- Gérard Longuet
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Gérard Longuet, né le 24 février 1946 à Neuilly-sur-Seine, est un haut fonctionnaire et un homme politique français.
Ministre sous les deux premières cohabitations, député puis sénateur de la Meuse, il est président du groupe UMP au Sénat de 2009 à 2011. Libéral, Gérard Longuet est vice-président du mouvement Les Réformateurs au sein de l'UMP. Il est ministre de la Défense et des Anciens combattants depuis le 27 février 2011.
Sommaire
Biographie
Études et premiers engagements à l'extrême droite
Gérard Longuet est le fils de Jacques Longuet, commandant la BA 113 entre 1952 et 1954 et de Marie-Antoinette Laurent[réf. nécessaire].
Après une scolarité passée au lycée Henri-IV de Paris, Gérard Longuet entame des études de droit et de lettres. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris en 1966, il obtient un diplôme d'études supérieures (DES) de sciences politiques en 1968.
En 1964, il prend part, en compagnie d'Alain Madelin, à la création du mouvement Occident, groupuscule d'extrême droite souvent impliqué dans des affrontements violents contre l'extrême gauche.
En 1967, soupçonné en sa qualité de dirigeant du mouvement d'avoir été un des instigateurs d'une expédition violente menée par Occident contre des étudiants d'extrême gauche à l'université de Rouen (l'un de ces derniers étant laissé dans le coma après l'attaque[1]), il est inculpé et incarcéré. Gérard Longuet est condamné le 12 juillet 1967 à 1 000 francs d'amende pour complicité de « violence et voies de fait avec armes et préméditation[2] », en même temps que douze autres militants d'extrême droite, dont Alain Madelin, Alain Robert et Patrick Devedjian[3]. Il est amnistié en juin 1968[réf. nécessaire]. Après la dissolution, par le Conseil des ministres, d'Occident en octobre 1968, il rejoint le Groupe union défense (GUD), groupuscule d'extrême droite mené par Alain Robert, dont il écrit la charte, puis Ordre nouveau, destiné à rassembler les nationalistes[3]. Il fera partie en 1971 avec Claude Goasguen de la direction de ce mouvement[3], dissous par décret du Conseil des ministres le 28 juin 1973 — en même temps que la Ligue communiste d'Alain Krivine et d'Henri Weber — pour « atteinte à la sûreté de l’État »[4].
Il entre à l'École nationale d'administration (ENA) en 1971 et en sort en 1973 (promotion François Rabelais). Entre temps, en 1972, il rédige le premier programme économique du Front national, créé la même année[5].
De ses engagements nationalistes des années 1960-1970, il dit : « J'assume avoir été d'extrême droite. On s'est simplement trompé sur le modèle colonial, qui ne pouvait perdurer[6]. »
Carrière politique au sein de la droite parlementaire
Sous-préfet à sa sortie de l'ENA, il est d’abord directeur des cabinets des préfets de l'Eure (1973-74), de la Somme (1974-1976) et de Jacques Dominati, secrétaire d’État auprès du Premier ministre Raymond Barre (1977-1978).
En 1978, il est élu député de la 1re circonscription de la Meuse sous les couleurs de l'Union pour la démocratie française-Parti républicain. Il perd son mandat en 1981 après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République.
Membre du conseil général de la Meuse pour le canton de Seuil-d'Argonne de 1979 à 1992, il en devient vice-président de 1982 à 1986. Il est également élu conseiller municipal d'opposition de Bar-le-Duc en 1983. En 1984, il est élu député européen, en 33e position sur la liste UDF-RPR menée par Simone Veil. Comme tous les membres du Parti républicain, il siège au sein du groupe Libéral et démocratique (LD), devenu en 1985 le groupe Libéral, démocrate et réformateur (LDR), présidé par Simone Veil. Il est membre de la Commission des affaires sociales et de l'emploi de 1984 à 1985, puis de celle de l'énergie, de la recherche et de la technologie de 1985 à 1986, et participe à la délégation pour les relations avec les États du Golfe à partir de 1985. Il reste membre du Parlement européen jusqu'à son entrée au gouvernement en 1986[7].
Sous le gouvernement de la première cohabitation, mené par Jacques Chirac et formé en 1986, il est chargé des Postes et Télécommunications comme secrétaire d'État puis ministre délégué, auprès du ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Tourisme Alain Madelin. Quittant son ministère après la victoire socialiste aux présidentielle et législatives de 1988, il retrouve, à la faveur de cette élection, son siège de député de la Meuse. Dans les années 1980, avec d'autres quadragénaires du Parti républicain (Alain Madelin, Jacques Douffiagues ou Claude Malhuret) de la « bande à Léo » (ainsi appelée en référence à son chef de file, François Léotard), puis du groupe des réformateurs et du mouvement Force unie qui, au sein de l'UDF et du RPR, appellent à un renouvellement générationnel des dirigeants de la droite parlementaire en remettant en cause l'autorité sur celle-ci de Jacques Chirac et de Valéry Giscard d'Estaing. Il est trésorier de 1982 à 1988, puis secrétaire général de 1988 à 1990 et finalement président du Parti républicain de 1990 à 1995.
En 1992, il devient président du conseil régional de Lorraine. À ce poste, il appuie la création de la LGV Est, en particulier la construction de la gare de Meuse TGV[8].
En 1993, il est appelé au gouvernement par Édouard Balladur, retrouvant le portefeuille des Télécommunications avec le ministère de plein exercice de l'Industrie, des Postes et télécommunications et du Commerce extérieur.
Inquiété pour le financement du Parti républicain et la construction de sa villa, il doit démissionner du gouvernement Édouard Balladur en octobre 1994, et entame un retrait médiatique tout en restant à la tête de la région Lorraine[9]. Il est mis en examen en 1995 dans l'enquête sur le financement occulte du Parti républicain[10]. Il bénéficie d'un non-lieu le 8 mars 2010, en partie grâce à la loi d'amnistie de 1990 sur les financements politiques, certains faits reprochés représentant un financement illégal de parti politique, mais la loi d'amnistie ne permet des poursuites que pour « des faits d'enrichissement personnel »[11],[12].
Renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « recel d'abus de crédit » dans une affaire concernant la construction de sa villa de Saint-Tropez (Var), il est relaxé en première instance, puis par la cour d'appel de Paris, en novembre 1998[9]. Mis en garde à vue en mai 2001 pour recel de corruption dans l'affaire des marchés publics d'Île-de-France[9], il est également relaxé, en octobre 2005[13].
Durant ces années, il est administrateur de sociétés d’ingénierie informatique et de conseil, il préside la société Herbemont-César et Associés à partir de juillet 1999, et fonde en avril 2004 une holding spécialisée dans le conseil, Sokrates Group[14], dont il est le président. Il est également réélu à la tête de la région Lorraine en 1998, tout en réintégrant la même année le conseil général de la Meuse désormais pour le canton de Fresnes-en-Woëvre (il le reste jusqu'en 2001). En désaccord avec le départ de l'UDF de Démocratie libérale (DL, nouveau nom depuis 1997 du Parti républicain), il participe à la création du Pôle républicain indépendant et libéral (PRIL) qui fusionne en novembre 1998 avec Force démocrate et les Adhérents directs de l'UDF pour donner naissance à la « Nouvelle UDF ». Il en est pendant quelques mois le vice-président, aux côtés de François Bayrou. Il soutient la candidature de ce dernier à l'élection présidentielle de 2002.
Après son entrée au Sénat à la faveur des élections de 2001 et son adhésion à l'Union pour un mouvement populaire (UMP) en 2002, il revient sur le devant de la scène politique, en prenant, le 10 juillet 2002, la tête de l'Association des régions de France (ARF), alors qu'un accord devait permettre qu'après Jean-Pierre Raffarin, entre 1998 et 2001, la présidence aille au socialiste Alain Le Vern[15].
À la suite de la « vague rose » des régionales de 2004, il perd les présidences de la Lorraine et de l'ARF. L'année suivante, il prend celle de l'Agence de financement des infrastructures de transports de France (AFITF).
De 2008 à 2009, il fait partie du Comité pour la réforme des collectivités locales. Il est élu président du groupe UMP au Sénat le 7 juillet 2009, succédant à Henri de Raincourt, nommé ministre chargé des Relations avec le Parlement.
Pressenti pour entrer dans le troisième gouvernement Fillon à l'automne 2010, Gérard Longuet l'intègre finalement après la démission de Michèle Alliot-Marie, le 27 février 2011, en devenant ministre de la Défense et des Anciens combattants, en remplacement d'Alain Juppé. Sa nomination permet de rééquilibrer « politiquement » le gouvernement Fillon en donnant un poste clé à l'aile centriste et libérale de l'UMP, chose qui était réclamée après le départ de plusieurs ministres centristes trois mois plus tôt. Gérard Longuet quitte son mandat parlementaire le mois suivant et est remplacé à la présidence du groupe UMP au Sénat par Jean-Claude Gaudin.
Lors des élections sénatoriales de 2011, il est réélu sénateur de la Meuse au premier tour de scrutin avec 50,51 % des voix. Il décide néanmoins de conserver sa fonction ministérielle et, ne pouvant donc siéger au Sénat, il ne prend pas part au vote du 1er octobre 2011 pour l'élection de son président. Il est remplacé le 2 novembre 2011 par son suppléant, Claude Léonard.
Prises de positions
Économie
Bouclier fiscal et 35 heures
Gérard Longuet appartient à la frange libérale de la majorité présidentielle. Il s'est déclaré favorable à la suppression du bouclier fiscal et de l'ISF avant 2012[16]. Gérard Longuet condamne les 35 heures en raison de la « perte de compétitivité » induite par cette loi, de la « stagnation du pouvoir d'achat » des salariés, ainsi que la charge imposée aux contribuables « pour financer ce système »[17].
Dette intérieure
En réponse à la crise économique de 2008, Gérard Longuet est favorable à un « soutien aux États les plus endettés par un rachat de leur dette par la Banque centrale européenne », ayant pour effet une dévaluation de l'euro. Gérard Longuet a ainsi déclaré : « Ou on sort de l'euro ou on sort des 35 heures, mais on ne peut pas avoir les deux »[18].
Domaine social
Présidence de la Halde
En 2010, Gérard Longuet s'oppose à la nomination de Malek Boutih à la tête de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), déclarant qu'« il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes »[19]. Ces propos sont condamnés par de nombreux politiques de gauche, par SOS Racisme et quelques personnalités de la majorité présidentielles, comme Jean-Louis Borloo, Éric Besson ou Frédéric Lefebvre, qui jugea « plutôt regrettables » les propos de Gérard Longuet[20],[21].
Homosexualité
En juillet 2008, Gérard Longuet est accusé de faire un rapprochement entre homosexualité et pédophilie en déclarant au Sénat : « C'est extrêmement réjouissant de savoir que l'on promeut en effet des formes nouvelles de sexualité dans l'école et qu'on combat en même temps la pédophilie… Il y a quand même un moment où il faut savoir sur quelles valeurs on s'arrête… ». Interrogé par L'Est républicain, Gérard Longuet répond ne pas avoir souvenir d'avoir tenu ces propos, mais ajoute : « Qu'il y ait un lien entre homosexualité et pédophilie, ça peut arriver. Notamment dans des écoles catholiques, on a pu voir ça »[22].
Détail des mandats et fonctions
Fonctions gouvernementales
- 20 mars 1986 – 19 août 1986 : secrétaire d’État auprès du ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Tourisme, chargé des Postes et Télécommunications
- 19 août 1986 – 10 mai 1988 : ministre délégué auprès du ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Tourisme, chargé des Postes et Télécommunications
- 30 mars 1993 – 17 octobre 1994 : ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Commerce extérieur
- depuis le 27 février 2011 : ministre de la Défense et des Anciens combattants
Mandats et fonctions parlementaires
- 3 avril 1978 – 22 mai 1981 : député de la première circonscription de la Meuse
- 24 juillet 1984 – 19 mars 1986 : député européen (nommé au gouvernement)
- 2 avril 1986 – 2 avril 1986 : député de la Meuse (élu au scrutin proportionnel par département ; nommé au gouvernement)
- 23 juin 1988 – 1er mai 1993 : député de la première circonscription de la Meuse (nommé au gouvernement)
- 1er octobre 2001 – 27 mars 2011 : sénateur de la Meuse
- 7 juillet 2009 – 7 mars 2011 : président du groupe UMP au Sénat
Mandats locaux
- 1979 – 1992 : conseiller général de la Meuse, élu dans le canton de Seuil-d'Argonne
- 1982 – 1986 : vice-président du conseil général de la Meuse
- 1983 : élu conseiller municipal de Bar-le-Duc
- 1992 – 2004 : président du conseil régional de Lorraine
- 1998 – 2001 : conseiller général de la Meuse, élu dans le canton de Fresnes-en-Woëvre
- 2004 – 2004 : président de l'Association des régions de France
- 2004 - 2010 : conseiller régional de Lorraine
Fonctions politiques
- 1978 – 1981 : membre du bureau politique du Parti républicain
- 1982 – 1986 : trésorier du Parti républicain
- 1986 – 1990 : secrétaire général du Parti républicain
- 1988 – 1989 : délégué national, chargé des techniques de communication et nouvelles technologies, à l'UDF
- 1990 – 1995 : président du Parti républicain
- 1990 – 1998 : membre du bureau politique de l'UDF (vice-président)
- 1998 : vice-président de la Nouvelle UDF
- 2002 : membre du bureau politique de l'UMP
- 2005 – 2007 : conseiller politique du président de l'UMP.
Notes et références
- Frédéric Charpier, Génération Occident : de l'extrême droite à la droite, éd. du Seuil, 2005, p. 132.
- Frédéric Charpier, op. cit., p. 142.
- Nicolas Lebourg, « Une ligne vraiment très droite », Politis, no 1143, semaine du 10 au 16 mars 2011, p. 8-9.
- « Archives de la police, Ordre nouveau et la sûreté de l’État », Droite(s) Extrême(s) / lemonde.fr, 30 mai 2010. Abel Mestre et Caroline Monnot,
- Renaud Dély, Histoire secrète du Front national, Grasset[réf. incomplète].
- « Quarante ans après, les anciens d'Occident revisitent leur passé », Le Monde, 13 février 2005.
- Fiche de Gérard Longuet sur le site du Parlement européen
- « Ils ont fait le TGV Est », L'Express, 15 juin 2006. Pierre Roeder,
- « Gérard Longuet au ballon », infodujour.com, 16 mai 2001.
- « Financement PR : Longuet en examen », Le Figaro, 23 juin 2008.
- « Non-lieu général pour les chefs de l'ex-parti républicain », Figaro, 8 mars 2010.
- « L'ex-ministre UMP Gérard Longuet blanchi », Journal du dimanche, 8 mars 2010.
- « Pas de prison ferme au procès des marchés publics », TF1-LCI, 26 octobre 2005.
- SOKRATES GROUP. Consulté le 5 décembre 2010
- « La gauche claque la porte », Le Point, 12 juillet 2002.
- « Gérard Longuet : “Un budget responsable qui mérite mention Bien” », site des Échos, 29 septembre 2010. Pierre-Alain Furbury,
- « Pour Longuet, le débat sur les 35 heures est loin être épuisé », site du Point, 22 décembre 2010.
- « Gérard Longuet : "Ou on sort de l'euro ou on sort des 35 heures" », site du Monde, 4 décembre 2010.
- « Longuet veut un président de la Halde issu du “corps traditionnel français” », site du Monde, 10 mars 2010.
- « Halde: Longuet s'explique », site de Libération, 10 mars 2010.
- « Eric Besson s’oppose à Gérard Longuet », site de Libération, 12 mars 2010. Alain Auffray,
- « Quand Gérard Longuet (UMP) compare l'homosexualité à la pédophilie », site du Monde, 12 novembre 2008.
Voir aussi
Articles connexes
- Conseil régional de Lorraine
- Liste des députés de la Meuse
- Liste des ministres français de la Défense
- Liste des ministres français des Anciens Combattants
- Liste des ministres français du Commerce extérieur
- Liste des sénateurs de la Meuse
- Empêchement (jurisprudence Bérégovoy-Balladur)
Liens externes
Catégories :- Ancien député de la Meuse
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