Assemblée nationale législative (Révolution française)

Assemblée nationale législative (Révolution française)
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Médaille de lAssemblée législative.

LAssemblée nationale législative, — première représentation nationale française de « type moderne » — élue entre le 29 août et le 5 septembre 1791, se réunit dans la salle du Manège le 1er octobre 1791 après la révision puis la promulgation de la première Constitution dite « Constitution de 1791 »[1]. Le Corps législatif a la charge de mettre en œuvre cette Constitution dans une société qui, loin de se trouver dans une situation stabilisée, est en pleine mutation[2].

Pour les classes aisées, qui lont élue, elle doit achever laffermissement de la monarchie constitutionnelle, patiemment mise en place par lAssemblée constituante depuis 1789, et mettre un terme à la Révolution[3]. Cependant, dès le début, l'Assemblée législative se trouve traversée par deux courants opposés, nés de la scission des Jacobins, constitués, dune part, par la bourgeoisie modérée et la noblesse constitutionnelle, représentés par les Feuillants, proches du roi, pour qui la Révolution a atteint sont but et est achevée, et de lautre, par les avancés, souvent démocrates, dont la confiance dans le roi et la Cour est nulle[4], représentés par les nouveaux députés inscrits aux Jacobins qui trouvent que celle-ci, nayant pas atteint tous ses objectifs, doit se poursuivre[5],[note 1].

Cette Assemblée, constituée en grande majorité par des monarchistes constitutionnels convaincus et sincèresmême si le Centre, le plus nombreux, ne compte pas être dupe de la Cour dont il se méfie[7]va aussi devoir faire face à une famille royale qui au fond delle-même na jamais accepté le projet constitutionnel de 1789 et veut rétablir lancien ordre des choses en sappuyant sur les monarchies autocratiques étrangères[8].

Ainsi, tout autant desservie par une Constitution inadaptée à la situation[9], que par les innombrables difficultés soulevées, et non résolues, par leurs prédécesseurs[10], cette brève expérience dune monarchie limitée, qui dure moins dun an, sachève le 20 septembre 1792[11],[note 2].

Sommaire

Evènements préalables et contexte

Article détaillé : Constitution de 1791.

La Constitution de 1791 après Varennes

LAssemblée constituante sachève sur la volonté affirmée par ses députés de terminer la Révolution[12]. Son objectif essentiel, depuis août 1789, a été la mise en place dun régime fidèle aux principes exprimés dans la Déclaration des droits de lhomme[13]ainsi que de « trouver un compromis » qui sauvegarde une partie des anciens pouvoirs royaux et assure aux « notables » la réalité du pouvoir politique[14].

Ce régime, suivant la conception de lépoque, ne pouvait être quune monarchie constitutionnelle[13],[note 3]. Celui-ci, établi par la Constitution de 1791, est conçu, pour une part, sur la séparation des pouvoirs suivant les idées de Montesquieu, et pour lautre, sur la souveraineté populaire, ainsi que sur la suprématie du pouvoir législatif suivant les idées de Rousseau[15]. La nouvelle constitution se partage donc entre un pouvoir exécutif, représenté par le Roi, et un pouvoir législatif, représenté par lAssemblée nationale[16].

Le pouvoir exécutif après la révision constitutionnelle de septembre 1791

Cest après Varennes que la monarchie commence à être contestée[17]. Dès son retour, le 25 juin, le roi est suspendu et ses prérogatives abrogées ; absous par les décrets des 15 et 16 juillet 1791, il est rétabli sur son trône[note 4]. En conséquence, le roi peutaprès une révision préalable de la Constitution, à la suite dun accord conclu entre la droite modérée et les Feuillants[19]ainsi que son ladoption par lAssemblée constituante le 3 septembrelaccepter le 13 septembre, puis prêter serment de fidélité à la Nation et à la Loi le lendemain[20]. À cette occasion le pouvoir royal a été renforcé, mais, sur lessentiel, le fonctionnement administratif décentralisé demeure inchangé[21].

Toutefois, la méfiance des constituants envers lexécutif les amène à en restreindre la portée[22],[note 5]. Mais, si lautorité directe du roi est limitée, son rôle reste cependant important[23]et il demeure la clé de voûte de lédifice constitutionnel[24]: sil nest plus « roi de France par la grâce de Dieu » il devient le « roi des français par la grâce de Dieu et la loi constitutionnelle de lÉtat[23] » – ce nouveau titre suppose un chef et non un maître[25]à qui il doit prêter serment, et tient son autorité de la nation quil représente[26]. Sa personne demeure « inviolable et sacrée[14] » et il reçoit un traitement sous le nom de « liste civile[27] ». La succession au trône est héréditaire par ordre de primogéniture et la loi salique en exclut les femmes[14].

Louis XVI possède aussi le titre de représentant de la Nation. Il nomme et révoque les six ministres[note 6] qui, non solidaires, ne sont responsables que devant lui et doivent être choisis hors de lAssemblée[28]. Le roi procède aussi aux plus hautes nominations : ainsi, sil na plus le « droit de guerre », il reste le chef des armées et de la marine dont il nomme une forte proportion de chefs[25],[14], et lAssemblée, ne peut déclencher les hostilités, la conclusion de la paix ou signer des traités, que si le roi vient à le lui demander[25].

Il dirige la diplomatie et procède aussi aux nominations des ambassadeurs, ou des hauts fonctionnaires[27]. Le monarque peut aussi annuler les actes des administrations des départements et peut, pour ces dernières particularités, faire appel à la force afin de rétablir lordre en cas de troubles, mais il doit, dans ces circonstances, le signaler à lAssemblée[23]. Enfin il dispose, pour agir sur le processus législatif, du droit de veto qui se trouve sous son autorité directe ; cependant, ce veto est suspensif[29], cest-à-dire quil ne peut être opposé à un décret que pendant les deux législatures suivantes[note 7]. Toutefois, ce droit ne peut sappliquer ni aux lois constitutionnelles, ni aux lois de finances, ni aux délibérations qui concernent la responsabilité des ministres[25].

Le roi est irresponsable, et toute sanction quil donne aux décrets doit être contresignée par ses ministres[28]qui se trouvent, eux, non seulement, responsables devant une Haute Cour des infractions commises contre la souveraineté nationale et la Constitution, mais aussi, des attentats à la propriété ainsi quà la liberté des individus[23]mais cette obligation lui ôte tout pouvoir de décision propre en le plaçant sous la dépendance de son conseil, qui lui-même dépend de lAssemblée[28]. Si le roi est inviolable, il nest plus protégé dans le cas , à la tête dune armée, il sattaque à la nation, ou sil ne soppose pas à une telle entreprise faite en son nom, ou enfin, sil senfuit du royaume[28]. Le roi dispose de réels moyens dinfluence, mais la décision finale revient au pouvoir législatif[27].

Le pouvoir législatif

Le pouvoir législatif, qui est linterprète de la nation, se trouve être le premier pouvoir de lÉtat[31]. Celui-ci est confié à une Assemblée unique élue, pour une législature de deux ans, au suffrage censitaire à deux degrés : lAssemblée législative. Constituée par 745 députés, ses pouvoirs sont importants et elle domine la royauté[32]. Cette deuxième Assemblée de la Révolution a linitiative des lois et vote, après trois lectures, les décrets que le roi, par sa sanction, transforme en loi[23].

La constitution lui attribue le vote exclusif du budget, les décisions pour la guerre et la paix, ainsi que le droit dadresser des proclamations au peuple[32],[25]. Elle contrôle la politique étrangère par son comité diplomatique et vote le contingent militaire[32] ; lAssemblée fixe aussi le lieu de ses séances, indique la durée de ses sessions, organise ses débats et ses comités, elle est permanente et siège de plein droit sans convocation royale[32]. Indépendante du roi, celui-ci ne peut ni la dissoudre ni la disperser[23].

Lors de lélaboration de la Constitution les législateurs Constituants ont aussi veillé à la séparation des pouvoirs exécutif et législatif. Ainsi, pour ruiner toutes tentatives dentente, chacune des deux autorités est privée, en principe, des moyens détablir entre elles des liens plus ou moins étroits[33]. Dautre part, la subordination excessive du pouvoir exécutif qui na aucun moyen de faire observer les prérogatives qui lui sont légalement dévolues[note 8] face à un pouvoir législatif déjà hypertrophié, ne cessant daccroître les siennes, entraînera le système élaboré en 1791 vers un lent glissement qui conduira à leffacement du premier au profit du second[34],[11].

La Révolution et LEurope

Situation avant Varennes

Dès le début de la Révolution, le développement des idées nouvelles inquiète les monarchies européennes qui comprennent que les fondements de 1789 détiennent en eux-mêmes un rayonnement suffisamment important pour saper leur pouvoir absolu[35], car, par sa spécificité, la Révolution française véhicule le projet dun bouleversement radical de la stabilité sociale européenne[36]. Cependant, malgré leur hostilité, les réactions sont diverses mais, dans lensemble, les souverains des anciennes monarchies conservent leur calme à l'égard de la France dont les problèmes, même sils ne sen désintéressent pas, passent au second plan de leurs préoccupations[37]; ainsi du côté européen, il nexiste pas de réelle menace de guerre[38].

La France a dailleurs, dès août 1790, dénoncé les anciennes alliances ; un an après, lAssemblée constituante décrète que « la nation française ne fera jamais la guerre dans le but de procéder à des conquêtes »[39]. Pour certains états comme lAngleterre, qui sort dune guerre avec lEspagne, cette situation est trouvée avantageuse : une France en pleine désorganisation ne peut que faciliter son commerce[40]et le frère de Marie-Antoinette, lempereur dAutriche, nassiste pas sans plaisir à laffaiblissement de Louis XVI. Toutefois, à cause du partage polonais, un rapprochement cest amorcé entre la Prusse et lAutriche ; le 11 juin 1791, pour cette raison, une entrevue est décidée à Pillnitz[41].

Conséquence de Varennes : la déclaration de Pillnitz (août 1791)

Mais, entre temps, a eu lieu la fuite de Louis XVI[note 9], qui, après avoir averti Léopold II de son projet dévasion[43], lincite à menacer la Révolution[40], lobligeant, de ce fait, à sinvestir dans les affaires françaises en signant, le 27 août 1791, la déclaration de Pillnitz[43]. Cette déclaration dintention, qui ne saccompagne daucune mesure précise, se borne seulement à désigner le danger qui menace le trône de Louis XVI en invitant les autres souverains à joindre leurs forces aux leurs : « alors et dans ce cas » ils passeraient à laction ; mais tout ceci était soumis à une entente éventuelle avec dautres puissances européennes[38].

Léopold II, chef désigné de la coalition, favorable aux réformes constitutionnelles entreprises par les Feuillants, se trouve complètement rassuré par ceux-ci[note 10], mais laisse néanmoins publier cette déclarationfaite autant pour répondre à linquiétude des têtes couronnées dEurope que pour intimider les Jacobins tout en laissant les princes émigrés interpréter la déclaration comme un ultimatum[45],[46]. Connue en France dès septembre, cette publication révolte les patriotes qui y voient une ingérence étrangère dans les affaires françaises. Ce texte sera lune des causes principales de la guerre que déclarera lAssemblée législative le 20 avril 1792[37].

Laffaiblissement de lidée monarchique (juin-septembre 1791)

Monarchie et monarchistes constitutionnels après Varennes

La fuite de Varennes a atteint profondément limage de la fonction royale mais aussi la personne du roi[47]. Avec la naissance des idées républicaines qui ont suivi cette équipée[48], les modérés comprennent quun échec politique entraînerait lécroulement de tout lédifice constitutionnel fondé par la Constituante depuis 1789, basé sur un régime monarchique, et quils se doivent dêtre solidaires de la monarchie menacée[48]. Toutefois, pour sauver le régime, une modification constitutionnelle ne suffit pas : encore faut-il absolument y faire adhérer le roi, pièce maîtresse du système et détenteur du pouvoir exécutif[49], pour lheure suspendu.

Cest dans ce but que le député constitutionnel Barnave appuyé par ses confrères, Lameth et Duport, acceptent, à partir de juillet 1791, une correspondance que suscite la reine[note 11]qui durera jusquen janvier suivantpour amener la famille royale à accepter sans restriction la Constitution[48]. La reine, pendant un temps, paraît adhérer à leur vue mais il savère que seuls les triumvirs sont sincères et que Marie-Antoinette leur ment en jouant double-jeu[48]; il sagit, comme elle lécrit à Mercy-Argenteau : « … de les endormir et de leur donner confiance en nous, pour mieux les déjouer après… » [note 12]. Le roi, qui au fond de lui-même na jamais admis la monarchie constitutionnelle nacceptera, en définitive, cette Constitution que contraint et forcé : désormais, pour lui, même sil ne pense pas encore à la guerre, le salut vient de létranger[51],[52].

Léclatement de la gauche

La scission des Jacobins et le massacre du Champ-de-Mars (16-17 juillet 1791)

À la suite de la pétition du Champ-de-Mars, demandant le remplacement du roi[53], les modérés, majoritaires aux Jacobins, décident, le 16 juillet 1791, de rompre avec le club des amis de la Constitution pour fonder celui des Feuillants dont ils prennent le nom[note 13]. Cependant, en interdisant leur club aux citoyens passifs, les Feuillants abandonnent aux Jacobins la marque démocratique et populaire[53].

Après la Fusillade du Champ-de-Mars, qui survient le lendemain (17 juillet), et la répression qui la suit, les Feuillants paraissent maîtriser la France et on ne parle plus de République[55]. Ces deux évènementsconséquence directe de la fuite du roisemblent, dans un premier temps, favoriser la politique des Feuillants[53]. Mais, si la scission du 16 juillet divise définitivement le mouvement Jacobin[53], la fusillade du lendemain crée une rupture durable entre les jacobins démocrates révolutionnaires et ceux de la bourgeoisie libérale[48].

À la suite de la scission, le club des Jacobins, déserté par la plupart des députés, devient presque inexistant[56]mais se trouve très vite énergiquement relancé par quelques députés, tels Robespierre, Buzot ou Pétion. Ainsi, dès septembre, non seulement la reconquête du terrain perdu est comblée[53] mais la « société-mère » représente, avec un réseau de clubs tissés dans tout le pays, un contre-pouvoir permanent[53] que les modérés inquiets tenteront, sans y parvenir, de limiter afin de restreindre leur audience[53]. En fait, le succès du club est complet et son ampleur se développera encore, avec le débat sur la guerre opposant Brissot et Robespierre au printemps suivant. Une révolution se termine donc avec la loi constitutionnelle alors quune autre prend son essor à partir des clubs et des places publiques[53],[note 14].

Le conflit avec la papauté (1790-1791)

La question religieuse

Ce sont les impératifs financiers qui forcèrent lAssemblée constituante à s'intéresser au problème que posait la religion[58]. Les dispositifs, que les députés ont été amenés à insérer dans la Constitution de 1791, pour réformer lÉglise de France, ont divisé le pays bien plus profondément que les problèmes politiques, économiques ou sociaux[58]. Ces mesures, mal acceptées par une partie du clergé et de la France catholique, seront à lorigine des prises de position de lAssemblée législative contre lÉglise romaine et les prêtres réfractaires[59],[60]

Le schisme [note 15]consécutif à la non-acceptation, les 10 mars et 13 avril 1791, par le pape Pie VI à la Constitution civile du clergé et son opposition aux principes de 1789divise lÉglise de France en deux communautés[58] :

Cette crise religieuse, en provoquant le divorce de la Révolution et de la tradition catholique, va fournir à la contre-révolution, la « piétaille qui lui manquait » ; elle contribuera durablementavec les menées des contre-révolutionnaires, que soutiennent de lextérieur les princes émigrés[64]à lagitation en France pendant toute la durée de la Révolution ; cest aussi une des causes de la fuite du roi le 20 juin 1791[58],[note 17].

Lannexion des États pontificaux de France

Le Saint-Siège nest pas seulement attaqué à travers lÉglise de France mais aussi dans ses propres états. En effet, dès mars 1791, le pape sest plaint des troubles quentretiennent les révolutionnaires français dans ses possessions dAvignon et du Comtat Venaissin[58]. Laffaire nest pas récente car, dès le début de la Révolution, un parti patriote sest formé dans les États pontificaux et a demandé leur rattachement à la France[66]. Les constituants ne voulant pas alourdir le litige avec Rome refusent la « conquête »[66]. Cependant, le 24 mai 1790, une majorité délus du Comtat, constitués en assemblée représentative, abolit le régime féodal et adopte la Constitution française[66].

La création de clubs dans les communes, en faveur du rattachement à la France, accélère le processus et favorise les affrontements qui font de nombreuses victimes entre « papistes » et « patriotes »[66]. Le 13 septembre 1791, après une kyrielle de péripéties, lAssemblée constituante décrète la réunion des États dAvignon et du Comtat à la France conformément aux vœux émis par lassemblée électorale dAvignon[66]. Cette annexion napaise pas les querelles locales dont les affrontements provoquent encore une multitude de victimes. Cependant, en annexant ces États les constituants ont transgressé la déclaration du 22 mai 1790 sur le droit aux conquêtes et ont ouvert un contentieux avec les princes européens[66].

Dune Assemblée à lautre

La fin de la Constituante

Lorsque, le 30 septembre 1791, lAssemblée constituante se retire du pouvoir, aux cris de « Vive le Roi ! Vive la Nation ! », lœuvre de reconstruction de la France quelle a entamée est énorme[67]. En effet, pendant la période elle sest trouvée aux Affaires, (1789-1791) celle-ci a se débattre, avec plus ou moins de succès, contre des difficultés sans nombre touchant autant léconomie que le social, le religieux ou le politique[68].

Ainsi les constituants, après avoir solennellement restauré la monarchie, pensent avoir rétabli lunion et la concorde au sein de la nation[58], croyant avoir scellé l'alliance entre la royauté et la bourgeoisie censitaire, contre la réaction aristocratique et contre la poussée populaire [note 18], ceci pouvant leur laisser augurer la fin de la Révolution[70].

Or, il nen est rien ; contrairement à ce quils croient, la nation ne sidentifie pas avec la bourgeoisie[70]. La fusillade du Champ-de-Mars et surtout le schisme religieux, divisent plus que jamais les français ainsi que toute lEurope[58], le succès de la Révolution française a ranimé et suscité des vocations révolutionnaires. Désormais, le Vieux continent se trouve divisé en deux grands partis : celui de la Révolution et celui de la contre-révolution[58]. Ces problèmes de tous ordres se trouvent donc pour la plupart bien loin dêtre résolus quand, le 1er octobre suivant, lAssemblée législative ouvre sa première cession[10]. Ceux-ci entraîneront de nombreux conflits au sein de la nouvelle législature[10], mais feront des dix mois[note 19]que dure la législative les moments les plus intenses et les plus essentiels de toute cette période[71].

LAssemblée législative

Caractéristiques et trajectoire sommaire

Cette première Assemblée, élue pour deux ansjamais réunie en France au terme dune procédure constitutionnellede « type moderne[72]», porte en elle, malgré le caractère peu démocratique du suffrage censitaire, tous les espoirs du Tiers état et, avec la mise en place dun régime constitutionnel, beaucoup voient en elle la fin de la Révolution[73].

Toutefois, lAssemblée accomplit pleinement, non sans secousses, du 1er octobre 1791 au 10 août 1792, ce pour quoi elle a été élue ; elle dut sexercer à la cohabitation avec le roi en sappuyant sur une Constitution qui navait, entre autres, rien prévu pour régler les désaccords entre les différents pouvoirs[note 20]. Après la chute de la monarchie elle tentera de survivre jusquà la réunion de la Convention nationale le 21 septembre 1792[75].

Son parcours peut, approximativement, se décomposer en trois périodes :

  • De mars à août 1792, , le roi bloquant, par ses vetos successifs, les décrets du corps législatif [note 21] persuade le Centre de sa complicité avec les Cours étrangères ; dès lors, avec larrestation du ministre des Affaires étrangères Delessart, les Jacobins, qui espèrent avoir le soutien de lAssemblée, obligent le roi à nommer un ministère patriote. La guerre et les défaites qui sensuivent font perdre toute la confiance quune partie de lAssemblée portait encore à la monarchie. Ces évènements provoquent la journée du 10 août obligeant lAssemblée à suspendre le roi[76].

Lélection de lAssemblée législative

Par le décret du 16 mai 1791, la Constituante a voté linéligibilité de ses membres, en conséquence, les élections qui se déroulent entre le 29 août et le 5 septembre 1791 voient lémergence d'hommes nouveaux[78]. Ces nouveaux élus auront en charge la mise en œuvre de la Constitution de 1791 tout juste achevée. Le mode de scrutin retenu pour cette première consultation est le suffrage censitaire à deux degrés délection[note 22].

Ce choixaggravé après la fuite du roi lors de la révision constitutionnelle qui sensuivitdivise les citoyens en deux catégories :

  • les « citoyens actifs », qui payant le cens, sont éligibles, peuvent voter et sont les seuls à pouvoir participer à la vie politique[79],
  • les « citoyens passifs », plus pauvres, qui ne le payant pas sont exclus des scrutins. Ils jouissent des seuls droits civils, cest-à-dire à la protection de leur personne, de leur propriété et de leur liberté[80].

Cependant, il savère que le nombre de citoyens quélimine le cens reste faible ; de ce fait, le rôle joué par ce suffrage se trouve peu démobilisateur en lui-même et demeure, malgré tout, assez démocratique avec un électorat infiniment plus large quen Angleterre[79],[81]. Pourtant, lélection de cette première Assemblée, au terme dune procédure constitutionnelle, mobilise peu et ne rassemble pas les 4 300 000 citoyens « actifs » [note 23] qui ont le droit de vote. Les conséquences en sont un taux dabstentions anormalement élevépar rapport à ceux qua connu la Révolution à ses débutsvariant de 60% à 75% suivant les régions ainsi quentre villes et campagnes[81],[82]. À Paris, le taux de participation nexcède pas 10%[83].

Composition de lAssemblée

Les forces en présence

Formés aux idées du Siècle des lumières, ces hommes nouveaux, généralement issus de la bourgeoisie [note 24], sont aisés, plutôt jeunes et expérimentés, la plupart ayant fait leur apprentissage politique dans les assemblées communales ou départementales[84]; ils manquent cependant dexpérience pour les « grandes affaires »[85]. Politiquement, par rapport à la Constituante, un net glissement à gauche sest amorcé, ainsi, lopposition à la Révolution nexiste plus dans lAssemblée[83]et les privilégiés ont presque entièrement disparus[86].

Forte de 745 députés, lAssemblée nationale législative se trouve donc constituée par :

  • Un Centre, ou Indépendants appelés aussi « Constitutionnels », avec 345 députés non inscrits aux clubs, mais très attachés à la Révolution, représente le groupe le plus important à cette Assemblée[89].

Néanmoins, si linfluence de ces derniers sur lAssemblée est quasi-nulle, leur ascendant sur les clubs ainsi que sur les sociétés populaires est indéniable[89] et à Paris, ce sont les clubs et les salons qui propagent les opinions du Corps législatif, concourant ainsi à accentuer les luttes politiques[89].

Mais, aucun de ces groupes, qui ne sont pas des « partis politiques » au sens moderne du terme, ne possèdent de ligne politique limpide tant leur instabilité est grande et les itinéraires individuels rendent toute classification difficile[90].

Dautre part, il se trouve quun certain nombre, de députés de lAssemblée précédente, pour la plupart retirés de la vie politique nationale, continuent à jouer un rôle réel en emplissant les administrationsnotamment départementales et judiciairesce qui leur redonnent de fait un pouvoir quils ont perdu de droit[91].

La politique aventureuse dune Assemblée et dun gouvernement très divisés

La partie gauche (« les brissotins »)

Majoritairement démocrate, sinon républicaine[92],[93], cette deuxième génération de révolutionnaires, que lon appelle « brissotins », « rolandins », « buzotins » — du nom tiré des hommes au cours des différentes périodes du groupe[94]plus connus par le terme « Girondins » [note 25], — en loccurrence un groupe en formation qui va rapidement prendre corpsdominés par une vingtaine davocats de Bordeaux représentée par Vergniaud, le plus âgé dentre eux, et du Midi, comme Isnard, se regroupant autour du journaliste Brissot et du philosophe Condorcet[96]. Ces hommes, favorables à lexpansion de lidée de liberté en Europe, cherchent avant tout à sassurer que le roi, en qui il nont aucune confiance, ne trahisse pas la Révolution. Pour lobliger à prendre parti ils poussent à la guerre ; mais en général, en ce début de législature, la partie gauche veut démasquer et frapper tous les traîtres, que ce soit le roi, les réfractaires ou les émigrés[97].

Pour mener leur politique, ils exigent que la Révolution opte pour une attitude ferme face aux monarchies absolutistes européennes, afin quelles cessent dencourager les résistances à ses lois, et veulent obliger les princes allemands possessionnés, vassaux de lAutriche, à donner un gage de leur neutralité en désarmant les émigrés qui sagitent aux frontières[98]. Dans un premier temps, en cas de refus, ils préconisent une guerre limitée, mais quils souhaitent, dans une deuxième période, voir se généraliser à toute lEurope par lintervention de lempereur dAutriche[99]. Ils espèrent aussi pouvoir, par cette solution, redresser une situation intérieure en constante dégradation[100].

Le parti de gouvernement : les Feuillants

Les Feuillants, conformément à la Constitution quils ont désirée, prônent une politique de collaboration avec la Cour[101]. Parti de lordre après Varennes et adversaires de lAncien Régime comme de la démocratie, ils demeurent le soutien essentiel et sincère de la monarchie constitutionnelle ainsi que de la prééminence bourgeoise[102]. Bien que minoritaires, avec des chefs hors de lAssemblée[note 26], ils sont « aux Affaires » et conseillent le roi[101]. Ce sont des révolutionnaires modérés représentant une bourgeoisie aisée et une noblesse aux idées avancées qui profitent du soutien et des suffrages dun Centre [note 27], souvent indécis, mais modéré et attaché comme eux à la Révolution. Ils demeurent, dans leur ensemble, opposés à la politique anticléricale de la partie gauche de l'Assemblée[101].

Néanmoins, ils sont affaiblis et divisés en deux tendances[104], dont luneà cause du caractère belliciste du parti « fayettiste », partisan du général[note 28]se trouve, comme la Gauche, favorable à une guerre limitée, et lautre, les «laméthistes » — proches du triumvirat Barnave, Duport, Lamethsont opposé à la guerre comme à toute autre secousse qui pourrait relancer la Révolution[107]. Ainsiconséquence de Varennes et de Pillnitzla bourgeoisie révolutionnaire, qui avait réussie à garder son unité durant toute la Constituante, ne cesse de se diviser[104].

Pourtant, les Feuillants, maîtres des derniers mois de la Constituante, ont désiré à tout prix la fin de la Révolution, pensant pour asseoir définitivement la monarchie, pouvoir poursuivre la politique de leurs prédécesseurs. Mais, dès octobre, avec la nouvelle Assemblée, le climat politique a changé, évoluant en faveur de la gauche[85] ; ainsi, les royalistes modérés, quoique bien représentés, se trouvent dès le début de la législature réduits à la défensive : la gauche jacobine a porté dentrée de jeu la question sur les ennemis de la Révolution que sont les prêtres réfractaires et les émigrés, dont ces derniers, commandés par les frères du roi, font ressurgir la question de la monarchie que les Feuillants croyaient avoir réglée après Varennes [note 29].

Les suites de Varennes et du Champ-de-Mars ont aussi entraîné lémergence des sans-culottes en tant que force politique structurée. Ainsi, autant par la pratique, parfois violente sur le terrain, (urbain ou rural) que par deux conceptions différentes de la vision sociétale, se forme une division des patriotes en deux camps opposés: les Jacobins contre les Feuillants. Ces derniers comptent faire respecter lordre social, alors que les premiers veulent une Révolution régénérée[108].

Le Centre

Le Centre, ou Indépendants, ou Constitutionnels, et que lon commence aussi à appeler la « Plaine » ou le « Marais », représente la majorité des députés. Sans homme marquant comme sans opinion précise[109], il demeure passif par nature ; cependant, marqués par Varennes et Pillnitz, ces « centristes » restent très méfiants à légard du roi[110]. Durant toute la législature, lenjeu politique va consister pour les deux autres groupesla droite constitutionnelle et la gauche jacobineà attirer dans leur camp la masse de ces députés. Lhistoire de lAssemblée législative peut se définir comme laffrontement des deux minorités par majorité interposée[111].

Le Roi (la Cour)

La Cour na jamais accepté la monarchie constitutionnelle, et regrette son ancienne grandeur. Louis XVI, qui nattend rien de la Constitution, déteste les députés et renvoie dos à dos Feuillants et Jacobins[112]. Mais, si la Reine comme le Roi nont jamais cessé, depuis Varennes, de solliciter laide de lempereur dAutriche, cest pour abroger la Constitution « qui fait le malheur de tout le royaume »[note 30], et réclament un congrès armé qui en imposerait aux français [note 31].

À cette date (3 décembre 1791) le roi est très hésitant à lidée dun conflit armé dont il mesure les dangers encourus et na pas encore pris le parti de la guerre[114]mais nen continue pas moins à trahir son serment en sollicitant laide des monarchies européennes[115]. Toutefois, dans ces premières semaines du début de la législative, la très grande majorité des députés et du peuple français croit à la sincérité du roi ainsi quà son attachement au nouveau régime et se trouve prête à lui renouveler sa confiance[116],[117].

Les divergences entre générations de révolutionnaires

La fracture entre nouveaux et anciens élus

En interdisant, par le décret du 16 mai 1791, aux sortants de se représenter pour cette première élection législative, les Constituants ont ouvert les portes de lAssemblée à un nouveau personnel dirigeant nayant jamais exercé de responsabilités au niveau national[118]. Ces derniers, ayant déjà oublié la prodigieuse improbabilité de lévénement dont ils sont les héritiers, analysent la rupture révolutionnaire de 1789 comme un événement quasi-naturel largement indépendant de leurs prédécesseurs Constituants[118].

Or, les Feuillants, dominateurs en ces derniers mois de la Constituante, ont voulu absolument terminer la Révolution mais, par le renouvellement du Corps législatif, ne se trouvent plus maîtres de lhéritage transmis, dautant que les législateurs auxquels ils le lèguent ne connaissent rien des luttes dont il a été le prix depuis trois ans[note 32]. Ainsi, si la Révolution est finie, que reste-t-il à faire pour leurs successeurs[118]?

De ce fait, la plupart des nouveaux élus naiment pas lidée quau moment ils se trouvent placés sur la plus grande scène publique de lépoque, le programme à conduire leur soit dicté davance par leurs prédécesseurs[note 33]qui demeurent à leurs yeux suspects et complices, autant pour les compromis constitutionnels quils ont passés avec le roi dès 1789, que pour avoir laissé, peu à peu, regagner du terrain au tandem aristocrato-monarchique[note 34]se retrouvant ainsi condamnés à nêtre que des continuateurs. En fait, dès les premiers mois de la législative, le nouveau personnel politique cherche à saffirmer contre ceux qui lont précédé en repoussant leur prétention davoir accompli, à eux seuls, toute la Révolution[118].

Laffirmation de lAssemblée législative sur ses prédécesseurs

Le 5 octobre 1791, à la suite dune remarque péremptoire de Couthon [note 35], ayant trait au cérémonial sur le protocole, les échanges et les visites du roi, lAssemblée affirme demblée sa prééminence et le caractère unique de son pouvoir sur lexécutif, en ramenant Louis XVI à son rôle de « fonctionnaire du peuple », détruisant ainsi symboliquement tout le travail effectué par Barnave et ses amis durant lété de 1791 pour redorer la fonction royale et rétablir léquilibre entre les pouvoirs énoncés par la Constitution[118].

En conséquence, pour achever de saffirmer, lAssemblée organise son travail en systématisant linstitution de comités formés en son seinalors que cela navait été, pour la Constituante, que le produit des circonstances. À cette fin elle crée :

  • Vingt trois comités, destinés à contrôler chacun un secteur déterminé de lappareil gouvernemental, pour afficher sa volonté de chapeauter les ministres Feuillants afin davoir lœil en permanence sur le roi.

Dans la radicalisation collective des nouveaux députés par rapport à leurs prédécesseurs, il reste encore parmi eux lidée que tout nest pas encore accompli. Ainsi, dès le début de la Législative, pour les nouveaux élus, il ne sagit pas de se limiter à la mise en œuvre des textes des Constituants, mais doser quelque chose que ces derniers nont pas encore accompli. Ceux-ci, en cherchant avec leur mot dordre « la Révolution est finie » à sen approprier le cours et en mettant autant dobstacles pour éviter toute révision constitutionnelle[note 36], ont imprudemment lancé leurs successeurs dans la course à la surenchère[118].

LAssemblée et la guerre

Le contexte

La France, qui a déclaré la paix au monde en mai 1790, vit dans la crainte permanente dun conflit depuis le début de la Révolution et les rumeurs de guerre contre lEurope contre-révolutionnaire, qui dominent le premier semestre de la Législative, ne datent pas de ces derniers mois de 1791. D'ailleurs, à cette occasion, na-t- on pas cru à lintervention de lempereur lors de la fuite à Varennes et na-t-on pas commencé à faire appel aux volontaires[118]?

Cependant, les principes que la France sest donnée avec lannexion, par la Constituante finissante, dAvignon et du Comtat Venaissin, jusque- possessions pontificales, répandent des alarmes dans toutes les Cours dEurope[124]et bouleversent le droit international, rendant difficile du même coup le maintien dune paix établie non sur la volonté des populations mais sur celle des princes absolutistes de lancienne Europe[125].

À lintérieur, lAssemblée législative, déjà en proie à des difficultés économiques et socialesqui jalonneront tout le cours de la Révolution —, dés son arrivée « aux Affaires », doit faire face au clergé réfractaire qui sagite dans tout le pays en entraînant une partie des masses catholiques dans la contre-révolution[126]et à lextérieur à la noblesse émigrée, qui a fui la France, en concentrant à Coblence, près des frontières, des troupes sur le territoire de lélecteur de Trèves et dautres princes possessionnés d'Alsace[127]. Mais, à cette période, la France nest nullement menacée par des puissances étrangères[note 37].

La pression du « parti de la guerre »

Malgré cet environnement relativement calme de relations internationales, lévolution du climat politique en faveur de la partie gauche de lAssemblée[85], favorisée par lincapacité et linexpérience des Feuillants, permet, le 20 octobre 1791, à Jacques-Pierre Brissot, de prendre linitiative en prononçant un discours passionné favorable à la guerre l'élu Jacobinrelayé le 25 suivant par le député de la Gironde Pierre Vergniauddépeint lEurope prête à fondre sur la Révolution[129], tout en dénonçant les émigrés comme un péril immédiat dont les chefs, soutenus par les puissances étrangères, doivent être abattus[128].

En fait, Brissot souffle le chaud et le froid car, dune part, il représente lEurope dressée contre la Révolution, et de lautre, minore les risques dun conflit. Ce faisant, il fait progresser lidée de la guerre, mais dune guerre sans risque[note 38]. Dans cette lutte, il regroupe autour de lui non seulement une bonne partie dune opinion publique et des Jacobins[130], très sensibilisés après Pillnitz par lingérence de lAutriche dans les affaires françaises[55], mais aussi de députés élus de la Gironde et du Midi. Ceux-ci vont devenir rapidement le groupe le plus actif et le plus influent de la Législative, désigné plus tard sous le nom de Girondins[131].

Sous leur pression, lAssemblée, hésitante, se montre davantage à lécoute de lopinion, inquiète de rumeurs plus ou moins bien fondées, en faisant preuve de plus defficacité contre les ennemis de la Révolution que pour les mesures à prendre sur le plan économique et social[132]; ainsi, subjugué par la fougue des brissotins, le corps électoral vote quatre importants décrets pour lutter contre les ennemis de lintérieur et de lextérieur[133]:

  • Celui du 9 novembre, dirigé directement contre les émigrés, exige que ceux-ci reviennent en France dans un délai de deux mois, faute de quoi leurs propriétés seront confisquées au profit de la nation[134].
  • Ceux du 29 novembre exigent, pour le premier : un nouveau serment civique des prêtres réfractaires, sous peine de se voir, en cas de troubles, déporter hors de leur domicile par les administrations locales et, pour le second, demande au roi, de sommer lélecteur de Trèves de dissoudre larmée des émigrés[135].

Cependant, contre lavis du ministère Feuillants[note 39], Louis XVI met son veto aux décrets qui frappent les émigrés (11 novembre) et les prêtres réfractaires, (19 décembre) se prêtant ainsi aux attaques des Jacobins qui le considèrent, dès lors, comme un allié objectif des émigrés et des contre-révolutionnaires[134]. Toutefois, le roi invite ses frères à rentrer et accepte de sanctionner lélecteur de Trèves vassal de lempereur dAutriche.

Mais, si Léopold II, plutôt pacifique, ne désirant pas de conflit, répond favorablement à linjonction de Louis XVI, à Paris, les sans-culottes croyant que les émigrés, poussés par les autrichiens et les prussiens, sapprêtent à déferler sur la France, veulent prendre les devants[129]. De ce fait, si le conflit est écarté il demeure toujours possible[note 40].

Lessor et le pouvoir des clubs sous la Législative

Les clubs, formés pour la plupart au tout début de la Révolution par des initiatives privées, nont aucune attribution officielle. Après Varennes, ils représentent presque tous lopposition démocratique et influent, très sensiblement avec les assemblées de section[note 41], sur la marche des évènements[137]. Pour lAssemblée Constituante, puis pour la Législative, ces « lieux déducation politique » ne doivent exercer aucune pression sur les autorités constituées. Cependant, dans les villes, ces assemblées malgré les attaques dont elles font lobjet, grâce à leur dynamisme, ne cessent de se renforcer et deviennent vite incontournables[138],[137].

Le plus connu, celui des Amis de la Constitution, tient ses séances dans lancien couvent des Jacobins dont il prend le nom. Celui-ci, après la scission de juillet 1791, a reconquis dès le début de 1792, tout le terrain perdu et les grands affrontements oratoires entre Brissot et Robespierre, sur les débats pour la guerre, avec leur spectaculaire succès dopinion, en symbolise la vitalité[139]. Mais, cest au club des Cordeliers, très à la pointe des combats révolutionnaires, comme à lensemble des sociétés fraternelles, que se prépare pour lessentiel, linsurrection daoût 1792, sans pour autant en affecter les Jacobins qui tiennent une place prépondérante[140].

En province, dans les grandes villes, la dictature de ces « grands clubs » nest pas contestée et les administrations locales seffacent souvent devant ces pouvoirs parallèles[140]. À Paris, dès le départ, lAssemblée législative se trouve en concurrence avec ces pouvoirs officieux, auxquels sont affiliés de nombreux députés. Beaucoup danciens constituants, de tous bords, écartés de la Législative de leur propre initiative ou par le décret du 16 mai 1791, feront pression, au travers de ces clubs, sur les orientations politiques[75].

La Constitution à lépreuve

Pour lAssemblée législative, une des principales difficultésconséquence de Varennes et de la fusillade du Champ-de-Mars [note 42]tournera, jusquà la journée du 10 août, autour de la question constitutionnelle[77]. Le veto suspensif, attribué au roi par la Constitution, gênant le Corps législatif dans son désir de lutter contre les émigrés et les prêtres réfractaires, est très mal accepté par la plupart des Jacobins, des sociétés populaires et en province par les départements[142].

Dès le 25 novembre 1791, soit quelques semaines après sa promulgation, la Constitution est attaquée à lAssemblée au travers de la personne du roi accusé de vouloir, avec ses veto, soutenir les ennemis de la Révolution. Pour ces raisons, un député propose den appeler aux assemblées primaires en cas durgence, en vue ajourner le veto royal[142] ; ce projet, non retenu par le Corps législatif, mais soutenu par lextrême-gauche et les tribunes, nempêche pas, le 11 janvier suivant, Robespierre, de la tribune des Jacobins, de dénoncer la résistance que Louis XVI oppose en faveur des prêtres insermentés contre le décret de la représentation nationale et de stigmatiser lAssemblée « qui na pas déclaré le veto contraire au salut du peuple et à la Constitution »[142].

La Constitution se trouve donc, dès le début, remise en cause ; les veto successifs de Louis XVI, et ceux dont il usera en juin 1792 contre trois importants décrets destinés à fortifier la défense de la France, alors en guerre[9], démontrent que le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif ne peuvent pas collaborer et en bloquent la bonne marche. De ce fait, le projet de Barnave et des Feuillants den finir avec la Révolution, voire de la stabiliser, en établissant de bons rapports entre les deux pouvoirs, se révèle vite inconciliable[142]. Ainsi, lAssemblée nationale ne pourra que constater, après le 10 août, la faillite de la Constitution de 1791 et en appeler à la promulgation dune nouvelle[9].

La déclaration de guerre

Le « glissement » du roi et la division des Feuillants

LAssemblée législative subissant lascendant des députés Jacobins désireux de faire la guerre à lempereur, tant dans lintention de forcer Louis XVI et la Cour à choisir leur camp que pour consolider et exporter la Révolution[143],[129], a conduit le souverain à modifier sa position ; Vienne nayant pas retenu le congrès des puissances quil réclame depuis lautomne[144], il sagit pour lui de sauver son trône gravement compromis au yeux de lopinion patriote. Ainsi, Louis XVI, suivant lexemple des révolutionnaires, se range du côté de la guerre, dans la secrète espérance dune victoire ennemie[note 43]. Dorénavant, après cette évolution royale, le parti de la guerre se trouve aussi à la Cour et, dès lors, le roi ne séconomisera pas pour provoquer le conflit[145],[146].

Après le Roi, la politique belliciste préconisée par la partie Gauche de lAssemblée trouve encore un allié inattendu en la personne de Lafayette[147]qui, désavoué par la Cour, na pas pu se faire élire maire de Paris, celle-ci lui ayant préféré un Jacobin : Jérôme Pétion[148]. Le général, — contrairement à la partie « laméthiste » des Feuillants, qui voit dans la guerre la pire des solutions[note 44], cest-à-dire la remise en cause de lordre établi après Varennes[87]espère quune guerre limitée et victorieuse, tout en renforçant sa position, le mettra dans une situation de force pour en imposer au roi et à lAssemblée[149]. Désormais, hors et dans lAssemblée, une majorité, pour des raisons politiques et des intérêts contradictoires, est acquise à la guerre[150].

Toutefois, pour la Cour comme pour les révolutionnaires modérés, la guerre doit servir à disqualifier les sans-culottes et les Jacobins ; pour la première, dans le but de retrouver son ancienne grandeur, et pour les seconds, dimposer un pouvoir militaire[151]. Le Corps législatif dans son ensemble espère se débarrasser, par la même occasion, des ennemis intérieurs, aristocrates et « Noirs », qui nont pas encore émigré[152].

Les opposants à la guerre et le ministère patriote du 15 mars 1792

À lAssemblée, la vigueur déployée par les députés Girondins contre les émigrés, les prêtres réfractaires, ainsi que leurs efforts pour promouvoir la guerre, les oppose aux Feuillants partisans de la paix (laméthistes) et ce bellicisme quils déploient leur aliène Robespierre qui, depuis le club des Jacobins, leur livre depuis trois mois, appuyé par un petit noyau dopposants, une lutte acharnée pour éviter la guerre[153].

Cette oppositionqui laissera des traces entre le groupe des Montagnards, encore peu étoffé, et les Girondins, tout juste constitués, — permet à celui-ci de simposer comme le chef incontesté de lavant-garde révolutionnaire mais le laisse isolé au sein de son groupe[153] car la partie militante de Paris, les sections, les sociétés populaires, les Jacobins, mais aussi les journaux influents comme ceux de Marat et de Desmoulins, voient dans la guerre les moyens de briser le « complot aristocratique » et de relancer la Révolution[154].

Début mars 1792, la politique dintimidation provocante adoptée par lAutriche heurte la susceptibilité patriotique des français, en indisposant même les élus Feuillants. De la sorte, à lAssemblée, elle ne fait que resserrer les liens des partisans et des adversaires de la guerre, transformant la cause des Girondins en cause nationale[155].

Le 9 mars, le roi renvoie Narbonne, le ministre de la guerre proche de Lafayette et des Girondins. Ces derniers, en représailles, font accuser et arrêter Delessart, le ministre des Affaires étrangères en exercice[156],[note 45], provoquant du même coup la chute du ministère Feuillant[note 46]que le roi avait constitué au début de la législature. Le 15 mars suivant, ils forment, avec laccord du roi, un ministère Jacobin[note 47] et patriote essentiellement girondin[157]. Le renvoi des ministres modérés constitutionnels, choisi par le roi au début de la législature, marque léchec de la politique des Feuillants[158].

Article détaillé : Guerre franco-autrichienne (1792).

LAssemblée ouvre les hostilités (20 avril 1792)

La mort inattendue, le 1er mars suivant, de lempereur dAutriche Léopold II, augmente le risque dun conflit, car son fils et successeur, François Ier, hostile à toute discussion, voit dans la Révolution lennemi à abattre[159]. Le 25 mars 1792, lultimatum remis par la France à lAutriche, pour faire disperser les rassemblements démigrés en Rhénanie est repoussé : dès lors la guerre est inévitable[160].

Le 20 avril 1792, LAssemblée législative et Louis XVI déclarent la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie »[note 48]. La presque totalité des députés vote la guerre mais uniquement contre lAutriche [note 49]. Seulement 7 votes sur 750 sont négatifs[160]

Léloignement de lexécutif et du législatif

Les défaites, les divisions, le péril intérieur et extérieur

Si médiocres soient-elles les premières offensives françaises sur la frontière nord-est se soldent par des échecs, apportant un désaveu cinglant à lenthousiasme outrancier ayant suivi la déclaration de guerre. Les troupes reculent puis se débandent, la panique sinstalle, des régiments senfuient à la seule vue des troupes autrichiennes[162]et des corps entiers passent à lennemi[163].

La guerre na pas réussi à accomplir lunité des révolutionnaires et la partie gauche de lAssemblée[164], représentée par les Girondins, est attaquée par lextrême-gauche démocrate[164]. Ainsi, les premières défaites, qui ne manquent pas de réjouir les contre-révolutionnaires, deviennent une source de tensions multiples[165]alourdissant le climat, déjà très dégradé, entre les différentes tendances : à nouveau le club des Jacobins se déchire[166]et les désaccords de la classe révolutionnaire éclatent aussi dans la presse[166]. Avec les premières défaites, des divisions sont apparues au sein du gouvernement patriote et lunanimité qui prévalait au début du ministère nexiste plus[167].

Pour tous ceux qui se sont lancés dans le conflit, sûrs de la supériorité morale dun peuple libre, se renforce la certitude que ce qui se passe nest pas ordinaire[168]et que la guerre doit se mener autant à lintérieur quà lextérieur ; ainsi, dans ces circonstances, pour ces hommes, chaque défaite devient alors le produit dune conspiration ou dune trahison[168]. Le 20 mai 1792, une épreuve de force sengage entre lAssemblée et la monarchie à propos dun « Comité autrichien », dirigé par la Reine[169]. Ce comité, dominant les Tuileries, fomenterait un complot, en sentendant avec Vienne, pour déchirer la Constitution et préparer la guerre civile[170]. De ce fait, la Cour, les aristocrates et les prêtres réfractaires sont tour à tour dénoncés à lAssemblée[170].

Sur le plan militaire, dès le 18 mai, la situation est devenue si catastrophique que Lafayette, ainsi que les autres généraux, passant outre les ordres du ministère, déclarent loffensive impossible et sollicitent le roi, pour demander la paix. Une trêve de trois mois est conclue[171]. Cependant, les Jacobins, hors et dans lAssemblée, redoutent surtout que La Fayette et ses amis, plus soucieux de ce qui se passe à Paris que sur le théâtres des opérations militaires, ne marchent sur la capitale grâce à la neutralité bienveillante des autrichiens[172].

La perte de crédibilité de la famille royale

Sous la poussée populaire, la politique de lAssemblée législative se durcit[169] et, après les premiers jours de guerre, plus personne ne croit dans la loyauté de Louis XVI ni dans celle de la reine, dont chacun soupçonne le double jeu, aussi, désormais, le terme de « Comité autrichien » désigne le pouvoir exécutif[173]. Quoique la guerre ait été votée par une immense majorité du Corps législatif, les députés Girondins, ses promoteurs, se retrouvent en fâcheuse posture[170].

Ces derniers, par le retour à une politique dintimidation qui leur avait été si profitable le 15 mars précédent[174], attaquent violemment la Cour, les aristocrates et les prêtres réfractaires, quils soupçonnent de souhaiter la victoire de lennemi[175]mettant ainsi en garde les contre-révolutionnaires et indirectement le roi. Ils réussissent à entraîner la majorité de leurs collègues de lAssemblée à voter un train de mesures générales de précaution et de défense sous la forme de trois décrets :

  • Celui du 8 juin suivant prévoit la formation sur Paris dun camp de 20 000 gardes nationaux (Fédérés). Cette force, prise parmi les éléments les plus avancés de chaque région, doit couvrir Paris et, éventuellement, résister à toute tentative des généraux factieux[169].

Les veto royaux de juin 1792

Le 11 juin suivant, profitant des désaccords entre généraux et ministres ainsi que des divisions de lAssemblée, Louis XVI informe le pouvoir législatif quil refuse de sanctionner les décrets du 27 mai, sur les prêtres réfractaires, et du 8 juin, sur le camp des fédérés[169]. Devant la protestation de Roland, le ministre de lIntérieur[note 50], qui le somme de retirer son veto, le roi congédie « le ministère Jacobin » et forme un nouveau cabinet[note 51]avec des Feuillants anonymes[176]. LAssemblée, sélève contre la décision royale et décrète, à une grande majorité, que les ministres révoqués emportent les regrets de la nation[177].

Le 17 juin, par représailles, et sous la poussée girondine, le Corps législatif fait nommer une Commission extraordinaire de douze membres pour surveiller les nouveaux ministres Feuillants et les obliger à paraître tous les jours à la barre afin quils rendent compte de leurs opérations[178].

Cependant, malgré tous les conseils, le roi refuse de revenir sur sa décision et la colère gronde dans les milieux révolutionnaires[179]. Cest dans ces circonstances que, le 18 juin, Lafayette, stationné aux frontières, envoie une pétition véhémente à lAssemblée pour dénoncer lanarchie entretenue par les Jacobins en sommant le Corps législatif de briser le mouvement démocratique[180]. Leffet produit est désastreux et le général se trouve aussitôt attaqué par les élus de gauche, ce qui contribue à achever la mobilisation des sans-culottes contre le pouvoir royal[181].

Article détaillé : La journée du 20 juin 1792.

La journée du 20 juin 1792

Cette « journée » est organisée par les révolutionnaires démocrates pour faire pression sur le roi, après son refus de sanctionner les décrets, le renvoi des « ministres patriotes » et la formation dun ministère Feuillant[180]. Au petit matin, plusieurs milliers de sans-culottes des faubourgs pénètrent armés[note 52]dans la salle du Manège, siège lAssemblée, pour présenter leur pétition[182], puis se dirigent vers les Tuileries quils envahissent[183]. Malgré cela, le souverain, par son calme et sa tranquille bonhomie, retourne la situation en sa faveur et refuse de lever le veto ainsi que de reprendre les ministres révoqués[184].

Lintimidation ayant échoué, la manifestation tourne à la confusion de ses organisateurs[178] et, en apparence, Louis XVI semble sortir vainqueur de laffrontement. Toutefois, les patriotes, ayant pénétré aux Tuileries et dans lAssemblée, ont compris que lun comme lautre ne sont pas réellement défendus et quil est désormais possible de renouveler la manifestation jusquà la déchéance du roi ou la dispersion du Corps législatif[185].

Le lendemain, lAssemblée, prenant conscience des conséquences de la manifestation, interdit toute réunion de citoyens en armes à sa barre[185], puis, pour faire face aux nombreuses pétitions de loyalisme arrivant de Paris et de province pour condamner les excès de cette journée, ordonne des poursuites contre Pétion, le maire de Paris, ainsi que contre Manuel, le procureur général syndic, qui seront relevés de leur fonction le 6 juillet suivant[186]. Dès lors, les Jacobins, dans et hors lAssemblée, se trouvent sur la défensive ; mais les « sans-culottes » parisiens apparaissent désormais comme les maîtres de la France[187],[185].

Le « coup dÉtat » manqué de Lafayette

Estimant les conditions favorables pour abattre ses adversaires démocrates, le général Lafayette abandonne ses troupes et se présente, le 28 juin, à la barre de lAssemblée pour demander la fermeture des clubs et la punition des fauteurs de troubles du 20 juin. Sa popularité est encore telle quil est acclamé par la majorité des élus[note 53], ainsi, la motion de blâme, réclamée contre lui par la gauche pour abandon de poste, est repoussée par 339 voix contre 234[188].

Cependant, celui-ci est bien décidé à ne pas quitter Paris sans avoir réalisé le Coup dÉtat quil projette. Mais ses principaux partisans du parti constitutionnel, qui nont pas plus de programme daction que de conviction, manquent aussi de courage et, devant le danger, nagissent pas en se reposant sur la Constitution alors que leurs chefs, Lafayette ou Duport, ne pensent quà la modifier à leur convenance[189],[190]. Dautre part, beaucoup de bourgeois qui composent ce parti craignent la vengeance des émigrés en cas de victoire de ces derniers et nosent pas sengager[note 54].

Toutefois, à cette période, les Feuillants ne sont plus considérés comme un parti mais comme une cohue déléments disparates et opposés. Le 30 juin, délaissé par le roi, trahi par la reine [note 55], devant léchec de son projet, le général regagne son armée[193]. Suspect aux yeux des journaux populaires et des clubs, depuis lAffaire du Champ-de-Mars, son action naura eu pour résultat que dindisposer les patriotes et de lisoler davantage[194].

À lAssemblée, même si la conscience du péril est extrême, les rancunes et les clivages politiques demeurent entiers[note 56] car la droite et les Constitutionnels sont effrayés à lidée de voir les Jacobins renverser la monarchie ; la gauche craint que Lafayette et ses partisans ne semparent du pouvoir[196].

La Patrie en danger (11 juillet 1792)

À lintérieur, la résistance du roi pour maintenir son veto encourage les contre-révolutionnaires alors quà lextérieur, les autrichiens puis les prussienspour ces derniers entrés en campagne le 6 juilletaccentuent progressivement leur pression en savançant vers la frontière [197]. Devant le danger dinvasion, les députés votent une série de décrets :

  • Celui du 2 juillet, qui tourne le veto royal (sur le décret du 8 juin dernier) en autorisant les fédérés à se rendre à Paris pour la fête du 14 suivant[197].
  • Celui du 11 juillet, qui décrète la Patrie en danger. Il justifie un ensemble de dispositions permettant de faire face aux évènements[199].

Cependant, même si, pour un temps, la déclaration semble satisfaire les différents groupes, celle-ci signe la défaite du parti Feuillant[200]. À lAssemblée, la Gauche, soutenue par les tribunes populaires, accuse le roi de favoriser les ennemis de la France et réclame que les ministres de la Guerre et de lIntérieur soient décrétés daccusation ; pris de peur, ces derniers démissionnent dès le lendemain. Mais, quoique ses ministres Feuillants laient abandonné[note 58], le roi, aux pouvoirs encore affaiblis par la procédure de la patrie en danger [note 59], demeure passif et attend lentrée des autrichiens et des prussiens dans Paris[197], alors quen provenance de sociétés populaires, de municipalités et de départements, affluent à lAssemblée des adresses menaçantes contre lui ; de toutes les régions du pays, des détachements de gardes nationaux font route vers Paris [203].

À cette période lAssemblée vote deux nouveaux décrets :

  • Celui du 18 juillet qui décrète que la Commission des douze sera portée à vingt et un avec les suppléants[note 60].

Le renversement du trône (seconde Révolution - début de la Première Terreur - 10 août 1792)

Une Assemblée très divisée

Dès le 23 juillet, des proclamations demandant la déchéance du roi parviennent à la salle du Manège afin de décider dune Convention nationale qui réviserait la Constitution en convoquant les assemblées primaires[205]. Toutefois, la grande majorité du Corps législatif demeure royaliste constitutionnel, sopposant de fait à la déchéance ou même à la suspension du roi qui lui est proposée et certains députés Girondins, même sils ne sont pas opposés à cette dernière proposition, la considèrent prématurée[205].

Ainsi, malgré les nombreuses pétitions, qui leur arrivent des sans-culottes au travers des clubs, et la pression des députés de gauche, lAssemblée refuse de voter la mise en accusation de Lafayette par 406 voix contre 224[205]. Ce scrutin achève de ruiner son crédit auprès des sections parisiennes ; mais, pour les Girondins, qui forment la gauche du Corps législatif depuis le début de la législature, leur attentisme face à la suspension du roi les coupe des forces populaires à un moment décisif de la Révolution[205].

Le 1er août, Paris prend connaissance du manifeste de Brunswick dont leffet, désastreux pour le roi, fait basculer les hésitants contre lui : dès lors, le dénouement de la crise ne peut passer que par sa déchéance ou sa déposition[205]. Le lendemain, les fédérés marseillais viennent à lAssemblée réclamer la déchéance du roi. Pourtant, les députés éludent la question pendant une semaine[205] et, le 9 août au soir, le Corps législatif lève la séance sans avoir pris aucune décision[205]. LAssemblée demeure sourde à linsurrection populaire qui se prépare au vu et au su de tous[206].

À lAssemblée le 10 août 1792

De ce fait, linsurrection est dirigée autant contre elle que contre le roi[207]. Minutieusement organisée[208], la journée du 10 août débute dans la nuit du 9 au 10 août, par la formation dune Commune insurrectionnelle à lHôtel de Ville de Paris après la dispersion de la Commune légale[209]. Lassaut, lancé dès le matin contre le château, se termine par la victoire des insurgés en fin de matinée, mais le roi, avant le début de l'attaque, sest placé sous la protection de lAssemblée[210], [note 61].

À lAssemblée, les députés, même sils ne sont pas dans la confidence, sattendent à un coup de force des fédérés et des sections sur les Tuileries [205]. À minuit, quand retentit le tocsin du faubourg Saint-Antoine et des Cordeliers, signal convenu du début de laction, une soixantaine délus se dirige vers la salle du Manège [206]. Ignorant tout de ce qui se passe pendant la nuit, ils sadonnent à des travaux parlementaires[206]. À sept heures, la séance du matin est ouverte pour les deux cents élus présents[note 62], à majorité girondine, et en fin de matinée ils apprennent que la Commune insurrectionnelle a pris le pouvoir[note 63].

La salle du Manège étant située prés des Tuileries, les députés entendent le bruit des canons, la mitraillade et les cris des combattants ; lheure avançant, ils comprennent que la victoire est en train de basculer du côté des forces populaires et nhésitent pas à sy rallier, en votant un décret stipulant que[206] :

  • LAssemblée nationale met sous la sauvegarde du peuple de Paris la sûreté des personnes et des propriétés.

La victoire acquise, une délégation de la Commune insurrectionnelle de Paris se présente à lAssemblée, pour discuter, au nom du peuple, des mesures à prendre pour le salut public[211].

Une situation inédite

La victoire des insurgés a engendré une situation entièrement nouvelle ; lAssemblée législative se trouve dans une position ambiguë car, deux jours plus tôt, sa majorité monarchiste a soutenu Lafayette et, la veille, a escamoté, dans son ensemble, la demande de déchéance du roi [note 64]. Néanmoins, elle demeure en place et est la seule institution à détenir le pouvoir légal. Elle profite de cette position pour essayer de regrouper, en sa faveur, les autorités et les citoyens[214]. Ainsi , lAssemblée seule au pouvoir en présence du peuple, sappuyant sur les travaux de la Commission des vingt-et-un, décrète que[215] :

  • Les nouveaux ministres seront nommés par lAssemblée nationale hors de son sein.
  • Tous les français âgés dau moins 25 ans sont désormais électeurs[note 65].
  • Les décrets votés auront force de loi sans la sanction royale.

Les ministres Feuillants du roi ayant été limogés, le 11 août, lAssemblée forme alors un nouveau ministère quelle nomme Conseil exécutif provisoire [216].

Les députés Girondins, se trouvant alors majoritaires à lAssemblée, font élire Danton, le tribun populaire des Cordeliersacte politique nécessaire pour légitimer la victoire du peuple de Parisministre de la Justice par 222 voix contre 284 votants, puis Lebrun-Tondu aux Affaires étrangères, Gaspard Monge à la Marine et, sans scrutin, les élus rappellent au Conseil les trois ministres « patriotes » chassés par Louis XVI le 11 juin  : Roland, Clavière et Servan [217],[note 66]. Réuni le 13 août, ce Conseil se voit attribuer le 15 «  toutes les fonctions de la puissance exécutive » mais sans le veto[216].

Un pouvoir parallèle: la Commune insurrectionnelle

Privée dune partie de ses membresles Feuillants ont disparu et une portion des modérés nassistent quoccasionnellement aux séanceslAssemblée siège en permanence[218]. Si cette dernière détient encore le pouvoir légal, cette seconde Révolution sest faite sans elle, mais aussi contre elle[207]. Ainsi, aux yeux de beaucoup de patriotes parisiens et de fédérés, lAssemblée est aussi coupable que le roi [219]. De ce fait, la délégation dinsurgés qui vient le matin du 10 août, après la prise du château, persuadée de représenter la légitimité révolutionnaire, lui signifie en quelque sorte son congé [220],[219],[note 67].

La nouvelle Commune, par le nombre de ses membres quelle porte à 288, veut devenir une assemblée presque aussi imposante que la législative[219] alors que cette dernière affecte, de son côté, de considérer ce nouveau pouvoir autoproclamé comme provisoire, tout en admettant que la Commune insurrectionnelle a une fonction officieuse à jouer.

Dés le 10 août, la Commune victorieuse exerce à Paris la réalité du pouvoir ; rien nempêche plus la confrontation directe entre le peuple et ses représentants[221]. Maîtresse de Paris, celle-ci élimine les opposants des sections, destitue le Département, réforme la garde nationale et muselle la presse[221]. Ainsi, dès le 11 août, la Commune peut se retourner contre un pouvoir légal affaibli et docile qui transforme, presque sans opposition en décrets, les arrêtés décidés par celle-ci, en nhésitant pas à renier les siens proprescomme pour le transfert de la famille royale du Luxembourg au donjon du Templeque lui impose la Commune. La création du tribunal dexception du 17 août, chargé de juger les « conspirateurs », est obtenue de la même façon[221].

Cependant, ici ou , on prend ombrage de sa puissance et sa marge de manœuvre se trouve étroite car, dune part, ce nouveau pouvoir doit maintenir la pression à un niveau élevé pour éviter dêtre taxé de « modérantisme » et, de lautre, confronté aux réalités administratives journalières de la capitale, celui-ci retrouve les gestes normaux dune autorité publique[221].

À la fin du mois daoût, lAssemblée législative, profitant de la révocation par plusieurs sections des commissaires que la Commune a nommés lors de la journée du 10 août, tente une contre-offensive en contestant la destitution et le renouvellement du Département[221]. Fort de ces divisions, le Corps législatif, ordonne le 30 août suivant, le renouvellement de celle-ci. Toutefois, la Commune, arguant de sa légitimité octroyée par le peuple, réduit à néant les exigences du pouvoir légal[221].

Mais, même sipour tenter dimposer définitivement son autoritélAssemblée rappelle quil nappartient quà elle de «  changer lordre des pouvoirs établis par la Constitution » [222] latmosphère, lourde de rumeurs, de complots et de trahisons, que permet le péril extérieur, adroitement entretenues, rend dans cette période la Commune intouchable[221].

La fin de la Législative

LAssemblée face aux évènements de septembre 1792

La chute du trône na en rien conjuré les périls qui menacent le pays. La guerre, un temps suspendue, reprend, alors que La Fayette, après avoir vainement tenté de retourner son armée contre la capitale, passe à lennemi le 19 août [223]. Ce même jour, les prussiens, entrés en guerre aux côtés de lAutriche en juillet dernier, franchissent la frontière et le 23 suivant enlèvent la place de Longwy presque sans résistance. Une semaine plus tard, ils investissent Verdun tandis que Thionville est prise par les autrichiens. Quand Verdun tombe, le 29  août  1792, la route de Paris est ouverte[224]. La précipitation de ces évènements accroît le sentiment de conspiration et de trahison dans la Capitale.

Devant ces circonstances dramatiques, la masse des parisiens est gagnée par la fièvre ; le 28 août, cédant une fois de plus devant la Commune, lAssemblée législative autorise les visites domiciliaires[224]. De ce fait, de nombreux suspects arrêtés remplissent les prisons ; dans le même temps, des affiches incitent les patriotes à purger tous les lieux de détention de Paris[224]. Quand la nouvelle de la prise de Verdun parvient à Paris, la peur dégénère alors en un délire de violence collective et, avec le 2 septembre, commence dans les prisons lexécution, sans jugement, de tous ceux qui, à tort ou à raison, sont considérés comme des contre-révolutionnaires[224].

À cette période, la Législative finissante est composée par les Girondins et leurs alliés. Lancienne majorité, devenue minoritaire, na plus la parole et les Feuillants, traqués, ne viennent plus aux séances[note 68]. La responsabilité de lAssemblée se confond alors avec celle de la Gironde[226]. Cependant, laction politique concrète devient le domaine presque exclusif de la nouvelle Commune de Paris [227].

Si le Corps législatif nest pas très efficace pour arrêter les massacres qui sopèrent dans les prisons, laction de ses représentants ne lest guère plus [228] et se solde, le 3 septembre, par le vote de quelques textes symboliques comme la proclamation proposée par la Commission extraordinaire à ladresse des volontaires[229], ou le décret Gensonné qui, assorti dun serment, doit éviter la prolongation des désordres en demandant quon «  rappelle le peuple à sa dignité, à son caractère et à ses devoirs »[230]; une délégation est envoyée sur les lieux des massacres mais elle narrive pas à se faire entendre [228]. La veille, quelques députés dépêchés à lAbbaye se sont fait rabrouer par un attroupement de sans-culottes[231].

Le 6 septembre, le maire de Paris, Pétion, invité par lAssemblée à sexpliquer sur les mesures prises pour arrêter les tueries, sen sort par une pirouette et satisfait les députés qui ordonnent limpression de son discours[228]. En fait, rien à part lenvoi de quelques délégations impuissantes, rien na été fait pour interrompre les tueries[232]. Cependant, pour les insurgés, lAssemblée, très compromise pour ses faiblesses envers le roi et La Fayette, se trouve alors en guerre ouverte avec la Commune insurrectionnelle quelle vient de tenter de supprimer. Son choix se situe alors entre charger cette dernière de toutes les responsabilités, ou sopposer à elle en risquant de se faire accuser de complicité avec les prisonniers considérés comme des contre-révolutionnaires. Consciemment ou non, lAssemblée choisit la première solution[233],[231].

Après le 17  septembre  1792[note 69], alors quon parle à nouveau de se porter sur les prisons, les autorités sortent de leur léthargie et la Législative décrètece qui sera une de ses dernières interventionsque la Commune de Paris répondra sur sa tête du salut des détenus : les prisons sont alors très surveillées par la troupe[232].

La transmission des pouvoirs (fin de la Première Terreur - 21 septembre 1792)

Les élections pour la nouvelle Assemblée se déroulent pendant les massacres du 2 au 6 septembre. Les résultats sont, à Paris, tous favorables aux amis de la Commune insurrectionnelle [234]. Le 19  septembre  1792, veille du jour la Législative va se séparer, elle vote un décret : il sagit dune « Adresse aux français » demandant aux parisiens dassurer la protection des députés. Le texte est adopté à lunanimité du Corps législatif [235] qui obtient, la veille de sa dissolution, que la Commune soit renouvelée intégralement[236].

Le 20 septembre au matin, lAssemblée législative tient sa dernière séance et avant de se séparer, vote ses ultimes décrets :

  • LÉtat civil laïc sera tenu par les municipalités.

En fin daprès midi, réunis à huis clos, au Palais des Tuileries, 371 membres de la nouvelle Convention procèdent à la vérification des pouvoirs et à lélection du bureau[note 70]. Ce même jour, le général Dumouriez, qui commande larmée française, arrête les prussiens à Valmy. Le lendemain 21, on procède à la passation des pouvoirs et, vers midi, douze députés font connaître à la Législative que la Convention est constituée[note 71].

Œuvre

Ses principaux actes sont :

  • 8 novembre 1791 : les émigrés sont déclarés coupables de conspiration, poursuivis comme tels, et punis de mort s'ils ne rentraient avant le 1er janvier 1792 ;
  • 20 avril 1792 : déclaration de guerre à l'empereur François II. Voulue aussi par la courLouis XVI comptait sur les échecs militaires pour reprendre en main le paysla déclaration de guerre à l'Autriche, votée à l'unanimité moins sept voix, inaugura sous l'Assemblée législative un conflit qui devait durer, avec de courts répits, 23 ans, jusqu'à la bataille de Waterloo (18 juin 1815) ;
  • 26 mai 1792 : déportation des ecclésiastiques qui refusent de se soumettre à la constitution civile du clergé ;
  • 11 juillet 1792 : la patrie est déclarée en danger. Dès lors, les séances de l'assemblée doivent être permanentes, toutes les municipalités et tous les conseils de district et de département doivent siéger sans interruption, toutes les gardes nationales doivent être mises en mouvement.
  • 10 août 1792 : le roi est suspendu de ses fonctions, et une nouvelle assemblée, élue au suffrage universel, est convoquée sous le nom de Convention nationale. Cette résolution fut votée après les journées révolutionnaires du 20 juin 1792 et surtout du 10 août 1792.

Notes et références

Notes

  1. Déjà, lors des modifications de la Constitution, après la fuite du roi, des dissensions sont apparues au grand jour entre les Feuillants et les avancés démocrates. Ces derniers nacceptant pas quune grande partie du peuple soit, par le vote censitaire, exclus de la vie politique de la Nation[6].
  2. La dernière séance a lieu le 20 septembre 1792 et le 21 se fait la passation des pouvoirs.
  3. Jusquau printemps de 1791, presque personne ne pense que lon puisse se passer dun monarque.
  4. Les Constituants inventent la fable de lenlèvement du roi, qui de ce fait devient innocent[18].
  5. La fuite du roi est encore trop présente dans les esprits pour que la confiance puisse sinstaurer.
  6. Intérieur, Justice, Guerre, Marine, Relations extérieures, Contributions publiques.
  7. Larticle 6Chapitre III - Section III (De la sanction royale) de la Constitution stipule que « Les décrets sanctionnés par le roi, et ceux qui lui auront été représentés par trois législatures consécutives, ont force de loi… »[30].
  8. Ce problème apparaîtra, notamment, dès que le roi utilisera son veto. Aussitôt des députés demanderont à le tourner, et lAssemblée sortira de la légalité, le 2 juillet 1792, en décrétant que les fédérés peuvent se rendre à Paris malgré le veto royal[11].
  9. Cet événement fait croire aux patriotes à limminence de la guerre et dune invasion étrangère. À leurs yeux la fuite de Louis XVI prouve la collusion de la monarchie avec létranger[42].
  10. Si les Constituants avaient détrôné Louis XVI, lempereur dAutriche serait certainement entré en guerre mais, la prudence et la modération de lAssembléeavec laquelle il se trouve en contact par lintermédiaire de Mercy-Argenteau qui le représente à Bruxellesen réinstallant le roi sur son trône lincite à soccuper en priorité de ses intérêts polonais[44].
  11. Jugeant le roi incapable dagir, la reine, consciente de lisolement dans lequel se tient la famille royale, cherche des appuis. Marie-Antoinette se souvient alors du jeune député Barnave, que lAssemblée avait désigné, avec ses collègues, Pétion et Latour-Maubourg comme commissaires pour veiller au bon retour du roi lors de l'événement de Varennes. Elle entreprend alors de mener, avec lui et ses amis Lameth et Duport, plus réticents à la conseiller, une correspondance dans laquelle ceux-ci essaieront de lui démontrer tous les avantages que la monarchie peut tirer de la Constitution. Cette discussion, toute épistolaire, contribuera à lacceptation du roi le 13 septembre 1791. Malgré tout la reine jugera lActe constitutionnel comme : « un tissus dinsolences et dabsurdités impraticables ». (Lettre du 26 août à Mercy-Argenteau)[50].
  12. Lettre à Mercy-Argenteau du 28 août 1791[48].
  13. Les monarchistes constitutionnels (les futurs Feuillants), premiers fondateurs de la société des amis de la Constitution, représentent les éléments modérés du Club des Jacobins, dont ils sont majoritaires. Le triumvirat Barnave, Lameth et Duport forment la gauche à lAssemblée constituante[54].
  14. Les Feuillants comprendront trop tard que, dès lété 1791, ni la Constituante ni la Législative qui lui succède, ne sont plus des pôles de décision et que le pouvoir politique est suspendu non plus à la légalité mais à la légitimité révolutionnaire, qui sincarne désormais dans la presse démocratique ou dans ces clubs quils détestent. Cest , et dans les rues de Paris, quil faut chercher les mots dordre mobilisateurs[57].
  15. Ce schisme qui débute avec la Constitution civile du clergé ne trouvera un aboutissement quavec la signature du Concordat en 1801[61].
  16. Toutefois, devant le trouble des esprits que crée cette situation nouvelle, lAssemblée constituante autorise, par le décret dit de « tolérance » du 7 mai suivant, que lesréfractaires continuent à dire la messe dans des églises achetées ou louées pour la circonstance, à la condition de ne pas sattaquer à la Constitution civile. Cela indigna lÉglise constitutionnelle et une guerre religieuse sensuivit[62],[63].
  17. Louis XVI avait accepté sous la contrainte, le décret du 27 novembre 1790 sur la Constitution civile du clergé. Mais, après la condamnation de celle-ci par le pape, le roi, très croyant, décida de senfuir à létranger mais fut arrêté à Varennes[65].
  18. Enfants du siècle des lumières, mais aussi de la bourgeoisie, les constituants ont infléchi les principes de liberté et dégalité dans le sens de leur intérêt de classe. Ce faisant, ils mécontentent autant les classes populaires que les aristocrates ou les anciens privilégiés[69].
  19. Michel Vovelle arrête ici le rôle politique de la législative avec la journée du 10 août 1792. LAssemblée, quoique seule représentante de la légalité, ne joue plus alors quun rôle secondaire, mais légalement, sa législature prend fin le 21 septembre suivant..
  20. En cas de conflit avec lAssemblée la Constitution ne permet au roi que lutilisation de son droit de veto. Il nexiste, entre les deux pouvoirs, aucune riposte graduée avec ce quelle autorise de discussions et de compromis. La Constitution de 1791 marque léchec du modèle donné par Montesquieu[74].
  21. Louis XVI reste cependant cantonné dans les attributions que lui donne une Constitution lacunaire qui na pas prévu les cas de crises aiguës (guerre), et favorise le double-jeu dun roi qui lutilise, face à des lois urgentes. « Le roi utilisait la Constitution contre son esprit. Il se servait de la Constitution pour tuer la Constitution » écrira Albert Mathiez[77],[9].
  22. Cest-à-dire que des citoyens actifs se réunissent en assemblée primaire au cours desquelles ils désignent les électeurs du second degré parmi les citoyens actifs remplissant des fonctions plus importantes. Ces derniers élisent alors les députés au Corps législatif[79].
  23. Toutefois, Jacques Godechot met en garde contre ces chiffres qui nont pas, daprès lui, été suffisamment vérifiés[81].
  24. Surtout des hommes de loi notaires ou avoués (20% sont des avocats). Les classes populaires ne sont pas représentées à lAssemblée.
  25. Le terme « Girondins » - tardif dans la Révolution française - ne se répand quaprès la chute du groupe pour devenir usuel dès la Restauration[95].
  26. En effet, le décret du 16 mai 1791 les prive des anciens députés Constituants tels que La Fayette Barnave, Duport, les Lameth. Le triumvirat, hors de lAssemblée, continue à conseiller le roi. Ils assistent aux débats sur les bancs réservés au public.
  27. À lAssemblée les Feuillants peuvent compter, approximativement, sur lappui de la moitié des députés. (Cest-à-dire des 350 députés du Centre)[103].
  28. Le général Lafayette, comme ses partisans, en sont arrivés à penser quune guerre limitée et victorieuse, leur permettrait darrêter la Révolution sur les principes de 1789, de restaurer la monarchie tout en la dominant et, enfin, de se débarrasser des Jacobins[105],[106].
  29. La Constitution prévoit que si Louis XVI se trouve sans héritier, ses frères, sont ses successeurs potentiels[85].
  30. Pour Marie-Antoinette d'Autriche dans une lettre à Mercy-Argenteau.
  31. Pour Louis XVI, lacceptation de la Constitution nest qua titre provisoire. Il veut, avec ce congrès, « appuyé darmées formidables », faire imposer une constitution plus despotique. Si la France refuse, ce sont les armes qui tenteront de limposer. Lempereur dAutriche trouvera ce congrès « inutile, même impossible » alors que Louis XVI vient tout juste daccepter la nouvelle Constitution le 13 septembre[113].
  32. Dans ses mémoires, le futur chancelier Pasquier notera : « Jétais surpris de voir le profond dédain dont ces messieurs faisaient profession pour leur devanciers les Constituants, et comment ils les traitaient de gens à petites vues, à préjugés, et qui navaient jamais su tirer parti des circonstances »[119].
  33. Discours de Maximin Isnard à lAssemblée le 14 novembre 1791 contre les apaiseurs Feuillants de la Constituante : « Une grande révolution sest opérée en France ; elle nest pas terminée ; lhorizon politique est trop nébuleux pour quil séclaircisse sans de nouveaux nuages […]. Ne croyez pas quune pareille révolution se termine sans quon fasse de nouveaux efforts pour la renverser. Non, il faut un dénouement à la Révolution française ; je dis que, sans le provoquer, il faut marcher vers lui avec courage ».
  34. Tout comme Marat - qui dans le numéro du 21 septembre de LAmi du peuple voit la Révolution perdue « par notre stupidité, par notre lâcheté »Camille Desmoulins, dans un discours sur la situation politique de la Nation prononcé le 21 octobre 1791, dans « lautre Assemblée » que sont les Jacobins, parle de la faillite de la Révolution et critique tout ce qui a été fait depuis 1789. Il y dénonce les contradictions dune Constitution jugée « destructrice » et y stigmatise la monarchie constitutionnelle, qui grâce à la liste civile, refait le chemin perdu, le « démon de laristocratie », la « majorité corrompue » de la Constituante ainsi que les Feuillants soupçonnés de vouloir faire partir le roi[120],[85].
  35. « LAssemblée qui nous a précédés a décidé que, quant à létiquette, la conduite du roi lui servirait de règle ; comme si, en présence du premier fonctionnaire du peuple, les représentants de ce peuple se transformaient tout à coup en automates qui ne peuvent se mouvoir que par sa volonté »[121].
  36. Les dispositions adoptées en août 1791 par lAssemblée Constituante pour la révision constitutionnelle sont très restrictives et en rendent les conditions très difficiles à réunir. Pratiquement la Constitution ne pouvait être révisée avant dix ans[123].
  37. Aucun des ces contentieux, que ce soit laffaire dAvignon, les revendications des princes possessionnés ou même lhospitalité offerte aux contre-révolutionnaires par quelques-uns de ceux-ci napparaît être un facteur de guerre[128].
  38. Brissot est suivi par une majeure partie de lAssemblée et par les tribunes. Aucun collègue ne lui fait dobjection sérieuse et la presse de gauche demeure, pour un temps, sans réaction[130].
  39. Conseillés par Barnave et Alexandre de Lameth toujours en contact avec la Reine.
  40. Dautant plus que lempereur a averti, le 21 décembre, que sil avait annulé le prétexte principal dun conflit, il se réservait le droit dintervenir en cas dattaque contre lélecteur de Trèves[136].
  41. Institutions de droit public, au nombre de 48 à Paris, les sections sont des circonscriptions électorales..
  42. La fuite du roi, sa restauration sur le trône après une modification constitutionnelle, provoquent lémergence dun courant démocrate populaire. Ces évènements, et la fusillade du Champ-de-Mars qui suivit, relancent le cours de la Révolution en creusant un fossé qui ne cessera de sélargir entre la révolution constituante des élites et le courant de la Révolution populaire[141].
  43. Le roi, qui a une bonne connaissance de létat de larmée, pense que celle-ci se débandera au premier choc, lui permettant de se retrouver dans un rôle darbitre[145].
  44. La partie des Feuillants proche du triumvirat Barnave, Duport et Lameth.
  45. La responsabilité des ministres étant dordre pénal, lAssemblée ne dispose pas du droit de les révoquer. En décrétant larrestation du ministre des Affaires étrangères, Valdec de Lessart, défenseur dune politique pondérée résolument opposée à la guerre, lAssemblée accroît ses pouvoirs en transformant la responsabilité pénale en responsabilité politique[33].
  46. Le ministère Feuillant choisi par le roi est constitué par : de Lessart aux Affaires étrangères, Duportail à la Guerre, Cahier de Gerville à lIntérieur, Tarbé aux Finances, Duport-Dutertre à la Justice et Bertrand de Molleville à la Marine
  47. Le ministère Jacobin est constitué par : Roland à lIntérieur, Clavière aux Finances, Grave puis, en mai, Servan à la Guerre, Duranthon à la Justice, Lacoste à la Marine et Dumouriez aux Affaires étrangères
  48. Il ne sera sacré empereur du Saint empire romain germanique quen juillet 1792 sous le nom de François II.
  49. LAssemblée espère ainsi que la Prusse restera neutre, mais en vertu dun accord avec lAutriche celle-ci entrera en guerre contre la France en Juillet 1792[161].
  50. La lettre de protestation que remit le ministre au roilettre rédigée par sa femme, Manon Rolanddevait précipiter la décision du monarque.
  51. Le deuxième ministère Feuillant est constitué par : Terrier de Monciel à lIntérieur, Scipion Chambonas puis Bigot de Sainte-Croix aux Affaires étrangères, Lacoste puis Gratet à la Marine, de Lajard à la Guerre, Beaulieu aux Finances et Duranton puis Dejoly à la Justice.
  52. Malgré lopposition des Feuillants, lAssemblée avait accepté que défilent dans son enceinte les volontaires armés partant pour la frontière, ainsi que les représentants des sections avec leurs piques.
  53. La grande majorité de lAssemblée législative est constituée pour une large part de monarchistes constitutionnels.
  54. Certains, plus éclairés, malgré leur antipathie envers les Jacobins, se rendent compte que si ces derniers viennent à disparaître, la Révolution, même la Révolution libérale de 1789, se déferait de ses soutiens les plus fermes et que rien ne sopposerait alors à une Restauration ; de cela il nétait pas question[191].
  55. La Reine, qui n'aime pas Lafayette, fait avertir Pétion, le maire de Paris, qui décommande la revue devant permettre au général de lancer son Coup dÉtat[192].
  56. Na-t-elle pas rejeté la motion de blâme, que demandait la gauche contre Lafayette, lors de son intervention à lAssemblée[195] ?.
  57. Décret porté contre la droite modérée. Le Directoire du Département, bastion et foyer de lesprit Feuillant, et en général du modérantisme, allait être surveillé par la force populaire, afin de le contraindre à mettre plus de « maturité » dans ses prises de décisions et faire preuve de plus dénergie dans lexpédition des affaires[198].
  58. Le 10 juillet, sous le prétexte de létat d’ « universelle anarchie » dans laquelle ils doivent travailler, cest tout le restant du deuxième ministère Feuillant qui se retire en envoyant au roi une lettre de démission collective. Sur cette action, trois Girondins élus de la Gironde (Gensonné, Vergniaud, Guadet) voient loccasion, par des tractations secrètes avec le roi, de le convaincre de rappeler le ministère patriote que ce dernier a dissous le 12 juin précédent [201].
  59. Cette déclaration de la patrie en danger, tout en affaiblissant le pouvoir exécutif, libère toutes les forces profondes qui, depuis les clubs, les sections, jusquaux fédérés, souhaitent le renversement de la monarchie[202].
  60. Cette Commission, réorganisée le 18 juin, portera désormais le nom de « Commission des vingt-et-un ». Condorcet, un Girondin, en sera le Président, un constitutionnel, Lacuée le vice-président ; Navier, un monarchiste et Debry, un Jacobin, en seront les secrétaires. Elle comprend divers membres tels Bigot, Lacépède, Pastoret, Vaublanc, Tardiveau, Lémontey chez les modérés ; Lamarque, Thuriot, Delmas, Charlier représentent la Gauche et Navier et Sedillez la Droite[204].
  61. En effet, alors que commence lattaque du château, le roi arrive à lAssemblée avec la famille royale. Le pouvoir législatif ne pouvant délibérer en présence du pouvoir exécutif, le roi et sa suite sont installés dans la loge du logographe[206].
  62. Soit un peu plus du quart de lAssemblée qui compte 750 élus
  63. Il sagit de larrestation de Mandat, de linvestissement de la Commune légale et de son remplacement au début de la nuit du 9 au 10 août[206].
  64. En effet, même les Girondins, en nombre à lAssemblée, — jusqualors situés à la gauche de léchiquier politique et grands responsables de la déconfiture du régime constitutionnelsils ont voté contre Lafayette se sont opposés à la déchéance du roi. Brissot, le 26 juillet, na-t-il pas menacé les républicains « du glaive de la loi » tout en trouvantmême sil ny est pas opposéla suspension et la déchéance du roi prématurée ; son collègue Vergniaud, le 4 août suivant, fait annuler, comme inconstitutionnel, larrêté de la section de Mauconseil qui déclare ne plus reconnaître Louis XVI comme roi des français[212] , [213],[205].
  65. La majorité se trouvera abaissée de 25 à 21 ans avant lélection de la Convention nationale.
  66. Respectivement, Roland à lIntérieur, Clavière aux Contributions publiques, Servan à la Guerre.
  67. La Commune insurrectionnelle finira vite par reconnaître lexistence dune Assemblée représentant la France des départements avec laquelle elle ne voulait pas donner limpression de rompre[219].
  68. Les Jacobins font preuve dune rare lucidité politique en sen prenant en priorité aux monarchistes constitutionnels, les seuls qui soient encore capables, si le 10 août échoue, de rassembler autour deux les modérés ; pour eux, les Feuillants demeurent les adversaires les plus dangereux. On les poursuit activement[225].
  69. Cest aussi dans la nuit du 17 septembre que sont dérobés les bijoux de la Couronne au garde-meuble national
  70. Par appel nominal à haute voix. Pétion est élu Président et, en général, les Girondins se taillent la part du lion[238].
  71. Cette continuité, au-delà du symbole, exprime la volonté des députés dinterdire toute vacance du pouvoir en un moment aussi grave pour la Nation[239].

Références

  1. Jacques Godechot, La Révolution française, Perrin 1988, p. 93 et 95.
  2. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), tome 1 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, Le Seuil, coll. Points-Histoire, 1972 p. 185 (rééd. revue et développée, 1999).
  3. Albert Soboul Histoire de la révolution française, volume 1, « Collection Idée », Gallimard 1962, p. 212-215.
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  5. Jean-Paul Bertaud, La Révolution française, Perrin 1989 « rééd. coll. Tempus », 2004, p. 81-133.
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  7. Albert Mathiez, La Révolution française, Librairie Armand Colin 1922, p. 170.
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  9. a, b, c et d Jacques Godechot, Les Constitutions de la France depuis 1789, Flammarion 2006, p. 69.
  10. a, b et c Albert Soboul, Histoire de la Révolution française, volume1, « Collection Idée », Gallimard 1962, p. 273.
  11. a, b et c Maurice Duverger, Les constitutions de la France, PUF 2004, p. 42.
  12. Jean-Clément Martin, Violences et révolution - Essai sur la naissance dun mythe national, Seuil 2006, p.123.
  13. a et b Jacques Godechot, Les Révolutions (1770-1799), PUF 1965, p. 132.
  14. a, b, c et d Jacques Godechot, Les Révolutions (1770-1799) opcit., p. 140.
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  16. Maurice Duverger, opcit., p. 40-41.
  17. Michel Vovelle, La Révolution française (1789-1799), Armand Colin 1992, p. 58.
  18. François Furet, Denis Richet, La Révolution française, Fayard 1973, p. 142-143.
  19. Jean-Clément Martin, La France en Révolution (1789-1799), Édition Belin 1990, p. 118.
  20. Michel Winock, Léchec au roi (1791-1792), Olivier Orban 1991, p. 117.
  21. Jean-Clément Martin, La France en Révolution (1789-1799), opcit., p. 119.
  22. François Furet, Denis Richet, opcit., p. 121.
  23. a, b, c, d, e et f Jean-Paul Bertaud, La Révolution française, Perrin 1989, p. 82.
  24. Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 83.
  25. a, b, c, d et e Albert Mathiez, La Révolution française, opcit., p. 105.
  26. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 175-176.
  27. a, b et c Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 176.
  28. a, b, c et d Albert Soboul, opcit., p. 215.
  29. assemblee-nationale.frLes assemblées révolutionnaires (1791-1799).
  30. Jacques Godechot, Les Constitutions de la France depuis 1789, opcit., p. 53.
  31. Albert Mathiez, La Révolution française, opcit., p. 106.
  32. a, b, c et d Albert Soboul, opcit., p. 216.
  33. a et b Maurice Duverger Les constitutions de la France, opcit. p. 41.
  34. Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard, La Révolution française, PUF 1989, p. 63.
  35. Albert Soboul, opcit., p. 253-254.
  36. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 159.
  37. a et b Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 126.
  38. a et b François Furet, Denis Richet, opcit., p. 146.
  39. Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard, opcit., p. 58.
  40. a et b François Furet, Denis Richet, opcit., p. 147.
  41. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, La Révolution française, Librairie Félix Alcan 1930, p. 83-90.
  42. Albert Soboul, opcit., p. 263.
  43. a et b Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 92.
  44. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 97-98.
  45. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 98.
  46. Jean-Clément Martin, La France en Révolution (1789-1799), opcit., p. 117.
  47. Michel Winock, opcit., p. 96.
  48. a, b, c, d, e et f André Castelot, G. Lenotre, Les grandes heures de la Révolution française (tome I), « Lagonie de la royauté », Perrin 1962, p. 323-333.
  49. Michel Winock, opcit., p. 112.
  50. André Castelot, Marie-Antoinette, Perrin 1962, p. 301 et 312.
  51. Michel Winock, opcit., p. 118.
  52. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 96.
  53. a, b, c, d, e, f, g et h Michel Winock, Léchec au roi (1791-1792), opcit., p. 105-112.
  54. Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard, opcit., p. 57.
  55. a et b Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 99.
  56. Jean-Clément Martin, La France en Révolution (1789-1799), opcit., p. 115.
  57. François Furet, Mona Ozouf (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française, « Acteurs », Flammarion 2007, p. 342.
  58. a, b, c, d, e, f, g, h, i et j Jacques Godechot, Les Révolutions (1770-1799), opcit., p. 141 à 143.
  59. a et b François Furet, Mona Ozouf (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française « Institutions et Créations », opcit., p. 215.
  60. Michel Winock, opcit., p. 25.
  61. Jacques Godechot, La Révolution française opcit., p. 81.
  62. Jean-Clément Martin, La France en Révolution (1789-1799), opcit., p. 107.
  63. Albert Soboul, opcit., p. 249.
  64. Michel Vovelle, La Révolution française (1789-1799), opcit., p. 91 et 93.
  65. Jacques Godechot, Les Constitution de la France depuis 1789, opcit., p. 30.
  66. a, b, c, d, e et f Michel Winock, opcit., p. 131 à 135.
  67. Jacques Godechot, La Révolution française opcit., p. 95.
  68. Albert Soboul, opcit., p. 273-274.
  69. Albert Soboul, opcit., p. 43.
  70. a et b Albert Soboul, opcit., p. 266.
  71. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 239.
  72. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 240.
  73. Dictionnaire Historique de la Révolution française, Albert Soboul (dir.), PUF 1989 (rééd. Quadrige 2005), p. 45.
  74. François Furet, Mona Ozouf (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française, « Idées », Flammarion 2007, p. 334.
  75. a et b François Furet, Mona Ozouf (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française, « Institutions et créations », opcit., p. 50.
  76. a, b et c Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, opcit., p. 46.
  77. a et b Albert Mathiez, Le dix août, opcit., p. 12.
  78. François Furet, Denis Richet, opcit., p. 145.
  79. a, b et c Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard, opcit., p. 60-61.
  80. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 177-178.
  81. a, b et c Les Révolutions (1770-1799), opcit., p. 307-309.
  82. Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française (1789-1799), Robert Laffont 1987, p. 796.
  83. a et b Jean-Clément Martin, La France en Révolution (1789-1799), opcit., p.119.
  84. Albert Soboul, opcit., p. 256.
  85. a, b, c, d et e François Furet, Mona Ozouf (dir.), La Gironde et les Girondins, Editions Payot 1991, p. 189 à 203.
  86. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 197.
  87. a et b Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 131.
  88. a et b Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 241.
  89. a, b et c Albert Soboul, opcit., p. 272.
  90. Jean-Clément Martin, "La France en Révolution (1789-1799)", opcit., p.142.
  91. Jean-Clément Martin, Violences et révolution, opcit., p. 124.
  92. François Furet, Mona Ozouf (dir.), La Gironde et les Girondins, opcit., p. 11, 17.
  93. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 26, 27, 29.
  94. François Furet, Mona Ozouf (dir.), La Gironde et les Girondins, opcit., p. 17.
  95. François Furet, Mona Ozouf (dir.), La Gironde et les Girondins, opcit., p. 16.
  96. Élisabeth Badinter et Robert Badinter, Condorcet (1743-1794) – Un intellectuel en politique, Fayard 1988, p. 350.
  97. Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française, ( Tome II) « La Législative » - Messidor - Éditions sociales 1970, p. 83.
  98. Albert Mathiez, Girondins et Montagnards, Les Éditons de la Passion 1988, p. 4.
  99. Jean Jaurès, opcit., p. 163 - 164.
  100. Albert Mathiez, Girondins et Montagnards, opcit. p. 5.
  101. a, b et c Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, opcit., p. 452.
  102. Albert Soboul, Histoire de la révolution française, volume 1, opcit. p. 270.
  103. François Furet, Mona Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, « Acteurs », opcit., p. 351.
  104. a et b Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 100.
  105. Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard, opcit., p. 71.
  106. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 103.
  107. Jean Jaurès, opcit. p. 157-158-179-182.
  108. Jean-Clément Martin, Violences et révolution, opcit., p. 123 à 127.
  109. Albert Soboul, Histoire de la révolution française, opcit., p. 272.
  110. Jean Jaurès, opcit. p. 83.
  111. Jean et Nicole Dhombres, Lazare Carnot, Fayard 1997, p. 253.
  112. Jean et Nicole Dhombres, Lazare Carnot, opcit., p. 279.
  113. Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française, opcit., p. 76 à 78.
  114. Michel Winock, opcit., p. 150-151.
  115. Jean Jaurès, opcit. p.78.
  116. Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard, opcit., p. 67.
  117. Dictionnaire Historique de la Révolution française, Albert Soboul (dir.), opcit., p. 46.
  118. a, b, c, d, e, f, g et h François Furet, Mona Ozouf (dir.), La Gironde et les Girondins, opcit., p. 190-195.
  119. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 50.
  120. Jean Jaurès, opcit. p. 84 à 89.
  121. Moniteur, tome X, p. 39.
  122. Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française (1789-1799) , opcit., p. 663.
  123. Jacques Godechot, Les Constitution de la France depuis 1789, opcit., p. 31.
  124. Jacques Godechot, Les Révolutions (1770-1799) , opcit., p. 157.
  125. Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 123 à 125.
  126. Albert Soboul, Histoire de la révolution française, opcit., p. 274.
  127. Albert Soboul, Histoire de la révolution française, opcit., p. 275.
  128. a et b Michel Winock, opcit., p. 143.
  129. a, b et c Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 143.
  130. a et b Michel Winock, opcit., p. 144.
  131. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 101-102.
  132. Albert Soboul, opcit., p. 275.
  133. a et b Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 249.
  134. a et b Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 140.
  135. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 102.
  136. Michel Winock, opcit., p. 151.
  137. a et b Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 108 à 111.
  138. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 209-211.
  139. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 212.
  140. a et b Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 213.
  141. Michel Vovelle, La Révolution française, opcit., p. 23.
  142. a, b, c et d Michel Winock, opcit., p. 161.
  143. Jean Jaurès, opcit. p. 82-83.
  144. Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard, opcit., p. 70.
  145. a et b Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 144.
  146. Albert Mathiez, Le dix août, opcit., p. 11.
  147. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, opcit., p. 105.
  148. Michel Winock, opcit., p. 162.
  149. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 251.
  150. Michel Winock, opcit., p. 185.
  151. Jean-Clément Martin, Violences et révolution, opcit., p. 129.
  152. Jean-Clément Martin, Violences et révolution, opcit., p. 128.
  153. a et b Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 252.
  154. François Furet, Mona Ozouf (dir.), La Gironde et les Girondins, opcit., p. 202.
  155. Michel Winock, opcit., p. 184.
  156. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 63.
  157. Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard, opcit., p. 71-72.
  158. Dictionnaire Historique de la Révolution française, Albert Soboul (dir.), opcit., p. 452.
  159. André Castelot, G. Lenotre, Les grandes heures de la Révolution française, « La mort du roi », (tome II), Perrin 1962, p. 19.
  160. a et b Albert Soboul, Histoire de la Révolution française, opcit., p. 283.
  161. a, b et c Jacques Godechot, La Révolution française, opcit., p. 104.
  162. Jean et Nicole Dhombres, opcit., p. 272.
  163. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 254.
  164. a et b Michel Winock, opcit., p. 198.
  165. Michel Winock, opcit., p. 195.
  166. a et b Michel Winock, opcit., p. 194.
  167. Michel Winock, opcit., p. 202-203.
  168. a et b Jean-Clément Martin, Violences et révolution, opcit., p.131.
  169. a, b, c et d Albert Soboul, opcit., p. 288.
  170. a, b et c Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 85.
  171. Frédéric Bluche, Septembre 1792 : logiques dun massacre, Laffont 1986, p. 26.
  172. Albert Mathiez, Le dix août, opcit., p. 17-18.
  173. Michel Winock, opcit., p. 197.
  174. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 256.
  175. Michel Winock, opcit., p. 200.
  176. Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 147.
  177. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 91.
  178. a et b Albert Mathiez, Le dix août, opcit., p. 23.
  179. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 93.
  180. a et b Albert Soboul, opcit., p. 289.
  181. Jean-Paul Bertaud, opcit., p. 148.
  182. George Rudé, La foule dans la Révolution française, Librairie François Maspero 1982, p. 121.
  183. Jacques Godechot, La Révolution française, opcit., p. 105.
  184. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie (1787-1792), opcit., p. 257.
  185. a, b et c Jacques Godechot, La Révolution française, opcit., p. 107.
  186. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 102.
  187. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 426.
  188. Albert Mathiez, Le dix août, opcit., p. 24.
  189. Albert Mathiez, Le dix août, opcit., p. 27.
  190. Michel Winock, opcit., p. 224.
  191. Albert Mathiez, Le dix août, opcit., p. 28.
  192. Michel Winock, opcit., p. 228.
  193. Albert Mathiez, Le dix août, opcit., p. 24-28.
  194. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 100-101.
  195. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 101.
  196. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 427.
  197. a, b et c Jacques Godechot, Les Révolutions (1770-1799), opcit., p. 161
  198. Jean Jaurès, opcit. p. 564
  199. Jean et Nicole Dhombres, opcit., p. 280
  200. Michel Winock, opcit., p. 248
  201. Jean Jaurès, opcit. p. 565 et 577
  202. Michel Winock, opcit., p. 249
  203. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 428
  204. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 435
  205. a, b, c, d, e, f, g, h et i Élisabeth Badinter et Robert Badinter, opcit. p. 438-451
  206. a, b, c, d, e et f Jean et Nicole Dhombres, opcit., p. 285 à 287
  207. a et b Albert Mathiez, La Révolution française, opcit., p. 211
  208. Jean Massin Robespierre Club français du livre 1956, p. 123
  209. Albert Mathiez, Le dix août, opcit., p. 109
  210. Guy Chaussinand-Nogaret, Madame Roland. Une femme en Révolution, Seuil 1985, p. 181
  211. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 454
  212. Jean Jaurès, opcit. p. 657
  213. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 118
  214. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 454-456
  215. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 455
  216. a et b Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, opcit., p. 278
  217. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 127
  218. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 459
  219. a, b, c et d Roger Dupuy, La République jacobine - Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire (1792-1794), Seuil 2005, p. 14
  220. Marc Bouloiseau, La République jacobine (10 août 1792 - 9 thermidor an II) , Seuil 1972, p. 15
  221. a, b, c, d, e, f et g François Furet, Mona Ozouf (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française – « Institutions et Créations », p. 162 à 165
  222. Roger Dupuy, opcit., p. 17
  223. Jacques Godechot, La Révolution française, opcit., p. 112
  224. a, b, c et d Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 134
  225. Frédéric Bluche, opcit., p. 25
  226. Frédéric Bluche, Septembre 1792 : logiques dun massacre, Laffont 1986, p. 136-137
  227. Frédéric Bluche, opcit., p. 27
  228. a, b et c Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 140-141
  229. Frédéric Bluche, opcit., p. 134
  230. Frédéric Bluche, opcit., p. 94
  231. a et b Frédéric Bluche, opcit. p. 135
  232. a et b Frédéric Bluche, opcit., p. 192-193
  233. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 477
  234. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 145
  235. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p.  481
  236. Bernardine Melchior-Bonnet, Les Girondins, opcit., p. 148
  237. Jacques Godechot, Les Révolutions (1770-1799), opcit., p. 115
  238. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 483
  239. Élisabeth et Robert Badinter, opcit., p. 484

Voir aussi

Bibliographie

  • Dictionnaire des Législateurs 1791-1792, sous la direction dEdna Lemay, préface par Mona Ozouf. Ferney-Voltaire, Centre international d'étude du XVIIIe siècle, 2007, (ISBN 978-2-84559-025-0)2 (voir le site de l'éditeur)
  • Jean Jaurès, Histoire socialiste de la révolution française, tome 2 - La législative - Éditions sociales 1968, 669 pages.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Assemblée nationale législative (Révolution française) de Wikipédia en français (auteurs)

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