- Restauration (histoire de France)
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Pour les articles homonymes, voir Restauration.
Royaume de France
Restauration bourbonienneDrapeau et armoiries
Hymne : Le Retour des Princes Français à Paris
Informations générales Statut Monarchie Capitale Paris Langue Français Histoire et évènements 6 avril 1814 Création 2 août 1830 Renversement de Charles X Roi (1e) 1814-1824 Louis XVIII (2e) 1824-1830 Charles X 2/08/1830 (20 minutes) Louis XIX 2/08/1830-7/08/1830 Henri V Entités précédentes :
Entités suivantes :
La Restauration est une période de l'histoire de France comprise entre la chute du Premier Empire le 6 avril 1814 et la révolution des Trois Glorieuses du 29 juillet 1830. La Restauration consiste en un retour à la souveraineté monarchique, exercée dans le cadre d'une monarchie limitée par la Charte de 1814, sous les règnes de Louis XVIII et Charles X, frères de Louis XVI.
Cette période est entrecoupée par les Cent-Jours du 20 mars au 22 juin 1815 pendant lesquels Napoléon reprit le pouvoir[1]. Cet intermède permet de distinguer la Première Restauration de la Seconde Restauration. Elle est suivie par la Monarchie de Juillet de 1830 à 1848, également limitée par la nouvelle Charte de 1830, sous le règne de Louis-Philippe Ier, issu de la branche cadette des Bourbons (les Orléans).
Cette période de restauration de la monarchie permet d'expérimenter les débuts du parlementarisme et de préserver quelques acquis de la Révolution française.
La période voit donc l'expérience d'une monarchie constitutionnelle, avec une période relative de paix dans un contexte international troublé. La Révolution industrielle provoque des bouleversements économiques et sociaux profonds. La politique ministérielle s'en ressent.
En politique intérieure, c'est un retour monarchique mais sous l'influence d'une vraie vie parlementaire, qui est marquée d'une oscillation entre Ultra-royalistes et libéraux.
Sommaire
Origine
Depuis la catastrophique campagne de Russie, en novembre 1812, l'Empire était fragile. Suite à la campagne d'Allemagne en 1813, et plus spécialement la défaite de Leipzig, le 15 octobre, la chute apparaissait inévitable. L'Empire capitule après la campagne de France, alors que Paris est occupée par les troupes alliées de la coalition[2]. Le Sénat français et le Corps législatif déclarent la déchéance de l'empereur le 2 avril et demandent à Louis XVIII (frère de Louis XVI), alors émigré en Angleterre, de monter sur le trône[3]. Napoléon signe son abdication le 6 avril 1814 à Fontainebleau.
Les Alliés ne souhaitaient pas, toutefois, restaurer la monarchie absolue d'avant 1789, mais estimaient nécessaire la promulgation d'une constitution. La commission chargée de préparer le projet s'inspira des constitutions françaises de 1791 et de 1795, ainsi que des institutions britanniques. Pour la première fois en France, un régime parlementaire serait mis en place, puisqu'il était prévu que les ministres devaient appartenir aux chambres et être responsables devant elles. Le projet constitutionnel mis en place par le sénat est cependant écarté, le roi promet une charte constitutionnelle[3].
En mai, la paix est conclue avec les Alliés : c'est le premier Traité de Paris qui rétablit la France dans ses frontières de 1792[3].
N.B.: Louis XVIII hérite de la couronne de France en 1795, à la mort de Louis XVII, seul fils de Louis XVI (1754-1793). Son règne effectif ne débute que lors de la Restauration, en 1814.
Première restauration 1814-1815
Article détaillé : Première Restauration.Octroyée le 4 juin 1814 par Louis XVIII à ses sujets, la Charte de 1814 est le réel signal d'une Restauration effective et elle est acceptée.
Cette charte allie certaines idées modérées de la Révolution à des éléments modérés des traditions monarchiques retrouvées, ce qui suscite le consensus. Louis XVIII réussit à revenir sur le trône. Mais le pays reste agité, et la légitimité d'une royauté disparue depuis vingt-deux ans demeure fragile.
Les Cent-Jours
Article détaillé : Cent-jours.Le 1er mars 1815, face au retour de Napoléon Ier (Les Cent-Jours), Louis XVIII doit fuir à Gand et quitter les commandes du royaume. Mais la défaite de Napoléon à la bataille de Waterloo (Belgique), le 18 juin 1815, oblige celui-ci à abdiquer une seconde fois le 22 juin, et permet le retour définitif de la Restauration et de Louis XVIII, le 8 juillet 1815[1].
- Voir également : traité de Chaumont, Congrès de Vienne, Sainte-Alliance
Seconde Restauration
Article détaillé : Seconde Restauration.Permise par la deuxième chute de Napoléon à la fin des Cent-Jours (22 juin), la seconde Restauration débute avec le retour de Louis XVIII le 8 juillet 1815. Elle se subdivise en deux règnes : celui, mesuré, de Louis XVIII jusqu'au 16 septembre 1824, puis celui de son frère Charles X, règne plus « passionné », où l'opposition libérale mène malgré elle à la révolution de 1830, aussi dite des Trois Glorieuses, et à l'abdication du 2 août 1830[4].
La Restauration est le début d'une profonde modification de l'économie française : les manufactures se transforment peu à peu en usines, de nouvelles techniques permettent de produire de l'acier et des habits (métier à tisser), en plus grande quantité et plus rapidement. Le chemin de fer, qui va bientôt apparaître, permet le transport rapide de biens et de personnes. La toute jeune industrie française se concentre pour l'essentiel à Paris et fait affluer d'énormes masses de paysans vers les villes comme ouvriers, d'autant que les travaux agricoles se mécanisent. Tandis qu'une classe ouvrière se développe, les marchands qui investissent dans l'industrie s'enrichissent, mais un manque de matière première se fait déjà sentir (colonie).
La France sous les Bourbons restaurés
Oscillations parlementaires
Articles détaillés : politique sous la Restauration et partis politiques sous la Restauration.La Chambre des députés de cette période oscille entre phases ultras et phases libérales, respectivement récessives et progressives.
Les opposants au régime monarchique sont quasi absents de la scène politique, du fait de la répression de la Terreur blanche. À la chute de l'Empire, on ne peut être qu'un politicien royaliste. Dans ce monde politique uniformément uni derrière son roi, qu'il faut encore défendre face à la menace de populations et corps d'armée parfois nostalgiques de l'Empire, seuls des courants d'influence et des visions différentes de ce que doit être la monarchie constitutionnelle française s'affrontent.
Les alternances de politiques de la Chambre sont dues à des abus de la tendance majoritaire (ensuite: dissolution et inversion de la majorité) ou à des évènements critiques (1820 : assassinat du duc de Berry).
Les ultras prennent d'abord le pouvoir à la Chambre. Ayant récemment restauré la monarchie, ils en sont de farouches défenseurs et ont pour volonté d'augmenter le pouvoir royal. La crise des Cent-Jours et leur retour en « Chambre introuvable » les amènera à une certaine hystérie (la terreur légale) menaçante pour la stabilité du royaume. Louis XVIII est obligé en 1816 de dissoudre cette assemblée trop excessive, qui lui demande de plus en plus de pouvoir. Il conservera néanmoins ses ministres.
Les libéraux, davantage enclins à un compromis entre liberté moderne et ordre d'Ancien Régime, gagnent les élections. Ils font cesser la terreur légale et établissent des lois plus libérales (Loi Lainé, Loi Gouvion Saint-Cyr, Loi Serre), mais l'assassinat du duc de Berry, neveu et éventuel héritier de Louis XVIII, est considéré comme ayant été le fruit de trop de libéralisme.
La Chambre devient alors très conservatrice et vote dans la foulée une série de lois antilibérales (Loi de suspension des libertés individuelles, Loi sur la presse, Loi du double vote). L'expédition d'Espagne et sa réussite surprise mais complète, fin 1823, permet une dissolution et le retour des ultras et de nouvelles lois (Loi du sacrilège, Loi du milliard des émigrés). Mais cette Chambre, qui se renouvelle en partie tous les ans, devient progressivement plus libérale (rejet de la Loi d'Aînesse, Loi sur la presse, abolissant la censure).
La Chambre entre alors en opposition avec les ministères de Charles X dès 1827. Les parlementaires deviennent de plus en plus critiques envers le roi qui, malgré une Chambre évoluant vers les libéraux, insiste pour conserver des ministres plus ultras. La Chambre augmente son opposition. Excédé par les prétentions de celle-ci, Charles X se décide à un coup de force en imposant le ministère Polignac, un ultra notoire . C'est de ce ministère et de l'agitation du Parlement que, de proche en proche, la Révolution de Juillet va naître.
Politique extérieure sous les Restaurations
Articles détaillés : Politique extérieure française de 1814 à 1914, Politique internationale française en 1815 et Politique internationale française sous la Restauration.La période de la Restauration propose d'abord une politique d'influence, puis d'expéditions et d'exploits brefs, dans le cadre strict de l'Ordre de Vienne (Expédition d'Espagne, Grèce). Ces actions sont davantage poussées par la nécessité réfléchie de se réaffirmer face à l'Europe qu'à de réels objectifs nationaux dont elle n'a pas les moyens. L'opinion publique, quoi qu'elle en dise, ne participe heureusement pas, et il paraît évident que la France ne pouvait agir librement en 1830.
Et même si déjà l'année 1830, par la Campagne d'Algérie (Charles X) et la reconnaissance de la neutralité belge (Louis-Philippe) lui permet l'audace d'aller respectivement à l'encontre de l'Angleterre coloniale, et à l'encontre de l'Ordre de Vienne, cette audace se range du côté de la neutralité.
Chute de la Restauration
Face à l'opposition parlementaire croissante, libérale, Charles X abandonne finalement sa modération et défait le ministère semi-libéral Martignac pour imposer le ministère Polignac, ultra. Ce coup de force maladroit ainsi que les maladresses du prince de Polignac vont accroître la vaillance de l'opposition. Dès l'ouverture de la session parlementaire de 1830, l'adresse des 221 dénonce le choix du ministère Polignac. Charles X contre-attaque finalement par la dissolution du 16 mai 1830. Mais les 221 députés libéraux sont élevés à 274. Le roi envisage de plus en plus un nouveau et décisif coup de force, afin de réduire cette élite trop gourmande, et ramener l'ordre politique sous son commandement légitime. Aussi, par ses quatre ordonnances de Saint Cloud il dissout une seconde fois l'assemblée, et impose de nouvelles règles électorales.
C'est ici que le renversement de régime se joue. Les libéraux, se sentant rejetés de la sphère du pouvoir, doivent agir sur l'instant et ils encouragent à la révolte : c'est la Révolution de Juillet. Le peuple parisien est exhorté à se soulever et les républicains surgissent et encouragent à prendre les armes. En trois jours, du 27 au 29 juillet, ces Trois Glorieuses renversent le régime, la royauté de Charles X et les Bourbons[5].
Charles X abdique le 2 août 1830, suivit par son fils Louis XIX qui devient roi de France pendant vingt minutes. Âgé de dix ans, Henri d'Artois, petit-fils de Charles X, devient roi de France après l'abdication de son oncle.
Après une période d'hésitation où l'influence des républicains et celle des libéraux orléanistes s'affrontent, la Monarchie de Juillet (1830-1848) est finalement acceptée[5] et remplace Henri V non pas comme roi de France mais roi des Français.
Notes et références
- (fr)LES CENT JOURS (20 MARS 1815 – 8 JUILLET 1815) sur napoleonbonaparte.wordpress.com. Consulté le 13 octobre2010.
- (fr)Contexte historique - La chute et l’exil de Napoléon sur www.histoire-image.org. Consulté le 13 octobre2010.
- (fr)Restauration de 1814 à 1830 sur .museehistoiredefrance.fr. Consulté le 13 octobre2010.
- (fr)Les derniers Bourbons (1815 - 1830) - CHAPITRE PREMIER : Louis XVIII (1815 à 1824) - II : La seconde restauration (1815 à 1816) sur www.histoire-fr.com. Consulté le 13 octobre2010.
- (fr)Des Trois Glorieuses à la Troisième République sur www.musee-orsay.fr. Consulté le 13 octobre2010.
Voir aussi
Liens internes
- Royaume de France
- Première Restauration
- Seconde Restauration
- Régime électoral français de 1789 à 1830
- Chronologie de la France sous la Restauration (1814-1830)
Bibliographie
Ouvrages classiques
- Alphonse de Lamartine a écrit une Histoire de la Restauration en 8 volumes
- Achille Tenaille de Vaulabelle, Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, de janvier 1813 à octobre 1830, 1874, 7 à 10 vol. selon l'édition, Garnier frères, Paris
Ouvrages récents
- Guillaume de Bertier de Sauvigny, Alfred Fierro, Bibliographie critique des mémoires sur la Restauration écrits ou traduits en français, Bibliothèque nationale, Paris, 1988.
- Éric Le Nabour, Les deux Restaurations, Tallandier, Paris, 1992.
- Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, Histoire de la Restauration (1814-1830) : naissance de la France moderne, Perrin, Paris, 1996. Réédité en format de poche avec mise à jour de la bibliographie, Perrin, Paris, 2002. (ISBN 2-26201-901-0).
- Jean-Yves Mollier, Martine Reid et Jean-Claude Yon (dir.), Repenser la Restauration, Nouveau monde, 2005. (ISBN 2-84736-106-5).
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