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Joseph-Marie Terray
Joseph-Marie Terray (1715-1778), abbé de Molesmes, ministre par Alexandre Roslin (1774, Musée de l'Histoire de France (Versailles)).Biographie Naissance 9 décembre 1715
Boën
Royaume de FranceDécès 18 février 1778 (à 62 ans)
ParisÉvêque de l'Église catholique Abbé commendataire de Molesme Du 1764 au 1779 Louis-Guidon Guérapin de Vauréal Jean-Baptiste-Marie Champion de Cicé Abbé de Saint-Martin de Troarn Du 1774 au 1778 modifier Joseph Marie Terray Mandats Secrétaire d'État de la Marine 24 décembre 1770 – 9 avril 1771 Contrôleur général des finances 22 décembre 1769 – 24 août 1774 Greffier de l'Ordre du Saint-Esprit 1770 – 1774 Biographie Nationalité Royaume de France Religion catholique romaine modifier L'abbé Joseph Marie Terray, abbé commendataire de Molesmes et Troarn, seigneur de La Motte-Tilly, est un homme d'État français né à Boën le 9 décembre 1715 et mort à Paris le 18 février (ou le 22 février ?) 1778, qui fut le dernier contrôleur général des finances de Louis XV (1771-1774).
Sommaire
Biographie
Joseph Marie Terray descendait d'un paysan aisé de Boën-sur-Lignon, dont la descendance s'était progressivement élevée : on y trouve un boucher, des marchands, un fermier des rentes d'un collège. Son oncle, François Terray de Rosières, premier médecin de la princesse Palatine, s'enrichit considérablement dans le système de Law et lui laissa un important héritage. Son père, Jean Antoine Terray, était directeur des gabelles de Lyon. Joseph Marie fut issu de son second mariage.
Après avoir reçu la tonsure, Terray fut nommé conseiller-clerc au Parlement de Paris en 1736 et se spécialisa dans les affaires de finances, exerçant les fonctions de « rapporteur de la cour » : c'est ainsi qu'on appelait le magistrat chargé de présenter au parlement les lois à enregistrer. Il fit son entrée à la grand'chambre en 1754. Fort peu versé dans les choses de la religion, quoique commendataire de riches abbayes où il ne mettait jamais les pieds, il était même plutôt libertin. Ses mœurs furent vivement décriées par ses nombreux détracteurs.
De haute taille, mais voûté, le teint couperosé, il était, affirme l'abbé de Véri, « sinistre et effrayant, une figure sombre, l'œil hagard. » Une plaisanterie du temps dit : « Voilà l'abbé qui rit ; est-ce qu'il est arrivé malheur à quelqu'un ? » Avec cela, les qualités d'un homme d'État : « C'était un esprit net, décidé, remarquablement juste, voyant loin et grand sans se perdre dans les détails, tout en sachant mettre de l'ordre et de l'économie en tout. De caractère énergique et indépendant, il n'était pas homme à se laisser mener ni intimider […] Avec cela, travailleur intrépide et très ordonné. » (Michel Antoine) « Terray descendait vers six heures du matin à son bureau ; à dix, tout était fait ; il était libre et recevait tous ceux qui se présentaient. » (Pierre Gaxotte)
En 1756, Terray avait été le seul conseiller du Parlement à ne pas démissionner. Il avait siégé à la commission établie par le contrôleur général L'Averdy pour la réforme fiscale. Il fut remarqué par René Nicolas de Maupeou, qui le fit nommer contrôleur général des finances en décembre 1769. Terray aida d'abord son mentor à se débarrasser de Choiseul et de son cousin Choiseul-Praslin, aboutissant au renvoi du Premier ministre le 24 décembre 1770.
Nommé ministre d'État le 18 février 1770, Terray fut, après le renvoi de Choiseul, l'un des hommes forts du ministère dit « du Triumvirat », avec Maupeou et d'Aiguillon. Il assura l'intérim du secrétariat d'État à la marine jusqu'à la nomination de Pierre Étienne Bourgeois de Boynes le 9 avril 1771.
À son arrivée au contrôle général des finances, Terray avait trouvé une situation dramatique et prit des mesures énergiques que l'opinion qualifia de « banqueroute ». Pour permettre d'assurer les paiements des premiers jours de 1770, il dut se dépêcher d'obtenir des prêts à court terme. Il releva de 600 000 livres le bail des postes qui venait d'être conclu mais n'avait pas encore été signé et se procura des liquidités grâce à une nouvelle aliénation des impôts indirects en Flandre. Parallèlement, par une série d'arrêts du Conseil de janvier 1770, Terray réduisit brutalement les dépenses : il transforma les tontines en rentes viagères, réduisit l'intérêt de toutes les rentes à l'exception de celles sur l'Hôtel de Ville, réduisit de 15 à 30% les pensions supérieures à 600 livres. Un édit pris à la fin janvier reprit aux maîtres des eaux et forêts un droit de 14 deniers par livre sur le produit des ventes de bois qui leur avait été aliéné autrefois pour un montant insuffisant. Enfin, par un arrêt du Conseil du 18 février 1770, il suspendit le paiement des rescriptions des receveurs généraux et des billets des fermiers généraux. C'était une mesure audacieuse car il y avait en circulation 120 à 150 millions de livres de ces valeurs, mais ni le Parlement ni le public ne s'émurent à l'excès, car la plupart des titres étaient entre les mains de spéculateurs (Voltaire affirma toutefois avoir perdu 200 000 livres dans l'opération). Pour éteindre ces effets, Terray vendit des augmentations de gages et de finances d'offices, lança un emprunt de 160 millions au taux de 4%, et, profitant de la suspension du privilège de la Compagnie des Indes, dégagea de quoi régler les dépenses du mariage du Dauphin.
Ces mesures se heurtaient à de fortes résistances. En quelques mois, Terray s'était taillé une solide impopularité dans l'opinion. Pourtant, les moyens qu'il avait d'abord employés pour rétablir les finances procédaient de l'éventail classique des recettes de la monarchie. D'ailleurs, la plupart avaient été préparées par son prédécesseur, Étienne Maynon d'Invault. Mais après le renvoi des parlements consécutif à la réforme de Maupeou, Terray put s'engager dans une remise en ordre en profondeur des finances de l'État. Il se lança dans une réforme fiscale destinée à améliorer le rendement des impôts tout en corrigeant leur iniquité.
Par un édit de décembre 1770, les bases de la perception du droit dit « de marc d'or », perçu sur tout nouveau titulaire d'un office avant l'expédition de ses provisions, furent réformées. Un édit de février 1771, réforma les offices, fonctions et droits des jurés priseurs et vendeurs de biens meubles. Un autre édit de février 1771 transforma le droit annuel de 1/60e de la valeur primitive de chaque office (paulette) en un droit de 1% de la valeur de l'office évaluée par son propriétaire (ce qui portait la recette pour le roi au double: 3 600 000 livres). Un édit de juin 1771 créa dans chaque bailliage ou sénéchaussée des offices de conservateur des hypothèques pour faciliter les mutations immobilières et améliorer la rentrée des droits d'hypothèque.
Un édit de novembre 1771 pérennisa le premier vingtième, prorogea le second jusqu'en 1781 et décréta qu'ils seraient perçus conformément à l'édit de 1749, c'est-à-dire en proportion exacte des revenus assujettis, ce qui permit aux services de contrôle de reprendre leurs travaux, que la résistance des Parlements avait contraint à interrompre. « Les travaux lancés grâce à l'édit de novembre 1771 ont été les meilleurs jamais entrepris pour donner à l'impôt une assiette équitable et ils firent des vingtièmes l'imposition la meilleure de toutes celles de l'Ancien Régime. » (Michel Antoine)
Le même édit de novembre 1771 avait également augmenté les droits des fermes ainsi que les droits levés au profit des villes et communautés. Cette augmentation se répercuta dans le prix du bail des fermes, qui venait à renouvellement en 1773. Bien préparé et négocié avec soin par le contrôleur général, le nouveau bail, conclu le 2 janvier 1774, produisit 152 millions soit 20 millions de plus que le précédent.
Un arrêt du Conseil du 24 février 1773 réforma également la capitation bourgeoise de Paris. Les loyers furent recensés par l'intendant de Paris Bertier de Sauvigny et l'imposition calculée de manière proportionnelle : ces mesures en firent passer le produit de 850 000 livres à 1 400 000 livres.
Des mauvaises récoltes ayant provoqué, en 1770, une crise des subsistances, l'opinion en attribuait la cause aux mesures de libéralisation du commerce des grains prises en 1763 et 1764 par Bertin et L'Averdy. Bien qu'il fût lui-même favorable à la liberté du commerce des grains, Terray, dans un souci d'apaisement, reconsidéra ces mesures et établit une nouvelle réglementation par un arrêt du Conseil du 23 décembre 1770 et des lettres patentes du 11 janvier 1771. Cette réglementation devait l'exposer à l'accusation d'avoir contribué à l'établissement d'un mythique « pacte de famine ».
Les mesures financières prises par Terray permirent un rétablissement spectaculaire des finances de la monarchie. Mais elles lui valurent une très grande impopularité et d'ignominieuses accusations de prévarication. On le surnomma « vide-gousset », on l'accusa de banqueroute.
En 1773, Terray, tout en conservant le contrôle général des finances, fut nommé directeur et ordonnateur des Bâtiments de Sa Majesté, Jardins, Arts, Académies, et Manufactures Royales (directeur général des Bâtiments du Roi). À ce titre, il posa la première pierre de l'hôtel des Monnaies à Paris. Il lança également la construction du Grand théâtre de Bordeaux, œuvre de l'architecte Victor Louis.
À son avènement en 1774, Louis XVI, cédant à la pression de l'opinion, renvoya Terray. Celui-ci mourut à Paris en février 1778 et fut inhumé dans la chapelle Sainte-Marguerite de l'église de La Motte-Tilly (Aube), où Falconet sculpta son monument en 1780.
Résidences
- L'abbé Terray habitait à Paris un hôtel construit pour son oncle en 1725 n° 101 rue de Richelieu.
- Il se fit ensuite construire un hôtel rue Notre-Dame-des-Champs.
- En 1754, il acheta le château de La Motte-Tilly qu'il fit reconstruire par l'architecte François Nicolas Lancret.
Famille
- Pierre Terray, vicomte de Rosières (1713-1780), frère de l'abbé Terray, fut procureur général près la Cour des aides.
- Le fils de Pierre Terray, Antoine Terray (1751-1794), fut intendant de Montauban puis de Lyon.
- Le fermier général Jacques Paulze était le neveu de l'abbé Terray. La fille de celui-là, Marie-Anne Pierrette Paulze-Lavoisier (1757-1836) épousa, à l'âge de 13 ans, le fermier général et chimiste Antoine Lavoisier.
Anecdote
Il eu, avec Louis XV, pendant les festivités du mariage du futur Louis XVI avec Marie-Antoinette d'Autriche, le dialogue suivant:
-Comment trouver vous mes fêtes de Versailles, lui demanda le Roi
-Sire, je les trouve...impayables!
Le résultat fut qu'on ne paya pas, et que plus de 20 ans après les faits, de nombreux entrepreneurs, ruinés, suppliaient encore Louis XVI pour qu'on leur paya au moins un acompte.
Bibliographie
- Michel Antoine, Louis XV, Paris, Arthème Fayard, 1989
- Merle (Abbé), « Les Terray à Boën, notes généalogiques sur les ascendants de l’abbé Terray », Bulletin de la Diana, tome XXIV, 1931-1934, pp. 301-310.
- Alain Decaux, "C'était Versailles", Paris, Perrin, 2007
Liens externes
- Joseph-Marie Terray sur roglo.eu. Consulté le 28 avril 2011 ;
Précédé par Joseph Marie Terray Suivi par César Gabriel de Choiseul-Praslin, duc de Praslin Secrétaire d'État de la Marine 24 décembre 1770 - 9 avril 1771 Pierre Bourgeois, marquis de Boynes Étienne Maynon d'Invault contrôleur général
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