- Pied (cheval)
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Le pied constitue l'extrémité des membres du cheval. Les autres membres du genre Equus âne et zèbre, possèdent la même morphologie de pied qui les distinguent de leurs ancêtres équidés. Il est un élément essentiel de la locomotion, qui justifie pleinement l'expression « Pas de pied, pas de cheval »[1],[Ch 1].
Le cheval est un périssodactyle, à nombre impair de doigts — en l'occurrence un seul. En anatomie comparée, le pied du cheval correspond aux deux dernières phalanges du doigt médian de l'espèce humaine[Ch 2].
Le pied du cheval, surtout lorsqu'il est utilisé par l'homme, peut être atteint de maladies telle que la fourbure, et doit faire l'objet de soins constants incluant la ferrure, le parage, le graissage ou encore la douche.
Sommaire
Généralités et aspect extérieur
Le pied du cheval a un rôle fondamental dans sa locomotion, d'autant qu'à eux quatre, ils supportent le poids total de l'animal[Ch 1] Sa fonction première est de protéger l'extrémité inférieure du membre[Ch 2]. Lorsqu'il se pose au sol, le pied se déforme légèrement (parois, talons et couronne) afin d'absorber les chocs, et son coussinet plantaire, sous la fourchette, a un rôle d'amortisseur. Le pied est couvert de terminaisons nerveuses permettant au cheval de sentir les variations de pression[CM 1].
En fonction de son utilisation, un cheval peut avoir des formes de pied différentes, bien que ceci ne soit pas déterminant pour ses performances. Ainsi un cheval travaillant sur le plat (course de galop ou de trot, dressage) peut être pourvu de sabots étroits alors qu'un cheval devant sauter (saut d'obstacles, concours complet) aura besoin d'un pied plus large afin que sa surface de réception soit suffisante pour amortir le saut. D'autre part, un cheval aux pieds étroits évoluera mieux sur terrain sec et pierreux, alors que celui aux pieds larges sera mieux porté sur un sol fouillant[2].
La ferrure et le parage des pieds ont également une incidence sur le développement du sabot et peuvent favoriser certaines allures. Ainsi chez les trotteurs de course, on recherchera une surcharge en poids de la pince, afin d'augmenter l'amplitude des battues de trot.
La comparaison de la forme des sabots chez un même cheval peut donner des indications précieuses. Par exemple, si un sabot antérieur est plus large que l'autre, cela signifie que le cheval s'appuie plus souvent dessus. Cet appui plus marqué peut être le résultat d'une compensation, le cheval soulageant un membre controlatéral douloureux, ou d'une anomalie de locomotion provenant elle-même d'un défaut, d'une lésion ou d'une douleur dans une autre partie du corps. Un examen d'ensemble attentif est indispensable afin de déterminer et localiser la cause de cette déformation pour prévenir toute boiterie future.
Pour les cavaliers lorsqu'ils sont à cheval, la forme seule des sabots, tant qu'elle n'impacte pas la locomotion de l'équidé, n'a pas d'influence sur leur confort propre. La souplesse des articulations et la longueur du paturon jouent par contre un rôle déterminant sur les sensations du cavalier.
Évolution
Article connexe : Histoire évolutive des équidés.Les premiers des Hippomorphes connus, tel l'Eohippus (hyracotherium) pendant l’Éocène, il y a environ 54 millions d’années, possédaient quatre doigts à l’extrémité de leurs membres thoraciques et trois aux membres pelviens. Les membres se terminaient par un coussinet plantaire souple en lieu et place du sabot.
Au cours de l’Oligocène, il y a environ 30 millions d’années, la régression des forêts a contraint l’ensemble des équidés à gagner les prairies et les steppes. Devant s’adapter à un sol plus dur et à un milieu plus ouvert, fréquenté par de nombreux prédateurs, et devant donc développer leurs aptitudes à la course, les équidés tels ceux des genres Merychippus et Hipparion ont vu leur nombre de doigts reposant sur le sol se réduire à trois. À la fin du Pliocène, il y a moins de deux millions d’années, apparaît enfin le doigt unique du Pliohippus, précurseur des Equidae moderne. Il possède par contre un sabot fendu, que perdront enfin les animaux du genre Equus, regroupant ânes, zèbres, chevaux domestiques et chevaux sauvages tel que le cheval de Przewalski.
Ces animaux étaient classés dans l'ordre des solipèdes, c'est-à-dire qu'il « n'a pour tout vestige des doigts latéraux que deux stylets placés aux deux côtés de l'os du canon[3]. » Cette dénomination est désormais obsolète.
Anatomie
Article connexe : Anatomie du cheval.Vu de l'extérieur, le pied est composé de trois parties principales : la couronne, zone intermédiaire entre le paturon et le sabot; le sabot, qui contient et protège les parties sensibles qui terminent les membres et la surface solaire en contact avec le sol. Si la structure des pieds antérieurs et postérieurs est identique, en revanche, les sabots des antérieurs sont plus bas et évasés que les sabots postérieurs. Leur paroi est moins verticale, leur ligne de pince est plus inclinée sur l'horizontale. Le contour de la face solaire, presque circulaire sur les membres thoraciques, est ogival sur les membres pelviens. La sole présente une concavité plus marquée sur le postérieur.
Structures ostéo-articulaires et autres structures internes
Les structures osseuses sont la troisième phalange, ou os du pied, articulé avec la seconde phalange ou os de la couronne et l'os naviculaire, ainsi nommé en raison de sa forme rappelant une nacelle[4]. Les deux cartilages latéraux prolongent vers l'arrière la troisième phalange. Le tendon de l'extenseur du doigt est inséré sur la face antérieure de l'os du pied au niveau du processus extensorius, il participe à l'extension du pied. Le ligament suspenseur du boulet englobe les os sésamoïdes proximaux et s'unit avec le tendon de l'extenseur. Ce ligament correspond au résidu évolutif du muscle interosseux III, mais est, chez le cheval, entièrement tendineux et ne comporte plus de fibre musculaire. Il participe à la stabilité du pied lors de l'extension forcée.
L'appareil fléchisseur est principalement composé de deux muscles, dont seule la partie tendineuse apparaît au niveau du pied. Le tendon du fléchisseur superficiel (ou tendon perforé) s'insère sur la partie inférieure de l'os du paturon et sur le bourrelet de l'os de la couronne. Le tendon du fléchisseur profond (ou tendon perforant) est inséré sur les deuxième et troisième phalanges en passant par-dessus l'os naviculaire. Le tendon perforant traverse le perforé au niveau de la manica flexoria, ou anneau du perforé.
Considérant la masse et la motricité des chevaux, les articulations sont parfaitement adaptées à des sollicitations importantes. Ainsi, les articulations sont stabilisées par une puissante capsule articulaire tapissée par une membrane appelée synoviale, qui secrète le liquide synovial, un lubrifiant.
Le coussinet plantaire est un tissu élastique, situé entre les cartilages latéraux. Il joue un rôle d'amortisseur. Le tissu kéraphylleux est fortement uni à la corne. En raison de son aspect, il est nommé chair feuilletée dans la partie ne reposant pas sur le sol, chair veloutée, dans la partie correspondant à la sole.
Sabot
Le sabot est une sorte de boîte en corne entourant le pied les parties vives du pied[Ch 2], sur lesquelles il se moule, l'ossature étant en suspension dans la boîte cornée. Son extrémité, l'os naviculaire, repose et est rattachée au coussinet plantaire par la chair veloutée. Le pourtour de la 3ème phalange (os naviculaire) est rattaché au sillon circulaire par la chair cannelée. Il est formé de plusieurs parties fortement unies entre elles, mais séparables et constituées de différentes natures de corne. La corne est le plus souvent pigmentée si le poil sus-jacent l'est lui-même. Elle est blanche quand elle fait suite à une balzane. Contrairement à une idée répandue, il n'existe pas de différence de qualité entre les deux couleurs de corne[Ch 3].
La paroi, ou muraille, est la partie visible du sabot lorsque le pied est posé sur le sol. On lui distingue artificiellement plusieurs régions, qui sont, de l'avant vers l'arrière, la pince, les mamelles, les quartiers et les talons. Elle se réfléchit ensuite en arrière et en dessous pour former les barres. La paroi diminue d'épaisseur et de hauteur depuis la pince vers les talons. Elle est résistante, son côté extérieur est lisse, son côté interne présente un aspect en lamelles qui s'engrènent avec la chair feuilletée. Le périople est une bande de corne un peu plus molle, situé au bord supérieur de la paroi et qui se confond en arrière avec la fourchette. Il sécrète un vernis (le périople) protégeant la corne du dessèchement.
La partie du sabot qui repose sur le sol est nommée surface plantaire. Elle est concave et ouverte vers l'arrière. Son pourtour est formé par la partie inférieure de la paroi, qui constitue la surface réellement portante du pied. La sole est la partie concave de la voûte plantaire, formée de corne sèche et parfois friable. La zone située entre la sole et la paroi se nomme ligne blanche. La fourchette est une saillie en forme de V à pointe antérieure, composée d'une corne plus molle. Elle recouvre le coussinet plantaire. Les creux de chaque côté du V sont nommés lacunes latérales, le sillon entre les branches du V, lacune médiane. Les branches du V rejoignent en arrière le bourrelet périoplique pour former les glomes.
Renouvellement de la corne
La corne du sabot est synthétisée grâce à la prolifération des cellules au niveau du bourrelet périoplique, situé juste au-dessus du sabot. La corne pousse à la manière des ongles, de 1 à 2 cm par mois ; la pousse dans la saison chaude étant légèrement plus importante qu'en saison froide. Cette différence serait une adaptation en fonction du besoin saisonnier. En été les sols plus durs usent davantage aussi les équidés ont besoin d'un meilleur renouvellement de leurs sabots. Mais il n'a pas été détecté d'adaptation du taux de synthétisation de la corne en fonction de son usure.
En liberté, dans le milieu naturel, l'érosion de la corne compense exactement la pousse chez l'équidé en bonne santé. En revanche, lorsque l'animal travaille sur un sol plus dur, parcourt des distances plus importantes que celles parcourues en liberté, ou exécute des efforts spécifiques (sport équestre, travail de traction,…), l'usure du sabot peut s'avérer plus rapide que la pousse. D'autre part, un manque d'usure ou des contraintes particulières peuvent provoquer des déformations. Une usure trop importante de la corne induit une douleur, qui à terme, provoque des boiteries. Dans ce cas, les équidés recherchent spontanément les sols plus tendres et minimisent leurs déplacements, diminuant ainsi l'usure.
La déformation du sabot entraîne un mauvais appui du pied sur le sol. Ceci amène, à moyen terme, des défauts de locomotion dus généralement à un effet de compensation. Ces défauts de locomotion peuvent devenir définitifs si la forme du sabot n'est pas rectifiée rapidement.
Innervation et vascularisation
Les nerfs digités donnent la sensibilité du pied. Les rameaux palmaires propres innervent la partie postérieure du pied et l'articulation de l'os naviculaire. L'anesthésie de ces nerfs peut permettre de préciser la zone douloureuse responsable d'une boiterie. La section chirurgicale de ces nerfs ou névrectomie peut permettre de supprimer la boiterie en cas de maladie naviculaire au risque de majorer l'atteinte en augmentant l'appui sur le membre malade. Cette pratique est interdite en compétition[5].
La corne n'est pas innervée ni vascularisée ce qui permet une application indolore de la ferrure, même à chaud. Le pododerme fortement vascularisé va par contre souffrir de la rétractation du fait de l'irradiation de la chaleur. Entre deux maux, il est préférable d'opter pour un ferrage à froid, tout aussi solide.
Le pied est richement vascularisé, par l'intermédiaire de l'artère digitale. On peut sentir le pouls digité en arrière du paturon. L'accentuation de ce pouls est un signe d'inflammation du pied. La compression des nombreux plexus lors des successions d'appui permet une amélioration du retour veineux.
Fonctions mécaniques
Mécanique articulaire
Le cheval étant une espèce spécialisée dans la course, les mouvements prépondérants des membres se font dans le plan sagittal, c’est-à-dire principalement en extension et en flexion. Seules les articulations proximales permettent des mouvements actifs de rotation, d'adduction et d'abduction. Au niveau du pied, seuls les mouvements d'extension et flexion sont actifs.
L'articulation du boulet ou métacarpo-phalangienne permet des mouvements d'extension flexion. De très légers mouvements de rotation sont possibles.
L'articulation interphalangienne proximale permet également des mouvements d'extension flexion, ainsi qu'une légère rotation et quelques degrés de mouvements latéraux.
L'articulation inter-phalangienne distale permet également des mouvements d'extension flexion, et une composante en latéralité et en rotation plus importante que les deux précédentes.
Cinétique
On peut diviser une foulée en deux phases, contenant chacune trois parties[6].
La phase d'appui commence par l'amortissement (A) qui correspond au poser du sabot sur le sol, le plus souvent le talon recevant le premier l'impact. C'est lors de cette phase que le rôle d'amortissement du sabot est le plus sollicité. Le soutènement (B) correspond au passage de l'axe du membre par la verticale, les articulations étant à leur extension maximale. La propulsion (C) débute la flexion des articulations et restitue l'énergie cinétique.
La phase de soutien débute ensuite par le ramener (D), où la flexion tendineuse est encore passive. Lors de la suspension (E), le pied est à son apogée et en flexion maximale. Lors de l'embrassée (F), l'extension passe à son maximum par une action musculaire active.
Amortissement et protection
Le sabot, grâce à sa relative élasticité, joue un rôle majeur dans l'amortissement des chocs. Lors de l'appui, le poids enfonce la seconde phalange et l'os naviculaire à l'intérieur du sabot et tend à écraser le coussinet plantaire contre la fourchette. Celui-ci exerce, par l'intermédiaire des cartilages latéraux, une pression sur les parois latérales du sabot qui s'écartent vers l'arrière de quelques millimètres. Si la fourchette ne participe pas à l'appui (encastelure), ce rôle d'amortissement ne peut avoir lieu, ce qui engendre à la longue des boiteries.
Le sabot est une structure très solide avec une résistance à la traction de l'ordre de 6 kg/mm²[8] pour le cheval domestique.
Circulation
Le pied contient un riche réseau vasculaire, et chaque poser successif, en comprimant ce réseau participe au retour du sang veineux vers le cœur droit, ce qui a pu faire dire que le cheval a cinq cœurs.
La stagnation sanguine au niveau du pied entraîne une élévation de la pression interne du pied majorée par la relative inextensibilité de la boîte cornée.
Entretien
Les équidés utilisés par l'homme comme animal de trait ou de selle peuvent subir, si l'effort demandé est plus important que dans les conditions naturelles ( plus de 30km/jour), une usure prématurée du sabot. L'invention du fer à cheval a permit de ralentir cette usure. De même, les moyens mécaniques mis en œuvre par le parage permettent de compenser un manque d'usure. L'entretien et le parage du pied des équidés domestiques par un professionnel est donc presque systématique. L'utilisation des équidés étant de moins en moins importante, l'opportunité de la ferrure est de plus en plus remise en cause, les problèmes entraînés devenant plus importants que les solutions apportées[9],[10].
Le rythme habituel de renouvellement des fers est de six semaines environ, pas toujours en fonction de leur usure, la pousse de la corne entrant aussi en ligne de compte. Le parage des chevaux « pieds-nus » doit être effectué toutes les quatre à cinq semaines, la pousse étant plus rapide que l'usure.
L'hygiène du pied est fondamentale, tout homme de cheval vérifiant l'état du pied et le curant avant et après chaque séance de travail. L'entretien de la litière joue également un rôle important, en évitant une macération et une attaque de la sole et de la fourchette par l'ammoniac résultant de la fermentation prolongée de la litière. Les massages de la couronne stimulent la pousse du sabot.
Les douches sont bénéfiques pour les membres et les tendons, tant par leur effet mécanique de massage que par leur effet thermique, provoquant une vasoconstriction. Il est souvent préférable de graisser le sabot après la douche[11], notamment par temps sec. Par temps humide, l'ordre inverse est préconisé[12]. Afin d'éviter les crevasses, il est nécessaire, surtout par temps froid, de bien sécher les plis de flexion.
De nombreuses huiles, graisses et onguents sont utilisés. Les huiles s'appliquent au tampon et évitent le dessèchement du pied, tout en lui gardant une bonne élasticité. Elles sont préconisées chez les chevaux aux sabots fragiles qui supportent mal la ferrure. L'huile de laurier a un effet assouplissant et stimulant sur la pousse de la corne. Les graisses existent en de nombreuses variétés, minérales, végétales et animales, il est recommandé de les appliquer pures et d'éviter les mélanges avec le goudron de Norvège. La graisse de poisson contient des vitamines A et D[CM 2].
Les onguents ont également un effet hydratant, d'autres encore ont un effet astringent et désinfectant (Produits à base d'essence de térébenthine ou d'alcool iodé). Les goudrons végétaux ont un effet désinfectant et protecteur de la sole, ils sont souvent utilisés appliqués en pansement et en prévention du pourrissement de la sole du pied. Le rythme d'application préconisé est d'une[CM 2] à deux fois par semaine, plus ou moins en fonction de l'état de la corne. Il est d'usage de graisser les pieds dans un but esthétique lors des épreuves sportives et des présentations.
L'exercice régulier sur tout terrain "pieds nus" durcit la corne et favorise la bonne évolution du pied. L'alimentation équilibrée apporte normalement des quantités suffisantes de vitamines du groupe B, notamment de biotine et d'oligoéléments (zinc, en particulier), pour assurer la santé du pied. Des suppléments alimentaires peuvent parfois être utilisés dans les cas de carence avérée. Leur usage préventif est certainement non nocif mais dispendieux et d'efficacité non prouvée[13], ils sont néanmoins vendus dans le commerce avec des mentions comme « favorise la pousse de la corne » et « la rend plus résistante »[CM 1].
Le port de protections du pied, ou « cloches », permet d'éviter les blessures des glomes lorsque l'équidé est ferré.
Pathologies du pied
La moindre affection atteignant le pied peut mettre en péril l'avenir du cheval[Ch 1]. Le pied constitue la principale zone de pathologie du cheval de sport, avec 80% des lésions qui se trouvent au niveau des antérieurs. En fonction des disciplines, les pathologies sont différentes. En CSO, les problèmes rencontrées sont de type podotrocléaires alors qu'en dressage se produisent des pathologies de type tendineux ou ligamentaires au niveau des jarrets et boulets. Le concours complet, par sa nature, n'est pas seulement « complet » au niveau des disciplines, mais aussi des pathologies[14].
Les vétérinaires et maréchaux-ferrants ont appris à travailler de concert pour faire face aux pathologies, avec l'établissement d'ordonnances d'écurie qui sont effectuées en concertation[14]. La prévention a également progressé grâce à une meilleure connaissance des pathologies, permettant d'anticiper et de limiter les problèmes rencontrées.
Affections ostéo-articulaires
Défauts d'aplomb
Les défauts d'aplomb entraînent une répartition inégale des pressions sur le pied. Ils peuvent exposer à des lésions traumatiques à type d'atteintes ou de coupures. En règle générale, il vaut mieux les compenser par une ferrure adaptée que vouloir les corriger.
On distingue cinq types de défauts d'aplomb :
- Lorsque la pince n'est plus médiane mais tournée vers l'extérieur, le pied est dit panard.
- Lorsque la pince est tournée vers l'intérieur, le pied est dit cagneux.
- Lorsque l'appui se fait exagérément sur la pince, le pied est dit pinçard.
- Lorsque l'appui se fait exagérément sur le talon, le pied est dit talus.
- Lorsque la paroi est très verticale et les talons très hauts, le pied est dit rampin, car traînant au sol lors de la marche.
Tares
Les tares sont des affections articulaires développées aux dépens des os, des cartilages ou des gaines synoviales des tendons. On distingue les tares dures des tares molles.
Les tares dures du pied sont des formes osseuses ou exostoses. Elles sont développées aux dépens des os ou des cartilages latéraux (formes cartilagineuses)[15]. Elles n'entraînent que rarement une symptomatologie et ne sont que disgracieuses.
Les tares molles sont des kystes synoviaux, témoins en général d'un travail excessif des tendons et des articulations. Rarement douloureuses, elles n'entraînent que peu ou pas de gêne mais sont souvent témoins d'une sollicitation excessive de l'appareil tendineux.
Fourbure
Article principal : fourbure.La fourbure est une congestion inflammatoire aiguë du pied. En raison de l'inextensibilité relative de la boîte cornée, elle entraîne un arrêt circulatoire localisé avec ischémie des tissus, notamment du tissu kéraphylleux. Il se produit une désunion entre les structures osseuses et cornées, provoquant le basculement de la troisième phalange vers l'avant, caractéristique de cette affection. À l'extrême, la troisième phalange peut perforer la sole. Il s'agit là d'un cas gravissime.
La cause peut être métabolique par excès de nourriture, déshydratation, infections généralisée provoquant la libération d'endotoxines ou rétention placentaire, traumatique, par excès de travail ou surcharge chronique, c'est-à-dire par excès de poids, ou iatrogène par administration de trop grande quantité de corticoïdes. Une fourbure chronique peut se manifester suite à une fourbure aiguë[16].
Le traitement est celui de la cause avec, de plus, mise au repos, anti-inflammatoires avec ferrure orthopédique s'il est possible de mettre en place un fer en tronquant la pince et en privilégiant l'appui sur les talons. Une plaque et du silicone peuvent être également mises en place. Dans les suivis possibles, citons également l'administration d'acépromazine, le patch de nitroglycérine ou la cryothérapie pour la vasodilatation, la mise en place d'une litière épaisse au box, ou encore la saignée dans les 12 heures après les premiers symptômes en cas de surcharge alimentaire[16]. Des inhibiteurs du TNF sont parfois utilisés[17].
Une alternative au traitement de la fourbure chronique est le déferrage du cheval ainsi qu'un parage « pieds nus » qui favorisera le dynamisme du métabolisme, la vascularisation du pied est améliorée et favorise la guérison.
La fourbure reste une affection grave pouvant compromettre définitivement l'aptitude au travail.
Le syndrome naviculaire ou syndrome podo-trochléaire est une affection caractérisée par l'atteinte de l'os naviculaire où/et des structures anatomiques environnantes: tendon fléchisseur profond du doigt, articulation inter-phalangienne distale, ligaments collatéraux de l'articulation inter-phalangienne distale, ligaments sésamoïdiens collatéraux, bourses synoviales de l'articulation inter-phalangienne distale.
En ce qui concerne le syndrome podothochléaire lié à l'os sésamoïde distal, les mécanismes évoqués sont une théorie traumatique, par la répétition de micro-traumatismes répétés, une théorie circulatoire, par ischémie du sésamoïde et une théorie inflammatoire, se rapprochant en fait de la théorie traumatique. Actuellement, la pathogénie retenue est celle d'un cercle vicieux, traumatisme, réaction inflammatoire, ostéolyse (destruction osseuse), anomalie de la motricité du pied, inflammation, etc. En ce qui concerne une étiologie d'origine tendineuse où ligamentaire, on évoquera des lésions dues à une utilisation ou un entretien irrationnels du cheval (surcharge de travail, mauvais terrain, mauvais parage, mauvaise ferrure). Un pince longue et des talons bas sont des facteurs favorisant l'apparition du syndrome.
Certaines lignées génétiques semblent plus exposées à cette affection. Des défauts de conformation à type d'épaule verticale, de membres droit jointés sont également des facteurs prédisposants. Une ferrure incorrecte est également parfois incriminée.
Le diagnostic repose sur l'examen de la locomotion (appui préférentiel sur la pince), examen à la pince à sonder (réveillant une douleur à la pression en travers des talons, les radiographies (principalement, aspect de géodes ou d'amincissement du naviculaire), l'I.R.M, la scintigraphie, l'échographie pour visualiser les tissus mous. Le diagnostic de certitude est cependant parfois difficile à apporter.
Le traitement repose sur le repos, les anti-inflammatoires, l'application d'une ferrure correctrice (egg-bar shoes, fers à l'envers. Dans certains cas comme la tendinite récente du TFPD, les talonnettes peuvent être recommandées[18]. Le principe étant d'empêcher l'enfoncement des talons et de favoriser le roulement du pied afin de limiter les contraintes mécaniques dans la zone podotrochléaire et en particulier sur le TFPD. Actuellement les médicaments de la classe des diphosphonates[19] semblent apporter une évolution thérapeutique sensible.
Le parage "pieds nus" différent du parage de maréchalerie permet au cheval de retrouver une locomotion normale et aisée après une période d'adaptation — la transition — qui durera entre 3 mois et 6 mois en fonction de l'état initial.
La névrectomie est le traitement de la dernière extrémité et n'apporte un soulagement que pendant une période de quelques mois à deux ans.
Arthrose
L'arthrose est une affection dégénérative siégeant au niveau des cartilages articulaires. Elle entraîne une boiterie « à froid », diminuant après échauffement. La prise d'appui en talon en est un signe caractéristique, la radiographie confirmera le diagnostic en montrant un pincement de l'interligne articulaire, des ostéophytes et des géodes osseuses. Le traitement en est essentiellement orthopédique en soulageant les zones les plus lésées par une ferrure adaptée.
Pied-bot
Le pied-bot est la conséquence de la rétractation du fléchisseur profond. La boite cornée se développe verticalement, les talons sont massifs, la fourchette est enserrée par une sole très dure, irrégulière et convexe par endroits. Classiquement, le pied-bot est traité par le maréchal-ferrant qui pose un fer à la florentine. Une méthode alternative consiste à déferrer le pied et à appliquer des techniques de parage "naturel" afin de descendre les talons et remettre ainsi le tendon fléchisseur profond au travail. [20]
Affections du sabot
L’encastelure se caractérise par un resserrement du sabot, partant de la partie supérieure des quartiers et pouvant s'étendre jusqu'aux talons. Il s'y associe une atrophie de la fourchette et du coussinet plantaire. La paroi prend alors l'aspect de celle d'un château fort, d’où le terme d’encastelure[21]. Dans ce cas, l'appui de la fourchette ne se fait pas suffisamment, pouvant entraîner douleur et boiterie. Certains chevaux, originaires de régions arides sont naturellement encastelés, ceci permettant la protection de la sole des traumatismes contre les pierres.
Les seimes sont des fentes longitudinales du sabot[Ch 4]. La seime classique, la plus grave, est une lésion de la couronne, qui entraîne une interruption de la production de corne[Ma 1]. Elles se développent alors du haut vers le bas. À l'inverse, elles peuvent avoir pour origine une lésion du bord d'appui et se développent alors du bas vers le haut. Elles peuvent être douloureuses et offrent une porte d'entrée aux infections. Le traitement préventif est un entretien soigneux du pied, un maintien de l'hydratation de la corne et un parage régulier. Le traitement est du ressort du maréchal-ferrant.
La fourmilière est une cavité pathologique créée par le décollement entre la corne et les tissus sous-jacents. Elle peut être consécutive à une fourbure chronique ou à une infection chronique liée à une seime ou un clou de rue. Le maréchal curettera les lésions et on appliquera des pansements désinfectants.
La pourriture de la fourchette est une affection liée le plus souvent à un défaut d'hygiène ou d'entretien. Elle se caractérise par un aspect noirâtre et spongieux de la fourchette, qui dégage une odeur nauséabonde[Ma 2]. Le traitement préventif est un entretien soigneux du pied et de la litière. Le traitement curatif consiste en l'application locale d'antiseptiques à base d'iode, ou de sulfate de cuivre (liqueur de Vilatte). La liqueur de vilatte est un remède assez ancien, qui demande des applications régulières et malcommodes pour un résultat parfois décevant.
La pododermatite végétante ou crapaud[22] est également liée à un défaut d'entretien en climat chaud et humide. La sole devient friable et blanchâtre. Le traitement préventif est un entretien soigneux du pied et de la litière. Le traitement curatif consiste en l'application locale d'antiseptiques. Des antibiotiques par voie générale sont parfois nécessaires.
Les abcès du pied sont, par définition, une collection de pus, localisée le plus souvent sous la sole. Ils ont le plus souvent une porte d'entrée par une lésion traumatique ou une infection des parties externes. Ils entraînent une boiterie très intense, « à patte cassée », le pied est chaud, le pouls digité trop bien perçu. La pince à sonder révèle une vive douleur, permettant de localiser la zone abcédée. Le traitement consiste à évacuer le pus, à cureter soigneusement la coque et appliquer des antiseptiques. Des antibiotiques par voie générale sont parfois indiqués. Comme dans toutes les lésions traumatiques et infectieuses, il convient de s'assurer de la vaccination antitétanique. On peut faciliter la "sortie" de l'abcès grâce à un emplâtre de farine de lin (humidifiée pour obtenir une pâte) laissé une nuit dans une chaussette étanche.
Affections cutanées
Les crevasses sont des affections, souvent très douloureuses, situées au niveau des plis de flexion, principalement du paturon. Elles résultent parfois d'un manque d'hygiène, par exemple d'une litière malpropre, parfois d'un excès d'hygiène avec des douches trop prolongées et un séchage insuffisant. Le traitement est préventif, en séchant convenablement les plis de flexion après la douche et en s'abstenant de tondre les fanons qui sont des gouttières naturelles permettant l'écoulement de l'eau hors du pli du paturon.
La gale de boue est une parasitose due le plus souvent à un acarien, le Chorioptes Bovis. Elle nécessite une mise au sec, un traitement désinfectant et antiparasitaire.
Affections traumatiques
Les bleimes sont des lésions de la sole, entraînées par des chocs sur une sole trop plate ou par des défauts de ferrure. Elles sont caractérisées par un épanchement sanguin sous la sole, parfois visible sous la forme d'une tache rosée. Elles peuvent exsuder voire suppurer et se compliquer d'un abcès. Elles peuvent entraîner une boiterie ou une simple baisse des performances. L'application de la pince à sonder permet le plus souvent le diagnostic. Le traitement repose sur le repos, les anti-inflammatoires, les pansements. Une ferrure à plaque peut être indiquée pour protéger la sole. Toutefois, ce type de ferrure peut entraîner une fragilité accrue de la sole.
L'étonnement du pied est une congestion douloureuse du pied, occasionnée par un choc violent contre le sabot. Il se traduit par une boiterie intense[23].
La piqûre est la blessure des parties vives du pied par un clou lors du ferrage, suivie immédiatement du retrait du clou. L'enclouure est la blessure des parties vives du pied par un clou lors du ferrage, le clou restant en place. Elle peut se compliquer d'un abcès. On appelle clou de rue, une blessure perforante de la sole, quel qu'en soit l'agent causal, clou, pierre, verre, etc.
Les atteintes sont des lésions traumatiques liées au choc des membres du cheval entre eux lors des mouvements. L'utilisation de guêtres et de protège-boulets est un bon moyen de prévention.
Les entorses sont des déchirures ligamentaires. Au niveau du pied, l'entorse du boulet est la plus fréquente, siégeant au niveau du ligament suspenseur.
Les fractures des os du pied sont des affections graves, mettant en jeu le pronostic fonctionnel du cheval et parfois nécessitant son euthanasie.
Notes et références
- Marine Marcis, « Petits bobos de pieds », dans Cheval magazine, no 341, mai 2000, p. 74-75
- p. 74
- p. 75
- Sébastien Chauveau, « Le pied : prévenir et guérir », dans Cheval magazine, no 373, décembre 2002, p. 80-83
- p. 80
- p. 81
- p. 83
- p. 82
- « Soins des pieds et des membres », dans Cheval magazine, no 402, mai 2005, p. 98-101
- p. 99
- p. 98
- Körber 1999
- Sevestre et Rosier 1991
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Annexes
Articles connexes
Bibliographie
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- Fédération française d'équitation, Manuels de préparation aux examens fédéraux, Maloine (ISBN 2-224-02388-7)
- H.-D Körber, Le pied du cheval, sabots, ferrures, maladies, Vigot, 1999 (ISBN 2-7114-1379-9)
- N. S. Loving, Manuel vétérinaire pour propriétaires de chevaux, Vigot (ISBN 2-7114-1369-1)
- Jacques Sevestre et Nicole Agathe Rosier, Le Cheval, Larousse, 1991 (ISBN 2-03-517118-0)
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