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Poullaouen
Le bourg de Poullaouen vu de "La Mine"
DétailAdministration Pays France Région Bretagne Département Finistère Arrondissement Arrondissement de Châteaulin Canton Canton de Carhaix-Plouguer Code commune 29227 Code postal 29246 Maire
Mandat en coursDidier Goubil
2001-2014Intercommunalité Communauté de communes du Poher Site web Site de la commune de Poullaouen Démographie Population 1 390 hab. (2008[1]) Densité 19 hab./km² Aire urbaine 14 136 hab. () Gentilé Poullaouenais, Poullaouenaise Géographie Coordonnées Altitudes mini. 69 m — maxi. 218 m Superficie 71,36 km2 Poullaouen est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Sommaire
- 1 Géographie
- 2 Histoire
- 3 Démographie
- 4 Administration[50]
- 5 Lieux et monuments
- 6 Personnalités liées à la commune
- 7 Sports
- 8 Bibliographie
Géographie
Poullaouen est une commune située à une trentaine de km au sud-est de Morlaix et à une dizaine de km à peine au nord de Carhaix entre les monts d'Arrée au nord et les montagnes Noires au sud. La commune est limitrophe au nord-ouest de Locmaria-Berrien, au sud-ouest de Plounévézel, au sud-ouest de Plouyé. Le bourg est situé sur une colline vers 160 mètres d'altitude, mais le point le plus haut du finage communal est à 282 mètres, le point le plus bas à 144 mètres.
« Poullaouen est un triste pays où il pleut dix mois de l'année » a écrit l'écrivain Edmond About[2]. Même si le climat breton est humide, cette affirmation est heureusement exagérée!
Histoire
Origines et toponymie
Le nom de la commune provient du breton plou ou ploe ( = paroisse) et de saint Louan, moine ermite d'origine irlandaise, connu au Pays de Galles sous le nom de saint Llywan. Ce saint a aussi donné son nom à Kerlouan et à un hameau de la commune de Riantec. Ce nom est attesté pour la première fois en 1505[3].
Ancienne paroisse de l'Armorique primitive, qui englobait aussi sa trève de Saint-Tudec, Kergloff, Plounévézel (et ses trèves de Sainte-Catherine et Saint-Idunet), Cléden-Poher et Carnoët[4]. Poullaouen faisait partie de la région du Poher et de l'évêché de Cornouaille.
Les transcriptions du nom de la paroisse ont évolué avec le temps: Ploelouen (vers 1330 et en 1386), Ploelouan (en 1349), Ploe Louan (au XIVe siècle), Poulaven (en 1591) et Poullaouen (en 1677)[5].
Antiquité et Moyen Âge
Poullaouen fit partie de la tribu gauloise des Osismes. Les vestiges de 4 camps subsistent au Justicou, à Rosquijeau, au Fréau et à Saint-Sébastien prouvant une occupation ancienne de la commune qui était également traversée par trois voies romaines menant depuis Vorgium (Carhaix) à L'Aber-Wrac'h, Morlaix et Lanmeur. La voie romaine de Morlaix à Vorgium passait par Le Cloître, Treusquilly et Poullaouen où elle traversait l'Aulne à Pont-ar-gorret, nom qui rappelle une ancienne pêcherie.
Époque moderne
En 1667, le père Julien Maunoir, prédicateur célèbre, vint prêcher une mission à Poullaouen. Des miracles lui furent ensuite attribués dans la paroisse : un enfant de 9 ans, Jean Boscher, muet pendant six ans, aurait recouvré la parole en mai 1687 après que sa mère ait invoqué Julien Maunoir alors décédé; il aurait aussi guéri un enfant, Julien Le Gal, atteint pendant trois semaines d'une fièvre très violente en mai 1683[6].
La révolte des Bonnets rouges (1675)
Les paysans de Poullaouen participent à la révolte des Bonnets Rouges en 1675, ayant à leur tête Sébastien Le Balp. Ils brûlent entre autres les manoirs de Lallunec et de Goavesnou[7] (dont il ne subsiste qu'une chemine et une margelle de puits) en Poullaouen et 2000 Bonnets Rouges investissent le château du Tymeur. Il avait été antérieurement le notaire de Renée-Mauricette de Plœuc, marquise du Tymeur et fit même de la prison entre 1673 et 1675 à Carhaix pour une affaire d'escroquerie liée aux affaires de la marquise. Il tente d'enrôler le marquis Charles de Montgaillard, ancien colonel du régiment de Champagne, à la tête du mouvement armé. Cependant, son frère Claude, marquis de Percin de Montgaillard, tue par surprise Sébastien Le Balp dans la nuit du 2 au 3 septembre 1675, et fut ensuite lui-même assassiné par un écuyer dans une rue de Carhaix. Privé de son chef, la révolte se désagrégea mais reste très ancrée dans les mémoires jusqu'à nos jours[8].
Article détaillé : Révolte des Bonnets rouges.Article détaillé : Sébastien Le Balp.Marion du Faouët arrêtée à Poullaouen (1752)
Le 25 juin 1752, la célèbre bandit Marion du Faouët est à la foire Saint-Pierre de Carhaix avec sa fidèle servante Marguerite Cariou et quelques autres. Elle est arrêtée, avec plusieurs de ses complices, dont Olivier Guilherm, Vincent Mahé et sa servante Marguerite Cadiou, le 2 juillet 1752 à Poullaouen par les gendarmes et conduite à la prison de Carhaix dont elle s'évade. Elle est condamnée à Quimper le 15 juillet par la cour prévôtale à être pendue en effigie[9], mais ses deux frères capturés en même temps qu'elle sont soumis à la question et pendus, ainsi qu'un complice qui était probablement son amant[10].
Un soldat originaire de Poullaouen a participé à la guerre d'indépendance américaine : Samuel Silbert, domestique dans l'escadre du comte de Ternay[11].
Les mines de plomb et d'argent
Conditions géologiques et les débuts de l'exploitation
Les filons de galène traversant les grauwackes et les schistes argileux ont suscité l'exploitation de gisements de plomb-argentifère qui commencent probablement dès l'âge du bronze mais on n'en a pas la preuve certaine[12]. L'activité d'extraction connaît une grande phase de prospérité au XVe siècle avant d'être concurrencée par l'argent américain. La première concession fut accordée par le roi Louis XIII à Jean du Châtelet, baron de Beausoleil, et à sa femme. Les mines furent financées et dirigées successivement par des protestants français, allemands, suisses, gallois et anglais. Par exemple, des Allemands viennent de Saxe et du Harz pour exploiter ces mines qui furent réputées un temps être les plus importantes de France[13]. Une partie de l'exploitation minière se situe sur le territoire de la commune voisine de Locmaria-Berrien[14].
Entre 1701 et 1711, l'anglais Jacques Porter tente une nouvelle exploitation de la mine de Poullaouen[15]. En 1732, l'activité reprend grâce à Guillotou de Kerever, négociant à Morlaix, qui crée la compagnie des Mines de Basse-Bretagne, sous l'influence des protestants. On compte 150 employés en 1741 et 850 en 1751 ; les ouvriers de jour sont alors payés 12 sous par jour, ceux de nuit 15 sous, les manœuvres qui charrient le minerai 8 sous seulement, ce qui est très peu[16]. En 1762, on recense de nombreux ouvriers étrangers (anglais, allemands, lorrains, ..) et les directeurs de la mine eux-mêmes sont à l'époque des étrangers : Denmann en 1740, König en 1750, Brolemann[17] à partir de 1780[18]. On trouve même trace d'un hongrois de Transylvanie dénommé François Czernitz comme mineur à Poullaouen[19].
L'apogée de l'exploitation minière et les aspects techniques
Vers 1780, les mines emploient un millier d'ouvriers[20]. Un dicton breton célèbre disait : « Diveina Berrien, diradena Brasparts, dic'hasta Poullaouen, .. » (« Ôter les pierres à Berrien, les fougères à Brasparts, les putains à Poullaouen, choses impossibles à Dieu ». Ce dicton s'explique par la venue à Poullaouen de nombreux hommes seuls, attirés par l'exploitation minière à l'époque.
L'apogée de l'exploitation apparaît entre 1760 et 1790, avec la présence de 2000 personnes produisant à l'époque 600 t de plomb et 1,5 t d'argent (première mine métallurgique de France). Dès le début du XIXe siècle, peut-être même avant, des « chemins de bois » [21](wagonnets roulant sur des rails en bois), précurseurs des chemins de fer, semblent avoir été utilisés à Poullaouen pour l'une des premières fois en Europe à l'instigation de Pierre Laurent, qui avait mis ce procédé au point aux mines d'Anzin[22]. La production est exportée par le port de Morlaix.
Les mines du Huelgoat et de Poullaouen consommaient énormément de bois. En 1788, le subdélégué de Carhaix écrit: « Les matières extraites de la mine de Huelgoat sont portées à celle de Poullaouen pour être mises en fusion, et c'est là qu'on fait la fonte des plombs (...). Il y a à celle de Poullaouen plusieurs fourneaux de réverbère à manche et d'affinage au nombre de dix »[23]. Il ajoute : « La compagnie a même utilisé la totalité des bois voisins appartenant à des particuliers et elle sollicite des secours en bois dont il lui est impossible de se passer jusqu'aux renaissances de ceux qu'elle a exploité et dont il a été fait depuis huit ans une grande consommation »[16]. L'exploitation minière entraîne aussi une pollution importante dont se plaignent les riverains : « Or, il est certain que les matières, qui proviennent des mines de Poullaouen et Huelgoat, et qui sont conduites dans la rivière d'Aulne, communiquent une telle malignité aux eaux de cette rivière qu'elle causent dans leurs débordements les plus grands dégâts ». L'eau qui sert à laver le minerai « forme une lessive épaisse et fort nuisible aux cultures »[16].
En 1794, après une insurrection des mineurs, Jeanbon Saint-André ordonne la nationalisation[24] des mines de Poullaouen et leur mise en régie[25]. En 1816, M. Drouillard, de Quimperlé, acquiert les mines mais, élu député en 1846 dans des conditions suspectes (achat de voix), son élection fut annulée[26]. Un déclin progressif (on compte encore 320 emplois en 1864) conduit à la liquidation de la compagnie en 1866, dont on voit de rares vestiges au lieu-dit "la Vieille-Mine".
Selon une description datant de 1838[27], les mines comptaient deux exploitations distinctes, l'une à Poullaouen, exploitée jusqu'à 140 mètres de profondeur, l'autre au Huelgoat, exploitée jusqu'à 265 mètres de profondeur. Le filon de Poullaouen, découvert en 1741, était à l'origine puissant, mais il s'est aminci et divisé au fur et à mesure que son exploitation progressait. On en retire à l'époque 7500 tonnes de minerai brut par an, dont on obtient environ 660 tonnes de plomb propre à la fonte (la mine du Huelgoat produisait alors moins: 4600 tonnes de minerai brut dont on obtenait 370 tonnes de plomb). À Poullaouen, 330 ouvriers étaient alors employés quotidiennement à la mine (280 au Huelgoat), indépendamment de ceux qui travaillaient à la fonderie qui occupait une centaine d'ouvriers travaillant dans 4 fourneaux à réverbère. Si l'on ajoute les ouvriers des ateliers annexes, les deux mines employaient environ 800 individus. Un système de pompage des eaux (deux machines à colonne d'eau, « les plus grandes et plus belles machines que nous ayons en France »[28]) venait alors, toujours en 1838, d'être installé par l'ingénieur Juncker[28]. Elles utilisent « une force motrice de 60 mètres, en élevant, d'un seul jet, 30 litres d'eau par seconde à 230 mètres de hauteur »[29].
Vers 1859, on recense sur le carreau de la mine de Poullaouen « quatre bocarts, 22 cribles, 106 tables de lavage, 2 fourneaux à tuyères, 2 fourneaux de coupelle, un fourneau à manche et un fourneau de raffinage »[30]. Les cribles servaient à plonger le minerai de plomb à plusieurs reprises dans l'eau pour ôter la majeure partie de la gangue.
Vers 1880, l'on extrayait des mines de Poullaouen, outre le plomb, « environ quinze cent kilogrammes d'argent par an. Les autres mines [de France] n'en fournissent pas même autant toutes ensemble »[31]. La technique de réduction utilisée, dénommée "méthode viennoise", pour obtenir les métaux à partir du minerai restait à cette époque vieillotte : « la réduction s'opère dans des fours à réverbère, dont la sole formée de pierres de grès est légèrement inclinée en direction du bassin de réception. (...) Après avoir laissé le four fermé pendant deux heures, on repousse les scories par le haut de la sole et on brasse la ferraille dans le bain ; quatre heures après, on écume la plus grande partie des scories et on peut procéder à la coulée » qui permet de recueillir le métal, écrit Lucien Huard en 1884[32]. Il ajoute : « On consomme généralement en combustible, bois et fagots, un poids égal à celui du minerai traité ».
La pénibilité, l'insalubrité, la pauvreté et les difficultés liées à l'exploitation minière
Émile Souvestre écrit en 1836 : « Vous voyez passer un à un des hommes à figure de cadavres, une ceinture de cuir autour du corps, une lampe de fer suspendue à l'habit, et le pen-bas à la main. Ce sont les mineurs de Poullaouen qui se rendent chez eux. La mine elle-même apparaît bientôt, entourée de sa vaste ceinture de bâtiments fumeux, de ses immenses machines hydrauliques dont les grands bras s'étendent sur la route (...) Une confusion de bruits étouffés et stridents (...), ce sont les grincements des poulies chargées, les rugissements du plomb fondu qui bondit dans les chaudières, les hurlements des machines ébranlées »[33].
Les ouvriers sont atteints par le saturnisme : un sondage effectué en 1836 montre « sur 85 ouvriers employés aux fonderies de Poullaouen (...), on notait seulement [sic] 10 atteints en deux ans »[34]. La même enquête estime la mortalité des ouvriers, âgé en moyenne de 42 ans, à 18 pour cent l'an, chiffre énorme ! Dans les galeries de la mine, l'air était pollué par une proportion élevée d'acide carbonique : de 0, 8 à 3,9 pour cent selon les mesures effectuées en 1845, « la respiration était gênée, mais le travail restait possible » écrit Alexandre Vézian[35]. Un autre savant, Félix Leblanc, qui a fait ses propres mesures qui donnent des taux analogues ajoute toutefois « dans ces conditions la lampe du mineur s'éteint ; l'ouvrier travaille le plus souvent dans l'obscurité »[36].
En 1845, dans son poème "Les Bretons", Auguste Brizeux trace le plus sombre tableau des mineurs de Poullaouen qui, selon lui, cacheraient sous terre la honte d'une existence tarée, peut-être le remords d'un crime impuni. Cela illustre les préjugés alors en vigueur à l'encontre des mineurs.
En 1885, Gustave Flaubert visite les mines : « Nous aurions voulu descendre un peu dans les entrailles de la terre pour voir l'effet des lampes dans les longs corridors humides mais comme monsieur l'inspecteur était allé la veille danser au pardon de Poullaouen, qu'il n'était pas encore revenu et que nous n'avions pas le temps d'attendre son retour, nous restâmes en plein air. (...) Mais nous allâmes voir sous de grands hangars des femmes qui lavaient une boue jaunâtre d'où s'étire l'argent et qui tamisaient une poussière violette qui devient du plomb. Nous étions accompagnés d'un contremaître qui était fort savant et qui puait l'eau-de-vie. Il nous parla de cuivre oxydulé, de panabase, de pyrite cubique, d'aphanèse, de cyanose, de bezeline, d'arseniare, de nickel et nous n'y comprîmes rien »[37].
La même année, André Mori fait une sombre description de Poullaouen : « Parmi les plus misérables villages de la Bretagne, il n'en est point d'un aspect aussi triste que Poullaouen. Là vivent presque tous les mineurs, leurs gains étant loin d'être aussi considérables que dans les charbonnages du Nord. Les hommes recevaient un franc par jour, les femmes dix sous et les enfants cinq sous, c'était le maximum des salaires. Cependant les Bretons s'en contentaient. Le jour où les puits furent abandonnés, ce fut une atroce détresse pour la population minière ; les uns émigrèrent dans le Nord et tentèrent de travailler dans les mines de houille : ils moururent frappés par l'incurable nostalgie du pays natal, ce mal terrible qui consume tant de petits soldats bretons dans les casernes de France. Les autres se mirent à cultiver les champs. Mais l'ouvrier revient avec peine à la terre. Le sol déjà aride et ingrat est rebelle à leurs efforts maladroits »[38].
Le déclin et la cessation de l'exploitation minière
Les mines, à partir de l'essor du réseau ferré, n'ont pas pu supporter la concurrence étrangère et ferment les unes après les autres: dès 1866 à Poullaouen, 1873 au Huelgoat. L. Gallouedec écrit en 1893 : « Aujourd'hui, les puits s'ouvrent, délaissés et béants parmi l'accumulation des cendres, des scories et des charbons ; les mineurs sont allés se fixer dans la Loire-Inférieure et la Vendée »[13].
André Mori écrit en 1885 : « Les galeries s'étendaient du Huelgoat à Poullaouen. Depuis plusieurs années, l'exploitation a cessé. C'est un sinistre spectacle que l'entrée de ces mines abandonnées : les hangars vides et à moitié défoncés, les hauts fourneaux déserts, les cendres et les scories entassées, le sol partout brûlé et couvert d'une poussière blanchâtre, les ruisseaux qui servaient au lavage empoissonnés et, dans cette désolation, pas un bruit, pas un être »[38].
Des tentatives de réexploitation est faite par la Société des mines de Pontpéan en 1906, puis par la Société de Pontgibaud, puis celle des mines de Cogolin, mais l'exploitation ne reprendra jamais significativement. L'arrêt définitif survient en 1934.
La Révolution française
Dans la nuit du 22 au 23 août 1792, des paysans révoltés de Berrien, Scrignac, Bolazec, etc.. menacent de brûler Poullaouen, projetant ensuite de se rendre à Carhaix et Quimper. Ils furent battus à Scrignac avant de pouvoir passer aux actes par un détachement militaire venu de Carhaix, renforcé par 42 hommes fournis par la commune de Poullouen[39].
François Le Coz, né à Plonévez-du-Faou, recteur de Poullaouen, fut condamné à mort et exécuté à Brest le 24 mars 1794[40].
Le XIXe siècle
La première école communale ouvre en 1861 pour les garçons et en 1888 pour les filles. En 1878 trois sœurs de la congrégation des Filles du Saint-Esprit, installées à Poullaouen depuis 1874 (deux faisaient la classe aux filles, la troisième visitait les malades) sont expulsées de l'école dont les locaux leur étaient loués jusque-là par la municipalité[41], à la demande du maire de la commune, pour être remplacées par une institutrice laïque. L'affaire souleva à l'époque de vives polémiques.
En 1891, l'ouverture de la voie ferrée à écartement métrique du réseau breton entre Morlaix et Carhaix permet la création de la gare de Poullaouen-Plouyé, approximativement à mi-distance entre les deux bourgs. Le trafic voyageur sur cette ligne cesse dès 1939 et la ligne ferme totalement en 1962.
Le XXe siècle
En février 1913, une épidémie de rougeole sévit à Carhaix, Plounévézel et Poullaouen, faisant plusieurs centaines de malades et plusieurs morts[42].
La Première Guerre mondiale
Comme toutes les communes de France, Poullaouen a payé un lourd tribut à la Première Guerre mondiale. L'exemple de la famille Trichet, de Lamézec, l'illustre dramatiquement : cette famille perdit successivement un premier fils Pierre, tué à la bataille de la Marne le 7 septembre 1914, un second Jean-Marie, mort le 15 février 1915 des suites d’une maladie contractée au front, un troisième Guillaume, tué à Suippe le 2 janvier 1916, un quatrième François-Louis, mort dans un hôpital d’Auxerre le 9 avril 1916, des suites d’une maladie contractée au front et enfin le beau-fils Bourlès, tué dans la Somme le 2 octobre 1916[43]. Un autre cultivateur de Poullaouen, Michel Le Guern, avait six fils à la guerre en même temps[44].
La Seconde Guerre mondiale
Poullaouen a été, le 5 août 1944, la première commune du Finistère libérée par l'armée américaine. Deux soldats américains périssent lors de ces combats[45].
Démographie
Poullaouen avait 3600 "communiants" en 1780, y compris ceux de sa trève de Saint-Tudec[46].
En 1874, la commune de Poullaouen est divisée en deux sections électorales, celle de Poullaouen avec 2336 habitants et celle de Saint-Tudec avec 822 habitants[49].Administration[50]
Liste des maires successifs Période Identité Étiquette Qualité 1791 1791 Georges Broleman 1792 1793 Mathurin Pillas 1793 1801 Michel Marlière 1801 1802 Labigou 1803 1809 Michel Marlière 1810 1818 Casimir Proux Père du barde Prosper Proux 1818 1821 François Labigou 1821 1836 François Blacque Beller Député et conseiller général 1837 1842 Auguste Junker Nommé par le gouvernement royal 1843 1856 Simon Jourdren 1856 1872 Alexandre Moysan (1828-1896) Nommé par le gouvernement impérial de Napoléon III. Directeur de l'usine de plomb du quartier Saint-Louis de Marseille.
1872 1874 Jean-Louis Kerhervé 1874 1876 Sébastien Hély 1876 1878 Jean-Louis Kerhervé 1878 1884 Christophe Rivoal 1884 1895 Guillaume Le Bellec 1895 1919 François Le Bellec 1919 1929 François Claustre 1929 1935 Pierre Saliou 1935 1941 François Claustre 1941 1944 Jean Le Corre 1944 1945 François Cougard 1945 1959 Guillaume Le Guillou 1959 1971 Yves Bernard 1971 1981 Pierre Manach-Boulanger 1981 2001 Marcel Le Sergent SE 2001 Didier Goubil SE Deux mandats Toutes les données ne sont pas encore connues. Lieux et monuments
- l’église paroissiale de Poullaouen[51], placée sous les vocables de saint Pierre et saint Paul (édifice datant de la première moitié du XVIIe siècle, avec de nombreux remaniements au XIXe et XXe siècles). Elle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 21 décembre 1914[52].
L'église abrite des statues de sainte Apolline, saint Gwenaël (saint Guinal), saint Maudez et sainte Barbe (offerte par les mineurs de la paroisse) ainsi qu'une Descente de croix (en kersanton) et un tableau datant de 1841 : l'Assomption de la Vierge. Son clocher est orné à l'extérieur de colonnes superposées.
- La chapelle Saint-Victor, près du village de Ploustern (édifice datant de 1865) contient des statues de saint Victor et de saint Herbot. La fontaine située en contrebas était réputée guérir les rhumatismes.
- La chapelle Saint-Sébastien, édifice du XVIe siècle, est consacrée au culte de Saint Sébastien et contient les armes des seigneurs de Kergorlay et de Ploeuc.
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- La chapelle Notre-Dame-du-Paradis, près du village de Saint-Quijeau, date seulement de 1835, mais elle a remplacé une chapelle antérieure déjà existante en 1572.
- La chapelle Saint-Tudec, ancienne église tréviale (édifice datant de la fin du XVIIe siècle) contient une statue de saint Tudec et une de la Vierge-Mère ainsi que deux retables datant du XIXe siècle, ceux de la Trinité (1834) et du Saint-Esprit (1835).
- Une douzaine de chapelles, toutes disparues, (Saint-Guénal, Saint-Sauveur, Saint-Yves, Sainte-Barbe, Saint-Vincent, Chapelle du Tymeur,...)
- Plusieurs croix dont celles de Croaz Nevez (Croix Neuve), datée du XVIe siècle ; celle de Lanniou ; celle du cimetière et deux calvaires l'un à Kerbizien (daté du XVIe siècle), l'autre en ruine dont les vestiges sont visibles à proximité de l'église paroissiale.
- Le manoir de Lallunec (deuxième moitié du XVIe siècle et XVIIe siècle), édifié par Guillaume Guinamant, seigneur de Pennanec'h, sénéchal de Carhaix en 1562, député de Carhaix aux États généraux en 1576-1577 à Blois et un des rédacteurs de la nouvelle coutume de Bretagne de 1580. Ce manoir a été partiellement brûlé en 1590 et en 1675.
- Le manoir du Tymeur qui date du XVIe siècle a remplacé l'ancien château de Tymeur, disparu, qui était le siège de la baronnie de Kergolay et le berceau de la famille de Plœuc[53]. Il subsiste aussi un pigeonnier du XVIe siècle.
- Le manoir de Kerbizien (XVIe ‑ XVIIIe siècles).
- 9 moulins.
Personnalités liées à la commune
- Prosper Proux, poète de langue bretonne, né à Poullaouen le 20 octobre 1811, percepteur à Guerlesquin puis à Saint-Renan, décédé le 11 mai 1873 à Morlaix, fut l'un des bardes bretons les plus connus du XIXe siècle, composant deux volumes de vers et un grand nombre de chansons bretonnes. Une partie importante de son œuvre est malheureusement perdue. Un monument en son honneur fut érigé à Guerlesquin en 1919[54]</ref>.
- Jean-François Le Guelaff, né en 1825
- Louis-Paul Davy, né le 28 juin 1842 à Poullaouen où son père était comptable à l'exploitation minière. Après des études secondaires à Rennes, il suit les cours de l'École des mines de Saint-Étienne, devient ingénieur, et débute sa carrière professionnelle en dirigeant successivement plusieurs mines dans la Loire, puis dans l'Ouest. Après la guerre de 1870, il devient à partir de 1880 directeur des mines de fer de Segré-Châteaubriant, accumulant les observations géologiques et aidant à la confection de la carte géologique de la France au 1/80 000e et publiant une "Notice sur l'arrondissement de Segré". En 1878, il est admis à la Société géologique de France et dans les années suivantes publie de nombreux articles relatifs à la paléobotanique et à l'observation des fossiles. En 1887, il publie une "Étude sur les mines du Huelgoat et de Poullaouen" et les années suivantes de nombreuses études géologiques consacrées au Massif armoricain. Retiré à Châteaubriant, il est l'un des premiers adhérents de la "Société des Sciences naturelles de l'Ouest" créée à Nantes en 1891. En 1897, il publie une étude sur l'exploitation ancienne de l'étain en Loire-Inférieure, dans la région de Nozay, puis une "Bibliographie géologique, minéralogique et paléontologique du Nord-Ouest de la France" en deux tomes (1903 et 1904). En 1911 il publie un mémoire sur les "Minerais de fer de l'Anjou et du Sud-Est de la Bretagne". En 1920, il participe à la création de la "Société géologique et minéralogique de la Bretagne". Il meurt le 28 avril 1926[55].
- François Fouquat, né à Poullaouën le 13 juillet 1922 et mort au combat le 15 juin 1944, François FOUQUAT a été un pilier de la résistance et reconnu par le Général de Gaulle comme Compagnon de la Libération.
- François Le Jeune est né à Poullaouen en 1892, dans une famille nombreuse. Incorporé en 1913, il fera la guerre 14-18 comme brancardier à Verdun puis agent de liaison. Libéré en 1919, il s'engage dans la gendarmerie nationale en 1922. Affecté dans le Finistère, d'abord à Daoulas puis à Pont-l'Abbé, François Le Jeune devient commandant de la brigade de Morlaix en 1941. Patriote, il soutient les réfractaires au STO puis apporte son aide aux actions de résistance qui se multiplient. Muté à Perros-Guirec en avril 1944, il est déporté au camp de Neuengamme le 4 juin 1944. Il y décédera en 1945. Titulaire de la médaille militaire et de la croix de guerre, le résistant est fait Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.
- Arthur Pernolet, né le 14 mars 1845 à Poullaouen, élève de l'École centrale, puis ingénieur, fut député du Cher de 1885 à 1889. Républicain opportuniste lors de son élection, il siégea ensuite à l'Union des gauches et vota en 1886 contre le général Boulanger[56].
- Jean Yves Le Roux, chanteur de Kan ha Diskan disparu[57], décédé en 2008.
- Erik Marchand, chanteur breton et joueur de clarinette.
- François Menez, dit Frañsou Menez, chanteur de kan ha diskan, sonneur de bombarde (1909-1970)
Sports
- Chaque année au mois de mai, un semi-marathon traverse le bourg et le départ du 10 km Poullaouën-Carhaix y est donné[58].
- Poullaouen possède un club de football : l'U.S. Poullaouen[59].
Bibliographie
- Brûlé (A.) : Mineurs de Bretagne, Skol Vreizh, Morlaix, 1988, 96 p.
- Micheriou Koz : Les mineurs de Poullaouën et de Locmaria-Berrien, n° 1, 2002.
- Monange (Edmond) : Poullaouën. Dictionnaire du patrimoine breton, Apogée, Rennes, 2000.
- Monange (Edmond) : "La Vie quotidienne aux mines de Poullaouen et du Huelgoat dans la seconde moitié du 18e siècle", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 1988, 65, p. 105-123.
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Article connexe
Notes et références
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- Semi-marathon Huelgoat-Carhaix et 10 km Poullaouën-Carhaix
- http://www.uspoullaouen.com/
Lien externe
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