Giuseppe Garibaldi

Giuseppe Garibaldi
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Giuseppe Garibaldi
Garibaldi en 1866
Garibaldi en 1866

Nom de naissance Joseph Marie Garibaldi
Naissance 4 juillet 1807
Nice
Décès 2 juin 1882 (à 74 ans)
Caprera
Nationalité Drapeau d'Italie Italie
Profession Militaire et homme politique

Giuseppe Garibaldi (ou Joseph Marie Garibaldi pour l'état civil français), né le 4 juillet 1807 à Nice et mort à Caprera (royaume d'Italie) le 2 juin 1882, est un général, un homme politique et un patriote italien. Il est considéré, avec Camillo Cavour, Victor-Emmanuel II et Giuseppe Mazzini, comme l'un des « pères de la patrie » italienne.

Garibaldi est un personnage fondamental du Risorgimento italien pour avoir personnellement conduit et combattu dans un grand nombre de campagnes militaires qui ont permis la constitution de l'Italie unifiée. Il est surnommé le « Héros des Deux Mondes » en raison des entreprises militaires qu'il a réalisées aussi bien en Amérique du Sud qu'en Europe.

Sommaire

Les années de jeunesse

La situation de la péninsule italienne en 1812
Article connexe : Histoire de Nice.

Garibaldi est né à Nice, le 4 juillet 1807[N 1]. Cette ville, à laquelle Garibaldi adulte reste très attaché, a connu tout au long de son histoire de nombreuses vicissitudes. Ville du Royaume de Sardaigne, elle devient française de 1793 à 1814 lors la période napoléonienne puis de nouveau piémontaise à partir de 1814 avant de devenir définitivement française en 1860[1] malgré l'opposition de l'homme public[2]. Pendant la période française, les registres d'état civil sont rédigés en français aussi sa naissance est enregistrée sous le nom de Joseph-Marie Garibaldi[3].

Garibaldi est baptisé le 19 juillet 1807 en l'église Saint-Martin-Saint-Augustin, située dans le quartier du Vieux-Nice : son parrain est Joseph Garibaldi et sa marraine est Julie Marie Garibaldi[N 2].

À l'âge de 7 ans, en 1814, il devient donc sujet de Victor-Emmanuel Ier, lorsque le comté de Nice revient à la Maison de Savoie du fait du premier article du traité de Paris après la défaite de Napoléon[4].

Son père Domenico, originaire de Chiavari dans la région de Gênes, s'installe à Nice. Il est capitaine de la marine marchande, ses frères marchands ou commerçants. Sa mère Rosa Raimondi est originaire de Loano, en Ligurie. De leur union naissent six enfants, le fils ainé Angelo, Giuseppe, Michele et Felice et deux filles mortes en bas âge[5].

Ses parents auraient souhaité que Giuseppe devienne avocat, médecin ou prêtre mais l'enfant n'aime pas les études et privilégie les activités physiques et la vie en mer[6],[7] étant, comme il aimera à le dire, « plus ami des amusements que de l'étude[8] ». Il s'empare d'une barque et prend la mer pour la Ligure avec quelques compagnons mais il est arrêté et reconduit au domicile de ses parents[6]. L'enseignement d'italien et d'histoire antique qu'il reçoit de son précepteur, le signor Arena, un ancien combattant des campagnes napoléoniennes crée chez le jeune Giuseppe une véritable fascination pour la Rome antique[6].

Il convainc son père de le laisser suivre la carrière maritime et à quinze ans, il s'engage comme mousse et, à à 17 ans, il s'embarque sur la Costanza commandée par Angelo Pesante de Sanremo[9]. Son premier voyage le conduit à Odessa en mer Noire et jusqu'à Taganrog en mer d'Azov pour le commerce du blé[9].

C'est à 18 ans, en 1825, qu'il découvre Rome où il se rend avec son père et une cargaison de vin destinée aux pèlerins venus au jubilé du pape Léon XII. Ce voyage à Rome est pour lui une révélation, mais aussi une déception : la Rome des papes, exsangue, corrompue est bien différente de celle qu'il imaginait[9].

Sur les mers d'Europe

En 1827 il appareille de Nice à bord du brigantin Cortese pour la mer Noire, mais le bâtiment est assailli par des corsaires grecs qui pillent le bateau, volant jusqu'aux vêtements des marins[10]. Le voyage se poursuit et sur le retour, en août 1828, il tombe malade et débarque à Constantinople où il reste jusqu'à fin 1832, en partie, en raison de la guerre turco-russe[10]. Il s'intègre dans la communauté italienne et gagne sa vie en enseignant l'italien, le français et les mathématiques[11].

En février 1832 il reçoit la patente de capitaine de seconde classe et embarque sur le brigantin La Clorinde pour la mer Noire. Après treize mois de navigation, il rentre à Nice et dès mars 1833, repart pour Constantinople. À l'équipage, s'ajoutent treize passagers français adeptes de Henri de Saint-Simon qui vont créer une communauté vers la capitale ottomane. Leur chef est Émile Barrault, un professeur de rhétorique qui expose les idées « saint-simoniennes » à Garibaldi[12],[13]. Une phrase le touche particulièrement :

« Un homme, qui se faisant cosmopolite, adopte l'humanité comme patrie et offre son épée et son sang à tous les peuples qui luttent contre la tyrannie, il est plus qu'un soldat ; c'est un héros »

— Phrase de Barrault rapportée par Garibaldi à Alexandre Dumas dans les mémoires qu'il a rédigés[14].

Le bateau débarque les Français à Constantinople et poursuit pour Taganrog[14]. Dans une auberge, Garibaldi rencontre un marin surnommé il Credente (le croyant) qui lui expose les idées mazziniennes de Giovine Italia, de république, d'unité nationale et d'indépendance[15]. Les biographes Jessie White Mario et Giuseppe Guerzoni indiquent, sans aucune certitude, qu'il s'agit de Giambattista Cuneo[16].

Pour Garibaldi les thèses de Giuseppe Mazzini semblent être la directe conséquence des idées de Barrault pour la lutte de l'unité de l'Italie, moment initial de la rédemption de tous les peuples opprimés. Ce voyage change la vie de Garibaldi ; dans ses mémoires, concernant cet événement, il écrit : « Colomb n'éprouva certainement pas autant de satisfaction à découvrir l'Amérique que je n'en éprouvais à trouver quelqu'un qui s'occupait de la rédemption de notre patrie »[17].

L'engagement politique

Mazzini, photo de Domenico Lama

La péninsule italienne est partagée depuis la chute de l'Empire romain en une multitude de petits états indépendants. La Révolution française et la constitution de la République cisalpine puis italienne et le Royaume d'Italie (1805-1814) suscitent un sentiment national et républicain[18]. Des mouvements insurrectionnels naissent tels qu'en 1820 et 1831[19]. Garibaldi, comme beaucoup de sa génération, fait l'apprentissage d'une conscience nationale italienne[20].

De marin à bandit

L'historiographie officielle veut que Giuseppe Garibaldi ait rencontré Giuseppe Mazzini en 1833 à Marseille et qu'il ait adhérer à Giovine Italia (Jeune Italie), l'association politique secrète de Mazzini dont l'objectif est de transformer l'Italie en une république démocratique unitaire[21]. L'historien Alfonso Scirocco fait remarqué que lorsque Garibaldi débarque à Villefranche-sur-mer, en août 1833, alors que Mazzini a quitté Marseille pour Genève en juin[22]. En sa qualité de marin, il est contraint d'effectuer un service militaire de 5 ans dans la marine, il s'enrôle dans la marine du royaume de Sardaigne en décembre 1833[22]. Dans celle-ci, il est de tradition d'adopter un nom de bataille, il prend celui de Cléombrote, un héros de Sparte[23].

Avec ses amis Edoardo Mutru[N 3] et Marco Pe, il cherche à faire du prosélytisme pour leur cause, s'exposant avec légèreté. Ils sont signalés à la police qui les surveille et Mutru et Garibaldi sont mutés sur la frégate Comte de Geneys, le 3 février, prête au départ pour le Brésil[24].

Le 11 février 1834, il doit participer au mouvement insurrectionnel mazzinien de l'arsenal de Gênes ; celui-ci doit accompagner l'opération militaire du général Ramorini dans le Piémont le 1er février 1834 destinée à renverser la royauté[25],[26]. Garibaldi descend à terre pour se mettre en contact avec les mazziniens, mais l'échec de la révolte en Savoie et la mise en alerte de l'armée et de la police provoquent l'échec de l'opération. Garibaldi ne retourne pas à bord du Comte de Geneys et est considéré comme déserteur[27]. Reconnu comme un chef de la conspiration, il est condamné « à la peine de mort ignominieuse » par contumace en tant qu'ennemi de la patrie et de l'État[28].

Garibaldi devient ainsi un « bandit ». Il se réfugie d'abord à Nice puis franchit la frontière pour rejoindre Marseille, hôte de son ami Giuseppe Pares[28]. Pour éviter d'être suspecté, il prend le nom de Joseph Pane[29] ; en juillet il s'embarque pour la mer Noire et, en mars 1835 on le retrouve en Tunisie[29]. Garibaldi reste en contact avec l'association mazzinienne par l'intermédiaire de Luigi Cannessa et en juin 1835 il est initié à la Jeune Europe, prenant comme nom de bataille Borel en souvenir du martyr de la cause révolutionnaire[N 4],[30].

L'Italie étant devenue désormais inaccessible en raison de la peine de mort qui pèse sur lui, il envisage des horizons plus lointain. Une opportunité se présente à lui, le brigantin Nautonnier doit se rendre en Rio de Janeiro au Brésil et le 8 septembre 1835, Garibaldi s'embarque à Marseille, sous le nom de Giuseppe Pane, avec l'intention de diffuser les idéaux mazziniens[30]. De plus, Rio comprend une communauté importante de marins ligures ce qui doit permettre une arrivée inaperçue[31]

L’exil en Amérique du Sud

La situation du continent sud-américain

Après la conquête napoléonienne de l'Espagne, les colonies sud-américaines s'engagent dans un processus d'indépendance qui se termine par la défaite de l'Espagne. Les vices-royautés se divisent en une série de républiques indépendantes parmi lesquelles la Province cisplatine, la Confédération Argentine, le Paraguay[32]. En ce qui concerne le Brésil, après l'invasion du Portugal par Napoléon, la famille royale s'exile à Rio de Janeiro et la colonie est élevée au rang de royaume. Jean VI rentre à Lisbonne en raison de la révolution libérale de 1820 pendant que son fils Pierre deviend régent du Brésil. En 1822, il devient empereur du Brésil sous le nom de Pierre Ier. La politique centralisée du souverain conduit à des mouvements insurrectionnels et, en 1832, il est contraint d'abdiquer en faveur de son fils Pierre II[33].

Il règne en 1835 dans toute l’Amérique du Sud une grande tension en raison de guerres indépendances et intestines[33].

L'arrivée au Brésil

Article connexe : Guerre des Farrapos.
Monument en l'honneur de Giuseppe et Anita Garibaldi, place Garibaldi, à Porto Alegre, Rio Grande do Sul, Brésil.

Entre décembre 1835 et 1848 Garibaldi passe une longue période d'exil en Amérique du Sud répondant aux sollicitudes de tous ceux qui veulent lutter pour l'indépendance avec la même ardeur que s'il s'agissait de sa patrie. Il s'installe d'abord à Rio de Janeiro, accueilli par la petite communauté d'Italiens exilés et émigrés[33]. Au cours de cette période, il diffuse les sentiments révolutionnaires auprès de ses compatriotes et restent en contact avec les activistes en Europe, Mazzini et ses correspondants Antonio Ghiglione et Luigi Canessa[34].

Grâce au soutien de Giuseppe Stefano Grondona, il devient président de la cellule de Giovine Italia sur le continent sud-américain. Il adhère aussi à la loge maçonnique Asilo di Vertud[35].

En septembre 1835, Bento Gonçalves da Silva mène une action séparatiste qui conduit à la République Riograndense (1836) provoquant la réaction de l'Empire du Brésil. Garibaldi se déclare prêt à combattre pour défendre les idéaux humanitaires et, le 4 mai 1837, il obtient une lettre de marque du gouvernement du Rio Grande do Sul[36], rebelle à l'autorité de l'empire du Brésil. Il défie un empire avec son bateau baptisé Mazzini. Le 11 avril 1838, il repousse un bataillon de l'armée impériale brésilienne (bataille de Galpon de Xarqueada) et il prend part au côté du général Davi Canabarro à la prise du port de Laguna, capitale de la province de Santa Caterina, (25 juillet 1839) ce qui facilite la création de la République Catarinense ou République Juliana[37]. Le 15 novembre, l'armée impériale reconquiert la ville et les républicains reparaissent sur les hauteurs où se déroulent des combats avec plus ou moins de succès. Garibaldi est impliqué pour la première fois dans un combat exclusivement terrestre, à proximité de Forquillas : il attaque avec ses marins et oblige ses ennemis à se retirer[38].

Durant cette période, il a pour maîtresses Manuela de Paula Ferreira, nièce de Bento Gonçalves da Silva, et Ana Maria de Jesus Ribeiro[39].

L'Uruguay

Article connexe : Grande Guerre (Uruguay).
L'Amérique du Sud en 1821

Mi 1841, ne voyant pas une conclusion rapide de la guerre et à la demande de Francesco Anzani, un exilé lombard avec qui il lie amitié et qui souhaite sa présence en Uruguay, Garibaldi et sa famille quitte, avec l’autorisation de Gonçalves, le Rio Grande pour Montevideo [40] où se trouvent de nombreux étrangers, particulièrement Français et Italiens[41].

Là, la guerre oppose le président uruguayen Manuel Oribe qui a été renversé mais est soutenu par le gouvernement de Buenos Aires de Juan Manuel de Rosas et le nouveau gouvernement présidé par le général Fructuoso Rivera installé à Montevideo et qui compte sur l'appui du Brésil, des flottes françaises et anglaises et des argentins « unitaires » (Partido Unitario, de tendance libérale). Déclarée en décembre 1838, la guerre nommée Grande Guerre dure de 1839 à 1851[42].

Installé à Montevideo, Garibaldi donne des cours de mathématiques[42].

Début 1842, la Confederación Argentina, l'Argentine, organise une expédition commandée par le président Manuel Oribe[43]. La flotte de la Confédération opère sous le commandement de l'amiral d'origine anglaise William Brown, tandis que celle de Montevideo est sous les ordres du commodore d'origine américaine John Coe[42]. Le gouvernement de Montevideo fait appel à Garibaldi [43]. Au río de la Plata, la marine argentine essaie de bloquer le port de Montevideo. Le 16 août 1842 une bataille navale a lieu sur le fleuve Paraná près de la localité de Costa Brava. Les vaisseaux commandés par Garibaldi sont battus par les forces de Brown dont les moyens en navire et en hommes sont supérieurs[44]. Après avoir subi de lourdes pertes, Garibaldi incendie ses vaisseaux pour éviter qu'ils ne tombent aux mains de Brown ; il réussit à se mettre à l'abri avec l'équipage survivant[44].

La même année, Garibaldi épouse Ana Maria de Jesus Ribeiro qu'il a rencontrée en 1839 et dont il aura quatre enfants : Domenico[N 5] Menotti, Rosita qui meurt en bas âge, Teresita et Ricciotti[45].

Garibaldi se partage entre le opérations terrestres et maritimes, il reconstitue une flottille à la tête de laquelle il réussit, en avril 1842, à empêcher que les vaisseaux de Brown occupent l'Isla de Ratas, dans la baie de Montevideo (que l'on nomme de ce fait Isla Libertad — Île Liberté), parvenant ainsi à contrecarrer la tentative de la flotte « rosista » de bloquer Montevideo[46].

En avril 1843, de retour à Montevideo alors qu'Oribe fait le siège de Montevideo qui dure jusqu'en 1851, Garibaldi organise et prend la tête d'un groupe de volontaires appelé la Legión Italiana (légion italienne), qui se met au service du gouvernement de Montevideo, le Gobierno de la Defensa (Gouvernement de la Défense)[47]. Ces hommes inexpérimentés, qu'il convient de former, font pale figure lors des premiers combats[48].

Une grande partie des défenseurs est d'origine étrangère, principalement française (2 500 hommes) et italienne (500 à 700 hommes), sur 6 500 défenseurs seuls 800 sont Uruguayens[49]. La légion italienne que Garibaldi commande endosse la chemise rouge, vêtement à l'origine destiné aux ouvriers des abattoirs argentins. Cette chemise rouge est un élément essentiel du mythe garibaldien, mais il faut aussi mentionner le chapeau de gaucho et le poncho de la pampa[50].

Parmi les actions militaires auxquelles Garibaldi a participé à la tête de la légion italienne, celle du 17 novembre 1843 tient son nom, Combate de Tres Cruces, du lieu où se sont produit les combats, dans les environs de Montevideo[51].

En 1844, Garibaldi est admis dans la loge maçonnique « Les amis de la Patrie » qui dépend du Grand Orient de France[52].

Afin de défendre les intérêts de leurs ressortissants, les Français et les Anglais demandent aux Argentins de se retirer et devant leur refus, ils bloquent le port de Buceo et s'emparent de la flotte argentine[53]. Brown retourne à la vie civile. Il s'ensuit une escalade des relations entre les trois nations qui permet à Montevideo de desserrer l'étau du blocus[54].

En avril 1845, Garibaldi embarque sur une nouvelle flottille d'une vingtaine de vaisseaux et avec environ 900 hommes, les alliés débarquent pour occuper et piller Colonia del Sacramento avec la participation des escadres françaises et anglaises[55],[N 6]. En septembre il occupe l'île Martín García (île argentine dans le río de la Plata), défendue par dix soldats de la Confédération, et la ville de Gualeguaychú qu'il pille [56][N 7] et en octobre il occupe la ville de Salto[57].

Le 8 février 1846, sur le territoire de Salto, à proximité de la rivière San Antonio, affluent du Río Uruguay, Garibaldi et sa légion italienne livrent la bataille de San Antonio contre des forces supérieures de la Confédération, auxquelles ils infligent de nombreuses pertes mais ils parviennent à se retirer après avoir perdu approximativement le tiers de leurs effectifs[58]. Les répercutions de cette victoire sont immenses[59], il obtient le statut de héros, sa renommée deviend internationale et la presse italienne raconte son exploit. La presse de tous les pays ne se montrent pas en sa faveur, notamment le Chili et les États-Unis en raison de l'ingérence des pays européens et des exactions commises lors des conquêtes[60].

Lorsque Garibaldi qui est toujours resté en contact avec les patriotes italiens apprend les bouleversements qui ont lieu en Italie, investiture du pape libéral Pie IX, insurrection dans le Royaume des Deux-Siciles, il se montre impatient de rentrer en Italie d'autant plus que la paix semble imminente à Montevideo[61].

En janvier 1848, Anita rentre à Nice avec ses enfants[62] suivie par Garibaldi en avril [63] accompagné de 63 compagnons alors qu'initialement 150 hommes devaient le suivre[64]. Il laisse la légion italienne aux mains de Antonio Susini[65].

La situation dans la péninsule italienne

L'Europe connait au cours de l'année 1848, une série de révolutions par lesquelles les peuples demandent plus de liberté et que l'on nomme le printemps des peuples. Elle débute en France et donne naissance à la Deuxième République, s'étend à l'Allemagne, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne et à L'Autriche[66].

Les états de la péninsule italienne, États pontificaux, Grand-duché de Toscane, Royaume de Piémont Sardaigne s'engagent dans des réformes constitutionnelles[66]. Milan, lors des cinq journées de Milan, connait à son tour son mouvement insurrectionnel contre l'Empire d'Autriche qui dirige alors la Royaume lombard-vénitien créé par le congrès de Vienne de 1815. Le roi Charles-Albert de Sardaigne, soutenu initialement par une partie des états de la péninsule, prend fait et cause pour les Milanais et déclare la guerre à l'Autriche[63].

La première guerre d’indépendance italienne

La péninsule italienne en 1848

Après 14 ans d’absence, Garibaldi débarque à Nice avec ses compagnons le 23 juin, la guerre est déjà engagée[67]. Le 29, il quitte Nice pour Gênes avec 150 volontaires. Garibaldi, dont la réputation a précédé la venue, offre son épée au roi de Sardaigne tout en répétant qu'il est républicain, soucieux dans un premier objectif de chasser l'Autrichien[68]. Charles-Albert est contesté par les démocrates qui le soupçonne de vouloir annexer le Milanais et de s'être engagé que lorsque les Autrichiens ont été chassés[67].

Il se rend, le 5 juillet, à Roverbella à proximité de Mantoue[69], pour se proposer comme volontaire auprès du roi Charles-Albert qui, prévenu par ses conseillers de sa participation à l'insurrection de Gênes, le reçoit sans enthousiasme et refuse de le voir combattre auprès de l'armée régulière[70]. Garibaldi se rend auprès du gouvernement provisoire de Milan qui le nomme général[69], il y retrouve Mazzini. Malgré qu'il ait eu de échanges par lettres, l'ambiance de la rencontre est froide, les deux hommes sont sur des voies divergentes, Mazzini a pour objectif la révolution unitaire et républicaine, Garibaldi souhaitant se libérer de l'Autrichien quitte à mettre de coté, provisoirement, les idées républicaines[71].

Garibaldi doit rejoindre Brescia avec la légion qu'il a organisée, 3 700 hommes dont Mazzini, lorsque la défaite piémontaise de Custoza a lieu, le 25 juillet[72].

Désormais, l'entreprise du gouvernement provisoire milanais tire à sa fin et, le 9 août 1848, l'armistice est conclu entre l'Autriche et le Piémont[73] ce que Garibaldi reproche violemment à Charles-Albert[72].

Garibaldi refuse de cesser les combats malgré l'ordre du roi et fait appel à la jeunesse : « L'Italie a besoin de vous …Accourez, concentrez-vous autour de moi »[72]. Il obtient un petit succès sur les Autrichiens qui décident alors de l'anéantir, aussi il doit renoncer face à la puissance autrichienne. Le 27 août, Garibaldi passe en Suisse, puis en France pour rejoindre Nice[74]. D’Aspre, commandant du IIe corps d'armée autrichien composé de 20 000 hommes, reste impressionné au point de faire son éloge au cours d'une réunion avec un magistrat italien : « l'homme qui aurait puissamment servi votre cause, vous ne l'avez pas reconnu : c'est Garibaldi  »[75].

En septembre, Garibaldi est élu député au parlement pour le collège de Cicagna, près de Chiavari, de partout l'accueil est chaleureux[76],[77]. C'est une période d'incertitude, où intervenir ? Il décide de rejoindre la Sicile, se ravise, et pense rejoindre Venise qui résiste toujours après avoir constitué la République de Saint-Marc[78], mais alors qu'il est en chemin, il apprend le départ du pape Pie IX pour Gaète et décide de rejoindre Rome[79]. En effet, après avoir soutenu la cause milanaise, Pie IX fait volte face et rappelle ses troupes ce qui provoque la colère des patriotes italiens. Il nomme Pellegrino Rossi chef du gouvernement mais celui-ci est assassiné le 15 novembre, ce qui ouvre la voie à l'émeute, à la fuite du pape, à la proclamation de la république romaine[79].

La République romaine

L'homme du Risorgimento

Le 12 décembre 1848, Giuseppe Garibaldi pénètre dans Rome avec sa légion de volontaires.

Après la défaite piémontaise de Novare (22-23 mars 1849) et l'abandon de Milan, Garibaldi participe aux combats pour la défense de la République romaine menacée par les troupes françaises et napolitaines qui défendent les intérêts du pape Pie IX.

La fuite de Rome et la mort d’Anita

Le parcours de Garibaldi lors de sa retraite après la chute de la République romaine.

Pendant la République romaine, Garibaldi est le général le plus important et brillant de l'armée romaine, formée d'Italiens de toute la péninsule et aussi d'étrangers, Suisses principalement. Le 8 février 1849, la République romaine est proclamée, Le pouvoir exécutif est exercé par un triumvirat avec Mazzini, Carlo Armellini et Aurelio Saffi. Garibaldi, qui a été nommé général de brigade de la République romaine, est vainqueur des Français le 30 avril. Il anime la résistance du 3 juin au 3 juillet. Face aux troupes françaises bien entraînées et équipées, il résiste un mois dans une bataille de tranchées alors qu'il est plutôt habitué à des actions de guérillas. Il montre ainsi une fois de plus son génie.
Avec la fin de la République romaine, Garibaldi quitte la cité, avec 1 500 hommes, avec l'intention de rejoindre Venise où la République de Saint-Marc résiste encore aux Autrichiens[80]. Poursuivi par les troupes du feld-maréchal Constantin d'Aspre, il se réfugie à Saint-Marin le 31 juillet. Le 2 août 1849, la ville de Cesenatico ravitaille Garibaldi et lui fournit 13 bateaux de pêche pour qu'il puisse, avec ses hommes, rejoindre Venise par la mer.

Le 3 août, il est obligé d'accoster dans les marais de Comacchio (delta du Pô), pour y déposer, dans une petite maison de pêcheur, son épouse Anita, gravement malade et qui y meurt le 4 août[81].

De nouveau l’exil

Garibaldi réussit à échapper à ses poursuivants en rejoignant la Ligurie dans le royaume de Sardaigne. Mais découragé et blessé dans son orgueil, il s'embarque d'abord pour la Tunisie, puis Tanger. Après quelques mois, il se rend à New York[82] (juillet 1850 - mars 1851) où il travaille dans l'usine de chandelle d'Antonio Meucci, connu pour avoir inventé le téléphone avant Alexandre Graham Bell. Il repart pour le Pérou pour s'engager comme capitaine dans la marine et parcourir le monde : Lima, la Chine, Manille, l'Australie[83]

Garibaldi quitte New York pour la dernière fois en 1853. On peut trouver une statue de lui au Washington Square Park dans le centre de New York.

Le 21 mars 1854, Garibaldi, capitaine du bateau à voile Commonwealth, appareille de Baltimore avec le drapeau américain. Il navigue dans l'embouchure de la Tyne dans le nord-est de Angleterre sa cargaison dans le South Shields. Garibaldi, qui est déjà un personnage populaire à Tyneside, est accueilli avec enthousiasme par les autorités locales. Le Newcastle Courant rapporte qu'il refuse une invitation à dîner avec des dignitaires de la région de Newcastle. En souvenir de son séjour, une épée gravée, payée par une souscription, est offerte à Garibaldi, son petit-fils Giuseppe Garibaldi l’emmènera en Afrique du Sud avec lui un demi-siècle plus tard, lorsqu’il entrera au service de la British Army pendant la Seconde Guerre des Boers. Garibaldi séjourne un mois à Tyneside et repart en avril 1854.[84]

De retour en Italie, il achète la moitié de l'île de Caprera (île de l'archipel sarde de la Madeline) pour le prix de 35 000 lires. Il construit une ferme avec une trentaine d'amis[85] et il fait le paysan, le forgeron et l'éleveur, possédant des oliviers, un vignoble[86].

La deuxième guerre d’indépendance italienne

En 1858-1859, Garibaldi est chargé par Cavour, qu'il a rencontré pour la première fois en 1857, de constituer des troupes (5 000 hommes) qui deviendront par la suite le corps des Chasseurs des Alpes avec le grade de major-général. Il participe à la seconde guerre d'indépendance réalisant une brillante campagne en Lombardie septentrionale. Après avoir battu l'armée autrichienne à la bataille de San Fermo, il occupe la ville de Côme.

À la fin de 1859, il est en Romagne pour tenter sans succès une invasion des Marches et de l'Ombrie afin de les unir à la ligue de l'Italie centrale. L'opération est prématurée et improvisée, Napoléon III n'y étant pas favorable, il est bloqué par le général Manfredo Fanti.

En mars 1860, il est élu député de Nice. Le 15 avril, Nice devient française. Garibaldi démissionne de son mandat ne pouvant se faire à l'idée du « troc de Nice ».

L'expédition des Mille

Article détaillé : Expédition des Mille.

D'avril à mai 1860, il réunit des volontaires et fixe les grandes lignes stratégiques et le soutien logistique nécessaire à l'invasion du royaume des Deux-Siciles, le nombre de volontaires est atteint un millier d'homme, ce qui a donné son nom de légende à l'entreprise.

L'embarquement des troupes a lieu les 5 et 6 mai à Gênes, à Quarto, et le voyage commence dans le désordre en raison d'un départ sans munitions et charbon. Le 11 mai, l'escadre arrive en Sicile et débarque à Marsala[87], bénéficiant de la protection de deux navires britanniques à l'entrée du port.

L'entrée de Garibaldi à Messine

Sur la « grande île », les combats tournent à l'avantage des garibaldiens aidés de nouveaux volontaires venus du Piémont et de Siciliens : ils remportent sur les troupes de François II la victoire de Calatafimi le 15 mai 1860, s'emparent de Palerme le 27 mai et viennent à bout d'une contre-offensive napolitaine aux abords du détroit de Messine, à Milazzo, le 20 juillet. Après cette opération, son lieutenant Nino Bixio, condamne pour brigandage cinq personnes sommairement jugé à Bronte.
Depuis mai, Garibaldi s'est proclamé dictateur (au sens romain du terme) et, en juin, abolit le pouvoir du roi de Naples sur la Sicile. Dès lors, Garibaldi poursuit sa conquête sur le continent et marche sur Naples[88] qu'il prend le 7 septembre 1860. Cavour organise une expédition pour empêcher la consolidation du pouvoir de Garibaldi, craignant qu'il ne forme une république. Les troupes piémontaises battent l'armée pontificale à Castelfidardo. Garibaldi affronte et vainc les 20 000 soldats de l'armée des Bourbon à Volturno. Près de Teano, Garibaldi rencontre Victor-Emmanuel le 26 octobre et salue le roi d'Italie ce qui lui apporte la caution de l'Italie républicaine. L'historien anglais Denis Mack Smith, dont les travaux portent sur l'histoire de l'Italie du Risorgimento à nos jours, porte un jugement négatif sur le personnage de Garibaldi le qualifiant de « modéré et empiriquement non-révolutionnaire », « prudent » et « étatique »[89].

Des plébiscites ratifient le rattachement du royaume des Deux-Siciles au Piémont. Le 9 novembre, il se retire à Caprera.

Le 14 mars 1861, le royaume d'Italie est proclamé. Garibaldi est le véritable artisan de cette unification.

Pour Rome libre

Au cours de son existence, Garibaldi tente à chaque occasion de libérer Rome du pouvoir spirituel, en chassant si possible le pape. Il est un féroce anti-clérical : « Si naissait une société du démon qui combatte les despotes et les prêtres, je m'engagerais dans ses rangs »[90].

Sa haine envers le pape et le clergé, et particulièrement contre Pie IX, est illustrée par le nom que Garibaldi donne à son âne Pionono, et par le fait qu'il parle du pontife en utilisant l'expression « un mètre cube de fumier ».

La première tentative de la République romaine de 1849 est associée à la mort de sa femme Anita. L'expédition des Mille a pour objectif, non pas Naples mais Rome mais il est empêché par les considérations politiques du gouvernement sarde.

Garibaldi a obtenu un succès et sur sa lancée, en 1862, il organise une nouvelle expédition : il s'embarque à Caprera, rejoint Palerme où il est accueilli par une population en liesse. Il traverse sans problème la Sicile enrôlant des volontaires et il franchit le détroit depuis Giardini-Naxos où il a passé la nuit chez la famille Carrozza.

Napoléon III, l'unique allié du nouveau royaume d'Italie, a mis Rome sous sa protection et la tentative est vouée à l'échec. Il met cependant dans l'embarras le gouvernement italien qui décide d'arrêter Garibaldi en Calabre en envoyant contre lui l'armée régulière.

Garibaldi, compte probablement sur son prestige et cherche à éviter l'affrontement en passant par une voie au cœur de la montagne de l'Aspromonte. Il est intercepté, les bersagliers ouvrent le feu et les chemises rouges ripostent. Garibaldi s'interpose, criant aux siens de ne pas tirer, il est blessé à la hanche et au pied gauche[91],[N 8]. Il tombe et l'affrontement cesse, le général est arrêté (Bataille de l'Aspromonte). Le 2 septembre, Garibaldi est conduit à La Spezia et enfermé dans la prison de Varignano. La balle n'ayant pas été retirée, la blessure au pied ne cicatrise pas. Ses médecins font venir le médecin français Nélaton le 28 octobre[92] qui, convaincu que la balle est toujours présente, donne une méthode pour l'extraire. Le 20 novembre, Garibaldi est transporté à Pise où il est ausculté par le professeur Paolo Tassinari et le 23 le professeur Ferdinando Zannetti extrait la balle de fusil selon la méthode préconisée par Nélaton.

Lincoln, Garibaldi et la guerre de sécession

Au printemps 1861, le colonel Candido Augusto Vecchi, à la demande de Garibaldi, écrit au journaliste américain Theodore Tuckermann exprimant la sympathie de Garibaldi pour l'Union. L'ambassadeur américain à Turin, P.H. Marsh, tâte le terrain pour une participation du héros à la guerre de Sécession américaine en qualité de commandant de division.

Garibaldi ne veut pas s'impliquer, officiellement, il veut une résolution décisive pour l'émancipation des esclaves et le commandement suprême mais en fait il fonde ses espoirs sur une initiative imminente de Victor-Emmanuel concernant Rome ou la Vénétie. Avec ces préambules, les négociations cessent, à l'automne 1862, Canisius, consul américain à Vienne, reprend des contacts, cependant Garibaldi, blessé au cours des combats d'Aspromonte, se trouve détenu dans le hameau de Varignano (commune de Portovenere) : en cas d'accord, cela aurait posé un problème diplomatique délicat.

Seward, secrétaire d'état d'Abraham Lincoln, intervient pour mettre fin à la proposition[93].

Troisième guerre d’indépendance

Garibaldi
Photo de Luigi Montabone

Au début de la troisième guerre d'indépendance (1866), le corps de volontaires dénommé Corps des volontaires italiens est réorganisé encore une fois sous le commandement de Garibaldi. Encore une fois, la mission est la même que celle menée autour des lacs lombards en 1848 et 1849 : agir dans une zone d'opération secondaire, les Pré-Alpes entre Brescia et le Trentin, à l'ouest du lac de Garde, avec l'objectif stratégique de couper la route entre le Tyrol et la forteresse autrichienne de Vérone ce qui laisse la seule voie du Tarvisio pour approvisionner ses propres armées et forteresses entre Mantoue et Udine. L'action stratégique principale est confiée aux deux grandes armées en plaine, confiées à Alfonso La Marmora et à Enrico Cialdini.

Garibaldi contourne Brescia puis passe à l'offensive à Ponte Caffaro le 25 juin 1866, le 3 juillet à Monte Suello il contraint les Autrichiens au repli mais il est blessé à la cuisse par un coup maladroit parti d'un de ses volontaires[94]. Avec la victoire de la bataille de Bezzecca et Cimego le 21 juillet, s'ouvre la route vers Riva del Garda et donc l'imminente occupation de Trento empêchée par la signature de l'armistice de Cormons le 12 août 1866. En cette occasion, il reçoit la nouvelle de l'armistice et l'ordre d'abandonner le territoire occupé, il répond télégraphiquement « j'obéis[95] », expression qui devient par la suite la devise du risorgimento italien et le symbole de la discipline de Garibaldi.

En 1867, Garibaldi est candidat de gauche et anticlérical aux législatives. Il est arrêté et assigné à résidence sur son île de Caprera (acquise en 1855) en septembre, dont il s'évade dès octobre 1867 pour reprendre son combat contre les troupes françaises et pontificales.

Il organise une nouvelle expédition sur Rome (la troisième) communément appelée Campagne de l'Agro Romano pour la libération de Rome, qui part cette fois de Terni, à la frontière avec les États pontificaux : il prend la place-forte de Monterotondo mais il ne réussit pas à susciter la révolution dans Rome et il est battu de manière décisive par les troupes du pape et les renforts dotés des nouveaux fusils (Chassepot) envoyés par Napoléon III lors de la bataille de Mentana le 3 novembre 1867[96].

Il faudra attendre la défaite de l'Empire français et la capitulation de Napoléon III du 2 septembre 1870 pour que Rome soit conquise par les troupes italiennes le 20 septembre 1870[97]. Le 2 octobre 1870, Rome est rattachée à l'Italie suite à un plébiscite. Le rêve italien de Garibaldi est réalisé, mais les motifs de combat existent toujours et en particulier la défense de la République.

Les batailles de France

Article détaillé : Bataille de Dijon (1870).
Garibaldi photographié par Nadar en 1870

Pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871, les comités de Défense nationale, sous l'impulsion de Gambetta, font appel à Garibaldi. En 1870, il met son épée au service de la France lors de la guerre franco-allemande. Les 25 et 26 novembre, avec ses deux fils, Ricciotti et Menotti, à la tête de 10 000 tirailleurs français de l’armée des Vosges, il remporte une victoire à Dijon.

En février 1871, Garibaldi est élu sur les listes de l'Union républicaine, sans avoir été candidat[98], à l'Assemblée nationale française comme député de la Côte-d'Or, de Paris, d'Alger et de Nice, ville qui le sollicite. À Paris, il arrive en quatrième position derrière Louis Blanc, Gambetta et Victor Hugo. Il décline pourtant ses mandats, blessé par l'accueil de la nouvelle majorité monarchiste de la Chambre, ce qui entraîne la démission de Victor Hugo[99] de son propre mandat en signe de soutien[88]. Le 10 mars, le corps des volontaires garibaldiens est dissous. Le 15, il retourne à Caprera. Le 24, les insurgés de la Commune de Paris font appel à Garibaldi pour prendre leur tête, mais le vieil héros décline la proposition[100].

Garibaldi accepte une pension de l'État italien en 1876.

Sa mort

En 1880, Garibaldi épouse Francesca Armosino, une piémontaise d'origine humble et sa compagne depuis 14 ans avec qui il a trois enfants dont Rosita morte en bas âge.

Sa dernière campagne est politique et concerne le droit de vote pour lequel il engage son immense prestige.

Il meurt à Caprera le 2 juin 1882, avec le regard intentionnellement tourné vers Nice. Dans son testament, dont une copie est exposée dans la maison-musée sur l'île de Caprera, Garibaldi demande expressément la crémation alors que la famille pressée par Francesco Crispi le fait embaumer. Actuellement la dépouille repose à Caprera dans un sépulcre fermé par une importante pierre de grès blanc.

L'athée Garibaldi, dans son testament, a inséré un texte pour éviter une quelconque tentative de conversion à la religion. [réf. nécessaire]

Testament symbolique de Garibaldi : « Je lègue : mon amour pour la Liberté et la Vérité ; ma haine du mensonge et de la tyrannie ».

Garibaldi et l’unification italienne

Camillo Benso, comte de Cavour (Francesco Hayez, 1864)

Le personnage de Garibaldi est absolument central dans le mouvement du Risorgimento et il a été l'objet d'un très grand nombre d'analyses historiques, politiques et critiques.

La popularité de Garibaldi, sa capacité à soulever les foules et ses victoires militaires ont contribué de manière déterminante à l'unification de l'État italien. Nombreuses furent, aussi, les défaites, parmi lesquelles particulièrement sensibles celles d'Aspromonte et Mentana qui le firent s'opposer à une partie importante de l'opinion publique qui au cours des autres épisodes l'avait grandement aimé.

Garibaldi et Cavour

Garibaldi n'eut jamais de bons rapports avec Camillo Cavour, il n'avait pas confiance dans le pragmatisme et la realpolitik de Cavour envers qui il éprouvait aussi un ressentiment pour avoir cédé sa ville natale Nice à la France en 1860.

Entre les deux hommes, il y avait trop de différences d'origine et de parcours, Garibaldi, bien que se ralliant à la monarchie, était un républicain de sensibilité populaire, tandis que Cavour était un homme d'État monarchiste[101]. Garibaldi fut un de ces pions, par exemple en écrivant à l'ambassadeur sarde en France, Cavour promettait à l'empereur qu'il ferait arrêter Garibaldi. Mais, en réalité, il ne s'opposa pas sérieusement au départ de l'expédition des Mille, au contraire, il la finança peut-être même et permit à plusieurs officiers de l'armée sarde de rejoindre Garibaldi en Sicile. Enfin, il envoya des troupes qui permirent la défaite définitive de François II.

Garibaldi et Mazzini

Les rapports entre Garibaldi et Mazzini sont assez controversés, après un début où Garibaldi adopte les idées de Mazzini, il s'en éloigne à un âge plus mûr. Ils sont côte à côte lors des évènements de la première guerre d'indépendance et de la république romaine, puis leurs rapports s'enveniment lors de l'expédition des Mille, Garibaldi œuvrant trop en faveur de la monarchie. Garibaldi reprochera à Mazzini l'exécution d'entreprises mal préparées qui conduisent trop souvent à l'échec et à la mort de leurs auteurs.

À la mort du fondateur de Jeune Italie, en 1872, Garibaldi oublie ses désaccords et se fait représenter aux funérailles par le drapeau des Mille honorant un rapport controversé mais fondamental pour sa formation politique.

Garibaldi et le christianisme

Garibaldi s'identifia à l'anticléricalisme, ce qui était commun chez les Italiens libéraux et fit beaucoup pour diminuer le pouvoir temporel de la papauté. Ses convictions religieuses personnelles sont peu claires pour les historiens, en 1882 il écrivit « L'homme créa Dieu et non Dieu créa l'homme » alors que Marc Monnier relate son discours devant la population napolitaine « Je suis un chrétien, et je parle aux chrétiens - je suis un vrai chrétien, et je parle aux vrais chrétiens. J'aime et je vénère la religion du Christ, parce que le Christ vint au monde pour délivrer l'humanité de l'esclavage... » et « vous avez le devoir d'éduquer les gens — éduquer les gens — les éduquer pour être chrétiens, les éduquer pour être Italiens...Vive l'Italie ! Vive la chrétienté ! »[102].

Carrière maçonnique

Garibaldi fut initié à la franc-maçonnerie en 1844 dans la loge Asilo de la Virtud, de Montevideo, Uruguay. En 1861, le Grand Orient d'Italie de Turin lui décerna le titre honorifique de « Premier franc-maçon d'Italie »[103]. Titulaire du 33e degré du rite écossais ancien et accepté, il joua également un rôle important dans l'unification des rites maçonniques égyptiens en 1881[104].

Portrait et vie sentimentale

D'après son dossier militaire, Garibaldi mesure 1,70 mètre, il a les cheveux blonds et les yeux marrons clairs alors que Bartolomeo Mitre le décrit « de stature moyenne, avec les épaules et les membres vigoureux et bien proportionnés et les yeux bleus »[105].

Garibaldi et sa première femme Anita Garibaldi, morte en 1849 vers Ravenne ont 4 enfants :

  • Menotti Garibaldi
  • Ricciotti Garibaldi
  • Rosa Garibaldi, surnommée Rosita, morte de la variole à l'âge de 2 ans à Montevideo
  • Teresa Garibaldi (1845-1903), surnommée Teresita, femme du général garibaldien Stefano Canzio.

Il n'a pas d'enfant avec Giuseppina Raimondi qu'il épouse à Fino Mornasco le 16 janvier 1860.

Avec sa domestique Battistina Ravello, Garibaldi a :

  • Anita Garibaldi qui meurt à 16 ans de méningite

Il a trois enfants avec sa troisième femme Francesca Armosino :

  • Clelia Garibaldi (1867-1959)
  • Rosita, morte en bas âge
  • Manlio Garibaldi (23 avril 1873)

Les formations garibaldiennes

Légion italienne (1845) Les Mille (1860) Corps des volontaires italiens (1866)
Chasseurs des Alpes (1859) Légion hongroise (it) (1860) Carabiniers livournais (it) (1867)
Carabiniers génois (1859) Carabiniers milanais (it)(1860-1866) Armée des Vosges (1870)
Esercito meridionale (Armée méridionale) (1860) Garibaldi Guards (en) (1861) Légion internationale (1860)

Monuments à Garibaldi

Un grand nombre de villes possèdent une statue de Garibaldi, italiennes bien sûr, et étrangères dont françaises telles que Nice, sa ville natale.

Notes et références

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Notes
  1. Extrait du registre d'état civil de la ville de Nice (1807) : « L'an dix huit cent sept, et le quatre du mois de juillet à six heures après-midi, à Nice, par devant nous François Constantin, maire adjoint en cette mairie, faisant fonction d'officier de l'état civil par délégation de monsieur le maire et dans la maison commune, est comparu la dame Catherine Bandinello, épouse Giraudi, sage femme, âgée de quarante six ans, native et domiciliée à Nice, laquelle nous a déclaré que ce jourd'hui, à six heures du matin, est né un enfant de sexe masculin, qu'elle nous a présenté, et auquel elle a déclaré donner les prénoms de Joseph Marie, lequel enfant est né de la dame Rose Raymondo, âgée de trente un ans, native de Loanno, département de Montenotte, domiciliée à Nice, demeurant au port de cette ville de Nice, épouse du sieur Jean Dominique Garibaldo, capitaine au grand cabotage ; les dites déclarations et présentations ont été faites en présence des sieurs Ange Garibaldo, négociant, âgé de soixante cinq ans, ayeul paternel du nouveau né, et Honoré Blanqui, ex religieux, âgé de soixante ans, domiciliés à Nice. Les témoins ont signé avec nous, ce que n'a pas fait la déclarante qui de ce requis a dit ne pas savoir, et lecture leur a été donnée du présent acte. » Cet acte de naissance est accessible sur le site des Archives Départementales des Alpes-Maritimes, registre des naissances de 1807, vue 268.
  2. Extrait du registre des baptêmes de l'église Saint-Martin-Saint-Augustin à Nice (1807) : « L'an mil huit cent sept le jour dix neuf du mois de juillet a été baptisé par moi soussigné Joseph Marie né le quattre du courant fils du Sr Jean Dominique Garibaldi, négotiant et de Mad. Rose Raymondo, mariés en face de l'église, de cette succursale. Le Parrain a été le Sr Joseph Garibaldi négotiant, la Marraine Madlle Julie Marie Garibaldi sa sœur mes paroissiens, le parrain a signé, la marraine déclare ne savoir. Le père présent qui a signé. Mess. Félix Gustavin et Michel Gustavin témoins qui a signé. Pie Papacin, recteur de Saint Martin. »
  3. Edoardo Mutru, né à Nice en janvier 1810, mort à Rio Capivari (Brésil) le 5 juillet 1839
  4. Joseph Borrel, tisserand de Lyon, est fusillé après avoir été arrêté pour avoir tenté d'occuper Les Échelles en février 1834.
  5. Du nom de son grand-père paternel
  6. Garibaldi, dans ses « Mémoires », affirme que le pillage se produisit en raison de « la difficulté de maintenir une discipline qui empêcha les désordres, les soldats anglo-français malgré les ordres fermes de leurs supérieurs, ne cessèrent de voler. Les nôtres, pour la plupart, suivirent le même exemple bien que nos officiers avaient fait leur possible pour l'éviter. L'arrêt du désordre occasionné était difficile, la ville de Colonia étant bien fournie en provisions et particulièrement en spiritueux ce qui augmentaient les appétits des pilleurs »
  7. « Durant deux jours les légionnaires pillèrent les maisons des familles et surtout celles ayant un commerce» cit. de Saldías, A. Historia de la Confederación Argentina. Buenos Aires: Eudeba, 1968
  8. Cette blessure est célébrée par une balade populaire sur une marche des bersagliers

Références
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  2. Scirocco 2011, p. 292
  3. Scirocco 2011, p. 3
  4. Grands traités politiques : Traité de paix de Paris (1815). Consulté le 16 novembre 2011
  5. Scirocco 2011, p. 4
  6. a, b et c Scirocco 2011, p. 5
  7. Giuseppe Garibaldi sur cronologia.leonardo.it. Consulté le 17 octobre 2011
  8. Garibaldi 2008, p. 21
  9. a, b et c Scirocco 2011, p. 7
  10. a et b Scirocco 2011, p. 8
  11. Scirocco 2011, p. 9
  12. Heyriès 2002, p. 22
  13. Scirocco 2011, p. 15
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  18. Banti 2011, p. 3-27
  19. Scirocco 2011, p. 13
  20. Heyriès 2002, p. 21
  21. Hyères 2002, p. 22
  22. a et b Scirocco 2011, p. 20
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  26. 4 febbraio 1834 - Garibaldi clandestino a Genova, Vivere Genova. Consulté le 3 mars 2011
  27. Scirocco 2011, p. 24
  28. a et b Scirocco 2011, p. 25
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  46. Scirocco 2011, p. 105
  47. Scirocco 2011, p. 100
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  73. Heyriès 2002, p. 33
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  75. Scritti editi e inediti. Consulté le 6 novembre 2011
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  77. Commune de Chiavari. Consulté le 6 novembre 2011
  78. Scirocco 2011, p. 147
  79. a et b Scirocco 2011, p. 148
  80. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 183
  81. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 186
  82. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 190
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  84. Ships, Strikes and Keelmen: Glimpses of North-Eastern Social History - David Bell, 2001 (ISBN 1-901237-26-5)
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  86. Leggendo qua e là, «La Settimana Enigmistica», 2007, 3924, (ISSN 1125-5226)
  87. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 259
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  93. Herbert Mitgang, historien et éditorialiste du New York Times, qui a reconstitué les faits avec précisions
  94. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 345
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  96. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 371-373
  97. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 382
  98. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 401
  99. Discours de Victor Hugo à l'assemblée contre l'invalidation de Garibaldi le 8 mars 1871
  100. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 410
  101. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, page 210
  102. Marc Monnier traduit par Roccolona « Garibaldi, rivoluzione delle Due Sicilie », Naples 1861, p382
  103. (it) Garibaldi massone
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Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

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    • Giuseppe Garibaldi, Mémoire d'un chemise rouge, Sextant, 2008, 437 p. (ISBN 978-2-84978-024-4) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article 
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  • Sur Garibaldi
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    • Alain Roullier-Laurens, Garibaldi et Nice, France Europe Edition, 2009 (ISBN 978-2-84825-235-3) 
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    • Alfonso Scirocco, Garibaldi : citoyen du monde, Paris, Éditions Payot & Rivages, 2005, 551 p. (ISBN 2-228-90019-2) 
  • Ouvrages généralistes
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    • Jacques Godechot, Histoire de l'Italie moderne, Le Risorgimento 1770-1870, Hachette, 1971, 569 p. 
    • (it) Antonio Fappani, La Campagna garibaldina del 1866 in Valle Sabbia e nelle Giudicarie, Brescia, 1970 
    • Louis-Gilles Pairault, De l'abeille au ruban bleu : Nice de Garibaldi, Nice, Serre éditeur, 2008, 111 p. 
    • G. Procacci, Histoire des Italiens, Fayard, 1970 
    • Sergio Romano, Histoire de l'Italie du Risorgimento à nos jours, Le Seuil, 1977 

Liens externes


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