Guerre Des Malouines

Guerre Des Malouines

Guerre des Malouines

Guerre des Malouines
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Informations générales
Date du 2 avril 1982 au 14 juin 1982
Lieu Îles Malouines, Géorgie du Sud et zone maritime environnante
Casus belli Occupation Argentine des Îles mentionnées ci-dessus
Changements territoriaux Retour au status quo ante bellum
Issue Victoire britannique
Belligérants
Flag of Argentina.svg Argentine Flag of the United Kingdom.svg Royaume-Uni
Commandants
Président Leopoldo Galtieri
Vice-Amiral Juan Lombardo
Général Ernesto Crespo
Général Mario Menéndez
Margaret Thatcher, Premier Ministre
Amiral Sir John Fieldhouse
Contre-Amiral Sandy Woodward
Général Jeremy Moore
Pertes
712 morts[1]
1 068 blessés
11 313 prisonniers
75 avions
25 hélicoptères
1 croiseur léger
1 sous-marin
2 navires garde-côtes
4 navires cargos
1 navire espion
258 morts[2]
777 blessés
106 prisonniers
10 avions Harrier
24 hélicoptères
2 destroyers
2 frégates
1 Barge de Débarquement de Chars
1 CDIC
1 porte-conteneurs

La guerre des Malouines (en anglais : Falklands War, en espagnol : Guerra de las Malvinas) est un conflit entre l'Argentine et le Royaume-Uni à propos de la souveraineté sur les îles Malouines entre avril et juin 1982. Bien que surpris par l'attaque argentine sur les îles, le Royaume-Uni réagit et chassa les troupes argentines. En Argentine, l'échec contribua à la chute de la junte militaire et à la restauration d'un régime démocratique.

Sommaire

Contexte historique

La propriété des îles a longtemps été disputée. Au XVIIIe siècle, la France fut la première à les revendiquer, mais elle fut expulsée par l'Espagne qui les céda à la Grande-Bretagne. Les îles demeurèrent inoccupées de sorte que la souveraineté britannique perdit son effectivité.

L'Argentine obtint son indépendance de l'Espagne en 1816 et occupa les îles en 1820 avec une colonie pénitentiaire qui fut rapidement abandonnée. En 1833, le Royaume-Uni y établit une colonie, mais l'Argentine maintint sa revendication territoriale.

Avec la transformation au milieu du XXe siècle de l'office colonial en celui du Commonwealth, les gouvernements britanniques voyaient cette opposition avec l'Argentine comme mineure et pouvant être l'objet d'un compromis diplomatique, malgré le refus des 1 800 habitants d'origine britannique de devenir Argentins, invoquant l'article 73 de la Charte des Nations unies pour appuyer leur position. En 1965, sous l'effet de la résolution 2065 des Nations unies, les négociations commencèrent ; mais, dix-sept ans plus tard, très peu de choses avaient changé.

L'Argentine devint une dictature militaire en 1976 et faisait face à des problèmes économiques graves et une quasi-guerre civile, avec une guérilla de gauche, les Montoneros. Une victoire sanglante sur les guérillas fut obtenue en 1981, mais l'économie était en ruine avec l'inflation annuelle à 140 % quand le général Galtieri parvint au pouvoir en 1981. Son armée subissait un embargo sur les armes de la part des États-Unis depuis 1978.

La Royal Navy maintenait une présence militaire dans la zone sous la forme d'un petit groupe de quarante soldats des Royal Marines connu comme le groupe naval Naval Party 8901.

Vers la guerre

Les causes de la guerre

Les militaires argentins alors au pouvoir, qui étaient confrontés à une grave crise économique, voulaient redorer leur blason par un coup d'éclat en s'emparant des îles Malouines en exaltant le nationalisme de leurs compatriotes.

Par ailleurs, les milieux géopolitiques de Buenos Aires avaient développé le concept d'une Argentine bicontinentale. Le continent Antarctique, dont les ressources en matières premières sont inestimées, devrait être inclus dans le territoire argentin. La possession des îles Malouines serait donc la première étape pour faire des Antilles antarctiques (îles Malouines, îles de Géorgie du Sud, les Orcades du Sud, les Sandwich du Sud, les Shetland du Sud) un trait d'union maritime avec des territoires que l'Argentine souhaiterait annexer en Antarctique. Le concept d'une Argentine bicontinentale ne représente pas seulement un rêve pour les milieux politiques argentins : il est pour beaucoup une mission qui doit être accomplie un jour[3].

Déclenchement

La junte argentine tenta de détourner l'attention portée par l'opinion publique sur l'économie et le respect des droits de l'homme grâce aux effets espérés d'une victoire nationale rapide dans les Malouines. Une pression fut exercée sur l'Organisation des Nations unies (ONU) avec une menace subtile d'invasion : les Britanniques n'y firent pas attention et continuèrent à tergiverser[réf. nécessaire] (les positions britanniques ne se sont pas exprimées d'une manière monolithique mais plutôt en tenant compte d'intérêts spéciaux et d'administrations diverses ; ce qui conduisit souvent les observateurs extérieurs à des erreurs d'appréciation). Les Argentins interprétèrent la politique britannique comme un désengagement[réf. nécessaire] en particulier si les îles étaient envahies - un point de vue également soutenu par le retrait planifié de la dernière unité de la Royal Navy en 1981 (dans le cadre d'une diminution générale de la flotte) et la loi sur la nationalité britannique de 1981 qui retirait la nationalité complète aux résidents des Îles Malouines.

Le plan d'invasion fut conçu par l'amiral Jorge Anaya, le chef passionnément anti-britannique de la marine argentine. Après l'échec des négociations en janvier 1982, les plans furent finalisés et l'invasion programmée pour avril. L'attaque fut précédée par l'occupation de l'île de Géorgie du Sud à 1 390 km des Malouines, le 19 mars 1982, par un groupe de civils argentins patriotiques se faisant passer pour des ferrailleurs. Le navire de patrouille pour l'Antarctique de la Royal Navy reçut l'ordre d'évacuer les civils, le 25 mars, mais en fut empêché par trois vaisseaux de guerre argentins et n'insista pas. Cependant, le 30 mars, malgré la preuve supplémentaire[réf. nécessaire] que la marine argentine embarquait des troupes à Puerto Belgrano, le comité commun de renseignement du Royaume-Uni pour l'Amérique latine déclara que l'« invasion n'était pas imminente. »

Relations diplomatiques

Depuis que les relations bilatérales formelles étaient interrompues, les diplomates péruviens à Londres représentaient les intérêts diplomatiques argentins auprès du gouvernement britannique et les diplomates suisses représentaient la couronne britannique auprès des autorités argentines.

Invasion argentine

Le gouverneur des îles Malouines Rex Hunt fut informé par le gouvernement britannique d'une invasion argentine possible le 31 mars. Le gouverneur fit venir les deux officiers supérieurs des Royal Marines pour discuter des options de la défense.

Le major Mike Norman fut chargé du commandement général des Marines en tant que doyen pendant que le major Gary Noott devint le conseiller militaire du gouverneur Hunt. La force totale comprenait 67 Marines, ce qui était supérieur à ce dont ils auraient dû disposer en temps normal car la garnison était sur le point d'être relevée : les troupes arrivant et celles partant étaient donc toutes sur l'île en même temps. Ce total fut réduit à 55 quand 12 Marines embarquèrent à bord du bateau de patrouille Endurance pour observer les soldats argentins basés dans la Géorgie du Sud. Enfin, la force fut appuyée par 23 volontaires à temps partiel dispersés dans des points stratégiques alors que les casernes de Moody Brook étaient abandonnées.

Le 2 avril, le destroyer Santisima Trinidad s'arrêta à 500 mètres de la crique Mullet et débarqua 21 engins d'assaut argentins Gémini avec 92 commandos.

À 5 h 45, les Argentins avaient atteint leur premier objectif, les casernes Moody Brook et y lancèrent une attaque puissante, utilisant des armes lourdes et des grenades au phosphore. Elle prit fin quand les Argentins s'aperçurent que les casernes étaient abandonnées.

Les commandos reçurent du renfort pour aller à la maison du gouverneur. Le bruit de l'attaque alerta le major Norman qui se rendit sur les lieux. Réalisant que l'attaque venait de plusieurs directions, il ordonna à ses troupes de se grouper dans la demeure. Le lieutenant-commandant Giachino qui avait seize hommes sous ses ordres fut envoyé à l'assaut, entra dans l'annexe pour les serviteurs, croyant que c'était la porte arrière. Giachino avec quatre de ses soldats enfonça la porte. Trois Marines britanniques la protégeaient et Giachino fut blessé alors qu'il passait le seuil ainsi qu'un autre attaquant. Les trois autres se replièrent. Giachino était gravement blessé. Un médecin argentin tenta de l'aider mais fut atteint par une grenade. Les Britanniques lui demandèrent de se rendre, mais Giachino refusa - il succomba à l'hémorragie après la reddition des forces britanniques.

Presque simultanément à l'assaut de la maison du gouverneur se déroula une autre action. Plusieurs véhicules avaient été débarqués par des navires amphibies américains réformés et rachetés par l'Argentine, alors qu'une section des Marines commandée par le lieutenant Bill Trollope les observait. Brown toucha un blindé avec son lance-roquettes Carl Gustav. Les Argentins à l'intérieur ne furent pas blessés et quittèrent le véhicule. Les Argentins ouvrirent rapidement un feu nourri et la section retourna à l'abri de la maison.

Au QG, le major Norman reçut un rapport radio du caporal York posté à Port Stanley et chargé de surveiller les mouvements des navires argentins. Celui-ci suggéra un porte-aéronef et un croiseur comme cibles potentielles. Décidant de se replier, le caporal piégea son arme antichar et partit avec sa section dans son petit bateau vers le nord à travers Port Guillaume. Un destroyer le prit en chasse jusqu'à ce qu'il se réfugie près d'un navire de pêche polonais en attendant la nuit.

Un autre incident survint au QG quand les trois survivants argentins alertèrent par inadvertance le major Noot de leur présence alors qu'ils tentaient de quitter leur cachette. Le major tira vers le plafond et les Argentins se rendirent, devenant les premiers prisonniers du conflit.

Le matin du 3 avril, Rex Hunt et le major Norman, désormais assiégés dans la maison, décidèrent de capituler, mais la section du caporal York était encore libre. Le lendemain, cette section atteignit une hutte isolée et choisit de se rendre.

Les Royal Marine prisonniers le 2 avril 1982.
Patrouille argentine à Port Stanley le 2 avril 1982.

Après la reddition, les Royal Marines et les volontaires furent rassemblés dans les terrains de sport. Des photos furent prises, photos qui galvanisèrent l'opinion publique britannique quand elle les vit. Ensuite, les hommes furent placés dans un C-130 de transport qui les emmena en Uruguay, puis au Royaume-Uni. Un Marine prédit à un garde argentin : « Ne vous installez pas trop confortablement, nous allons revenir ». Ce qui fut fait 72 jours plus tard.

Les Argentins occupèrent dans le même temps aussi la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud, mais alors qu'ils ne croyaient avoir à faire qu'à des scientifiques et en conséquence n'avaient envoyé qu'un navire de transport escorté d'un seul aviso de la classe d'Estienne d'Orves, ils tombèrent sur un détachement de Royal Marines qui, avec leurs lance-roquettes, infligèrent de tels dégâts à l'aviso que celui-ci dut se mettre à l'abri. Mais face au contingent argentin débarqué, les Britanniques durent s'incliner.

À Buenos Aires, de grandes foules agitant des drapeaux inondèrent la Plaza de Mayo en entendant les nouvelles. À Londres, le gouvernement était stupéfait.

Réaction britannique

Margaret Thatcher, alors premier ministre du Royaume-Uni, annonce son intention de répliquer. Elle invoque le droit international, qui commande de ne pas laisser une agression par une dictature impunie, le droit à la légitime défense, qui a lui seul suffit à justifier une réplique contre l'agression argentine, et les droits de l'homme, les habitants des Malouines étant des Britanniques ne souhaitant nullement être dirigés par un dictateur argentin.

Les Britanniques organisent rapidement une pression diplomatique à l'encontre de l'Argentine tandis qu'ils constituent une armada autour des porte-aéronefs HMS Invincible et HMS Hermes. Bien que l'opinion publique au Royaume-Uni soutînt l'intervention, la communauté internationale se montra plus divisée. Pour certains États, il s'agissait d'un conflit entre un pouvoir colonial et un État régional. Toutefois, en raison de son caractère dictatorial, le régime argentin peina à obtenir un soutien. La crainte de voir leurs frontières remises en cause groupa une majorité d'États aux Nations Unies en faveur du Royaume-Uni. Le 10 avril, la Communauté économique européenne vota des sanctions contre l'Argentine.

Manœuvre diplomatique

Alexander Haig, le Secrétaire d'État des États-Unis, fit une navette diplomatique pour concilier Argentine et Royaume-Uni. Le gouvernement américain était très divisé sur la conduite à adopter. Si les États-Unis étaient liés militairement aux deux pays, le traité de l'Atlantique nord n'imposait pas aux Américains l'obligation d'aider les Britanniques dans l'Atlantique sud, et le pacte de Rio n'imposait pas aux Américains de soutenir les Argentins, qui étaient les agresseurs. Si des membres du gouvernement préférèrent soutenir le Royaume-Uni pour renforcer l'Otan, d'autres préférèrent soutenir l'Argentine pour poursuivre l'effort anticommuniste en Amérique latine. Le représentant des États-Unis à l'ONU, Jeane Kirkpatrick, soutint cette dernière approche.

Les Argentins rejetèrent le projet américain de triple administration provisoire de l'île (américaine, argentine, britannique). Fin avril, le président Ronald Reagan attribua l'échec des négociations aux Argentins, se déclara en faveur des Britanniques et ordonna des sanctions économiques contre l'Argentine.

L'Union Soviétique proposa la fourniture de renseignements à l'Argentine.

La contribution américaine à la Grande-Bretagne fut la fourniture de la plus récente version L des missiles AIM-9 Sidewinder et de renseignements collectés par les satellites espions ainsi que la mise à disposition de satellites de communications militaires [4]. En remerciement, Weinberger et Reagan furent faits Chevaliers d'honneur de l'Empire britannique par la Reine Elizabeth II.[réf. nécessaire]

Le président français François Mitterrand demanda à ses services secrets de renseigner les Britanniques sur les avions Mirage et les missiles Exocet fournis auparavant par la France à l'Argentine[5].

Préparation de la réplique britannique

À cause de l'éloignement entre les Malouines et le Royaume-Uni, les Britanniques devaient utiliser une force aéronavale autonome commandée par le contre-amiral Sandy Woodward. Une seconde composante était la force d'assaut amphibie sous les ordres du commodore M. C. Clapp embarquée, entre autres, dans le bateau de croisière réquisitionné Canberra. Les troupes terrestres débarquées étaient sous le commandement du Brigadier Général Julian Thompson (Commandant de la 3e Brigade Commando). Elles comprenaient principalement trois bataillons des Royal Marines (Commando) et deux bataillons Para. L'ensemble des forces était sous la coordination de l'amiral John Fieldhouse. Pour éviter de causer des victimes collatérales, une zone d'exclusion militaire de 320 km fut établie autour des îles.

La France participa de manière importante à la préparation britannique[6]. Des exercices eurent lieu au large de la Bretagne entre les deux armées et des informations confidentielles furent transmises par la France sur la position et les caractéristiques des Super-Etendard et Exocet vendus à l'Argentine. De plus, les forces britanniques purent faire escale à Dakar grâce aux Français.

Le prince Andrew d'York servit comme pilote d'hélicoptère sur l'Invincible.

Cette opération reçut le nom de code Corporate. La presse la baptisa « l'Empire contre-attaque »[7].

La guerre

Le 2 avril, la marine argentine débarque plusieurs milliers d'hommes aux Malouines. La garnison de la Royal Marine oppose une résistance courageuse mais inutile. Le gouverneur Rex Hunt demande aux marines de se rendre, ils seront conduits à Montevideo avec le gouverneur britannique. L’île passe sous administration militaire de l’Argentine.

Le 3 avril, les premiers avions de transport britanniques arrivent à l’île d’Ascension. Le 5, le gros de la force d'intervention britannique (porte-avions et transporteurs de troupe), rassemblée et préparée en moins de 5 jours, quitte Portsmouth pour l'Atlantique sud. Le 8, les destroyers Broadsword et Yarmouth quittent Gibraltar. Le 9, le Canberra quitte Southampton avec 2 000 hommes. Le 10, le premier groupe de destroyers (Antrim) arrive à l’île d'Ascension.

Mi-avril, l'escadre navale, soutenue par des bombardiers Vulcan et des ravitailleurs Victor, atteint l'île d'Ascension.

La Géorgie du Sud

Le 26 mars, les leaders du gouvernement militaire argentin décident l’invasion de l’île. L’opération est baptisée « Operación Rosario », sous le commandement de l’amiral Jorge Anaya. Le 3 avril les troupes argentines prennent la Géorgie du sud et les îles Sandwich.

Le 21 avril, le groupe de l'Antrim commence ses reconnaissances autour de la Géorgie du sud. Le 25, les forces britanniques des SAS débarquent en Géorgie du Sud dans le cadre de l'opération Paraquat. Malgré une météo difficile, l'île fut reprise, le commandant argentin signa la reddition sans conditions de ses forces sans avoir tiré un seul coup de feu. Le sous-marin argentin Santa Fe, attaqué par un hélicoptère, fut abandonné par son équipage.

1er mai : Raids Black Buck

Un Bombardier Avro Vulcan en approche de l'île de l'Ascension le 18 mai 1982.

Le 1er mai, les opérations contre les Malouines s'ouvrent avec les attaques de nuit par des Avro Vulcan de la Royal Air Force, basés sur l'île de l'Ascension, lors de l'opération Black Buck 1 contre l'aéroport de Port Stanley. Ces avions à rayon d'action moyen devaient être ravitaillés plusieurs fois et les ravitailleurs Victor devaient être eux-mêmes ravitaillés en vol, ce qui obligea à un effort logistique important (11 Victor). Une seule bombe toucha l'objectif mais les Argentins, se rendant compte de leur vulnérabilité, décidèrent de maintenir leurs avions à réaction sur le continent. On considère que cette mission fut un échec tactique mais une réussite stratégique.

Le chasseur Sea Harrier

Quelques minutes après Black Buck, neuf Sea Harrier du Hermes poursuivirent le raid en lâchant des chapelets de bombes sur Port Stanley et les terrains d'aviation à Goose Green. Les deux missions détruisirent des avions au sol et firent quelques dégâts sur les infrastructures des aéroports. La Fuerza Aerea Argentina lança une attaque avec le Grupo 6, dès le début des opérations de débarquement. Quatre de ces appareils furent détruits par les Sea Harriers tandis que les combats s'engagèrent entre d'autres Harriers et les chasseurs Mirage III du Grupo 8. Chaque côté refusant de se battre à la meilleure altitude de l'autre, les Mirages furent contraints de descendre. L'un des Mirages fut abattu et un autre, endommagé, se dirigea vers Port Stanley où les défenseurs argentins, victimes de la confusion, l'abattirent.

Des forces spéciales britanniques SAS et SBS sont débarquées sur les Malouines pour des missions d'observation.

Article détaillé : SAS dans la guerre des Malouines.

2 mai : Naufrage du Belgrano

Naufrage du Belgrano

Le 2 mai, le croiseur datant de la Seconde Guerre mondiale ARA General Belgrano fut coulé par le sous-marin nucléaire d'attaque HMS Conqueror hors de la zone d'exclusion. 321 argentins périrent. Le journal britannique The Sun titra « GOTCHA! » (« On vous a eus ! »). Cette perte durcit l'attitude du gouvernement argentin. Elle devint aussi un prétexte pour la campagne des antiguerre qui affirmaient que le croiseur s'éloignait de la zone d'exclusion. Cependant, selon les lois internationales, la direction d'un navire belligérant n'a aucune importance, il peut être coulé aussi bien dans les eaux internationales que dans celles des pays en guerre.

En dépit des controverses, ce torpillage eut une importance stratégique : toute la flotte argentine, y compris les deux destroyers de support du Belgrano, se réfugia dans les ports et autour du porte-avions Veinticinco de Mayo, ce qui soustrayait une menace pour l'escadre britannique.

Le 3, deux hélicoptères Lynx du HMS Coventry et HMS Glasgow coulent deux patrouilleurs argentins.

4 mai : Exocet

Le couple Super-Étendard/missile Exocet fut employé de façon efficace par l'Argentine qui ne disposait que de 5 AM-39 lors du conflit.

Deux jours après le naufrage du Belgrano, le 4 mai, les Britanniques perdirent le destroyer du type 42 HMS Sheffield dans un incendie après le tir d'un missile Exocet (cette information et cette date sont contestées par les Argentins). Ce destroyer et deux autres étaient en mission de couverture radar. Lorsque les navires furent détectés par une patrouille argentine P-2 Neptune, deux Super-Étendards furent envoyés armés d'un Exocet chacun. Ravitaillés par un C-130 peu de temps après le décollage, ils s'approchèrent à basse altitude, et lâchèrent les missiles à une distance de 30 et 50 km. D'après les Britanniques, l'un rata le , mais l'autre toucha le Sheffield, entraînant la mort de 22 marins britanniques. Il coulera le 10 mai lors de son remorquage pour la Géorgie du Sud. Cependant, d'après le pilote de chasse Jean-Pierre Otelli, après l'attaque, aucun avion ne décolla de l'HMS Hermes, et quelques heures après, il est évacué de la zone des combats à vitesse réduite, puis le lendemain, ses avions sont transférés sur le HMS Invincible.[8]

Pendant qu'il combattait l'incendie, le Yarmouth subit l'attaque d'un sous-marin de la classe Guppy qui lui lança neuf torpilles. Aucune des torpilles Telefunken n'explosa, ce qui déclencha un litige avec l'Allemagne à la fin de la guerre. Néanmoins, les destroyers furent retirés de la zone de combat, laissant l'escadre principale avec moins de protection.

Les conditions météorologiques se dégradaient avec l'arrivée de la mauvaise saison.

Le 9 mai, le chalutier espion argentin Narwal est coulé. Les positions autour de Stanley sont bombardées par la marine et les Harrier.
Le 11, le bâtiment de ravitaillement argentin Isla de Los Estados est coulé par le HMS Alacrity.
Le 12, le Queen Elisabeth 2 quitte Southampton avec la 5eme brigade d'infanterie à son bord, le contingent britannique en route pour les Malouines compte près de 10 000 hommes. Quatre Skyhawk argentins sont abattus en opération. Le HMS Glasgow est touché par une bombe qui n'explose pas.
Le 15, trois Skyhawk argentins sont abattus. Un raid des SAS sur Pebble Island se solde par la destruction au sol de 11 avions argentins.
Le 16, les bombardements des installations militaires autour de Stanley continuent, trois navires argentins sont touchés.
Le 20, un hélicoptère Sea King du HMS Invincible tombe près de Punta Arenas au Chili, les trois membres d'équipage seront rapatriés par la suite. Il est très probable que cette mission avait pour but de débarquer des membres des forces spéciales afin d'observer les mouvements d'avions des principales bases de l'aviation argentine.

21 mai : Débarquement à Port San Carlos

carte du débarquement

Au cours de la nuit du 21 mai, les Britanniques organisèrent un débarquement amphibie de 4 000 hommes sur les plages sur la côte nord des Malouines, à 100 km à l’ouest de Stanley, et s'assurèrent de son contrôle. 17 avions argentins et 4 hélicoptères sont détruits. Le plan visait à se rendre maître de Darwin et Goose Green avant de se tourner vers Port Stanley.

23 mai. La tête de pont est consolidée, 5 000 hommes sont à terre. Un Harrier est perdu en mer. Les Argentins perdent 8 avions. 25 mai, les argentins perdent 5 avions. Le 27 mai, les 263 survivants du Sheffield arrivent en Grande Bretagne. Les installations à terre de San Carlos sont attaquées pour la première fois. Les Argentins perdent deux avions.

En mer, la faiblesse des défenses antiaériennes des navires fut démontrée dans le naufrage de la frégate le 21, le 23, qui coulera lors d'une tentative de désamorçage d'une bombe non-explosée, et le MV Atlantic Conveyor, coulé par un missile Exocet lors d'une attaque dirigé contre le groupe principal de la Task Force, avec une cargaison essentielle d'hélicoptères et de composants de piste le 25. Ce jour-là le , du même type que le Sheffield, est coulé par 3 bombes de 500kg alors qu'il était avec le . Les destroyers et le furent gravement endommagés. L'Antrim a deux bombes non-explosées à son bord.

Les Argentins perdirent plus de trente avions et hélicoptères dans ces attaques. Des rapports après la guerre indiquèrent que les dégâts auraient été bien plus importants pour les Britanniques si des commandos n'avaient pas détruit des avions au sol, le 15.

27 mai : Goose Green

Carte de la bataille de Goose Green
carte de Goose Green

Bien qu'inférieur en nombre (1 contre 3), les parachutistes approchèrent et attaquèrent Darwin et Goose Green les 27 et 28 mai, qui étaient tenus par le 12e régiment d'infanterie argentin. Après une dure bataille, la plus longue et la plus dure du conflit, dix-sept Britanniques et deux cents Argentins perdirent la vie, mille quatre cents de ces derniers furent prisonniers. La BBC annonça la victoire avant qu'elle ne soit effective.

Après avoir éliminé le danger de l'important contingent de Goose Green, les forces britanniques purent faire une percée vers l'est depuis la tête de pont de San Carlos, soit en marchant, soit transportées par hélicoptères. Le 31 mai, les troupes britanniques atteignent le Mont Kent à 20 Km de Stanley. L'aviation argentine perd encore deux Skyhawk lors d'attaques contre la flotte britannique.

Le 1er juin, avec l'arrivée de 5 000 soldats britanniques supplémentaires de la cinquième brigade du paquebot Queen Elisabeth 2, le nouveau commandant de division, le major général JJ Moore RM, disposait d'assez de troupes pour lancer une offensive contre la garnison de Port Stanley. Le 5 juin, le 42e bataillon de commando de la Royal Marines occupe Mont Challenger. Un hélicoptère britannique Gazelle est abattu par un tir ami.

Pendant ces préparatifs, les attaques aériennes argentines continuèrent, faisant 48 morts, y compris 32 gardes du pays de Galles à bord des Sir Galahad et Sir Tristam le 8 juin à Fitzroy. De nombreux soldats contraints de rester à bord à cause de la perte des hélicoptères de l'Atlantic Conveyor furent victimes de brûlures. Une barge de débarquement du HMS Fearless est attaquée par 4 Skyhawk, 3 avions argentins sont abattus par une patrouille de Harrier. Le HMS Plymouth est endommagé par une attaque aérienne. Un Sea Harrier est abattu près de Stanley.

Le 10 juin, une patrouille d'observation des SAS est attaquée lors de la seule action militaire sur West Malouines.

11 juin : Bataille pour Port Stanley

Prisonniers de guerre Argentin le 17 juin 1982.

Dans la nuit du 11 juin, après plusieurs jours de reconnaissance difficile et la mise en place de la logistique, les forces britanniques, appuyées par l'artillerie, lancèrent une brigade à l'offensive du Mont Longdon, défenseur des hauteurs de Port Stanley. Treize Britanniques furent tués quand le Glamorgan, qui fournissait un appui-feu, fut touché par un Exocet tiré depuis une remorque de camion dételée auparavant aménagée en batterie improvisée. Une habitation dans la banlieue de Stanley est touchée par les tirs britanniques, trois civils seront tués, les seuls de tout le conflit.

Au matin, les positions argentines étaient enlevées après plus de 24 heures parfois au corps à corps. La nuit du 13 juin, la seconde phase fut enclenchée pour reprendre Wireless Ridge et Mont Tumbledown, 9 Britanniques et 32 Argentins perdent la vie. Stanley est complètement encerclé.

Le 14 juin, le commandant de la garnison, Mario Menendez, offrit sa reddition avec 10 254 hommes. La souveraineté britannique est restaurée sur l'ensemble des territoires des Malouines. Le 18 juin, le Canberra et le Norland appareillent pour Puerto Madryn pour rapatrier les prisonniers argentins. Le 20 juin, la fin des hostilités est officiellement déclarée par les Anglais.

Cette guerre de 72 jours causa la mort de 255 Britanniques et 712 Argentins.

Analyse

Militaire

Militairement, la guerre des Malouines fut remarquable sous plusieurs aspects :

  • Elle justifia la décision du Royaume-Uni de développer des avions à décollage vertical Harrier et des porte-aéronefs.
  • La capacité logistique du Royaume-Uni fut utilisée au maximum et améliorée ultérieurement.
  • Elle souligna le rôle des forces spéciales qui détruisirent de nombreux avions et contribuèrent au recueil de renseignements.
  • L'utilité des hélicoptères fut démontrée, aussi bien au combat qu'en appui logistique.
  • En mer, certaines faiblesses des vaisseaux furent soulignées, comme l'utilisation du magnésium et du nylon qui pouvaient fondre et brûler.
  • Les aptitudes du missile Exocet impressionnèrent beaucoup de pays qui s'empressèrent l'année suivante de passer de nombreuses commandes à la France, ce qui contribua à sa célébrité et à son succès commercial durable.
  • Ce fut l'occasion pour les Britanniques de tester de nouveaux matériels mieux adaptés au grand froid (tenues chauffantes et chaussettes beaucoup plus légères).

Politique

Monument aux morts argentins à Ushuaïa

L'issue de la guerre aurait pu être différente si un porte-aéronefs avait été touché par un Exocet ou si les Argentins avaient attendu une année ou deux qu'ils soient retirés du service. Le ravitaillement d'une importante garnison coûtait cher et il est probable que l'Argentine n'aurait pas pu garder ces îles une année de plus.

Cette guerre contribua à la popularité de Margaret Thatcher et aida à la victoire de son parti en 1983, même si plusieurs membres de son gouvernement donnèrent leur démission, y compris le secrétaire pour les Affaires extérieures Lord Carrington. On[Qui ?] a aussi dit qu'il y eut un regain de respect pour le Royaume-Uni, jusque-là perçu comme un pouvoir colonial décadent.

La défaite argentine précipita la chute du régime dictatorial et amorça une lente transition démocratique.

Culturelle

L'album The Final Cut du groupe Pink Floyd porte des charges directes contre cette guerre dénoncée comme brisant le rêve d'après-guerre de ne plus faire mourir des soldats britanniques dans une guerre bien que le Royaume-Uni eût déjà participé à plusieurs conflits depuis 1945.

Liens internes

Liens externes

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Notes et références

  1. Pertes argentines de la guerre des Malouines Site web du ministère argentin de la défense
  2. Pertes britanniques de la guerre des Malouines Site web du ministère britannique de la défense
  3. François Thual : Géopolitique de l'Amérique latine, 1996
  4. Flottes de combat 1986
  5. « Argentine. Le code ou la bombe. », Marianne, 24/11/2005.
  6. ISC - CFHM - IHCC
  7. Charles Maisonneuve, Pierre Razoux, La Guerre des Malouines, chapitre 3 : « L'Empire contre-attaque ». Éditions Lariviere, collection Docavia.
  8. Tiré du livre Pilotes dans la tourmente, page 349, écrit pas Jean-Pierre Otelli, pilote de chasse.
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