Sociétés populaires

Sociétés populaires

Club politique

Pendant la Révolution française, des associations d’un nouveau genre se forment, où les citoyens discutent d’affaires politiques : ces associations sont appelées clubs politiques, sociétés populaires ou patriotiques, ou clubs jacobins.

Ces sociétés prennent leur modèle dans le club des Jacobins de Paris où s'illustrent les plus grands orateurs de cette époque (Robespierre, Danton, ...). Les citoyens qui en sont membres y débattent des thèmes de société, commentent l'actualité et discutent des projets de loi mis en place par l'Assemblée nationale.

Sommaire

Histoire

Le premier club est fondé le 30 avril 1789 : c’est le club breton, où les députés du Tiers de Bretagne se réunissent pour coordonner leurs efforts au sein des États généraux. Il rassemble rapidement des députés des autres provinces, et devient à l’automne la Société de la Révolution, puis la Société des Amis de la Constitution. Le 8 février 1790, elle se donne pour objectif de travailler à l’affermissement de la Constitution.

Les premières sociétés populaires apparaissent en 1789, dans les principales villes de France. À l'origine, beaucoup d'entre elles sont occupées par des notables aisés réformistes. Elles prennent alors le nom de Société des Amis de la Constitution. En 1790, elles se multiplient un peu partout en France et deviennent des acteurs importants de la politique locale. Parfois, plusieurs sociétés coexistent dans une même ville.

À partir de juin 1793, les sociétés sont épurées et les membres les plus modérés sont rejetés. Les sociétés populaires devient révolutionnaires.

Avec la Terreur, la société populaire devient obligatoire[réf. nécessaire]. Dans chaque ville, une société populaire assure de concert avec les municipalités et les comités de surveillance la bonne application des lois et dénonce les contre-révolutionnaires.

Cadre législatif et réglementaire

Bien que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ne mentionne pas le droit de réunion et d’association, le cadre législatif se met rapidement en place. L’article 62 de la loi du 14 décembre 1789 réserve aux citoyens actifs (ceux dont le total des impôts directs dépasse un certain seuil) la participation aux clubs. Le 29 avril 1790, les militaires peuvent assister aux réunions, à condition qu’ils ne portent pas leurs armes. Le 10 mai suivant, il est interdit aux clubs de présenter une pétition en nom collectif.

Les clubs sont protégés par la Constituante : ainsi, la société de Dax ayant été dissoute autoritairement par la municipalité, un décret du 13 novembre 1790 la rétablit, en précisant que les « citoyens ont le droit de s’assembler et de former entre eux des sociétés libres à la charge d’observer les loix (sic) qui régissent tous les citoyens ». La liberté est donc le principe, et le trouble à l’ordre public la seule restriction à l’activité des clubs. Les décrets des 19 et 22 juillet 1791 imposent la déclaration préalable à la mairie des lieux et jours des réunions. Enfin, un décret des 29-30 septembre limite leur existence politique : ils ne peuvent agir sur les pouvoirs publics, pétitionner en nom collectif, ou former des députations. La Constituante souhaitait ainsi clairement freiner leur expansion, et ainsi achever la Révolution.

Les fédéralistes sont généralement hostiles aux clubs : ils font fermer les clubs, ou arrêter leurs membres. Le 13 juin 1793, un décret de la Convention interdit aux pouvoirs publics d’intervenir ou de gêner le fonctionnement des sociétés populaires, renforcé par celui du 25 juillet, qui interdit aux autorités de mettre obstacle à se fonctionnement, sous peine de poursuites. Les sociétés populaires deviennent ainsi des acteurs politiques à part entière et discutent de tous les sujets.

Le coup d’État de Thermidor les met à mal : le 21 brumaire an III, le club des Jacobins est définitivement fermé. Le 25 vendémiaire, les affiliations et correspondances entre clubs sont interdites, et les clubs doivent envoyer une liste de leurs membres aux autorités. L’article 361 de la constitution de l'an III (5 fructidor an IV) interdit qu’une association porte le nom de société populaire, et l’article 362 interdit les séances publiques, les réseaux, les signes extérieurs d’appartenance pour les membres, les règlements intérieurs. Le 6 fructidor, la dissolution de toutes les sociétés populaires est prononcée, leur fermeture imposée et leurs biens saisis.

Extension et recrutement

Pratiquement 10 % des communes françaises ont eu une société populaire, affiliée ou non à un des clubs parisiens.

La plupart des clubs de province étaient parrainés par le club des jacobins : 90 en août 1790, 210 en mars 1791, 400 en juin, 550 en octobre, après la crise et la scission du club des Jacobins provoquée par la fuite à Varennes. Lors de la proclamation de la République, toutes tendances confondues, il existe environ 3000 clubs. Un an plus tard, ils sont entre trois et huit mille, dont 800 affiliés aux jacobins. Dans certains départements, on compte beaucoup plus de clubs : 63,5 % des communes en ont un dans les Basses-Alpes[1], 90 sur 110 dans les Bouches-du-Rhône, et plus encore le Vaucluse et la Drôme.

Fonctionnement interne

Action des clubs et sociétés populaires

Les clubs ont principalement une action de formation politique et d’information des citoyens. Les affiliations et parrainages constituent un réseau de sociétés populaires, qui se font les relais politiques des clubs parisiens. Ce rôle de discussion des nouvelles évolue ensuite vers un rôle de défense de la Révolution, avec comités de surveillance locaux.

Clubs principaux

Voir aussi

Articles connexes

Sources

  • Patrice Alphand, « Les Sociétés populaires », La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, no 307, 1er trimestre 1989, 108e année, p 288-350

Notes

  1. Alphand, p 295


  • Portail de la Révolution française Portail de la Révolution française
Ce document provient de « Club politique ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Sociétés populaires de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • SOCIÉTÉS FRATERNELLES (Révolution française) — SOCIÉTÉS FRATERNELLES, Révolution française Le 22 décembre 1789, l’Assemblée constituante, par la distinction qu’elle établissait entre citoyens actifs et citoyens passifs, avait écarté de la vie politique toute la masse populaire du pays. C’est… …   Encyclopédie Universelle

  • SOCIÉTÉS SECRÈTES EN CHINE — Associations ou fraternités clandestines, connues dans l’Empire chinois dès les premiers siècles de notre ère et qui se sont perpétuées jusqu’au milieu du XXe siècle. À la fois groupes d’insoumission collective, centres de lutte politique contre… …   Encyclopédie Universelle

  • Sociétés secrètes — Société secrète Une société secrète est une organisation sociale qui demande que ses membres gardent une partie de ses activités et de ses motivations loin des regards de personnes qui lui sont étrangères, des médias et de l État. Les buts… …   Wikipédia en Français

  • FAMILLE - Les sociétés humaines et la famille — Tout le monde sait ou croit savoir ce qu’est la famille. Elle est inscrite si fortement dans la pratique quotidienne, elle est d’une expérience si intime et si «familière» qu’elle apparaît de façon implicite comme une institution allant de soi,… …   Encyclopédie Universelle

  • Caisses populaires acadiennes — Création 3 décembre 1946 Personnages clés Martin J. Légère …   Wikipédia en Français

  • Liste des initiatives populaires fédérales en Suisse — Voici la liste de toutes les initiatives populaires ayant été déposées devant la Chancellerie fédérale entre 1891 (date de l introduction de la possibilité de demander une révision partielle de la Constitution par une initiative populaire) et… …   Wikipédia en Français

  • Banques Populaires — Banque populaire Logo de Banque populaire Création 1878 …   Wikipédia en Français

  • Banques populaires — Banque populaire Logo de Banque populaire Création 1878 …   Wikipédia en Français

  • Musee national des Arts et Traditions populaires — Musée national des arts et traditions populaires Le Musée national des arts et traditions populaires, fondé en 1937 par Georges Henri Rivière, et situé, depuis 1972, à la porte des Sablons dans le bois de Boulogne, à proximité du Jardin d… …   Wikipédia en Français

  • Musée Des Arts Et Traditions Populaires — Musée national des arts et traditions populaires Le Musée national des arts et traditions populaires, fondé en 1937 par Georges Henri Rivière, et situé, depuis 1972, à la porte des Sablons dans le bois de Boulogne, à proximité du Jardin d… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”