendre à un arbre en plein centre de Salisbury. Mugabe reconnaissait au cours de cet entretien recevoir un joyau qu'il fallait préserver. Suite à cet entretien, Smith demanda alors aux Rhodésiens blancs d’accepter le résultat des élections et de se montrer pragmatique à l’avenir. Il leur demanda de rester dans le pays et de coopérer avec le nouveau gouvernement ZANU-PF.
Le Zimbabwe accède à l'indépendance le 18 avril 1980.
L'opposant irréductible
Quelques mois plus tard, Ian Smith fait partie d'une délégation du Zimbabwe en visite en Europe à la recherche d’investisseurs étrangers.
Au parlement, il devient le chef de l’opposition comme leader du Front républicain. Il maintient à son parti le caractère de représentation de la minorité blanche.
Il rencontre à plusieurs reprises Mugabe mais en décembre 1982, il est brièvement arrêté et son passeport confisqué pour avoir critiqué plusieurs réformes constitutionnelles proposées par Robert Mugabe.
En 1984, Smith renonce définitivement à la nationalité britannique pour ne garder que celle zimbabwéenne.
Entre 1980 et 1985, le RF perd petit à petit 11 de ses élus, ralliés individuellement aux indépendants ou au ZANU du premier ministre Robert Mugabe. Mais aux élections de 1985, ilobtient 15 sièges sur les 20 garantis à la minorité blanche.
En 1986, le RF est rebaptisé Alliance conservatrice du Zimbabwe (CAZ) et s'ouvre plus largement aux noirs.
En 1987, Mugabe met fin à la représentation blanche. Smith se retire alors dans sa ferme de Shurugwi. L'Alliance conservatrice du Zimbabwe allait finir par se dissoudre à la fin des années 1990 dans le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
Opposant irréductible au président Robert Mugabe depuis 1980, Ian Smith est l’un des rares signataires de l’UDI à être resté au Zimbabwe plus de vingt ans après l’indépendance de 1980.
Au début des années 2000, il tente de former un nouveau parti avec Muzorewa et Sithole mais finalement apporte son soutien au MDC de Morgan Tsvangirai, véritable premier parti d'opposition populaire à Mugabe.
Alors que la plupart des blancs sont expropriés de leurs fermes suite à une réforme agraire, sa ferme de Shurugwi est provisoirement occupée mais finalement épargnée. Un peu plus tard, il cède à Mengistu Haile Mariam, l’ancien « négus rouge » d'Éthiopie, une autre exploitation agricole secondaire qu'il possédait[12].
En 2006, pour des raisons de santé, il doit quitter sa résidence de Philipps Avenue dans le quartier de Belgravia à Harare pour s'installer en Afrique du Sud afin de suivre un traitement médical. Il a vécu au Cap chez sa belle-fille avant de s’éteindre, à l'âge de 88 ans, le 20 novembre 2007.
Autobiographie
Surnommé le « Lion au cœur fidèle », Ian Smith est l'auteur en 2001 d'une autobiographie[13] dans lequel il revient sur les années et les ambitions avortées de la Rhodésie. Il y fustige les trahisons et les promesses non-tenues d'amis et politiciens occidentaux ou sud-africains.
Famille
- Son épouse Janet Smith est décédée d'un cancer en 1994.
- Robert Duvenage, issu du premier mariage de Jane Smith avec Piet Duvenage, un joueur de rugby sud-africain, quitta la Rhodésie en catimini en 1970. Opposé à la domination blanche, il s'installa en Angleterre et cessa tout contact avec son beau-père pendant plusieurs années avant de se réconcilier avec lui.
- Jean Duvenage, belle-fille de Ian Smith et fille cadette de Jane, épousa, en 1967, Clem Tholet, un chanteur rhodésien de folk auteur des titres à succès "What a time", "Vagabond Gun" et "Rhodesians Never Die". Immigrée au Cap en Afrique du Sud après 1980, elle est veuve depuis 2004. C'est chez elle qu'a vécu son beau-père, Ian Smith de 2006 jusqu'à son décès en novembre 2007.
- Alec Smith, le fils de Ian et Jane Smith, est mort en février 2006 d'une crise cardiaque à l'aéroport d'Heathrow, au retour d'un voyage en Norvège. Il avait 57 ans. Ancien chapelain de réserve de l'armée du Zimbabwe et impliqué dans diverses activités caritatives, les relations orageuses personnelles et politiques entre Ian et Alec Smith avaient pris fin dans les années 1990. Alec Smith avait alors aidé son père (veuf) à gérer sa ferme et à rédiger ses mémoires. Alec Smith avait été longtemps ostracisé aussi bien par les blancs de Rhodésie que par les noirs du Zimbabwe (qui lui avaient reproché d'être le fils de Ian Smith, en dépit de leurs oppositions politiques). Alec Smith laissa derrière lui son épouse d'origine norvégienne, deux filles et un fils.
Commentaires de contemporains
- « Ian Smith était un formidable contradicteur mais ce n'était pas un visionnaire. Nous lui avons offert beaucoup plus que ce à quoi il pouvait prétendre et que ce qu'il va avoir maintenant. Il a attendu trop longtemps et il n'aura rien à la fin. » - Harold Wilson (ancien premier ministre du Royaume-Uni) dans une interview à la BBC en 1979, juste avant le sommet de Lancaster House.
- « Si Smith eût été un homme noir, je dirais qu'il aurait été le meilleur premier ministre que le Zimbabwe a jamais eu. » Morgan Tsvangirai, Leader du MDC, 1999
- « Smith avait beaucoup de qualités comme homme politique. Cependant, il était le produit de son milieu. Sa vie se résumait en parties de cricket, écoles "whites only", la RAF, le country club et la compagnie des autres "gentleman farmers". Il ne s'en est jamais échappé. » - Peter Hain, ministre chargé de l'Afrique dans le gouvernement de Tony Blair, interview au journal The Observer, 1999
Bibliographie générale consacrée à Ian Smith et à la Rhodésie
- Roland Pichon : Le drame Rhodésien, Idoc-France, 1975, 247p
- Charles Rousseau : Chronique des faits internationaux dans Revue générale de droit international public, 1978, p 917-922, 1979, p 547-555 et 1980, p 413-417
- Charles Cadoux : Le Zimbabwe, naissance d’une nation, Annuaire français de droit international, 1980, p9-29
- George Lory : Afrique australe, Autrement n°45, 1990, 265p
Notes
- Biographie sur Time On Line
- “I don’t think Rhodesia is in a position to have one-man, one-vote tomorrow.”
- cuivre zambien à transiter par son territoire Peu après, la Rhodésie du Sud autorisa les exportations de
- Beira se trouvait ainsi privé de l’essentiel de ses ressources Le port de
- Le groupe sud-africain Oppenheimer contrôlait les mines zambiennes de l’Anglo-American corporation et l’Afrique du Sud vendait chaque année pour 100 millions de dollars de produits manufacturés à la Zambie
- The Sunday Times du 28 janvier 1973
- Roland pichon, ibid, p 175
- www.time.com/time/magazine/article/0,9171,913423,00.html : RHODESIA: A Bizarre Venue, 25 août 1975
- Antenne 2 du 19 septembre 1976 sur le site de l'INA journal télévisé d'
- Revue de presse
- Article du Télégraphe du 22 novembre 2007 intitulé Ian Smith has sadly been proved right
- Marianne2.fr | le site de l'hebdomadaire Marianne
- 2001 (ISBN 1-903402-05-0). Bitter Harvest: The Great Betrayal and the Dreadful Aftermath, Blake Publishing, Londres,
Liens externes
- (en) La Rhodésie de Mzilikazi à Smith (Africa Institute Bulletin, vol. 15, 1977)
- (en) Nécrologie de Ian Smith par la BBC
- (en) Portrait de Ian Smith par le New York Times
- (en) Article de Timeonline du 21 novembre 2007 sur les réactions des zimbabwéens au décès de Ian Smith
Documents multimédias
Catégories :- Personnalité politique de Rhodésie
- Personnalité politique zimbabwéenne
- Naissance en 1919
- Décès en 2007
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