- Temple de l'Amour
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Le Temple de l’Amour est une fabrique de style néoclassique[1], érigée en 1778 sur un îlot de la rivière artificielle à l'est du jardin anglais du Petit Trianon, dans le parc du château de Versailles, dans les Yvelines, en France.
Description et historique
Le temple bâti en marbre, sur le modèle romain de Vesta, par l'architecte Richard Mique fut terminé en 1778[1], son inauguration ayant donné lieu à une fête brillante le 3 septembre 1778[2]. Marie-Antoinette pouvait apercevoir ce temple des fenêtres de sa chambre du Petit Trianon[1], mais aussi de celles du roi à l'attique[3].
La tholos, placée sur une plate-forme surélevée de sept marches, comprend douze colonnes corinthiennes d'albâtre qui supportent un dôme décoré de caissons en pierre de Conflans[5]. Des sculptures de Joseph Deschamps, qui avait aussi réalisé les modèles préparatoires de cire, de plâtre et de bois[6], ornent les chapiteaux des colonnes[1]. Le trophée central de six pieds de diamètre est encadré d'une tore de fleurs et composé des attributs de l'Amour : « couronnes de roses, carquois, brandons, flèches liées de rubans et enlacées de roses et de feuilles d'olivier »[6]. Le sol est en marbre blanc veiné, à compartiments bordés de rouge, les entrecolonnements étant encastrés de bandes de marbre de Flandre.
Deschamps proposa de réaliser pour le centre de l'édifice la statue d'un Amour. Mais on se décida pour une statue d'Edmé Bouchardon : l'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule. Cette œuvre, commandée en 1738 par Philibert Orry, directeur des Bâtiments du roi Louis XV, et destinée à être placée dans le salon d'Hercule, était sans doute trop novatrice pour l'époque[7]. La « nudité et la sensualité adolescente » imposèrent le transfert de la statue vers l'orangerie du château de Choisy[8]. Madame de Pompadour en fit cependant réaliser une copie pour son château de Bellevue, que « Mesdames Tantes »[9] s'empressèrent de faire disparaître en 1774[8].
La sculpture au centre du temple est en fait aussi une copie, qui fut commandée à un autre sculpteur, Louis-Philippe Mouchy, en septembre 1778, et exécutée en 1780[10]. Elle fut envoyée, à la Révolution, au « Musée spécial de l'École française »[11], puis à l'orangerie du château de Saint-Cloud, avant de reprendre sa place au centre du temple de l'Amour en 1816[10]. L'original fut transféré au palais du Louvre sur ordre de la Reine Marie-Antoinette[8], où il est aujourd'hui conservé[7],[1],[12].
On planta en 1778 sur l'île autour du temple des « pommiers-paradis et rosiers pelote-de-neige » qui prodiguaient des effluves parfumés[6]. Ces plantations n'ont pas été restituées de nos jours.
Il fut le cadre de nombreuses fêtes nocturnes qui l'abîmèrent peu à peu[3]. Le sol fut restauré à la fin du XIXe siècle. Une restauration complète, incluant une consolidation des colonnes, fut réalisée en 2005-2006[3].
Galerie
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Dessin du XIXe siècle (collection Destailleur)
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Photo d'Eugène Atget (1923)
Notes et références
- domaine de Marie-Antoinette », Le Jardin anglais. Page consultée le 5 juillet 2011 Château de Versailles, « Le
- Georges Gromort, Le Hameau de Trianon : Histoire et description, Paris, Vincent, Fréal et Cie, 1928, 123 p., p. 38
- Pierre Arizzoli-Clémentel, L'Album de Marie-Antoinette : Vues et plans du Petit Trianon à Versailles, Alain de Gourcuff, 2008, 112 p. (ISBN 978-2-35340-042-3), p. 81
- Pierre Thomas Nicolas Hurtaut et Magny, Dictionnaire historique de la ville Paris et de ses environs, t. II, Versailles, Moutard, 1779, 792 p. [lire en ligne], p. 752.
- Herblay », mais que l'architecte Nicolas le Noir qui en a ordonné l'extraction demeurait à Conflans[4]. Il semble en fait qu'il s'agisse plutôt de « pierre d'
- Gustave Desjardins, Le Petit Trianon : Histoire et description, Versailles, L. Bernard, 1885, 470 p. [lire en ligne], p. 106-107
- « L'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule », notice de Valérie Montalbetti. Musée du Louvre,
- Nicolas Jacquet, Versailles secret et insolite : Une journée avec Marie-Antoinette, Parigramme, 2011, 208 p. (ISBN 978-2-84096-664-7), p. 186
- Louis XV : Adélaïde, Victoire et Sophie. Les filles de
- Léon Rey, Le Petit Trianon et le hameau de Marie-Antoinette, Paris, Pierre Vorms, 1936, 84 p., p. 36.
- « 1797 Création du musée spécial de l’Ecole française », sur chateauversailles.fr.
- L'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule, salle 23 du Musée du Louvre, sur Commons
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