Petit Trianon

Petit Trianon

48° 48′ 56″ N 2° 06′ 35″ E / 48.815639, 2.109675

Château du Petit Trianon, façade sud.

Le Petit Trianon est un domaine du parc du château de Versailles, dans les Yvelines, en France, comportant un petit château entouré de jardins de styles variés.

Dans les prairies et les bosquets à l'est du Grand Trianon, Louis XV, à l'instigation de Madame de Pompadour, confie en 1749 à Claude Richard, assisté dix ans plus tard de Bernard de Jussieu, l'aménagement d'un « jardin de plantes » qui traduit son intérêt passionné pour les expériences botaniques. L'architecte Gabriel l'agrémente d'un jardin à la française et d'une ménagerie pour animaux ordinaires, à l'inverse de la proche Ménagerie royale, plus exotique, de Louis XIV. Il édifie aussi au milieu des allées de verdure deux fabriques d'agrément et de détente, le Pavillon français et le Salon frais.

En 1762, le Roi demande à son premier architecte de construire un château d'un genre nouveau, qui dispense une vue sur les différents jardins. Reconnu comme un chef d'œuvre d'architecture du néoclassicisme naissant, cet édifice de plan carré, simple et épuré, aux quatre façades décorées de l'ordre corinthien, conjugue les talents de Gabriel, du sculpteur Guibert et de décorateurs qui apportent à l'intérieur le dernier goût, plus raffiné que riche, dans lequel une place privilégiée est réservée à la nature et à l'atmosphère champêtre. Le rez-de-chaussée est dédié au service, l'« étage noble » comprend les pièces de réception avec trois salles entresolées à l'usage de la Reine et l'attique est formé des « appartements des seigneurs ». La comtesse Du Barry, qui succède comme favorite de Louis XV à la marquise de Pompadour, inaugure le château en 1769.

À la mort de son grand-père, Louis XVI offre le Petit Trianon à sa jeune épouse Marie-Antoinette, qui crée un univers personnel et intime, loin des fastes de la cour. Elle fait élever un théâtre de société, puis sacrifie la botanique et fait aménager un jardin à l'anglaise, en contraste avec la monotonie du reste du parc. Richard Mique érige plusieurs fabriques, entre 1777 et 1782, dans les contours d'allées et d'une rivière sinueuses : un temple dédié à l'Amour, un « jardin alpin » avec son belvédère et un jeu de bagues. Dans un style plus rustique, un hameau d'agrément vient compléter l'ensemble, selon l'inspiration rousseauiste du peintre Hubert Robert.

Sommaire

Toponymie

Le domaine tire naturellement son nom de l'ancien village de Trianon, acquis en 1668 par Louis XIV avec le projet de l'inclure dans le parc du château de Versailles. En parallèle avec le Trianon de marbre, construit en 1687, le lieu a d'abord été appelé la Ménagerie de Trianon ou l'Ermitage de Trianon, avant que la coutume ne lui attribue son nom définitif de Petit Trianon, en 1759[c 1].

Histoire

Du potager au jardin botanique

Façade ouest du Petit Trianon sous la neige en décembre 2010.

Dès 1749, sous l'impulsion de sa favorite Madame de Pompadour, Louis XV crée un nouveau lieu de plaisir à Trianon. Dans cette perspective, et inspiré par la doctrine du docteur Quesnay[b 1], il fait installer un petit potager avec des serres permettant de cultiver des espèces jusqu'alors inconnues et d'expérimenter de nouvelles méthodes[b 2]. Le Roi apprécie le Trianon de Mansart, même s'il commence à s'y ennuyer, et l'on utilise, pour ne pas s'en éloigner, le terrain qui lui fait face au nord-est, une vaste prairie traversée par quelques allées et plantée de quelques bosquets d'arbres, en deçà du bois des Onze-Arpents[note 1]. Une pépinière existe alors en cet endroit[note 2], aménagée entre 1693 et 1730 pour fleurir les jardins de Trianon[1], à côté de quelques logements, de deux glacières[c 2],[note 3] et du bassin du Trèfle.

Le Roi fait édifier, longeant au nord l'actuel Jardin français, une nouvelle « ménagerie », qui abrite des animaux de basse-cour, et comprenant une étable, une bergerie et une laiterie[b 1]. Il fait aussi restaurer les deux glacières de Louis XIV et édifier la maison du jardinier[1].

Pour agrémenter les environs de la ménagerie, Gabriel entreprend, vers 1750, la création d'un petit jardin à la française au sud de celle-ci. Les deux axes perpendiculaires sont décorés de quatre bassins ornés de statues d'enfants. Il fait aussi construire deux nouveaux bâtiments : le Pavillon français, pour les jeux, les collations ou les concerts, et le Salon frais, dont l'unique pièce sert de salle à manger d'été. Les bosquets sont réalisés et entretenus par Belleville, le jardinier du Grand Trianon[c 3]. Un portique de treillage, sur lequel doivent s'enrouler des plantes grimpantes, est monté à la bordure orientale du potager, en guise d'entrée[note 4].

Durant près de dix ans, ce jardin fruitier et potager est en permanente évolution, selon les intérêts du Roi, qui fait appel dès 1750 à Claude Richard dont il a admiré le talent à Saint-Germain[c 5] et qui lui a été recommandé par le duc de Noailles[1]. On y fait pousser des plantes étrangères encore peu connues[note 5] comme l'ananas[i 1], le café ou la pêche. Une figuerie est installée à proximité du Pavillon frais[c 6] et l'on garnit les bords des allées de petits orangers en pots[c 3]. Le Roi apprécie de se promener dans ce jardin et d'en goûter ou d'en offrir les fruits[2] ; les fraises, dont on cultive toutes les sortes existant en Europe, deviennent d'ailleurs l'une de ses fiertés[c 7].

En 1759, le Roi décide de joindre à ses potagers un jardin botanique dont il confie la destinée à Bernard de Jussieu, qui a acquis au Jardin des plantes de Paris une grande renommée parmi les naturalistes de son temps[c 8] et qui, sous la direction de Claude Richard, enrichit considérablement la collection, offrant une quinzaine d'années plus tard près de quatre mille variétés de plantes[b 2],[note 6]. On agrandit alors le jardin fleuriste, qui a été créé au côté du potager et qui fournit déjà, au gré des saisons, cierges, aloès, géraniums, jonquilles ou siliquastrum[c 9]. Le précédent jardin potager est détruit et remplacé par des parterres de fleurs et des serres, chaudes ou sans feu, qui s'étendent à l'avant de la maison du jardinier et à l'est du domaine[note 7]. On rapporte des expéditions lointaines des plantes exotiques dont la culture est expérimentée dans le jardin, des tulipiers de Virginie, des végétaux de l'île Rodrigue, de Cayenne[note 8], de Chine ou des Indes, mais aussi des espèces d'Espagne, du Portugal, de Gibraltar et d'Afrique du Nord[c 12].

Le jardin de Louis XV, en plus d'être pour le Roi un passe-temps et une fantaisie, devient la plus grande collection botanique d'Europe, un joyau loué dans toutes les cours et les milieux scientifiques.

Un petit château pour la favorite

Le petit Trianon, face sud, et sa chapelle (à gauche).

Afin de réduire les allers et venues avec le château de Versailles et pour faciliter l'intimité de sa favorite Madame de Pompadour, Louis XV envisage dès 1758 la construction d'un petit château à proximité des nouveaux jardins. Le projet initial prévoit de supprimer le bâtiment des officiers et d'agrandir le jardinet adjacent, mais l'on s'en tient finalement à déplacer volières et poulaillers près de la vacherie et à remodeler les potagers en bosquets[c 13]. Le portique est démonté et le jardin botanique est transféré sur de nouvelles terres plus à l'est[c 10] pour permettre d'ériger, à cet endroit, la nouvelle construction. Une partie des collections potagères de Richard est aussi réimplantée sur de vastes terrains situés au nord du bassin du Trèfle[c 14].

Le chantier, confié à Ange-Jacques Gabriel, dure six ans, de 1762 à 1768, retardé par la Guerre de Sept ans[f 1]. De forme carrée de « douze toises sur chaque côté »[g 2],[note 9], le nouvel édifice possède quatre façades différentes mais qui ont en commun de comprendre chacune cinq croisées. Son architecture est emblématique de la nouvelle inspiration tournée vers l'antique et l'influence « à la grecque » des sculptures d'Honoré Guibert[note 10], beau-frère du peintre Vernet[g 3] et auteur de l'ensemble des sculptures du château[4], apporte une finition d'exécution qui le fait alors qualifier de « chef d'œuvre »[a 2]. Un jeu subtil de perrons permet de rattraper les différences de niveau[4] et la forte déclivité du terrain d'ouest en est autorise la création d'un rez-de-chaussée accessible sur deux côtés[a 3].

Les fondations sont faites en 1762. Le gros œuvre s'étend sur les deux années suivantes et l'édifice est couvert en 1764. Lors des campagnes de 1765 à 1768, on réalise les sculptures, la menuiserie, la serrurerie et la peinture. Le coût total s'élève à 736 056 livres, dont près d'un tiers pour les seules menuiseries[c 14]. Le marquis de Marigny[note 11], directeur des Bâtiments du Roi, commande en 1768 à quatorze peintres les toiles qui doivent orner les murs ou les dessus-de-portes et dont les thèmes, inventés par Charles-Nicolas Cochin, sont approuvés par le Roi[5].

Mais Madame de Pompadour, à qui est destiné le château, meurt le 15 avril 1764, sans pouvoir assister à l'achèvement de son œuvre. C'est donc avec sa nouvelle favorite, Madame Du Barry, que Louis XV inaugure le Petit Trianon en 1768[i 2]. Ce n'est cependant que le 9 septembre 1770 qu'il couche pour la première fois dans le nouvel édifice[h 1].

Dès 1767, il est projeté d'installer une chapelle dans le Petit Trianon. Cependant, les bagatelles du roi de France dans le domaine lui font quelque peu oublier son projet. Le 15 novembre 1772, par souci de l'étiquette, il donne finalement l'ordre d'exécuter la construction, qui est réalisée en moins d'une année[c 15]. Cachée entre les communs et les arbres, son architecture extérieure est simple et seuls le clocheton et le toit mansardé se laissent entrevoir. C'est la dernière réalisation de Gabriel pour Louis XV à Trianon, achevée un an avant la mort du Roi.

La mode évoluant au gré des fantaisies, le jardin, élégant, frais et soigné, est le dernier des jardins français[c 16], pour lesquels un besoin de dompter la nature est prétexte à des dessins d'architecture, traçant une symétrie parfaite, mais monotone. D'un côté du château, on aperçoit de longues allées de tilleuls, de larges pelouses marquées de cabinets fleuris. D'un autre, le jardin botanique révèle ses parterres réguliers de plantes rares. Du troisième, on a vue sur la cour entourée de charmilles et, par un ha-ha, sur les bosquets artificiels du Grand parc. Mais à ce formalisme déclinant succède un nouveau concept, venu d'Angleterre où les immenses espaces ne permettent pas une parfaite maîtrise de la nature[c 16], basé sur une approche « naturelle et pittoresque »[b 3]. L'inspiration vient aussi de Chine, même si « la fantaisie voire la sauvagerie de ses jardins est encore bien trop exotique»[b 3]. D'ailleurs, de la façade septentrionale du petit château, on aperçoit au loin quelques chemins sinueux contournant des bosquets sauvages, timide introduction à la mode nouvelle qui domine la décennie prochaine.

Le Jardin anglais de Marie-Antoinette

Lorsque Louis XV meurt en 1774, d'un mal dont il a ressenti les premières atteintes au Petit Trianon[c 17], la comtesse Du Barry doit quitter le domaine. Dès son avènement, Louis XVI, sur les conseils du comte de Noailles, offre le château à sa femme Marie-Antoinette par cette formule, rapportée par l'abbé Baudeau[6] : « Vous aimez les fleurs, Madame, j'ai un bouquet à vous offrir. C'est le Petit Trianon ». Si d'autres témoins rapportent différemment la scène en ces termes : « Madame, ces beaux lieux ont toujours été le séjour des favorites des rois, conséquemment ils doivent être le vôtre »[7], on peut néanmoins douter de l'authenticité des propos soi-disant historiques et rapportés après coup, connaissant le mépris qu'avaient les dauphins pour madame Du Barry[c 18]. Quoi qu'il en soit, la jeune reine est enchantée du cadeau, ayant déjà montré auparavant son désir d'avoir une « maison de campagne à elle »[c 18], son « Élysée » — comme la Julie de Rousseau — afin de pouvoir s'affranchir des contraintes de la cour et se distraire de ce monotone horizon du parc de Versailles[c 19].

Marie-Antoinette pend la crémaillère de sa nouvelle possession le 6 juin 1774, en compagnie de madame Clotilde, la comtesse et le comte de Provence et celle et celui d'Artois[c 20] et son royal époux qui, à cette occasion, lui remet la clef du domaine sertie de 531 diamants[8],[f 1]. Elle ne changera que peu de choses de l'intérieur de cette résidence[h 2] et le mobilier de 1789 est à peu près celui qui s'y trouvait à la mort de Louis XV[h 3] : « Tout fut conservé sans exception et la reine couchait dans un lit très fané et qui avait même servi à la comtesse du Barry », écrit madame Campan dans ses Mémoires[9], non sans exagération ; les remeublements qui sont peu à peu ordonnés par la Reine sont néanmoins confiés à Bonnefoy du Plan, son garde-meuble, aussi concierge du Petit Trianon[10]. Durant quinze ans, elle façonne aussi par petites touches le lieu selon son désir, intégrant de nouveaux décors ou transformant certaines pièces, comme le « cabinet des glaces mouvantes » ou la bibliothèque, des aménagements dirigés par Richard Mique, le nouveau premier architecte[11].

Surtout, succombant à la mode du jour d'un paysage irrégulier et pittoresque, romantique et imprévu[h 4], la Reine souhaite un jardin dans le nouveau style « anglo-chinois » à la place du Jardin botanique de Louis XV. L'architecte Gabriel en dresse un premier plan, en juillet 1774, qui ne convainc pas[c 21]. Elle demande un projet à Antoine Richard, fils de Claude et jardinier de Trianon[c 22],[c 23]. Compliqué, peu élégant, ce projet n'est pas non plus retenu[12], car son auteur apparaît meilleur jardinier que paysagiste et, surtout, son désir de préserver les serres du jardin botanique qu'il a créé avec son père ne concorde pas avec les vœux de la Reine d'un jardin « à la mode»[b 4].

Le comte de Caraman puis Richard Mique dessinent un jardin à l'anglaise, dans lequel ils dispersent des fabriques à caractère sauvage. Ils installent ainsi un lac, une petite montagne, des rochers et une grotte tapissée de fausse verdure pour le repos de Marie-Antoinette. Le très savant jardin botanique de Claude Richard est alors détruit, mais nombre de pièces sont sauvées par son fils Antoine, qui les confie au comte de Buffon, directeur des Nouveaux jardins du Roi de Paris. On le remplace provisoirement durant l'année 1775 par des arbres et du gazon[c 24] en même temps que l'on commence le creusement de la rivière et la création de la « grande île »[c 25].

Entre temps, la Reine commande une nouvelle fantaisie, toujours à la mode chinoise : un jeu de bague, comme il en existe à Monceau ou à Marly[c 25]. Il est monté dans le courant de l'année 1776 par l'ingénieur Perrier, le serrurier Roche et le charpentier Taboureux, tous des Menus-Plaisirs[f 2], les sculptures étant exécutées par Augustin Bocciardi[j 1]. La lutte d'influence entre Mique et d'Angiviller atteint alors son paroxysme. Le premier, en tant que Premier architecte du roi ayant remplacé Gabriel, devrait dépendre du second, directeur des Bâtiments du Roi, successeur de l'abbé Terray ; or, la création par Marie-Antoinette du titre d'Intendant des Bâtiments de la Reine complique les relations entre les deux hommes[c 26] mais accorde à Mique une plus grande autonomie au sein de Trianon[13]. C'est donc lui qui termine le jeu de bague au début de l'année 1777, malgré les difficultés des entrepreneurs à se faire payer de leur travail, dont le coût total est évalué à plus de 78 000 livres, pour un devis initial de 17 000[13].

Le 26 février 1777, Richard Mique propose à Marie-Antoinette son projet finalisé d'aménagement du jardin. Elle en écarte l'ermitage à cloche, le parc de moutons à la chinoise, le salon de colonnes d'eau jaillissante et la fausse ruine[c 27]. Les autres fabriques sont confirmées, la réalisation de maquettes est engagée et les travaux de terrassement se poursuivent. Le coût est estimé à 300 000 livres, ce qui provoque des tensions entre l'architecte, le comte d'Angiviller, ordonnateur des bâtiments du roi, et Necker, directeur du Trésor[c 28], auxquelles seul le Roi parvient à mettre un terme[h 5].

La création du Grand rocher se prolonge sur plusieurs années, une butte est destinée au belvédère, une autre est plantée de peupliers d'Italie, marronniers, sapins et marsaults, que l'on prend dans les forêts du Roi[c 29]. Le « Jardin alpin » qui est en train de naître rappelle à la Reine les décors de son enfance et participe à modifier le regard que l'on porte jusqu'alors sur les paysages de montagne[b 5], car, là encore, on constate l'influence de Rousseau : « le terrain étaloit les charmes d'un séjour riant et champêtre ; quelques ruisseaux filtroient à travers les rochers, et rouloient sur la verdure en filets de cristal ; la terre humide et fraîche étoit couverte d'herbes et de fleurs. »[14]. On fait appel au peintre Hubert Robert pour exécuter une série de dessins préparatoires[b 4] et pas moins de quatorze maquettes sont présentées à la Reine pour la seule disposition du rocher et de son pont rustique[h 6].

C'est aussi Robert, aidé de Deschamps pour les modèles, qui réalise les ébauches de la première fabrique du Jardin anglais : le temple[b 6], « sommet de la perfection et du bon goût », selon le prince de Ligne[b 7]. Ces maquettes de diverses tailles, qui permettent d'éviter les erreurs et d'avoir une meilleure estimation du résultat final, sont exécutées comme de véritables œuvres d'art[b 6]. Pour son enchantement, les fenêtres de Marie-Antoinette s'ouvrent sur ce temple, érigé au milieu de la grande île en juillet 1778. Pour en décorer le centre, on préfère au projet d'une statue de Cupidon enfant proposé par Deschamps une œuvre similaire de Bouchardon, déjà réalisée depuis 1746, et qui correspond parfaitement au thème du lieu[c 30]. L'île est garnie de fleurs et plantée de « pommiers-paradis et rosiers pelote-de-neige » qui prodiguent des effluves parfumés[c 31].

Déjà sous Louis XV le théâtre occupe une place prépondérante dans les divertissements de Trianon. Marie-Antoinette, lorsqu'elle reçoit le domaine, doit se contenter pour ses spectacles de scènes provisoires montées d'abord dans la galerie du Grand Trianon puis dans l'orangerie[c 32] du Petit Trianon. En 1777, elle charge l'architecte Richard Mique de lui édifier un théâtre. Après deux années de travaux, débutés en juin 1778, la salle est inaugurée le 1er juin 1780, pour un coût avoisinant les 200 000 livres[c 32]. L'extérieur n'offre aucun caractère, car il est destiné à être caché par le Jardin alpin, d'un côté, et le Jardin français, de l'autre ; seule la porte donne matière à décoration par le sculpteur Joseph Deschamps, encadrée par deux colonnes ioniques portant un fronton orné, en tympan, d'un génie d'Apollon[c 33].

De la Révolution au XXIe siècle

Suite à la Révolution française, pendant laquelle des bals et fêtes populaires le dégradent, le château tombe dans l'oubli. Il est une première fois restauré sous l’Empire pour l'impératrice Marie-Louise, puis une deuxième fois sous le Second Empire par l'Impératrice Eugénie.

Louis-Philippe fait repeindre l'ensemble du premier étage de couleur grise, remplaçant l'ancien vert pâle qui rappelait les jardins entourant le château[c 34].

En 1867, l'impératrice Eugénie ordonne de replacer au Petit Trianon les meubles et objets des collections de l'État ayant appartenu à Marie-Antoinette[15] et ayant été dispersés à la Révolution lors des ventes de plus de 17 000 lots sur l'ensemble du domaine de Versailles. Il faut néanmoins attendre le XXe siècle et les travaux de Pierre Verlet, historien du mobilier royal, pour voir appliquée une identification précise et scientifique des meubles selon les inventaires des archives de la maison du Roi[note 12].

Le petit Trianon est fermé durant la Seconde Guerre mondiale et n'est ensuite accessible au public qu'entre de longues périodes consacrées à d'importantes réparations[16].

Au début des années 2000, le parti pris des restaurateurs est de « donner l'impression que le temps s'est arrêté le 5 octobre 1789 », date du départ définitif de la famille royale de Versailles, et non de faire de ce lieu un musée. Le mouvement d'opinion autour de Marie-Antoinette, renforcé par la sortie du film de Sofia Coppola, a favorisé cette tâche d'ampleur dirigée par Pierre-André Lablaude, architecte en chef des monuments historiques[17]. Certains aménagements correspondent néanmoins plus à une reconstitution qui provoque les critiques de puristes[18].

Dans le cadre d'un mécénat dont elle fait le centre de ses événements promotionnels, la société Breguet, dont le fondateur est au XVIIIe siècle l'un des horlogers de la Reine et désormais filiale du groupe Swatch, a contribué à la restauration du Petit Trianon à hauteur de cinq millions d'euros en 2008[19]. Le coût de la restauration des seuls intérieurs est estimée à 2,3 millions d'euros[20]. Cette restauration, qui a demandé la fermeture du lieu pour un an de travaux, s'inscrit dans la dynamique du Grand Versailles, vaste campagne de modernisation et d’aménagement du château et des jardins.

En 2010, le Petit Trianon entre dans le monde virtuel avec sa reconstitution en trois dimensions accessible sur internet, réalisée avec un triple objectif, de conservation, de restauration et de valorisation[21].

Les lieux

Le château

Commandé en 1762 à Gabriel, le château n'est achevé qu'en 1768, soit quatre ans après la mort de Madame de Pompadour. Il est donc attribué à Madame Du Barry jusqu'à la mort de Louis XV. Le style néoclassique du bâtiment est en rupture totale avec le style rocaille du Pavillon français, construit par le même architecte en 1750.

Inspiré par l’architecture néo-palladienne et peut-être de dessins de Jean-François Chalgrin[22], le bâtiment, de plan carré et surmonté d'une balustrade, s'élève sur trois étages et représente une surface totale de 1 458 m²[23]. Entouré de jardins, il est visible de tous côtés, cette forme devant connaître un grand engouement jusqu'à la fin du XVIIIe siècle[24]. Ses quatre façades comparables cachent cependant de subtiles différences, exigées entre autres motifs par la déclivité du terrain. Celle donnant vers l'ouest, c'est-à-dire sur le Jardin français, est la plus riche : elle est ornée d'un avant-corps de quatre colonnes isolées[c 34] de style corinthien surmontées de chapiteaux[25],[note 13]. Du côté de la cour sud, le rez-de-chaussée est à bossages, alors que le grand étage et l'attique sont scandés de pilastres corinthiens[a 1]. La façade donnant sur le nord est de même composition, mais ne comportant que les deux étages supérieurs, et ouvre sur le Jardin anglais. La façade orientale sur l'ancien jardin botanique possède un accès en rez-de-chaussée mais reste dénuée de colonnes ou pilastres, la principale décoration étant destinée aux jardins d'agrément, au détriment des serres et plates-bandes réservées à l'étude[i 3].

La décoration est marquée par une subtile évolution de l'art et non par une victoire absolue de la modernité ; si subsistent certaines habitudes anciennes, comme la coquille ou les trophées d'Amour, elles côtoient des formes nouvelles, dans la sculpture ou la menuiserie, dont les motifs sont directement inspirés des jardins de Trianon, tels que les guirlandes de feuilles ou la profusion de fruits[i 4].

Le rez-de-chaussée, accessible seulement depuis les côtés du sud et de l'est en raison du dénivelé du terrain, abrite essentiellement les communs. Le jeu des terrasses permet de dissimuler les circulations nécessaires au service du Petit Trianon, et, en particulier, la communication avec les édifices annexes, comme le théâtre ou la chapelle[a 1]. Au premier étage se trouvent les pièces de réception et l'appartement de la Reine. À l'attique se situent l'appartement du Roi et ceux des invités. Par le perron on accède directement à l'étage noble. Semblant ouvert sur les jardins, l’étage des salons est en fait situé au-dessus d’un rez-de-chaussée qui donne, du côté de Versailles, sur une petite cour d’honneur, aménagée du temps de Marie-Antoinette, encadrée d'un petit mur et d'une haie de charmilles et fermée par une grille vert tendre flanquée de deux guérites pour les sentinelles[b 8].

Le rez-de-chaussée

On accède au rez-de-chaussée, qu'on appelle au XVIIIe siècle « les souterrains », par le vestibule ouvrant par deux portes sur un modeste perron de la cour d'entrée, au sud du château. À gauche se trouve la salle des gardes et à droite, la salle de billard, le reste étant réservé à l'usage du service[c 34]. Avant la restauration achevée en 2008 qui restitue sa destination première, cet étage est réservé à l'accueil du public et aux services.

Le vestibule
Départ de la rampe

Du vestibule, on accède à l'escalier d'honneur du château, tournant à deux volées droites, construit en pierre calcaire de Saint-Leu et orné d'une rampe en bronze doré et fer forgé[c 34], œuvre des serruriers Louis Gamain[27] et François Brochois[28]. Son dessin est ample et scandé de médaillons ovales à tête de coq[29], qui portaient à l'origine le chiffre de Louis XV[note 14], remplacé ensuite par celui de Marie-Antoinette, les lettres M et A entrelacées. Le décor mural est simplement traité en pierre de taille[11], formant une transition ornementale entre l'intérieur et l'extérieur. Le sol est carrelé de marbre blanc veiné et vert Campan, couleur rappelant les verdures des jardins[28].

Située en retrait sous les volées de l'escalier, une porte donne accès au réchauffoir couvert d'une voûte surbaissée. Sur le demi-palier de l'escalier à la septième marche, une autre petite porte, à gauche, permet de rejoindre l'ancienne galerie chinoise du jeu de bague par un long corridor créé en 1781 — transformation la plus importante apportée par Marie-Antoinette au château[e 1] —, et situé sous la terrasse faisant face au Jardin français.

La salle des gardes

Dans cette grande salle se trouvent jusqu'au milieu du XIXe siècle les gardes du corps. Pour cette raison, le décor est simple : les murs sont décorés d'une fausse coupe de pierre et le parquet est fait de grosses planches[11]. On y avait installé quelques lits avec matelas et couvertures, de même que des meubles de rangement.

Avec la restauration de 2006–2008, la salle sert d'entrée aux visiteurs du domaine, par un couloir, autrefois fermé, qui la relie au jardin de la chapelle. Les deux tableaux exposés, du peintre autrichien Johann Georg Weikert, ont été commandés pour être placés dans la grande salle à manger du premier étage[11] et représentent tous deux le spectacle qui avait été donné le 24 janvier 1765 à Schönbrunn en l'honneur du second mariage de Joseph II, avec la princesse de Bavière. Marie-Antoinette avait demandé à sa mère Marie-Thérèse la réalisation de copies de ces deux toiles qu'elle affectionnait ; sur l'une d'elles, elle apparaît à l'âge de dix ans dansant avec ses frères[note 15] un ballet-pantomime de Gluck, l'autre représente ses sœurs aînées interprétant quatre Muses dans un opéra[note 16]. Elle reçoit le 18 mars 1778 ces œuvres dont elle dit : « Ils augmenteront bien le plaisir que j'ai quand je suis à Trianon[c 35] ».

La salle de billard

Dans cette pièce d'angle du rez-de-chaussée se dresse à l'origine un billard commandé par Louis XVI à Masson, paumier-billardier du Roi[note 17]. D'une dimension de 414 par 219 cm, il est constitué de chêne massif et d'ivoire, avec quinze pieds tournés[31]. En 1784, Marie-Antoinette le fait transférer au premier étage et on le remplace par un autre billard, de moindre élégance, pour les officiers de la garde. Il fut adjugé pour 600 livres à une brocanteuse du nom de Rouyer en 1793 lors des ventes révolutionnaires[32].

Le billard d'origine n'ayant pas été retrouvé, une restitution est entreprise, en 2005, dans le cadre d'un mécénat de compétence d'une valeur de 50 000 euro avec l'entreprise Chevillotte[33], en respectant les matières d'origine et les couleurs initiales[note 18]. Après avoir été exposé dans les Petits appartements du Roi du château, il a retrouvé sa place originelle en 2008[11].

Les murs sont entièrement lambrissés et le parquet à point de Hongrie a lui aussi été restitué selon les plans initiaux[11]. Sur la cheminée est exposé un buste de plâtre de Marie-Antoinette d'après l'œuvre en marbre de Louis-Simon Boizot, qui avait été commandée en 1781 par le comte de Vergennes, secrétaire d'État aux Affaires étrangères. Deux toiles sont accrochées au mur : l'une, d'Élisabeth Vigée Le Brun représente la Reine[34] et l'autre, la famille royale.

Le réchauffoir

La principale des pièces du rez-de-chaussée affectées au service est la cuisine centrale, ou « grand office », accessible depuis le vestibule par une galerie intermédiaire. Deux petites réserves d'office lui sont rattachées. À partir de 1770, elle devient plus exactement un réchauffoir, surtout destiné à parfaire la préparation des plats qui sont confectionnés dans les communs. En effet, afin de ne pas incommoder les occupants du château par des nuisances, les véritables cuisines se trouvent dans une vaste aile à proximité du château reliée au réchauffoir par une longue série de couloirs abrités. Sa large voûte plate surbaissée, en pierre de taille, créée par Gabriel, est considérée comme un chef d'œuvre[28]. On y trouve une grande cheminée à hotte et un fourneau maçonné destiné à réchauffer les plats. Marie-Antoinette le fait supprimer en raison des odeurs qui s'en dégagent et la pièce est affectée aux « femmes de la Reine »[c 36]. Il est restitué en 2008 sur le modèle de celui d'origine situé au hameau de la Reine[11] et l'on installe des tables et des ustensiles de cuivre dans le style de l'époque.

La fruiterie

Louis XV souhaite faire installer des « tables volantes[note 19] », comme il en existe au château de Choisy, permettant de faire apparaître au centre de la salle à manger du premier des tables préalablement garnies à l'étage inférieur. C'est l'inventeur Loriot qui est le concepteur de ce mécanisme par lequel on peut mouvoir, en montant ou en descendant, une ou plusieurs tables, se substituant ainsi à une pièce de parquet de même dimension en forme de rose[35]. Ce dispositif procure le double avantage de surprendre les convives et de préserver l'intimité des conversations en supprimant la présence des domestiques et les regards indiscrets. L'exposition du procédé est faite au Louvre en mai 1769 et la réalisation pour Trianon est confiée au serrurier Gamain et au mécanicien Richer. Pour permettre l'installation des poulies et des contrepoids pour les deux tables prévues, deux pièces du rez-de-chaussée lui sont dévolues, ce qui entraîne un premier agrandissement des offices dès 1770. Cependant, en raison du coût élevé de ce mécanisme, son installation est annulée[11],[note 20], le 16 mars 1772, par une lettre de Marigny à Loriot[note 21]. Seuls ont été réalisés quelques aménagements, en particulier la trémie que l'on aperçoit dans le plafond.

Les deux petites pièces redeviennent de simples salles d'offices[note 22] et deux meubles de rangement de la fruiterie ont été restitués d'après les plans d'époque, de même que la cheminée[11]. Un étroit escalier permet d'accéder à deux petites caves, les seules du château, où aurait dû être installée la machinerie assurant le fonctionnement de ces « tables volantes ».

On y a installé des bornes multimédia qui offrent aux visiteurs des informations sur le Petit Trianon, et en particulier sa construction et sa récente restauration, ainsi qu'une modélisation en trois dimensions du premier étage.

La salle de l'argenterie

On conserve dans cette salle la vaisselle et l'argenterie du Petit Trianon. Une partie est transférée dans les communs lors de l'extension de ces derniers. De grandes armoires permettent de réserver les pièces commandées par la Reine. Restituées en 2007 selon des modèles de l'ébéniste André-Jacob Roubo[36], elles exposent désormais quelques éléments de grande valeur, comme un service « à attributs et groseilles » de Louis XV ou celui « à perles et barbeaux[note 23] » de Marie-Antoinette, de même que certaines pièces du XIXe siècle[11]. Le premier est un service de porcelaine commandé en 1763 pour divers châteaux du Roi, transféré à Trianon en 1769 et complété jusqu'en 1790. Il provient de la Manufacture de Sèvres et est décoré, vraisemblablement par Charles Buteux, actif à la manufacture entre 1756 et 1782, de trophées civils ou militaires[37]. Le second, de même provenance, contient 295 pièces[note 24] et est livré à la Reine le 2 janvier 1782, pour un montant de 12 420 livres[38]. Son décor, du peintre Michel-Gabriel Commelin, est très à la mode, formé d'une large frise d'un semis de bleuets avec un rang de perles blanches, dans la lignée du service commandé l'année précédente pour quinze convives et représentant des cartels roses et barbeaux sur fond blanc[39].

La salle du mécanisme des glaces
Le mécanisme des glaces mouvantes du boudoir.

Sous Louis XV, la petite pièce au nord-est comporte un escalier qui mène aux cabinets du roi du premier étage[c 37]. Il est supprimé en 1776 et la pièce devient un simple dépôt ; on y installe le mécanisme des « glaces mouvantes » du boudoir de la Reine, situé au-dessus[c 38]. Celui-ci est réalisé, pour un coût de 24 470 livres[c 38], par Jean-Tobie Mercklein, ingénieur royal des Menus-Plaisirs et concepteur quelques années auparavant du jeu de bague[note 25] et le maître serrurier de la Couronne Jacques-Antoine Courbin. Vendu à la Révolution, ce système de poulies quasi théâtral est restitué en 1985, rendu totalement opérationnel et même modernisé par son électrification[f 3].

Sont aussi exposées dans cette salle deux vitrines présentant un ensemble d'outils de jardinage, vraisemblablement utilisés dans le hameau de Marie-Antoinette[11].

Le premier étage

Sur le palier du premier étage se trouve un bas-relief, placé entre les deux fenêtres, représentant une tête de Méduse « semblant interdire l'accès aux importuns »[c 34], et achevé en 1765 par Honoré Guibert[28], qui a exécuté toutes les sculptures du Petit Trianon[g 3],[40]. À la manière d'une cour, confortant l'impression d'espace extérieur, les fenêtres intérieures donnant à la fois sur les petits appartements de service et sur l'entresol sont intégrées dans une véritable façade de même calcaire fin que l'édifice, avec balustrades forgées et œils-de-bœuf encadrés de festons de feuille de chêne fouillés dans la pierre. La porte-fenêtre centrale, donnant sur le vide de l'escalier, est cintrée et munie aussi d'un garde-corps forgé. Sur les deux murs latéraux, des guirlandes de laurier pendent sous les panneaux appelés « tables », en ressaut, surmontées d'un entablement néoclassique. Les quatre portes sont rehaussées de tympans.

Par la porte de gauche de l'escalier d'honneur, on peut monter à l'entresol et à l'étage d'attique ; par celle de droite, on accède à l'antichambre des salles de réception et à des pièces plus intimes. Le sol de tout l'étage est couvert d'un parquet Versailles. L'antichambre et les salles à manger ouvrent directement, par les quatre grandes portes-fenêtres donnant vers l'ouest, sur un perron permettant d'accéder au Jardin français. La plupart des fenêtres du premier étage, à l'origine composées de petits carreaux, sont transformées sous Marie-Antoinette en grandes glaces ouvrant sur les jardins, pour augmenter la luminosité des pièces mais aussi pour permettre une meilleure vue vers l'extérieur[11].

L'antichambre

Le décor de l'antichambre est sobre. Les murs sont lambrissés sur toute leur hauteur et peints en vert d'eau réchampi de blanc[41]. Le 22 mars 1768, Louis XV commande à Jacques-Philippe Caresme (en) deux tableaux[note 26] destinés à garnir les dessus-de-portes[c 39], dans l'inspiration des Métamorphoses d'Ovide, selon les instructions du secrétaire de l'Académie royale, Charles-Nicolas Cochin, qui « souhaite que le sujet puisse entrer dans les fleurs »[f 4]. Le premier, Myrrha métamorphosée en arbuste, représente Myrrha, future mère d'Adonis, changée en arbre à myrrhe pour échapper à son père incestueux Théias, roi de Syrie[note 27]. Le second, disparu à la Révolution française, est une représentation de Nymphe métamorphosée en menthe[42], Proserpine irritée d'avoir surpris Pluton avec la fille de Cocyte, la change en menthe et son frère en baume sauvage pour avoir favorisé les amours de sa sœur[43].

L'antichambre est parfois appelée « salle des buffets » ou « salle des poêles ». En effet, dès l'origine, deux gros poêles de faïence sont disposés de chaque côté de la porte menant à la salle à manger. Démontés lors de la Révolution, ils sont remplacés par deux fausses portes revêtues de miroirs[c 34], restituées au XXe siècle. Entre ces deux périodes, Louis-Philippe fait installer à leur emplacement des panneaux sculptés provenant du Salon frais[f 4].

Deux bustes de marbre de Louis-Simon Boizot de soixante-dix centimètres, commandés par Marie-Antoinette en 1777 à l'occasion de la visite de son frère, sont disposés sur des gaines de chêne sculpté peint et doré, de chaque côté de la porte-fenêtre ouvrant sur le Jardin français, et représentent Joseph II du Saint-Empire et Louis XVI, portant tous deux l'ordre de la Toison d'or et le Roi, le cordon de l'ordre du Saint-Esprit.

Une des toiles les plus connues représentant Marie-Antoinette est exposée dans l'antichambre. Cette huile sur toile d'Élisabeth Vigée Le Brun, peintre attitré de la Reine malgré la cabale menée par Adélaïde Labille-Guiard, est surnommée Marie-Antoinette à la rose[44]. Créée en 1783, elle est l'une des cinq répliques du portrait officiel de 1778 réalisées par l'artiste elle-même[45] ; dans la première, qui fait alors scandale, la Reine pose en robe de gaulle et en chapeau de paille[note 28], préfigurant son goût pour le hameau que l'on construit à proximité.

La grande salle à manger

L'antichambre ouvre sur la grande salle à manger, véritable laboratoire de dégustation des fruits et légumes cultivés dans le domaine[j 2]. Son décor est entièrement consacré à la nature, selon le vœu de Louis XV d'une harmonie végétale entre la décoration intérieure du château et ses jardins. Il On y retrouve, comme dans les deux pièces voisines, des lambris richement sculptés par Honoré Guibert représentant, dans leur partie basse, des entrelacs de fruits. Sur les panneaux hauts, flambeaux et carquois pendent de couronnes de fleurs. La cheminée de marbre bleu turquin, de Jacques-François Dropsy, figure des trophées et guirlandes de fleurs et de fruits[41]. Elle est surmontée d'un miroir orné de pampres de vigne tenus par un mascaron bachique.

Les sujets des dessus-de-porte, commandés en même temps que ceux de l'antichambre, sont choisis dans un esprit identique : Vertumne et Pomone[46], Vénus et Adonis[47], Borée et Orythie[48] et Zéphir et Flore[49]. Les deux premiers, rectangulaires, sont exécutés par Clément Belle, les autres, de forme cintrée, par Charles Monnet, peintres moins en vue que ceux engagés pour les grandes compositions, mais œuvrant tous deux selon les directives de Charles-Nicolas Cochin.

La Moisson ou Cérès et Triptolème
Lagrenée.

Sur les murs latéraux, chaque arcade percée d'une porte est encadrée de deux vastes toiles représentant des scènes allégoriques autour de la nourriture. La Moisson[50] est exécutée en 1769 par Lagrenée et montre Cérès et le roi Triptolème enseignant la culture du blé. La Chasse[51] est commandée à Vien, directeur de l'Académie de Rome, qui représente en 1773 Diane et ses nymphes ordonnant le partage du fruit de sa chasse entre les bergers. À la mort de Louis XV, les deux derniers tableaux ne sont pas achevés, ce qui provoque une confusion entre les peintres contemporains[52]. La Pêche[53] est figurée par Doyen[note 29], Neptune et Amphitrite, accompagnés d'un cortège de nymphes et tritons, offrant aux hommes les richesses de la mer. Enfin, la quatrième toile, exécutée par Hallé et représentant La Vendange[54] et le triomphe de Bacchus avec les paysans cultivant le raisin, soulève la critique et on la remplace quelque temps par une œuvre de Pierre sur le même thème.

Le roi Louis XV soupe pour la première fois dans cette salle à manger en septembre 1769[41], sur un fauteuil de damas de Gênes cramoisi entouré d'une vingtaine de chaises. Marie-Antoinette, après avoir pris possession du domaine, souhaite retirer les deux derniers tableaux, appréciant peu la représentation de nus. À cette occasion, elle demande à sa mère Marie-Thérèse deux reproductions de toiles la représentant avec ses frères et sœurs lors du mariage de Joseph II. Mais elle ne parvient pas à imposer le changement de ces toiles qui risque de rompre l'harmonie iconographique mise au point par Cochin et celles de Weikert sont exposées au rez-de-chaussée, dans la salle du billard. Le dernier dîner du couple royal se tient le 24 juillet 1788[55].

Les quatre tableaux, égarés durant la Révolution française, sont remplacés en 1805 par des toiles à la détrempe de Pierre Drahonet, représentant des architectures ; elles sont retirées à la Restauration[56] et Louis XVIII fait réaliser en 1819, par François-Louis Dejuinne, quatre toiles sur le thème des saisons mais avec les allégories initiales : le Printemps (Flore et Zéphyre)[57], l'Été (Cérès et Triptolème)[58], l'Automne (Bacchus et Silène)[59] et l'Hiver (Borée enlève Orythie)[60],[61].

Au centre du parquet Versailles subsistent les traces d'une trappe, vestige de l'ancien projet de « tables volantes » qui prévoyait de les envoyer, depuis l'étage inférieur, déjà dressées.

La petite salle à manger

La petite salle à manger contiguë devait elle aussi accueillir une des « tables volantes » du projet abandonné de Loriot. Surnommée « la salle à manger aux saisons », elle sert sous Louis XV aux repas en tête à tête et aux soupers galants[i 5]. Son décor reprend le thème des saisons et les panneaux sont sculptés de paniers et d'ornements végétaux, à l'égal de l'antichambre, mais dans la seule partie haute des lambris.

Le peintre Jacques-François Amand est chargé en 1768 d'exécuter en dessus-de-portes un épisode en trois parties de la légende de l'Amour mais il meurt quelques mois plus tard, avant d'avoir achevé son œuvre. C'est Antoine Renou qui réalise la commande les Amours et les Grâces, mais les tableaux disparaissent à la Révolution française. On installe, sous le règne de Louis-Philippe Ier, trois pastorales de Jean-Baptiste Pater réalisées dans les années 1720 : le Bain[62],[61], le Concert champêtre[63] et la Pêche[64],[61], qu'on a longtemps attribuées par erreur à Watteau[note 30].

En 1784, Marie-Antoinette transforme la petite salle à manger en salle de billard et fait installer dans cette pièce le billard qui se trouve au rez-de-chaussée.

Un portrait dit de la Belle jardinière représentant la marquise de Pompadour par Carle van Loo est exposé sur l'un des panneaux.

Le salon de compagnie
le Salon de Compagnie.

Le salon de compagnie est la pièce principale de ce qu'on nomme « les appartements de la Reine »[66]. On peut y accéder directement depuis le Grand escalier par un petit corridor. À l'origine, il est le salon de réception de madame de Pompadour.

On retrouve en partie haute des panneaux muraux la coquille traditionnelle, le reste étant dévolue à une décoration raffinée évoquant la nature, avec des chaînes de fleurs et de fruits sculptées par Guibert au centre desquelles se détachent les deux « L », chiffre de Louis XV[c 41]. Les soubassements sont finement ouvragés par les menuisiers Jean-Antoine Guesnon[note 31] et Clicot, avec, sur fonds de tournesols, des branches de lys mêlées de couronnes de roses[c 42].

La lanterne, commandée par Marie-Antoinette en 1784 pour remplacer l'ancien lustre de Louis XV, est réalisée par Pierre-Philippe Thomire, en émail bleu lapis, verre et bronze ciselé rehaussé d'ors à deux tons représentant des arcs et carquois de l'Amour désarmé. Après avoir été démontée lors des ventes révolutionnaires, la « fameuse lanterne de Trianon » est installée en 1867 dans le grand escalier avant de retrouver sa place originelle lors des restaurations de 2008[68].

Comme dans les pièces de réception, les portes sont surmontées de toiles commandées en 1768 dans la série inspirée des Métamorphoses d'Ovide[c 40]. Nicolas-René Jollain réalise les allégories de Clytie changée en tournesol[69] et Hyacinthe changée en fleur[70]. À Lépicié sont confiés les deux autres dessus-de-porte : Adonis changé en anémone[71],[note 32] et Narcisse changé en fleur[72].

Marie-Antoinette transforme la pièce en salon de musique où elle aime à retrouver le cercle de ses intimes. Le piano-forte est réalisé en 1790 par Pascal-Joseph Taskin[11], en bâti de chêne et acajou avec des incrustations d'ébène et de citronnier[note 33]. La harpe est l'œuvre du luthier de la Reine, Nadermann. Elle est exécutée vers 1780 pour un autre client et est comparable dans sa facture à celle sur laquelle Marie-Antoinette jouait avec un talent hérité de sa formation viennoise[note 34]. Le goût de la Reine pour ces instruments comme la harpe, le clavecin ou le piano-forte, souvent joués par des femmes, favorise la diffusion de cette musique, que l'on interprète aussi bien dans le cadre intime des sociétés que sur les scènes de concerts[73]. Gautier-Dagoty a réalisé une gouache représentant la Reine jouant de la harpe.

« Malgré les plaisirs du Carnaval je suis toujours fidèle à ma harpe, et on trouve que j'y fais des progrès. »

— Marie-Antoinette à l'impératrice Marie-Thérèse, 13 janvier 1773, in Lettres de Marie-Antoinette, chap. XVIII.

Le mobilier livré en 1769 pour madame Du Barry comprend un canapé, six fauteuils, dix-neuf chaises, un écran de cheminée et un paravent. Réalisé par Nicolas-Quinibert Foliot, Pierre-Edme Babel et la veuve Bardou, il est recouvert de pékin bleu peint de fleurs[74]. Il est dispersé lors de la Révolution. Les actuels sièges et rideaux en damas de Lyon de trois couleurs sont une restitution de l'apparat textile que l'on trouve dans les appartements royaux du XVIIIe siècle.

Le boudoir

Cette petite pièce de l'angle nord-est du château n'est à l'origine destinée qu'à permettre le passage entre le rez-de-chaussée et les appartements privés du Roi situés en entresol ou en attique. Elle est certainement la pièce de « café du Roi »[75],[c 34]. L'escalier est en demi-cercle et occupe une large moitié de l'espace[c 37]. On y trouve un canapé en gros de Tours[note 35] vert ainsi qu'une table encastrée de Riesener. En 1776, Marie-Antoinette fait transformer l'endroit en boudoir. L'escalier est supprimé et l'on installe un mécanisme ingénieux permettant d'obturer par de grands miroirs s'élevant du sol les deux fenêtres de cette pièce[c 38], qui est directement accessible depuis le perron est donnant sur le jardin fleuriste de Louis XV, futur jardin anglo-chinois. La mécanique est installée à l'étage inférieur sous la direction de l'ingénieur des Menus-Plaisirs, Jean-Tobie Mercklein. On appelle dès lors ce boudoir le « Cabinet des glaces mouvantes », dans lequel la Reine vient rechercher intimité et discrétion, mais dont elle peut aussi sortir facilement par le perron pour accéder aux jardins, en toute indépendance.

Le boudoir de la Reine.

En 1787, Marie-Antoinette demande à son architecte Mique de redessiner la décoration de cette pièce, bien que jusque là « élégamment décorée ». Les frères Rousseau réalisent des lambris richement ouvragés dans un style arabesque : les sculptures se détachent en blanc sur un fond peint de bleu, à la manière des camées de Wedgwood, marque du nouveau goût de la France pour l'anglomanie[74]. On y retrouve la part importante laissée aux fleurs, dans l'inspiration des jardins alentour. Les panneaux étroits sont agrémentés de bouquets de roses fleuries. Les plus larges montrent l'écu fleurdelisé soutenu par des rubans, avec des cassolettes à fumées légères, des colombes, couronnes et carquois d'Amours. Le chiffre de la Reine apparaît encadré de deux torches amoureuses ornées de roses[76].

Cette rénovation marque la première étape du renouvellement prévu de l'ensemble des décors des appartements de la Reine, qui est interrompu par la Révolution.

Le mobilier commandé par Marie-Antoinette à Georges Jacob en 1786 se compose d'un lit de repos, de trois fauteuils et deux chaises, le tout couvert d'un poult-de-soie bleu garni d'une broderie de dentelle et de soie. Ce mobilier disparaît à la Révolution, mais lors de la restauration du château dans les années 2000, on installe des meubles d'origine et de facture comparables, provenant du pavillon du comte de Provence situé près de la pièce d'eau des Suisses[note 36]. Créés en 1785 par Jacob sur des dessins de l'ornemaniste Dugourc et confectionnés dans les ateliers Reboul et Fontebrune, à Lyon, ils sont recouverts d'un lampas bleu à grand dessin arabesque blanc, représentant des Cyclopes[74].

Sur la cheminée de marbre blanc à colonnes engagées dans des gaines, installée en 1787, est disposée une reproduction d'une pendule créée pour Marie-Antoinette en 1780 par le sculpteur François Vion et l'horloger Jean-Antoine Lépine, en bronze ciselé doré sur un socle de marbre blanc. Nommée « la Douleur »[74] ou « la Pleureuse d'oiseau »[f 3], elle représente une jeune femme pleurant la mort de son oiseau posé sur un autel tandis qu'un Amour lui en offre un autre. De part et d'autre sont posés deux bustes en biscuit de Sèvres du XIXe siècle, d'après des modèles de Boizot, représentant la reine de Russie Catherine 1re et Paul 1er, son fils.

La chambre de la Reine

Cette pièce, de même que le boudoir et le cabinet de toilette voisins, possède un plafond abaissé, permettant de créer le niveau supérieur d'entresol, ce qui accentue la sensation d'intimité. C'est le cabinet de retraite du roi Louis XV[c 43]. Comme dans les autres pièces, c'est Guibert qui réalise la décoration sculptée des boiseries, sur le thème des plantes, mêlant paniers et festons surplombés de coquilles. Les panneaux étroits en pilastres sont plus simplement décorés de roses au naturel et de petits bouquets. Le cabinet comprend quatre trumeaux de glaces. La cheminée de brocatelle d'Espagne, prévue pour le château de Saint-Hubert, y est installée en 1764 après la mort de la marquise de Pompadour, et agrémentée de sculptures de style rococo par Honoré Guibert, lequel livre aussi deux petites consoles. Le cabinet est entouré d'un canapé, deux fauteuils et six chaises en gros de Tours vert et blanc.

Mobilier aux épis créé par Georges Jacob pour la chambre de la reine.

En 1772, la pièce est transformée en chambre pour Madame Du Barry, qui occupe jusque là un appartement dans l'attique. On supprime alors deux trumeaux pour y installer le nouveau mobilier commandé aux menuisiers Foliot, verni de blanc par la veuve Bardou et garni d'un pékin blanc peint de fleurs et de tresses de feuilles par le tapissier Capin.

En investissant le château, Marie-Antoinette fait sienne cette chambre. Malgré les écrits postérieurs de sa première femme de chambre, madame Campan[note 37], elle souhaite renouveler le mobilier de cette pièce ou, pour le moins, le fait dorer à neuf et recouvrir d'un nouveau pékin peint, en 1776[78]. Finalement, elle commande en 1787 à l'ébéniste Georges Jacob un nouvel ensemble, dit « aux épis », comprenant : un lit, une bergère, deux fauteuils, deux chaises, un tabouret de pied, un écran de cheminée et un fauteuil de toilette. On retrouve la fantaisie champêtre dessinée par Jean-Démosthène Dugourc. La sculpture de Jean-Baptiste Rode représente des épis de blé liés en spirale par des rubans avec des branches de lierre, des pommes de pin et des brins de muguet. L'étoffe, un basin d'Angleterre, est brodée, dans les ateliers lyonnais de la veuve Marie-Olivier Desfarges, de délicates fleurs des champs et de guirlandes de roses. Le lit est sculpté par Pierre-Claude Triquet. L'ensemble des peintures du mobilier est confié à Jean-Baptiste Chaillot de Prusse, artiste peintre[79], ce qui fait dire au page Hézecques que « la vivacité des couleurs défiait le pinceau le plus exercé[80]. »

Le lit est vendu en 1793 avec le reste du mobilier du Petit Trianon mais n'est pas retrouvé, à l'inverse des autres meubles de cette chambre qui ont repris leur place originale : « un bois de lit en chaire à prêcher, à colonnes et treillages, marié en jasmin et chèvrefeuille, complet de ses étoffes en basin des Indes blanc, brodé en laine avec ses cordons[note 38]. ». Il est remplacé par un lit créé en 1780 pour le château de Fontainebleau et repeint aux couleurs du mobilier d'origine dans le cadre d'une restitution[74].

Les dimensions modestes de la chambre et du lit contrastent avec celles de la chambre de la Reine, au château. Cette différence souligne le désir de sérénité de ce « havre de paix », renforcé par la vue du Temple de l'Amour, érigé en 1778. C'est d'ailleurs derrière ces vitres que, durant plusieurs années, la Reine voit se concrétiser son rêve d'un « jardin enchanté où elle peut enfin ôter sa couronne, se reposer de la représentation, reprendre sa volonté et son caprice[e 2] ». Cette sensation d'un « tableau de maître, d'une vue bucolique » est encore préservée aujourd'hui[11].

Au XIXe siècle, la chambre est occupée par Pauline Borghèse, sœur de Napoléon, dès 1806. Devenue impératrice, Marie-Louise lui succède. La duchesse d'Orléans, qui s'installe au Petit Trianon, fait modifier le premier étage et, en particulier, fait réaménager en 1837 la garde-robe à chaise, à laquelle on accède depuis la chambre de la Reine par un étroit couloir, qui dessert aussi une salle de bain dans laquelle la duchesse fait installer la baignoire en cuivre étamé, couverte d'une housse de coton à volants. La commode exposée dans cette salle de bain est le premier meuble commandé par Marie-Antoinette lorsqu'elle prend possession du château en 1774 ; réalisée par Daniel Deloose, elle est livrée par Jean-Henri Riesener[74].

Le petit escalier en colimaçon entre le palier du premier étage et le salon de compagnie a été construit au XIXe siècle[e 3].

Le cabinet de toilette

L'ancienne bibliothèque botanique de Louis XV est, depuis l'époque de Marie-Antoinette, un petit cabinet de toilette, qui ne possède pas de décoration particulière.

L'entresol

L'entresol des appartements de la Reine — restauré en 2008 — abrite la Bibliothèque de Marie-Antoinette, ainsi que la chambre de sa Dame d'Honneur. Il se situe juste au-dessus du boudoir et de la chambre de la Reine. On y accède par le petit escalier qui mène aux appartements d'attique.

L'attique

L'étage d'attique abritait initialement l'appartement de Louis XV, celui-ci étant relié au reste du château par un escalier qui se situait à l'emplacement du boudoir de Marie-Antoinette. L'appartement de Louis XV fut remplacé à la demande de la Reine par un appartement réservé à son mari et relié au premier étage par un modeste escalier. Celui-ci dessert une série de trois pièces. Une antichambre, la Chambre de Louis XVI — restaurée en 1985, est tendue de damas rouge cramoisi et parée d'un lit à la « polonaise » — et un cabinet de travail donnant sur le belvédère. Les autres pièces de cette étages, qui sous Marie-Antoinette abritait des appartements destinés à sa famille et à ses invités, ont été rouvertes suite aux restaurations entreprises en 2008 et sont maintenant dévolues aux autres occupants du Château avant et après la chute de l'Ancien Régime. Ainsi sont présentées des pièces évoquant Madame Royale et Madame Élisabeth, mais aussi les impératrices Joséphine et Marie-Louise ou également la duchesse d'Orléans,née Hélène (princesse) de Mecklembourg-Schwerin (1814-1858),épouse de Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842), prince royal et duc d'Orléans.

Le Jardin français

Le jardin « à la française », créé dès 1749 par l'architecte Gabriel, est caractérisé par des lignes géométriques et symétriques[82]. Nommé à l'origine « Nouveau jardin du Roi », ce parterre fleuri permet de mettre en valeur l'aspect scientifique des potagers de Claude Richard, installés aux alentours. De nos jours, les parterres sont aménagés selon le plan de 1774[c 10], incluant la perspective simplement prolongée lors de la construction du château. De longues pelouses à bordures fleuries ne sont interrompues que par deux des quatre bassins et par le pavillon central en forme de croix de saint André. Ces quatre bassins, de forme circulaire et au rebord de marbre[note 39] , sont disposés en vis-à-vis de chaque façade du pavillon et sont agrémentés de statues de plomb représentant des groupes de trois Enfants jouant avec des poissons et des oiseaux aquatiques[83], sculptées par Jules-Antoine Rousseau[84]. Les longues allées parallèles bordées de peupliers délimitent aussi des salles vertes aménagées dans des charmilles[f 5].

La ménagerie

Ancienne ménagerie du Petit Trianon, bâtiments devenus communs ; cour intérieure.

La ménagerie est l'un des premiers bâtiments construits sur le domaine du Petit Trianon. À l'inverse de la Ménagerie royale de Louis XIV, située plus au sud, qui accueille des animaux exotiques et sauvages, celle de Trianon est réservée à des volatiles de basse-cour plus ordinaires : poules, pigeons et faisans forment la majorité des espèces[b 1]. Elle est bâtie de 1749 à 1753[c 44], au sud des deux glacières créées par Louis XIV et de quelques logements de gardes et de jardiniers[c 2]. Gabriel y inclut aussi une vacherie, dont les vaches sont importées de Hollande pour la qualité de leur lait[b 1],[note 40], une bergerie pour les moutons[1], une laiterie et le logement de la laitière.

Un long bâtiment formant cour avec les autres édifices tient lieu de fourrières pour le service[c 45]. En complément est installée, à l'est du Salon frais, une volière, dans un « pavillon carré, percé d'une grande porte cintrée, et accosté de deux bâtiments moins élevés à une fenêtre, avec trois cours qui ont chacune un petit bassin[c 4] ». Le sol est formé de sable et les cheminées servant à chauffer les poules royales sont protégées d'un grille dorée. Ce pavillon est remplacé lors de la création du jardin botanique par la demeure du concierge. On place aussi dans le jardin plusieurs poulaillers[c 4], eux aussi disparus. Ces bâtiments servent aujourd'hui de logements pour les agents du domaine de Versailles.

Le Pavillon français

Le Pavillon Français.

Achevé en 1750, le Pavillon français se compose d'un salon central octogonal, ouvert par quatre portes-fenêtres cintrées et accosté de quatre cabinets éclairés chacun de trois grandes fenêtres : une cuisine, un réchauffoir, un boudoir et une garde-robe. Il est couvert d'un toit en terrasse, bordé de statuettes d'enfants et de vases. La frise du salon central décorée d'animaux de basse-cour rappelle la ménagerie voisine[c 46] : on y trouve des poules, des coqs, des pigeons, des canards et même quelques cygnes, ainsi que des Amours, au-dessus des portes, jouant avec des cages et des corbeilles[i 6].

Le Salon frais

Le Salon frais est édifié par Gabriel et constitue le pendant de la ménagerie par rapport au Pavillon français. Achevé en 1753, il est démoli par Napoléon Ier et reconstruit sommairement en 1984.

Les communs

Situés le long de l'allée sud du Jardin français, les bâtiments des communs sont construits à partir de juillet 1770, les travaux ayant été initiés en 1767 puis suspendus par souci d'économie. Ils remplacent la figuerie du premier jardin potager et fruitier de Claude Richard, sur sa partie occidentale, ainsi que les divers jardins en couches et les serres qui bordent alors l'avenue menant au Grand Trianon. Les cuisines et les offices donnent sur le jardin, un petit corps de logis sur l'avant est destiné au chapelain et un long mur à auvents longeant l'avenue et faisant face au bâtiment principal forme une cour intérieure, accessible par une grande porte cochère et abritant un lavoir[c 10]. La partie orientale est, dès sa construction, une cuisine dépendant du Petit Trianon, celle du château devenant insuffisante[c 47], surtout après l'adoption par le Roi du projet de Loriot de « tables volantes », qui, s'il avait été mené à son terme, aurait permis de faire apparaître dans les salles à manger des tables déjà garnies. Un petit réchauffoir, plus proche du château, est aussi aménagé sous Louis XV au nord de la cour de la chapelle[c 48],[note 41]. En prolongement vers l'ouest du bâtiment est ajouté un logement pour le concierge avec un jardin arrière[c 10].

Les offices sont agrandies en 1781 sur instruction de Marie-Antoinette[f 5]. En effet, au fur et à mesure de l'importance qu'elle accorde au Petit Trianon et de l'augmentation de ses séjours au domaine, les communs sont réaménagés et adaptés à l'ordinaire de la Reine. Le jardin du second corps est clos afin de former une nouvelle cour et le mur à auvent est remplacé par un véritable bâtiment. Gustave Desjardins fait de ces édifices une description exhaustive qui montre l'organisation permettant de servir deux potages et vingt plats pour le déjeuner et deux potages et dix plats pour le dîner, ce nombre étant doublé en cas de réception : « il y a une cuisine pour les viandes froides, une autre pour les potages et entremets, avec une cheminée, un four et seize réchauds ; une troisième, très vaste, pour les grandes et moyennes entrées avec un four, une cheminée et vingt-huit réchauds ; une quatrième, plus petite, pour la pâtisserie spéciale aux entremets, avec four et cheminée ; une cinquième, de grande dimension, pour la rôtisserie, avec un four, une cheminée et seize réchauds ; une sixième pour la pâtisserie proprement dite, avec cheminée et four. Suivent : un garde-manger, un office pour le gobelet-vin, avec une cheminée et quatre réchauds ; la paneterie avec four et cheminée ; une pièce pour la distribution du vin ; une autre pour l'argenterie, divisée en deux compartiments : le premier destiné à la garde, le second au lavage. Viennent ensuite le lavoir de toute la batterie de cuisine et une salle à manger pour les officiers de la bouche[c 49]. » L'autre aile est convertie en remises et écuries, pouvant accueillir une dizaine de chevaux, ainsi que des chaises à porteurs. De cette longue bâtisse, on ne voit « que des fenêtres grillées, fenêtres de corridors ou de cuisines masquées par un épais treillis[86] ».

En raison de ces modifications, le concierge est installé dans le petit logis à l'avant de la chapelle[c 50], que l'on appelle « la maison du Suisse ». Celui de Marie-Antoinette, qui est aussi son garde-meuble, se nomme Pierre-Charles Bonnefoy du Plan[87] : il est chargé de veiller sur les lieux et sur tous les mouvements d'œuvres ou de mobiliers [88],[89]. Il contrôle l'accès au domaine, à l'aide des gardes suisses du roi, ce qui lui octroie le surnom de « Suisse ».

Les combles de ces bâtiments abritent des logements du personnel, certains ayant même pu accueillir un temps des membres de la cour, comme le comte de Noailles[c 47]. On trouve aujourd'hui dans ce long bâtiment des appartements de service, une librairie et un salon de thé. Depuis le printemps 2007, la « maison du Suisse », dans la tradition d'autrefois, sert d'accueil pour les visiteurs du domaine[11].

La Maison de Richard

La Maison de Richard (dite aussi « Pavillon de Jussieu ».

La Maison du jardinier[geo 1] est située à proximité du bassin du Trèfle. Lorsqu'est nommé, par Louis XV, Claude Richard comme jardinier-fleuriste de Trianon, il faut penser à un logement. En septembre 1750, ordre est donné de construire un bâtiment à l'emplacement de la pépinière, qui est dès lors transférée de l'autre côté du bassin du Trèfle. Un second bâtiment plus petit est construit en parallèle au sud-ouest, de l'autre côté d'une courette et donnant sur l'enclos des glacières[1].

Le bâtiment principal comprend quatre niveaux, incluant les caves. Au rez-de-chaussée, une cuisine avec four à pain, réchauffoir et cellier côtoie une chambre et un grand cabinet, devenu au XIXe siècle une salle à manger. Un entresol avec deux chambres complète le premier étage qui en contient quatre autres. Un petit bâtiment perpendiculaire reliant les deux bâtiments et contenant trois pièces a aujourd'hui disparu. La maison en face abrite une étable, une écurie, un poulailler et deux remises.

Après Claude Richard, son fils Antoine et, sans doute aussi, son petit-fils Louis-Claude, les jardiniers en chef de Trianon demeurent successivement dans la maison jusqu'en 1900 : Duchesne, Jouet, Goupy[note 42], Philippar et Charpentier[1]. Antoine Richard, qui y demeure pendant la Révolution et contribue à sauver le domaine de la vente aux enchères, a l'idée d'utiliser les jardins fruitiers et potagers pour nourrir les habitants de la ville de Versailles[j 3].

Le bâtiment est aujourd'hui nommé « Pavillon de Jussieu », même si le botaniste n'y a jamais véritablement vécu[1]. Il abrite le Centre de recherche du château de Versailles (CRCV)[91]. Enfoui sous le lierre, il fait face, avant l'Orangerie, au « jardin Charpentier », du nom du jardinier[1] qui l'a replanté, en 1850, de rhododendrons et magnolias qui fleurissent encore aujourd'hui, malgré la tempête de 1999 qui a emporté les plus beaux spécimens du domaine[f 6].

L'Orangerie

L'Orangerie[geo 2] est située en face de la Maison du jardinier (qu'on appelle aussi « Pavillon de Jussieu »). Lors de sa construction, à la même époque que cette maison, elle délimite par le nord un parterre potager nommé « jardin de Richard ».

Le bâtiment du corps de garde

Le bâtiment des gardes[geo 3] existe déjà lorsque sont entrepris les travaux d'aménagement du domaine de Louis XV, non loin des deux glacières. Il abrite un corps de garde française lors des séjours du Roi[1]. Il complète un corps de garde suisse, présent au XVIIIe siècle à proximité du bassin Plat fond, mais dont le bâtiment est aujourd'hui disparu[92].

En 1850, Questel construit en bordure du Jardin français, à l'emplacement de l'ancien corps de garde, un bâtiment destiné à accueillir le Musée des voitures, dans lequel sont exposés entre autres les carrosses du Sacre de Napoléon ou la Topaze, voiture ayant servi au mariage de l'Empereur avec Marie-Louise[93]. Le bâtiment, vétuste et en mauvais état, est démoli en 1978 et les véhicules sont transférés vers les Grandes écuries[94].

Les glacières

Article détaillé : Glacières de Versailles.

La chapelle

La chapelle du petit Trianon.

La chapelle[geo 4] se situe au sud du Jardin français, entre les bâtiments des communs et le perron du Petit Trianon. Dernière construction de Gabriel au Petit Trianon, elle est achevée en 1773, pour un coût de 68 500 livres[c 51]. Elle est surmontée d'un clocheton à bulbe[f 7] et de la Croix du rédempteur.

L'intérieur, éclairé par deux fenêtres de chaque côté, est lambrissé de gris dans toute sa hauteur et son décor, de style néo-classique, est d'une extrême sobriété[c 51]. La tribune royale, ceinturée d'une balustrade et faisant face à l'autel, est supportée par quatre colonnes doriques et est directement accessible depuis le perron extérieur donnant sur le Jardin français[11].

Le maître autel est encadré de deux colonnes ioniques en bois cannelé qui supportent un petit fronton cintré figurant une gloire rayonnante sculptée par Joseph Prévôt. Se détache de ces boiseries blanches en retable un tableau du peintre Joseph-Marie Vien, représentant saint Thibaut offrant à Louis IX et Marguerite de Provence, venus en pèlerinage à l'abbaye des Vaux-de-Cernay quelque temps après leur mariage, une corbeille de lys dont les onze tiges sont prophétiques de leur future postérité[c 51]. Commandée par le Roi en 1767, la toile de 8 pieds 6 pouces de haut par 5 pieds 9 pouces de large[note 43] est réalisée en 1774 pour y être installée dans la chapelle. Une nouvelle bordure plus ouvragée est sculptée par Buteux en 1776[95].

En 1847, Louis-Philippe fait ajouter dans les niches latérales deux sculptures : l'Éducation de la Vierge par sainte Anne, réalisée par Julien Gourdel en 1844 et Jésus au jardin des oliviers, créée en 1846 par Jacques-Augustin Dieudonné[f 7].

En 1784, Marie-Antoinette commande à Robert Robin, horloger du Roi, une horloge pour orner le clocher, prétextant que « toutes les pendules du château [se sont] détraquées en même temps »[c 52]. Installée l'année suivante pour un prix de 24 000 livres, elle sonne les quarts et possède deux cadrans de tôle, l'un tourné vers le château, l'autre vers les communs. Le 14 brumaire an II, elle est démontée pour être transférée à la Convention nationale. Mais, finalement, elle est remise au Muséum national d'histoire naturelle où elle se trouve encore de nos jours[f 7], enchâssée dans le décor de boiseries de la salle des espèces menacées et des espèces disparues[96],[note 44]. Elle est classée monument historique.

Napoléon fait remplacer cette horloge par Lepaute, issu d'une grande famille d'horlogers. Manquant d'entretien depuis son installation au XIXe siècle, celle-ci est restaurée en 2004 et on y intègre un système de remontage automatique[97].

En même temps que la chapelle est créé un petit corps de logis qui abrite la sacristie et la maison du Suisse. Celui-ci est le portier du Petit Trianon, qui, seul, détient la clef du domaine et, aussi, le droit et le privilège de le faire visiter en l'absence de la Reine[98]. À côté se trouve le corps de pompiers[note 45].

En 2007, sur les conseils de Pierre-André Lablaude, la cour intérieure accolée à l'angle nord de la chapelle est transformée en patio afin de permettre un meilleur accueil des visiteurs, qui s'effectue depuis par cette « Maison du Suisse ». On pénètre ensuite dans le château par une galerie couverte à l'arrière de la salle des gardes.

Le Théâtre de Marie-Antoinette

Article détaillé : Théâtre de la Reine.

Bâti en à peine plus d'une année, le théâtre[geo 5] est réalisé par Richard Mique Une galerie en treillage, recouverte de toiles pour protéger les passants lorsque le soleil est trop ardent, le relie au Petit Trianon. L'extérieur est empreint d'austérité. Seul le fronton, représentant le Génie d'Apollon, et les deux colonnes ioniques égaient la façade. L'austérité du vestibule contraste avec le décor de la salle. De taille relativement réduite, son décor rutilant bleu et or est factice. Les stucs, les frises et les « boiseries » sont en carton-pâte, peint et doré ; les marbres sont en réalité en trompe-l'œil et les soieries sont réalisées à l'économie. La scène cependant plus vaste que la salle, dispose d'une machinerie sophistiquée pour les changements de décor. Au plafond, une copie installée en 1968 remplace la toile de Jean-Jacques Lagrenée, Apollon au milieu des Grâces et des Muses[99].

Le Jardin anglais

Contrastant en tous points avec le jardin à la française qui s'étend derrière le château de Versailles, le Jardin anglais du Petit Trianon témoigne de l'esthétique et de la pensée de la seconde moitié du XVIIIe siècle. L’œuvre végétale n'est plus disjointe de la nature, elle l'imite, la met en scène. Il n'y a plus d'un côté l'homme et de l'autre le jardin géométrique[100]. Sous l'influence d'une pensée voltairienne et athée, le jardin à l'anglaise place l'homme au centre de l'univers[101].

Vue sur le Jardin anglais depuis le premier étage du Petit Trianon.

Le Belvédère ou Pavillon du rocher

Belvédère du Petit Trianon.

Ce petit pavillon de forme octogonale, surmonté d'un dôme caché par une balustrade, se dresse sur une butte à côté du lac. Il a été édifié de 1778 à 1781[102]. Ce pavillon de musique fait partie de la série des fabriques construites par Richard Mique. Octogonal à l'extérieur, il est rond à l'intérieur. Il s'ouvre par 4 portes auxquelles on accède par 4 escaliers gardés par des paires de sphinges. Les frontons surmontant les portes, ornés des attributs de la chasse et du jardinage, alternent avec les bas-reliefs surplombant les fenêtres représentant les 4 saisons. Toute cette décoration sculptée est l'œuvre de Joseph Deschamps[103]. À l'intérieur, le décor peint fait penser à un pavillon de treillage. Le sol est quant à lui pavé de marbre, décoré d'arabesques peintes.

Le Temple de l'Amour

Article détaillé : Temple de l'Amour.
Le Temple de l'Amour.

Terminée en 1778, cette fabrique de style classique fut érigée sur un îlot de la rivière artificielle à l'est du Jardin anglais. La tholos, placée sur une plate-forme surélevée de sept marches, comprend douze colonnes corinthiennes qui supportent un dôme décoré de caissons. La sculpture au centre du temple est une copie exécutée par Louis-Philippe Mouchy, autre sculpteur du XVIIIe siècle[104], de l'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule, d'Edmé Bouchardon, statue conservée au musée du Louvre[105].

Le Hameau de la Reine

Article détaillé : Hameau de la Reine.

Pour satisfaire son goût du rustique, Marie-Antoinette désirait faire construire, comme pour le Prince de Condé à Chantilly en 1775, un petit hameau. En 1783, Richard Mique conçoit les plans d'un petit village idyllique.
Autour d'un étang artificiel, il va faire ériger douze chaumières agrémentées de potagers, de vergers, d'une ferme pour produire du lait et des œufs pour la reine et de petits jardins clos ainsi qu'un phare et un moulin. La plus importante de ces maisons est la Maison de la Reine au centre du hameau.

Le Petit Trianon et ses jardins ont été talentueusement représentés par le peintre et dessinateur Claude-Louis Châtelet, à la demande de la reine dont il était l'un des artistes favoris.

L'ancien jeu de bague chinois

Le jeu de bague chinois, inauguré au printemps 1777[13] à proximité du petit château[geo 6], était un manège surmonté d'une immense ombrelle de six mètres de diamètre[13] tournant sur un pivot[j 1]. Le mât était soutenu par trois sculptures de Chinois, en chêne des Vosges et de Hollande, et au sommet tournait une girouette ornée de deux dragons dorés. Les joueurs prenaient place sur quatre chimères à cornes de cuivre, les joueuses sur des paons[note 46], et s'amusaient à décrocher, avec des lances de cinquante centimètres de longueur, les anneaux de métal suspendus[c 53],[note 47]. Le mécanisme, mû par deux serviteurs[f 2], avait été installé dans une fosse et son entretien délicat avait été confié à l'ingénieur royal Jean-Tobie Mercklein[b 9].

En 1781, on compléta l'ensemble par une petite galerie semi-circulaire en treillage, surmontée d'un toit de pagode chinoise[note 48] et dont le salon central ovale était meublé de douze bancs de bois peint avec des dossiers à entrelacs chinois, pour le confort des spectateurs[a 4]. Lors de travaux réalisés dans le château de Gabriel l'année suivante, on créa en sous-sol une galerie qui permet un accès direct, sous le perron menant au jeu de bague à une porte placée sur le demi-palier de l'escalier central[c 36].

Ce divertissement avait des détracteurs, qui critiquaient sa « frivolité » et reprochaient l'opposition de style avec le château tout proche[b 9]. C'est sans doute aussi ce jeu qui participa aux reproches faits à la Reine lors de sa disgrâce[13].

À la Révolution, le jeu de bague fut démonté et vendu en pièces détachées pour le tiers de son prix[f 2]. Napoléon en fit réaliser une réplique assez exacte en 1810 pour sa nouvelle épouse Marie-Louise, petite-nièce de Marie-Antoinette [a 4]. On avait conservé les sculptures de Chinois, mais les animaux étaient désormais des cygnes et des aigles, oiseaux favoris de l'époque impériale. La fosse était un peu plus grande et le mécanisme plus sophistiqué. Le budget de 20 000 francs ayant été dépassé, il ne fut pas possible de rétablir la galerie de Marie-Antoinette, on installa simplement une balustrade[13].

Le jeu de bague disparut au milieu du XIXe siècle[f 2], mais la galerie de liaison avec le château a été restaurée en 2008[11]. On a planté en 1988 un tilleul, puis, huit ans plus tard, à sa place, un jeune tulipier au centre d'un cercle de gazon, pour représenter l'ancien mât et le plateau du jeu de bague[13].

La « ruine » de Trianon

L'architecte Mique reprit un projet du comte de Caraman qui avait souhaité installer une ruine sur le modèle du temple de Balbec : un édifice rectangulaire orné de vingt-quatre colonnes et de bas-reliefs, dont l'entour serait semé de débris[c 55], de tambours renversés, de fragments de corniches et d'architraves[h 5]. Un salon y serait aménagé au rez-de-chaussée, qui permettrait une vue sur le hameau[c 56] et, au-delà, le village de Saint-Antoine-du-Buisson. Cette fausse ruine, qui se serait située sur le grand rocher un peu à l'écart du hameau, au sud du bois des Onze-Arpents et à l'est du Grand lac, n'a finalement jamais été édifiée, même si on la retrouve sur certains plans de 1786-1788. Elle a néanmoins été reprise dans l'histoire des Fantômes du Trianon[107].

La porte Saint-Antoine

L'arc de triomphe de la porte Saint-Antoine.

Il existait une porte[geo 7] à l'extrémité de l'allée Saint-Antoine, qui ouvrait sur le village de Saint-Antoine-du-Buisson. Lors d'une de ses visites des travaux de construction du hameau, le roi Louis XVI trouva qu'il manquait quelque chose au tableau. Il décida d'élever un arc de triomphe[c 57] qu'il dessina lui-même[108]. Le monument fut édifié de juillet 1786 à juin 1787. Il est orné à la clef et sur ses deux faces d'une dépouille du lion de Némée qui fut tué par Hercule. Cette sculpture de Joseph Deschamps[109] est l'emblème de la force et elle est représentée dans d'autres endroits du domaine, marquant symboliquement l'entrée dans un univers dompté par les rois[j 4].

Le Petit Trianon dans la culture

Poésie

Cinéma

Annexes

Notes

  1. C'est à l'est de ce boqueteau que sera plus tard construit le hameau de la Reine.
  2. On l'aperçoit sur le plan de Delagrive de 1746.
  3. Elles sont enceintes de murs dès 1749[1], cet enclos existant encore aujourd'hui.
  4. Il était situé à la limite de la terrasse de l'actuel château du Petit Trianon[c 4].
  5. D'Argenville, dans sa description des environs de Paris, fait mention de « plantes curieuses »[g 1].
  6. Duchesne, dans la préface de son Manuel de botanique, écrit : « Les amateurs de botanique pourront connaître les 575 plantes [qu']ils pourront voir vivantes à Trianon »[3].
  7. Une partie entre le pavillon Jussieu et l'Orangerie et une autre à l'emplacement et à l'est du petit château ; voir aussi le plan de Le Rouge dressé en 1774[c 10].
  8. On rapporta de Cayenne du cacao, de la vanille et le lentillon, qui fut nommé « lentille à la reine » en hommage à Marie Leszczyńska et non à Marie-Antoinette comme il l'est parfois indiqué[c 11].
  9. Douze toises correspondent à environ 23 m.
  10. Il est aussi l'auteur des boiseries du salon de compagnie[a 1].
  11. Il est le frère de Madame de Pompadour.
  12. Sous-série O1 : [PDF] Maison du Roi.
  13. « Chapiteau de colonne corinthien ayant au tailloir quatre soleils et quatre queues de dauphin, huit tigettes et petits fleurons, huit grandes et huit moyennes masses refendues chacune en cinq grandes feuilles d'olive, avec côtes lisses en leur milieu, et riches revers en leur extrémité. » ; ces modèles sont identiques à ceux de l'aile Gabriel ou du pavillon Dufour[26].
  14. il s'agissait de deux « L » entrelacés.
  15. Maximilien en Cupidon et Ferdinand dans le rôle du jeune marié.
  16. Marie-Josèphe en Euterpe, Marie-Élisabeth en Melpomène, Marie-Amélie en Apollon et Marie-Caroline en Érato.
  17. Masson tient à la fois un billard et un jeu de paume[30]
  18. Christian Baulez évoque les difficultés à retrouver la teinte de vert bleu d'origine du tapis de pure laine vierge.
  19. On trouve aussi parfois l'expression « table mouvante »[g 2]
  20. Un système comparable installé au château de Drottningholm existe toujours, celui de La Muette a disparu, de même que celui du château de Choisy de l'ingénieur Guérin de Montpellier.
  21. « Les circonstances paraissent, Monsieur, ne pas permettre de longtemps l'exécution des deux tables mécaniques que vous avez inventées pour le nouveau Trianon. ».
  22. Il semble, d'après le procès-verbal du 13 août 1792, que la pièce d'angle ait été transformée en boudoir[c 36].
  23. Il s'agit de bleuets.
  24. On en trouve la liste complète ici.
  25. On lui doit aussi l'exécution d'un « globe terrestre et céleste » pour Louis XVI, en 1786.
  26. De 4 pieds 9 pouces de largeur par 4 pieds 5 pouces de hauteur.
  27. On trouve aussi parfois Cinyras, roi de Chypre.
  28. L'original a disparu.
  29. La commande a en réalité été passée en 1768 à Pierre, qui l'aurait cédée à Hallé, lui-même ayant échangé son sujet de la pêche avec la vendange de Doyen[c 40].
  30. Si la peinture du Bain et de Pater, sa composition est de Watteau[65].
  31. Il est aussi l'auteur de la grande porte de la Chapelle royale[67].
  32. Présenté en 1769, il a vraisemblablement été repris par l'auteur en 1782, date inscrite sur l'œuvre.
  33. Cet exemplaire a été placé au Petit Trianon en 1867, de même que le pupitre de musique de hêtre sculpté et doré qui provenait de l'hôtel Kinsky.
  34. Voir une photographie de la harpe ayant appartenu avec Marie-Antoinette qui se trouve au musée du Conservatoire national supérieur de Musique de Paris.
  35. Tissu à fines côtes transversales.
  36. Ce pavillon, construit par Chalgrin, a disparu au cours du XIXe siècle[77].
  37. Elle affirmait à tort que rien du mobilier n'avait changé de 1774 à 1789[9], ce qui doit être nuancé.
  38. Le lot est vendu 1 512 livres au citoyen Charles Hébert, ébéniste au faubourg Saint-Antoine, à Paris[81].
  39. Desjardins évoque des rebords en « marbre blanc » et des amours en « plomb doré»[c 16] !
  40. Ces vaches, arrivées avant la construction de leur étable, avaient été installées provisoirement dans une cuisine[85].
  41. Ce sont aujourd'hui les toilettes des visiteurs.
  42. Jouet succéda à Duchesne en 1814 puis Goupy jusqu'à sa mort en 1832[90].
  43. 383 cm par 180 cm.
  44. On en trouve une photo ici
  45. On les appelait alors les « ouvriers de veille »[c 48].
  46. Il a pu s'agir d'hippogriffes[106].
  47. Les douze lances de bois garnies de pointes de cuivre et les quatre-vingt-quatre anneaux de laiton étaient conservés dans deux coffrets de peau noire à l'extérieur et rouge à l'intérieur, les dragons étaient protégés par des housses de toile garnie de « frange, gland, filet, houpe et jasmin » et les paons étaient recouverts de « drap écarlate et blanc »[13].
  48. « en écailles de poissons, avec des dragons aux angles, des dauphins sur les arêtes, des girouettes au sommet. Des guirlandes, des glands, des clochettes pendaient de toutes parts. Les couleurs étaient les plus éclatantes »[c 54].

Géolocalisation

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

  • Pierre Arizzoli-Clémentel, L'Album de Marie-Antoinette : Vues et plans du Petit Trianon à Versailles, Alain de Gourcuff, 2008, 112 p. (ISBN 978-2-35340-042-3)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  1. a, b et c Arrizoli, p. 41
  2. Arrizoli, p. 9
  3. Arrizoli, p. 31
  4. a et b Arrizoli, p. 49
  • Christian Duvernois (ill. François Halard), Trianon : le domaine privé de Marie-Antoinette, Actes Sud, 2008, 224 p. (ISBN 978-2742778386)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  1. a, b, c et d Duvernois, p. 14
  2. a et b Duvernois, p. 16
  3. a et b Duvernois, p. 12
  4. a et b Duvernois, p. 24
  5. Duvernois, p. 31
  6. a et b Duvernois, p. 43
  7. Duvernois, p. 44
  8. Duvernois, p. 18
  9. a et b Duvernois, p. 30
  • Gustave Desjardins, Le Petit Trianon : Histoire et description, Versailles, L. Bernard, 1885, 470 p. [lire en ligne]  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  1. Desjardins, p. 8
  2. a et b Desjardins, p. 3
  3. a et b Desjardins, p. 11
  4. a, b et c Desjardins, p. 4
  5. Desjardins, p. 10–11
  6. Desjardins, p. 13
  7. Desjardins, p. 14
  8. Desjardins, p. 18
  9. Desjardins, p. 9
  10. a, b, c, d et e Desjardins, Planche VI
  11. Desjardins, p. 23
  12. Desjardins, p. 22–23
  13. Desjardins, p. 27
  14. a et b Desjardins, p. 28
  15. Desjardins, p. 36
  16. a, b et c Desjardins, p. 38
  17. Desjardins, p. 48
  18. a et b Desjardins, p. 56
  19. Desjardins, p. 55
  20. Desjardins, p. 59
  21. Desjardins, p. 61
  22. Desjardins, p. 63
  23. Desjardins, Planche X
  24. Desjardins, p. 71
  25. a et b Desjardins, p. 76
  26. Desjardins, p. 81–86
  27. Desjardins, p. 90
  28. Desjardins, p. 92
  29. Desjardins, p. 102
  30. Desjardins, p. 196
  31. Desjardins, p. 197
  32. a et b Desjardins, p. 107
  33. Desjardins, p. 108
  34. a, b, c, d, e, f et g Desjardins, p. 29
  35. Desjardins, p. 103
  36. a, b et c Desjardins, p. 190
  37. a et b Desjardins, Planche VII
  38. a, b et c Desjardins, p. 133
  39. Desjardins, p. 30
  40. a et b Desjardins, p. 31
  41. Desjardins, p. 40
  42. Desjardins, p. 411
  43. Desjardins, p. 32
  44. Desjardins, p. 1
  45. Desjardins, Planche IV
  46. Desjardins, p. 7
  47. a et b Desjardins, p. 35
  48. a et b Desjardins, Planche XII
  49. Desjardins, p. 185
  50. Desjardins, p. 184
  51. a, b et c Desjardins, p. 37
  52. Desjardins, p. 267
  53. Desjardins, p. 76–78
  54. Desjardins, p. 224
  55. Desjardins, p. 90
  56. Desjardins, p. 246
  57. Desjardins, p. 324
  • Élisabeth Reynaud, Le Petit Trianon et Marie-Antoinette, Éditions Télémaque, 2010, 288 p. (ISBN 978-2-7533-0105-4) 
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  1. Rey, p. 23
  2. Rey, p. 30
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  • Christian Baulez, Visite du Petit Trianon et du Hameau de la Reine, Paris, Éditions Art Lys, 1996, 55 p. (ISBN 978-2-85495-078-6) 
  1. a et b Baulez, p. 8
  2. a, b, c et d Baulez, p. 40
  3. a et b Baulez, p. 28
  4. a et b Baulez, p. 15
  5. a et b Baulez, p. 36
  6. Baulez, p. 54
  7. a, b et c Baulez, p. 13
  • Antoine d'Argenville, Voyage pittoresque des environs de Paris : ou description des maisons royales, châteaux et autres lieux de plaisance, situés à quinze lieues aux environs de cette ville, Paris, Librairie De Bure père, 1768, 468 p. [lire en ligne], p. 161–164 
  1. d'Argenville, p. 164
  2. a et b d'Argenville, p. 162
  3. a et b d'Argenville, p. 163
  • Georges Gromort, Le Hameau de Trianon : Histoire et description, Paris, Vincent, Fréal et Cie, 1928, 123 p. 
  1. Gromort, p. 21
  2. Gromort, p. 26
  3. Gromort, p. 32
  4. Gromort, p. 25
  5. a et b Gromort, p. 36
  6. Gromort, p. 40
  • Pierre de Nolhac, Le Trianon de Marie-Antoinette, Paris, Calmann-Lévy, 1913, 315 p. 
  1. Nolhac, p. 47
  2. Nolhac, p. 57
  3. Nolhac, p. 59
  4. Nolhac, p. 60–61
  5. Nolhac, p. 67
  6. Nolhac, p. 45
  • Nicolas Jacquet, Versailles secret et insolite : Une journée avec Marie-Antoinette, Parigramme, 2011 (ISBN 978-2-84096-664-7) 
  1. a et b Jacquet, p. 192
  2. Jacquet, p. 182
  3. Jacquet, p. 181
  4. Jacquet, p. 164

Autres sources

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  46. Notice no 000PE011720, sur la base Joconde, ministère de la Culture
  47. Notice no 000PE011235, sur la base Joconde, ministère de la Culture
  48. Notice no 000PE011233, sur la base Joconde, ministère de la Culture
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  61. a, b et c Eudore Soulié, Notice des peintures et sculptures composant le Musée Impérial de Versailles : Petit Trianon, vol. II, Versailles, Imprimerie de Montalant-Bougleux, 1855 [lire en ligne], p. 32 
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  63. Notice no 000PE013375, sur la base Joconde, ministère de la Culture
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  68. Pierre Arizzoli-Clémentel, « Marie-Antoinette : exposition, Galeries nationales du Grand Palais, Paris, 15 mars–30 juin 2008 », Réunion des musées nationaux, p. 224.
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  100. Jacques Barou, Patrick Prado, Les Anglais dans nos campagnes, Éditions L'Harmattan, 1995, p. 67
  101. Pierre-André Lablaude, Les jardins de Versailles, Scala, 1995, (ISBN 2-86656-173-2), p. 157
  102. Le patrimoine des communes des Yvelines, tome II, collection Le patrimoine des communes de France, Flohic Éditions, 2000 (ISBN 2842340701), p.1088.
  103. Béatrix Saule, « Le Belvédère », Introduction et Détail des sculptures sur le site Versailles, décor sculpté extérieur, 2005.
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  105. Musée du Louvre, L'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule. Page consultée le 5 janvier 2010.
  106. Mathurin de Lescure, Le palais de Trianon : Histoire - Description - Catalogue des objets exposés, Paris, Henri Plon, 1867, 248 p. [lire en ligne], p. 107 
  107. Jean Sénelier, Le mystère du Petit Trianon, une vision dans l'espace-temps, documents inédits, éditions Belisane, 1997, traduction de An Adventure (1911).
  108. Albert Savine et François Bournand, Les jours de Trianon, 1908, p. 6, lire en ligne
  109. Béatrix Saule, « Deux dépouilles de lion », sur le site Versailles, décor sculpté extérieur, 2005.

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