Oratorio

Oratorio

Un oratorio est une œuvre lyrique dramatique représentée sans mise en scène, ni costumes, ni décors. Généralement composé pour voix solistes, chœur et orchestre, avec parfois un narrateur, son sujet est le plus souvent religieux (épisode extrait de la Bible, de la vie de Jésus, d’un(e) saint(e)… ) mais peut être aussi profane (héros mythologique, sujet historique, hymne à la nature…). Formellement assez proche de la cantate et de l’opéra, l'oratorio comprend généralement une ouverture, des récitatifs, des airs et des chœurs.

Au cours de l'histoire de la musique de nombreux compositeurs ont illustré ce genre : Heinrich Schütz (Les sept Paroles du Christ en croix, 1645), Johann Sebastian Bach (Oratorio de Noël, 1734), Georg Friedrich Haendel (Le Messie, 1742), Joseph Haydn (Les Saisons, 1801), Ludwig van Beethoven (Le Christ au Mont des Oliviers, 1803), Felix Mendelssohn (Elias, 1847), Hector Berlioz (L'Enfance du Christ, 1854), Igor Stravinski (Œdipus Rex, 1927), Arthur Honegger (Jeanne d'Arc au bûcher, 1935), Carl Orff (Carmina Burana, 1936) ou Sergueï Prokofiev (Ivan le terrible, 1962).

On peut également citer des œuvres d'auteurs moins (ou très peu) connus, comme Cornelis Thymanszoon Padbrué (De traanen Petri ende Pauli, 1647).


Sommaire

Origine de l’oratorio

Comme son nom l’indique l’oratorio est une invention de membres de l’ordre religieux italien des Oratoriens, au XVIIe siècle. Un compositeur d’opéras ne pouvait pas tirer l’argument de son œuvre d’un sujet sacré. Le but des créateurs de l’oratorio était de relever le défi de cette impossibilité naturelle en créant une forme spécifique qui puisse aborder ce type de sujets tout en présentant le même potentiel de séduction que l’opéra naissant. C’est à l’instigation de saint Philippe Neri lui-même, fondateur de l’ordre, que le genre fut créé, et c’est dans l’église de Chiesa Nuova à Rome qu’eut lieu la toute première représentation d’oratorio (en réalité, représentation spirituelle en stile recitativo) avec la création de La Rappresentazione di Anima et di Corpo d’Emilio de Cavalieri en février 1600.

De fait, toute l’histoire de l’oratorio jusqu’à nos jours montre que le genre reste tributaire de cette relation peu tranchée avec la musique profane, y compris à « l’âge d’or » du genre. Haendel, par exemple, utilise exactement les mêmes airs dans un opéra profane et dans un oratorio à sujet sacré).

Éléments caractéristiques

L’oratorio a rapidement évolué en différentes formes. Il peut être chanté en latin ou en langue vernaculaire. Il peut être narratif et dramatique, à la manière de l’opéra, ou plus proche des formes de la cantate et de la liturgie. Dans ce dernier registre, il convient de réserver la place toute particulière que prit le genre de la Passion, dont le sujet, comme son nom l’indique, est la Passion du Christ.

Toutefois, en dépit des différences que l’on peut trouver entre plusieurs styles d’oratorio, un certain nombre de traits structurels distinctifs sont communs à l’ensemble du genre :

  • une structure générale en trois parties (éventuellement précédée d’un prélude instrumental) ;
  • la présence d’un récitant (extérieur à l’action ou identifié à un personnage) ;
  • l’alternance, dans les parties chantées, d’airs et de récitatifs.

L’oratorio n’étant pas destiné à la représentation scénique, les rôles ne sont pas toujours individualisés et un(e) même chanteur (chanteuse) peut interpréter plusieurs rôles.

L’âge d’or de l’oratorio

C’est du XVIIIe siècle que datent les plus éclatantes réussites du genre, celles auxquelles le nom de l’oratorio est le plus fréquemment associé : la Passion selon saint Matthieu de Bach (1729), le Messie de Haendel (1742) et La Création de Haydn (1798). De façon générale, l’oratorio connaît son âge d’or entre la fin du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle.

Si les incursions ponctuelles de Mozart (Le devoir du Premier Commandement, 1767, La Bétulie libérée, 1771, David pénitent, 1785) et Beethoven (Le Christ au Mont des Oliviers, 1803) n’ont guère marqué le genre ni les mémoires, certains compositeurs se montrent très prolifiques dans ce domaine, comme Alessandro Scarlatti, Antonio Vivaldi ou Georg Friedrich Haendel : on leur attribue à chacun une trentaine d’oratorios, même si l’immense majorité est tombée dans l’oubli ou a été perdue (en particulier dans le cas de Vivaldi, dont seule la Juditha triumphans nous est parvenue).

Évolution du genre à l’époque moderne

L’oratorio connaît encore quelques réussites marquantes dans la première moitié du XIXe siècle, comme Elias de Mendelssohn ou L'Enfance du Christ de Berlioz ; mais dans l’ensemble le genre semble tomber peu à peu en désuétude. Un certain nombre de compositeurs le jugent désormais figé dans une esthétique anachronique.

Parallèlement, le XIXe siècle voit, sinon l’apparition, du moins le développement d’oratorios profanes conservant dans les grandes lignes la structure de l’oratorio « classique » mais sur des sujets non-bibliques et avec parfois une esthétique musicale sensiblement différente des canons du genre, comme c’est le cas par exemple avec Schumann et son Pèlerinage de la Rose en 1851, qui conjugue des traits propres à l’oratorio et au lied. Schumann est le premier à utiliser la dénomination d’oratorio profane. Dans les années 1870, Max Bruch joue également un rôle déterminant dans le genre avec Normannenzug, Odysseus, Arminius.

Inversement, des compositeurs commencent à écrire des opéras sur des sujets sacrés. Saint-Saëns renonce à tirer un oratorio de l’histoire de Samson et Dalila et opte finalement pour la forme de l’opéra pur. Richard Strauss lui emboîtera le pas quelques décennies plus tard avec sa Salomé directement inspirée de la pièce de théâtre d’Oscar Wilde. Entre temps, Wagner aura présenté son Parsifal comme une œuvre sacrée ; on sait également qu’il avait projeté, un temps, de réaliser un opéra sur Jésus lui-même (WWV 80).

Toutefois, aussi bien Samson et Dalila de Saint-Saëns que Salomé de Richard Strauss furent officiellement présentés en Angleterre comme des oratorios jusqu’au début du XXe siècle (l’autorisation royale de représenter Samson et Dalila en tant qu’opéra à Covent Garden date de 1910). En la matière, l’Angleterre se montra plus conservatrice et conserva plus longtemps que d’autres pays d’Europe une conception stricte de l’oratorio.

Il apparaît toutefois que ce sont peut-être de tels facteurs, a priori signes d’une déliquescence du genre, qui, en le faisant évoluer et en le diversifiant, permirent à l’oratorio de subsister au XXe siècle autrement que sous une forme "fossile". Au contraire, que ce soit de façon régulière, comme Arthur Honegger (qui en composa une demi-douzaine), ou de façon plus ponctuelle, plusieurs compositeurs modernes et contemporains se sont intéressé à l’oratorio, sous ses diverses formes : oratorio "liturgique", oratorio dramatique d’inspiration biblique, profane ou païenne, sans oublier des formes hybrides comme l’« opéra-oratorio » (Œdipus Rex de Stravinski) ou l’« oratorio scénique » (Carmina Burana de Carl Orff), le genre offre désormais une vaste palette de possibilités. Un compositeur comme Arnold Schönberg s’essaiera aussi bien à l’oratorio d’inspiration religieuse (Schütz, Scarlatti ou même Haendel, mais il est toujours pratiqué et reste ouvert, comme il le fut tout au long de son histoire, à l’expérimentation.

Quelques oratorios célèbres


Quelques oratorios à sujet profane

Quelques opéras à sujet biblique ou religieux


Notes et références de l'article

Compléments

Articles connexes

  • Catégorie:compositeur d'oratorio.

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