- Cheval Ardennais
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Ardennais (cheval)
Pour les articles homonymes, voir Ardennais.Ardennais Région d’origine Région Ardennes, France, Luxembourg et Belgique Caractéristiques Morphologie Cheval de trait Taille 1,60 m à 1,65 m en moyenne Poids 700 à 1 000 kg Robe Bai et rouan communs[1],[2],[3] , alezan, gris fer, aubère et isabelle admis[3] , bai brun très foncé toléré[2],[3]. Tête Expressive[1], profil camus ou rectiligne[1],[3]. Pieds Larges aux fanons abondants Caractère Doux et docile Autre Utilisation Attelage, débardage, entretien des espaces verts et production de viande. L'ardennais est une très ancienne race de cheval de trait principalement élevée dans la région des Ardennes qui lui a donné son nom et, par extension, dans tout le quart nord-est de la France, mais aussi en Belgique, au Luxembourg et en Suède. Connu depuis l'antiquité romaine où il servait à la remonte des armées, il était réputé au début du XIXe comme cheval de selle et de trait léger qui survécut à la campagne de Russie, puis devint l'une des races favorites pour la traction du matériel d'artillerie militaire.
De nombreux croisements et une sélection rigoureuse des éleveurs en firent le cheval de trait lourd et puissant que nous connaissons aujourd'hui. Il fut un grand améliorateur de races durant l'âge d'or du cheval de trait, qui lui valut d'être exporté jusqu'en Suède. À l'instar des autres races de chevaux de trait, la fin de la traction hippomobile a entrainé le déclin de son élevage. Cantonné au rôle presque unique d'animal de boucherie durant environ deux décennies, l'ardennais bénéficie au début du XXIe siècle d'un nouvel engouement dû au côté écologique de son utilisation pour l'entretien des espaces verts et le débardage en forêt, mais aussi à son habileté sur toutes sortes de terrains. En France en 2009, il est la quatrième race de cheval de trait la plus représentée en matière d'effectifs.
Sommaire
- 1 Histoire de la race
- 2 Caractéristiques
- 3 Élevage
- 4 Récompenses
- 5 Notes et références
- 6 Voir aussi
Histoire de la race
Préhistoire
L'ardennais est l'une des races de chevaux les plus anciennes de France[5],[3]. Il appartient à un groupe de races dites lourdes, la théorie récente « des quatre lignées » en fait un descendant d'une espèce disparue appelée le cheval des forêts, ancêtre commun de nombreuses races de chevaux massifs d'Europe de l'ouest[6]. Une théorie obsolète en faisait un descendant direct du cheval de Solutré[3],[7] au 50e millénaire av. J.-C. dans les bassins de la Saône et de la Meuse[5], sur des plateaux schisteux au climat rigoureux[8]. Quoi qu'il en soit, plusieurs populations humaines ont côtoyé ces chevaux, pour s'en nourrir ou plus tard les domestiquer au moins à partir des gaulois.
Article connexe : Domestication du cheval.Antiquité
La présence de chevaux dans les Ardennes est mentionnée par l'historien grec Hérodote[9] et par Jules César lui-même ; celui-ci écrit qu'il trouva dans la « deuxième Belgique », dont les Ardennes faisaient partie, des animaux « rustiques, durs et infatigables[10] » à l'époque de la Guerre des Gaules[8]. La population de chevaux sauvage locaux était déjà très prisée pour remonter les armées[5]. Il s'agit d'ailleurs de la seule population chevaline recensée en Belgique durant l'Antiquité[10]. Sous le règne de Néron, on forma un attelage de juments ardennaises destiné à cet empereur qui se vantait d'être l'un des meilleurs conducteurs de quadrige du cirque[10]. L'ancêtre du cheval ardennais était probablement, comme le sont toutes les races avant l'organisation de l'élevage équin en France, de petite taille (environ 1,40m au garrot)[11], bien que des squelettes de chevaux toisant 1,50 m déterrés dans la région soient cités comme ceux des ancêtres de l'ardennais actuel[9].
Moyen Âge et Renaissance
Au Moyen Âge, on attribue parfois à l'ardennais une origine orientale[12]. L'abbaye de Saint-Hubert se trouvait dans sa plus grande prospérité et un abbé fit venir des étalons du Limousin, lesquels descendaient directement des étalons et des juments arabes restés en France à la suite de la défaite de l'émir Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Rhafiqi en 732, dans les plaines entre Tours et Poitiers. Plus tard, les relations fréquentes établies entre la Belgique et l'Orient par ces expéditions des croisades qui donnèrent à Godefroid de Bouillon le trône de Jérusalem firent comprendre aux abbés de Saint-Hubert les avantages du pur sang arabe. Des étalons arabes furent introduits dans les Ardennes et croisés avec les juments locales, améliorées depuis à l'aide de l'intervention de l'étalon limousin[10]. Durant la Renaissance, le maréchal de Turenne rendit hommage aux qualités des ardennais qui remontèrent sa cavalerie alors qu'il campait dans le pays de Trêves[10].
Époque napoléonienne jusqu'en 1850
L'organisation de l'élevage de races de chevaux de trait ne date que de la fin du XIXe et du début du XXe, où elle accompagna le développement de l'agriculture. Auparavant, les chevaux de trait belges et ardennais formaient, sous l'empire napoléonien des souches élevées dans ce qui était un seul pays[13]. L'élevage du cheval ardennais a de tous temps dépendu des besoins humains pour la guerre[5], où il était utilisé à l'origine autant comme cheval de trait que comme cheval de selle[5].
Guerres napoléoniennes
Durant le Premier Empire, le cheval ardennais était décrit comme un petit animal de selle et de trait léger réputé pour sa rusticité, sa sobriété et son endurance[5],[10] il résistait longtemps aux fatigues de la guerre et passait pour un très bon cheval de service, réputation méritée d'après les spécialistes[12]. Ces qualités font encore partie des principales de la race à ce jour[3]. Napoléon Ier, qui appréciait les qualités de la race[10], ordonna leur croisement avec des pur-sang arabes vers 1810 pour leur apporter du fond et de la résistance[8], avec peu de résultats[9]. Capable de résister aux intempéries et aux privations[14], l'ardennais était connu pour être « la bête la plus solide et la plus résistante du pays[14] » et fut utilisé dans les armées comme monture et pour tirer les canons[15]. Nerveux, et infatigable, sa conformation courte et ramassée en faisait un cheval ni beau ni distingué mais un animal réputé pour son fond, sa résistance et son énergie, doué d'une grande longévité et dont les qualités furent des atouts précieux pendant la campagne de Russie[16]. La morphologie de l'ardennais rappelait les chevaux des hussards, avec une tête sèche, carrée et un peu camuse, un œil proéminent, des oreilles courtes et bien plantées, une physionomie intelligente et éveillée, une encolure droite, des épaules plates, un poitrail étroit et un garrot élevé[16]. Il toisait alors entre 1,42 m et 1,52 m et pesait environ 500 kg, il tirait les diligences et de petits véhicules de commerce[11], des wagons, des chariots de postes, et formait un cinquième de la cavalerie des gendarmes[14]. Nous sommes très loin du cheval de trait pesant près d'une tonne aujourd'hui. En 1802, le général Loison était en garnison à Liège et remonta le 26e régiment de chasseurs à cheval sur de jeunes chevaux ardennais achetés à la hâte qui résistèrent à la campagne d'Allemagne et rentrèrent en France « parfaitement intacts »[14]. Tous les chevaux d'artillerie de l'époque venaient des Ardennes ou de Bretagne[14].
Seuls les chevaux ardennais seraient revenus vivants de la Campagne de Russie alors que 12 à 14 000 chevaux seraient morts[14] (une autre source mentionne 30 000 chevaux morts en une nuit[10]). Les militaires qui survécurent à cette expédition racontèrent que les chevaux ardennais se contentaient pour toute nourriture du chaume qui recouvrait les habitations, et qu'ils résistaient au froid, à la fatigue, et à la faim[10].
La survie des chevaux ardennais a marqué les éleveurs belges car près de 40 ans plus tard, ils se racontaient l'histoire comme une légende locale : « Napoléon prisait fort leurs qualités et des régiments venaient recruter leurs montures chez nous. Dans la fatale retraite de Russie, les chevaux qui résistèrent le plus longtemps, ceux qui supportèrent la faim et la fatigue, et qui revirent encore, mais en bien petit nombre, les champs de victoire du départ, ce furent nos petits Ardennais[17]. »
Article connexe : Cheval dans la guerre.Ardennais aux Pays-Bas
Sous le gouvernement des Pays-Bas, le régiment de lanciers, en garnison à Utrecht, était exclusivement remonté dans les Ardennes[10] et tous les chevaux mis à la réforme par ce corps étaient recherchés avec empressement par les maîtres de poste et les entrepreneurs de messageries[10]. Quelques observateurs des chevaux de l'artillerie hollandaise après les évènements de 1830 rapportèrent qu'une partie des attelages étaient trainés par des chevaux ardennais, parmi lesquels « se trouvaient encore quelques vieux débris de Waterloo », l'autre par des chevaux hollandais et allemands. Les privations, les intempéries, le bivouac avaient, durant cette courte campagne, réduit ces derniers à l'état de squelette ; les ardennais, au contraire, étaient conservés comme au moment du départ[10].
Dégénérescence de la race
En 1815, tous les chevaux valides de la contrée furent réquisitionnés par les armées napoléoniennes, si bien qu'il ne resta presque rien de la race, sinon quelques animaux « d'une pauvreté incommensurable »[16]. Les éleveurs du pays se trouvaient épuisés comme le reste de l'Europe, l'industrie privée se vit abandonnée à elle-même, et le haras de Walferdange « n'était pas de nature à rendre au cheval de selle ardennais son antique mérite et sa vieille réputation »[10]. En 1834, la race ardennaise restait dégénérée à la suite des prélèvements effectués par les armées et de mauvaise réputation. Les animaux restants sont décrits comme tels : « La tête est toujours droite mais elle est lourde, épaisse, chargée de ganache, mal coiffée, sans expression et sans grâce. L'encolure est grêle et pauvre, le garrot s'est enfoncé, la ligne du dos et des reins a fléchi en s'allongeant, la croupe est en pupitre et défectueuse, la queue basse, la côte est plate, le ventre avalé, la saillie des hanches est excessive et disgracieuse, le membre antérieur est grêle et faible en regard surtout au volume du corps et au poids qu'il doit supporter ; le genou est mince, effacé, il manque de largeur : le tendon est failli, collé à l'os ; l'ongle est de nature cassante et la surface plantaire tend à la forme plate ; au membre postérieur, la jambe n'est point assez fournie, le jarret est clos, le pied panard. La taille moyenne s'est élevée de 4 à 6 cm en moyenne ; le tempérament est moins résistant, plus lymphatique que musculaire, c'est le contraire du cheval d'autrefois, il en résulte que les qualités propres à la race ardennaise ont baissé[16]. »
Les nouvelles exigences de l'équitation militaire firent aussi peser une exclusion sur le cheval ardennais. La première est le manque de taille, car les chevaux les plus aptes au service de la cavalerie légère étaient de plusieurs centimètres au-dessous de la limite fixée par les règlements[10]. La seconde est la pesanteur de l'avant-main : l'équitation de l'époque tendait à équilibrer l'avant-main et l'arrière-main, pour que le cavalier avec sa charge ne doive plus peser sur les épaules du cheval, il fallait que l'encolure présente un bras de levier plus allongé afin que l'on puisse ramener et soutenir la tête. La ligne de gravitation de la tête et de l'encolure ne devait plus tomber en avant de la base de sustentation représentée par les membres antérieurs, tout cheval monté dont le centre de gravité ne tombait pas en arrière du garrot était inutilisable à la selle[10]. Ce défaut rendait l'ardennais moins maniable, et dans le combat d'homme à homme, dans la rencontre d'une mêlée, la vie du cavalier se trouvait plus exposée[10].
Régénération de la race
Vers 1835, des efforts pour perfectionner la race ardennaise furent entrepris dans le département français des Ardennes[12]. Vingt ans plus tard, les animaux, mieux nourris, avaient acquis plus de force et de taille que l'ancienne race[12].
Le département des Ardennes fut l'un de ceux qui s'occupèrent le plus de la régénération des espèces chevalines et l'indécision resta longue pour savoir quels types d'animaux reproducteurs adopter[12]. Certaines opinions étaient en faveur du cheval percheron, d'autres de l'anglo-normand, des chevaux arabes, et des pur-sang anglais[12]. De 1830 à 1848, le conseil général vota une somme annuelle de 20 000 francs pour l’achat d'étalons. En vingt ans, 500 000 francs environ furent dépensés pour la régénération du cheval ardennais. Vers 1850, les étalons anglo-normands étaient en faveur et le dépôt des remontes de Villers possédait « des produits assez bons et propre à remonter l'arme des dragons »[12]. Ces chevaux diffèrent complètement de l'ancienne race ardennaise, par leur taille, leurs caractères zoologiques et leur force[12].
La députation du conseil provincial du Luxembourg, la commission d'agriculture, les sociétés d'encouragement et d'amélioration « rivalisèrent de zèle et de dévouement » pour relancer la race. Cette harmonie d'efforts stimula les éleveurs. La province de Luxembourg aspirait au monopole de la remonte des cavaleries légères car « plus que toute autre région de la Belgique, elle réunit les conditions de succès »[10].
Âge d'or du cheval de trait
En 1856, on distinguait en Belgique deux grands types de chevaux : la race de trait, destinée à l'agriculture, au commerce et à l'industrie, et la race ardennaise et condrosienne, décrite comme le cheval à tout faire[14]. Ce dernier, malgré ses qualités de rusticité, se voyait souvent reprocher sa morphologie : taille trop réduite, cou trop court et trop épais, tête trop grosse et garrot trop peu sorti, ce qui poussait les administrations des haras à exiger des croisements avec le pur-sang anglais, race alors devenue très populaire. Les éleveurs furent très réticents à opérer ces croisements avec leurs juments malgré les fortes primes proposées[14]. Selon les belges, le cheval ardennais de bonne réputation avait presque totalement disparu des Ardennes françaises et ne pouvait être trouvé que dans la province de Namur et au Luxembourg[12].
En 1861, les ardennais avaient déjà considérablement regagné en taille et en conformation grâce à deux règlements provinciaux édités en Belgique et au Luxembourg en 1847 et 1855, qui furent judicieusement appliqués[18]. Ils sont décrits comme ayant « la tête plus légère et mieux attachés qu'autrefois, moins chargée en ganache, avec une auge moins empâtée, une encolure plus longue et plus flexible qui les rend plus maniables, un garrot mieux ressorti, un avant plus relevé, une croupe moins avalée et des jarrets moins coudés »[18]. Les allures sont aussi plus souples que celles de son ancêtre, le cheval est plus solide, rapide et vigoureux, sa taille et son poids ont augmenté grâce à une nourriture plus abondante, la race retrouve « son antique renommée »[18] qui lui valut d'être très prisée par des éleveurs français et allemands qui vinrent les acheter à prix d'or en Belgique et au Luxembourg[18].
Selon les zootechniciens français, dans les Ardennes belges, le Brabant, la Hesbaye et le Condroz, les chevaux atteignaient une haute taille, qui était beaucoup moins élevée dans les arrondissements de Rethel et de Vouziers, centre de production des chevaux ardennais communs en France, dont la population était assez restreinte. Ces chevaux étaient caractérisés par un front large (brachycéphale), des arcades orbitaires saillantes, un chanfrein fortement déprimé, des ganaches écartées et fortes, une tête courte. Il ne différait en rien des chevaux bretons, ses qualités étant toutes morales. Les partisans du croisement tentèrent d'introduire des étalons percherons et de donner les juments ardennaises aux gros étalons rouleurs du Luxembourg qui franchissaient la frontière. Les tentatives échouèrent. Un dépôt d'étalons de l'administration des haras qui avait été établi à Charleville fut supprimé[19].
La période qui suivit fut favorable au développement de chevaux de gros trait et les éleveurs ardennais français comme belges croisèrent leurs animaux avec des étalons flamands et belges, puis des percherons[16]. L'ardennais de cette époque ne ressemblait plus du tout à celui des vingt dernières années du XVIIIe siècle[18]. En 1862 en France, le percheron, le trait breton, le cheval du Condroz - ou double ardennais - ainsi que l'ardennais proprement dit sont décrits comme les meilleurs chevaux de trait du pays. Le double ardennais possédait des qualités propres de tractionneur et de trotteur, et était réputé comme limonier pour l'artillerie, bien que peu élégant, il avait l'avantage de« ne pas exiger une ration d'avoine aussi forte qu'un percheron »[20]. La race ardennaise de plus petite taille était réputée précoce, moins puissante mais très courageuse, excellent cheval d'artillerie pouvant être monté et faire un long trajet. Ces chevaux, attelés à une voilure à quatre roues, parcouraient quatre-vingt-dix kilomètres en un jour et recommençaient le lendemain[20].
L'élevage de l'ardennais de trait devint florissant à la fin du XIXe siècle, quand sa morphologie fut entièrement adaptée aux exigences de l'agriculture et des travaux forestiers[15]. Pour cela, il fut croisé avec des étalons de gros trait belges qui augmentèrent sa taille et sont souvent accusés d'avoir amoindri ses qualités de rusticité[21]. Le cheval ardennais de l'ancien type disparut des haras, faute de primes encourageant les éleveurs à le produire[22].
Pendant la première guerre mondiale, l'ardennais fut très demandé pour tirer les chariots d'artillerie[8],[9], mais pas comme cheval de selle, car les demi-sang étaient préférés[23]. Ce fut là sa principale utilisation jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, mais il était également choisi pour les travaux agricoles[5] et pour faire rouler les bennes dans les mines.
Croisements et exportations
Article connexe : Ardennais suédois.Durant l'âge d'or du cheval de trait, l'ardennais fut considéré comme un remarquable améliorateur de races et contribua notamment à la formation des races du trait comtois, de l'auxois et du trait du Nord[24]. Ces deux dernières races sont souvent décrites comme des variétés de l'ardennais[9]. Il fut également exporté en Suède depuis la Belgique pour donner naissance à la race de l'ardennais suédois, qui possède son propre studbook depuis 1901. Les suédois importèrent de nombreux étalons belges et le commerce de ces chevaux fut soutenu par le studbook Ardennais de Pologne, alors principal client des éleveurs suédois[25]. L'ardennais suédois diffère par sa conformation des ardennais français, belge et luxembourgeois.
Cheval des mines
Article détaillé : Cheval dans les mines.Durant la révolution industrielle du XIXe siècle, l'ardennais fut utilisé dans l'industrie lourde pour déplacer de grandes charges, et dans les mines où l'utilisation des machines à vapeur et des moteurs à explosion était impossible car dangereuse en raison de la présence du grisou. Le premier cheval fut descendu dans des galeries minières en 1821[26] et l'ardennais fit vite partie des races favorites utilisées pour faire rouler les bennes, avec le cheval trait du Nord[26], il actionnait les machines à molettes qui remontaient le charbon[27].
Dans la ville belge de Liège, les établissements miniers appréciaient les chevaux ardennais de petite taille pour trainer le charbon dans les galeries souterraines où ils faisaient preuve d'adresse, de force et d'intelligence, malgré l'insalubrité des lieux. Ils étaient fréquemment maltraités mais on rapporte qu'ils vivaient très longtemps, ainsi, en 1846 un cheval ardennais fut remonté d'une houillère où il se trouvait depuis vingt ans pour cause de vieillesse. « L'animal tomba ébloui par la clarté de la lumière et on dut lui donner la mort que tant de causes de destruction qui l'entouraient et presque un quart de siècle de pénibles labeurs n'avaient pu lui donner[14]. » La constitution de fer de l'ardennais lui permettait de résister à des travaux très rudes dans des conditions défavorables[14].
Avant l'électrification, soit dès la fin du XIXe siècle, la bonne tenue sur le sol de l'Ardennais du Nord était appréciée dans les nombreuses mines souterraines du Nord-Pas-de-Calais et de Belgique. Il pouvait s'agir de chevaux trait du Nord, ou d'ardennais élevés dans la région du Nord, en effet, ces deux races étaient confondues jusqu'en 1903, date de reconnaissance officielle du trait du Nord. Le cheval des mines connut les mêmes conditions de travail difficiles et les mêmes dangers que les hommes[28]. Les éleveurs firent de leur mieux pour constituer la cavalerie dont l'industrie des mines avait besoin[26]. Marcel Mavré dit à ce propos que « La confusion est grande : on entend fréquemment dire que la mécanisation a tué le cheval de trait. C'est une erreur. Le cheval de trait contemporain, fort, solide, vif et docile à la fois, a été créé en fonction de la mécanisation ». Les lourdes charges auxquelles il fut attelé ne pouvaient pas être tractées par le cheval de la première moitié du XIXe siècle, bien trop léger pour ce genre de besogne. Il fallait donc le forcir sans lui faire perdre son bel influx »[26]. Durant l'âge d'or du cheval de trait, un bon cheval des mines était capable de tirer un convoi pesant 16,8 tonnes et généralement composé de douze berlines pleines, le long des voies ferrées[26].
Cheval agricole
Au cours du XIXe siècle, de nouvelles machines améliorèrent les techniques agricoles et entrainèrent un agrandissement important des surfaces cultivées. L'amélioration des rendements et des techniques agricoles et l'industrialisation à partir de 1850 firent que les fermes devinrent des exploitations mais en l'absence de moteur à piston comme d'énergie électrique, les agriculteurs avaient recours à la traction animale. Or, le bœuf est lent donc peu rentable, et les chevaux disponibles n'étaient pas forcément adaptés à la charrue. À la fin du XIXe siècle, l'ardennais fut croisé avec des Percherons, des traits belges, des Pur-sang anglais et des traits du Nord afin de le rendre plus léger et de l'adapter aux nouvelles exigences de l'agriculture et des travaux forestiers. Ces croisements se poursuivirent jusqu'à la première Guerre mondiale et entraînèrent une augmentation de la taille de la race qui devint plus osseuse, plus étoffée, plus puissante, et donc plus susceptible de travailler les terres lourdes des grandes exploitations de l'Est de la France[5].
Jusqu'au début des années 1950, l'ardennais fut un partenaire privilégié des agriculteurs. C'est au début des années 1930 que ces chevaux atteignirent l'apogée de leur développement physique[29]. L'ardennais était alors souvent décrit comme un « laboureur-né » avec l'encolure dans l'alignement de son dos, voire plus basse, et un museau rasant le sol, il était entièrement bâti pour la traction et cette conformation lui permettait de déplacer des poids énormes sur de courtes distances[30]. L'utilisation de l'ardennais et par extension des chevaux de trait pour l'agriculture fut pourtant assez courte, car entre la fin des moissons à la faucille (années 1880) et la généralisation des moissonneuses-batteuses et des tracteurs (années 1960), il ne s'écoula que 80 ans. Cependant, ces chevaux de trait ont permit d'importants progrès en agriculture[31]. La capacité de récupération des ardennais est très importante et leur valut d'être exportés plus au sud, pour effectuer le labour des terres épaisses[31]. Grâce à sa rusticité, l'ardennais était très apprécié pour les travaux agricoles en moyenne montagne comme le débardage, le maraîchage et l'entretien des vignes[8].
En Belgique, pendant la plus grande partie du XIXe l'ardennais fut sélectionné pour sa force dans le but d'être mit à la charrue dans les travaux agricoles. Il fut assez souvent croisé avec des brabançons et tout l’effort de sélection porta sur le développement musculaire d’un cheval conçu pour travailler à pas lents[32].
Fin du cheval de trait
Durant la seconde guerre mondiale, tous les stocks de carburants furent utilisés par les armées et le cheval de trait resta donc un moteur indispensable au transport comme aux travaux des champs jusqu'à la reddition des allemands en 1945[33]. Après la fin du conflit, les agriculteurs s'enrichirent rapidement, ce qui leur permit de s'équiper de tracteurs et de moissonneuses-batteuses. La race ardennaise fut de plus en plus délaissée au profit des machines et le déclin de l'élevage fut palpable dès le début des années 1950, mais surtout durant les années 1960, où l'on assista à un véritable effondrement des effectifs de chevaux de trait sans que personne ne réagisse[34].
Relance de la boucherie chevaline en France
Articles connexes : Hippophagie et viande de cheval.Au début des années 1970, les effectifs de chevaux de trait avaient très fortement baissé[35]. Cette même année, Henry Blanc fut nommé à la direction des haras nationaux français et organisa la reconversion des neuf races de chevaux de trait françaises en animaux de boucherie. Jusqu'en 1982, il freina les importations de viande et finança une recherche de l'INRA près de Clermont-Ferrand sur l'engraissement des poulains de trait. Il encouragea les éleveurs français, qui ne parvenaient plus à trouver d'acheteurs pour leurs animaux, à engraisser ceux-ci pour les revendre au poids aux abattoirs. C'est la boucherie chevaline qui assura, paradoxalement, une partie de la sauvegarde de l'ardennais français ainsi que des huit autres races de chevaux de trait du pays en gardant leur capital génétique intact, mais aussi en transformant leur modèle, autrefois puissant et sportif, en celui de « bêtes à viande » énormes et pataudes, affectueusement surnommées les « gros pépères » ou les « gros nounours ». Un arrêté du 24 aout 1976, paru dans le journal officiel, renomma toutes les races de « chevaux de trait » françaises en « chevaux lourds » et obligea les éleveurs à sélectionner des étalons reproducteurs les plus gros et les plus lourds possibles. Les haras nationaux achetèrent et approuvèrent uniquement ce type d'étalon destiné à donner naissance à des poulains produisant de la viande[35]. Toutefois, ces efforts ne furent pas suivis par le marché de la viande de cheval et les éleveurs français furent dépassés par les importations de chevaux à bas prix venus du continent américain et des pays de l'est[34]. Les effectifs de la plupart des races de chevaux de trait continuèrent à baisser jusqu'en 1994[34] et l'effondrement du prix de la viande obligea les haras nationaux à réorienter toutes les activités liées au cheval de trait[8].
Renouveau de l'équitation de loisir et de travail
Au début des années 1990, l'équitation de loisir connut un nouveau souffle tandis que la consommation de viande de cheval ne faisait que diminuer. Le 11 mars 1994, le journal officiel publia un nouvel arrêté redonnant au « cheval lourd » son ancien nom de « cheval de trait » et en 1996, un autre arrêté interdit la caudectomie (coupe de la queue) chez tous les chevaux de trait nés en France[36]. Les éleveurs français purent à nouveau s'orienter vers la production d'animaux sportifs destinés aux loisirs ou au travail, que les haras nationaux se mirent à acheter de nouveau. L'ardennais retrouva une certaine sveltesse dans sa silhouette[29]. Aujourd'hui, l'ardennais est un cheval rustique qui participe à l'entretien de l'espace dans les zones herbagères[5], mais aussi parfois à quelques travaux des champs comme la fenaison ou dans les vignes et au débardage forestier.
Les Ardennes et la Famenne, berceau de la race, offrent aussi des possibilités touristiques pour redonner au cheval ardennais une place dans l'économie des loisirs grâce à ses qualités de carrossier[15]. L'ardennais continue néanmoins, comme beaucoup de chevaux de trait en France, à être élevé pour sa viande[1] dont la production constitue encore le débouché principal de la race[21].
Attelage
La morphologie de l'ardennais est plus adaptée à l'attelage qu'au portage[37] et les éleveurs belges ont développé des lignées d'animaux spécifiques pour cette activité[37]. L'attelage (de tradition en calèche, d'initiation en centre équestre, ou pour l'entretien et les travaux d'écurie) et le tourisme attelé représentent actuellement le second débouché de la race ardennaise[5],[3]. La relance des activités de loisirs et en particulier de l'attelage est pour beaucoup dans la reprise du développement de la race[3]. Les adeptes du cheval ardennais d'attelage seraient de plus en plus nombreux[15].
Débardage
L'Ardennais est une race populaire pour le débardage en forêt, où il a l'avantage de passer plus facilement que les machines et d'être écologique. La région wallonne, en Belgique, compte une centaine de débardeurs qui travaillent avec des chevaux et notamment des ardennais dans les forêts, pour ôter les arbres résineux sans abimer l'environnement. L'ardennais se révèle parfaitement adapté au relief de sa région d'origine[38], il est même considéré comme le meilleur cheval de trait pour le débardage[8] en raison du rapport entre qualité du travail et rentabilité[38]. Les chevaux ardennais sont conduits au cordon, technique qui permet un travail plus rapide et fonctionnel. Le cheval débardeur doit être obéissant, courageux et adroit dans son travail, qualités que possède un ardennais bien dressé et qui permettent de débarder entre 20 et 30 m3 par jour en fonction du type de grumes, de la nature du sol, du climat et du relief[38]. Toujours en Belgique, un concours international de traction chevaline rassemble les meilleurs chevaux de débardage dans des épreuves de puissance, d'endurance et d'obéissance, qui sont suivies par des milliers de spectateurs[15].
Caractéristiques
Le standard de l'ardennais est défini par les sociétés de studbook belges, français et luxembourgeois. Ces standards sont très proches les uns des autres et s'accordent pour définir le cheval idéal comme un animal coopératif et rustique[1] mais néanmoins énergique, possédant une grande douceur et docilité[2],[3]. Ils doivent posséder des allures correctes, actives et assez détendues[2] et sont souvent compacts, trapus et près de terre[3], mais néanmoins distingués et harmonieux[39]. En Belgique, le standard de la race a été défini en 1948 et révisé en 2004[39].
La tête est expressive[1] et d'un profil camus ou rectiligne, avec des orbites légèrement saillantes, un front déprimé ou plat, un œil gros et expressif[1], des oreilles de petites taille pointées en avant, des naseaux larges et bien ouverts[2],[3],[39].
Le cheval ardennais est décrit comme un animal compact de type bréviligne, trapu et près de terre, avec une poitrine profonde et ample, un dos plutôt court, un rein fortement musclé, une croupe généralement double, des hanches suffisamment larges, des fesses, des cuisses et des jambes très musclées, une encolure moyennement longue mais bien greffée et généralement rouée[2], avec une crinière bien fournie[1],[3],[39].
Les membres doivent être secs et sains, avec des tendons détachés, des articulations basses et larges, de bons pieds, larges[1] et à la corne saine, et des aplombs corrects. Les membres malsains et déficients sont à proscrire[2]. Les fanons sont bien fournis[1],[3],[39].
Les robes les plus courantes sont le bai et le rouan[1],[2],[3], souvent avec le museau et le contour des yeux teintés de gris. L'alezan, le gris fer, l'aubère et l'isabelle sont éventuellement admis[3]. Le bai brun très foncé serait toléré, mais toutes les autres robes sont exclues[2],[3],[39].
La taille minimum exigée par le standard français de la race est de 1,54 m pour les étalons et 1,52 m pour les juments[2], la taille moyenne variant de 1,60 à 1,65 m[1] , soit 1,60 m pour les femelles et 1,62 m pour les mâles en moyenne[3]. Le poids d'un poulain ardennais la naissance est de 50 à 80 kg[3]. Comme tous les poulains, sa croissance est très rapide et une fois adulte, il peut peser de 700 à 1 000 kg[1],[3]. Le standard belge a des exigences de taille différentes du français et exige une hauteur maximale ne dépassant pas 1,62 m pour les étalons et 1,60 m pour les juments[39].
La caudectomie (coupe de la queue) est désormais interdite en France et en Belgique pour tous les chevaux de trait.
Élevage
L'ardennais est une race reconnue possédant son propre studbook dans quatre pays : la Belgique, la France, le Luxembourg et la Suède.
En Belgique
En 1841 une première « Société Mutuelle pour l'Elevage du Cheval Ardennais » fut constituée à Neufchâteau[15] et réussit à exporter le cheval ardennais aux quatre coins du monde[40]. La race du trait belge fut créée en 1886 par fusion de trois souches de chevaux de trait régionales belges : le brabançon, le cheval flamand et le cheval ardennais belge[41]. En 1926, la société du cheval de trait Ardennais fut créée pour défendre la race contre la motorisation[40]. Depuis 1927, le « Concours Général des Chevaux de Race Ardennaise » a lieu à Libramont pendant la foire agricole la plus importante du pays[40] et réunit plus de 300 chevaux chaque dernier week-end de juillet[15]. Le studbook de l'ardennais belge resta confondu avec le brabançon et le cheval des Flandres sous le nom de Trait belge jusqu'en 1935, où les éleveurs d'ardennais belges s'en séparèrent en créant la « société royale du cheval de trait ardennais »[41].
Depuis, la race ardennaise belge est gérée dans le studbook du cheval de trait ardennais sous la responsabilité de la société royale du cheval de trait ardennais, qui se donne pour premier but d'« assurer la pérennité de la race ardennaise »[32]. Le but des éleveurs belges est actuellement de revenir vers un cheval de type carrossier comme il en existait en 1900, en redonnant de la légèreté, de l'influx nerveux et de belles allures aux chevaux ardennais actuels afin de produire un cheval apte à l'attelage sportif et de loisir[32]. Ils suivent pour cela depuis dix ans un programme de croisements visant à insuffler progressivement du sang de pur-sang arabe dans la race ardennaise[32]. Plus récemment, des juments ardennaises sont été croisées avec des cob normands, et les produits obtenus se reproduisent avec des ardennais purs pour donner naissance à des chevaux de seconde génération directement inscriptibles dans le livre généalogique de la race ardennaise en Belgique[32]. La région wallonne distribue des primes d'élevage pour la relance des races menacées à chaque naissance d'un poulain ardennais, ainsi que des subventions annuelles[42].
Aratel
L'Aratel est le nom de la nouvelle race demi-sang née en Belgique spécifiquement pour l'attelage, de croisements entre des chevaux de sang et des ardennais. Le nom de la race est d'ailleurs une contraction d'ardennais (Ar) et d'attelage (Atel). Elle possède son propre studbook, différent de celui de l'ardennais. Le croisement est réalisé le plus souvent entre un ardennais et un cheval arabe, parfois entre ardennais et cob normand ou entre ardennais et trotteur. Le type (F1, F2 ou F3) donne le pourcentage de sang non ardennais chez le cheval issu du croisement : F1 signifie 50 % de sang non ardennais, F2 25 %, et F3 12,5 %[32]. Le croisement a eu des résultats assez intéressants[43].
En France
En France, le concours annuel français de la race ardennaise à lieu à Sedan chaque troisième week-end de septembre[8]
Studbook
Le premier studbook de la race ardennaise date du 17 février 1908 et fut créé par la société hippique des Ardennes, un regroupement de syndicats d'élevage régionaux. Depuis, les haras nationaux règlementent la race ardennaise tout comme les 8 autres races de chevaux de trait français[44].
Ce règlement a été créé le en collaboration avec le syndicat d'élevage de la race et fait force de loi en ce qui concerne l'admission des étalons reproducteur et l'inscription des poulains au sein du livre de la race, le studbook de l'ardennais. La dernière version de ce règlement est approuvée par l'arrêté ministériel du 27 juin 2003. Le studbook de l'ardennais comprend la liste des étalons et des juments approuvés pour produire dans la race, la liste des poulains inscrits dès la naissance au studbook de la race, le répertoire des animaux inscrits à titre initial, le répertoire des animaux inscrits au titre de l'importation et une liste des naisseurs de chevaux de trait ardennais. Seuls les animaux inscrits dans ce studbook sont admis à porter l'appellation d'« ardennais » et les inscriptions se font au titre de l'ascendance, c'est à dire à titre initial, pour les chevaux âgés de plus de deux ans si trois de leurs grands-parents sur quatre sont des trait ardennais. Les étalons reproducteurs de race trait belge, auxois et trait du Nord peuvent également être inscrits comme « Reproducteurs Facteur de Trait Ardennais » après examen par une commission nationale d’approbation. Cette commission est composée de cinq représentants désignés par le Conseil d’Administration de l’Union des Éleveurs de Chevaux de la Race Ardennaise, deux représentants des haras nationaux, et éventuellement d'experts[44].
Lieux de présence
La race ardennaise est présente chaque année au Salon de l'agriculture et au salon du cheval de Paris, comme les 8 autres races françaises de chevaux de trait. La maison du cheval ardennais, installée dans les bouveries des communs du château d'Augeard à Buzancy, expose des objets anciens et des maquettes d'attelages retraçant l'histoire de la race[45].
Haras de Montier-en-Der
Article détaillé : haras de Montier-en-Der.Le haras national de Montier-en-Der, créé en 1806, est réputé pour être un important centre d'élevage du cheval ardennais en France. Les quatre premiers étalons nationaux intégrèrent le Haras en 1887 et permirent de constituer la jumenterie française à l'origine des « ardennais français ». En 1929, ce haras comptait 127 étalons reproducteurs, tous de race ardennaise. Les effectifs déclinent après la seconde guerre mondiale et en 1980, il restait 35 étalons dont 15 de trait sur le site. Depuis 1999, ce haras est devenu un pôle culturel, comme la plupart des autres haras nationaux. Il garde sa fonction de centre d'élevage mais propose aussi des présentations de chevaux montés et attelés au public, des manifestations hippiques et des animations évènementielles, dont beaucoup autour du cheval ardennais[46].
Effectifs de la race ardennaise en France
Aujourd'hui, le cheval de trait ardennais se rencontre un peu partout en France, surtout dans le quart nord-est qui regroupe les deux tiers des éleveurs. Il y avait 699 élevages de ce cheval recensés en 2007[47]. La région Champagne-Ardenne, dont le cheval ardennais est patrimoine régional, est à la fois le berceau d'élevage[48] et la région comptant le plus grand nombre d'éleveurs puisqu'ils étaient 237 en 2007[47]. La commune de Villiers-sur-Suize fut la première en Champagne-Ardenne à utiliser un cheval de trait ardennais pour les travaux légers[48]. La Lorraine est la seconde région d'élevage avec 156 éleveurs recensés, suivie par l'Auvergne avec 110 éleveurs, le Limousin et l'Aquitaine avec une cinquantaine d'éleveurs, puis l'Alsace. La race est rare dans les autres régions[47],[5]. La mise en place de primes pour les races menacées a participé à la relance de l'élevage[3]. L'ardennais est actuellement la quatrième race de trait français en matière d'effectifs (derrière les comtois, bretons et percherons) et les naissances restent assez stables. La taille du cheptel par éleveur est à la première place avec 2,8 juments en moyenne par élevage[5]. Il y a environ 240 étalons et 1 500 juments répartis en France, 530 éleveurs et 1 200 détenteurs de ces animaux[5].
Année 1992 1994 1996 2000 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Nombre de naissances[47] 733 646 669 748 750 762 769 697 711 699 Au Luxembourg
Le Luxembourg était une province autrichienne au XVIIIe, quand les autrichiens commencèrent à s'intéresser à l'amélioration des chevaux locaux. Plus tard, l'État assura le développement de la race en 1891[49] et par la création du studbook luxembourgeois du cheval de trait ardennais, le 17 mars 1921[41], il dirigea l'élevage vers la réponse aux besoins de l'agriculture[49]. Au début des années 1950, la race commençait à disparaître[49]. Le duché du Luxembourg a, comme en France et en Belgique, accordé des primes à la naissance de chaque poulain ardennais inscrit au studbook de la race pour soutenir les éleveurs[50].
En Suède
Article détaillé : Ardennais suédois.Les chevaux ardennais arrivèrent en Suède vers 1870, époque d'intensification de l'agriculture. Ces chevaux furent élevés en race pure, depuis, le cheptel suédois s'est beaucoup réduit et sa survie est loin d'être assurée[51].
Achat et entretien du cheval ardennais
De nombreux éleveurs qui se sont spécialisés dans l'élevage et l'éducation de chevaux ardennais à destination des particuliers, des entreprises de débardage ou des services publics proposent des animaux à la vente. L'achat d'un cheval ardennais est un investissement à long terme qui implique de lui fournir un abri, de la nourriture et des soins.
Prix d'achat
Comme tous les chevaux d'élevage, plus l'ardennais est acheté jeune et non dressé et moins il coûte cher, l'entretien d'un cheval jusqu'à l'âge adulte et son éducation représentant des investissements pour les éleveurs. La plupart des poulains sevrés (âgés de 6 mois) sont vendus entre 600 et 1 000 € en fonction de leur sexe et de leurs origines. Une pouliche de 2 à 3 ans non débourrée vaut de 1 200 à 2 000 € selon son modèle et ses allures. Pour un animal débourré, il faut compter en moyenne 500 € de plus. Les animaux d'élite (dressés à l'attelage ou champions de modèle et allures par exemple) peuvent valoir 2 500 €, voire plus[52]. Ce prix reste moindre en comparaison avec celui des « races à la mode », comme le frison, qui peut facilement coûter 40 000€[53].
Entretien
Les chevaux ardennais sont habitués aux conditions climatiques de leur moyenne montagne d'origine et apprécient de vivre en plein air toute l'année[8], un abri leur est suffisant pour se protéger des intempéries. S'il n'est pas mis au travail, un animal adulte réclame 60 ares de prairies l'été afin de se nourrir. S'il est laissé à l'écurie, l'ardennais mange environ 12 kg de foin par jour auquel il faut ajouter régulièrement les 10 à 15 kg de paille qui composent sa litière. S'il est mis au travail, il doit recevoir une nourriture complémentaire généralement composée de rations d'avoine et de granulés. Comme tout cheval, l'ardennais réclame une vermifugation trois fois par an, les vaccinations obligatoires contre la grippe et le tétanos, et le soin de ses pieds, par parage s'il reste au pré et par ferrage, s'il travaille[52].
Récompenses
- Les 25 et 26 octobre 2008, deux chevaux ardennais ont remporté les deux premières places du championnat de France des meneurs territoriaux organisé à Trouville, en Normandie, sur 13 villes participantes. L'un des deux chevaux, Quadrille HN, est un jeune cheval de quatre ans mené par un meneur cantonnier originaire de Lampertheim, en Alsace, Charles Ludwig[54].
Notes et références
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- ↑ Question parlementaire N° 847. Consulté le 8 août 2009
- ↑ L'ardennais. Consulté le 13 août 2009
- ↑ a et b [pdf]L'ardennais de mes rêves... une réalité, document édité par Le studbook belge du cheval ardennais, consulté le 4 août 2009
- ↑ Le prix du frison sur Au royaume du frison. Consulté le 5 août 2009
- ↑ Annick Poinsignon, « [day=31&cHash=cfa9857591 Lampertheim sur le podium] », Les haras nationaux. Consulté le 3 août 2009
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Ardennais français
- Union des éleveurs de chevaux de la race ardennaise, site d'élevage français
- [pdf]Description de la race du trait ardennais, publication officielle des haras nationaux français
- [pdf]F.Grobois, S.Lemaire et F.Peyer, Règlement du studbook de la race ardennaise en France, publication officielle des haras nationaux français
Ardennais belge
Bibliographie
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- Auguste-Henry de Robien, Le Cheval ardennais en Lorraine, au pays d'Ardennes, Lucien Laveur, 1909, 52 p.
- Maxime Collart, Le cheval ardennais, hier, aujourd'hui, demain, Éditeur s.n., 1925, 63 p.
- Maurice Claude, L'élevage du cheval ardennais dans le Bassigny, Imprimerie Bosc frères & Riou, 1928, 91 p.
- Louis Fayolle, Le cheval ardennais face à l'économie moderne, École nationale vétérinaire d'Alfort, 1955, 44 p.
- JP. Bellamy, C. Doubre, J. Ponsart, B. Morhain et D. Rivot, Vivre avec des chevaux Ardennais dans l’Est, janvier 1993, 54 p. Actualisations économiques en conjoncture 1996 à 1999 et évolution, février 2001, 39 p.
- Paul-Pierre Pastoret, Le cheval ardennais, Éditions du Point Vétérinaire, 1996, 384 p. (ISBN 9782863261330)
- Collectif, Chevaux et poneys, Éditions Artemis, 2002, 128 p. (ISBN 9782844160256)
- Marcel Mavré, Attelages et attelées : un siècle d'utilisation du cheval de trait, France Agricole Editions, 2004, 223 p. (ISBN 9782855571157)
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