Comtat Venaissin

Comtat Venaissin

44°5′N 5°0′E / 44.083, 5

Comtat Venaissin
Coumtat Venessin Provençal

1274 – 1791

Drapeau
Blason

et armoiries

Accéder aux informations sur cette image commentée ci-après.

Comtat Venaissin par Stephano Ghebellino (vers 1580) Médiathèque Ceccano d'Avignon

Informations générales
Statut État pontifical
Capitale Carpentras
Monnaie Florin de chambre
Démographie
Population 00 hab. (1274)
00 hab. (1791)
Superficie
Superficie 00 km² (1274)
00 km² (1791)
Histoire et évènements
27 avril 1274 Grégoire X nomme Guillaume de Villaret, recteur du Comtat
18 août 1791 Vote à Bédarrides du rattachement à la France.
14 septembre 1791 L'Assemblée nationale, par décret, annexe à la France le Comtat et Avignon
19 février 1797 Pie VI signe avec Napoléon Bonaparte le traité de Tolentino reconnaissant l'annexion

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Le Comtat Venaissin ou Comtat est une partie du département de Vaucluse, entre Rhône, Mont Ventoux et Durance, comprenant les villes de Cavaillon, Carpentras, Vaison-la-Romaine.

Sommaire

Origine du Comtat Venaissin et de sa dénomination

Les thèses en présence

Il y a deux thèses en présence :

  • Celle de Bouche, Papon et A. Brun, popularisée par A. Thierry dans son «Histoire des Gaulois » qui font dériver le Comtat Venaissin d’un Comté de Venasque (Comitatus Vendacensis)[1].
  • Celle du jésuite Valladier, de Joannes Jansonnius et de Jules Courtet qui indiquent que le Comitatus Venicinus (Comtat Venaissin) est issu de Comitatus Avennicinus (Comtat d’Avignon)[2].

Déjà en 1601, André Valladier notait dans son Labyrinthe Royal : « Nous trouvons encore en quelques-uns des anciens qu’Avignon se nommait Avennicus et en d’autres Avennica à tout bout de champ, d’où est venu le nom de Comitatus Avennicinus, et puis par une lettre tronquée Venicinus, en français le Comtat Venaissin que les indoctes notaires et greffiers depuis ont corrompu de cent façons. »[3]

Toujours au XVIIe siècle, dans son « Theatrum », le graveur Joannes Jansonnius sur la page ayant trait à Avignon notait « Le Comtat d’Avignon ou de Venisse ou Venaissin »[4].

Quant à Jules Courtet, par deux fois, en 1849 et en 1876, il justifia sa théorie en rappelant l’histoire d’Avignon et de son comté. Entre 1125 et 1195, cette cité devint une commune libre indivise entre les comtes de Provence et de Forcalquier. La croisade contre les Albigeois et le Traité de Meaux (mars / avril 1229) accéléra le processus de séparation entre Avignon et son ancien comté. Raymond VII comte de Toulouse et marquis de Provence, dut le céder, après sa mort en 1249, à son gendre Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse, frère de Louis IX.

Puis Alphonse de Poitiers le laissa à son neveu Philippe III le Hardi qui ne le rendit au pape qu’en 1274. Le roi de France se réserva Avignon qu’il céda à Charles II d’Anjou, devenu comte de Provence, en 1290[5].

Les arguments des deux camps

Charles Rostaing[6], l’éminent toponymiste, dans son Essai sur la toponymie de la Provence, fait état des deux thèses en présence. À l’appui des partisans de Venaissin issu de Venasque, il cite deux actes du Cartulaire de Saint-Victor de Marseille. La première charte (C. 274), datée de 1030, note in Comitatu Vendaxino, quant à la seconde (C. 1081), datée de 1067, elle signale un Commitatu Vennecensi[7]. Mettant la charte 274 en parallèle avec le «Testament d’Abbon » daté de 730, qui cite in pago Vendascino, il suggère le glissement de sc en x. Mais aucun comté de Venasque n’ayant existé on peut penser à une erreur de scribe.

Jules Courtet, quant à lui, cite deux chartes plus anciennes rédigées sous le règne de Louis l’Aveugle, roi de Provence[8]. Dans la première, datée de 898, ce roi fait don de Bédarrides «mansum in comitatu Vancensi »[9] au prêtre Rigmond d’Avignon.

Puis le 16 mai 904, alors qu’il se trouve à Vienne et qu’il est devenu empereur, Louis l’Aveugle donne à Remigius, évêque d’Avignon « ad sedem Avinionensam ecclesiam in onore Sancti Stefani sacratum », tout le territoire compris entre la Sorgue et le Rhône dont une villa à Bédarrides « in comitatu Aveniocensi ».

La référence à Amédée Thierry et à son Histoire des Gaulois

Dans son tome II, l’historien signale que Domitius battit les Gaulois à Vindalium et explique en note : « Vindalium, c’est la ville de Venasque, autrefois capitale du Comtat Venaissin, auquel elle donna son nom ».

Il est exact qu’en -120 / -121, une expédition, dirigée par Cneius Domitius Ænobarbus et Quintus Fabius Maximus, paracheva la conquête de la future Provincia. Les Allobroges et les Voconces se heurtèrent aux légions romaines de Ænobarbus à Vindalium mais ce site se trouve au Mourre du Sève, entre Sorgues et Vedène.

Jules Courtet rectifie la seconde erreur de cette courte note à propos de Venasque, capitale du Comtat Venaissin. « Il est vraiment fâcheux qu’un grave et docte historien comme M. Amédée Thierry ait, dans son Histoire des Gaulois légèrement admis une pareille assertion qui pourrait induire en erreur les personnes accoutumées à croire la parole du maître ». Ce fut le cas puisque les auteurs plus modernes ont reproduit et continuent à reproduire ces indications erronées.

Toponymie régionale

Le Comtat est noté en occitan provençal : lo Comtat Venaicin / la Comtat selon la norme classique ou lou Coumtat Venessin / la Coumtat selon la norme mistralienne.

Histoire

Juan Fernandez de Heredia et Raymond de Turenne, Capitaines des Armes du Comtat[10]

Le Comtat Venaissin sous les papes d'Avignon

Le roi de France Philippe III le Hardi cède le Comtat au pape Grégoire X en 1274. Le pape Clément V établit sa curie à Carpentras en 1313. La ville devint la capitale du Comtat quand le recteur Arnaud de Trian, neveu de Jean XXII, s'y installa en 1320. Trois ans plus tard, la plaine du Comtat Venaissin était devenu le grenier à blé de la papauté d'Avignon.

La reine Jeanne de Naples ayant vendu Avignon à Clément VI en 1348, les deux possessions pontificales de Carpentras et d'Avignon formèrent alors chacun un État distinct, frappant monnaie et battant pavillon.

Ses habitants étaient généralement exempts de taxes[11]. Mais les Capitaines des Armes du Comtat que furent Juan Fernandez de Heredia et Raymond de Turenne pouvaient, en fonction des nécessités lever des impositions ou des aides[12].

Les papes étaient restés à Avignon de 1309 à 1404 mais seulement jusqu'en 1377 si on n'accepte que ceux reconnus officiellement par le Magistère de Rome.

Article détaillé : papauté d'Avignon.

Les papes et les Juifs du Comtat

Dès la cession du Comtat à la papauté, les Juifs comtadins, associés à ceux d'Avignon où les papes résident de 1309 à 1377 et souvent appelés les « Juifs du pape », ont vécu une histoire différente de celle des Juifs de France, de par la politique originale des papes vis-à-vis des Juifs et ce jusqu'à la Révolution. En effet, la relative tolérance des papes permit aux Juifs comtadins de résider dans le Comtat et Avignon (avec de multiples restrictions), et à de nombreux Juifs de France d’échapper aux persécutions dont ils étaient victimes.

Toutefois, en 1322, Jean XXII expulse les Juifs du Comtat qui se réfugient en Dauphiné et en Savoie. Le pape fait jeter à bas les synagogues de Bédarrides, Bollène, Carpentras, le Thor, Malaucène, Monteux et Pernes[13]. Cette expulsion est rapidement annulée car le même pape, en 1326, lors du concile d’Avignon impose aux Juifs que, dès l’âge de quatorze ans, les garçons soient contraints de porter la rouelle jaune et les filles, dès douze ans, de s’affubler d’un voile distinctif (cornalia ou cornu).

À Carpentras, la plus vieille synagogue de France

À partir de la fin du XVIe siècle, les Juifs sont contraints de vivre dans une des quatre carrières comtadines. Ce sont les Arba Kehilot, les quatre saintes communautés d’Avignon, de Carpentras, de Cavaillon et de l’Isle-sur-la-Sorgue[14].

La plus vieille synagogue de France en service remonte pour ses plus anciens murs au XIVe siècle et se trouve à Carpentras. Elle fut construite dès 1361 avec l'accord de l’évêque Jean Roger de Beaufort, dit Flandrini, neveu de Clément VI et frère de Grégoire XI[15],[16]. Six ans plus tard, le même évêque octroyait aux Juifs carpentrassiens le droit d'avoir leur cimetière.

Les monnaies comtadines

Florin frappé sous le pontificat d'Urbain V en usage dans les États pontificaux italiens, en Avignon et dans le Comtat Venaissin

Les monnaies, frappées à l'effigie pontificale, furent en circulation dans le Comtat dès 1274. Une importante collection a été réunie par Joseph-Dominique d'Inguimbert (1683-1757), qui fut évêque du diocèse de Carpentras de 1735 à 1754. Il a fait don de son médailler à sa ville épiscopale[17] où sont visibles florins d'or, gros d'argent, demi-gros d'argent, quart de gros d'argent, deniers de billon et oboles de billon[18].

À partir des quart de gros jusqu'aux billons, le revers de la pièce est toujours frappé de la légende Comes Venesini au lieu de Sanctus Petrus.

Le premier atelier de frappe fut installé à Pont-de-Sorgues par Clément V et fonctionna jusque sous le pontificat d'Innocent VI. Il fut alors transféré à Avignon, dans l'actuelle rue Saluces, où il fut en service jusqu'à la Révolution.

Les rois de France et les enclaves pontificales

Louis XIV et Colbert par Charles Le Brun

Les rois de France, tout au cours des siècles, firent pression sur l'économie des États pontificaux. Leur méthode ne varia guère au cours de leurs différents règnes avec la mise en place de droits de douane exorbitants.

En cas de crise aiguë entre Paris et Rome, l'entrée du blé français était bloquée. Résultat : les populations d'Avignon et du Comtat étaient aussitôt menacées de disette[19].

Certains tentèrent à plusieurs reprises d'annexer l'État pontifical : il fut notamment occupé en 1663, 1668 et de 1768 à 1774 à l'occasion de différends entre des rois de France et plusieurs papes (notamment lors de l'affaire de la régale),

À ce niveau le conflit entre Louis XIV et Innocent XI fut exemplaire. En plus du droit de régale que le roi voulait imposer au pape s'était greffée l'affaire des jésuites chassés de France et qui trouvaient trop facilement asile à Avignon. Ce fut le prétexte trouvé pour faire entrer les troupes royales en Avignon[20] et dans le Comtat. L'occupation dura jusqu'en 1774 année où furent à la fois réglés par une bulle le sort des jésuites dont l'ordre fut supprimé et la question des évêchés français et de leurs bénéfices.

Avignon et le Comtat retournèrent dans le giron pontifical au grand dam des négociants avignonnais et des grandes villes comtadines qui virent leur négoce à nouveau étranglé par la réapparition des droits de douanes[21].

Le Mur de la Peste

Mur de la Peste à Cabrières-d'Avignon

Sa construction, marquant physiquement une frontière entre une partie du Comtat Venaissin, l'état d'Avignon et la Provence française, fut l'un des épisodes les plus dramatiques des relations ambiguës entre la France et les États pontificaux.

Tout commença le 25 mai 1720 à Marseille. Le Grand Saint-Antoine, navire marchand affrété par l'échevin Estelle arriva dans le port avec une cargaison d'étoffes et de soieries devant être vendue à la prochaine foire de Beaucaire[22]. En dépit de morts suspectes survenues sur ce bâtiment, l'échevin réussit à faire écourter la quarantaine de sa marchandise et commença à vendre ses tissus sur place.

Le 20 juin, le premier cas de peste fut déclaré en ville. On minimisa et ce ne fut qu'après la foire de Beaucaire, le 20 juillet, que l'annonce officielle du fléau fut faite. Une ligne sanitaire fut mise en place dès le début septembre le long de la Durance. La troupe fut mobilisée pour monter la garde jour et nuit empêchant toute traversée des gens et des marchandises.

Restait à régler le cas des enclaves d'Avignon et du Comtat en terre de France. Le 14 février 1721, à Mazan, se réunirent les autorités pontificales et le comte de Médavy, lieutenant-général du roi en Dauphiné. Ils décidèrent la construction d'un mur entre Cabrières-d'Avignon et Monieux. Les sujets du pape devaient en assurer seuls l'édification.

Pendant cinq mois, cinq cents hommes élevèrent une muraille de pierres sèches sur une hauteur de 1, 90 m[23]. Elle s'étendit sur trente-six kilomètres de long et fut flanquée de quarante guérites, de cinquante postes de garde et de vingt et un enclos. Un millier de soldats comtadins commencèrent à monter la garde à la fin juillet. Inutilement car en août la peste se déclara à Avignon. Du coup les troupes du régent remplacèrent celles du pape le long du Mur de la Peste et le Comtat ne fut plus ravitaillé que par quelques rares « barrières » dont celle de la Tour de Sabran.

La Grande Peste sévit encore jusqu'au 2 octobre 1722 à Avignon[24] et les dernières barrières furent levées le 1er décembre. Il y avait eu au moins 126 000 morts dans la Provence, le Languedoc et le Comtat Venaissin.

Le rattachement du Comtat Venaissin à la France

La disette de 1789 dans le Comtat

La disette dans le Comtat existait à l'état endémique[25]. Un déficit de récolte suffit pour mettre le feu aux poudres[26]. Au cours du mois de mars, les greniers d'Avignon furent pillés et à Carpentras le blé fut vendu à un cours forcé imposé par les acheteurs ce qui évita les émeutes.

La prise de la Bastille, le 14 juillet à Paris provoqua, dans la seconde partie du mois la Grande Peur dans toutes les provinces françaises. Le Comtat n'y échappa point et des milices bourgeoises furent créées[27].

Le 7 août, à Avignon, le vice-légat Philippe Casoni, fit savoir qu'il acceptait de recevoir des cahiers de doléances. Deux jours plus tard une émeute éclata, à Carpentras, contre les impôts, le recteur Christiforo Pieracchi promit immédiatement l'allègement des taxes. Au même moment, les villageois du Barroux, contraignaient leur seigneur à arborer la cocarde tricolore. Le 26 août, à Mazan, et les habitants dénonçaient les abus de l'administration pontificale.

Tandis que de nouveaux troubles éclataient à nouveau à Avignon au début du mois de septembre, le 14 de ce mois, à Vaison-la-Romaine, quatre cents paysans en armes s'emparaient des portes de la cité. Face à la flambée de la colère, à Carpentras, lors de l'Assemblée générale du Comtat, plusieurs délégués des villes et villages insistèrent pour que fussent convoqués les États Généraux.

Ce fut dans cette ambiance que l'on apprit que le 12 novembre, à Paris, que Bouche, l'un des députés de la Provence, était monté à la tribune de l'Assemblée Nationale pour déposer une motion demandant la restitution d'Avignon et du Comtat Venaissin à la France. Si cette proposition souleva l'enthousiasme des Avignonnais, elle fut fort mal reçu par les notables du Comtat. L'un d'eux, le baron de Sainte-Croix, seigneur de Mormoiron et fervent papiste, le 25 novembre, intervint à l'Assemblée générale en s'opposant vivement au rattachement. Il eut le soutien d'une majorité de délégués.

Carpentras et Avignon s'opposent sur le rattachement

Article détaillé : Révolution française.

À Avignon, le 3 février 1790, plusieurs milliers de personnes envahirent le palais des papes où résidait le vice-légat. Leur mobilisation contraignit Philippe Casoni à libérer Molin et l'avocat Peyre qu'il avait fait emprisonner.

La convocation des États Généraux du Comtat restant à l'ordre du jour, un accord intervint avec le recteur, le 25 mars, en vue des élections des délégués. À Avignon, dans le même temps, se déroulaient les premières élections municipales. En dépit de nombreuses abstentions, elles virent la victoire des patriotes[28].

Tandis qu'à Vaison durant tout le mois d'avril des affrontements violents opposèrent papistes et partisans d'Avignon[29], ce fut le 12 de ce même mois que se déroulèrent les élections pour les États Généraux. Ceux-ci tinrent leur première réunion à Carpentras le 24 mai.

Trois jours plus tard, les délégués décidèrent que les États seraient désormais l'Assemblée représentative du Comtat Venaissin[30]. Ils venaient de mettre un terme à quatre siècles de jurisprudence pontificale[31].

Mais comme l'a souligné René Moulinas «En dépit du parallélisme apparent de leurs démarches, la municipalité d'Avignon et les États du Comtat restaient animés d'un esprit très différent dû en particulier au recrutement social de leurs principales vedettes. À Avignon, les meneurs étaient des roturiers, des négociants, des hommes de loi ou des maîtres artisans et des boutiquiers très proches du peuple. En revanche, à Carpentras, les rôles de ténors étaient tenus par des membres de l'aristocratie ».

Les troubles entre juin et décembre 1790

La situation à Avignon se radicalisa rapidement. Le 10 juin, les patriotes accusèrent les aristocrates de comploter contre la municipalité. Le lendemain, trois d'entre eux, convaincus de trahison furent pendus. Le 12, après un vote de la municipalité, le vice-légat fut informé officiellement de la demande du rattachement d'Avignon à la France. Philippe Casoni se réfugia aussitôt à Carpentras où il allait cumuler les charges de vice-légat et de recteur du Comtat.

Mais à Paris l'Assemblée Nationale, mise devant le fait accompli, réserva sa réponse à la demande de rattachement pour ne pas froisser le pape et rompre ses relations avec le Vatican.

Le mois de juillet fut consacré aux élections municipales dans toutes les communes comtadines[32]. L'antagonisme entre Avignon et Carpentras marqua cette campagne électorale : à Malaucène, le 4 juillet, pour mettre un terme à l'émeute dont les meneurs étaient accusés d'être des émissaires d'Avignon, des milices voisines furent appelées en renfort ; le 11, des heurts éclatèrent au Thor entre pro-Avignonnais et papistes ; le 13, Cavaillon fut occupée par l'armée de l'Assemblée représentative du Comtat.

Mais à la fin du mois chaque commune avait élu son maire qui, généralement, fut installé après la célébration d'un Te Deum à l'église paroissiale[33].

Alors que le 12 septembre, le Courrier d'Avignon avait publié un article indiquant que le pape déclarait la nation française schismatique si le roi donnait son aval à la Constitution civile du clergé, un mois plus tard, le 15 octobre, le conseil municipal d'Avignon confisquait l'argenterie des églises. L'arrêté municipal avait été pris pour la transformer en numéraire et servir à soulager les pauvres et à subvenir aux besoins de la ville[34].

Si le mois de novembre fut marqué par une inondation à Avignon, celui de décembre vit la mise en place de grandes manœuvres. Le Carpentrassien Raphaël, un des notables de la capitale du Comtat, rejoignit Avignon, dès le 1er du mois. Au cours de la semaine qui suivit, La Villase, maire de Vaison, et son ami le notaire Anselme furent accueillis par le Club des Amis de la Constitution d'Avignon. Il n'était question que de provoquer dans le Comtat une réunion des citoyens favorables au rattachement à la France[35].

La guerre entre Avignon et Carpentras

L'armée avignonnaise assiège Carpentras (1791)

Le 2 janvier 1791, alors qu'à la suite de l'intervention des Avignonnais contre Cavaillon, les communes comtadines arboraient les trois couleurs, l'Assemblée représentative du Comtat, de plus en plus disqualifiée, suspendait ses travaux.

Le 14, les Carpentrassiens se soulevaient contre les papistes, tenaient une assemblée dans la cathédrale Saint-Siffrein et demandaient leur rattachement à la France. Ils furent soutenus par l'Armée d'Avignon qui, dès le 20 janvier, vint mettre le siège devant la capitale du Comtat. Mais pluie et neige obligèrent à le lever.

Au cours du mois de février, le mouvement fit tache d'huile. Le 7, vingt-cinq communautés comtadines, réunies dans la cité des papes, demandèrent leur rattachement à la France[36]. Le principe de former un département fut adopté, il devait avoir pour nom Vaucluse et son chef-lieu serait Avignon[37].

À Carpentras, en revanche, les habitants tentèrent d'établir un petit État indépendant, qui réaliserait chez lui les réformes de l'Assemblée Constituante française, mais sans accepter de le réunir à la France. En avril 1790, sans l'accord du pape, mais en reconnaissant son autorité, ils se réunirent en assemblée et réformèrent le gouvernement : le pape y était reconnu comme souverain constitutionnel. Avignon, française depuis peu, chercha alors à forcer Carpentras à entrer dans la République française. Carpentras résista à deux sièges successifs menés par les Avignonnais.

Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes

L'église Saint-Laurent de Bédarrides dans laquelle fut voté le rattachement du Comtat Venaissin et d'Avignon à la France

Le 18 août 1791, en l'église Saint-Laurent de Bédarrides, fut décidé par les députés de chaque commune le rattachement du Comtat Venaissin à la France. Cet acte est considéré comme l'un des premiers exprimant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes[réf. nécessaire].

L'Assemblée nationale de France chargea alors trois commissaires, Verninac Saint-Maur, Lescène-des-Maisons et l'abbé Mulot, d'aller sur place.

L'incorporation à la France

Le 14 septembre 1791, l'Assemblée nationale constituante française prit, sur la proposition du député Armand-Gaston Camus, un décret portant « incorporation à l'Empire français[réf. nécessaire] » des « deux États réunis d'Avignon et du Comtat Venaissin ». Sanctionné par Louis XVI le jour même, il devint la loi des 14 = 14 septembre 1791, portant réunion d'Avignon et du Comtat Venaissin à la France.

Le 23 septembre 1791, l'Assemblée nationale constituante française prit un décret « portant organisation provisoire des ci-devants États d'Avignon et du Comtat Venaissin ». Sanctionné par Louis XVI le 2 octobre suivant, il devint la loi [Quoi ?]des 23 septembre = 2 octobre 1791.

La création du département de Vaucluse

Le 25 juin 1793, la Convention nationale française prit un décret « relatif à la formation d'un 87ème département, sous la dénomination de département de Vaucluse ».

Le département de Vaucluse fut ainsi définitivement constitué par la réunion de la cité-État d'Avignon, de Comtat Venaissin, incluant l'enclave des papes dans la Drôme devenue le canton de Valréas, les principautés d'Orange et de Mondragon, la viguerie d'Apt et le comté de Sault.

Le nouveau département se vit supprimer cinq évêchés sur six : Carpentras, Cavaillon, Apt, Orange et Vaison, seul resta l'archevêché d'Avignon.

Le pape Pie VI, sous la menace d'invasion des autres États de l'Église par les armées françaises menées par le général Bonaparte, signe le traité de Tolentino, le 19 février 1797.

Limites historique et géographique

Bonnieux, devenu une enclave pontificale en Provence, fut élevé, en 1274, au rang de lieu-chef d’une viguerie comprenant Cabrières-d'Avignon, Maubec, Ménerbes, Oppède, Robion, les Taillades et une partie de Saint-Saturnin-lès-Apt.

Furent toujours exclus du Comtat — outre l'État d'Avignon — la principauté d'Orange et celle de Mondragon. Cette dernière appartenait au titulaire du siège de l'archidiocèse d'Arles. Mais étaient rattachés au Venaissin un certain nombre de « terres adjacentes » ou enclaves en Dauphiné ou en Valentinois dont les villes de Montélimar (en partie) et de Pierrelatte.

Neuf communes, aujourd'hui incorporées dans la Drôme, étaient des enclaves pontificales : Aubres, Bouchet, Eyroles, Les Pilles, Rochegude, Rousset-les-Vignes, Saint-Pantaléon-les-Vignes, Solérieux et Valouse. Lors du rattachement du Comtat à la France le refus de Rochegude d'être une commune du Vaucluse créa l'Enclave des papes (Valréas, Grillon, Visan et Richerenches)[38].

A contrario, les communes de Saint-Léger-du-Ventoux, Brantes et Savoillan (enclaves pontificales de la vallée du Toulourenc) demandèrent leur rattachement au Vaucluse. Lui furent aussi intégrées celles de Saint-Romain-en-Viennois (en coseigneurie entre le pape et le Dauphin) et de Saint-Marcellin-lès-Vaison qui appartenait en totalité au Dauphin.

Géographie

Entre Rhône et Durance, le Mont Ventoux, les Dentelles de Montmirail et les Monts du Vaucluse cernent la plaine du Comtat.

Orographie

Fresque de la Galerie du Vatican montrant les rivières et montagnes du Comtat vues par Ignazio Danti (1580-1583)

La plaine du Comtat est installée dans le bassin d'effondrement de la mer voconcienne dont on retrouve encore les paléo-rivages sableux de Faucon à Bédoin en passant par Sablet, la bien nommée.

Dominée par la face sud du Ventoux, qui du mont Serein et du plateau du Contrat descend par une succession de replats et de collines jusqu'aux Dentelles de Montmirail, ce bassin a été comblée par les alluvions du quaternaire avec des dépôts variant de 20 à 80 mètres.

Les monts de Vaucluse, masse calcaire creusée de dolines et d'avens, sont le prolongement naturel du Ventoux et n'en sont séparés que par les profondes gorges de la Nesque.

Hydrographie

Cette plaine est irriguée dans sa partie septentrionale par le Toulourenc, l'Hérin et l'Aygues, dans sa partie centrale par la Nesque, l'Auzon et l'Ouvèze, dans sa partie méridionale par les différents bras de la Sorgue[39] et le Calavon qui dès son entrée en Comtat prend le nom de Coulon.

Climatologie

Le climat méditerranéen du Comtat est avant tout dépendant du mistral. Ce maître-vent, qui s'engouffre dans la vallée du Rhône, a d'abord déterminée une architecture agricole (parcelle cultivée séparée par des haies de cyprès orientées est/ouest) et une architecture rurale (maisons aux façades septentrionales aveugles).

Sa puissance ne laisse que douze jours de brume/an stagner dans la plaine et procure un ensoleillement de 2 600 à 2 700 heures/an[40]. Mais, à contrario, les zones vertes (garrigues et forêts) possédant une végétation fragile, sujette aux incendies pendant l'été, il est recommandé à tous la plus grande prudence et le plus grand soin.

Autre influence du mistral : des précipitations rares mais le plus souvent violentes. Le total annuel des pluies oscille entre 600 à 700 mm. Mais un seul orage peut déverser jusqu'à 200 mm d'eau. Le village d'Entrechaux reçut 300 mm de pluie dans la journée du 22 septembre 1992 ce qui provoqua les catastrophiques inondations de Vaison-la-Romaine et de la plaine du Comtat.

Agriculture

La grande richesse de l'agriculture du Comtat l'a fait surnommer le Jardin de la France[41].

Irrigation

Carte de Brun cadet prévoyant « l'arrosement d'une partie des terres du Comtat Venaissin »

Dans ce climat chaud et sec, l'irrigation des cultures devint rapidement une nécessité pour lutter contre la sécheresse. Deux rivières servirent à cet usage, la Sorgue et la Durance. Le plus ancien réseau d'irrigation fut mis en place dès le XIIe siècle avec le creusement du canal Saint-Julien qui captait les eaux de la Durance sur la commune actuelle de Cheval-Blanc[42]. Les travaux entrepris au siècle suivant sur la Sorgue pour la canaliser jusque vers Avignon permirent d'irriguer de nouvelles terres. Ce ne fut pas suffisant puisque François Ier, le 11 décembre 1537 autorisa une nouvelle dérivation des eaux de la Durance à partir de Mérindol. Cette captation porte de nos jours le nom de « Vieux canal d'Oppède ».

Le XVIIIe siècle fut celui de toutes les audaces[43]. Deux nouveaux réseaux furent mis en place avec le « Cabedan vieux » (1765) et le « Cabedan neuf » (1766). Peu après, en 1771, l'ingénieur architecte Brun cadet proposa la création d'un canal d'irrigation pour « l'arrosement d'une partie des terres du Comtat Venaissin » avec une nouvelle prise à Mérindol. Il cartographia son projet qui contournait le Luberon à Saint-Pierre (Cheval-Blanc), passait par les Taillades, Robion et Maubec puis traversait le Calavon pour aboutir à Avignon après avoir irrigué la plaine du Comtat vers Carpentras. C'est l'ancêtre du « Canal de Carpentras ».

Article détaillé : Canal de Carpentras.

Productions

Petit canal d'irrigation (filiole) à Monteux

Cette plaine de maraîchage, grâce à l'irrigation produisait dès le XIIe siècle des choux, des fayots, des raves, des pois chiches et des fèves. Un siècle plus tard, la mise en place du canal du Vaucluse par la canalisation de la Sorgue augmenta son potentiel de production.

La venue des papes dans le Comtat puis leur installation à Avignon bouleversa les habitudes alimentaires. Nous avons vu que la plaine comtadine devint le grenier à blé pontifical. Mais les zones irriguées virent, à partir du XIVe siècle l'apparition de nouvelles variétés dont la salade, les artichauts et le melon. Une première culture industrielle se mit en place avec le mûrier pour la nourriture du vers à soie.

Contrairement à une idée reçue les papes ne firent pas couvrir le Comtat de vignobles[44]. Seules les terrasses[45] furent consacrées exclusivement à la culture de la vigne[46].

Les vergers d'oliviers servaient le plus souvent de support à la vigne menée en hautain. Un acte de vente dans la région de Carpentras signale à cette période « un verger d'oliviers dans lequel est planté une vigne de douze journaux »[47]. Mais déjà est sélectionnée la verdale variété d'olive qui est toujours cultivée autour de Beaumes-de-Venise et de Malemort-du-Comtat.

Le XVIe siècle vit apparaître la tomate venue des Amériques ainsi que les haricots. Deux siècles plus tard, en 1763, Jean Althen implantait la garance qui allait faire la richesse du Comtat pendant près de deux cent ans.

Le XIXe siècle fut marqué par des catastrophes. En dépit de l'intervention sur place de Louis Pasteur, la maladie de la pébrine eut raison du vers à soie à partir de 1862, le phylloxéra ravagea le vignoble dès 1868 et un produit chimique, l'alizarine, remplaça la garance.

La création du Vaucluse et la rupture des liens commerciaux du Comtat avec les États pontificaux posa un problème de reconnaissance et de notoriété pour les vins de ce nouveau département français. Une soixantaine d'années plus tard, Bercy, qui devenait alors la grande place du négoce des vins, chercha à répertorier les grands vins sur tout le territoire national[48].

Achille Larive, fondateur et directeur du « Moniteur Vinicole », le "Journal de Bercy", en 1856, dès sa première année de parution, lança un « appel aux propriétaires de crus ignorés ». Un lecteur du Vaucluse lui répondit : « Nos vignobles, égaux et supérieurs en qualité à tant d'autres auxquels la routine a donné une aura, n'ont pas été appréciés autant qu'ils le mériteraient... En l'état actuel nos vins sont livrés sous un pseudonyme plus ou moins brillant : vins d'Espagne, de Narbonne, de Saint-Gilles, etc., leur origine se cache sous une estampille d'emprunt »[49].

Mais la mise en place, en dépit de nombreuses réticences, de la ligne de chemin de fer Lyon-Marseille, en 1857, puis du PLM confirma l'agriculture du Comtat dans sa vocation maraîchère et fruitière puis vini-viiticole. D'autant qu'un nouveau produit gastronomique partit à la conquête de la capitale, la truffe du Ventoux[50].

Le réseau d'irrigation était tel grâce aux « filioles »[51] qui canalisaient l'eau jusqu'au moindre champ que les premiers « primeurs » de fruits et légumes purent inonder Paris à partir de la gare de Cavaillon. C'est de cette époque que date la flatteuse réputation du melon de Cavaillon, si cher à Alexandre Dumas et le poétique axiome de Léon De Fos : « Les vers, le melon et le vin sont trois choses qui supportent difficilement le médiocre »[52].

La plaine du Comtat - le nom est resté pour sa production agricole - est au premier rang en France pour la production en plein champ ou en serres des pommes, cerises (bouche ou industrie), raisins de table, tomates et melons. Elle arrive au second rang pour ses poires, fraises, asperges, courgettes, aulx et oignons.

Les agriculteurs rapatriés d'Algérie[53], en dépit de leur faible pourcentage, par leur dynamisme et leur conception "moderniste" de l'agriculture ont eu sur le milieu rural local une influence décisive[54]. Dans la plaine du Comtat, ils ont été généralement à l'initiative de la culture sous serre et de la plasticulture. Dans les zones viticoles, ils furent parmi les premiers à utiliser la « maîtrise des températures en vinification » (ruissellement d'eau sur les cuves puis pompes à chaleur).

Les vins AOC, avec en tête le châteauneuf-du-pape, vin historiquement originaire de l'état d'Avignon, ont comme fleurons le vacqueyras, le gigondas, le beaumes-de-venise, ainsi que les VDN de Rasteau et Beaumes-de-Venise. À cette production prestigieuse s'ajoutent les côtes-du-rhône-villages dont ceux portant un nom de commune ou de lieu-dit : Cairanne, Rasteau, Visan, Sablet, Séguret, Roaix, Puyméras, Plan-de-Dieu, Massif d'Uchaux, ainsi que les vignobles des côtes-du-ventoux et des côtes-du-luberon.

Industrie

Les manufactures du Comtat se sont toutes développées avant la révolution industrielle. Elles ont essentiellement utilisé l'eau comme force motrice. Celle de la Sorgue d'abord avec une série de moulins à farine et à foulon installés depuis la fontaine de Vaucluse jusqu'aux portes d'Avignon[55] en passant par l'Isle-sur-la-Sorgue. S'y ajoutèrent rapidement les papeteries à Vaucluse et à Malaucène avec utilisation de la force motrice de la source vauclusienne du Groseau.

La transformation du cuir fut importante à Carpentras (quartier des Tanneries) le long des berges de l'Auzon.

L'extraction de l'argile (briqueteries à Bollène), de l'ocre (entre Mormoiron et Villes-sur-Auzon) et du gypse (Mormoiron) ne prit son importance qu'à l'aube du XVIIIe siècle. Plus significative fut l'extraction de la pierre de taille dans les carrières de Beaumont-du-Ventoux, Saint-Didier et les Taillades.

Il est à souligner que l'art des carriers s'exerça aussi au service de la viticulture dans les monts de Vaucluse avec le creusement de cuves vinaires rupestres[56] essentiellement à Venasque, Le Beaucet, Saint-Didier, Fontaine-de-Vaucluse, Saumane, Cabrières d'Avignon et Lagnes.

De nos jours l'ancien Comtat Venaissin, pour la transformation de sa production agricole, a attiré nombre d'industries agro-alimentaires ainsi que des industries connexes comme la ferblanterie, la caisserie et la papeterie.

Distinctions

Trois villages du Comtat sont classés en Plus beaux villages de France : Ménerbes, Séguret et Venasque.

Le pays de Carpentras et du Comtat Venaissin est classé Pays d'Art et d'Histoire.

Notes et références

  1. L’hypothétique «Comitatus Vendascensis » n’a pu donner selon les règles de la toponymie un « Comitatus Venessinus » à tel point que les partisans de cette thèse ont été contraints de forger de toutes pièces un apocryphe « Venascinus » pour la justifier.
  2. Entre le VIe et le IXe siècle existaient dans le futur département du Vaucluse outre le Comitatus Avennicinus (Comté d’Avignon), le Comitatus Aptensis (Comté d’Apt), le Comitatus Saltensis (Comté de Sault), etc. Mais il n’y eut jamais de Comté de Venasque. Cette cité fut seulement par deux fois le refuge des évêques de Carpentras lors des invasions entre 541 et 549 puis entre 573 et 603
  3. André Valladier (1365-1638), abbé de Saint-Arnoul de Metz, auteur du Labyrinthe Royal de l’Hercule Gaulois triomphant (Avignon, Jacques Bramereau, imprimeur, 1601)
  4. Jonnes Jansonnius ou Janssonius (1588-1664), gendre de Hendrick Hondius, grava ses cuivres à Amsterdam où il fit imprimer en 1650 son « Theatrum des villes de France et de Suisse ». Chaque page de cet atlas est notée « Amstelodami, apud Joannem Janssonium ». Un exemplaire déposé à la Bibliothèque d’Orange est cité par Jules Courtet à l’appui de sa thèse.
  5. Grégoire X, le 27 avril 1274, nomma Guillaume de Villaret, premier recteur du Comtat Venaissin. Pierre Rostaing, évêque de Carpentras, rendit immédiatement hommage au représentant du pape. Cette allégeance fait partie des actes du Cartulaire de l’évêché de Carpentras. Il est à souligner que dans sa rédaction, pour la première fois, était utilisé le titre de comté pour cet état pontifical jusqu’alors dénommé « Venaissinum » ou « terra Venaissini ». Ce fief était aussi dénommé marquisat de Provence au XIIIe siècle.
  6. Charles Rostaing, Essai sur la toponymie de la Provence, Éd. Jeanne Laffite, Marseille, 1994.
  7. En dépit de notre respect dû au maître de la toponymie, nous ne pouvons souscrire à une origine venant de Venasque pour VENNECENSI mais bien d'Avignon par aphérèse du A.
  8. Les sources de Courtet sont celles de Gallia christiana, eccles. arelat. (instr. I, p. 93). Les chanoines Albanès et U. Chevalier ont réédité et complété ces chartes dans Gallia christiana novissima (T. III, Arles) Valence, 1901.
  9. Sans doute mauvaise graphie pour Veneisi mais on peut déjà noter l’aphérèse du A.
  10. Fresque de l’Ospedale Santa-Maria della Scala à Sienne par Benvenuto di Giovanni (1436-1528)
  11. En juin 1375, Grégoire XI avait fait abolir toutes les gabelles sauf celle du sel.
  12. Ch. Perrin de L’Isère nous a détaillé les charges du Capitaine général des Armes du Comtat Venaissin : «Il était investi de pouvoirs extraordinaires, requérant une levée de troupes, imposant des contributions pour construire ou réédifier des remparts, prenant en main une espèce de dictature… Cette magistrature, essentiellement transitoire, n’en faisait pas moins regretter l’administration normale aussi paternelle qu’elle était économique » (Les États pontificaux en France, 1847).
  13. Ce fut la seconde expulsion des Juifs du Comtat. La première avait été décidée le 13 mars 1302[réf. nécessaire], par Mathias de Chiéti – dit Matthieu de Chéate – recteur du Comtat Venaissin, qui les accusait de pratiquer l’usure.
  14. Sous la direction de Bernhard Blumenkranz, Histoire des Juifs en France, page 194
  15. L'évêque de Carpentras autorisait les Juifs à posséder une synagogue (uno escolo) et en fixait les dimensions L = 5 toises, l = 4 toises et H = 4 toises
  16. Complètement restructurée au XVIIIe siècle, la synagogue de Carpentras est un bel exemple de décoration de style Louis XVVoir Synagogue de Carpentras, Ministère de la Culture
  17. Outre le Musée-Comtadin-Duplessis de Carpentras où est déposé le médailler de l'évêque d'Inguimbert, d'autres riches collections se trouvent à la Bibliothèque nationale de France, au British Museum de Londres, au Fitwilliam Museum de Cambridge et à l'American Numismatic Society de New York.
  18. Le billon est un alliage de cuivre et d'argent.
  19. La production de céréales dans le Comtat Venaissin fut toujours notoirement insuffisante. D'ailleurs, les papes d'Avignon privilégièrent toujours l'emblavement à l'extension de la vigne. Celle-ci était le plus souvent associée à des vergers (fruitiers, oliveraies, etc.) et cultivée en hautains. Ce qui préservait au maximum la culture extensive des céréales.
  20. Il y a généralement confusion entre à Avignon et en Avignon. La seconde dénomination, que certains pensent consacrée par l’usage, est le seul produit de l’histoire et n’a aucune justification grammaticale pour la ville. Elle ne peut concerner que l’État pontifical d’Avignon qui comprenait outre la cité papale celles de Bédarrides, Châteauneuf-du-Pape, Entraigues, le Pontet, Morières-lès-Avignon, Sorgues et Vedène. Mais l’on s’est toujours rendu à Avignon en tant que ville.
  21. Le professeur Moulinas, dans son Histoire de la Révolution d'Avignon, indique un changement d'attitude dans la bourgeoisie marchande d'Avignon à cette période précise. Il se constitue désormais en son sein un parti profrançais qui dénonce le gouvernement despotique des italiens qui l'empêche de commercer à sa guise.
  22. Daniel Panzac, Quarantaine et Lazaret, Édisud, 1986, souligne que l'échevin de Marseille avait pour 100 000 écus d'étoffes.
  23. Cf. La Muraille de la peste, coédition Pierres sèches en Vaucluse et les Alpes de Lumières, Mane, 1993.
  24. La peste ne dépassa pas Orange, n'atteignit pas Carpentras tout en ayant touché Pernes et Monteux, Cavaillon fut aussi épargné.
  25. Elle fut aggravée par une année 1788 où un printemps catastrophique (récoltes détruites par la grêle) se conjugua avec un hiver glacial.
  26. Dans une économie de subsistance, les crises étaient toujours dues à la pénurie, tandis que de nos jours elles sont le fait d'une surproduction.
  27. Ce fut Albert Soboul qui le premier, dans son ouvrage La Révolution Française (1789-1799) (Paris, 1948), mit en exergue que les émeutes du 14 juillet à Paris eurent pour cause première l'augmentation du prix du blé et du vin aux barrières de la capitale.
  28. Le 29 mars 1790, à Rome, Pie VI condamnait la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen que venait d'adopter la majorité des représentants du peuple français.
  29. Ils étaient menés par le sieur de la Villasse. Cf. M. Brusset, Malaucène, aspect de l’histoire entre Ventoux et Ouvèze, Carpentras, 1981.
  30. Michel Brusset, op. cité, note : « Jusqu'à la fin de l'année, la nouvelle assemblée allait transformer l'administration du Comtat en s'appuyant sur deux principes dans une large mesure contradictoire, la fidélité au pape et l'application au Comtat de la Constitution française ; en outre elle tenait à son indépendance vis-àvis d'Avignon où l'on s'agitait beaucoup »
  31. À la date du 6 septembre 1377, Grégoire XI, qui était alors à Rome, avait statué que, désormais, dix personnes nobles et plébéiennes s’assembleraient au moins une fois l’an en présence de son frère Guillaume III Roger de Beaufort, recteur du Comtat. Cet acte fut constitutif des États du Comtat Venaissin. Le pape autorisait que, dans chaque communauté, un parlement général élise un conseil composé de deux syndics et de huit conseillers, dont deux pour la noblesse, deux pour le clergé et quatre pour les bourgeois ou les ménagers, propriétaires ruraux.
  32. Furent électeurs les citoyens actifs, c'est-à-dire tous ceux qui étaient âgés de plus de 25 ans et qui payaient une contribution équivalent à trois journées de travail.
  33. À Vaison-la-Romaine fut élu La Villasse et à Bédarrides François Franquet.
  34. La fonte de l'argenterie des églises d'Avignon fut faite en date du 16 novembre 1790.
  35. Elle était prévue à la fin du mois de décembre à Vaison. Mais l'intervention de l'armée d'Avignon pour libérer Cavaillon occupé par les troupes papistes empêcha cette réunion.
  36. Après la réunion, il fut célébré une messe où tous jurèrent d'être fidèles au roi et à la loi. Puis l'on chanta le Ça ira et Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille ?. R. Moulinas, op. cité.
  37. La ville de Carpentras n'était pas représentée par ses notables et ce ne fut que le 23 février, à contrecœur et sous la pression populaire, que ceux-ci acceptèrent d'adhérer au pacte fédératif.
  38. Cf. L. de Gaillard, Deux enclaves de l'ancienne France : Orange et sa principauté, Avignon et le Comtat Venaissin, Éd. de Soye et fils, Paris, 1892.
  39. La Sorgue, peu après sa sortie de la fontaine de Vaucluse, se sépare en plusieurs bras (Sorgues de Monclar, Sorgue de Velleron, Sorgue d'Entraigues, etc.) qui sont de véritables canaux d'irrigation tant par leurs débits que par la constance de leur niveau.
  40. Chiffres fournis par le Centre météorologique de Serres-Carpentras.
  41. Cf. Dictionnaire de la Provence et de la Côte d'Azur, Éd. Larousse, op. cité.
  42. C'était à cette époque la partie est de Cavaillon.
  43. Patrick Fournier, Eaux claires, eaux troubles dans le Comtat Venaissin, XVIIe - XVIIIe siècles, Perpignan, PUP, 1999.'
  44. Historiquement les premiers vignobles sont d'origine épiscopale autour de Carpentras, et bénédictine (Ordre de Cluny) dans le nord du Comtat. Deux ordres militaro-religieux jouèrent aussi un rôle : les templiers autour de Roaix et les hospitaliers aux environs de Sainte-Cécile-les-Vignes.
  45. En provençal, ces terrasses viticoles portes le noms de faïsses, restanques ou banquets.
  46. Elles étaient conduites le plus souvent verticalement, en hautains, ou horizontalement, le cep étant inséré entre les pierres sèches des murs de soutènement.
  47. J. P. Saltarelli, Les côtes-du-ventoux, origines et originalités d'un terroir de la vallée du Rhône, Éd. Barthélemy, Avignon, 2000.
  48. En 1856, le Vaucluse arrivait à la 27e place après la Haute-Garonne, le Loiret, l'Aveyron, le Puy-de-Dôme et la Vienne. Il n'était pas le seul département viticole à être aussi mal loti puisque la Marne - et son Champagne - n'arrivait qu'en 39e position. Cf. Le Moniteur Vinicole, n° 6, 1856.
  49. Cf. Le Moniteur Vinicole, n° 8, 1856.
  50. De nos jours, les truffes du Ventoux jointes à celles du Tricastin représentent, bon an, mal an, près de 80% de la production nationale.
  51. Les filioles sont des petits réseaux d'irrigation qui apportent l'eau directement dans le champ à arroser.
  52. Cette citation a été rapportée en 1870, par Léon de Fos, dans son livre Gastronomia sous la forme suivante : « La médiocrité que tant de gens colportent est admise dans maint salon ; mais trois choses il est qui point ne la supportent : les vers, le vin et le melon ». Voir également Les poètes de la bonne chère, Anthologie de poésie gastronomique, de Kilien Stengel Collection Petite Vermillon Éditions de la Table ronde (groupe Gallimard), 2008. (ISBN 2710330733)
  53. Le département de Vaucluse à accueilli 15 000 familles de "pieds-noirs", la majorité d'origine citadine.
  54. Cf. François Brun, Notes sur l'influence des agriculteurs rapatriés dans les plaines rhodaniennes, Études Vauclusiennes, n° XII, Avignon, juillet-décembre 1974.
  55. La cité papale développa intra-muros une industrie de la soie puis des indiennes dans la rue des Teinturiers ou rue des Roues.
  56. Nombre de ces cuves vinaires rupestres ont été abritées sous des cabanes de pierres sèches ou bories (Fonsargoules à Venasque) ou sous des abris sous roche (vallon de Vignerme à Saumane).

Pour approfondir

Bibliographie

  • H. Bouche, La Chorographie ou description de la Provence et l’histoire chronologique du mesme pays, T. I et II, Aix-en-Provence, 1664.
  • J. P. Papon, L’histoire générale de la Provence, T. I à IV, Paris, 1777-1786.
  • C. F. Achard, Dictionnaire de la Provence et du Comtat Venaissin, dédié à Mgr le Maréchal Prince de Beauvau, par une société de gens de lettres. Vocabulaire Provençal – François ; François – Provençal, T. I et II, Marseille, 1785.
  • C. F. Achard, Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté Venaissin, de la Principauté d’Orange, du Comté de Nice, etc. T. I et II, Aix-en-Provence, 1787-1788.
  • Ch. Cottier, Notes historiques concernant les Recteurs du ci-devant Comté Venaissin, Carpentras, 1808.
  • J. F. André, Histoire du gouvernement des Recteurs dans le Comtat, Carpentras, 1847.
  • J. Courtet, Sur l’origine des mots Comtat Venaissin, Revue Archéologique, VIe année, Éd. Librairie Leleux, Paris, 1849.
  • J. Courtet, Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique du département du Vaucluse, Avignon, 1876.
  • E. Bardinet, De la condition civile des Juifs du Comtat Venaissin pendant le séjour des papes d’Avignon (1309 – 1376), Revue Historique, 12, 1880.
  • E. Bardinet, Les Juifs du Comtat Venaissin au Moyen Âge. Leur rôle économique et intellectuel, Revue Historique, 14, 1880.
  • J. Liabastre, Histoire de Carpentras, ancienne capitale du Comté-Venaissin, Carpentras, 1891.
  • J. Girard, Les États généraux du Comtat Venaissin depuis leur origine jusqu’à la fin du XVIe siècle, T. V et VI, Mémoires de l’Académie du Vaucluse, 1905-1906.
  • C. Faure, Études sur l’administration et l’histoire du Comtat Venaissin du XIIIe au XIVe siècle (1229 – 1417), Paris-Avignon, 1909.
  • A. Brun, Le Comtat Venaissin, essai d’étymologie, Mémoire de l’Académie du Vaucluse, 2e série, T. XII, 1910.
  • A. Mossé, Histoire des juifs d'Avignon et du Comtat Venaissin, Paris, 1934.
  • F. Benoît, La Provence et le Comtat Venaissin, Paris, 1949.
  • Y. Burgues, Les États provinciaux face à l’autorité pontificale dans Avignon et le Comtat Venaissin, Rencontres, 34, 1961.
  • J. Glénisson et G. Mollat, L’administration des États de l’Église au XIVe siècle, Bibliothèque des écoles françaises d’Athènes et de Rome, 1964.
  • H. Dubled, Les Juifs à Carpentras à partir du XIIIe siècle, Provence Historique, 19, 1969.
  • R. H. Bautier, et J. Sornay, Les sources de l’histoire économique et sociale du Moyen Âge : Provence, Comtat Venaissin, Dauphiné, États de la maison de Savoie, Tomes I à III, C.N.R.S. Paris, 1974.
  • Jean de Mey, Les monnaies du Comtat Venaissin, Éd. Maison Plat, Paris, 1975.
  • R. L. Mouliérac-Lamoureux, Le Comtat Venaissin pontifical, Institut vauclusien d’études rhodaniennes, 1977.
  • R. Pillorget, Les monnaies comtadines (XIVe-XVIIe siècle), Rencontres n° 118, 1980.
  • H. Dubled, Histoire du Comtat Venaissin, Carpentras, 1981.
  • R. Moulinas, Les Juifs du Pape en France, Paris, 1981.
  • R. Moulinas, Histoire de la Révolution d'Avignon, Éd. Aubanel, Coll. Les gens du Sud, Avignon, 1986.
  • J. Galas, sous la direction de, Les Carnets du Ventoux, Dossier : La Révolution dans le Comtat, pp. 7 à 114, Éd. Alain Barthélemy, Avignon, juillet 1989.
  • L. Loubet, Carpentras et le Comtat Venaissin, coll. Monographies des villes et villages de France de Micberth, 1990, réimp. édit. 1891, 14 X 20, br., 184 p. (ISBN 2877602303)
  • R. Moulinas, Les Juifs du Pape, Éd. Albin Michel, Coll. Présence du Judaïsme, Paris, 1992.
  • M. Zerner, Le cadastre, le pouvoir et la terre : le Comtat Venaissin pontifical au début du XVe siècle, Collection de l’École française de Rome, 174, 1993.
  • D. et C. Iancu, Les Juifs du Midi. Une histoire millénaire, Avignon, 1995.
  • P. Fournier, Eaux claires, eaux troubles dans le Comtat Venaissin, XVIIe - XVIIIe siècles, Presses Universitaires de Perpignan, 1999.
  • Jean Chélini (sous la direction), Dictionnaire de la Provence et de la Côte d'Azur, Pays et Terres de France, Collection Jacques Marseille, Éd. Larousse, Paris, 2002, (ISBN 2035751055)

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