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Karl-Jean Longuet
Karl-Jean Longuet, sculpteur français non figuratif, né à Paris le 10 novembre 1904, mort à Paris le 20 juillet en 1981.
Sommaire
Biographie
Karl-Jean Longuet naît d'une famille d'intellectuels socialistes étroitement mêlée à l'histoire sociale de leur époque. Il est l'arrière-petit-fils de Karl Marx dont son grand-père Charles Longuet, journaliste, exilé à Londres après la Commune, a épousé la fille aînée, Jenny. Son père, Jean Longuet, est un homme politique proche de Léon Blum.
Karl-Jean Longuet commence ses études au Lycée Lakanal puis, de santé fragile, les poursuit seul à la campagne. En 1927 il entre à l'École des Arts décoratifs, et fréquente de 1930 à 1932 l'École des Beaux-Arts, recevant en 1932 une bourse de voyage pour l'Espagne. Il admire Maillol et Despiau qui vient fréquemment à son atelier et suit avec intérêt son travail. A partir de 1932 Karl-Jean Longuet expose au salon d'automne et présente également ses œuvres aux Salons des Tuileries et des Indépendants. Ses premières sculptures, bustes ou grandes figures, épurent les volumes et les formes du corps humain dans le sens du dépouillement. En 1937 il réalise pour l'Exposition Internationale de Paris des fontaines monumentales.
Exempté de service militaire en raison de sa mauvaise santé, Karl-Jean Longuet part en 1940 pour Nîmes puis, pour plus d'une année, à Marseille. Rentré à Paris il participe à la Résistance, l'état-major national clandestin des FFI se réunissant fréquemment chez lui ou dans son atelier. Après la Libération il expose dans les Salons (Salon de la Jeune Sculpture, Salon de Mai, Comparaisons, Salon des Réalités Nouvelles, Salon d'automne). Il fait en 1946 la connaissance de Simone Boisecq qui, venue d'Alger l'année précédente, travaille dans son atelier, et l'épouse en 1949. En 1948 il réalise le médaillon de Paul Langevin pour l'École de Physique et Chimie de Paris et un Monument aux Résistants à la Préfecture de Police. Il présente en 1953 sa première exposition personnelle.
La rencontre de Brancusi en 1948 et ses recherches personnelles l'amènent à accentuer le dépouillement de ses sculptures, taillées dans la pierre, le granit ou le marbre, le bois, mais aussi réalisées en bronze, en plomb et en cuivre, qui le mène autour de 1954 au seuil de la non figuration. Il expose à Paris en 1961 et participe à de nombreuses manifestations collectives en France et à l'étranger, aux Biennales de Turin, Middelheim-Anvers, Carrare, Sonsbeck-Arhnhem, São Paulo (1965).
À partir de 1956 Karl-Jean Longuet collabore avec les architectes dans la création de nombreuses sculptures monumentales pour des places publiques, des grands ensembles, des collèges et lycées, notamment : lycée Honoré de Balzac à Paris en 1956, 1959 et 1964, école de filles à Saint-Denis en 1956, groupe scolaire à Limoges en 1956-1959, école de Chatenay-Malabry en 1959, collège technique du Mans en 1960, groupe scolaire de Montreuil en 1963, groupe scolaire d'Athis-Mons en 1964, complexe universitaire de Toulouse en 1966-1968, lycée de Massy-Vilgénis en 1971, école Jules-Verne de Vitry en 1972, université de Lille et groupe Paul Éluard de Vigneux en 1973, lycée Henri-Wallon d'Aubervilliers en 1976.
Ses œuvres sont également présentes sur des places publiques et dans de grands ensembles (Place du Mont-Mesly en 1960-1962 et centre commercial du Palais de Créteil en 1974, Centre d'accueil de la Pennaroya de la Tour Montparnasse en 1976, place à Montigny-Bretonneux et Hommage à Salvador Allende à Châtenay-Malabry en 1981).
Karl-Jean Longuet a réalisé pour la Monnaie de Paris plusieurs sculptures et médailles (Fernand Léger, Paul Éluard, Bernard Shaw, Anna de Noailles, Karl Marx, Engels, Schoelcher). Il a également, en 1978, illustré de douze lithographies Le Spleen de Paris de Baudelaire pour l'Imprimerie nationale.
Des expositions rétrospectives de son œuvre sont organisées à Chatenay-Malabry et Metz en 1983, Meudon , Ris Orangis (préface de Francis Villadier) et Trèves en 1984, Rouen (préface de Jean Guichard-Meili) et Thionville en 1987.
Jugements
« La sculpture de Longuet se présente comme une masse de pierre progressant vers la lumière d'une base aux rythmes assez complexes et vers un sommet plus léger, plus aéré, plus simplifié. La grande rigueur de cette sculpture ne s'accompagne d'aucune de ces sécheresses auxquelles il est facile de succomber. L'artiste a réussi à allier le lyrisme d'un poème à l'intransigeance d'une équation mathématique. À l'aide d'évidements, un éclairage pénètre jusque dans l'ossature de l'œuvre qui se dresse de plus en plus dépouillée jusqu'à l'unité finale, comme une sorte de chapiteau baigné de tous côtés par la lumière. »
- Pierre Lemonnier, dans Architecture française, n° 213-214, Paris, 1960
« C'est par leur silence que peut-être les œuvres de Karl-Jean Longuet se caractérisent surtout. Sculptures ou bas-reliefs sans titres, ses sculptures se présentent comme un ensemble de formes denses très architecturées aux rythmes mystérieux d'où se dégagent équilibre et harmonie. Ces formes trouvent leur réalité à travers un dialogue interne mais aussi grâce à la lumière, qui selon le matériau ou les plans formels, leur donne un relief différent. »
- Aube Lardera, 1982
« Faut-il écrire que ses sculptures s'intègrent bien à l'architecture? Elles l'accompagnent plutôt. Elles possèdent par elles-mêmes une architecture propre, qui répond à celle des constructions qu'elles voisinent. Karl-Jean Longuet aimait cette contrainte de la proximité d'une œuvre architecturale, cela l'obligeait à une rigueur plus grande encore, à une coordination plus précise des lignes, des forces et des axes. Retrouvant la grande tradition des sculpteurs des siècles passés, il travaillait sur les chantiers, comme un artisan. (…) Il laisse une œuvre importante qui résume l'évolution de la sculpture de ce siècle dans ce qu'elle a de plus fort et de plus durable. Sa passion fut toujours accompagnée d'intelligence et de mesure et si, aujourd'hui, les plus grands musées possèdent nombre de ses œuvres, c'est qu'il restera un artiste marquant pour les temps à venir. »
- Francis Villadier, 1984
Œuvres dans les Musées
France
- Dijon, Musée des Beaux-Arts de Dijon : L'Envol (bronze), 1976
- Dunkerque, Lieu d'Art et d'Action contemporaine (LAAC) : La Femme assise (terre cuite), 1949
- Limoges, Musée de l'Évêché de Limoges : Femme assise (terre cuite), 1949
- Metz, Musée des Beaux-Arts : Orphée (plomb), 1956
- Meudon, Musée d'art et d'histoire : Soleil noir (granite); Architecture (pierre), 1965
- Paris, Musée d'art moderne de la ville de Paris : Grand couple (granite), 1952; Femme (granite), 1949
- Poitiers, Musée Sainte-Croix : L'Arbre aux enfants (plâtre), 1958
- Reims, Musée des Beaux-Arts : Femme accroupie (terre cuite), 1949, Grand couple (bronze), 1952
Filmographie
- Karl-Jean Longuet, sculpteur, par Denis Lévy, 1983 (13 minutes)
Bibliographie sélective
: source utilisée pour la rédaction de cet article
- Michel Seuphor, La sculpture de ce siècle, Éditions Griffon, Neuchâtel, 1959
- Karl-Jean Longuet, Les Cahiers d'art – Documents, n° 139, Genève, Editions Pierre Cailler, 1960
- Dictionnaire de l'Art contemporain, Paris, Larousse, 1965
- Michel Ragon et Michel Seuphor, L'art abstrait, 4, 1945-1979, Paris, Maeght éditeur, 1974
- Aube Lardera, Karl-Jean Longuet, in Ionel Jianou, Gérard Xuriguera, Aube Lardera, La sculpture moderne en France, Paris, Arted Editions d'Art, 1982
- Karl-Jean Longuet, préface de Francis Villadier, textes de Jean-Jacques Lerrant, René Deroudille, Pierre Lemonnier, K. T. Maugis et Denys Chevalier, Musée d'art et d'histoire de Meudon, 1984
- Anne Longuet Marx , Karl Jean Longuet, dans Lumière, Couleurs, Formes (Roger Bissière, Jean Bazaine, André Beaudin, Jean Bertholle, Simone Boisecq, Maurice Estève, Étienne Martin, Eudaldo, André Fougeron, Léon Gischia, Elvire Jan, Charles Lapicque, Lucien Lautrec, Jean Le Moal, Karl Jean Longuet, Alfred Manessier, Juana Muller, Alicia Penalba, Édouard Pignon, Mario Prassinos, Gabriel Robin, Hans Seiler, Gustave Singier, François Stahly, Arpad Szenes, Pierre Tal Coat, Raoul Ubac, Maria Elena Vieira da Silva, Jacques Villon), Hôtel de Ville d'Aulnay-sous-Bois, novembre 2008, p. 28.
Liens internes
- Charles Longuet, son grand-père (1839-1903)
- Jean Longuet, son père (1876-1938)
Liens externes
- Photos du site de la Réunion des Musées[1]
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