- Claude-Adrien Helvetius
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Claude-Adrien Helvétius
Pour les articles homonymes, voir Helvétius.Claude-Adrien Helvétius, né le 26 février 1715 à Paris et mort le 26 décembre 1771 à Versailles, est un philosophe français.
Sommaire
Biographie
Claude-Adrien Helvétius devient fermier général dès l'âge de vingt-trois ans puis, en 1751, il obtient la charge de maître d'hôtel de la reine. Au sein des matérialistes de son siècle, Helvétius (latinisation de Schweitzer) développe un sensualisme matérialiste, où l’intérêt seul dirige les jugements et considère l’éducation comme l’élément constitutif principal de l’esprit des humains, qui sont, selon lui, tous susceptibles de s’instruire également.
Il est fortement inspiré par Locke, dont il lit très tôt l’Essai sur l’entendement humain. Ses idées sur la constitution de l’esprit humain en seront nettement influencées. Il veut dépasser cependant toute idée de Dieu en défendant un athéisme relatif. Il considère la croyance en Dieu et en l’âme comme le résultat de notre incapacité à comprendre le fonctionnement de la nature, et voit dans les religions, notamment la religion catholique, un despotisme n’ayant comme but que le maintien de l’ignorance pour une meilleure exploitation des hommes.
Souvent présenté comme un physiocrate (il monte une manufacture, fait faillite, puis connait le succès) et un philosophe matérialiste, selon Michel Onfray[1] Helvétius est pourtant plus à rapprocher d’un philosophe nominaliste et déiste. On trouve dans ses textes plusieurs références à Dieu et à son existence : « l'être suprême », « l’éternel », « le législateur céleste » sont des expressions qui reviennent plusieurs fois dans son ouvrage De l'Homme ; il y définit même Dieu comme étant « la cause encore inconnue de l'ordre et du mouvement ». La raison de cet amalgame est en partie due à la récupération politique de ses textes, qu'il s’agisse de discréditer son œuvre (jésuites, jansénistes, le pape Clément XIII ou encore le pouvoir royal de Louis XV) ou d’en faire un penseur incontournable du socialisme scientifique (marxistes).
Ainsi, si Helvétius est anti-chrétien, il ne nie pas l’existence d’une force dans la nature et il défend même l’idée d’une philosophie plutôt positive dans cette religion une fois épurée de son fanatisme, superstitions et institutions.
Philosophie
Helvétius était à la fois matérialiste et sensualiste. Le matérialisme est un système philosophique qui n’admet pas d’autre substance que la matière : il s’oppose notamment à la religion et à la notion d’âme immatérielle. Selon le sensualisme, toutes nos connaissances et nos idées découlent des sensations, dont elles ne sont que la combinaison de plus en plus complexe. Le sensualisme s’oppose à l’activité spontanée de l’esprit.
Postérité
Outre la postérité due à sa philosophie, on peut rattacher l’histoire des Idéologues à Helvétius. En effet, ce groupe philosophique de la fin du XVIIIe siècle conduit par Destutt de Tracy, se réunissait régulièrement chez sa femme Anne-Catherine Helvétius, avec Cabanis qui, dès 1778, s'était installé dans la propriété de l'inconsolable veuve.
Œuvres principales
- De l'Esprit (1758) Texte en ligne. Accepté par la censure lors de la parution puis mis à l'index.
- De l’Homme (posthume, 1773). « Ce qui est remarquable dans ce livre d'Helvétius, c'est la manière dont il explique comment les petits évènements de la vie infantile, et, notamment, les facteurs affectifs du milieu familial, peuvent entraîner une différenciation profonde des caractères et des intelligences. Il se montre là indubitablement un précurseur des conceptions freudiennes. » Jean Rostand, 1952.Voir bibliographie.
Littérature
- Le livre de Jacques Sadoul; Le grand art de l'alchimie paru au éditions J'ai lu L'Aventure mystérieuse (N° A329) cite Claude-Adrien Helvétius
Notes
- ↑ « Helvétius, précepteur gauchiste » , « Utilitariste anti-kantien » et « La religion d'un mécréant », conférences de Michel Onfray à l'Université populaire de Caen, août 2006
Références
- Jean Rostand, « La conception de l'homme selon Helvétius et selon Diderot », L'Encyclopédie et le progrès des sciences et des techniques, Centre International de Synthèse, Paris : PUF, 1952, p. 10-19.
Bibliographie
- (en) David Smith, Bibliography of the writings of Helvétius, Ferney-Voltaire, Centre international d’étude du XVIIIe siècle, 2001, (ISBN 2-84559-006-7)
- Albert Keim, Helvétius. Sa vie et son œuvre d'après ses ouvrages, des écrits divers et des documents inédits, Paris, Alcan, 1907 (rééd. Slatkine, 1970).
- Roland Desné, "Helvétius, fermier-général. À propos du procès-verbal de sa tournée en Champagne (1738)", Beiträge zur französischen Aufklärung und zur spanischen Literatur, Festgabe für W. Krauss zum 70. Geburtstag, Berlin, Akademie-Verlag, 1971, p. 49-81.
- Kh. Momdjian, La Philosophie d'Helvétius, Moscou, Éditions en langues étrangères, 1959.
- Michèle Duchet, "L’Anthropologie d’Helvétius" dans Michèle Duchet, Anthropologie et histoire au siècle des Lumières, Albin Michel, 1995, p. 377-406 [Maspéro, 1971].
- Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie (4) : Les Ultras des Lumières, GLM (Grasset), Paris, 2007, (ISBN 978-2-286-03237-1)
- Jacques Moutaux, "Helvétius et l’idée d’humanité", Olivier Bloch (éd.), Entre forme et histoire, Paris, Méridiens Klincksieck, 1988, p. 229-250.
- John C. O'Neal, "Le Principe fécond de la sensibilité physique chez Helvétius" Corpus. Revue de philosophie, 14/15, 1990, p. 111-28.
- Jean-Claude Bourdin, "Helvétius, science de l'homme et pensée politique", Corpus. Revue de philosophie, 22/23, 1993, p. 163-179.
- Madeleine Ferland, "Entre la vertu et le bonheur. Sur le principe d'utilité sociale chez Helvétius",Corpus. Revue de philosophie, 22/23, 1993, p. 201-214.
- Ian Cumming, "Helvétius in England", Études anglaises, 16, 1963, p. 113-125.
- Roland Krebs, Helvétius en Allemagne ou la tentation du matérialisme, Paris, Champion, 2006 (ISBN 978-2-7453-1450-5)
- David Smith, Peter Allan et Alan Dainard (dir.), Correspondance générale d'Helvétius. University of Toronto Press, 1998. (ISBN 978-0-80204285-9)
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