Jacques Necker

Jacques Necker
Jacques Necker
Portrait de Jacques Necker par Joseph Siffred Duplessis, Château de Versailles
Portrait de Jacques Necker par Joseph Siffred Duplessis, Château de Versailles

Naissance 30 septembre 1732
Coat of Arms of Geneva.svg République de Genève
Décès 9 avril 1804 (à 71 ans)
Flag of Switzerland.svg Coppet, Suisse
Pays de résidence Royal Standard of the Kingdom of France.svg Paris, France de 1748 à 1790
Profession Banquier
Autres activités Ministre sous Louis XVI
Ascendants Charles Frédéric Necker et Jeanne Gautier
Conjoint Suzanne Curchod
Enfant Madame de Staël

Jacques Necker [nekʁ] (et non [nekeʁ]) (30 septembre 1732 à Genève - 9 avril 1804 à Coppet en Suisse) est un financier et homme politique genevois du XVIIIe siècle.

Après avoir fait fortune comme banquier à Paris et suite au succès de ses essais en matière de politique économique, il est nommé par le roi Louis XVI comme directeur général du Trésor royal en 1776, puis des Finances, poste auquel il modernise l'organisation économique du royaume en s'opposant au libéralisme de ses prédécesseurs. Renvoyé en mai 1781, il est rappelé en août 1788 avec le titre de ministre d'État du fait du soutien indéfectible de l'opinion publique, et convoque les États généraux en obtenant le doublement du tiers état. Il pose sa démission le 11 juillet 1789, il retrouve sa fonction après la prise de la Bastille pour apaiser les révolutionnaires, mais, en opposition avec les volontés de l'Assemblée nationale, démissionne encore en septembre 1790.

Sommaire

Biographie

Les débuts de banquier

Jacques Necker est le deuxième fils de Charles Frédéric Necker, avocat à Custrin, en Brandebourg, devenu citoyen de la République de Genève le 28 janvier 1726, et de sa femme née Jeanne Gautier, fille du premier syndic Gautier.

Il entreprend une carrière dans la banque Thellusson et Vernet il débute comme simple commis à Genève tout dabord, puis à Paris, il arrive en 1748[1] et tient les livres de compte. Il révèle toutes ses compétences lorsquun jour il remplace le premier commis chargé de négociations à la bourse lors dune opération majeure. Il la mène à bon terme, séloignant même des instructions laissées, et procure à la maison de banque un bénéfice de 500 000 livres. Ce jour- il acquiert la confiance des banquiers Thellusson et Vernet dont il devient lassocié en 1756 au sein de la banque Thellusson, Vernet et Necker.

En 1762, Georges-Tobie de Thellusson lui propose de devenir son associé pour moitié, après le départ de son oncle Isaac Vernet. Ils créent ainsi la banque Thellusson, Necker & Cie, qui gèrera les dépôts et comptes courants denviron 350 clients étrangers, pour la plupart engagés dans les emprunts de la monarchie française. Ils font rapidement fortune en spéculant sur les effets du Trésor français et sur les fonds anglais au moment de la paix de 1763, dont ils ont été instruits davance, en spéculant sur les blés et en prêtant au Trésor public. Syndic de la Compagnie des Indes, il est lartisan de sa renaissance (1764), mais ne peut empêcher sa dissolution en 1770, sous le coup des brutales attaques de son ennemi personnel, Morellet. Il profite aussi des conseils et du réseau du banquier suisse Isaac Panchaud, créateur en 1777 de la Caisse d'Escompte, ancêtre de la banque de France.

À plusieurs reprises, notamment en 1772, Necker avance des sommes importantes au Trésor royal, ce qui lui vaut dêtre remarqué par Choiseul et par labbé Terray.

Jugeant avoir suffisamment fait fortune et ayant dautres ambitions, Jacques Necker se retire en 1772, cédant toutes ses affaires à son frère Louis, connu sous le nom de M. de Germany, et associé de Girardot. Sa réussite éclatante comme banquier lui a permis daccumuler en peu de temps une notoriété et une fortune considérable[2].

Larrivée au pouvoir

Mme Necker, née Suzanne Curchod.

En 1764, Necker épouse une fille de pasteur, Suzanne Curchod, qui aura sur lui un grand ascendant. De cette union naîtra Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein (1766-1817), écrivaine connue sous le nom de Mme de Staël.

Nommé ministre de la République de Genève à Paris (1768), Necker songe à se consacrer à la politique, encouragé en cela par sa femme. Après son retrait des affaires, il publie un Éloge de Colbert (1773), couronné par lAcadémie française, dans lequel il dresse un portrait du ministre idéal lon peut sans peine le reconnaître. Il se présente comme un pragmatique, un esprit « moelleux et flexible », à la différence du contrôleur général des finances, Turgot, type même du doctrinaire. Symbole de linterventionnisme économique de lÉtat, Colbert est en outre lantithèse de Turgot, apôtre du libéralisme économique.

A priori, pourtant, rien ne prédispose Necker à exercer en France des fonctions de gouvernement : protestant, laccès au Conseil du roi lui est ipso facto fermé ; il na aucune expérience du gouvernement et de ladministration royale, et ne connaît de la Cour que ce quil a pu en voir dans ses fonctions de résident de Genève ; enfin, ne lisant guère, il ne connaît pas même lhistoire de France et son organisation politique et administrative.

Pourtant, un véritable mouvement dopinion va se produire en faveur de Necker. Le 19 avril 1775, il publie son Essai sur la législation et le commerce de grains, dans lequel il dénonce la liberté du commerce des grains, préconisée par les physiocrates, au premier rang desquels Morellet et Turgot. Énorme succès de librairie, louvrage paraît au moment ce dernier doit faire face à la « guerre des farines », violentes émeutes provoquées par sa politique libérale qui facilita les opérations des spéculateurs.

Lascension de Necker est soutenue activement par les habitués du salon de Mme Necker et, plus largement, par le parti philosophique dont Necker a embrassé plusieurs des doctrines : dans lÉloge de Colbert, il a vivement critiqué la propriété quil accuse, dans la ligne de Rousseau, dêtre non un droit naturel mais une « loi des hommes » fondée sur un « traité de force et de contrainte » ; de même, cest par son rôle social quil justifie la religion, ne reconnaissant la nécessité de la morale que « pour contenir le peuple » et la supériorité de la morale chrétienne que parce quelle est « la seule qui puisse persuader avec célérité parce quelle émeut en même temps quelle éclaire »[3].

Necker est, en outre, appuyé auprès de Maurepas, principal conseiller de Louis XVI, par le marquis de Pezay, amant de Mme de Montbarrey, amie intime de Mme de Maurepas, et par la cousine du ministre, la duchesse dEnville.

Le premier ministère de Necker (1776-1781)

Le décès en charge du contrôleur général Clugny de Nuits, qui a succédé à Turgot, donne à Necker loccasion daccéder au gouvernement. Protestant, il ne peut être nommé contrôleur général des finances car cette fonction emporte de droit laccès au Conseil. Le 22 octobre 1776, à quarante-quatre ans, il est donc nommé conseiller des Finances et « directeur général du Trésor royal ». Le 21 octobre, un maître des requêtes effacé, Louis Gabriel Taboureau des Réaux, est officiellement nommé contrôleur général, mais en pratique, cest Necker qui exerce la réalité du pouvoir. Taboureau des Réaux, après plusieurs tentatives de démission, finit dailleurs par partir le 29 juin 1777 sans être remplacé : pour mieux marquer son importance, Necker reçoit alors le titre de « directeur général des Finances »[4].

Arrivé au ministère, Necker engage immédiatement dimportantes réformes, mais de manière beaucoup moins brutale et précipitée que Turgot. Ces réformes se situent à la fois sur le plan administratif, sur le plan social et sur le plan financier.

Les réformes administratives

Jacques Necker

Sur le plan administratif, Necker renforce le pouvoir du contrôle général des finances et le fonctionnarise : il supprime les six offices dintendant des finances et les intendants du commerce[5], les 48 receveurs généraux des finances établis dans les généralités[6] et 27 trésoriers généraux[7] et contrôleurs généraux de la Guerre et de la Marine (novembre 1778). À la place de ces officiers inamovibles et rémunérés sur commission sont installés des employés révocables et percevant un traitement fixe[8].

Il réduit la compétence de la ferme générale à la gabelle, au tabac, aux droits des traites et des entrées de Paris, et réduit de 60 à 40 le nombre des fermiers généraux. La perception des droits daides relève désormais dune Régie générale et celle des droits domaniaux dune Administration générale des domaines, dirigées par des administrateurs à traitement fixe.

Tout en renforçant le pouvoir de ladministration, Necker sefforce parallèlement den diminuer larbitraire. Il crée un Comité contentieux des finances pour préparer les arrêts de finances, qui, quoique présentés sous le couvert darrêts du Conseil, avaient depuis longtemps cessé de faire lobjet dune délibération collective et étaient en réalité lœuvre des intendants des finances. La déclaration royale du 13 février 1780 pose par ailleurs le principe que les brevets des tailles ne pourront plus être augmentés que par lettres patentes, enregistrées en parlement, et non plus par de simples arrêts du Conseil. De même, dans un esprit dapaisement vis-à-vis des parlements, il décide, sans aller jusquà revenir sur le principe de la vérification des déclarations de revenus du vingtième et sur celui de la mutabilité des cotes, que les vérifications nauront lieu que tous les vingt ans[9].

Afin de limiter le pouvoir extra-judiciaire des parlements, tout comme celui des intendants, Necker crée des assemblées provinciales dont il expose le principe dans son Mémoire au Roi sur létablissement des administrations provinciales (1776). À la différence de celles que Turgot avait imaginées, ces assemblées reposent sur la distinction des trois ordres. Elles ont compétence pour répartir et lever les impôts, diriger la construction des routes et faire au Roi des représentations en vue du bien de la province. Quatre sont établies, dont les deux premières commencent aussitôt à fonctionner : Berry, Haute-Guyenne, Dauphiné et Bourbonnais.

Necker cherche enfin à introduire de la transparence dans le fonctionnement de lÉtat. Il publie dans cet esprit en janvier 1781 son Compte-rendu au Roi, dans lequel il détaille le fonctionnement des finances royales, les principes de son administration et la situation financière du pays.

Les mesures sociales

Necker a une conception active du rôle de lÉtat dans le domaine économique et social, qui le rattache directement à Colbert. Il ne croit pas que le laissez-faire économique puisse spontanément créer le bien des citoyens. Pour conforter léquilibre de la société, lÉtat doit exercer pleinement sa fonction dassistance : « Cest au gouvernement, interprète et dépositaire de lharmonie sociale, cest à lui de faire pour cette classe déshéritée tout ce que lordre et la justice permettent. »

Il met en place une commission des hôpitaux de Paris et une commission de réforme des prisons. Celles-ci jettent les bases de réformes ambitieuses de ces institutions, qui reçoivent un début de mise en œuvre : destruction des prisons du For-l'Évêque et du Petit Châtelet à Paris ; construction dune nouvelle prison réservée aux prisonniers pour dettes rue du Roi-de-Sicile ; création fin 1778 du nouvel hospice des paroisses Saint-Sulpice et du Gros-Caillou, grâce à la générosité de Mme Necker.

En 1779, Necker abolit la mainmorte dans les domaines du Roi et les domaines engagés. Un édit de 1780 autorise les hôpitaux à vendre leurs biens immobiliers et les invite à placer leurs fonds en rentes sur le Roi ou les états.

Les mesures financières

La nomination de Necker au ministère avait été précipitée par la nécessité de financer la guerre dAmérique, dont les préparatifs avaient débuté en juin 1776. Guerre coûteuse, à la fois maritime et terrestre, sur des théâtres dopérations lointains, elle absorbait dès 1777 150 millions de secours extraordinaires, et lon estime quelle a coûté au total à la France près dun milliard de livres, mais Necker a assuré au roi que celle-ci pouvait être financée par l'emprunt sans augmenter les impôts...

En matière financière, la politique de Necker tient en peu de principes. Il estime que lÉtat peut emprunter autant quil désire dès lors que le budget ordinaire est équilibré. Comme il est hors de question daugmenter les impôts, à la fois par politique et par principe[10], il faut en améliorer le rendement, notamment en réformant ladministration financière, et réduire les dépenses.

Pour y parvenir, les mesures prises sont des plus classiques : réduction des dépenses de la Maison du Roi[11], révision des pensions pour pourchasser les cumuls et les abus[12], vérifications des déclarations de revenus et révision des abonnements des pays détats, qui produisent un revenu supplémentaire de 1,6 million de livres.

Pour financer leffort de guerre, Necker emprunte des sommes considérables, environ 530 millions de livres, à des taux élevés car le crédit de lÉtat est alors au plus bas : il faut donc recourir à des formules coûteuses telles que lemprunt à lots ou lemprunt viager. En 1780, Necker obtient le renvoi du ministre de la Marine, Sartine, accusé d'avoir gaspillé les fonds de son ministère et d'avoir émis des emprunts sans l'en avoir informé.

Le renvoi

Ces mesures suscitent, dans limmédiat, létonnement et ladmiration : « Il est extraordinaire, écrit le baron de Besenval, que ce que nont osé entreprendre les Ministres les plus accrédités, le Roi lui-même, vienne dêtre effectué par un simple citoyen de Genève, M. Necker, […] occupant précairement une place dont sa religion, sa naissance étrangère et les préventions de la Nation semblaient lexclure. » Lopinion publique applaudit au miracle dun ministre qui est parvenu à financer la guerre sans augmenter les impôts, avec un air de compétence qui en impose à ceux à qui de telles méthodes pourraient paraître peu orthodoxes.

Mais Necker sest aussi fait de nombreux ennemis : en sattaquant à la ferme générale, il sest mis à dos le monde de la finance ; ses assemblées provinciales lui ont aliéné les parlements ; la réduction des dépenses de la Cour, dénoncées avec complaisance dans le Compte-rendu au Roi de janvier 1781[13], lui a également créé de nombreux et puissants adversaires.

Au printemps de 1781, une cabale sest mise en place pour obtenir la tête de Necker. Le parti de la Cour, emmené par les frères du Roi, par les princes du sang et par de grands seigneurs, agite lopinion par lintermédiaire de libellistes qui criblent le ministre de pamphlets dont le plus virulent, la Lettre du marquis de Caracciole à M. dAlembert (1er mai 1781), est sans doute à Calonne, protégé de Vergennes et du comte dArtois, qui aspire à prendre la place de Necker.

À la fin du mois davril, le Parlement de Paris refuse denregistrer lédit de création dune nouvelle assemblée provinciale en Bourbonnais. La création de ces assemblées répondait notamment à lobjectif de priver les parlements dune partie de leurs prérogatives extra-judiciaires. Necker lavait exposé dans un mémoire manuscrit remis confidentiellement au Roi en 1776 dont plusieurs copies circulent parmi les six recensées alors ; lune dentre elles ayant appartenu au président du parlement de Guyenne de Gasq dont le fils naturel, Antoine Nicolas Waldec de Lessard, maître des requêtes, est le collaborateur de Necker. Or un pamphlet, adressé le 20 avril 1781 à six membres du Parlement de Paris, révèle les intentions du ministre en citant ce mémoire[14]. Les parlementaires se déchaînent et poussent les hauts cris. Convoqué au château de Marly, le Premier président dAligre se voit intimer par Louis XVI, sur un ton sec, dinterdire toute discussion du mémoire de 1778. Mais, pour Necker, il ne sagit que dun répit. Louis XVI est ébranlé par le retournement de lopinion, et Maurepas préconise désormais le renvoi du Genevois.

Le 16 mai, Necker, cherchant à forcer le destin, demande au Roi lenregistrement forcé de lédit, son entrée au Conseil et la direction des marchés de la Guerre et de la Marine. Trois jours plus tard, Louis XVI oppose à ces trois demandes un refus catégorique. Necker, effondré, démissionne aussitôt (19 mai 1781). La nouvelle provoque la consternation dans Paris : les habitants de la capitale se pressent au Château de Saint-Ouen, résidence de campagne de Necker, pour saluer le ministre déchu, qui peut ainsi mesurer ce qui lui reste de popularité.

Necker se retire à Saint-Ouen, séjourne en Suisse en 1784, pour faire faire des travaux dans son château de Coppet et voyage en France en 1785. Il publie un nouveau livre, De ladministration des finances, traité complet des finances en trois volumes, qui paraît en 1784 et remporte un énorme succès.

En 1787, Calonne, devant lAssemblée des notables, accuse Necker davoir trompé lopinion en publiant de faux renseignements dans son Compte-rendu au Roi : selon lui les comptes de lannée 1781, loin de révéler un excédent, comme Necker lavait affirmé, accusaient en réalité un déficit de 50 millions. Necker réplique en contestant les chiffres de Calonne. Cette réponse lui vaut dêtre exilé hors de Paris et est à lorigine dun vif débat public entre les deux hommes.

Le deuxième ministère de Necker (1788-1789)

Portrait allégorique de Necker, v. 1788-1789.

Après léchec de lexpérience Calonne, la monarchie se trouve en état de faillite virtuelle. La nécessité de trouver des fonds contraint alors Louis XVI à rappeler Necker, qui est nommé « directeur général des finances » le 25 août 1788. Deux jours plus tard, Necker reçoit le titre de ministre d'État qui lui donne accès aux Conseils.

Cette position nouvelle, en même temps que les circonstances, lui permettent de jouer un rôle politique de premier plan. Cest lui qui fait rappeler le Parlement de Paris, dont les membres avaient été exilés. Il avance la date de convocation des États généraux. Il réunit en novembre 1788 une nouvelle Assemblée des notables, pour statuer sur les modalités de lélection des députés, notamment la question du vote par tête ou par ordre, qui ne fut pas tranchée, et celle du doublement de la représentation du tiers état. Sur ce dernier point, comme il était prévisible, lAssemblée des notables se prononce défavorablement mais Necker décide de soutenir le doublement du tiers (décembre 1788) ce qui conforte sa popularité : il est désormais considéré comme un « ministre patriote ».

Face à une grave pénurie de blé, Necker abroge les mesures libérales prises par Loménie de Brienne en matière de commerce des grains : il interdit lexportation des céréales (7 septembre 1788) ainsi que lachat des grains en dehors des marchés (23 novembre 1788) ; il fait acheter des grains à létranger, accorde des primes aux importations et donne aux autorités de police les pouvoirs nécessaires pour approvisionner les marchés (22 avril 1789).

En matière financière, Necker révoque la cessation des paiements décrétée par Brienne et utilise des expédients pour réunir les 70 millions nécessaires afin d'assurer les paiements jusquà la réunion des États généraux[15].

À louverture des États généraux, le discours de Necker, centré sur les questions financières alors que les députés nont en tête que la question du vote, est mal accueilli. Necker refuse dassister à la séance royale du 23 juin 1789 dans laquelle Louis XVI fixe les limites des concessions quil est prêt à accorder aux députés du tiers état. Sapprêtant à prendre des mesures de fermeté à légard de lAssemblée nationale, le Roi congédie Necker le 11 juillet 1789 à cause de sa « condescendance extrême » à légard des États généraux. Le ministre quitte aussitôt la France et rejoint Bruxelles (13 juillet) puis Bâle (20 juillet). Une fois connu, ce renvoi est lune des causes déterminantes du soulèvement populaire du 14 juillet.

Le troisième ministère de Necker (1789-1790)

Dès le 16 juillet 1789, Louis XVI doit se résoudre à rappeler Necker. Celui-ci prend alors le titre de Premier ministre des finances. Rapidement, il soppose à lAssemblée constituante, en particulier à Mirabeau. Les députés récusent les propositions financières de Necker, fondées sur ses méthodes traditionnelles danticipations et demprunts, tandis que Necker soppose au financement du déficit par lémission dassignats. Comme le dit Mirabeau au Roi le 1er septembre 1790 : « le Ministre actuel des finances ne se chargera point de diriger, comme elle doit lêtre, la grande opération des assignats-monnaie. Il ne revient pas facilement de ses conceptions et la ressource des assignats-monnaie na pas été conçue par lui ; il sest même déterminé à la combattre. Il nest rien moins quen bonne intelligence avec lAssemblée nationale. Il ne gouverne plus lopinion publique. On attendait de lui des miracles et il na pu sortir dune routine contraire aux circonstances ». Dans ces conditions, il ne reste plus à Necker quà démissionner, ce quil fait le 3 septembre 1790.

Après sa démission, Necker se retire en Suisse au château de Coppet, il poursuit lécriture de plusieurs ouvrages. Il meurt le 9 avril 1804 à la suite d'un arrêt cardio-respiratoire en fin de journée.

Précédé par Jacques Necker Suivi par
Louis Gabriel Taboureau des Réaux Directeur général du Trésor,
contrôleur général des finances de fait
(1777-1781)
Jean-François Joly de Fleury
Claude Guillaume Lambert Directeur général des finances,
contrôleur général des finances de fait
(1788-1789)
-
- Directeur général des finances,
contrôleur général des finances de fait
(1789-1790)
Révolution française

Œuvres

Les écrits de Necker ont été réunis dans les Œuvres complètes de M. Necker publiées par M. le Baron de Staël, son petit-fils..., Paris, Treuttel et Wurtz, 1820-1821, 15 vol., in-8°.

Edition originale
  • Réponse au mémoire de M. labbé Morellet sur la Compagnie des Indes, 1769
  • Éloge de Jean-Baptiste Colbert, 1773
  • Sur la Législation et le commerce des grains, 1775
  • Mémoire au roi sur létablissement des administrations provinciales, 1778
  • Lettre au roi, 1777
  • Compte rendu au roi, 1781
  • De lAdministration des finances de la France, 1784, 3 vol. in-8°
  • Correspondance de M. Necker avec M. de Calonne. (29 janvier-28 février 1787), 1787
  • De limportance des opinions religieuses, 1788
  • De la Morale naturelle, suivie du Bonheur des sots, 1788
  • Supplément nécessaire à limportance des opinions religieuses, 1788
  • Sur le compte rendu au roi en 1781 : nouveaux éclaircissements, 1788
  • Rapport fait au roi dans son conseil par le ministre des finances, 1789
  • Derniers conseils au roi, 1789
  • Hommage de M. Necker à la nation française, 1789
  • Observations sur lavant-propos du « Livre rouge », v. 1790
  • Opinion relativement au décret de lAssemblée nationale, concernant les titres, les noms et les armoiries, v. 1790
  • Sur ladministration de M. Necker, 1791
  • Réflexions présentées à la nation française sur le procès intenté à Louis XVI, 1792
  • Du pouvoir exécutif dans les grands États, 1792
  • De la Révolution française, 1796
  • Cours de morale religieuse, 1800
  • Dernières vues de politique et de finance, offertes à la Nation française, 1802
  • Histoire de la Révolution française, depuis lAssemblée des notables jusques et y compris la journée du 13 vendémiaire an IV (18 octobre 1795), 1821

Notes et références

  1. Jacques Necker, dans le dictionnaire historique de la Suisse
  2. Elle a été évaluée à 6 millions de livres au moment de son départ, et à 7 millions de livres lors de sa nomination au contrôle général des finances en 1776
  3. J. Necker, De limportance des opinions religieuses, 1788.
  4. Des lettres patentes du 29 juin 1777 déclarèrent vacante la charge de contrôleur général et en confièrent les fonctions aux gardes des registres du contrôle général tandis quun brevet du même jour nomma Necker aux fonctions de directeur général des finances.
  5. Édit de juin 1777
  6. On passe de 48 à 12 receveurs généraux.
  7. Leur nombre est réduit de 11 à 2.
  8. Les receveurs généraux reçoivent désormais, outre les intérêts à 5 % de la valeur de leur office (un million), un traitement fixe de 25 000 livres en remplacement des taxations sur leurs opérations fiscales (avril 1780).
  9. arrêt du Conseil du 2 novembre 1777
  10. Dans son Éloge de Colbert, Necker a critiqué limpôt, soutenant que lemprunt est, pour lÉtat, un meilleur moyen de se procurer de largent.
  11. Suppression de 406 officiers de la Bouche et création dun Bureau général dadministration des dépenses de la Maison du Roi et de la Reine (janvier 1780), dirigé par le Secrétaire d'État à la Maison du Roi et par Necker lui-même.
  12. Lettres patentes du 8 novembre 1778. Parallèlement, un règlement du 22 décembre 1776 centralisa loctroi de nouvelles pensions.
  13. publié le 19 février 1781
  14. On a accusé, parmi dautres sans en apporter la preuve, le comte de Provence dêtre à lorigine de la fuite.
  15. avances de la Caisse descompte et à emprunts auprès des financiers et de divers corps, dont les notaires de Paris

Sources

  • Ghislain de Diesbach, Necker ou la faillite de la vertu, Paris, Perrin, 2004 (ISBN 2262022194)
  • Gabriel Girod de lAin, Les Thellusson, Histoire dune famille du XIVe siècle à nos jours (1977)
  • Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières. 1715-1789, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 (ISBN 2221048105)

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Léonard Burnand, Les Pamphlets contre Necker. Médias et imaginaire politique au XVIIIe siècle, Paris, Editions Classiques Garnier, 2009.
  • Léonard Burnand, Necker et lopinion publique, Paris, Honoré Champion, 2004.
  • Jean Egret, Necker, ministre de Louis XVI, 1975.
  • Joël Félix, « Jacques Necker » in Françoise Bayard, Joël Félix, Philippe Hamon, Dictionnaire des surintendants et contrôleurs généraux des finances, Paris, Imprimerie nationale, 2000(ISBN 2-11-090091-1) lire en ligne.
  • Henri Grange, Les idées de Necker, Klincksieck, 1973 - (ISBN 225201640X).
  • Arnaud de Maurepas, Antoine Boulant, Les ministres et les ministères du siècle des Lumières (1715-1789), Paris, Christian-Jas, 1996.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jacques Necker de Wikipédia en français (auteurs)

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