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Sébastien (saint)
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Saint Sébastien est un saint martyr romain du IIIe siècle, qui aurait été tué lors des persécutions de Dioclétien. Il est souvent représenté dans les arts, attaché à un poteau, le corps transpercé de flèches. Il est fêté le 20 janvier en Occident et le 18 décembre en Orient.Sommaire
Hagiographie
Il existe très peu de détails historiques fiables de la vie de saint Sébastien qui est évoquée pour la première fois par Ambroise de Milan (mort en 397), évêque de Milan, dans un sermon (no XX - Ps. 118). Il y dit que Sébastien serait originaire de Milan, et montre qu'il était déjà vénéré au IVe siècle.
D'après les Actes de saint Sébastien,[1] relation hagiographique datant du Ve siècle, également attribuée (à tort ?) à Ambroise de Milan par Jean Bolland au XVIIe siècle, et dans La Légende dorée (Legenda aurea) de Jacques de Voragine, rédigée vers 1265, il serait un Gaulois Narbonnais (à Narbonne, une église lui est dédiée, construite sur le lieu présumé de sa maison natale). En tout cas, c'est à Milan qu'il fut élevé dans la foi chrétienne.
À Rome, il est pris en affection par les empereurs Dioclétien et Maximien Hercule qui le nomment capitaine de la garde prétorienne, ignorant qu'il est chrétien. On rapporte que Sébastien encouragea dans leur foi et au glorieux martyre deux prisonniers chrétiens, les frères Marc et Marcellin, alors que leur famille les implorait de renoncer au Christ. En rendant miraculeusement la parole à une femme, Zoé, il convertit aussitôt 77 personnes présentes.
En l'apprenant, Dioclétien reprocha à Sébastien sa traîtrise et donna à ses soldats l'ordre de l'exécuter en le transperçant de flèches. « Et les archers le frappèrent jusqu'à ce qu'il soit recouvert de flèches comme un hérisson est couvert d'épines »[2]. Selon la légende, les archers, qui avaient beaucoup d'estime pour leur chef, auraient évité de viser le cœur, si bien que Sébastien ne succomba pas à ses blessures. Soigné par une jeune veuve nommée Irène, rapidement rétabli, il se rendit auprès de l'empereur pour lui reprocher sa cruauté à l'égard des chrétiens. Dioclétien le fit alors rouer de coups jusqu'à la mort et ordonna que son corps soit jeté dans les égouts de Rome (Cloaca Maxima). Guidés par une vision de sainte Lucine, les chrétiens purent cependant retrouver son corps et l'ensevelirent auprès des ossements des apôtres Pierre et Paul.
Selon certaines sources, son corps aurait été transporté de Rome à Soissons, en l’abbaye Saint-Médard. Ses ossements furent ensuite disséminés à la cathédrale Saint-Protais-et-Gervais, à Hartennes, Serches, Cœuvres (1793) ; Saponay, Montigny-Lengrain (1857), Margival (1792).
Pour d'autres, son corps est toujours au Vatican, transféré en 826 des catacombes près de la basilique qui lui est dédiée à Rome, sur la via Appia. La basilique Saint-Sébastien-hors-les-Murs est visitée depuis 1552 par les pèlerins du Tour des sept églises. En tout cas, ses reliques (ou prétendues) sont disséminées dans des églises catholiques de tous les continents.Saint Sébastien est le patron des archers. Il est aussi invoqué depuis plusieurs siècles pour lutter contre la peste. Dès lors, il est protecteur contre les épidémies en général. Il est le troisième saint patron de Rome, avec Pierre et Paul.
Patronage
Protecteur de la peste, Sébastien est parfois compté dans les quatorze saints auxiliaires (intercesseurs). La connexion du martyre par « sagittation » (frappé de flèches) avec la peste n'est pas due au hasard. Dans la mythologie gréco-romaine, Apollon, le dieu-archer, est protecteur de la peste ; l'image de Sébastien fut le moyen de christianiser cette tradition. Cette dévotion tient aussi d'un miracle qui se serait produit à Pavie au Ve siècle. La ville était alors ravagée par une violente épidémie de peste, qui cessa dès qu'on eut érigé un autel à la gloire du saint dans l'église de Saint-Pierre-aux-Liens. Les chroniques de Paul Diacre relatent que la ville de Rome fut sauvée d'une épidémie de peste dévastatrice vers 680, grâce à l'intercession du saint.
Saint Sébastien, comme saint Georges, est un de ces saints militaires martyrs des premières églises chrétiennes, dont le culte débuta au IVe siècle et culmina à la fin du Moyen Âge, aux XIVe et XVe siècles. Les détails de leur martyre peuvent laisser sceptiques certains lecteurs à notre époque, mais ils sont révélateurs de l'attitude des chrétiens de l'époque. Un tel saint était Athleta Christi (champion du Christ) et un « gardien du Paradis ».
Saint Sébastien est le patron de plusieurs villes dans le monde, dont Qormi, à Malte, et Caserta, Avella, Mistretta et Assolo, en Italie. Il est même le troisième saint patron de Rome après saint Pierre et saint Paul. Il patronne également la ville de Palma de Majorque et bien sûr de Saint-Sébastien (Donostia-San Sebastián) en Espagne où, encore à notre époque, le 20 janvier est l'occasion de festivités et de célébrations : c'est la Tamborrada (voir le texte de la marche de Saint-Sébastien).
Saint Sébastien est aussi le patron de Rio de Janeiro au Brésil dont le site a été découvert le 1er janvier et qui a été fondée le 20 janvier 1502, et qui s'appelait à l'origine São Sebastião de Rio de Janeiro. Les cultes afro-brésiliens, syncrétisme de religions chrétiennes et vaudou, associent saint Sébastien à Ogoun, en particulier dans l’État de Bahia.
Selon les pays, saint Sébastien est aussi considéré comme le saint patron des soldats en général et des fantassins (armée de terre) en particulier, mais aussi des athlètes et des archers en particulier, ainsi que des officiers de police.
Représentations
Beaux Arts
Saint Sébastien fut d'abord représenté sous les traits d'un homme d'âge mûr jusqu'au XVe siècle :
- Mosaïque de la Basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf (Ravenne, Italie), datée entre 527 et 565. Elle représente un cortège de 26 martyrs, dirigé par saint Martin et incluant Saint-Sébastien. Les martyrs sont représentés en style byzantin, dépourvus de toute individualité, et tous dotés d'expressions identiques.
- Fresque du Ve siècle à la crypte de Sainte-Cécile, catacombe de Calliste à Rome. Il y figure parmi plusieurs personnages en toge.
- Mosaïque de l'église Saint-Pierre-aux-Liens à Rome, 682. Sébastien y est barbu, vêtu d'une armure d'or sur une tunique brodée, et tient à la main une couronne gemmée.
Le martyre par sagittation (ou ses rappels par des éléments tels les archers et les flèches) ne commence à apparaître que vers l'an 1000, mais s'imposera progressivement jusqu'à faire oublier qu'il est mort sous des coups de bâton[3]. En tant que protecteur de la peste (croyance popularisée par la Légende dorée) et patron des soldats, Sébastien a naturellement occupé une place très importante dans l'esprit populaire médiéval. Ainsi, il a été parmi les saints les plus souvent représentés par les artistes des périodes suivant la Peste Noire: du gothique tardif et de la Renaissance[4].
- Peinture de Benozzo Gozzoli, Scènes de la vie de saint Augustin, 1465, église San Agostino à San Gimignano. Sébastien y abrite les habitants de la ville sous son manteau déployé, soutenu par des anges, contre les flèches de la peste lancées du haut du ciel par Jésus. Le rapprochement s'impose ici avec la Vierge de Miséricorde.
- Fresque attribuée à Pietro Cavallini, XIIIe siècle, abside de l'église San Giorgio in Velabre à Rome. Sébastien y apparaît en soldat romain d'âge mûr, il porte une cuirasse, un pilum, une épée et un bouclier.
Ensuite, dès le XIIIe siècle, apparaît un second type juvénile, qui triomphe au XVe siècle[5]. En Occident, les artistes se plaisent à détailler ce beau jeune saint presque nu, opportunité rare que n'offraient que les représentations du Christ. C'est le retour de l'Apollon de l'Antiquité grecque…
- Peinture sur un pilier de l'église de Domrémy-la-Pucelle
- Grande gravure du Maître des Cartes à jouer, vers 1430
- peinture du Hans Memling, musée royal, Bruxelles, 1470
- retable de saint Sébastien Bottega de Luca della Robbia, en terre cuite émaillée, musée du Louvre
- peinture de Giovanni Bellini, église San Giovanni e Paolo, Venise, 1468
- peinture de Sandro Botticelli, Staatliche Museen Preussischer Kulturbesitz, 1474
- peinture d'Antonello de Messine, Gemäldegalerie, Dresde, 1475
- peintures de Mantegna, musée du Louvre (RF 1766), Ca' d'Oro à Venise, Kunsthistorisches Museum à Vienne (voir article dédié à ces 3 représentations)
- peinture du Pérugin, musée du Louvre (RF 957)
- peinture de Raphaël, Bergame, 1501 (voir Saint-Sébastien (Raphaël))
- peinture de Guido Reni, palais des Conservateurs, Musées capitolins, Rome. D'autres représentations de saint Sébastien par Guido Reni parmi les 7 qu'il a peintes, sont exposées à Gênes (Palazzo Rosso, 1618) et Madrid (musée du Prado, 1618)
Et aussi, le Titien, Le Sodoma, Pollaiuolo, Gerrit van Honthorst, Luca Signorelli, El Greco puis plus tard, Honoré Daumier, Féron, John Singer Sargent et Louise Bourgeois ont tous peint leur vision du martyre par flèches de Saint Sébastien.
Au XVIIe siècle principalement, on peint une autre scène, déjà présente dans quelques prédelles du XVe siècle[6], celle où Saint-Sébastien est soignée par Sainte Irène.
- peinture de Georges de La Tour : Saint Sébastien soigné par Irène - Musée du Louvre
Elle fut aussi peinte par Trophime Bigot (quatre fois), Jusepe de Ribera, Hendrick ter Brugghen entre autres. Cela peut avoir été une tentative délibérée de l'Église de sortir de l'unique représentation de nu qui suscite parfois aux pieuses fidèles des pensées inappropriées[7]. Les artistes du baroque l'ont habituellement traitée comme une scène nocturne de clair-obscur, illuminée par une seule bougie, une torche ou une lanterne, dans le style en vogue dans la première moitié du XVIIe siècle.
- Le Martyre de saint Sébastien, œuvre musicale de Claude Debussy sur un livret de Gabriele D'Annunzio
Littérature
- De William Shakespeare à Oscar Wilde, de Thomas Mann à Marcel Proust, d’Octave Mirbeau à Olivier Poivre d'Arvor, nombreux sont les auteurs à donner à l'un de leurs personnages le prénom de Sébastien, ou à faire référence au saint, souvent pour symboliser une certaine ambigüité sexuelle.
- Il est un des personnages centraux de Fabiola (Fabiola ou L'Église des Catacombes), écrit en 1854 par le cardinal Nicholas Wiseman.
- Dans son livre Confessions d'un masque, Mishima évoque un tableau de Guido Reni qui éveille le narrateur à sa sexualité. L'auteur lui-même s'est fait photographier dans la posture du martyr.
Photographie et cinéma
- Fabiola (Adpatation cinématographie de Fabiola du cardinal Wiseman): film dramatique italien d'Alessandro Blasetti sorti en 1949 avec Michèle Morgan, où le saint est joué par Massimo Girotti.
- La Révolte des esclaves (idem): peplum de Nunzio Malasomma sorti en 1961, avec Serge Gainsbourg dans un second rôle.
- La vie de saint Sébastien a également fait l'objet, en 1976, d'une libre adaptation filmée de Paul Humfress et Derek Jarman, Sebastiane, entièrement tournée en latin et qui aborde le thème de l´homosexualité.
- Photographie-peinture de Pierre et Gilles, 1987.
Culture contemporaine anglo-saxonne
Saint Sébastien percé de flèches apparaît dans plusieurs œuvres :
- En 1943, dans le film Vaudou (I walked with a Zombie), réalisé par Jacques Tourneur, saint Sébastien est représenté dans le jardin des Hollands, et c'est également le nom de l'île fictive dans les Caraïbes où se déroule la scène.
- En 1976, une petite statue très intrigante du saint apparait plusieurs fois dans le film Carrie au Bal du Diable de Brian De Palma inspiré du roman de Stephen King.
- En 1984, Philip Glass inclut un court morceau intitulé Saint Sebastian dans la BO qu'il compose pour le film biographique Mishima.
- En 1991, le clip de Losing My Religion par R.E.M. mêle l'image du saint à des représentations symboliques d'autres religions.
- Dans la série d'animation les Simpson :
- en 1991, dans l'épisode Séparés par l'amour (Bart's Friend Falls in Love) de la saison 3, après que Milhouse et Samantha Stanky aient été découverts enlacés, par le père de cette dernière, elle est transférée de l'École élémentaire de Springfield à l'école "Saint Sebastian's School for Wicked Girls".
- en 2005, dans l'épisode Le Père, le Fils et le Saint d'esprit (Father, Son and Holy Guest-Star) de la saison 16, une version très libre du martyre de saint Sébastien est racontée dans un livre La Vie des saints en bande dessinée lu par Bart Simpson en cachette pendant un cours de catéchisme.
- En 1994, dans le film Blown Away avec Tommy Lee Jones, l'image de saint Sébastien apparaît plusieurs fois, à travers des symboles (flèches) ou une statue.
- En 1994, dans le clip de Zombie des Cranberries, la chanteuse Dolores O'Riordan, est accolée à un arbre, entourée de petits archers, dans une scène clairement inspirée par le martyre de saint Sébastien.
- En 1996, dans l'album Murder Ballads de Nick Cave and the Bad Seeds, la chanson O'Malley's Bar fait une brève référence à saint Sébastien.
- En 1996, dans le film canadien Les Feluettes (Lilies), on assiste à la répétition d'une pièce de théâtre rejouant le martyre du saint qui tient une place prépondérante dans le scénario, les thèmes et l'iconographie.
- En 2006, dans le film V pour Vendetta, V conserve une peinture de saint Sébastien de Andrea Mantegna dans sa galerie personnelle.
Saint Sébastien et la communauté LGBT
Saint Sébastien a une importance spéciale pour la communauté LGBT[8], au sein de laquelle nombre de catholiques homosexuels le revendiquent comme saint patron et intercesseur, sans que cela soit reconnu officiellement par l'Église. Le prénom Sébastien est fréquemment utilisé par les écrivains comme référence oblique ou même ouverte à l'homosexualité (par exemple: Brideshead revisited, d’Evelyn Waugh, ou Soudain l'été dernier, de Tennessee Williams [9]). Son rôle de recours lors des épidémies de peste a parfois été étendu à l'épidémie du SIDA.
Notes et références
- ↑ Acta S. Sebastiani Martyris, in J.-P. Migne, Patrologiae Cursus Completus Accurante (Paris 1845), XVII, 1021-1058.
- ↑ Legenda Aurea.
- ↑ Catholic Encyclopedia 1908 et Barker, 94-95
- ↑ Boeckl, Christine M.; Images of plague and pestilence: iconography and iconology, pp. 76-80, Truman State University, 2000, ISBN 094354985X, 9780943549859 Google books
- ↑ Barker, Shiela, The Making of a Plague Saint, Ch. 4 (pp. 114-117 especially) in Piety and plague: from Byzantium to the Baroque, Ed. Franco Mormando, Thomas Worcester Truman State University, 2007,ISBN 1931112738, 9781931112734, Google books
- ↑ Boeckl, p. 77
- ↑ Barker, 117
- ↑ Ce que Louis Réau note de façon sarcastique dans Iconographie de l'art chrétien (Paris, PUF, 3 vol. en 6 tomes, 1958-1959) : « le patronage compromettant et inavouable des sodomites ou homosexuels, séduits par sa nudité d'éphèbe apollinien, glorifié par le Sodoma »
- ↑ William avait également écrit un poème, San Sebastiano de Sodoma qui s'inscrit dans la tradition associant le saint martyr et l'icône homosexuelle. Théâtre de Berkeley, « Suddenly Last Summer - Don't show don't tell : Sebastian and homerotic symbolism in Suddenly Last Summer », 2003
Bibliographie
- Jacques Darriulat, Sébastien le renaissant : sur le martyre de saint Sébastien dans la deuxième moitié du Quattrocento, éd. Lagune, 1999
- Jacques de Voragine, La Légende dorée, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'Alain Boureau.
- Karim Ressouni-Demigneux :
- Saint Sébastien, éd. du Regard, coll. « L'art du regard », 2000 (ISBN 2-84105-118-8)
- La Chair et la flèche. Le regard homosexuel sur saint Sébastien tel qu'il était représenté en Italie autour de 1500, mémoire de maîtrise de l'université Paris-I, 1996
Liens
Liens internes
- Liste des saints de la Légende dorée
- Les trois représentations de saint Sébastien par Mantegna.
- Homosexualité dans le christianisme
Voir São Sebastião pour les localités brésiliennes et portugaises, Sankt Sebastian pour les localités germaniques et Sébastien pour les localités nommées d'après ce saint, et les Sébastien célèbres.
Liens externes
- L'iconographie de saint Sébastien
- Saint Sébastien dans les arts
- Livre Fabiola de Wiseman en ligne
- Saint Sébastien et l'archerie traditionnelle
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