Ardennais du Nord

Ardennais du Nord

Trait du Nord

Trait du Nord icône cheval
Medium cheval.JPG
Cheval de fond dans les mines du Nord-Pas-de-Calais, à l'époque où les races ardennaise et trait du Nord étaient confondues

Région d’origine
Région Hainaut, Nord-Pas-de-Calais, France France
Caractéristiques
Morphologie Cheval de trait à sang froid
Taille 1,65 en moyenne pour la femelle, 1,68 à 1,70 m pour le mâle[1],[2]. 1,60 m à 1,79 m en général[3]
Poids 800 à 900 kg en moyenne[2]
Robe Généralement rouan ou bai, plus rarement aubère ou alezan[1],[2]
Tête Petite et expressive, quelquefois un peu forte[1],[2].
Pieds Talons hauts[1] et fanons abondants[2].
Caractère Doux et facile[2]
Autre
Utilisation Débardage, attelage, randonnées et production de viande

Le trait du Nord, autrefois nommé Ardennais du Nord et Ardennais de type Nord, est une race de grand cheval de trait français à sang froid originaire de la région du Hainaut et sélectionnée spécifiquement pour les travaux agricoles. Longtemps confondu avec le cheval ardennais, le trait du Nord fut dissocié de ce dernier quand son propre stud book fut ouvert en 1903. Il a également participé à l'exploitation des mines dans sa région d'origine et travaillait au fond des galeries avant que l'électrification et la motorisation de l'agriculture n'entrainent sa quasi-disparition, faute de demandes pour les éleveurs. C'est, paradoxalement, l'hippophagie qui permit la sauvegarde de ce cheval tout comme celle des huit autres races de trait français avant le renouveau de l'attelage de loisir et de travail. Aujourd'hui, des associations organisent sa reconversion dans l'équitation de travail, comme le débardage, et dans les loisirs équestres, comme l'attelage. Les nouvelles naissances chez la race sont néanmoins en diminution constante depuis de nombreuses années et ce cheval emblématique de la région du Nord-Pas-de-Calais possède l'un des plus faibles effectifs parmi les neuf races de chevaux de trait français.

Sommaire

Origines et utilisations

Origines

Article connexe : Domestication du cheval.

Il appartient à un groupe de races dites lourdes, une théorie récente dite des quatre lignées en fait un descendant d'une espèce disparue appelée cheval des forêts. Une théorie obsolète en faisait un descendant direct du cheval de Solutré[4] qui vivait pendant le quaternaire dans les bassins de la Saône et de la Meuse, et serait également l'ancêtre des chevaux ardennais et auxois[5],[1]. L'ancêtre du trait du Nord aurait émigré vers les vallées de la Sambre et de l'Escaut, dans la région de Valenciennes[1]. Tout comme les chevaux de trait néerlandais et belges, l'origine du trait du Nord se situe dans les grandes et riches prairies flamandes couvrant les régions du sud des Pays-Bas au Nord de la France en traversant toute la Belgique. Le comté du Hainaut est le véritable berceau de la race en France[6],[3], mais les chevaux de trait belges, flamands et ardennais formaient, durant le premier empire il y a deux siècles, un seul et même type de cheval[7] élevé dans un seul pays[8], les croisements entre eux furent donc très fréquents[1].

XIXe siècle : formation de la race

Spirou, un étalon ardennais, en 1900. La race ardennaise servit à la formation du trait du Nord et fut confondue avec lui jusqu'en 1903.
Un étalon trait belge, race qui fut confondue durant des siècles avec le trait du Nord.

La région flamande, grâce à l'absence de relief et à un climat favorable, était propice à l'agriculture. Au cours du XIXe siècle, de nouvelles machines améliorèrent les techniques agricoles et entrainèrent un agrandissement important des surfaces cultivées. Avec l'assèchement des marais, l'amélioration des rendements et des techniques agricoles et l'industrialisation à partir de 1850, les fermes devinrent des exploitations mais en l'absence de moteur à piston comme d'énergie électrique, les agriculteurs devaient avoir recours à la traction animale. Or, le bœuf est lent et les chevaux disponibles n'étaient pas adaptés à la charrue, il fut nécessaire de créer et de sélectionner une race de cheval de trait pour cet usage[6].

Pour les aider dans leur activité, les agriculteurs sélectionnèrent dès les années 1850 ce qui devint plus tard un cheval à la fois massif, harmonieux et rapide, à l'ossature solide et à la musculature puissante[5],[6] à partir de l'ancien cheval flamand, qui est aussi à l'origine de nombreuses races de trait françaises et étrangères. Le trait flamand était un cheval de très grande taille, moins épais que l'actuel trait du Nord, avec des pieds larges adaptés aux sols marécageux[8]. Cette race est maintenant fusionnée dans le trait belge. Le trait ardennais fut choisi par les éleveurs français pour améliorer la souche locale grâce à sa grande puissance musculaire, tandis que le cheval de trait néerlandais apporta de la taille, du poids et un supplément de force à sa descendance[9],[6]. Le résultat est un cheval à la fois musclé, puissant et résistant, possédant de longues jambes qui facilitent ses déplacements[6]. Il apporta un revenu appréciable à ses éleveurs[8].

Ce cheval devint rapidement très répandu aux Pays-Bas, en Belgique et au nord de la France, il fut élevé dans la grande plaine de Flandres et le Hainaut belge et français[7], et prit des noms différents en fonction du pays : dans la région flamande des Pays-Bas, il fut nommé trait hollandais, dans la région flamande de Belgique, trait belge ou Brabançon et dans la région flamande du Nord de la France, il resta confondu avec l'ardennais[6]. Les éleveurs français recherchaient le modèle qui vivait dans le Hainaut[3] et croisèrent leurs chevaux avec des boulonnais qui apportèrent de l'élégance et de l'influx nerveux à leur descendance afin de les améliorer[9]. Les plaines de la Thiérache, au nord-est de l'Aisne, façonnèrent aussi le trait du Nord qui gagna en taille et en volume et acquit de belles allures qui le différencièrent peu à peu de l'ardennais[1]. La renommée de la race fit qu'il devint populaire en France dans les régions du nord et de l'est, ainsi qu'en Lorraine[1].

En France, la plupart des chevaux de trait légers et lourds furent élevés pour l'usage militaire car les guerres nécessitaient de nombreux chevaux de tous les types, et l'armée était à la fois le plus grand demandeur et le plus gros « consommateur » de chevaux[10]. Certaines de ces races de trait trouvèrent un second débouché dans les transports et l'agriculture. Le trait du Nord est une exception car il fut créé directement pour l'activité agricole[6]. Ses éleveurs sont en effet réputés pour avoir refusé de croiser les chevaux de leur région avec des étalons de sang durant l'époque napoléonienne alors que les haras nationaux l'imposaient pour la remonte de l'armée[8]. L'élevage du trait du Nord et des races trait hollandais et trait belge commença à s'organiser à la fin du XIXe siècle[3].

Sélection et utilisations jusqu'au milieu du XXe siècle

Articles connexes : Traction hippomobile et Cheval de trait.

L'agriculture et l'industrie des mines furent les principaux demandeurs de chevaux trait du Nord. Le trait du Nord effectuait aussi parfois le halage des barges et des péniches sur les canaux mais la généralisation de la motorisation dès le début du XXe siècle mit un terme assez rapide à cette utilisation. Pendant la première guerre mondiale, les allemands confisquèrent de nombreux chevaux aux belges et aux français. En 1919, les animaux furent récupérés, ce qui permit de reconstituer rapidement les effectifs de la race qui avaient souffert de la guerre[11],[3].

Agriculture

Une charrue brabant double, modèle qui fut souvent tracté par des chevaux de trait pour labourer les champs avant la généralisation des tracteurs qui permirent de manœuvrer des charrues beaucoup plus lourdes.

Depuis sa sélection et jusqu'au début des années 1950, le trait du Nord fut le partenaire privilégié des agriculteurs qui pratiquaient des cultures intensives[5] dans les grandes plaines du Nord, notamment de céréales et de betteraves[1],[3]. Ce cheval puissant travaillait dans les champs où sa vigueur et son énergie étaient très appréciés[12], il avait aussi l'avantage d'être parfaitement adapté aux sols lourds et compacts de la région du Nord-Pas-de-Calais et de récupérer très rapidement après l'effort[13]. La nature des sols dans le Hainaut exigeait un cheval pesant plus de 800 kg pour un labour efficace[13]. C'est au début des années 1930 que ces chevaux atteignirent l'apogée de leur développement physique[14]. Le trait du Nord était alors décrit comme un « laboureur-né », il avait l'encolure dans l'alignement de son dos, voire plus basse, et un museau rasant le sol, il était entièrement bâti pour la traction et cette conformation lui permettait de déplacer des poids énormes sur de courtes distances[15]. L'utilisation du trait du Nord et par extension des chevaux de trait pour l'agriculture fut pourtant assez courte, car entre la fin des moissons à la faucille (années 1880) et la généralisation des moissonneuses-batteuses et des tracteurs (années 1960), il ne s'écoula que 80 ans. Cependant, les chevaux de trait ont permit d'importants progrès en agriculture[13].

Mines et industries

Article connexe : Cheval dans les mines.
Cheval de trait (probablement trait du Nord) utilisé dans les galeries minières du Nord-Pas-de-Calais pour tracter des wagonnets, ou berlines.

La grande capacité de traction du trait du Nord lui valut d'être employé à d'autres usages. Sa force fut mise à profits à partir de la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle, dans l'industrie lourde où il fut employé pour déplacer de grandes charges, et dans les mines où l'utilisation des machines à vapeur et des moteurs à explosion était impossible car dangereuse en raison de la présence du grisou. Le premier cheval fut descendu dans des galeries minières en 1821[16] et le trait du Nord fit rapidement partie des races favorites utilisées pour faire rouler les bennes[16] et pour actionner les machines à molettes qui remontaient le charbon[17] dans les mines du Nord-Pas-de-Calais avant l'électrification, soit dès la fin du XIXe siècle. Sa bonne tenue sur le sol était appréciée dans les nombreuses mines souterraines du Nord-Pas-de-Calais et de Belgique. Il y connut les mêmes conditions de travail difficiles et les mêmes dangers que les hommes[6]. Les éleveurs de traits du Nord firent de leur mieux pour constituer la cavalerie dont l'industrie des mines avait besoin[16]. Marcel Mavré dit à ce propos que « La confusion est grande : on entend fréquemment dire que la mécanisation a tué le cheval de trait. C'est une erreur. Le cheval de trait contemporain, fort, solide, vif et docile à la fois, a été créé en fonction de la mécanisation ». Les lourdes charges auxquelles il fut attelé ne pouvaient pas être tractées par le cheval de la première moitié du XIXe siècle, bien trop léger pour ce genre de besogne. Il fallait donc le forcir sans lui faire perdre son bel influx »[16]. Durant l'âge d'or du cheval de trait, un bon cheval des mines était capable de tirer un convoi pesant 16,8 tonnes et généralement composé de douze berlines pleines, le long des voies ferrées[16].

Fin du cheval de trait

Durant la seconde guerre mondiale, tous les stocks de carburants furent utilisés par les armées et le cheval de trait resta donc un moteur indispensable au transport comme aux travaux des champs jusqu'à la reddition des allemands en 1945[18]. Après la fin du conflit, les agriculteurs s'enrichirent rapidement, ce qui leur permit de s'équiper de tracteurs et de moissonneuses-batteuses. La race trait du Nord fut de plus en plus délaissée au profit des machines et le déclin de l'élevage fut palpable dès le début des années 1950, mais surtout durant les années 1960[6]. Quant au travail dans les mines, il commença à diminuer dès 1920, face à la concurrence des locomotives électriques. Le déclin de l'activité minière et l'électrification firent que le dernier cheval de fond fut définitivement remonté des galeries en 1969[16].

Reconversion

Les chevaux de trait furent si vite remplacés par des machines que les éleveurs ne purent faire face à la raréfaction de la demande, ni adapter leur production à temps, et nombre d'élevages furent brutalement abandonnés[6]. Au début des années 1970, l'élevage de tous les chevaux de trait s'était littéralement effondré[19].

Boucheries chevalines

Boucherie chevaline à Pezenas.
Cheval de trait ardennais proche du type « lourd » recherché pour la production de viande. Sa queue est coupée : la caudectomie est abolie en France pour tous les poulains de trait nés après le 1er janvier 1996.

Lorsque les tracteurs remplacèrent les chevaux, la production de viande devint le seul et unique débouché viable pour l'élevage du trait du Nord. Seules quelques petites exploitations agricoles du Nord-Pas-de-Calais gardèrent une ou deux juments, « par passion plus que par raison »[8]. C'est la boucherie chevaline qui assura, paradoxalement, une partie de la sauvegarde du trait du Nord ainsi que des huit autres races de chevaux de trait en gardant leur capital génétique intact, mais aussi en transformant leur modèle, autrefois puissant et sportif, en celui de « bêtes à viande » énormes et pataudes, affectueusement surnommées les « gros pépères » ou les « gros nounours ». Un arrêté du 24 aout 1976, paru dans le journal officiel, renomma toutes les races de « chevaux de trait » françaises en « chevaux lourds » et obligea les éleveurs à sélectionner des étalons reproducteurs les plus gros et les plus lourds possibles. Les haras nationaux achetèrent et approuvèrent uniquement ce type d'étalon destiné à la production de viande[19]. Cependant, le trait du Nord ne semble pas avoir un modèle des plus recherchés par les bouchers. La consommation de viande de cheval n'ayant fait que baisser depuis les années 1970, cela a sans doute contribué à faire diminuer encore davantage les effectifs de la race[6].

Renouveau de l'équitation de loisir et de travail

Cheval de trait ardennais harnaché pour l'attelage.

Au début des années 1990, l'équitation de loisir connut un nouveau souffle, tandis que la consommation de viande de cheval ne faisait que diminuer. Le 11 mars 1994, le journal officiel publia un nouvel arrêté redonnant au « cheval lourd » son ancien nom de « cheval de trait » et en 1996, un autre arrêté interdit la caudectomie (coupe de la queue) chez les chevaux de trait[20]. Les éleveurs purent à nouveau s'orienter vers la production d'animaux sportifs destinés aux loisirs ou au travail, que les haras nationaux se mirent à acheter de nouveau. Le trait du Nord retrouve donc une certaine sveltesse dans sa silhouette[14]. La race a aujourd'hui deux débouchés économiques principaux : la boucherie et le débardage des zones boisées inaccessibles aux machines. Depuis le milieu des années 1990, les poulains mâles qui ne sont pas destinés à la reproduction, à l'équitation de loisir ou à la traction hippomobile sont toujours engraissés et partent à la boucherie avant l'âge de dix-huit mois. Les femelles servent généralement à la reproduction[6].

Aujourd'hui, deux modèles tendraient à se distinguer au sein de la race. L'un a une épaule droite qui le destine à l'attelage lourd, l'autre a l'épaule oblique et est plus léger, ce qui le destine au travail au trot[1].

Plans de sauvegarde et de relance de l'élevage

Le haras de Compiègne multiplie aujourd'hui les efforts pour la sauvegarde de ce cheval, de même que les associations comme le syndicat d'élevage du cheval trait du Nord[1], appuyés par des initiatives locales comme celle du Parc naturel régional Scarpe-Escaut qui a ouvert un « pôle trait du Nord » à Saint-Amand-les-Eaux depuis le 1er octobre 2006[21]. Cependant, quand la plupart de ces plans de sauvegarde ont été mis en place, les effectifs de la race étaient déjà très bas. Ils tentent d'assurer l'avenir du cheval trait du Nord et de lui trouver de nouveaux débouchés, notamment dans l'équitation de loisir, le débardage en forêt, les travaux agricoles, l'attelage de compétition ou de loisir, le maraîchage et les randonnées montées ou attelées. Ce cheval participe aussi à quelques reconstitutions et animations folkloriques dans des villages qui attirent une foule assez nombreuse[1]. Les agriculteurs, les éleveurs et les passionnés de ces chevaux tentent de montrer leur savoir faire pour redonner une place au trait du Nord en ville ou dans certains travaux agricoles, dans les forêts et les zones fragiles. Des professionnels les utilisent aussi pour préserver la richesse et la biodiversité des sols[22], mais ces débouchés se révèlent encore insuffisant pour maintenir l'activité équilibrée et viable économiquement[6]. Le trait du Nord est principalement élevé par des passionnés qui reprennent des affaires familiales mais là encore, le nombre d'éleveurs est en régression constante car les jeunes éleveurs préfèrent se tourner vers l'élevage bovin, plus rémunérateur[6].

Attelage

Le renouveau de l'attelage a incité les éleveurs de traits du Nord à se présenter à des concours et à améliorer la qualité de leur production[23],[3]. André Bogaert est devenu champion de France et d'Europe d'attelage de chevaux de trait avec deux étalons trait du Nord issus du haras de Compiègne, et sélectionnés sur leurs performances dans cette discipline : Cimbad et Albatros. L'achat de ces deux chevaux par les haras nationaux aurait été impossible quelques années auparavant car les administrateurs du stud book s'y seraient opposé[24]. Éleveurs et utilisateurs ont récemment redécouvert les aptitudes de ce cheval, décrit comme courageux et attentif[8]. Ils mettent en avant ses qualités de trotteur énergique, sa grande force, sa douceur, son mental et le fait qu'il soit facile à dresser[1]. Ces qualités en font un cheval apprécié des meneurs pour l'attelage de loisir et de compétition, qui présente l'avantage de pouvoir être remis immédiatement au travail même après une période d'inactivité de plusieurs mois[1]. La plupart des poulinières peuvent être attelées au collier et les chevaux sont conduits au cordeau, une technique d'attelage ancienne et traditionnelle utilisant une petite cordelette à la place des deux guides habituellement utilisés en attelage, qui demande du calme et de la soumission et rend les poulains très dociles[3]. Cette technique demande un apprentissage précoce et patient pour le poulain mais permet tous les travaux de précision au pas et des efforts de traction au lourd. Quand le travail d'apprentissage est effectué correctement, le poulain est apte aux autres disciplines équestres et peut aussi travailler à la voix[8]. De nombreuses pouliches semblent désormais attelées pour le loisir, et non plus utilisées comme poulinières chaque année[23],[3].

Situation et avenir

Bien que les associations et les haras nationaux fassent des efforts pour protéger la race, le trait du Nord reste un cheval à très faibles effectifs[6] et l'une des races de chevaux de trait françaises les plus menacées. La production de viande est devenue secondaire avec la baisse de la consommation, et ne concerne plus que les poulains mâles qui ne sont pas retenus pour la reproduction ou l'attelage[23],[11]. Certains auteurs affirment que les alternatives à la boucherie restent trop peu nombreuses et que la baisse constante des effectifs fait que la race trait du Nord « se meurt à petit feu »[11].

Morphologie et caractère

Le trait du Nord doit répondre à un standard morphologique pour pouvoir être admis au sein de la race et inscrit au stud book depuis l'ouverture de celui-ci, en 1913. Les critères d'admission ont changé après la fin des années boucherie et sont actuellement ceux-ci : le trait du Nord doit être un cheval de grande taille, bien charpenté, court et puissant, possédant une ossature importante et une masse musculaire développée, énergique, avec un caractère facile et de belles allures[2],[3]. Il est généralement décrit comme un cheval de traction équilibré qui développe par sa masse et son influx nerveux le maximum de puissance et de facilité au travail[3], et qui est doté d'un bon tempérament[12]. Contrairement à d'autres races de trait dont le modèle a été allégé, le trait du Nord reste un cheval au gabarit très imposant[1].

Tête 
Pour l'admission au standard, elle doit être de petite taille proportionnellement a la masse du cheval, très souvent camuse, quelquefois un peu forte mais toujours expressive, énergique et bien attachée. Le front est plat avec des arcade orbitaires saillantes qui abritent un œil petit mais vif. Le chanfrein est droit et parfois légèrement camus, les lèvres sont bien appliquées l’une contre l'autre, les ganaches sèches et nettes, les oreilles courtes, bien portées et très mobiles[2]. Les naseaux de ce cheval sont généralement larges[12],[3].
Encolure 
Elle doit être de longueur moyenne et puissante, garnie de crins fins mais abondants[2]. Ce cheval possède généralement une encolure courte et légèrement arquée, dite « rouée »[12],[3].
Garrot 
Il doit être bien sorti mais légèrement fondu dans les masses musculaires voisines[2],[3].
Épaule 
Elle doit être moyennement oblique et assez longue[2].
Dos 
Il doit être court et droit[2],[3].
Rein 
Il doit être court et large[2], très musclé[12],[3].
Croupe 
Elle doit être large et puissamment musclée, moyennement oblique et donner insertion à une queue bien implantée, pourvue de crins assez fins[2]. La croupe est généralement « double » et massive[12],[3].
Corps 
Ce cheval doit posséder un corps compact, épais et massif, très musclé, pourvu d'une poitrine profonde et bien descendue avec un passage de sangle irréprochable, un poitrail large et musclé dont les pectoraux sont développés au maximum, un flanc court et bien harmonisé avec les régions qu’il relie[2],[3].
Membres 
Le trait du Nord doit posséder des aplombs réguliers et des membres extrêmement puissants grâce à leur musculature, leurs articulations nettes, sèches et bien développées dans leurs diamètres, leurs canons gros et courts, articulés bas, et auxquels se juxtaposent des tendons nets et secs garnis de fanons moyennement développés que terminent des paturons larges et courts s’emboîtant harmonieusement dans des pieds bien conformés aux talons hauts, à la fourchette large et épaisse, à la sole bien excavée et à la corne très résistante[2],[3].
Taille et poids 
La taille moyenne chez la race est de 1,65 m pour les juments et 1,68 à 1,72 m pour les étalons[3], pour un poids de 800 à 900 kg, parfois 850 kg pour les juments et de 1 000 kg pour les étalons[3]. Les poulains de 30 mois qui sont candidats pour devenir étalons doivent mesurer au moins 1,63 mètres[2]. Certains mâles dépassent facilement les 1,75 m et les 1 000 kg[12].
Robes 
Les robes admises chez la race sont le noir (rare), le bai (très fréquent), l'alezan et l'alezan brûlé (assez rares), le chocolat, le gris fer (rare), le rouan (très fréquent) et l'aubère[2],[3].

Statut d'élevage

Jusqu'au 5 août 1903[25],[3], le trait du Nord restait confondu avec l'ardennais, puis son propre stud book fut créé sous le nom d'Ardennais de type nord ou de Trait ardennais du nord[4], sous la responsabilité de la société du Stud-book du cheval de trait du Nord[1],[25].

Il faut attendre 1913 pour que le nom actuel, « Trait du nord » apparaisse, et pour que le stud book soit réellement ouvert à l'inscription des chevaux[1]. Seules les juments conformes au type de la race furent inscrites à titre initial[3]. Les éleveurs français continuèrent néanmoins à garder un contact étroit avec leurs homologues belges[7],[3]. En 1919, le trait du Nord était définitivement séparé de l'ardennais. Ce cheval reprit son nom d'origine avec la création du syndicat central d'élevage de trait ardennais du Nord en 1945[1], jusqu'en 1965. L'utilisation du nom « Trait du Nord » fut délaissée de 1961 jusqu'en 1992[3], et en 1994, cette appellation fut à nouveau officialisée[4].

Syndicat de la race

L'hôtel de ville de Cambrai : le siège du Syndicat d'élevage de la race.

Le siège du Syndicat d'élevage de la race trait du Nord se trouve à l'Hôtel de ville de Cambrai. Sur cette place défilent, chaque année, les meilleurs sujets de la race pendant la clôture du concours le dernier dimanche de juillet à midi[23],[3]. Les éleveurs de chevaux de Trait du Nord y viennent du Nord-Pas-de-Calais, mais aussi de Picardie et de Seine-Maritime pour présenter leurs pouliches et leurs juments au concours national des femelles de la race, organisé au palais des Grottes de Cambrai avant le grand défilé sur la place Aristide-Briand, comme le veut la tradition, depuis près de soixante-dix ans. Lors de ce rassemblement sont présentés des juments en bandes, des attelages, les outils des champs et des chevaux montés[22].

Stud book

En France, les haras nationaux règlementent la race trait du Nord tout comme les 8 autres races de chevaux de trait français. Ce règlement créé en collaboration avec le syndicat d'élevage de la race fait force de loi en ce qui concerne l'admission des étalons reproducteurs et l'inscription des poulains au sein du stud book. Le stud book du trait du Nord comprend la liste des étalons et des juments approuvés pour produire dans la race, la liste des poulains inscrits dès la naissance au stud book de la race, le répertoire des animaux inscrits à titre initial et une liste des naisseurs de chevaux trait du Nord[2]. Seuls les animaux inscrits dans ce stud book sont admis à porter l'appellation de « Trait du Nord » et les inscriptions se font au titre de l'ascendance, c'est-à-dire à titre initial si 3 des grands-parents d'un cheval sur 4 y sont inscrits. Les chevaux de race auxoise et ardennaise, les traits belges et les traits néerlandais peuvent être admis au stud book du trait du Nord après examen par une commission[2]. Les chevaux inscrits au stud book peuvent être marqués d’un « N » stylisé au fer rouge sur le côté gauche de l'encolure. Ce marquage constitue un label de conformité au standard de la race[26].

Lieux d'élevage actuels

Les principaux lieux d'élevage actuels se trouvent autour du haras de Compiègne et englobent les département du Nord, du Pas-de-Calais, de l'Oise, de l'Aisne et de la Somme. On peut aussi trouver quelques-uns de ces chevaux en région Centre, en Normandie et dans la région parisienne. Cette race est très locale et n'est quasiment pas exportée à l'étranger, ou seulement de manière très sporadique grâce à ses cousins, les traits belges et les traits néerlandais[1],[3]. La carte des poulinières en 2008 donne 121 juments dans la région du Nord-Pas-de-Calais, 46 en Picardie, 6 en Normandie, et de une à trois juments dans les autres régions[3].

Effectifs

Les effectifs de la race sont en diminution constante ces dernières années malgré les efforts menés pour la relance de l'élevage[27]. En 1995, la race trait du Nord comptait 33 étalons en service, qui effectuèrent 333 saillies en race pure et 206 saillies sur des juments d'autres races[28]. En 1996, les chiffres ne sont pas différents et en 1998, il y avait toujours une trentaine d'étalons agréés[1]. En 2004, on comptait 111 élevages de trait du Nord avec 119 chevaux immatriculés[29]. En 2007, on comptait 75 immatriculations de poulains. En 2008, 188 juments trait du Nord ont été saillies (contre 170 en 2007) dont 168 pour produire du trait du nord (154 en 2007).

En 2008 toujours, on comptait 17 étalons trait du Nord en activité, soit autant qu'en 2007. Ce faible nombre d'étalons reproducteurs expose dangereusement la race à une consanguinité qui ne cesse d'augmenter[6]. Pour lutter contre les risques, les éleveurs achètent ou échangent des étalons reproducteurs avec les belges et les néerlandais[6] et font appels à des étalons de races voisines, comme l'auxois qui, s'il est trop grand pour être admis par le standard de la race auxoise, peut être approuvé à la reproduction en trait du Nord[6].

Le nombre d'éleveurs de trait du Nord est passé de 150[1] à l'origine à 125 en 2002[11], puis à 92 en 2007 et 86 éleveurs en 2008[3].

Année 1990 1992 1995 1996 2000 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Nombre de naissances[3] 184 182 181 198 176 150 122 119 100 90 75  ?

Récompenses

Le trait du Nord est mis à l'honneur chaque année au salon de l'agriculture et au salon du cheval de Paris[1], il participe également à diverses manifestations d'attelage et à des concours de labour traditionnel.

  • En 1995, la race Trait du Nord a gagné le Trophée international des chevaux de trait du salon de l'agriculture[12].
  • Le 21 septembre 2008, Jacques Roussel, originaire de Béthune, a terminé second sur vingt-cinq au championnat de France de labour équin organisé à la Daguenière, près d'Anger, avec un équipage de deux chevaux trait du Nord attelés au cordeau. Le Syndicat d'élevage du cheval trait du Nord a financé son déplacement. Interrogé sur cette performance, il a répondu : « Plus jeune, je regardais mon père labourer. J'ai de bons souvenirs de ça. Il faut conserver un certain savoir-faire et montrer que le trait du Nord a encore de beaux jours devant lui »[30].

Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p , q , r , s , t , u , v  et w Isabelle Bernard, Myriam Corn, Pierre Miriski et Françoise Racic, Les races de chevaux et de poneys, Editions Artemis, 2006, 127 p. (ISBN 9782844163387), p. 122-123 
  2. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p , q , r , s  et t [pdf]Christophe Sodore, Règlement du stud-book trait du Nord, Règlement approuvé le 6 octobre 2005 pour le Ministre et par délégation des haras nationaux
  3. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p , q , r , s , t , u , v , w , x , y , z , aa , ab , ac , ad  et ae [pdf]Présentation de la race par le syndicat d'élevage des chevaux trait du nord, publication officielle des haras nationaux français. Consulté le 2 aout 2009
  4. a , b  et c Nathalie van der Schoor, « Trait du nord » sur Le saboteur. Consulté le 16 juillet 2009
  5. a , b  et c Histoire du trait du Nord. Mis en ligne le 2007, consulté le 16 juillet 2009
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