- Angoisse
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Le mot angoisse regroupe plusieurs sens et définitions :
En psychologie il désigne un état de mal-être qui se manifeste par une sensation interne d'oppression et de resserrement ressentie au niveau du corps, ceci s'accompagnant généralement d'une crainte de malheurs ou de mort imminente contre lesquelles le sujet se sent impuissant. L'angoisse n'est pas un signe psychopathologique en lui-même mais le miroir d'un ensemble de phénomènes affectifs ; toutefois, si elle devient trop fréquente voire continue l'angoisse devient un symptôme pouvant être corrélée à d'autres signes particuliers pour former un syndrome, ou se présenter de manière isolée à travers l'anxiété généralisée, ou névrose d'angoisse. Dans certaines situations cliniques, une absence d'angoisse peut-être aussi alarmante qu'un excès.
En psychanalyse, l'angoisse est à la fois un concept métapsychologique dans la première topique puis, retravaillée dans la deuxième, et dès lors vue comme la manifestation clinique signal d'un conflit intrapsychique.
En philosophie, le sujet a été traité par plusieurs auteurs et particulièrement l'existentialisme pour lequel elle prend la valeur d'un questionnement sur la condition humaine.
Sommaire
En philosophie
La notion d'angoisse semble avoir émergé en philosophie avec Kierkegaard (1813-1855) dans son ouvrage l'Idée d'angoisse. Non loin de la définition qu'en fait la psychanalyse elle sera alors fréquemment utilisée par les philosophes contemporains pour désigner un état d'inquiétude métaphysique et morale.
- « (…) L'angoisse exprime au niveau de la conscience de soi le vertige de l'individu auquel s'offre une pluralité de possibilités contradictoires : le point origine de notre liberté définit en même temps l'origine du péché et de la culpabilité, et c'est en ce point de rupture que l'homme prend connaissance de lui-même en se prenant en charge. L'existence humaine est ainsi une existence par défaut; c'est pourquoi devant Dieu, nous avons toujours tort (…) »
Georges Gusdorf (1912-2000) à propos de Søren Kierkegaard.
- « Les philosophes contemporains, après s'être quelque temps complus dans l'inquiétude, se servent aujourd'hui du mot "angoisse" pour désigner cette conscience de notre destinée personnelle qui nous tire à chaque instant du néant en ouvrant devant nous un avenir où notre existence se décide »[1].
Louis Lavelle (1883-1951).
L'angoisse pour le béhaviorisme
Article détaillé : Béhaviorisme.Dans l'approche psychologique inspirée du Béhaviorisme, l'angoisse se définit comme un comportement lié à une émotion durable de peur sans objet externe clairement identifié. Dans cette approche on distingue la Crise d'angoisse de l'attaque de panique. Une crise d'angoisse se caractérise par une période bien délimitée de craintes et de malaises intenses, avec au minimum quatre des symptômes suivants, survenant en moins de dix minutes.
- palpitations, battements de cœur
- transpiration
- tremblements
- impression d'étouffement
- sensation d'étranglement
- douleur, gêne thoracique
- nausée ou gêne abdominale
- sensation de vertige ou d'évanouissement
- déréalisation (sentiment d'irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi)
- peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou
- peur de mourir
- sensations d'engourdissement
- frissons ou bouffées de chaleur
- fatigue
- des pleurs
Parmi les approches symptomatiques - le DSM-IV et la CIM-10 - proposent une :catégorie:Trouble de l'anxiété, dont un trouble de l'anxiété généralisée.
En psychanalyse
Article détaillé : psychanalyse.Sigmund Freud a effectué plusieurs théorisations de l'angoisse qui se complètent. On distingue généralement deux conceptions de mécanismes intrapsychiques, qui la plupart du temps sont inconscients et n'apparaissent qu'à travers la parole de la cure, le dessin pour les enfants, ou par des médiations plus ou moins sublimées :
- la première théorisation considère l'angoisse comme secondaire au refoulement : l'affect sexuel délié de la représentation refoulée est transformé en angoisse
- la seconde considère l'angoisse comme un « signal » devant l'imminence d'un danger notamment interne ; l'angoisse est donc ici un processus de défense mis en place par le Moi, face à l'afflux d'excitation pulsionnelle : l'angoisse précède donc le refoulement dans cette conception
- liée à la précédente, « l'angoisse automatique » est une réaction spontanée de l'organisme devant une situation traumatique, externe ou interne.
On peut distinguer à travers l'analyse des colorations qualitatives de l'angoisse, selon l'objet de crainte :
- l'angoisse de castration est propre à la névrose ; la discussion portera par exemple sur la description que fait Freud de l'inconscient comme ignorant la négation – ici « ne pas avoir »
- l'angoisse de type dépressif (Donald Winnicott) est crainte de perdre l'objet (et non nécessairement le phallus), elle se rapporte entre autres à la position dépressive ; elle se retrouve dans les organisations de type borderline, selon Jean Bergeret (psychanalyste) ;
- l'angoisse de mort, plus précoce, est de nature psychotique ; elle est liée à l'angoisse de morcellement qui porte plus sur l'être que sur l'avoir ; le psychotique est terrorisé par l'annihilation dont le morcellement est le vecteur.
- l'angoisse d'orgasme décrite par Wilhelm Reich (1897-1957) comme la peur de la perte de soi à l'approche de l'acmée ; cette angoisse se manifeste dans l'analyse, au moment où la solution de la peur de la perte de soi, perte de soi normalement liée à l'orgasme, se manifeste sous forme d'angoisse de chute[2].
Bibliographie
- Sigmund Freud : ""Inhibition, symptôme et angoisse" (1926) (Ed.: PUF, 2005, ISBN 2-13-054980-2 Sigmund Freud: Inhibition, symptôme et angoisse (1), Sigmund Freud: Inhibition, symptôme et angoisse (2), Sigmund Freud : Inhibition, symptôme et angoisse (3) Sigmund Freud : Inhibition, symptôme et angoisse (4), Sigmund Freud : Inhibition, symptôme et angoisse (5), Sigmund Freud : Inhibition, symptôme et angoisse (6).
- Christian Jeanclaude, Freud et la question de l'angoisse, L'angoisse comme affect fondamental, 3e édition, Paris, Bruxelles, Ed : De Boeck (Coll. Oxalis), 2008, ISBN 978-2-8041-0147-3.
- Christian Jeanclaude, Les ombres de l'angoisse, La peur d'être vivant, Paris, Bruxelles, Ed: De Boeck, (Coll. Oxalis), 2005, ISBN 978-2-8041-4791-4 .
- Vassilis Kapsambelis: L'angoisse, Ed.: PUF-Que sais-je ?, 2007, ISBN 2-13-056022-9.
- Soren Kierkegaard: "Le concept de l'angoisse", Ed.: Gallimard-poche, 1977, ISBN 2-07-035369-9.
- Jacques Lacan, L'angoisse, séminaire X.
Renvois et références
- Louis Lavelle, La philosophie française entre les deux guerres, p. 100
- Wilhelm Reich : La fonction de l'orgasme, L'Arche
Voir aussi
- Angoisse de castration
- Angoisse de morcellement
- Angoisse de perte d'objet
- Angoisse de mort
- Anxiété
- Existentialisme
- Kierkegaard
- Peur
- Psychopathologie psychanalytique
Liens externes
- Un texte de Sigmund Freud : Sigmund Freud, L'angoisse de la naissance, prototype des angoisses ultérieures
- Un texte de Mélanie Klein : Melanie Klein, La connaissance : un moyen de lutte contre l'angoisse
- Un texte de Otto Fenichel : La névrose obsessionnelle Otto Fenichel
- Bibliographie sur l'angoisse
- Les urgences psychiatriques, article du Généraliste no 2252 (13 juin 2003), format PDF (7p, 197 ko)
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