Psychanalyse

Psychanalyse

Dans la définition qu'en donnait Sigmund Freud, la psychanalyse est le nom donné à :

  • un procédé d'investigation des processus psychiques, qui autrement sont à peine accessibles ;
  • une méthode de traitement des troubles névrotiques, qui se fonde sur cette investigation (cf. cure psychanalytique) ;
  • une série de conceptions psychologiques acquises par ce moyen, et qui fusionnent en une discipline nouvelle (cf. métapsychologie)[1].

Fondamentalement et d'un point de vue historique, la psychanalyse est cette technique psychothérapeutique, provenant de la cure cathartique de Joseph Breuer. Elle est fondée sur l'exploration de l'inconscient à l'aide de l'association libre, son principe est la levée des refoulements pathogènes. Elle s'appuie pour cela sur l'interprétation de la « névrose de transfert »[2],[3].

Sommaire

Introduction

Sigmund Freud est le premier praticien et théoricien de la psychanalyse telle que nous l'entendons généralement aujourd'hui. La construction en a été un long processus qui a commencé dès 1896 et s'est terminé en 1939 avec sa mort et ses derniers textes[4]. Freud utilise le terme de psycho-analyse[5] jusqu'en 1913.

Freud précise, dans le chapitre « première leçon » de l'ouvrage Cinq leçons sur la psychanalyse[6] : « Ce n'est pas à moi que revient le mérite — si c'en est un — d'avoir mis au monde la psychanalyse. Je n'ai pas participé à ses premiers commencements [...] le Dr Joseph Breuer appliqua pour la première fois ce procédé au traitement d'une jeune fille hystérique. »

Le credo des psychanalystes peut ainsi être formulé : « La psychanalyse a justement pour but essentiel de constituer l’homme, non en formules, mais en réalité : cet homme-ci, et puis cet autre, et puis encore celui-là, car il s’agit de « changer la vie »... »[7]. La vision de l'homme à laquelle Freud, Mélanie Klein et les psychanalystes qui les ont suivis adhèrent est que l'âme humaine (au sens laïc du terme, traduction de l'allemand "Seele") est tissée d'apparentes contradictions qui découlent notamment des dualismes pulsionnels. Ces contradictions vont au delà de ce qu'il est commun d'appeler la "raison" et que seule l'artefact de la cure psychanalytique (Freud) est en mesure d'en rendre compte sans les "enfoncer" dans de vastes systèmes et synthèses théoriques qui n'expliquent généralement que les points de vue subjectifs de leurs auteurs. C'est l'un des sens donné à la fameuse formule de Freud: "le moi n'est pas maître dans sa propre maison"[8].

La psychanalyse est avant tout une expérience humaine puis un ensemble de théories qui tentent au mieux de rendre compte des conflits intrapsychiques qui donnent notamment naissance à des symptômes, des rêves, des troubles psychiques, etc. C'est aussi une expérience parce qu'elle met en jeu des personnes, un ou plusieurs patients (dans les groupes) et leur psychanalyste dans la dynamique transféro - contre-transférentielle.

Polysémies terminologiques

Le terme prête à confusion parce qu'il recouvre plusieurs sens, tant parmi le grand public que parmi les spécialistes. Dans le grand public, il est fréquent de confondre toute forme de psychothérapie avec la psychanalyse. Il convient au contraire de distinguer la psychanalyse freudienne (qui constitue le modèle fondateur), les formes contemporaines de la psychanalyse, les multiples formes de psychothérapies inspirées par la psychanalyse et les psychothérapies libres de toute attache.

Les psychanalystes freudiens contemporains s'appuient à des degrés divers sur les successeurs et continuateurs de Freud. Ils sont kleiniens adeptes de Mélanie Klein, bioniens adeptes de Wilfred Bion, annafreudiens, adeptes d'Anna Freud, kohutiens adeptes de Heinz Kohut, lacaniens, adeptes de Jacques Lacan etc. On distingue souvent les psychanalystes lacaniens des autres psychanalystes freudiens en raison des spécificités de leur technique psychanalytique. Les psychanalystes lacaniens pratiquent notamment des séances dont la durée est variable. La levée de la séance est en effet alors utilisée à des fins d'interprétation (scansion). L'importance du langage (lapsus, assonances etc.) y est primordiale et la place et l'utilisation du transfert comme du contre-transfert y sont tout à fait particulières, très différentes par exemple de celles que leur donnent les psychanalystes kleiniens [9]. Le regroupement d'une multitude de théories et de pratiques sous le même nom de 'psychanalyse' contraint les patients les plus exigeants à demander au psychanalyste consulté qu'il lui précise clairement son appartenance à un courant, ou à une société de psychanalyse.

Ce cadre classique est devenu au fil du temps le stéréotype de la cure psychanalytique dans la culture (cinéma, littérature, caricature...).

Des débats historiques et idéologiques existent sur la pertinence de l'emploi du terme 'psychanalyse' pour désigner certaines théories ou pratiques. Ces débats ont commencé du temps du Freud et continuent encore aujourd'hui. Pour Alain De Mijolla par exemple, « le mot psychanalyse recouvre maintenant, comme une étiquette fallacieuse, trop de théories et de pratiques diverses, d'où ma suggestion d'en remplacer l'usage par la pensée de Freud[10]. ». Néanmoins la pensée de Freud ne peut-elle pas supporter une pluralité de lectures concurrentes ? Il convient a minima de distinguer entre les courants psychanalytiques qui se considèrent comme authentiquement en accord avec la pensée freudiennes et celles qui revendiquent leur hétérodoxie. Carl Gustav Jung et ses disciples, par exemple, avaient tenu à différencier leur pratique en la nommant psychologie analytique, pour marquer leurs dissensions avec le freudisme. Depuis quelques décennies certains jungiens préfèrent néanmoins parler de psychanalyse jungienne.

Certains critiques de l'histoire de la psychanalyse, tel Mikkel Borch-Jacobsen, estiment (comme le psychanalyste André Green), "qu'il n'y a pas la psychanalyse", en ce qu'elle ne constituerait pas une théorie dont le champ serait véritablement unifié. Mais Borch-Jacobsen, va encore plus loin. Pour lui, étant donné la nébuleuse théorique qu'aurait engendré la "pensée freudienne", il y aurait autant de psychanalyses que de patients. Et la psychanalyse, en pouvant s'adapter ainsi à tout le monde, à toutes les époques, et toutes les situations humaines imaginables, s'adapterait, selon cet auteur, "à tout et n'importe quoi", devenant ainsi, elle-même, "tout et n'importe quoi". Borch-Jacobsen emploie ainsi, à l'endroit de la psychanalyse, les expressions "d'auberge espagnole" ou de "théorie zéro"[11].

La psychanalyse freudienne

La construction du modèle théorique est marquée par des œuvres majeures entre 1896, 1905 1914, 1920 et, finalement 1938. La première est un écrit théorique: L'Esquisse d'une psychologie scientifique (aussi appelé « Projet »), puis vient un écrit clinique rédigé par Freud et Breuer : Les Études sur l'hystérie[12] et L'Interprétation des rêves[13] qui établit les bases de la métapsychologie[14]. On peut découvrir cette progressive invention de la psychanalyse par Freud dans un ouvrage contenant ses lettres écrites presque au jour le jour à son ami médecin berlinois Wilhelm Fliess, et où figure aussi L'esquisse mentionnée plus haut[15]. Notons l'importance de la place —sous une forme ou une autre— du traumatisme psychique dans les élaborations du modèle. En 1914, Freud écrit Introduction au narcissisme qui préfigure la deuxième topique théorisée en 1920[16]. Le dernier texte est un essai d'histoire religieuses mais surtout un complément à sa théorie sur le complexe d'Œdipe[17].

La psychanalyse regroupe deux axes de réflexions et d'études :

  1. un corpus de théories issues de l'expérience analytique, participant à la conceptualisation de l'appareil psychique, ensemble constituant la métapsychologie (dont les trois principes organisent le fonctionnement psychique : la perspective topique, dynamique, économique) ;
  2. une méthode d'investigation des processus psychiques dans leur ensemble, et des significations inconscientes de la parole, du comportement, ou des productions de l'imagination (voir plus bas) ;

Jacques Lacan, interprétant Freud, a quant à lui isolé quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse : l'inconscient, le transfert, la répétition et la pulsion. C'est sur ces bases que la cure psychanalytique s'opère.

La cure psychanalytique par la méthode de la libre association. La demande de cure naît souvent d'une souffrance psychique reconnue par le patient. Elle peut aussi être travaillée et construite dans des entretiens psychanalytiques « préliminaires ». Freud précise que si la psychanalyse est « une méthode de traitement des désordres névrotiques », son but ultime n'est pas de « guérir » en abrasant le symptôme, mais d'aboutir à « la récupération de ses facultés d'agir, de penser et de jouir de l'existence ». La psychothérapie psychanalytique est une application de la psychanalyse qui se rapproche plus d'un traitement au sens habituel du terme.

Le divan utilisé par Freud.

De manière générale, la psychanalyse s'inscrit dans l'ensemble des connaissances et des pratiques dont l'approche théorico-clinique est dite d'orientation psychodynamique, à l'instar d'autres théories, comme celles de Pierre Janet, puis de Carl Gustav Jung, Alfred Adler, etc. La psychanalyse freudienne a théorisé une conception psychologique du conflit dynamique de la vie mentale, basée sur une vision dualiste. La perspective freudienne a permis d'envisager le symptôme dans sa dynamique et sa significativité psychologique propre. Dans le premier modèle freudien (première topique) c'est l'économie du désir inconscient qui est considérée comme le moteur des processus psychiques : refoulement, censure, compromis entre désir et interdit, etc. C'est à partir de la clinique des névroses que la théorie et la praxis psychanalytiques ont pu s'étendre à d'autres troubles psychiques, les cas-limites, les psychoses qui ont généralement nécessité des adaptations conséquentes du cadre initial.

Le psychanalyste

Article détaillé : Psychanalyste.

La formation du psychanalyste, définie par Freud et telle qu'elle est recommandée par les différentes Sociétés de psychanalyse à la suite des règles édictées par l'Institut psychanalytique de Berlin, repose généralement sur une analyse didactique (le futur psychanalyste est lui-même en analyse), à laquelle peuvent succéder une ou deux psychanalyses contrôlées : tout en conduisant une cure analytique, le psychanalyste en cours de formation est supervisé par un analyste formateur, pour apprendre, notamment, à repérer les mouvements du transfert, et surtout à savoir reconnaître et analyser le contre-transfert afin de mieux comprendre la dynamique de la cure.

Le titre de psychanalyste n'est protégé ni par un état ni par des universités, mais il est délivré par des associations psychanalytiques nationales et/ou régionales, membres ou non de l'Association psychanalytique internationale. Le futur patient peut ainsi se renseigner sur l'appartenance ou non de son futur analyste à une des associations reconnues avant d'engager avec lui une cure psychanalytique[18].

Histoire

Article détaillé : Histoire de la psychanalyse.

Le terme de psychanalyse apparaît pour la première fois, en français, le 30 mars 1896, mais ce n'est que le 15 mai de cette même année qu'il est publié en allemand. Alors qu'Ernest Jones précise : « les deux articles furent expédiés le même jour »[19]

Du temps de Freud

L'évènement fondateur de ce qui va devenir la psychanalyse a été la participation de Freud aux travaux du neurologue Jean-Martin Charcot sur l'hystérie (dysfonctionnement du corps sans origine physiologique), avec notamment l'utilisation de l'hypnose. La psychanalyse à proprement parler a en effet été précédée de deux phases dans les recherches de Freud :

  1. la méthode cathartique, qui doit beaucoup à Joseph Breuer, et qui consiste à mettre le patient sous hypnose afin de découvrir l'origine traumatique des symptômes hystériques. Symptômes qui, nous dit Freud, disparaissent lorsqu'on répète au malade une fois réveillé ce qu'il a révélé sous hypnose. La remémoration et la ré actualisation émotionnelle des scènes traumatiques conduisent alors à la guérison. C'est cette méthode qu'Anna O. appelait aussi « talking cure ». Mais l'hypnose « est un procédé incertain et qui a quelque chose de mystique » : mal dégagée du mesmérisme auquel elle est encore associée, elle ne permet de réduire que temporairement les conversions hystériques ;
  2. l'association libre, qui vise à pratiquer la catharsis sans l'hypnose. Freud cherche alors à favoriser la remémoration en invitant le patient à dire librement ce qui lui vient à l'esprit, et en travaillant sur les chaines associatives. « Procédé pénible et épuisant à la longue », observe-t-il dans les Cinq leçons sur la psychanalyse, « qui ne pouvait s'imposer comme une technique définitive ».

Ceci permet de mieux comprendre les diverses appréciations de Freud quant à la naissance de la psychanalyse :

  • en 1909, dans les Cinq leçons : « Ce n'est pas à moi que revient le mérite —si c'en est un— d'avoir mis au monde la psychanalyse. Je n'ai pas participé à ses premiers commencements » ;
  • en 1916, dans Introduction à la psychanalyse : « Je suis donc en droit de dire que la psychanalyse proprement dite ne date que du jour où on a renoncé à avoir recours à l'hypnose » ;
  • en 1923, dans les Essais de psychanalyse : « La méthode cathartique est le précurseur immédiat de la psychanalyse. Elle contient encore cette méthode en elle-même comme son noyau ».

Freud pratiqua donc l'hypnose un certain temps. Avec Joseph Breuer, ils délaissent la thèse de Janet d'une fragilité constitutionnelle pour s'attaquer à la réalité de l'hystérie : ainsi paraissent en 1895 les Études sur l'hystérie.

Mais bientôt Freud se démarquera aussi de Breuer, en postulant l'importance de la dynamique sexuelle dans le développement de la psychopathologie. L'hystérie mais aussi les autres névroses sont alors conçues comme conséquence d'un trauma sexuel.

Les premiers adeptes de la psychanalyse contribuent les premiers à des débats très vifs et nombreux où ils font valoir leurs propres idées. Ainsi Carl Gustav Jung, Sándor Ferenczi, et bien d'autres sont entendus, lus, commentés par Freud qui critique les positions qui lui paraissent divergentes par rapport aux principes qu'il pense assurés par les travaux antérieurs. Ce qui ne l'empêche pas d'évoluer et d'intégrer certains de ces points de vue dans le corps de la théorie, par exemple le passage de la première topique à la seconde topique qui donne davantage de place aux pulsions agressives et de mort. En 1914, Freud fait paraître ses travaux sur le narcissisme qui préfigurent les changements qui interviendront dans la deuxième topique. Pour certains (André Green et René Roussillon entre autres), ce texte de 1914 est une topique en lui-même, ils parleront dès lors de trois topiques. Vers 1920, la théorie freudienne connaît d'importants remaniements dans l'Au-delà du principe de plaisir qui sans renoncer aux théories antérieures montrent à la fois les limites et leur dépassement. À noter que de nombreux commentaires et/ou critiques de la psychanalyse ne prennent en compte que les travaux de la première topique, voire de l'ère pré-psychanalytique de Freud et de Breuer. Les travaux de Karl Popper en sont une des illustrations.

Les nazis, à l'instar de certains psychothérapeutes, Jung par exemple, considéraient la psychanalyse comme une « science juive ». La conséquence a été que de nombreux psychanalystes juifs durent quitter l'Allemagne nazie puis l'Autriche pour émigrer ailleurs en Europe, en Amérique du Sud et aux États-Unis notamment. Lors de l'invasion de l'Autriche par les nazis en 1938, Anna Freud est arrêtée par la Gestapo, puis relâchée le soir même, ce qui décide Freud à quitter Vienne pour s'installer à Londres.

Après Freud

[20]

Freud laisse ouvertes de nombreuses questions. Selon les auteurs, l'accent sera mis sur différentes approches, dans un débat international qui perdure en ce début du XXIe siècle.

L'essentiel de ces débats internes à la psychanalyse porte sur l'enrichissement des concepts freudiens, tout en conservant les exigences de rigueur sur les principes essentiels, scientifiques dans l'exploration de ce champ d'études, et éthiques dans la pratique de la cure.

Le débat externe à la psychanalyse est conduit par les tenants d'une conception scientifique : les phénomènes psychologiques sont accessibles à l'expérimentation, qui seule permet de guider et de valider leurs modèles théoriques de la psychologie à la neuro-physiologie. Cette position effectue donc le chemin inverse de celui de Freud. Ce dernier n'excluait pas la possibilité de donner un fondement physiologique à ses recherches, mais comme il déclare en réponse à une lettre que lui adressa Rozensweig, il écartait toute nécessité de soumettre la psychanalyse à des procédures expérimentales[21] : il écrit en 1895, un an après les travaux de Sigmund Exner sur la même question, l'Esquisse pour une psychologie scientifique dans laquelle il met en place les notions de "quantité nerveuse" (Qn), de "frayage de route", et d'"inhibition", qui détermineront plus tard, au plan psychologique, celles de refoulement ou de conversion. On connaît encore mal à cette époque les phénomènes de la transmission nerveuse et les relations synaptiques entre les neurones, neurones que Freud conçoit comme simples réservoirs et véhicules d'une énergie nerveuse qui leur vient d'une source externe (qu'elle soit organique ou sensorielle). L’Esquisse n'aura pas de suite (ne sera pas publiée de son vivant, mais envoyée à son ami Fliess, et retrouvée par hasard chez un bouquiniste après sa mort), et Freud ne trouvant pas d'explication satisfaisante aux troubles psychologiques sans lésions anatomo-physiologiques, se tournera vers une conception purement psychologique de ces phénomènes psychopathologiques.

C'est la raison pour laquelle Freud a nommé son approche "métapsychologie" pour bien marquer la différence, aussi bien avec la conception spiritualiste et philosophique de la psychologie de son temps, qu'avec la psychologie caractérologique et psychophysiologique qui s'appuyait sur des mesures de temps de réaction, par exemple, et les réflexes.

La psychanalyse traverse, au moins dans les pays anglo-saxons et nordiques, une grave crise et de profondes remises en question, bien qu'on lui reproche ne pas tenir suffisamment compte des critiques. La difficulté d'évaluer l'efficacité de la cure analytique d'un point de vue quantitatif demeure problématique, même si un rapport sur l'évaluation des psychothérapies publié par l'INSERM, lui attribue une moindre efficacité pour les thérapies d'orientation psychodynamique, dans la plupart des troubles étudiés.

Toutefois, l'inconscient, les théories sur la sexualité infantile demeurent encore, pour les freudiens et les psychanalystes, un sujet de "blessures narcissiques" dans une époque marquée par l'illusion du "tout gérable" en matière d'émotions et de vie psychique. Cependant, la primauté de l'inconscient et de la sexualité, tels qu'ils sont envisagés dans la perspective psychanalytique, est, depuis toujours, sinon l'objet de discussions, ou de controverses, ou encore de contestations de nature diverse.

Méthode d'exploration du psychisme

La psychanalyse n'est pas qu'un ensemble théorique, une métapsychologie, c'est également une méthode d'exploration du psychisme humain. Cette méthode peut être appliquée afin d'étudier des œuvres d'art, des philosophies, etc. L'exploration du psychisme elle, se fait par diverses techniques :

  • L'interprétation des rêves qui sont, selon Freud, « la voie royale à la connaissance de l'inconscient ». Dans le cours de la cure, l'analyse du rêve permet notamment de découvrir les mécanismes de travail de symbolisation du psychisme.
  • Le patronyme du sujet, son lieu de naissance et l'actualité du moment.
  • L'analyse des actes du quotidien :
    • Les lapsus, les oublis, les négligences : ces actes manqués traduisent un conflit psychique qui met en jeu une tendance consciente et une autre, pré-consciente ou inconsciente, qui vient troubler le déroulement normal de la première. L'observation de ces tendances contradictoires permet de rendre vraisemblable l'hypothèse de l'inconscient.

Souvenirs d'enfance et souvenirs-écrans

Quand un analysant rencontre pour la première fois un analyste, sans doute lui décrit-il tout d’abord ses angoisses, ses symptômes et ses inhibitions, il parle aussi des circonstances de sa vie mais très vite, il commence à évoquer ses souvenirs d’enfance. Or Freud a donné à quelques-uns de ces souvenirs un nom plus précis, celui de « souvenirs-écrans ». C’est assez dire que ces souvenirs ne sont pas à prendre pour argent comptant, mais que, par contre, ils sont à prendre à la lettre, c'est-à-dire qu’ils sont à déchiffrer tout à fait comme le texte d’un rêve. Un souvenir-écran doit être interprété, car derrière des évènements apparemment anodins, sans intérêt, se cachent les évènements les plus importants de la vie du sujet, ce qu’on peut qualifier d’évènements traumatiques, à condition bien sûr de donner à ce qualificatif sa portée exacte.

Freud a consacré deux textes à ces souvenirs-écrans, un daté de 1899, « Sur les souvenirs-écrans », le second, qui fait partie de La psychopathologie de la vie quotidienne, a pour titre « souvenirs d’enfance et souvenirs-écrans ». Le titre est en lui-même intéressant puisque il pose que tous les souvenirs d’enfance ne seraient donc pas des souvenirs-écrans.

Il écrit, dans ce dernier texte : «  je suis parti de ce fait bizarre que les premiers souvenirs d’enfance d’une personne se rapportent le plus souvent à des choses indifférentes et secondaires, alors qu’il ne reste dans la mémoire des adultes aucune trace (je parle d’une façon générale, non absolue) des impressions fortes et affectives de cette époque ». Tout a sombré dans l’amnésie des premières années de l’enfance, tout, sauf quelques souvenirs souvent indifférents mais de plus incongrus.

Un des exemples de ces souvenirs-écrans que Freud indique démontre à quel point il était un lacanien avant la lettre et que, dans le déchiffrage de toutes ces petites formations de l’inconscient, il procédait toujours comme un linguiste, alors que la linguistique en tant que science n'avait pas encore été inventée. Un homme, l’un de ses analysants, ayant déjà eu beaucoup de déboires dans sa vie sentimentale, était l’aîné de neuf enfants, et il était âgé de quinze ans lorsque naquit sa dernière petite sœur. Or il semblait ne garder aucun souvenir d’avoir vu sa mère enceinte, alors que pendant ces quinze années cela aurait dû pour le moins le frapper. Seul un souvenir-écran lui permit d’en prendre conscience : Il « finit par se rappeler qu’à l’âge de onze ou douze ans il vit un jour sa mère défaire hâtivement sa jupe devant une glace… Il complète ce souvenir en disant que ce jour-là sa mère venait de rentrer et s’était sentie prise de douleurs inattendues. Or, le délaçage (Aufbinden) de la jupe n’apparaît dans ce cas que comme un souvenir-écran pour accouchement (Entbindung). Il s’agit là d’un « pont verbal » dont nous retrouverons l’usage dans d’autres cas ». En tout cas, c’est ce pont verbal Aufbinden[22] implique Entbindung[23]qui permet de franchir cet écran du délaçage de la jupe à la mise au monde de l’un de ses nombreux frères et sœurs.

Parmi ces souvenirs d'enfance analysés par Freud, celui de Goethe est remarquable[24].

Principe du déterminisme psychique

L'hypnose qu'utilisaient Joseph Breuer et Jean-Martin Charcot est une méthode qui ne put satisfaire Freud qu'un temps, ne convenant pas à tous les patients et n'allant pas de pair avec un travail au long terme sur le transfert. Pour la remplacer, Sigmund Freud utilisera un principe qu'il attribue à Jung, principe suivant lequel une idée qui se présente à l'esprit ne peut être arbitraire et doit donc avoir un antécédent déterminé. Dans les Cinq leçons sur la psychanalyse, il précise ainsi sa pensée :

« Vous remarquerez déjà que le psychanalyste se distingue par sa foi dans le déterminisme de la vie psychique. Celle-ci n'a, à ses yeux, rien d'arbitraire ni de fortuit ; il imagine une cause particulière là où, d'habitude, on n'a pas l'idée d'en supposer. »

Le rêve n'est donc pas le théâtre d'images hallucinatoires dépourvues de sens, le lapsus n'est pas un simple accident sans conséquence, pas plus qu'une idée ne traverse l'esprit sans raison apparente. L'idée subit une déformation plus ou moins forte avant de parvenir à la conscience, mais conserve toujours, selon l'hypothèse, une certaine "ressemblance" avec ce dont elle est la manifestation. Tous ces phénomènes peuvent donc faire l'objet d'une méthode d'interprétation qui révèle l'existence de tendances non-conscientes, refoulées par l'individu. Sans doute faut-il voir dans l'affirmation de ce principe le souci de Freud de hisser la psychanalyse au rang de science. « On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychique inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse », proteste-t-il en 1915 (in Métapsychologie). Mais le principe du déterminisme, qui est le requisit de toute science expérimentale, est bien la « foi » du psychanalyste : pas plus dans le monde psychique que dans le monde physique, un phénomène ne peut se produire sans cause.

« Bien plus : il fait souvent appel à plusieurs causes, à une multiple motivation, pour rendre compte d'un phénomène psychique, alors que d'habitude on se déclare satisfait avec une seule cause pour chaque phénomène psychologique. (op. cit) »

Interprétation du rêve

Pour Freud, tout acte psychique a un sens ; le rêve doit donc posséder un sens susceptible d'interprétation. La méthode d'interprétation sera une transposition de la méthode pour le traitement des troubles psychiques, car, selon lui, il y a des analogies entre ces derniers et la vie onirique. Comme dans un symptôme, la conscience perçoit des idées qui lui sont étrangères et dont elle ignore l'origine. La méthode sera fondée sur le même principe de déterminisme psychique : le patient énonçant librement une suite d'idées se rapportant à son rêve doit pouvoir s'en faire lui-même l'interprète.

La thèse de Freud sur le rêve est que celui-ci est la réalisation d'un désir. Le rêve de l'adulte est en ce sens identique au rêve de l'enfant, mais il est déformé par les nombreux interdits qui résultent de l'éducation et de la culture.

Le rêve est composé du contenu manifeste et du contenu latent. Le travail du rêve est celui des mécanismes psychiques qui déforment le contenu latent ; le travail d'analyse consiste à interpréter le contenu manifeste pour retrouver le sens caché. Cette interprétation passe donc par le travail d'analyse du rêve.

Types de rêves

Dans sa première théorisation Freud distinguait trois types de rêves suivant la relation des contenus :

  • rêves simples et non voilés, c'est-à-dire que contenus manifeste et latent sont identiques : rêves d'enfants, réalisation de désirs (rêve de confort) ;
  • rêves cohérents mais en apparence immotivés ;
  • rêves incohérents, absurdes ; ce sont souvent les rêves les plus longs.

Mécanismes du rêve

Freud distingue plusieurs mécanismes psychiques :

  • La dramatisation : la production du rêve se situe dans un contexte narratif (histoire, fable, mythologie) ou transformation d'une pensée en situation ;
  • La figuration : tout rêve est une expression métaphorique (imagée), sous forme de sensations visuelles accompagnées d'affects ou sous forme de rébus ;
  • La condensation : le rêve représente par un seul élément du contenu manifeste une multiplicité d'éléments (image, représentation...) du contenu latent. Inversement, un seul élément du contenu latent peut être représenté par plusieurs éléments du contenu manifeste. C'est un travail de « compression » dont Freud dit qu'il est différent d'un simple résumé. Par exemple, une personne peut tout à coup revêtir l'apparence d'une autre et prendre le caractère d'une troisième ;
  • Le déplacement : procédé par lequel un trait secondaire ou un détail insignifiant dans le récit acquiert dans l'interprétation une valeur centrale. Il n'y a pas de correspondance entre l'intensité psychique d'un élément donné du contenu manifeste et celle des éléments du contenu latent auquel il est associé.

Psychopathologie de la vie quotidienne

Freud en vient, en 1905, à appliquer le principe du déterminisme psychique afin d'expliquer les comportements les plus habituels. À partir de la maladie, à partir des théories que lui inspirèrent la névrose, Freud analyse les comportements qui relèvent du commun : l'analyse va du pathologique vers le normal.

Si le rêve est un processus particulier réservé à une partie du vécu seulement, la psychopathologie de la vie quotidienne affirme le « pouvoir » d'interprétation de la psychanalyse quant à la vie de tous les jours. Les erreurs de langage, les oublis, les mots d'esprit deviennent des révélateurs de tendances psychiques inconscientes chez tout un chacun.

Le livre que Freud publie en 1905 ne vaut cependant que comme application du modèle théorique de la psychanalyse afin d'interpréter, car si ce modèle sera remanié bien des fois - il l'est encore -, les premiers modèles psychanalytiques de l'esprit humain apparaissent dès avant 1900.

Avec l'interprétation des rêves et le livre sur le rapport du mot d'esprit à l'inconscient, la psychopathologie de la vie quotidienne met en évidence la structuration de l'inconscient comme un langage, ce que Lacan reprend dans son enseignement.

Concepts

Article détaillé : Métapsychologie.

La psychanalyse est une interprétation de certains actes humains en termes psychiques – qui en restitue le sens. Certaines actions sont perçues comme « involontaires », et pourtant ne sont pas des réflexes dont certains proviennent bien d'un ordre du cerveau : ce sont par exemple les lapsus, les actes manqués, ou les symptômes sans cause physique (hystérie, à distinguer des maladies psychosomatiques). Ces apparentes erreurs, ces symptômes, actes manqués, sont d'une certaine manière des actes réussis puisqu'ils sont un compromis qui révèlent le conflit sous-jacent ou qui sont la satisfaction d'un désir. Ainsi le rêve permet au dormeur de se voir réalisant ses souhaits et peut continuer de dormir sans être réveillé par une frustration.

Croisement des deux topiques freudienne.

La psychanalyse modélise l'appareil psychique par des « topiques », qui indiquent des « lieux », non pas au sens propre, mais des systèmes structurés qui s'articulent entre eux selon une dynamique. Freud a défini un grand nombre de concepts « métapsychologiques » pour parvenir à décrire cet appareil psychique que nous savons complexe et dont nous n'avons encore que des aperçus partiels.

Dès 1895, Freud élabore une première topique : celle qui distingue le conscient, le préconscient (autrement dit, la mémoire accessible), et l'inconscient, comprenant notamment les souvenirs refoulés, inaccessibles.

En 1920, pour résoudre de nombreuses questions qui émergent dans les cures, Freud crée une seconde topique : elle distingue le Ça, pôle pulsionnel inconscient de la personnalité, le Moi et le Surmoi. Le Moi doit assurer une adaptation à la réalité, là où le Ça ne se préoccupe pas des contraintes extérieures. Mais, le Moi est aussi le responsable de nombreuses « défenses » pathologiques. Le Surmoi est, entre autres, l'intériorisation de l'interdit parental. Freud voyait l'émergence du Surmoi comme tardive, mais des psychanalystes comme Melanie Klein ont pensé le Surmoi comme existant très précocement chez l'enfant. Le Surmoi se constitue comme le pôle de l'auto-agression, l'autocritique.

Mais le moteur qui dynamise tout cet appareil, c'est la pulsion, comme l'affirmera Lacan en reprenant à la lettre le mot de Freud Trieb (pulsion), fautivement traduit dans les premières traductions par instinct. Retenons qu'elle naît dans le Ça, pur désir sans intégration à la personnalité et sans considération pratique, et qu'elle sera intégrée, remaniée, par le Moi. Sous la pression du Surmoi, le Moi refoulera éventuellement cette pulsion, la rendant inconsciente et névrotique.

La pulsion a plusieurs formes : pulsion d'autoconservation —comme la faim—, pulsion sexuelle —pouvant être sublimée, ou pouvant passer de voir à être vu, etc.— et pulsion de mort, cette tendance à l'auto-annihilation que la Première Guerre mondiale révéla à Freud.

La thèse de l'inconscient

Il existe un inconscient psychologique, une pensée et une volonté cachées, et différentes des pensées et volontés conscientes.

Dans Cinq leçons sur la psychanalyse, Freud formule l'hypothèse que l'hystérie (ou névrose de transfert) est le résultat de l'impossibilité pour une personne de refouler entièrement un désir insupportable qui se présente à la conscience et qui produit un substitut, appelé symptôme, conservant les affects de malaise liés au désir rejeté de la conscience.

Or, ce refoulement pose plusieurs questions décisives pour l'interprétation psychanalytique :

  1. Quelle est la nature des désirs rejetés hors de la conscience ?
  2. Quelle est la nature du refoulement ?
  3. Comment prétendre connaitre ce qui, par définition, veut dire "non connu" ?

Origine et nature des pulsions

Article détaillé : Pulsion.

Le rêve permettrait donc de mettre à jour les mécanismes psychiques qui traduisent un contenu latent en contenu manifeste pour la conscience ; contenu manifeste fruit du travail du rêve, c'est-à-dire le compromis entre désir et interdit. Ces mécanismes supposent que le psychisme est excité par des stimuli divers, dont la source est corporelle mais dont la représentation est psychique : c'est la pulsion. Dans Les Trois essais sur la théorie sexuelle, Freud explique que c'est un concept limite se trouvant entre le psychique et le somatique. Justement, comment une pulsion existe-t-elle psychiquement ?

En fait, une pulsion est représentée par une représentation et par un affect, ce qu'on appelle respectivement le représentant-représentation et le représentant-affect. L'essentiel des théories freudiennes de la pulsion est développé dans Pulsions et destins des pulsions[25].

Selon ce texte, la pulsion se définit selon quatre modalités :

  1. La source : D'où vient l'excitation corporelle ? De quelle partie du corps ?
  2. La poussée : La pulsion crée une tension constante. Elle est toujours, quoiqu'il arrive, active ;
  3. Le but : Le but de la pulsion est d'atteindre la satisfaction, ensuite le mode de satisfaction varie ;
  4. L'objet : C'est ce par quoi la pulsion va atteindre son but.

De plus, la pulsion a quatre destins :

  1. Le retournement en son contraire : par exemple l'amour se transforme en haine ;
  2. Le retour contre le moi propre : ce qui est rejeté à l'extérieur revient vers le moi du sujet ;
  3. Le refoulement : la représentation (représentant-représentation) associée à la pulsion devient inconsciente ;
  4. La sublimation : le dépassement du symptôme dans une demande qui peut être satisfaite.

L'introduction au narcissisme

Est un texte qui constitue un tournant pour la psychanalyse. Il contient en germe les profondes modifications de la deuxième topique. Outre l'aspect descriptif du phénomène narcissique qu'on retrouve dans les choix amoureux, dans la psychologie de la femme et dans son rôle dans la psychose, il remet en cause la première et radicale dualité freudienne : pulsions sexuelles contre pulsions d'autoconservations. Le moi peut être l'objet d'investissement des pulsions sexuelles et pas seulement une sorte de régulateur qui leur impose un travail psychique (rêve, compromis, symptômes) au nom de la conservation[26] . Le dualisme de Freud se trouve rétabli en 1920, lorsqu'il introduit une division entre Éros et pulsion de mort (Freud n'a pas nommé cette dernière Thanatos, comme d'autres psychanalystes l'ont fait). De la première topique, Éros inclut les pulsions sexuelles et d'autoconservation, alors que la pulsion de mort représente la tendance innée à l'abaissement des tensions (principe de Nirvana), à la répétition et à la mort[27].

La névrose

La névrose est la pathologie du conflit psychique, qu'il s'agisse de doute ou de culpabilité, d'angoisses etc. Sa particularité réside dans le refoulement qui est la conséquence du conflit psychique et des symptômes qui s'ensuivent.

La psychanalyse en explique l'émergence du fait de l'impossibilité de satisfaire une pulsion dans la réalité. La pathologie apparaît alors comme un compromis : le symptôme. La guérison emprunte selon Freud trois voies :

  1. suppression de la maladie par la réflexion : le malade fait face et surmonte sa faiblesse, rejette ce qui est le résultat d'une période infantile du moi ;
  2. les pulsions retrouvent leur voie normale de développement;
  3. la sublimation, qui pour Freud serait la meilleure voie, permet à la personne d'investir l'énergie libidinale et/ou agressive dans des activités à contenus non sexuels ou non agressifs. C'est aussi un des quatre destins pulsionnels.

Plusieurs névroses sont distinguées :

Pour Freud, le travail de culture implique des renoncements qui parfois amènent à des névroses ou autres troubles psychiques. C'est l'impossibilité de ce renoncement qui conduit à la névrose ou à d'autres « solutions » (délire, retraits psychiques, perversion, etc.). La pulsion sexuelle ne peut faire l'objet ni d'un interdit absolu ni d'une satisfaction totale. Le compromis névrotique est une voie de dégagement mais il peut induire une énorme souffrance et c'est ce qui conduit quelqu'un à souhaiter et à entreprendre un traitement psychanalytique.

La psychose

Pour Freud, la psychose résulte d'un conflit, non pas entre instances internes (ça, moi, surmoi, idéal du moi), mais entre le ça et la réalité. Dans le névrose, le conflit intrapsychique se situe entre le ça et les exigences du surmoi incluant l'idéal du moi. Dans la psychose, en fait on devrait dire les psychoses, il s'agit donc et avant tout de la perte de la réalité, ce dernier terme se référant tant à la « réalité interne » qu'externe (perception). Freud n'a pas lui-même traité de psychotique[28], et ses théorisations résultent pour la plupart du texte du « président Schreber », qu'il a lu et interprété sur la base de la psychanalyse. Au niveau théorique, le fondateur de la psychanalyse reste fidèle à ses idées sur la sexualité, notamment pour les interprétations concernant le Président Schreber, qui lutte contre son désir homosexuel en construisant un délire à propos d'un lien intime avec Dieu par l'entremise des rayons, etc. Freud considérera plus tard que la psychose n'est pas accessible à la cure psychanalytique du fait d'un fonctionnement narcissique en circuit fermé : le psychotique ne peut - selon lui - opérer de transfert sur un psychanalyste, et aucune cure n'est ainsi possible. Ses successeurs tiendront plus ou moins la même position, par exemple dans le brillant article de Victor Tausk sur la machine à influencer, qui explique magnifiquement les mécanismes à l'œuvre, mais ne donne que peu ou pas du tout de piste pour les traitements.

C'est dans les années 1950 et suivantes que des analystes s'essayeront au traitement des psychotiques : une des précurseurs a été la psychologue suisse Marguerite Sechehaye, qui a traité une patiente schizophrène, puis ce sont essentiellement les kleiniens (Herbert Rosenfeld, Donald Meltzer et, en France, Paul-Claude Racamier et autres) qui se ont attelés à appliquer les théories psychanalytiques aux psychotiques, soit dans le milieu hospitalier, soit en ambulatoire, soit en conjonction des deux, ou encore dans des dispositifs d'hôpitaux de jour. Harold Searles est célèbre et reste emblématique du traitement des schizophrènes par la psychanalyse. Son livre L'Effort pour rendre l'autre fou[29] a marqué des générations de psychiatres, de psychologues et d'analystes pour l'impact qu'il a eu dans les traitements de psychotiques.

Cas limites

Ce terme n'a pas été utilisé par Freud. Les « cas limites » ne relèvent ni de la névrose, ni de la psychose ni encore de la perversion. Il s'agit d'une catégorie descriptive, puisqu'aucune étiologie commune ne permettrait de rendre compte des problématiques fort différentes que supposent les différents états limites. Le trouble de la personnalité borderline se comprend donc comme métaphore.

La notion d'état limite est cependant par elle-même critiquée et la définition qu'en donnent le DSM et la CIM sortent du modèle psychanalytique dans le sens où elles en font une maladie à symptômes déterminés, fixés et même réifié. Il s'agit de « naturalisation » du symptôme, vision opposée à celle de Freud et de ses successeurs.

Perversion

Article détaillé : Perversion.

La perversion est corollaire de la notion de sexualité infantile et de ses évolutions. Selon la formule, « L'enfant est un pervers polymorphe » - dans le sens où la pulsion se satisfait aux plaisirs d'organes, indépendamment du but et de l'objet. Ceci est à différencier d'une perversion structurée d'adulte où le plaisir d'organe et ses conditions priment sur la génitalité. La perversion prend cependant un autre sens en psychanalyse, puisqu'elle en vient, à partir de la sexualité, à désigner une structure, une réalité psychique particulière. Cette perversion s'oppose à la névrose, puisque le refoulement de la motion sexuelle n'a pas lieu. Mais cette structure n'est pas non plus la psychose, puisque il n'y a pas construction d'une nouvelle réalité.

Freud, à partir de l'étude du fétichisme sexuel, en vient à décrire la perversion comme « solution » face à l'angoisse de castration, donc comme mécanisme de défense face à une angoisse de type névrotique. Cette solution est le clivage : une partie de la personnalité reconnaît la castration, l'autre la dénie, ces mécanismes (le clivage et le déni) appartenant aux solutions psychotiques. Ce modèle de la perversion en fait donc une structure à part, et à part entière.

Premières tentatives de Freud pour distinguer, d’une part hystérie et névrose obsessionnelle, d’autre part, névrose et psychose

Presque en même temps que ses « Études sur l’hystérie » qui ont été publiées en 1895, Freud avait déjà découvert, avec cette jeune science de l’inconscient qu’il était en train d’inventer, qu’il pouvait, à partir des mécanismes de formation des symptômes hystériques, rendre compte également de la fabrication d’autres symptômes, obsessions, phobies et psychoses. Ainsi faisait-il ses premiers pas dans ce repérage nécessaire de la structure et de la différence, d’une part entre l'hystérie et la névrose obsessionnelle et d’autre part, entre la névrose et la psychose. Ce ne furent que des premiers pas, mais ils furent quand même décisifs au moins au sujet de la névrose. Ces mécanismes sont décrits dans deux articles qui ont pour titre « Psychonévroses de défense »[30], de 1894, et « Nouvelles remarques sur les neuropsychoses de défense »[31], de 1896.

Dans le premier texte, il réussit à décrire comment se forment un symptôme hystérique ou une obsession. Ce qui les départage, c’est la possibilité ou non de pour chacun de transformer une souffrance psychique en souffrance corporelle. Quand cette possibilité n’existe pas, ou n’est pas suffisante, cette souffrance reste dans le psychique et se traduit par des obsessions. Une obsession est une idée qui vient au sujet, sans qu’il puisse la chasser de son esprit, même si, par ailleurs, elle lui parait totalement saugrenue. De ces obsessions, Freud en donne déjà quelques exemples, l’obsession pour quelques femmes de se jeter par la fenêtre ou encore de blesser leurs enfants avec un couteau[32]. On ne peut se libérer de ses symptômes, hystériques, au niveau du corps, et de ses obsessions dans le psychisme, que si l’on réussit à retrouver leur sens refoulé par le travail de l’analyse. Ce sens, selon la découverte freudienne, est toujours sexuel.

Freud, en ce premier temps de l'élaboration de la psychanalyse, a déjà découvert, que dans la psychose, la représentation dite inconciliable qui a été littéralement arrachée hors du conscient, rejetée, forclose, dira Lacan, ne laisse aucune trace inconsciente, et revient par contre à solliciter le mécanisme du délire. Dans le délire du Président Schreber, ce qui n’avait pas été assumé par lui d’une position féminine par rapport au père aurait ressurgi au délire de l'idée d’être transformé en femme, devenir l’épouse de Dieu et en recevoir des milliers d’enfants nés de son esprit.

Lacan amènera plus tard en avancée l'hypothèse de la forclusion du Nom du père, comme un mécanisme propre à la psychose.

Psychothérapie psychanalytique

Article détaillé : Psychothérapie psychanalytique.

Psychanalyse classique

Article détaillé : Cure psychanalytique.

À l'origine de la cure, une personne souffrant psychiquement demande de l'aide à un psychanalyste. Une fois la cure engagée, l'analysant se soumet à la règle fondamentale d'association. Le travail de l'analyste est d'écouter,interpréter le contenu latent (sens inconscient) à partir du contenu manifeste c'est-à-dire ce que dit le patient[33].

La cure psychanalytique classique comporte un cadre : un divan, un analyste (que le patient ne voit pas) ainsi que des règles fondamentales comme l'association libre (le patient est invité à dire tout ce qui lui passe par la tête), la régularité et le payement du prix des séances, etc.

Grâce au travail associatif du patient et au travail interprétatif du psychanalyste, l'analysant peut revisiter son histoire, y donner un sens nouveau et actualisé, se débarrasser de schèmes répétitifs; on peut dire qu'il devient en quelque sorte sujet de son histoire[34]. Ceci se fait à travers le moteur de la cure psychanalytique qui est le transfert, réédition d'affects liés à ses relations infantiles et projetés sur l'analyste. Ce transfert est également à analyser et à interpréter. Pour sa part, l'analyste élaborera son contre-transfert, c'est-à-dire sa propre réaction au transfert du patient sur lui.

La psychanalyse classique a elle-même évolué[35], du temps de Freud et par la suite. Au début de ces cures, Freud était assis en face du patient, puis il s'est assis de manière à ne plus être vu par le patient, afin d'éviter que des attitudes inconscientes de l'analyste puissent influencer le patient.

Freud considéra, en un premier temps, le transfert comme un obstacle à la cure, avant de se mettre à l'étudier et à l'utiliser. De même, le contre-transfert lui parut d'abord négatif, mais il est à présent utilisé par les psychanalystes comme un moyen de comprendre le transfert du patient et d'avoir accès à ses propres réactions inconscientes. Ainsi d'une cure à l'autre, le psychanalyste n'est jamais « identique à lui-même », il évolue par la progressive découverte de son propre inconscient et de la compréhension plus profonde des phénomènes de transfert et de leurs évolutions. Ceci explique la grande difficulté de comparer des cures entre elles, soit menées par des psychanalystes différents soit pour un même psychanalyste d'une période à l'autre.

La dimension singulière de l'expérience d'une cure analytique rend (selon les critiques de la psychanalyse comme Popper, et plus dernièrement, avec des nuances des psychanalystes comme Nicolas Georgieff) une approche scientifique classique irréalisable en raison de l'impossibilité de construire des preuves indépendantes du caractère opérant de l'inconscient sur le lieu même de la cure : l'analysant et l'analyste sont même considérés, selon Georgieff, dans une relation "copsychique" inconsciente permanente, laquelle rend impossible la mise en évidence de toute preuve indépendante de l'inconscient. Mais, Nicolas Georgieff propose que le nouvel objet de recherche de la psychanalyse, objet qui se prêterait, selon lui, à une investigation par les neurosciences, serait justement cette relation "copsychique"[36]. Ce serait donc parce que l'analyste tout comme son patient seraient à la fois objets de recherche, et manipulateurs directs, conscients ou non de cet objet, que cette situation engendrerait l'impossibilité de se mettre à distance de l'objet ("une relation copsychique inconsciente") pour mettre en évidence des preuves corroborées de son existence. S'ajoute à ce problème, le fait que proposer cette relation copsychique inconsciente, soit comme évidence pouvant se passer des neurosciences ou de preuves indépendantes, soit comme nouvelle hypothèse de recherche pour la psychanalyse sous le couvert de procédures scientifiques ; implique, dans le premier cas, que l'on postule sans preuve, le caractère indubitable de l'inconscient, via toutes les observations directes qui peuvent être réalisées pendant une cure ; et dans le second cas, que l'on prenne en compte l'inconscient dans toute sa spécificité freudienne, c'est-à-dire régit par un déterminisme stric excluant tout hasard et tout non-sens. Ce sont les difficultés, parfois jugées insurmontables qui sont entrevues et étudiées par Nicolas Georgieff.

Au cours de la cure psychanalytique, le patient prend conscience de nombreux fantasmes, notamment au travers de l'analyse et de l'interprétation du transfert.

Le transfert est ensuite résolu et la phase intense de l'analyse se termine. Toutefois, une fois ce processus de compréhension de sa psyché enclenché par le patient, l'analyse ne cesse jamais vraiment : elle entre dans les processus habituels de réflexion de la personne affrontée à des difficultés intérieures ou extérieures.

Psychanalyse appliquée

La psychanalyse appliquée aux institutions et à la psychothérapie, est une façon de travailler, s'orientant de la clinique analytique. La pratique à plusieurs en est un exemple. Elle consiste à ce que l'intervenant évite de se mettre dans une position de dualité avec l'« usagé ». Faire appel à un tiers (collègue, objet ou signifiant particulier), permet de ne pas se retrouver coincé, notamment avec une personne de structure psychotique[37]

Psychodrame analytique

Le psychodrame de Moreno amena les psychanalystes à remanier ce procédé afin de créer le psychodrame analytique.

Psychodrame analytique individuel

Article détaillé : Psychodrame analytique individuel.
  • Le psychodrame analytique individuel regroupe un psychanalyste meneur de jeu, un patient et plusieurs analystes co-thérapeutes. Le meneur de jeu ne participe pas aux scènes. Le psychodrame comprend plusieurs temps :
    • Le temps de l'élaboration de la scène, discours entre le patient et le meneur de jeu ;
    • Le temps du jeu, dans lequel prime la figuration y compris gestuelle, l'association libre, et qui se comprend souvent comme « transitionnel » ;
    • Le temps de l'interprétation, dans lequel le meneur de jeu renvoie au patient ce qu'il a mis dans la scène.
  • Si le jeu permet une élaboration plus facile, et recommande le psychodrame pour des individus très inhibés ou souffrant de difficultés quant à la représentation, l'interprétation et le transfert latéralisé assurent une thérapeutique spécifiquement analytique.
  • Le jeu psychodramatique est souvent comparé aux restes diurnes d'un rêve.

Psychodrame analytique de groupe

Article détaillé : Psychodrame analytique de groupe.

Il faut distinguer le psychodrame analytique de groupe et le psychodrame analytique en groupe ou un patient se retrouve dans un groupe de deux ou trois co-thérapeutes.

Le psychodrame analytique de groupe se fonde sur les mêmes principes que le psychodrame individuel. Il y a « couple thérapeutique », c'est-à-dire un thérapeute homme et un thérapeute femme, et les patients eux-mêmes se font co-thérapeutes. Il y a, éventuellement, un observateur, spectateur hors des enjeux de la scène. Les phénomènes de groupe sont alors particulièrement pertinents (par opposition au psychodrame analytique individuel, dans lequel les phénomènes de groupe sont finalement restreints aux co-thérapeutes).

Le rôle des patients définit des indications spécifiques, celles de patients capables d'écouter les autres, d'être sensibles à d'autres problématiques, pouvant participer à des scènes qu'ils n'ont pas construites. Le psychodrame de groupe sera souvent à visée de formation.

Psychothérapie groupale, familiale et de couple

La psychanalyse et le groupe

« L’inconscient produit partout et toujours des effets contre lesquels les humains ne cessent de se défendre, ou qu’ils interprètent faussement, ou encore qu’ils cherchent à manipuler par des voies obscures pour un profit supposé[38]. »

— Didier Anzieu, Le Groupe et l’inconscient

  • Le cadre de la psychanalyse de groupe

Comme dans la cure, « la tâche du sujet est d’exprimer tout ce qu’il pense, imagine, ressent dans la situation, c’est-à-dire de “symboliser” les effets que celle-ci exerce sur lui. La tâche du psychanalyste est de comprendre comme transfert, ou comme résistance au transfert, tout ce que le sujet cherche à signifier dans cette situation. » (p. 9)

Par ailleurs, « une fois énoncées les règles dont le psychanalyste se fait le garant, celui-ci a non pas à veiller en censeur à leur application par le ou les sujets, mais à chercher à comprendre et à interpréter les manquements à ces règles, ou les difficultés de leur mise en pratique. » (p. 11)

Les inconscients des différents membres du groupe sont en interaction : « à tout effet inconscient tendant à se manifester dans un champ quelconque correspond une résistance s’opposant à cette manifestation ». (p. 15) Par exemple, toute tentative d’organisation, autre que les règles minimales prévues par le cadre, a un caractère défensif. Chaque défense est le contre investissement d’une pulsion.

Les deux règles fondamentales de non–omission et d’abstinence sont valables pour le groupe. (p. 16) Les participants énoncent en séance les échanges qu’ils ont eu à propos du groupe en dehors des réunions. De son côté, l’animateur interprétant garantit le respect des consignes et permet « au transfert de se développer sur lui et sur le groupe ». Il communique « à tous ce qu’il a compris. » (p. 17)

  • Le groupe en situation

La liberté de parole place chaque participant face à ses désirs refoulés et à l’angoisse de « transgresser l’interdit en les formulant ». (p. 16)

« Personne n’est propriétaire d’aucune place et le moniteur donne lui-même l’exemple en changeant occasionnellement de place d’une séance à l’autre ». (p. 18) « D’un côté les participants engagés dans un processus inconscient de transfert, arrivent à l’élaborer par un travail de symbolisation. De l’autre côté, les moniteurs se dégagent de leur contre-transfert inconscient par un travail d’inter-analyse, et ils saisissent et communiquent le sens du transfert par un travail d’interprétation. » (p. 20)

L’interprétation n’est possible qu’au moment où les échanges du groupe laissent entendre que ses membres sont en train d’accéder à cette symbolisation.

  • Repères interprétatifs
    • Le petit groupe est l’objet d’un transfert, en plus des transferts existant des membres entre eux et sur l’interprétant (Pontalis, 1963).
    • Le groupe, comme le rêve, est l’accomplissement d’un désir refoulé (Anzieu, 1966).
    • Le vocabulaire psychosociologique de dynamique des groupes exprime une attitude défensive envers les processus inconscients du groupe (Anzieu, 1971).
    • « L’illusion groupale » est une façon pour le groupe de se constituer en objet transitionnel, pour se départir de la tout-puissance maternelle (Anzieu, 1971).
    • L’angoisse dans le groupe est de nature psychotique, elle est accrue dans les groupes non directifs. Elle donne naissance à deux formes principales de résistances : la mise en place d’un leadership et la division en sous-groupes (Bejarano, 1972).
    • La production d’une idéologie par un groupe est le signe de la « dénégation défensive d’un fantasme originaire » (Kaës, 1971, 1973). L’autre voie d’élaboration des fantasmes du groupe est le mythe (Kaës, 1971).
    • Le groupe présente un « appareil psychique » combinant les mêmes instances que l’appareil psychique individuel, selon des modes de fonctionnement qui lui sont spécifiques (Kaës, 1976).
    • Lorsqu’ils se réunissent en groupe large, les psychanalystes n’échappent pas à l’angoisse du déferlement de la pulsion de mort. De surcroit, ils déplacent sur leurs collègues et sur le groupe (l’institution) les pulsions qui ne peuvent pas s’exprimer dans l’espace des séances.
    • Deux strates principales de fantasmes à interpréter (hors les fantasmes originaires) :
    • Position dépressive ou persécutive à l’égard du groupe vécu comme une mère toute puissante, accompagnée d’angoisses de perdre la mère et d’être détruit.
    • Meurtre collectif du père, chasse aux usurpateurs et tabou de l’inceste.
    • Le groupe des moniteurs réalise une « analyse inter transférentielle » ou contrôle réciproque (Kaës, 1982).
  • Modalités d’interprétation
    • L’interprétation dans le groupe est purement actuelle, fondée sur l’ici et maintenant du groupe (angoisses, défenses, désirs inconscients).
    • Elle est adressée à l’ensemble du groupe (et non individuellement).

Psychanalyse des enfants

Article détaillé : Psychanalyse des enfants.

Ethnopsychanalyse

Article détaillé : Ethnopsychanalyse.

Rêveries diurnes

Freud donne ce nom à un scénario imaginé à l’état de veille, soulignant ainsi l’analogie d’une telle rêverie avec le rêve. Les rêves diurnes sont, comme le rêve nocturne, des accomplissements de désir. Leurs mécanismes de formation sont identiques, avec une élaboration secondaire plus marquée.

Relaxation psychanalytique

Julian de Ajuriaguerra et Michel Sapir ont chacun édifié une technique de relaxation psychanalytique qui sont utilisées, soit comme traitement proprement dit, soit comme préparation à une cure classique.

Influence de la psychanalyse sur d'autres disciplines

Article détaillé : Influence de la psychanalyse.

Au cours du XXe siècle, la psychanalyse imprègne peu à peu les différents domaines des sciences humaines, de la médecine, de la pédagogie, etc.

Critiques

Article détaillé : Critique de la psychanalyse.

La psychanalyse a été dès son origine l'objet de vives critiques. On lui a reproché l'absence de fondements clinique, expérimental et scientifique solides et rigoureux ainsi que des incohérences théoriques ce qui a conduit Popper à considérer que la psychanalyse était une « pseudo-science », et George Steiner à affirmer qu'il s'agissait d'une « fiction littéraire ». Plus récemment, plusieurs auteurs critiques ont avancé que l'histoire de la discipline avait été délibérément réécrite afin de dissimuler des lacunes, des faiblesses théoriques ou cliniques. De nombreux spécialistes des neurosciences estiment que la recherche qui se développe dans leur domaine infirme bien des conceptions psychanalytiques comme l'inconscient, les mécanismes du rêve et l'explication des psychoses, des névroses graves et de troubles neuropsychologiques comme l'autisme (facteurs génétiques, anomalies de l'architecture cérébrale, dysfonctionnements neurophysiologies et neurochimiques, altération du fonctionnement des modules cérébraux encodant la réalité extérieure, défaut de la théorie de l'esprit). La psychologie et l'imagerie cérébrale fonctionnelle ont toutefois démontré l'existence de traitements inconscients de l'information perceptive, émotionnelle et sémantique (phénomènes d'amorçage ou priming), mais qui ne correspondent pas à la notion d'inconscient élaborée par la psychanalyse.

Critiques d'anciens disciples de Freud

Carl Gustav Jung

Du temps de Freud, Carl Gustav Jung a critiqué le dualisme pansexualiste de la psychanalyse, il lui préférait une vision moniste avec l'idée d'une pulsion de vie unique. L'apport de Freud sur l'inconscient est mitigé, car cette notion était déjà présente en philosophie, par exemple dans l'œuvre Leibnitz au XVIIe siècle et amplement débattue dans les milieux médicaux de son époque. C'est la théorisation de l'inconscient centrée sur le refoulement actif et le déterminisme psychique absolu, qui en fait l'originalité et la force. Jung reprochait à Freud de s'être cantonné à l'inconscient individuel, considérant l'individu comme sujet, dont la conscience n'est cependant pas transparente à elle-même, alors que Jung s'est attaché à décrire l'inconscient collectif. Alfred Adler a lui mis en évidence la revendication phallique qu'il estimait au centre des psychopathologies, éludant ainsi le complexe d'Œdipe. Otto Rank de son côté estimait que, plus important que le complexe d'Œdipe, il y avait le traumatisme de la naissance . Sandor Ferenczi prônait une relation plus chaleureuse impliquant plus le psychanalyste. Wilhelm Reich pensait qu'un transfert positif n'était possible qu'après réduction des résistances du patient. Aussi jugeait-il peu efficace la technique consistant à interpréter le matériel psychanalytique dans l'ordre de leur apparition au cours de la cure. De plus, il rejeta la notion de pulsion de mort comme pulsion primaire. Après son exclusion de l’association psychanalytique internationale, il critiqua la capacité des thérapies uniquement verbales à guérir.

La psychanalyse comme méthode psychothérapique

Les psychanalystes considèrent que la guérison en psychanalyse doit s'apprécier à partir de sa profondeur et de sa durabilité. Une guérison symptomatique (disparition d'un symptôme phobique par exemple) peut-être tout à fait trompeuse dans la mesure où elle peut cacher le report de l'énergie liée au symptôme sur un autre symptôme[39]. Déjà dans les études sur l'hystérie, Sigmund Freud notait que la persistance d'un symptôme hystérique devait retenir l'intérêt de l'analyste, comme pouvant révéler une série d'associations, et finalement un ensemble complexe de représentations problématiques chez le patient. Le statut de la guérison en psychanalyse est tout à fait particulier. Lacan pensait que la guérison venait de "surcroît". Un rapport INSERM a permis une évaluation objective des différentes approches psychothérapeutiques, notamment psychanalytique et a conclu à l'absence de bénéfice de cette dernière[40]. Ces conclusions ont été vivement contestées par des psychanalystes qui estiment que la méthode n'est pas satisfaisante et qu'elle ne rendait pas justice aux aspects qualitatifs inhérents à toute psychothérapie[41]. Selon Jacques-Alain Miller : « Les psychanalystes refusent d'entendre parler d'évaluation. Marotte comptable, disent-ils, arguant qu'il est impossible d'évaluer une cure, fondée sur la parole, dont les effets thérapeutiques peuvent être variés, invisibles, différés, en tout cas inquantifiables. Evaluer la psychanalyse, c'est ramener, selon ces petits-fils de Freud, la complexité de l'existence humaine à un schéma mathématique pour contenter les managers de la Sécurité sociale » [42]. Ce à quoi on peut objecter qu'un fait invisible, invérifiable, imperceptible et inquantifiable, n'est pas un fait.

La position de Lacan

Jacques Lacan dans ce qu'il considérait comme un « effort pour revenir à la lettre du texte de Freud » (certains des concepts étaient à l'époque et par exemple mal traduits de l'allemand et ont introduit des contre-sens, des erreurs ou des raccourcis, cf. Trieb traduit par « instinct » au lieu de « pulsion ») a surtout défendu une position originale où il considérait que la psychanalyse n'était pas une thérapie (« elle ne soigne rien ») puisqu'il la considérait plutôt comme une herméneutique. Cette position se complétait par un refus de considérer que la psychanalyse ait quelque chose à dire sur ce que doit être l'homme (refus de la morale, du discours du maître). Ces réflexions l'ont conduit à remettre en question le statut du psychanalyste en tant que « médecin de l'âme » ou que guide spirituel et il s'appliquait à lui-même cette critique radicale :

« Notre pratique est une escroquerie. Bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c'est quand même ce qu'on appelle d'habitude du chiqué… Du point de vue éthique, c'est intenable, notre profession… Il s'agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu'il a raté son coup. C'est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s'en foutra de la psychanalyse[43]. »

Parfois contestée par certains psychanalystes, la position de Lacan refuse donc la psychanalyse comme thérapie, admettant tout de même une « guérison, de surcroît ». Le « charlatanisme » proviendrait donc de la présentation de la psychanalyse comme psychothérapie, là où il s'agit d'entendre ce qu'a à dire le sujet de l'inconscient, guérison ou non. Parler ne fait pas du bien, contrairement à l'idée reçue : la parole de la scène analytique renvoie plutôt au pire, soit la confrontation même avec ce que le sujet a toujours cherché à fuir. (référence nécessaire)

Pour ce qui est de l'obnubilation vers l'acte psychanalytique, Maria Pierrakos, psychanalyste lacanienne, écrit :

« On peut dire en effet qu'il s'agit de libérer le sujet des liens qui l'empêchent de vivre. Mais le résultat de certaines analyses n'est-il pas, au bout de bien des années, de voir ces liens remplacés par une toile d'araignée de mots qui peu à peu perdent leur sens premier pour en avoir un double, un triple, une multitude ; et le sujet qui était dans un monde cohérent de souffrance se trouve dans un univers éclaté où le tout et le rien s'équivalent, pour ne pas dire le tout et le n'importe quoi[44] »

Psychanalyse et éthique

La psychanalyse et la philosophie ont toujours entretenu un lien ambigu. Déjà Freud proclamait sa méfiance envers les conceptions et les systèmes philosophiques qui constituaient selon lui un vaine tentative, il reprenait en l'adaptant une citation de Heinrich Heine[45] : « Les philosophes sont comme cet homme qui se promène de nuit, muni de son bonnet et d'une bougie, tentant de boucher les trous de l'univers[46]. »

Au niveau éthique c'est Heinrich Racker qui a peut-être le mieux condensé ce qu'était l'éthique de la psychanalyse: « La psychanalyse partage, en tant que science, l'éthique de la science en général selon laquelle la valeur - "le bien" qui la régit - est la découverte de la vérité, son affirmation et sa défense. » Son commentateur Leon Grinberg ajoute : « La psychanalyse doit rendre conscient autant "le bien" refoulé que "le mal" refoulé ». Racker se demande encore pourquoi on réprime « le bien » et il ajoute : « Nous savons que le sentiment de culpabilité crée le besoin de punition. Mais nous savons moins que le contraire se produit également: que le besoin de punition crée entretient ou intensifie le sentiment de culpabilité. En sommes nous nous ressentons comme étant mauvais, et notre besoin de punition fait éloigner de notre conscience l'idée que nous sommes bons également. » Plus loin il ajoute :

« il existe une loi de la nature qui pousse l'homme aussi bien à s'aimer lui-même et à s'unir (s'intégrer) à lui-même (Éros agissant en faveur du Moi) qu'à aimer son prochain et à s'unir avec lui (Éros agissant en faveur des objets, le poussant à s'identifier à eux). Et cette loi le pousse, enfin, à lutter avec cette force (Éros) contre Thanatos... Éros, notamment indique en tant que voie et fin :

sur le plan pulsionnel, l'union sexuelle;
sur le plan des sentiments, l'amour;
sur le plan mental, la connaissance, qui est également l'union entre le sujet et les objets;
et sur le plan spirituel, volitif, éthique ou quelle que soit l'appellation qu'on veuille donner au plan spécifiquement humain, l'union entre la connaissance des lois de la nature et ce que l'homme fait, cette connaissance devant se transformer en loi de notre volonté et notre action[47]. »

La psychanalyse, l'institution, et l'État

De récents débats ont eu lieu dans divers pays, parmi eux la France et le Royaume-Uni, à propos d'une éventuel contrôle de l'État sur la formation des psychanalystes, dont la discipline serait considérée comme d'autres formes de psychothérapies. La communauté psychanalytique a réagi très violemment face à ces propositions, en avançant d'une part la spécificité de la psychanalyse, d'autre part la nécessaire indépendance de cette discipline qui, selon elle, a fait ses preuves.

Ainsi, par Appel du 17 juin 1997[48] de René Major, des États généraux de la psychanalyse se sont tenus du 8 au 11 juillet 2000 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, y ayant réuni plus de mille deux cents psychanalystes de trente-quatre pays[49], et des invités parmi lesquels Jacques Derrida et Armando Uribe.

Ces États Généraux ont abouti à une « Déclaration sur la spécificité de la psychanalyse »[50], affirmant d'abord « l'autonomie de leur discipline par rapport à toutes les formes de psychothérapie qui se pratiquent aujourd'hui », ensuite « leur indépendance par rapport aux pouvoirs publics et à une réglementation par l'État, quelle qu'elle soit, fût-ce par le biais des psychothérapies dites relationnelles ».

D'autre part, ces États généraux ont prôné la création d'un Institut des Hautes Études en Psychanalyse, structure qui serait mi-privée mi-publique[51]. À cette occasion, les psychanalystes notaient alors que si, « depuis une trentaine d'années, la psychanalyse ait pris rang à l'université, elle n'a pas acquis la place qui lui revenait véritablement (...) Les hautes institutions, telles que le Collège de France ou l'École des hautes études en sciences sociales, n'ont, pour leur part, pas encore reconnu la psychanalyse comme une discipline devant figurer en tant que telle dans leurs programmes. Seul le Collège international de philosophie, créé en 1983, a pu le faire, progressivement, en lui consacrant l'une de ses intersections[51] ».

Les psychanalystes réunis à cette occasion insistaient pour affirmer le caractère double de la psychanalyse, à la fois dirigé vers le sujet individuel et sa cure, et vers l'ensemble du champ des sciences sociales, en particulier l'analyse de la langue, mais aussi l'histoire des religions, la sociologie, le droit, les sciences politiques, la philosophie, la philologie et la linguistique, l'esthétique et l'histoire de l'art[51].

De nouveaux États généraux ont eu lieu à Rio de Janeiro en 2003[52].

Dans des œuvres de fiction

Le nombre d'œuvres de fiction faisant allusion à la psychanalyse échappe à tout recensement par son importance. Des notions freudiennes ou assimilées telles que le refoulement, l'œdipe, l'acte manqué, l'inconscient, la névrose, etc., sont depuis longtemps devenues des poncifs de la littérature, du cinéma et des séries télévisées. À leur tour, ces œuvres ont contribué à institutionnaliser les pratiques et les théories freudiennes.

Citons entre autres :

  • Alfred Hitchcock, très impressionné par les théories freudiennes, a utilisé le refoulement freudien comme dénouement dans deux de ses films :
    • La Maison du docteur Edwardes (Spellbound), dont l'approche de la psychiatrie est aujourd'hui considérée comme naïve, et qui n'est généralement retenu que pour sa scène de rêve, imaginée par Salvador Dali. En son temps, le film a connu un grand succès et a contribué à faire entrer la psychanalyse dans la culture populaire.
    • Pas de printemps pour Marnie (Marnie). À l'inverse du précédent, ce film marque la désaffection du public pour Hitchcock du fait, dit-on, de l'accent écossais de Sean Connery et d'une bande-son trop sirupeuse.
  • Les films de Woody Allen contiennent souvent une scène d'analyse, ou des références à la psychanalyse. Le cinéaste a lui-même été analysé pendant plus de trente ans.
  • Batya Gour, Le Meurtre du samedi matin, coll. Le Livre de poche Policier, no 14540, 2001. (ISBN 2-253-14540-8),

Notes et références

  1. Sigmund Freud, 1923, Encyclopedia Britannica.
  2. Dictionnaire de la psychanalyse, Roudinesco et Plon, 2006, p. 837.
  3. J. Chazaud, Petit vocabulaire raisonné de la psychanalyse, Éd. Privat, 1988. (ISBN 2708919733)
  4. Dictionnaire de la psychanalyse, Roudinesco, Plon, 2006, p. 837.
  5. Pierre Janet, La psychanalyse de Freud (1913), Éditions L'Harmattan, 2004. (ISBN 2747575322)
  6. S. Freud, Cinq leçons sur la psychanalyse (1909), Payot, 2001. (ISBN 2-228-89408-7)
  7. Francis Pasche, À partir de Freud, Éd. Payot, Coll. Sciences de l'homme, 1968.
  8. Le moi se sent mal à l'aise, il touche aux limites de sa puissance en sa propre maison, l'âme. Des pensées surgissent subitement dont on ne sait d'où elles viennent ; on n'est pas non plus capable de les chasser. Ces hôtes étrangers semblent même être plus forts que ceux qui sont soumis au moi ; ils résistent à toutes les forces de la volonté qui ont déjà fait leurs preuves, restent insensibles à une réfutation logique, ils ne sont pas touchés par l'affirmation contraire de la réalité. La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbides inquiétants, elle organise de longues et minutieuses recherches, elle se forge des notions de secours et des constructions scientifiques. Freud: Essais de psychanalyse appliquée, (1910), Ed.: Gallimard-Folio, 2006
  9. R.Horacio Etchegoyen, Fondements de la technique psychanalytique, Daniel Widlöcher et Jacques-Alain Miller (préface), Éd. Hermann, 2005. (ISBN 2-7056-6517-X)
  10. Entretien avec Alain de Mijolla, in Le Point, Hors-série sur Freud, n°4, octobre-novemre 2009.
  11. Mikkel Borch-Jacobsen. "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse". Edition : Les empêcheurs de penser en rond"
  12. S. Freud & J. Breuer, Études sur l'hystérie (1895), PUF, 2002. (ISBN 2-13-053069-9)
  13. S. Freud, L'interprétation des rêves (1899), PUF, 2005. (ISBN 2-13-052950-X)
  14. S. Freud, Métapsychologie (1915), Éd. Gallimard Folio, 1986. (ISBN 2-07-032340-4)
  15. Sigmund Freud : Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904, PUF, 2006. (ISBN 2-13-054995-0)
  16. S. Freud, Au-delà du principe de plaisir » (1920), in Essais de psychanalyse, Payot-poche, 2004. (ISBN 2-228-89399-4)
  17. S. Freud, Moïse et le monothéisme (1939), L'homme Moïse et la religion monothéiste, Éd. Gallimard poche, 1993. (ISBN 2-07-032741-8)
  18. Listes des associations dépendant de l'API
  19. (Ernest Jones, " La vie et l’œuvre de Sigmund Freud " (1953), PUF, Paris, 1958, p. 270) via Psychanalyse.
  20. Bercherie, Épistémologie de l'héritage freudien (suite et fin), in revue Ornicar ?, septembre 1984, no 30, p. 94-125.
  21. Mikkel Borch-Jacobsen. "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse". Les Empêcheurs de penser en rond"
  22. Dénouer, détacher
  23. Accoucher d'un enfant
  24. [1]
  25. Sigmund Freud, Métapsychologie (1915), Gallimard Folio, 1986. (ISBN 2-07-032340-4)
  26. Paul-Laurent Assoun, Introduction à la métapsychologie freudienne, PUF-Quadrige, 1993. (ISBN 2-13-045248-5)
  27. Au-delà du principe de plaisir, (1920) in Essais de psychanalyse, Payot-poche, 2004. (ISBN 2-228-89399-4)
  28. Sauf peut-être l'Homme aux rats, qui, pour beaucoup d'analystes, était plus psychotique que névrotique.
  29. Harold Searles, L'effort pour rendre l'autre fou, Pierre Fédida (préface), Brigitte Bost (traduction), éd. Gallimard-poche, 2003. (ISBN 2-07-042763-3)
  30. Sigmund Freud, Névrose, psychose et perversion, Les psychonévroses de défense (1894), PUF, 1999. (ISBN 2130452086)
  31. Op.cit.
  32. S. Freud, Obsessions et phobies, in Névrose, psychose et perversion, PUF, p. 41
  33. Roger Perron : Une psychanalyse : pourquoi ?, Éd. InterEditions, 2000. (ISBN 2-10-005321-3)
  34. Sigmund Freud, Remémoration, répétition, et élaboration (1914), in La technique psychanalytique, Éd. Presses Universitaires de France, 2007, coll.: Quadrige Grands textes. (ISBN 2-13-056314-7)
  35. Horacio Etchegoyen, Fondements de la technique psychanalytique, Éd. Hermann, 2005. (ISBN 2-7056-6517-X)
  36. Nicolas Georgieff. "Vers une neuropsychanalyse ?" Ouvrage collectif sous la direction de Lisa Ouss, Bernard Golse, Nicolas Georgieff, Daniel Widlöcher. Edition Odile Jacob, Paris 2009, pages 141 à 159, et plus particulièrement de la page 151 à 159
  37. Judith Miller, Pertinences de la psychanalyse appliquée, Seuil, 2003. (ISBN 2020606836)
  38. Didier Anzieu, Le Groupe et l’inconscient, Dunod, 1999
  39. Nathalie Zaltzman, De la guérison psychanalytique, Éd. Presses Universitaires de France, 1999, Coll.: Épitres. (ISBN 2-13-050352-7)
  40. (fr) INSERM. Psychothérapie : Trois approches évaluées, Expertise Collective INSERM, 2004. L'expertise évalue les approches psychodynamique, cognitivo-comportementale, familiale et de couple (l'expertise a été retirée dans un second temps du site web du ministère de la santé sur décision ministérielle, sous la pression du « milieu » psychanalytique, et a suscité maint débats actuellement dépassés)
  41. J.-M. Thurin, X. Briffault, Distinction, limites et complémentarité des recherches d'efficacité potentielle et d'efficacité réelle : nouvelles perspectives pour la recherche en psychothérapie, L’Encéphale, 2006 ; 32 : 402-12. J.-M. Thurin, Limites de la médecine fondée sur des preuves et orientations actuelles ; une nouvelle génération des recherches en psychothérapies, Bulletin de Psychologie 2006 ; 59(6) : 575-584. M. Thurin, B. Lapeyronnie, J.-M. Thurin, Mise en place et premiers résultats d'une recherche naturaliste en réseau répondant aux critères actuels de qualité méthodologique. Bulletin de Psychologie 2006 ; 59(6):591-6
  42. Jacques-Alain Miller répond aux anti-Freud
  43. Intervention à l'université de Bruxelles le 26 février 1977, in revue Quarto, n°2, 1981
  44. Maria Pierrakos, in La tapeuse de Lacan. Souvenirs d'une sténotypiste fâchée. Réflexions d'une psychanalyste navrée, l'Harmattan, Paris, 2003.
  45. Heinrich Heine, Le Retour, 1823-1824, p. 60. « Le monde et la vie sont par trop fragmentaires. Je m’en vais aller voir un professeur allemand qui sache coordonner tous les éléments de l’existence et en composer un système intelligible. Avec son bonnet de nuit et sa robe de chambre, il bouchera les trous de l’édifice cosmique. »
  46. Paul-Laurent Assoun, Freud, la philosophie et les philosophes, Presses Universitaires de France, Coll. Quadrige, 2009. (ISBN 2-13-057657-5)
  47. Heinrich Racker, Psicoanalisis y ética conférence donnée en Argentine en 1960 rapporté in Leon Grinberg", Culpabilité et dépression, Éd. Les belles lettres, 1992. (ISBN 2-251-33448-3)
  48. Appel de René Major du 17 juin 1997 pour la réunion d’États Généraux de la psychanalyse en l’an 2000 à Paris.
  49. Notice éditeur de l’ouvrage issu des États généraux de la psychanalyse, 2000.
  50. « Déclaration sur la spécificité de la psychanalyse », publiée en annexe dans René Major (dir.), États Généraux de la Psychanalyse, juillet 2000, Éd. Flammarion (Aubier), 2003, p.247-248 — Version archive.org de la Déclaration.
  51. a, b et c René Major (dir.), États Généraux de la Psychanalyse, juillet 2000, Éd. Flammarion (Aubier), 2003, annexe IV, « Institut des Hautes Études en Psychanalyse », p.252-266
  52. États généraux de la psychanalyse, Rio de Janeiro, 2003

Voir aussi

Bibliographie

Œuvres de Freud et de ses contemporains

Dictionnaires, introductions, concepts

Œuvres d'autres analystes

Littérature critique

Autres

  • Sébastien Dupont, « L'autodestruction du mouvement psychanalytique », Le Débat, n° 166, 2011, p. 174-192.
  • Gérard Bazalgette : La tentation du biologique et la psychanalyse. Le cerveau et l'appareil à penser, Ed.: Eres, 2006, (ISBN 9782749206905)
  • Jean-Michel Thurin et Monique Thurin: Evaluer les psychothérapies : Méthodes et pratiques, Ed.: Dunod, 2007, Coll.: Psychothérapies, (ISBN 2-10-050708-7)
  • Antoine Fratini, "La psychanalyse au bucher", Le Manuscrit, Paris 2009

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