Abolition de la religion

Abolition de la religion

Religion

Une religion est un ensemble de rites, croyances généralement théistes[Note 1], composé de règles (éthiques ou pratiques), de récits, de symboles ou de dogmes adoptés comme conviction par une société, un groupe ou une personne. Par métonymie, la religion peut désigner l'ensemble des croyants, l'éventuelle institution en découlant ou « la religion » en tant que vue d'ensemble des différentes religions. Une religion peut être polythéiste ou monothéiste.

La religion occupe une place importante dans la culture des sociétés humaines. Les relations réciproques entre religions et composantes de la société sont souvent complexes, voire inextricables.

Par extension, certaines pratiques générant des cultes, des adorations ou des dogmes, prennent une valeur de religion et entraînent l'usage d'un vocabulaire religieux, par exemple « le temple du football », le culte de l'Être suprême.

Religion dominante dans chaque pays du monde

Religions monothéistes
Christianisme Islam Judaïsme
     Catholicisme      Orthodoxisme      Protestantisme      Sunnisme      Chiisme      Ibadisme      Judaïsme

Courants du bouddhisme
     Theravada      Mahayana      Vajrayna

Divers
     Cheondoïsme      Hindouisme      Taoïsme
     Caodaïsme      Shintoïsme      Vaudou
     Alévisme

Sommaire

Définitions

Autel Ikuan Tao, mouvement religieux chinois syncrétiste

La religion a pu être définie dans des formes très diverses voire se voir refuser une définition pour ne pas enfermer la religion dans une vue monolithique[1]. La plupart des définitions actuelles tentent de trouver un point d'équilibre entre définitions strictes et généralisation excessive.

L'un des principaux obstacles à la définition est de savoir s'il faut y inclure la notion de divinité. Le second, si des pratiques que des peuples ne considèrent pas comme religieuses doivent être prises en compte et incorporées. Enfin, troisième obstacle, la prise en charge ou non de la nature du sacré à laquelle se sont rattachées de nombreuses approches théologiques.

Dans la diversité des recherches en sciences humaines, la religion recouvre plusieurs acceptions. Ainsi, comme le remarque Jonathan Z. Smith, le mot religion « est un terme créé par les chercheurs pour leur propre besoin[2]. » En anthropologie culturelle, une religion est une approche organisée de la spiritualité humaine qui a recours usuellement à une série d'explications mythologiques, de symboles, de croyances et de rituels, dans une dimension souvent surnaturelle ou transcendante, qui procure ainsi un sens aux expériences et à l'existence du pratiquant, lui prodiguant une assurance de « Vérité »[3]. On retrouve cet élément de définition culturelle chez les philosophes de la religion, ainsi chez Paul Tillich[4]. La sociologie a pu donner des définitions fonctionnalistes. La psychologie s'est appuyée sur l'expérience émotionnelle du croyant sur son rapport intime avec le sacré[5].

Le concept de religion et ses limites

« Una religio in rituum varietate »

— Nicolas de Cuse, De pace fidei, I, 6, 1453

Les concepts qui nous servent à décrire les phénomènes religieux contemporains ne sont pas forcément adaptés à l'analyse de ce qu'ils étaient pour les peuples anciens[6]. Dans les langues anciennes (hébreu, grec et latin) le mot « religion » désignait les cultes ou les pratiques cultuelles propres à chaque civilisation. Son sens actuel est différent par sa prétention à l'universalisme. Ainsi, la notion de religion a pu apparaître comme une « invention » occidentale[7] des temps modernes[8]. Au-delà, pour des auteurs tels que Timothy Fitzgerald, la « religion », est une catégorie intellectuelle inopérante, née d'un désir d'affirmer le caractère transcendant d'une culture mondiale idéale ; en définitive, « il n'y a pas de fondement théorique non-théologique cohérent pour l'étude de la religion comme une discipline universitaire » à l'exception de définitions qui en dernier ressort renvoie à un théisme chrétien[9].

Si le terme apparaît au XIe siècle[10], la théorisation du phénomène, son étude et sa définition moderne apparaissent à la Renaissance, avec les grandes découvertes qui amènent les Européens à s'interroger sur la spécificité du christianisme et sur ses ressemblances par rapport aux religions non monothéistes[11].

Étymologie

Représentation monumentale du dieu Shiva en méditation (Bangalore, Inde).

Une hypothèse lie le terme à la racine *leig et par là au terme latin religio, dont le nuage sémantique est très riche. Cependant, l'étymologie demeure incertaine et controversée depuis l'Antiquité. Querelle philologique, le questionnement engage aussi le sens même du terme religio. Est-elle ce qui relègue et éloigne ou ce qui relie et permet la communion[12] ?

Au sens propre, le terme religio signifie « scrupule », « conscience », « engagement », « obligation », puis par sens dérivé, « crainte des dieux », « sentiments religieux », « croyances », « superstitions », « pratiques religieuses » ; enfin « caractère sacré », « objet » ou « chose sainte » (ou « de culte »), « signe sacré », « sainteté ». On trouve cette double étymologie chez Cicéron qui évoque le respect et la crainte face aux forces surnaturelles et le souci d’être scrupuleux dans l'observation des rites[13]. Ainsi le sens latin du terme religio désigne plus une religion objective qu'une foi. Il semble lié à l'aspect ritualiste voire anxieux de la pratique religieuse romaine publique[14].

L'étymologie du terme « religion » reste un débat polémique de linguistes et de spécialistes des religions. L'étymon ligare est proposé par les auteurs chrétiens antiques tels Augustin d'Hippone, Lactance (Divinae institutiones), Tertullien ou Isidore de Séville. Ainsi, religio viendrait de religare, « rejoindre » ou « relier », compris généralement comme indiquant la relation de l'humain au divin, mais aussi des humains les uns aux autres, lien à la fois sur le plan de la cohésion sociale et sur celui de l'attachement affectif. Il s’agit d’une signification tardive probablement fondée sur la confusion entre « religo » (de , avoir égard à quelque chose) et « religo » (de « ligo », « lier »). Les auteurs romains d'obédience chrétienne comme Tertullien, Saint Augustin, Lucrèce, Isidore de Séville ou Lactance citent l'opinion de Cicéron qui, dans De la nature des dieux, fait remonter le mot au latin religio, dont la racine est un verbe : ligare, donnant religare, soit en français respectivement « lier » et « relier ». Pour Cicéron, le sens du mot contient l'idée de scrupule et d'attention à porter aux actes et aux rites. Le mot est ainsi une création latine tardive et d'origine chrétienne. Avant le christianisme, les langues anciennes, et même le grec antique, ne possédaient pas de mots signifiant le sens actuel de religion. J Rudhart dans Notions fondamentales de la pensée religieuse et actes constitutifs du culte dans la Grèce antique[15] a montré que « notre mot religion n'a pas d'équivalent grec », et que ce constat vaut pour le sanscrit et pour l'hébreu enfin. La « religion » est donc une attache ou une dépendance, un assujettissement du croyant à son culte et à sa divinité. Toutefois, Cicéron note l'autre sens du mot « religio » qui proviendrait du verbe « legere », soit « cueillir, ramasser », dans cette hypothèse « religere » signifierait « recueillir » et « recollecter ». D'après le linguiste Émile Benveniste, le mot renverrait au verbe « religere » qui, dans cette acception, signifierait « revenir sur ce qu'on fait» ou « ressaisir par la pensée ou la réflexion ». Les deux étymons ne sont pourtant pas antagonistes. Pour Michel Serres : « Le religieux [est] ce qui nous rassemble ou relie en exigeant de nous une attention collective sans relâche telle que la première négligence de notre part nous menace de disparition. (...) Cette définition mélange les deux origines probables du mot religion, la racine positive de l'acte de relier avec la négative, par l'inverse de négliger. »[16]. Une troisième voie est indiquée par Augustin d'Hippone (De Vera religione), qui suggère l'étymologie archaïque suivante : relegere, « relire », « reprendre », par opposition à neglegentia, « négligence ». Pierre Legendre[17], s'appuyant sur les travaux de Émile Benveniste[18] et J. Scheid[19], argumente à son tour dans le sens d'une telle interprétation : « Le sens originaire du latin religio se situerait du côté du verbe legere (recueillir, qui a donné lire), non pas ligare (lier).» En d'autres termes, une telle sédimentation du terme indiquerait que religio constitue une figure herméneutique magistrale de la société, un mode d'intelligibilité de la société sur le monde et sur elle-même[20].

Le philosophe Jacques Derrida dans Foi et savoir étudie le rapport et la sémantique des deux étymologies. La première filiation, du verbe « relegere », de « legere » signifiant « cueillir et rassembler » renvoie pour lui à l'expérience de la sacralité et de la sainteté, essence même de la religion. Par extension, ce sens renverrait aux traditions écrites et aux enseignements aux sources des cultes, comme les mythes, les textes fondateurs à vocation didactique ou édifiante :

  • en hébreu, le mot « Torah » signifie « enseignement » ;
  • an arabe, « Coran » signifie « récitation » ;
  • au savoir, c'est le sens en sanskrit du mot « Véda » ;
  • aux écritures saintes, « Biblia » en grec signifie « livres compilés » ;
  • et enfin à la loi, « Dharma » dans l'hindouisme.

L'autre filiation, du verbe religare, de ligare signifiant lier et relier est elle inventée par les chrétiens et véhicule l'idée d'une religion comme lien social, croyance partagée et universelle dette entre hommes ou entre l'homme et Dieu, pacte entre la divinité et la communauté[21].


On comprend ainsi qu'il s'agit à la fois des croyances et des cultures d'un groupe humain et des pratiques qui en découlent.

L'étymologie semble indiquer que la religion relie l'homme à la divinité, et à ses racines originelles, et à la société où il évolue. Ces dimensions (ainsi que le rapport à la mort, implicitement présent dans les cultes des Lares) se retrouvent effectivement à l'origine des religions. Historiquement, dans les sociétés primitives, il n'y a pas de séparation entre le sacré et la société elle-même : la société n'a pas « une religion », c'est la nature même de la société qui est religieuse, la religion est coextensive à la société, et toutes les activités de l'homme qui prennent un aspect transcendant[22].

Foi, sens et croyances

Articles détaillés : Spiritualité et Surnaturel.

L'expérience religieuse s'articule autour de mythes, de rites, de pratiques et repose sur un assentiment que la théologie chrétienne désigne sous le terme de foi. Cette notion, que l'on peut transposer aux autre formes religieuses, est centrale dans de nombreux cultes. Certaines sociologues[23], dans la lignée d'Henri Hubert ont pu voir dans la notion de sacrée, un pivot à l'organisation de la religion et en définitive l'élément central de toute explication religieuse du monde : « C'est l'idée mère de la religion. Les mythes et les dogmes en analysent à leur manière le contenu, les rites en utilisent les propriétés, la moralité religieuse en dérive, les sacerdoces l'incorporent, les sanctuaires, lieux sacrés, monuments religieux la fixent au sol et l'enracinent. La religion est l'administration du sacré[24]. » Les religions prennent en charge les questions essentielles, permanentes et récurrentes propres à la condition humaine[25], au sens de la vie, proposant en particulier des récits mythologiques, cosmogoniques et des espérances face à l' angoisse de la mort et à l'ignorance naturelle relative à l'existence et à l'univers. Elle peut apparaître dans sa recherche de sens comme un élément de cohésion sociale qui se manifeste par une géographie du sacré ou être considéré d'un point de vue personnel et intime comme une expérience spirituelle.

Conscience de la mort et sentiment religieux

La Catrina, un des calavera les plus célèbres du « Jour des morts » célébré tous les ans au Mexique.

Pour les anthropologues, la conscience de la mort est constitutive de l'humanité[26] : le rite funéraire est l'indice qui signale l'émergence d'une certaine forme de culture, mais aussi - de manière hypothétique - du sentiment religieux, qui permet de distinguer l'humain des autres anthropoïdes[Note 2].

La relation des sociétés humaines à la mort engagent tant des systèmes de valeurs et de croyances, qu'un ensemble de rites, de symboles, de pratiques et de traditions qui inscrivent la confrontation des groupes humains à la mort dans une perspective éminemment religieuse[27]. Si la religion apparaît comme la principale réponse des vivants à la morts, la forme que prend cette réponse peut se manifester avec plus ou moins d'intensité selon les cultures. L'inhumation volontaire peut indiquer l'importance accordée à certains membres de la communauté mais manifeste de même l'apparition de sentiment religieux. Les premières sépultures proprement dites font leur apparition au cours du Moustérien (Paléolithique moyen), il y a environ 100 000 ans [28]. Elles sont liées à l'Homme de Néandertal en Europe et aux premiers homo sapiens au Proche Orient comme l'indiquent les découvertes récentes de la grotte de Es Skhul. Les rites funéraires sont des rites de séparation qui permettent de se détacher du mort[29] par la mise en place d'une image, d'un souvenir (masque mortuaire, effigie, etc.) qui détache le mort de sa dépouille pour lui permettre de trouver une place dans l'imaginaire des vivants. Néanmoins, les rituels ne retiennent pas le mort. En gardant une trace, un souvenir, ils visent aussi à l'exclure de la communauté des vivants. Beaucoup de rites funéraires servent à accompagner l'âme du défunt hors du monde des vivants. Tout est fait pour que le mort ne puisse pas revenir tourmenter les membres de la communauté. Au Sénégal, les Diola[30] lui crèvent les yeux et lui cassent une jambe pour être sûr qu'il ne revienne pas. Toujours au Sénégal, les Senufo insultent le cadavre, le miment en le caricaturant. Tous ces rites cherchent à exclure le mort, à le « congédier[31] » hors du monde des vivants. Pour Louis-Vincent Thomas, les rites funéraires opèrent une double fonction :

  • Sur le plan du « discours manifeste », ils règlent le devenir du cadavre, tout en prenant en charge les survivants au travers d’une codification et d'une réglementation rituelle précise.
  • Sur le plan du discours latent, « même si le cadavre reste toujours le point d'appui des pratiques, le rituel ne prend en compte qu'un seul destinataire : l'homme vivant, individu ou communauté ; sa fonction fondamentale est de guérir ou de prévenir, fonction qui revêt d'ailleurs de multiples visages : déculpabiliser, réconforter, revitaliser, etc [32]».

À l'époque contemporaine, en Occident, à la suite de Descartes[réf. nécessaire], Auguste Comte élabora de même une sorte de culte des morts.

Explication du monde et récits primordiaux

« Du tronc d'un gommier, Numbakula [l'Être divin] a façonné le poteau sacré et après l'avoir oint avec du sang y a grimpé et disparu dans le ciel »

— Mircea Eliade, Le Sacré et le profane

La plupart des religions - en partage avec les mythologies - proposent des récits cosmogoniques, voire de la naissance, des combats, des actions ou des dieux et des esprits. Ces récits s'inscrivent dans un temps sacré, volontiers circulaire, réversible ou d'apparence cyclique[33]. Le monde s'organise alors autour d'une figure centrale qui ordonne et sépare le monde du chaos primordial. Ces récits évoquent, en des sens variés la naissance du monde, la cosmologie, l'apparition de l'homme, l'immortalité ou sa quête, l'éternité, la fin du monde. Elle serait l'expression organisée d'un besoin de sens de l'être humain et son désir de comprendre et d'expliquer ce pour quoi aucune explication ne semble se présenter. On parle plus volontiers d'une quête de sens, plus ou moins rationnelle et en tous cas multiforme[précision nécessaire].

Article connexe : Cosmologie religieuse.

Doctrines et croyances

Les sept arts libéraux au service de la théologie, sous la direction énergique de Pierre Lombard. Salzbourg, XVe siècle

Les traditions religieuses développent un ensemble de valeurs, des conseils concernant la vie morale et procurent ainsi un enseignement moral, plus ou moins contraignant, censé orienter le croyant et sa communauté vers son « salut » ou sa délivrance et, par conséquent, l'éloigner de l'erreur ou de la souffrance[34]. Cette morale ou éthique religieuse peut développer des règles dans tous les domaines de la connaissance et de la société. Quelle soit normative ou téléologique, la morale religieuse se présente souvent comme une morale absolue ou une « vérité morale » qui présuppose une nature humaine universelle ou une loi naturelle ; on parle alors de réalisme moral. A contrario, elle peut apparaître comme une « construction sociale » qui n'a d'autre bien-fondé que l'intérêt du groupe ou de l'individu.

La plupart des traditions religieuses donne naissance à des traditions juridiques où l'ordre divin est le garant de la justice. Parmi les codes, lois et instructions religieuses mis en place à cet effet, on peut citer le droit du Kitáb-i-Aqdas, le droit canonique romain, les dix commandements, la Halakha, le Dharma. Au XIXe siècle, le catholicisme a élaboré une doctrine sociale, qui a été mise en pratique dans le catholicisme social.

Les croyances ne sont pas toujours liées à une religion. Inversement, certains dogmes ou croyances religieuses, comme la réincarnation, peuvent être acceptés isolément sans adhérer au système religieux d’où ils sont empruntés.

Croyances religieuses, sacré et cohésion sociale

La religion structure également le rapport à l'autre, humain ou non. Une autre problématique dont traite la religion en tant que facteur de cohésion sociale est celle du pur et de l’impur, et du rapport à son autre, c'est-à-dire, au non-religieux dont elle trace les contours. On peut penser ce rapport en termes essentialistes, ceux de sacré et de profane, ce que font, en fait, tous les théologiens qui n'osent plus parler de leurs convictions que par le détour d'un métalangage. Mais on peut aussi aller plus loin, ne pas s'arrêter là où la théologie le demande, et aborder la religion comme on le fait pour n'importe quel autre aspect de la vie sociale. Dans cette approche, la religion ne se pense plus comme une option mais comme l'un des procédés non-optionnels, universels, par lesquels une société se perçoit, trouve et prend sa place dans le monde. Selon Durkheim, la religion, c'est la société elle-même en train de s'auto-légitimer et de s'auto-adorer[précision nécessaire].

Article connexe : Représentation sociale.

L'expérience spirituelle

Sur un plan subjectif, les religions sont associées à l'expression d'une « expérience spirituelle » (extase mystique, oracle, révélation, éveil) dont on trouve la trace dans la majorité des cultures. Les croyants se fondent sur cette expérience spirituelle pour donner un sens à leur existence (« sens » devant s'entendre dans ses deux acceptions, à la fois comme herméneutique (signification) et comme recherche d'un projet de vie (direction))

Sacrifice et pensée religieuse

Article détaillé : offrande.

Évolution des formes religieuses

Anthropologie et formes mythologiques

Représentation du vol du chaman du monde d'en bas au monde d'en haut, d'après les plaques de Perm.
Article détaillé : Religion dans la préhistoire.

Les formes religieuses les plus anciennes, parfois qualifiées de « primitives », sont l'animisme, le fétichisme, le chamanisme[35]. Bien que possédant des similitudes, ces traditions ne constituent pas un ensemble homogène et varient en fonction de la société qui s'y rattache. Bien que documentées pour la période historique, il n'est pas possible d'assigner une origine précise à ces pratiques religieuses.

Les grands corpus mythologiques remontent pour la plupart à la période de transition entre préhistoire et période historique, la protohistoire. On peut citer comme exemples de mythologies celles de Sumer, de Babylone, les dieux égyptiens, voire la mythologie grecque.

Ces formes perdurent dans les religions ou spiritualité de différentes zones de la planète : chamanisme d'Eurasie (Nord sibérien), religions d'Afrique, d'Amazonie, d'Océanie, d'Amérique, etc. On peut également citer d'autres religions maintenant quasiment disparues, le plus généralement polythéistes, maintenant classées en mythologie ou religions antiques, originaires principalement d'Eurasie, d'Afrique, ou d'Amérique.

On peut penser que les cultes anciens de notre ère prennent leurs racines dans ces cultes préhistoriques et ces mythologies.[Pourquoi ?]

Articles détaillés : Mythologie, Chamanisme et Magie (surnaturel).

Textes religieux

Rouleaux de la Torah de l'ancienne synagogue de la Glockengasse, aujourd'hui conservée dans la synagogue de la Roonstrasse (Cologne)

Les diverses traditions religieuses entretiennent des rapports anciens, complexes et différenciés avec l'écrit. Ainsi, les trois grands monothéismes orientaux ont pu être décrits selon l'expression controversée de « religions du Livre »[36]. L'invention de l'écriture ouvre à la fois la période historique et marque l'apparition des premiers grands textes religieux, considérés comme sacrés par les traditions religieuses. Les traces épigraphiques les plus anciennes sont des inscriptions trouvées en Mésopotamie et datant d’environ 3400-3300 av. J.-C.

Articles détaillés : Monothéisme, Texte sacré et Religion révélée.

Enseignement magistral

Bouddha Amitabha représenté en position d'enseignement (Vitarka-mudrâ).
Articles détaillés : Prophète, Sagesse et Métaphysique.

À partir du premier millénaire avant notre ère, les nouvelles formes de religion se rattachent à l'enseignement d'un maître. On voit apparaître successivement : le jaïnisme, retracé jusqu'au Tîrthankara historique aux alentours des VIIe siècle, VIIIe siècle av. J.-C., le zoroastrisme, dérivé de l'enseignement de Zoroastre vers 650 av. J.-C., le taoïsme, professé par Lao Zi vers 600 av. J.-C., le bouddhisme, héritage de Bouddha vers 560 av. J.-C., le confucianisme dérive de l'héritage de Confucius qui enseigne vers 550 av. J.-C., le christianisme est issu du message de Jésus de Nazareth, l'islam est professé par Mahomet entre 609 et 632, le bahaïsme est fondée par Bahá'u'lláh en 1863, le sikhisme est créé par Nanak Ji vers 1500…

Ces formes de religion ont en commun de fournir une explication à nos grandes questions philosophiques. Elles n'en ont cependant pas l'exclusivité, et ces questions ont été abordées par tous les grands systèmes philosophiques qui émergèrent dans le premier millénaire avant notre ère. Dans l'Antiquité gréco-romaine, les philosophes abordent les mêmes questions sur un plan purement métaphysique, en les détachant de la pratique religieuse.

En Asie, le bouddhisme, le confucianisme, le shintoïsme etc., forment plutôt une philosophie en tant que mode de vie, une spiritualité ou une forme de religion polythéiste.

École, confessions, syncrétisme

Johannes Schnitzer von Armsheim (1483), disputatio entre docteurs chrétiens et juifs.

Les ruptures religieuses des deux derniers millénaires tendent à se rattacher à des ruptures entre écoles, plus qu'à l'enseignement original d'un maître. Une appréhension nouvelle d'un corpus existant donnera lieu à la création d'une école si celle-ci n'aboutit pas à un schisme, d'une confession s'il y a schisme, et tendra à être qualifiée de nouvelle religion si le nouveau corpus se veut syncrétique, par exemple. Le discours théologique sur lesquelles elles se fondent n'est souvent qu'une affaire de spécialistes[non neutre]. Les disputes se traduisent souvent par des oppositions politiques, et l'orthodoxie peut parfois être imposée par un appareil législatif et une répression pénale.

Toute religion qui possède un grand nombre de croyants, qui connaît une certaine expansion géographique ou qui subsiste depuis longtemps connaît des diversifications qui donnent naissance à de nouvelles manières d'appréhender le corpus existant. Ces nouvelles appréhensions peuvent accoucher de courants qui continuent d'appartenir à la même institution (on peut prendre pour exemple les différentes sensibilités co-existant dans l'église catholique, qui vont de la théologie de la libération à l'Opus Dei) ou créent une nouvelle confession qui, tout en se réclamant des mêmes textes sacrés, en tirent d'autres conséquences (on peut penser au bouddhisme : celui du grand véhicule, celui du petit véhicule et le bouddhisme zen, on peut aussi penser au catholicisme, à l'orthodoxie et au protestantisme pour le christianisme).

Chaque religion peut comporter en son sein plusieurs sous-groupes ou courants. Certains peuvent se voir comme orthodoxes, définissant les autres comme hétérodoxes, voire hérétiques. Lorsqu'un groupe se dissocie profondément de l'ensemble, on parle de schisme. Pour désigner les différents groupes, on utilise parfois le terme dénomination (anglicisme) ou, pour les différents sous-groupes chrétiens, Église. Secte, employé dans un contexte historique, peut aussi désigner un courant, mais dans la France du XXIe siècle, il a un sens plus spécifique de groupe restreint aux caractéristiques très marquées, et présente souvent une connotation négative. Quand il y a mélange d’influences, on parle de syncrétisme.

Pour les ruptures à l'origine de religions modernes, on peut citer par exemple:

On pourrait citer aussi les nombreuses « hérésies », comme le gnosticisme, le nestorianisme, le monophysisme, le pélagianisme, qui sont autant d'exemples du même phénomène.

Articles détaillés : Théologie, Dogme et Hérésie.

Les cultes de création plus récente

Adorateurs du dieu indien Krishna, à Vienne.

Le monde religieux contemporain est marqué d'une part par un processus de sécularisation, voire un « désenchantement du monde[37] », et d'autre part par un « retour [38]» ou un « réveil du religieux », une « revanche de Dieu[39] », par la création de nouveaux cultes et religions, mais aussi par l'apparition de « religion de remplacement ». Ces nouvelles formes se caractérisent souvent par la volonté de se distinguer (voire de se séparer) d'une société qu'elles critiquent, pour adopter un style de vie spécifique et orienté vers un but spirituel. On peut citer dans cette large catégorie :

XVIIe siècle

XIXe siècle

XXe siècle

Articles détaillés : Secte et New Age.

Sciences religieuses et études de la religion

Théologie

Philosophies religieuses et philosophie de la religion

La réflexion philosophique entretient de nombreux rapports avec les différentes pensées religieuses. Les philosophes, selon leurs présupposés méthodologiques ou personnels, ont été amenés à soutenir des positions allant de l’adhésion à une religion, comme Malebranche, au rejet de toute forme de croyance, comme ce fut le cas du baron d'Holbach. Un certain nombre de domaines sur lesquels la philosophie travaille font aussi partie du champ religieux, comme l’éthique ou la métaphysique, ce qui a posé des problèmes de cohabitation, en particulier dans l’Europe catholique de la Renaissance[40].

Le point de désaccord entre la philosophie et la religion est principalement celui du statut de la vérité : elle est l’objet d’une recherche purement rationnelle pour le philosophe tandis que le croyant pense que la vérité se transmet, et qu’elle a été, tout au moins en partie, révélée, et qu’on peut la trouver dans les textes sacrés qu’il reconnaît[41]. Ce qui n’empêche pas le croyant de se livrer à une réflexion utilisant les concepts des philosophes, la théologie chrétienne étant née de la rencontre du christianisme naissant et des concepts des philosophes grecs et romains. Malgré cette dichotomie, pendant tout le Moyen Âge européen, il n’y a eu de philosophie que chrétienne. Est-ce à dire que la théologie et la philosophie sont solubles l’une dans l’autre ? Assurément non. Mais comme la philosophie peut s’intéresser à des problèmes religieux, la religion peut s’intéresser à des problèmes proprement philosophiques, comme le rapport du langage à la réalité et la possibilité de la connaissance humaine[42]. La philosophie restera d’ailleurs longtemps tributaire de la manière dont les théologiens ont posé les questions avant qu’elle ne retrouve une certaine autonomie. On notera donc l’importance pour la philosophie d’auteurs comme Anselme de Cantorbery, Duns Scot, Guillaume d'Occam ou Thomas d'Aquin.

Par ailleurs, certains courants philosophiques ont eu tendance à vouloir remplacer le fait religieux. Le déisme pose un dieu créateur mais en refuse l’institution religieuse. Le culte de la Raison (voire de la déesse Raison entendue comme allégorie) fut proposé durant la Révolution française. Le saint-simonisme athée, se nommait lui-même « nouveau christianisme »[43] ou « religion saint-simonienne ». La « religion de l’humanité » (religion positiviste) d’Auguste Comte, était quant à elle sans dieu mais dotée d’un catéchisme et d’un calendrier. Comte prédisait le remplacement définitif des religions par la science, du fait de la loi des trois états.

Religions comparées

Max Müller

Histoire des religions

Sociologie des religions

Principales religions dans le monde

Classement théologique, philosophique ou anthropologique

On peut classer les religions selon le nombre de leurs dieux, les relations qu’ils entretiennent entre eux, avec l’univers et les fidèles, ou la présence de certains concepts ou pratiques en leur sein :

Les religions monothéistes ne reconnaissent qu'un seul Dieu : judaïsme, christianisme, islam, bahaïsme en sont les exemples les plus typiques. Ces quatre religions sont appelées abrahamiques, car elles reconnaissent toutes les quatre la figure d'Abraham comme premier patriarche.

Les religions polythéistes reconnaissent plusieurs dieux, différemment liés. L'ensemble polythéiste peut être subdivisé en différents types : hénothéisme, monolâtrie par exemple.

Le panthéisme est une philosophie selon laquelle tout est Dieu et en Dieu.

Les religions révélées sont des religions qui affirment détenir leur connaissance de source divine, soit par des apparitions (théophanies), soit par l'inspiration à des prophètes de textes considérés comme d’origine divine. Les religions abrahamiques en sont un exemple.

Les religions peuvent être fondées sur une orthodoxie (christianisme) ou une orthopraxie (judaïsme, bahaïsme, hindouisme).

La présence de certaines croyances ou pratiques (animisme, chamanisme etc..) peut aussi caractériser les religions et permettre un regroupement. La distinction entre religions sacrificielles ou non sacrificielles est particulièrement importante en anthropologie.[réf. nécessaire]

Classement historique et géographique

Chronologie de quelques religions.

On distingue[Qui ?] quelquefois les religions éteintes, les religions actives et les nouveaux mouvements religieux[réf. nécessaire]. Les premières, également appelées religions antiques, reparaissent parfois dans la dernière catégorie lorsqu’elles font l'objet d’une tentative de résurrection (néo-druidisme, néo-paganisme).

Article connexe : Réveil religieux.

On peut également regrouper les religions par aires géographiques, qui sont souvent aussi des aires culturelles. La proximité géographique va souvent de pair avec des emprunts et influences mutuelles, voire une communauté de sources. Dans le monde indien, on remarque que l'hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme, sont profondément liées, comme avec le sikhisme, influencé par l'hindouisme et l'Islam[44].

Problèmes de dénombrement

Il est difficile d’obtenir des statistiques exactes et précises concernant le nombre d’adhérents aux différentes religions et d’incroyants, ce pour plusieurs raisons :

  • Difficulté de mise en œuvre, diversité et validité des modes de comptage : une documentation disponible n’existant pas toujours, le recueil de statistiques est une entreprise qui consomme beaucoup de temps et de ressources ; les différents modes de comptage - inscription sur des listes officielles, estimation selon d’autres critères (ethnique p.ex.), auto-déclaration - peuvent donner des résultats différents, chaque mode comportant ses risques d’erreur.
  • Manque d’objectivité : les statistiques religieuses sont souvent établies par des organismes rattachés à un ensemble idéologique donné ; il peut y avoir sur- ou sous-comptage délibéré de certains groupes. Certains environnements imposent ou interdisent certaines idéologies, empêchant l’accès à l’opinion réelle des sondés.
  • Définition des ensembles religieux et idéologiques : les statistiques sont établies par des personnes appartenant à une zone géographique et culturelle donnée. Certaines religions y sont bien connues, donc clairement définies ; d’autres religions « exotiques » peuvent être mal identifiées. Par ailleurs, même pour les religions bien connues, le regroupement peut varier : mormons, témoins de Jéhovah et nouvelles sectes d’inspiration chrétienne peuvent ainsi être inclus dans l’ensemble des chrétiens ou comptés à part. Les incroyants peuvent avoir des difficultés à se situer dans un groupe précis (athée, agnostique, libre-penseur), ce choix réclamant un travail introspectif et des connaissances philosophiques de base pour être fait en connaissance de cause.
  • Adhésion exclusive et multi-adhésion : si certaines religions réclament un rattachement exclusif, il existe des zones culturelles (monde chinois p.ex.) où la multi-adhésion est courante, brouillant les statistiques.
  • Contradiction dans les déclarations des personnes interrogées, qui affirment appartenir à une religion tout en réfutant les dogmes qui la caractérisent[45].
  • Les statistiques générales ne font pas apparaître le degré d’adhésion réelle aux pratiques ou concepts.

Les statistiques au niveau mondial sont une tâche particulièrement ardue, et la source la plus consultée[46] repose depuis plus de deux décennies sur le travail de David B. Barret et de ses collaborateurs, particulièrement en ce qui concerne le christianisme. Cet ancien missionnaire anglican devenu évangéliste déclare déplorer le manque de concurrence.[47]

Chiffres

Répartition mondiale

Source : Worldwide Adherents of All Religions, Mid-2005, Encyclopaedia Britannica
Estimations (complétées) de l'importance des grandes familles de religions (2005) :
Statistiques de D. Barrett (complétées)[48] Chiffres d'adherents.com (complétés)[49]
Répartition en pourcentage du nombre de non-croyants dans le monde en 2009


Le nombre de croyants est supérieur à celui des non-croyants qui comprennent les athées déclarés et les personnes sans confession. La moyenne mondiale des croyants serait de 85,7 %. De grosses disparités existeraient entre les différents pays du monde. En Amérique du Sud, l'Uruguay serait le pays le moins croyant. En Afrique, la totalité du continent serait constitué de croyants avec une majorité de musulmans au nord et une majorité de chrétiens au sud. La Chine et la Corée du Nord seraient parmi les pays possédant le moins de croyants au monde. La Corée du Nord est un des pays où la liberté de culte est la plus réprimée. En Europe, les chiffres seraient plus nuancés selon les pays avec des pourcentages supérieurs à 70 %. Enfin, des pays comme l'Afghanistan et la cité du Vatican afficheraient des pourcentages très proches de 100%[51].

Importance de la religion dans différents pays - The Gallup Organization - Février 2009[52]
Question posée: La religion est-elle importante dans votre vie quotidienne?
Top 10 des pays les moins religieux
Top 10 des pays les plus religieux
  1. Estonie Estonie (14%)
  2. Suède Suède (17%)
  3. Danemark Danemark (18%)
  4. Norvège Norvège (20%)
  5. République tchèque République tchèque (21%)
  6. Azerbaïdjan Azerbaïdjan (21%)
  7. Hong Kong Hong Kong (22%)
  8. Japon Japon (25%)
  9. France France (25%)
  10. Mongolie Mongolie (27%)
  1. Égypte Égypte (100%)
  2. Bangladesh Bangladesh (99%)
  3. Sri Lanka Sri Lanka (99%)
  4. Indonésie Indonésie (98%)
  5. République démocratique du Congo République démocratique du Congo (98%)
  6. Sierra Leone Sierra Leone (98%)
  7. Malawi Malawi (98%)
  8. Sénégal Sénégal (98%
  9. Djibouti Djibouti (98%)
  10. Maroc Maroc (98%)

Éléments des religions

Pragmatiquement, une religion peut être analysée suivant plusieurs dimensions plus ou moins présentes.

Univers invisible

Diptyque de Wilton, entre 1395 et 1399, exposé à la National Gallery (Londres).

Une religion se fonde sur le domaine surnaturel, un monde de l'esprit, dont la définition peut être variable. La plupart des religions supposent l'existence de relations entre les humains et des forces ou des personnes invisibles, qu'ils soient dieux, anges, démons ou esprits des morts. Le miracle est la manifestation spectaculaire de ces relations, son caractère miraculeux se fondant sur le fait qu'il est impossible à expliquer rationnellement.

Le croyant qui essaie de communiquer avec ces forces et ces êtres (par une communication fondée sur l'invocation ou l'évocation de l'esprit) peut avoir deux buts :

  • il peut chercher à être guidé ou informé - acquérir de l'information - il fait alors appel à l'art divinatoire.
  • il peut chercher à se rendre favorable l'action de ces puissances invisibles, par des demandes, prières, ou liturgies propitiatoires.

Ces pratiques sont probablement l'aspect le plus critiqué par le rationalisme, précisément parce qu'on ne peut les soumettre à la critique expérimentale. L'examen critique d'une telle relation peut se comprendre à deux niveaux. D'une part, la réalité du résultat revendiqué peut être contestable : le « miracle » n'a pas eu lieu, les témoignages sont trompeurs (volontairement ou non). D'autre part, le phénomène extraordinaire d'un thaumaturge n'est pas nécessairement une théurgie (dû à l'intervention d'un esprit extérieur), mais peut être la manifestation de pouvoirs occultes qui sont dans la nature de l'homme mais ne sont pas habituellement maîtrisés (approche de l'occultisme moderne).

Articles détaillés : Miracle, Divination et Vision (religion).

Liturgies, rites, cérémonies

Liturgie catholique lors d'une messe en Slovaquie.

Les rites sont des signes, symboles et pratiques « en actions », itératifs et stéréotypés, qui unissent les croyants entre eux et avec la ou les puissances supérieures qu'elles reconnaissent[53]. Atténuer les tensions collectives, permettre l'entrée d'un membre dans une communauté ou dans un au-delà, guérir ou lancer une malédiction, les rites tiennent à des fonctions essentiellement sociales et religieuses, de la régulation à l'intronisation. Ils peuvent être inscrit dans des fêtes religieuses.

Les croyants ou fidèles tendent à se réunir pour des cérémonies et célébrations pouvant comporter des rituels et des prières. Les rites adéquats prennent généralement une forme fixée pour le culte, dont l'ensemble constitue une liturgie.

Les différentes religions demandent souvent à leurs fidèles d'être en état de pureté avant de pouvoir faire certains actes, comme prier, présider à une cérémonie religieuse, etc. La définition précise de la pureté et la manière de l'atteindre (par exemple par des ablutions) varie avec la religion.

Bien que les cérémonies ne soient pas nécessairement religieuse - elles revêtent un caractère symbolique et favorise la cohésion sociale y compris dans le domaine profane -

Articles détaillés : Liturgie, Cérémonie et Langue liturgique.

Bâtiments religieux et lieux sacrés et de culte

Article connexe : Liste des lieux saints.

Exercices spirituels

Une spiritualité est avant tout une manière d'être en relation avec par la méditation, par la prière, par le mysticisme.

La plupart des religions proposent une approche spirituelle de type mystique, c'est-à-dire une « approche expérimentale du divin ».

Le but de l'exercice spirituel dépend naturellement de la doctrine religieuse au sein de laquelle il est pratiqué, mais ces exercices se retrouvent dans toutes les religions, voire en dehors de tout contexte religieux (comme dans la plupart des branches du yoga) : méditations, jeûnes et autres mortifications corporelles, invocations rituelles. Ces exercices ont généralement pour effet, par la répétition, de permettre une meilleure maitrise de l'« esprit » (et notamment de le libérer des distractions corporelles) de former l'âme et éventuellement, d'atteindre des états de conscience atypiques (État modifié de conscience, transes, extases), parfois avec l'aide de psychotropes dans des pratiques chamaniques ou magiques, notamment.

Ces exercices spirituels sont par nature des pratiques individuelles : ils répondent à une démarche personnelle, toujours volontaire et cette voie n'est le plus souvent suivie que par une minorité, même dans les sociétés religieuses. Ils sont néanmoins généralement intégrés dans une pratique communautaire, que ce soit à travers les rites qui les accompagnent, ou l'existence d'une vie communautaire spécifique (monachisme) destinée à soutenir la volonté du pratiquant et lui épargner toute distraction par rapport à son but spirituel.

Pour Ignace de Loyola, auteur catholique des Exercices spirituels, il s'agit, « par l’examen de conscience, la méditation, la prière et la contemplation, de chercher et de trouver la volonté de Dieu sur l’organisation de sa vie et le salut de son âme[54]. »

Articles détaillés : Mysticisme, Initiation, Yoga, Jeûne et Monachisme.

Symbolisme

Articles détaillés : Symbole, Mythologie, Sacré et Tabou.
Quelques symboles religieux.
De gauche à droite et de haut en bas :
1. Chrétien, Juif, Hindou
2. Islamique, Bouddhiste, Shintô
3. Sikh, Baha'i, Jaïn.

Les religions font grand usage de symboles, le plus souvent particuliers à chacune. Le symbole est en effet un support nécessaire dans le domaine de la métaphysique, du fait que l'objet spirituel ne peut pas être directement vu ou manipulé : le symbole est une représentation de l’absent et de l’imperceptible. Le rituel religieux se fonde ainsi sur la réactivation des symboles.

Il permet de transférer le discours ou l'action sur un objet sensible spécialement consacré à cette représentation. Le symbole peut être un objet, une représentation picturale (comme le Mandala dans l'hindouisme ou le bouddhisme) ou un concept (comme le mantra, représentation sonore de la divinité), mais également des actes, constitutifs de la liturgie. Une cosmogonie est une façon d'expliquer le monde et son origine (et par là, son organisation « naturelle »), souvent empreinte de symbolisme. Dans les formes les plus anciennes de la religion, les récits mythologiques sont souvent très fortement symboliques.

Pour les adeptes, un symbole prend (par sa nature même) un caractère sacré, et doit être respecté à ce titre (c'est ce qui conduit à la mise en place des tabous dans les sociétés primitives). En effet, l'utilisation d'un symbole religieux en dehors de son contexte religieux propre (donc dans une contexte profane) constitue littéralement une profanation, événement grave pour le fidèle de la religion, parce qu'il tend à rompre le lien entre le symbole et l'objet spirituel qu'il représente. Une profanation volontaire est généralement considérée comme un blasphème, c'est-à-dire un acte qui manifeste une absence de respect pour le fidèle et sa religion, et appelle des sanctions.

La gravure sacrée de symboles a été à l'origine des hiéroglyphes (étymologiquement ἱερός / hierós « sacré » et γλύφειν / glúphein « graver »), et finalement de notre écriture [réf. nécessaire].

Pour la psychanalyse, et en particulier pour Carl Gustav Jung, la psyché est naturellement religieuse, autrement dit il existe une fonction religieuse à l'origine de la formation des symboles dans la conscience. Dieu est ainsi un archétype : « Dieu est le symbole des symboles! » explique Jung dans Psychologie et religion.

Religion et société

La vision des sociologues sur la religion lie phénomènes religieux et structures des sociétés.[précision nécessaire]

Article détaillé : Religion et société.
Boutique du marché de Fadjiguila, Bamako, Mali

La religion, affaire privée ou publique

Mgr Dorylas Moreau affirme que l'idée que la religion doit rester confinée à la sphère privée provient d'une confusion entre morale et religion[55]. Il estime en effet que la morale possède un caractère davantage personnel, qu'on appelle la conscience. Il pense que la religion, quant à elle, possède un caractère davantage public, puisque, selon une des étymologies probables du mot, elle consiste à "relier" des individus. Selon lui, le rôle des institutions religieuses est donc d'éclairer les consciences par rapport aux enseignements propres à chaque religion.

Peut-on séparer la religion du social ?

Quand il paraît naturel à un occidental de se questionner sur la place que la religion doit avoir dans la société, cette seule distinction des deux termes religion et société peut paraître absurde dans d’autres aires culturelles[non neutre]. En effet, la distinction du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel, initiée lorsque le christianisme a remplacé la religion d’État à Rome, n’a pas cours dans la plupart des sociétés traditionnelles où l’on peut dire que le social en son entier est religieux. L’appartenance à une caste, l’exercice d’une profession, la manière dont on prépare la nourriture, les personnes que l’on fréquente, celles avec lesquelles on se marie, la manière dont on s’habille, tout, dans les sociétés traditionnelles, renvoie de droit à une signification religieuse. Mais si la religion, en tant qu’ensemble de règles ou système de discours, imprègne les actes les plus quotidiens (jusqu’aux décorations de l’habitat) et détermine les rapports hiérarchiques, cela n’empêche pas l’existence de tâches dédiées, plus particulièrement religieuses, et de tâches plus quotidiennes, moins chargées de ce scrupule et de cette attention que réclame dans toutes les sociétés la manipulation du sacré. Ces tâches sont effectuées par des personnes consacrées, dont la position peut faire penser à celle du clergé dans la société occidentale. Ainsi, tout en se gardant de confondre le fonctionnement de la société sécularisée avec des fonctionnements radicalement différents, on peut se questionner sur les différents types de clergé, et la place qu’ils peuvent avoir dans les différentes organisation sociales que l’on peut rencontrer.[réf. nécessaire]

Importance donnée à la religion par pays


Émile Durkheim, sociologue français du début du XXe siècle, définit la religion comme « un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent[56]. En fait, pour Durkheim, le religieux n’est en fait que l’expression collective de l’attachement au social. Ce qui est sacré dans le religieux n’est rien d’autre que l’expression de la société en elle-même. Les manifestations du sacré qu’incarnent les objets de cultes, les rites ainsi que les représentations de natures collectives sont vus comme la vénération du lien social. Dès lors, la religion ne résulte que de la société : « le principe sacré n’est autre chose que la société hypostasiée et transfigurée[réf. nécessaire] ».

Religion et pouvoir politique

La tour d’un campanile est à la fois un monument religieux et un symbole de domination politique sur la cité.

Dans l’organisation des sociétés, le pouvoir spirituel est mêlé plus ou moins fortement au pouvoir temporel, voire assimilé comme une entité indissociable (où n’existerait pas une telle distinction). Historiquement, le clergé a constitué dans certaines religions et suivant les époques une force politique, un instrument de pouvoir politique, voire un État dans l’État[évasif]. Ces relations entre ces pouvoirs distincts peuvent s’exprimer plus ou moins fortement : d’une exclusion ou influence mineure du pouvoir religieux (et des valeurs religieuses) sur l’organisation et le gouvernement d’une société, jusqu’à la domination de l’organisation de la société par la religion et ses représentants (théocratie, par exemple).

Cette question est celle du cléricalisme : dans quelle mesure les clercs, c’est-à-dire les membres de l’institution religieuse, peuvent ou doivent-ils avoir en même temps un pouvoir politique? La pensée catholique en fait remonter l’origine à la parole de Jésus-Christ, « il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » [57] . Cette question se prolonge traditionnellement dans la pensée occidentale, à travers la distinction entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, ou bien la distinction entre pouvoir religieux et politique (par exemple au XIIIe siècle, chez Thomas d'Aquin) ou bien plus récemment autour des concepts modernes de « laïcité », de séparation de l’Église et de l’État, (loi de 1905 en France, sous la IIIe République).

Le lien entre religion et pouvoir politique peut prendre un aspect répressif dans les sociétés où la norme est d’appartenir à un groupe religieux : une attaque contre la religion peut alors être sanctionnée comme blasphème et quand l’hérésie est pénalement sanctionnée, des tribunaux spécialisés[58] peuvent être amenés à juger de l’orthodoxie des membres du groupe par rapport à des critères purement religieux.

Articles détaillés : Sécularisation , Temporel et spirituel, Laïcité, Cléricalisme, Religion civique et Fondamentalisme.

Identité religieuse

Femme voilée.

La socialisation d’un individu repose toujours sur une appropriation des normes et des valeurs d’un groupe auquel il se rattache. Quand ce groupe est religieux, la religion fournit une identité collective : une manière de se comporter en groupe, de se reconnaître.[réf. nécessaire]

La socialisation qui se produit par l’appartenance et l’identification à un groupe conduit parfois à rejeter et dévaloriser ceux qui ne sont pas membres du groupe; et quand la socialisation se fait autour d’une identité religieuse, le rejet et la condamnation de l’autre peut parfois prendre le caractère d’un extrémisme religieux.[réf. nécessaire]

Dans certains cas, les religions peuvent interférer avec les nations (et de façon plus générale avec tout groupe d’hommes) de telle sorte qu’elles ont souvent besoin d’un ennemi pour se fédérer et se construire. Cette logique identitaire est capable d’alimenter des conflits pouvant aboutir à une guerre de religion. Les civilisations ont entre elles des relations quelquefois conflictuelles, l’une des raisons pouvant être religieuse du fait des différences de croyances[59].

Le dialogue inter-religieux vise à harmoniser les relations entre religions.

Articles détaillés : Socialisation, Symbole religieux, Extrémisme religieux, Croisade et Catégorie:Relations entre religions.

Liberté de religion

La liberté de religion est le droit de choisir et de pratiquer sa religion. Il implique également le droit de changer de religion. On la distingue parfois de la liberté de conscience qui comprend également le droit à l’athéisme. Le fait de pouvoir choisir sa religion est considéré aujourd’hui comme un droit fondamental. Le respect de ce droit est un indicateur du respect des libertés individuelles. Dans certains pays, les principes de la liberté de conscience, bien qu’affichés, peuvent être plus ou moins entravés. En Malaisie, par exemple, la liberté de religion est inscrite dans la constitution, mais des dispositions légales interdisent en fait aux musulmans d’abandonner l’islam.

Le terme religieux apostat désigne d'anciens fidèles qui ont délaissé ou renié les liens les unissant à cette religion. Ces gens peuvent être des non-croyants ou des convertis à une autre religion.

Religion et Art

Le développement spectaculaire de la calligraphie arabe est dû à un interdit religieux.

Les relations qui unissent l’art et la religion sont aussi complexes, voire contradictoires, que celles qui unissent la religion et la science.

Au Paléolithique supérieur, le développement de l'art sous ses formes pariétale et mobilière permet de s'interroger sur la signification des thématiques traitées en termes de croyances[60].

Dans certaines sociétés, le concept d’art est indissociable de celui de religion, l’art se définissant en partie par des fonctions rituelles dans la pratique religieuse : on peut prendre comme exemple les œuvres de l’art africain traditionnel (arts premiers). Selon Henri Bergson, l’art religieux (musique sacrée, peinture religieuse, architecture religieuse, danse sacrée…) ne se construit pas par rapport à un art profane indépendant[réf. souhaitée][Où ?]. Dans l'histoire, il n'existe pas d'exemple d'art indépendant d'une pratique rituelle à son origine. La technique artistique y est utilisée pour évoquer et renforcer tel ou tel type de sentiment religieux. Dans ce cadre, elle acquiert une certaine maturité, et prend par la suite son autonomie en devenant un art profane.

L’art véhicule une partie des traditions, valeurs et concepts religieux, contribuant à les entretenir et les répandre. En effet, la religion, dans toutes ses manifestations, est mêlée d’art : poèmes mystiques, églises, mosquées et temples, danses, objets sacrés, représentations picturales, tout ce qui touche à la religion a été, à un moment ou à un autre, sujet pour un artiste. De ce fait, les thèmes religieux ont toujours été une inspiration pour les artistes et celui-ci véhicule une partie des traditions, valeurs et concepts religieux, contribuant à les entretenir et les répandre, parfois à les façonner.

La religion influence l’art (littérature, peinture, sculpture…), l’inspire (par exemple à travers des icônes religieuses) ou en restreint l’expression (ce qui est par exemple à l’origine des arabesques). La pratique artistique a dû subir des limitations du fait des autorités religieuses, parfois simplement du fait de leur statut de mécène et de clients. Ces limitations ont pu être vécues comme des contraintes, mais ont parfois été tournées à leur avantage par les artistes : l’interdiction de l’opéra a créé l’oratorio, et l’interdit de représentation des êtres vivants dans l’islam a provoqué un développement spectaculaire de la calligraphie. L’usage de l’art comme moyen de critiquer les religions ou leurs abus ont parfois eu des conséquences dramatiques du fait d’extrémistes, comme l’assassinat du réalisateur Théo Van Gogh.

Article détaillé : Art sacré.

Religion et Science

Article détaillé : Relation entre science et religion.

Au XXIe siècle, en Occident, « pensée religieuse » et « pensée scientifique » semblent poursuivre des buts différents. L'histoire de la science est ponctuée de querelles où s'affrontent les scientifiques et les religieux, opposition que l'on résume souvent par l'antagonisme de la Raison et de la Foi[61]. La science cherche ainsi à savoir « comment » l'univers existe et fonctionne de cette manière. La religion cherche à savoir « pourquoi » l'univers existe et fonctionne de cette manière. Les conflits entre la science et la religion se produisent dès lors que l'une des deux prétend répondre à la question dévolue à l'autre. Ainsi, au sein du christianisme, le procès de Galilée, en 1633, marque-t-il le divorce de la pensée scientifique et de la pensée religieuse[62], initiée par l'exécution de Giordano Bruno en 1600[63]. Cependant, il y eut toujours une certaine activité scientifique au Moyen-Âge, au sein même des communautés religieuses dont, en premier lieu, l'astronomie. Le Concile de Trente (1545-1563) autorisa les communautés religieuses à mener des recherches scientifiques, dont celles conduisant, avec Galilée et Tycho Brahe, puis avec Nicolas Copernic à l'héliocentrisme. En Europe, cette explication scientifique, qui pose que le Terre tourne autour du soleil, et non l'inverse (le géocentrisme, alors reconnu par le clergé), marque l'autonomie de la science par rapport à la religion, qui sera définitivement consommée au XVIIIe siècle, pendant les Lumières.[réf. nécessaire]

La représentation du monde au Moyen-Âge.

Dans la majorité des autres religions, la science n'est pas aussi opposée à la religion dominante. Dans l'Islam, la science est favorisée car il n'existe pas de clergé institué; par ailleurs, le monde est vu comme un code à déchiffrer pour comprendre les messages divins. Ainsi, au Moyen-Âge la science arabo-musulmane prospéra et développa la médecine, les mathématiques et l'astronomie.

Au XIXe siècle, les scientistes posent que la science seule peut expliquer l'univers, et que la religion est l'« opium du peuple » comme dira plus tard Karl Marx qui fonde la vision matérialiste de l'histoire. Les réussites scientifiques et techniques, qui améliorent la civilisation et la qualité de vie, le progrès scientifique en somme, bat en brèche les dogmes religieux dans leur totalité, et quelle que soit la confession. Les théories modernes de la physique (la théorie des quanta notamment) et de la biologie (avec Charles Darwin et l'évolutionnisme[64] ), les découvertes de la psychologie, pour laquelle Dieu le sentiment religieux demeure un phénomène intérieur voire neurologique, supplantent les explications mystiques et spirituelles. Cependant, nombre de religieux tentent, comme Pierre Teilhard de Chardin ou Georges Lemaître, d'allier explication scientifique et ontologie religieuse. L'encyclique de 1993, Fides et ratio, de Jean-Paul II reconnaît que religion chrétienne et science sont deux voies vers l'explication du monde.

Attitudes envers la religion

Certains[Qui ?] voient dans la religion une fuite du réel, une expression de la peur, de l'ignorance et de la superstition. Quand elles sortent du domaine purement spirituel, les doctrines d'inspiration religieuse sont un objet de critique souvent polémique pour les tenants de la liberté de pensée et de la liberté de conscience. La justification spirituelle de ces doctrines est considérée comme étrangère au domaine traité, qui revendique sa propre autonomie cognitive ; cette origine religieuse est perçue comme un argument d'autorité, obstacle à la liberté individuelle et à l'autonomie de la raison.

Mais l'attitude la plus répandue aujourd'hui est certainement l'indifférence.

Critiques classiques

Article détaillé : Critique de la religion.

Les religions peuvent faire l’objet de critiques sur leurs dogmes, leur mode de fonctionnement, leur éventuelle intolérance, etc. Dans l’Antiquité gréco-romaine, les philosophes tentaient déjà d’expliquer l’origine des croyances. Ainsi, Lucrèce, dans De natura rerum, émet l’hypothèse que les hommes ont inventé les dieux pour expliquer les merveilles et les mystères de la nature : pour comprendre ce qu’ils ne maîtrisaient pas. Critias pensait que la religion (et la crainte des dieux) avait été inventée pour imposer à chacun le respect de la société : discipline, morale, sens du bien et du mal. Les anthropologues, psychologues et sociologues s’en tiennent encore pour la plupart à ces deux explications. Pascal Boyer, [65] s’appuyant entre autres sur les sciences cognitives et la biologie évolutionniste, y ajoute une explication naturaliste.

Article connexe : Le Siècle de la raison.

Critiques scientifiques

La religion, lorsqu’elle se présente sous la forme de dogmes, a été et est l’objet de plusieurs types de critiques philosophiques et scientifiques.

Les critiques rationalistes, comme celle de Bertrand Russell ou de Lucrèce, estiment que toute religion répond en premier lieu à un sentiment de peur (peur de la nature, de la mort), qu’elle est favorisée par l’ignorance, et qu’elle se construit sur des valeurs qui conduisent à des pratiques cruelles et arbitraires qui entravent tout progrès dans le bien-être de l’humanité.

La plupart des grandes religions ont été conçues à des époques qui ne disposaient pas des connaissances qui ont été acquises depuis lors. Certaines connaissances que l’on trouve par exemple dans le Bible (le lapin rumine, le soleil tourne autour de la Terre, l’univers a été créé en 6 jours et est âgé de quelques milliers d’années) sont depuis devenues obsolètes ou fausses. Or, dans certains cas, ce sont des textes considérés comme sacrés, donc vrais, qui sont ainsi remis en cause par les sciences : en conséquence de quoi, la validité de ces textes devient sujette à caution.

Une autre difficulté, soulevée par les sceptiques, [66] est que si les dogmes des différentes religions ne sont pas compatibles entre eux, il s’en suit que toutes les religions sont fausses, sauf peut-être une. Dans tous les cas, la conclusion de ce raisonnement rationaliste est que des milliards d’êtres humains sont ou ont été dans l’erreur du fait de leurs croyances religieuses.

En tant qu’ensemble de croyances, la religion est une source d’intolérance morale et scientifique : elle ne connaît pas le doute et fonde parfois sur son caractère absolu son rejet des connaissances nouvelles. Cette disposition d’esprit, qui s’oppose dans certains cas à la recherche (par exemple, le christianisme s’est opposé à un grand nombre de sciences des temps modernes : interdiction de l’anatomie, refus de l’héliocentrisme et de l’évolutionnisme) peut conduire à brûler ses adversaires, à les torturer ou à les contraindre à se rétracter. (cf. Vanini, Galilée). Pour les rationalistes comme Bertrand Russell, ou pour des critiques de la religion comme Nietzsche, si les religions contemporaines se présentent sous des formes plus tolérantes, ce n’est pas du fait de progrès voulus, mais parce que les sciences les ont contraintes à réviser leurs dogmes.[67] Ceci étant, la religion n'a pas le monopole du politiquement correct, comme le montrent les nombreux exemples de luttes contre la dissidence et d'intolérances morale et scientifique dans les régimes ou des sociétés athées.

Du point de vue de l’éducation et des sociétés, quand une religion repose sur des dogmes que l’on ne peut remettre en cause sous peine d’hérésie, elle tend à maintenir des populations dans l’ignorance : le libre examen et l’instruction sont proscrits (par exemple l’étude de la médecine ou de la météorologie est assimilée à de la sorcellerie) au profit du seul apprentissage de textes dits sacrés (Bible, Coran). Cet obscurantisme favorise les mouvements de foules hystériques, comme les chasses aux sorcières ou l’interprétation de faits naturels, aujourd’hui expliqués par les sciences, comme des châtiments divins ou des interventions diaboliques (exemple de la comète de Halley).

Du point de vue de la psychologie, dans certaines religions qui tendent à contrôler la sexualité des croyants, de fortes souffrances morales sont associées aux pulsions, ces souffrances étant appelées culpabilité. Quand des comportements dits déviants sont menacés de peines infernales et éternelles, la religion nourrit un climat de terreur psychologique.[68] C’est pourquoi, les religions qui favorisent la culpabilité sont accusées d’entretenir la misère terrestre et de refuser tout bonheur à l’être humain.[69]

Indifférence religieuse

En novembre 2008, les évêques de France se réunissaient pour discuter sur le sujet de l'indifférence religieuse grandissante dans la société sécularisée.[70]

Pour Robert Faricy, les deux principaux types d'indifférence religieuse, du point de vue de la vie intérieure de l'homme, peuvent être désignés comme l'acédie (l'un des sept péchés capitaux) et l'anomie.[71]

Parodies de religion

La littérature, la culture internet ont pu donner naissance à des parodies de religion. Le pastafarisme, l' Église du Sous-Génie ou la licorne rose invisible constituent des parodies de religion popularisées par internet. Une série de « dogmes » et « rites » généralement absurdes ou farfelus sont reliés à ces deux parodies.

Sources

Notes

  1. Dans le cas contraire, le terme de religion athée peut être employé.
  2. Cependant, les premiers cultes des morts étaient pratiqués par l'homme de Néandertal et non l'homme moderne.

Références

  1. [réf. incomplète]C'est ainsi le parti pris des auteurs de l'ouvrage collectif (en) Religion in Modern Times (sous la direction de Linda Woodhead et de Paul Heelas, Wiley-Blackwell, 2000) qui préfèrent une catégorisation à toute tentative de définition.
  2. (en) Jonathan Zittell Smith, « Religion, Religions, Religious », dans Critical Terms for Religious Studies (ed. Mark C. Taylor), Chicago, 1998, p. 281-282.
  3. Cette définition classique utilisée dans les études religieuses fut proposée par Clifford Geertz, dans La religion comme système culturel, 1973. Pour une critique du modèle de Geertz, voir : (en) Talal Asad, The Construction of Religion as an Anthropological Category (1982).
  4. Théologie de la culture, Planète, 1968.
  5. Rudolf Otto, Das Heilige, 1917.
  6. Gerhard J. Bellinger,Encyclopédie des Religions.
  7. Pour exemple, le terme sanskrit धर्म (dharma) signifie à la fois « foi », « religion » et « loi » ; le sinogramme 教义 (« jiào yì ») signifie « dogme », « foi » et « religion », le terme « zōng jiào » étant de création plus récente.
  8. (en) Wilfred Cantwell Smith, The Meaning and End of Religion (1962), Fortress Press, 1991 paperback : (ISBN 0-8006-2475-0) ; Daniel Dubuisson, L'Occident et la religion. Mythes, sciences et idéologies, Complexe, Bruxelles, 1998 ; Compte-rendu de lecture
  9. (en) Timothy Fitzgerald, The Ideology of Religious Studies, New York : Oxford University Press US, 2003, p. 3
  10. « Religion » (étymologie), Centre National de Ressources Textuelle et Lexicale (CNRTL)
  11. Daniel Dubuisson (sous la direction), Dictionnaire des grands thèmes de l'Histoire des religions. De Pythagore à Lévi-Strauss, Bruxelles-Paris, Éditions Complexe, « Bibliothèque Complexe », 2004. (ISBN 2-87027-847-0) ; « Introduction », p.  9, 10, 11 et 19
  12. On consultera sur cette question Franck Lestringant, « La voyage, une affaire de religion », in Transhumances divines : récit de voyage et religion, Université de la Réunion, Conservatoire botanique de Mascarin, Presses Paris Sorbonne, 2005, p. 13-15.
  13. De Natura deorum, II, 3 et 4 et De Divinatione, II, 10, 23
  14. (en) Robert Turcan, Religion romaine, t. II, Iconography of religion, Brill Academic Publishers, 1988, p. 6 ; Angelo Brelich, dans Histoire des religions, Paris, Gallimard, I, 1970, p. 7.
  15. J Rudhart, Notions fondamentales de la pensée religieuse et actes constitutifs du culte dans la Grèce antique : étude préliminaire pour aider à la compréhension de la piété athénienne au IVe siècle,Picard, 2ème édition, 1992, pp. 11-15.
  16. Michel Serres, Statues, Flammarion, Champs, p. 47.
  17. Pierre Legendre, Leçons I, La 901e conclusion. Étude sur le théâtre de la raison, Paris, Fayard, 1998, p. 88.
  18. E. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, Minuit, tome II, p. 267 et ss..
  19. « Religion, et superstition à l'époque de Tacite : quelques réflexions », dans Religion, supersticion y magia en el mundo romano, Universidad de Cadiz, 1985, pp. 19-34. De cet article, il ressort d'après Pierre Legendre (op. cit. p. 398) que « religio ne désigne pas le lien sentimental, direct et personnel de l'individu avec une divinité, mais un ensemble de règles formelles et objectives, léguées par la tradition. »
  20. Pierre Legendre, op. cit, p. 88.
  21. Jacques Derrida, Foi et savoir, Seuil, Essais, 2001, (ISBN 978-2020479868), p. 58.
  22. Voir notamment Henri Bergson, Les Deux sources de morale et de la religion, 1932.
  23. [réf. incomplète]Ainsi, Marcel Mauss ou encore Roger Caillois, dans L'homme et le sacré , 1939.
  24. Henri Hubert, « Introduction », in Chantepie de la Saussaye, Manuel d'histoire des religions, Armand Colin, Paris, 1904, p. XLVII.
  25. (en) John Milton Yinger, The Scientific study of religion, Londres, 1970, p.  33
  26. On pourra consulter sur ce point les ouvrages d'Arnold Van Gennep, en particulier Les rites de passage (1909) de Géza Róheim, Psychanalyse et anthropologie, de Jean Cazeneuve, Sociologie du rite' (Paris, PUF, 1971) et de Julien Freund, « La Signification de la mort et le projet collectif », Archives de Sciences Sociales des Religions, 1975, no  39, p.  31-44.
  27. (en) Kathleen Garces-Foley (sous la direction)Death and Religion in a Changing World, « Introduction », M.E. Sharpe, 2005, ISBN 0-7656-1222-4, p.  IX-XX.
  28. B. Maureille, Les premières sépultures, Le Pommier / Cité des sciences et de l'industrie, 2004.
  29. Frédéric Lenoir et Jean-Philippe de Tonnac (sous la direction de), La Mort et l'immortalité. Encyclopédie des savoirs et des croyances, Bayard Centurion, 2004, p.  25.
  30. Louis-Vincent Thomas, Rites de mort, Fayard, Paris, 1985, p. 177.
  31. Louis-Vincent Thomas, Rites de mort, op. cit., expression fréquente dans ce livre.
  32. Louis-Vincent Thomas, Rites de mort, op. cit., pp. 120-121.
  33. Mircea Eliade, Le mythe de l'éternel retour, 1949, Gallimard.
  34. (en) Robin W. Lovin, « Moral Theories »in William Schweiker (sous la direction de), The Blackwell companion to religious ethics, Wiley-Blackwell, 2005, p. 19.
  35. le chamanisme une religion introuvable article de Frédéric Laugrand
  36. L 'expression découle de l'arabe « Ahl al-Kitab » , « Possesseurs de l'Écriture », ou « Gens du Livre », qui désigne juifs et chrétiens en rappelant la place centrale tenue dans l'islam par le Coran ; G. Vadja, « Ahl al-kitâb », in Encyclopédie de l'Islam, nouvelle édition, Paris-Leyde, 1961.
  37. Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Gallimard, 1985. L'étude est centrée sur l'Occident. Céline Couchouron-Gurung, « Un monde désenchanté ? », Archives de sciences sociales des religions, 136 (2006). Compte rendu de lecture
  38. (en) Phillip E. Hammond (sous la direction de), The Sacred in a Secular Age: Toward Revision in the Scientific Study of Religion, University of California Press, 1985, 379 p.
  39. Gilles Kepel, La Revanche de Dieu. Chrétiens, juifs et musulmans à la reconquête du monde, Paris, Le Seuil, « Points », 1991, 282 p., IESR - Institut européen en sciences des religions, compte-rendu de lecture.
  40. Les philosophes Grecs eurent eux aussi maille à partir avec les croyances de leur temps, sous le chef du crime d’impiété dont plus d’un a dû se défendre.[réf. nécessaire]
  41. La lettre encyclique Fides et Ratio de Jean-Paul II se veut un argumentaire du point de vue catholique sur cette épineuse question du statut de la vérité : Texte de l’encyclique en français.
  42. On se souvient que la question « Que puis-je connaître ? » est une des trois grandes questions de la philosophie pour Kant.
  43. Claude Henri de Saint-Simon, Nouveau christianisme, éditions de l’aube, Paris, 2006, 87 p., (ISBN 2752602669).
  44. Pour plus de détails, on peut également consulter cette carte des religions dans le monde
  45. Par exemple, dans un sondage publié par Le Monde des Religions (N° 21, janvier février 2007), 58% des personnes se déclarant catholiques ne croyaient pas à la Résurrection du Christ et seulement 52% croyaient en de Dieu.
  46. (en) World Christian Encyclopedia (Oxford University Press), sur laquelle s’appuie l’Encyclopedia Britannica et en grande partie Adherents.com
  47. Brève présentation de D. B. Barrett et de son travail (anglais)
  48. Statistiques de D. Barrett
  49. adherents.com
  50. a  et b mormonisme.com
  51. L'état de la Religion, National geographic (France), numéro 102, mars 2008, source : World Christian Database
  52. http://www.gallup.com/poll/114211/Alabamians-Iranians-Common.aspx Agence de Sondage Gallup - A global perspective on Americans’ religiosity - Question posée: La religion est-elle importante dans votre vie quotidienne ?
  53. Jean Cazeneuve, Sociologie du rite, PUF, 1972.
  54. Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 1548, « Annotations préalables », 1.
  55. La religion, une affaire privée ? par Mgr Dorylas Moreau
  56. Les formes élémentaires de la vie religieuse, 1912 [réf. nécessaire]
  57. Mat 22:21
  58. C’est le cas historiquement de l’Inquisition ou de tribunal islamique.
  59. C’est dans cette mesure que Daniel Lindenberg en vient à se poser la question de savoir si les religions « sont naturellement intolérantes »[précision nécessaire]. Dans pratiquement toutes les grandes religions, la doctrine et les responsables religieux condamnent officiellement toute forme de violence commise au nom de la religion ; mais inversement, il est fréquent de trouver des arguments à caractère religieux dans les discours de meneurs. Le caractère véritablement religieux de tels troubles prête donc à discussion, suivant que l’on retient que la composante religieuse est présente dans les troubles, ou qu’elle n’a été qu’instrumentalisée pour une fin qui lui est en réalité étrangère.
  60. Marcel Otte, « L'apparition du phénomène religieux », Les grands dossiers de Sciences humaines, no  5, décembre 2006 - janvier - février 2007, « L'origine des religions. »
  61. Voir :réf. à confirmer : .
  62. Voir pour plus d'informations : réf. à confirmer : .
  63. G. Bruno avait postulé et prouvé le pluralisme des mondes possibles, c'est-à-dire l'existence d'autres terres dans l'univers, notamment avec son ouvrage De l’infinito universo et Mondi (De l’infini, l'univers et les mondes).
  64. Voir sur ce point l'ouvrage de Stephen Jay Gould, Et Dieu dit : « que Darwin soit » : science et religion, enfin la paix ?, préface de Dominique Lecourt, 1999, (ISBN 0345430093).
  65. Et l'homme créa les dieux
  66. Ceux de l’Antiquité (cf. Sextus Empiricus), comme les modernes).
  67. cf. Bertrand Russell, La religion a-t-elle contribué à la civilisation ?
  68. cf. Nietzsche, L’Antéchrist.
  69. cf. Bertrand Russell, Science et religion.
  70. Les évêques s'interrogent sur l'indifférence religieuse et la visibilité de l'Eglise
  71. Robert Faricy, l'anomie et la croix, étude sur l'indifférence religieuse et la vie spirituelle

Ouvrages utilisés

  • Daniel Dubuisson, Dictionnaire des grands thèmes de l'histoire des religions : de Pythagore à Lévi-Strauss, Éditions Complexe, 2004.
  • Alain Derville, Quarante générations de Français face au sacré : essai d'histoire religieuse de la France (500-1500), Presses Universitaire du Septentrion, 2006, Collection : Histoire et civilisations, 400 pages.(ISBN 2-85939-933-X)
  • Michel Malherbe, Les religions de l'humanité. Criterion (ISBN 2-7413-0043-7)
  • (en) Mark C. Taylor (sous la direction de), Critical Terms for Religious Studies, Chicago, 1998.

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