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Mysticisme
Pour les articles homonymes, voir Mystique (homonymie).La mystique exprime ce qui est relatif à une croyance, au surnaturel ou au divin. L’expérience mystique désigne « une approche expérimentale du divin » qui serait par nature incommunicable, où l'âme humaine accèderait à une rencontre directe avec Dieu[1].
Le mysticisme désigne le fait de la pratique mystique, en induisant parfois l'idée d'une formalisation ou une systématisation du comportement mystique.
Sommaire
Définition
« Il y a assurément de l'inexprimable. Celui-ci se montre, il est l'élément mystique.[2] »Les différences significatives d'interprétation du sens de la mystique reposent sur les différentes perceptions de cette part d'inexprimable. Le sens est donc sensiblement différent selon qu'on l'aborde sous son aspect ésotérique (avec un point de vue interne, et donc mystique), ou sous l'aspect exotérique (avec un point de vue externe, potentiellement sceptique). Dans l'approche exotérique ont peut également distinguer la vision sceptique, répandue dans le langage courant, qui repose sur l'idée que cette part inexprimable n'existe pas, ou du moins qu'elle est usurpée par ce qui est ainsi désigné.
Approche ésotérique
Exprimé par ceux qui sont désigné ainsi, la caractéristique principale d'une mystique, quelle que soit la religion d'où elle est issue, est qu'elle propose l'introspection comme moyen d'atteindre le divin ou la "Vérité".
On peut ainsi en trouver différentes nuances, notamment :
- « l’expérience personnelle de Dieu » selon Saint Augustin dans le christianisme .
Approche exotérique
Histoire linguistique
Le mot mystique viens du grec μυάω muaô qui signifie « se taire », « être silencieux » et qui a donné μυστικός mystikos, les « Mystères » de l'Antiquité grecque.
Le terme mystique porte aussi cette idée d'un mystère, ce qui est mystique n'est pas accessible, pas démontrable, [3], et donc potentiellement sujet à la suspicion. Du sens originel de l'aspect pratique de la réalisation dans une ascèse spirituelle, la notion de mysticisme s'est donc chargé d'un sens théorique et doctrinal, voire même dans un sens péjoratif d'une idée de dogme gnostique qui s'oppose au sens premier.
En français, les sources les plus anciennes semble dater de 1380 pour exprimer ce «qui a un sens caché, relatif aux mystères de la foi» [4]. Elles sont donc légèrement postérieures à la redécouverte des écrits de la philosophie grec par les chrétiens entre le Xe et le XIIe siècle, où il est question du mysticisme des philosophes grec, qu'on appelle parfois le mysticisme platonicien, qui inclut notamment son maitre Socrate et son disciple Aristote.
Cette redécouverte se fait dans le cadre de la théologie de cette époque, dans l'école capitulaire de Cathédrale Notre-Dame de Paris notamment, et par des penseurs influents parmi lesquels on peut citer Pierre Abélard et Bernard de Clairvaux.
L'appellation Mystique est ensuite appliqué a certains personnages représentatifs de courants mystiques influents, comme par exemple maître Eckhart qui fut à l'origine de la Mystique rhénane.
La transposition du terme au judaïsme avec la kabbale, a l'islam avec le soufisme, puis à l'hindouisme, au bouddhisme et a d'autre formes n'apparait qu'au milieu de vingtième siècle dans une mise en parallèle proposée entre autres par Aldous Huxley[5], bien qu'il existe déjà des prémices au dix-huitième siècle notamment, selon Les deux sources de la morale et de la religion, œuvre d'Henri Bergson.'
Types de mystiques
Le terme est appliqué indifféremment à toutes sortes de personnalités. On entend ainsi parler aussi bien du mysticisme platonicien, du mysticisme oriental, de celui de Jean de la Croix, de Bernard de Clairvaux, de maître Eckhart ou d'autre personnalités religieuses ou spirituelles sans distinction entre les différentes formes de spiritualités, les époques et conditions mentales correspondantes, de même que sur la variété des expériences constatées et des expressions littéraires qui en découlent.
Le mysticisme originaire du proche orient
La Kabbale
L'une des principales sources du mysticisme dans les traditions non orientales est constituée par la Kabbale du judaïsme. L'origine de la Kabbale (selon la tradition juive) remonte à la loi orale donnée par Dieu à Moïse au mont Sinaï. Cette forme de mysticisme cherche à rapprocher l'homme de Dieu, en cherchant à donner un sens à la Création. Le sens mystique, ou sens secret, ou sens caché, est un sens qui est atteint au plus haut degré de lecture des textes, en suivant les règles kabbalistiques. La Kabbale comporte une partie dite « ésotérique » (réservée aux initiés), et une partie « exotérique » (qui peut être publiée).
La Kabbale a engendré plusieurs traditions mystiques chrétiennes, notamment entre le XVe siècle et le XVIIe siècle. On peut citer par exemple la Kabbale chrétienne. Il y eut des interprétations plus ou moins erronées de l'ésotérisme kabbalistique, de sorte que le terme ésotérisme a pris quelquefois un sens péjoratif, comme magique, divinatoire, et a pu être perçu négativement, comme une superstition.
La mystique chrétienne
Le mystique chrétien privilégie « l’expérience personnelle de Dieu » plutôt que la réflexion, il lui faut ressentir plutôt que penser (voir saint Augustin). Saint Jean de la Croix parlait d’un « mariage mystique » (dans les Cantiques spirituels).
Le soufisme
La mystique de l'islam est appelée soufisme. Le soufisme des origines prônait l'amour entre Dieu et l'homme. mais depuis Ibn al-Arabi (XIIIe siècle), le courant dominant du soufisme ne met plus l'accent sur l'amour de Dieu mais sur la dissolution du sujet dans un univers où tout est Dieu.
D'origine indienne
Dans l'hindouisme
L’hindouisme présente une mystique de la fusion, de la dissolution de l’individualité dans le brahman, substrat de l'univers. Cette mystique, contrairement à celle d'autres religions, est moins réservée à des initiés et fait plutôt partie de la croyance populaire.
Cette mystique trouve son origine dans des écrits datant pour les plus anciens du troisième siècle avant notre ère, mais on suppose qu'ils sont faits sur des bases historiques qui se seraient déroulées 2000 ans plus tôt (dans le Mahâbhârata).
Dans le bouddhisme
La mystique du bouddhisme est en rapport avec la notion d'éveil spirituel ou Bodhi. Dans le theravada, la vacuité (ou plus correctement ainsi-té, shunyata) est réalité ultime et sa contemplation est la voie du mystique permettant l'extinction du Saṃsāra. Dans le mahayana l'extinction n'est pas absolue, puisque l'éveillé peut, par compassion, guider les êtres humains qui n'ont pas encore connu l'éveil.
D'origine chinoise
Dans le taoïsme
Cette mystique repose sur la complémentarité entre les symbolique élémentaires du Yin et du Yang. Elle vise l'équilibre en utilisant le principe du laisser faire.
On fait remonter des prémices a 1500 ans avant notre ère, mais les écrits de références datent de quatre siècles avant notre ère.
Le mysticisme d'un point de vue externe
Avec l'engouement pour la spiritualité orientale, le mysticisme a connu depuis les années 1960 une popularité nouvelle en Occident qui est autant l'expression d'une contestation sociale qu'une recherche d'un sens à l'existence.
Henri Bergson, William James parmi les philosophes, Romain Rolland, René Daumal, Aldous Huxley parmi les écrivains ont défini la communion mystique comme la fondation de toute religion. Les croyances et les rites étant alors perçus comme des ajouts superflus. Ces personnalités ont contribué à une approche moderne de la mystique.
Carl Gustav Jung dans l'approche psychanalytique et Mircea Eliade dans l'histoire des religions ont contribué à une rigueur intellectuelle dans l'étude du mysticisme.
D'autre part, une approche anthropologique initié par Claude Levi-Strauss en a établie des structures élémentaires, et associé a certaines notion sociologique comme la participation mystique celé a permis de faire le lien avec les mécanismes élémentaires du fonctionnement social humain.
La transposition au chamanisme et autres formes « premières »
Cette large notion regroupe l'ensemble des pratiques à travers le monde qui visent à exprimer ou à faire ressurgir la vérité cachée, en utilisant divers moyens qui sont toujours liés à une forme de transe.
L'origine de ces pratiques remonte à la préhistoire, et on en retrouve de nombreuses formes actuelles à travers différentes désignations : le chamanisme du chamane désigné comme tel en Amérique du Sud, en Sibérie, ou encore au Tibet, mais aussi les pratiques du sorcier que l'on retrouve au cœur des mystiques africaines et en Amérique du Nord.
Souvent ces transes ont été intégrées aux pratiques mystiques religieuses, et on les retrouve intégrées à diverses formes de bouddhisme tibétain.
Le Yi jing, qualifié d'art divinatoire, est un exemple de stade intermédiaire entre le chamanisme (qui en est à l'origine), et diverses formes mystiques qui en découlent, dont le taoïsme.
En Europe on connaît l'intensité des pratiques divinatoires et de transe dans la Grèce et la Rome antique (par exemple celle de la Pythie), mais on la retrouve également dans chacune des cultures des peuples barbares (ce qui signifie étranger à ces derniers). Par exemple dans la culture celte.
Critiques du mysticisme
On a souvent reproché aux diverses formes de mystiques, notamment à la Kabbale et à la mystique chrétienne, d'être des spéculations intellectuelles pures. La plupart des mystiques apparurent cependant en réaction à une intellectualisation religieuse (c'est le cas de la Kabbale qui apparaît en Espagne en réaction à la philosophie de Maïmonide) ou à une forme de fanatisme religieux.
L'ascèse du mystique peut quelquefois glisser vers une forme de dolorisme : chez certains mystiques et notamment des mystiques chrétiens (par exemple chez Thérèse d'Avila) la « connaissance de Dieu » semble devoir passer par une certaine glorification de la souffrance.
Personnalités mystiques
- Mystique chrétienne
- Saint Jean l'Apôtre
- Denys l'Aréopagite
- Grégoire le Grand
- Hildegarde de Bingen
- Bernard de Clairvaux
- François d'Assise
- Antoine de Padoue
- Mechthild de Magdebourg
- Hadewij d'Anvers
- Angèle de Foligno
- Marguerite Porète
- Marthe Robin
- Maître Eckhart v. aussi : Mystique rhénane
- Henri Suso v. aussi : Mystique rhénane
- Tauler v. aussi : Mystique rhénane
- Jean de Ruysbroeck v. aussi : Devotio moderna
- Thomas a Kempis v. aussi : Devotio moderna
- Jean de Gerson v. aussi : Devotio moderna
- Catherine de Sienne
- Thérèse d'Avila
- Jean de la Croix
- Jean-Joseph Surin
- Madame Guyon
- Paul de la Croix
- Gemma Galgani
- Luis de Miranda
- Thérèse Neumann
- Thérèse de Lisieux
- Yvonne Beauvais
- Jane Leade
- Mystique juive
- Mystique musulmane
- Jonayd
- At-Tirmidhi
- Bistami (en)
- al Hallaj, Abu Mansur al-Hallaj
- al-Ghazali, connu en Occident sous le nom d'Algazel
- Ruzbehan de Shiraz
- Ibn Arabî, mystique d'al-Andalus
- Djalaleddine Roumi
- Mystique hindoue
- Mystique chinoise
- Cf. Taoïsme
- Meher Baba a repris des éléments des courants mystiques hindous (vedanta), soufis et chrétiens.
Personnalités ayant communiqué sur le sujet du mysticisme
Observateur, ayant apporté un regard direct (interne ou externe) sur la mystique.
- Michel de Certeau (1925-) Moine jésuite, sujet d'études : mystique du XVIIe et XVIIIe siècle
- Arnaud Desjardins (1925-) Réalisateur et écrivain: un regard sur les traditions spirituelles (hindouisme, bouddhisme, soufisme) et la sagesse orientale.
- M.J. Ribet, chanoine, qui fut l'auteur d'un ouvrage monumental (plus de 1500 pages) en trois volumes intitullé : La mystique divine. Publié à plusieurs reprises à la fin du XIXe siècle, ce travail de recherche fut complimenté par le pape Léon XIII dont la lettre de remerciement apparaît en préambule de certaines éditions.
Personnalités ayant exploré la notion dans une recherche annexe :
- En Anthropologie :
- Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939) lie dans la notion de participation mystique le principe la mystique et l'expression indifférencié du groupe (notion reprise par Jung pour exprimer l'inconscient collectif)
- Roger Bastide (1898-1974) « Si le mysticisme est à la base, il est aussi au sommet de toute religion ».
- (Claude Lévi-Strauss (1908-) ?)
- En histoire
- Mircea Eliade (1907-1986) Étude de l'histoire comparé des religions.
- Georges Duby (1919-1996) spécialiste des Xe, XIe, XIIe, et XIIIe siècles en Europe occidentale, donnant une nouvelle lecture de cette période de l'histoire en distinguant les élans mystiques des élans de pouvoir y compris au sein du clergé.
Voir aussi
Liens externes
Références
- ↑ "Dès qu'un être se remet en entier dans les mains du Seigneur, ses essences vitales et ses voies changent, parce qu'il entre alors dans un climat nouveau. Il reçoit des guides angéliques spéciaux, envoyés par la Miséricorde et par l'Amour; sa nourriture procède du Pain vivant descendu du Ciel; et il se désaltère à la Fontaine intarissable jaillie du Roc éternel". Sédir dans Étude sur Le mysticisme occidental au XVIIIe siècle publié sous forme de Préface aux Lettres choisies de Salzmann (Chacornac, 1903), puis dans la revue Les Amitiés spirituelles, en 1920.
- ↑ Ludwig Wittgenstein, dans le Tractatus logico-philosophicus, (6-522) Cette phrase fait suite à : « La solution du problème de la vie se remarque à la distinction du problème.(N'est-ce pas la raison pour laquelle des hommes pour qui le sens de la vie est devenu clair au terme d'un doute prolongé, n'ont pu dire ensuite en quoi il consistait ce sens?) »
- ↑ « Relatif au mystère, à une croyance surnaturelle, sans support rationnel. »source
- ↑ (J. Lefevre, trad. La Vieille, 20 ds T.-L.) Source Mystique sur CNRTL
- ↑ dans l'ouvrage philosophie éternelle, (ISBN 9782020046558)
Bibliographie
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