Louis BLANC

Louis BLANC

Louis Blanc

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Louis Blanc

Louis Jean Joseph Blanc, né le 29 octobre 1811 à Madrid et mort le 29 janvier 1882 à Cannes (Alpes-Maritimes), est un homme politique et historien français.

Sommaire

Biographie

Louis Blanc naît le 29 octobre 1811 à Madrid. Il est le fils d'un fonctionnaire impérial : Jean Charles Louis Blanc, et le frère de Charles Blanc. Il fait de brillantes études. Tout d'abord éloigné des idées socialistes il est gagné progressivement par la cause ouvrière principalement lorsqu'il devient le précepteur du fils d'un constructeur de machines, M. Hallette, entre 1832 et 1834 à Arras. Il y rencontre la classe ouvrière et en écoute les préoccupations.

Il devient ensuite journaliste et collabore au journal Le Bon Sens et dès 1839, il fonde la Revue du Progrès. Il y publie la même année Organisation du travail, ouvrage fondamental dans lequel il s'attaque à la concurrence anarchique et préconise un système d'associations à but lucratif contrôlées par l'État démocratique la première année seulement. En quelques mots, dans son esprit, la concurrence est une cause de ruine aussi bien pour les entrepreneurs que pour les employés. En effet, la lutte pour la conquête des marchés entre entrepreneurs ne peut aboutir, à terme, qu'à la victoire d'un seul, un monopole. Alors que pendant ce temps, l'ensemble de la collectivité se paupérise. D'ailleurs, la concurrence entre les employés crée une spirale appauvrissante. C'est celui qui pourra vendre son travail au rabais qui aura l'emploi.

Progressivement il se fait aussi une réputation d'historien pamphlétaire en publiant en 1841 L'histoire de dix ans (1830 à 1840). En 1843 il entre au comité de direction du journal La Réforme aux côtés de Ledru-Rollin, Lamennais, Schoelcher ou Cavaignac. Il participe activement à la campagne des banquets afin de défendre le suffrage universel et la démocratie. Il devient membre du gouvernement provisoire constitué lors des journées révolutionnaires de février 1848. Il préside la commission du gouvernement pour les travailleurs, appelée commission du Luxembourg. Cette commission affirme le droit au travail et propose la formation d'ateliers sociaux dont la mise en place passerait par un crédit d'État à taux zéro et dont l'objectif serait d'assurer un emploi aux travailleurs correspondant à leur compétence. Relevons également que le partage à égalité des bénéfices entre associé-travailleurs est un préalable à l’aide publique.

Son projet d'ateliers sociaux sera amalgamé par la propagande antisocialiste avec les ateliers nationaux dont la fermeture provoquera les journées révolutionnaires de juin 1848. Jugé comme responsable, alors qu'il est complètement étranger aux événements, Louis Blanc s'exile en Grande-Bretagne où il reste 22 ans (il donne des conférences et rédige les lettres d'Angleterre), jusqu'à la chute du Second Empire. À son retour il devient député d'extrême gauche. Il publie une histoire de la Révolution française écrite entre 1847 et 1862.

La découverte de la vie ouvrière et du journalisme

Louis Blanc suit des études au collège de Rodez lorsqu'il perd sa mère. Son père devient fou. Alors âgé de 19 ans il se retrouve prématurément chef de famille. Il quitte le collège et se rend, avec son frère, à Paris. Lors de son voyage la nouvelle de la Révolution de Juillet le surprend. Pour survivre, le jeune Louis Blanc donne des cours et effectue des travaux de copie. Puis grâce à des relations familiales il trouve une place de précepteur dans la famille d'un industriel d'Arras. Ce poste lui permet lors de ses temps libres, de visiter la fonderie Hallette qui emploie plus de six cents employés et qui fabrique des locomotives et des presses hydrauliques. C'est d'ailleurs par Arras que la Révolution industrielle s'affirme en France.

Les conséquences sociales de la Révolution industrielle sont désastreuses selon Louis Blanc. Témoin des conditions de la vie ouvrière, il abandonne définitivement sa philosophie jusque-là légitimiste et décide de retourner sur Paris en tant que journaliste socialiste en 1834. Il soumet ses articles au rédacteur du quotidien Le Bon Sens, journal d'opposition à la Monarchie de Juillet. Puis il collabore au journal Le National inscrit ouvertement à gauche, où il essaie de gagner la petite et moyenne bourgeoisie à la prise de conscience de sa propre perte au profit de la haute bourgeoisie financière dans un schéma concurrentiel. Il y développe l'idée d'un véritable suffrage universel ce qui éveille parmi le peuple des ambitions républicaines, démocratiques et sociales. L'insurrection de 1834 voit l'écrasement du mouvement républicain par le gouvernement. Louis Blanc s'associe à cette démarche et publie des articles en faveur des accusés.

Il crée ensuite la Revue du Progrès. L'objectif avoué est d'en faire une tribune ouverte aux diverses tendances de l'opinion républicaine mais il ne parvient pas à avoir une large audience dans les classes populaires. Les doctrines défendues par la Revue sont très avancées : souveraineté réelle du peuple par le suffrage universel s'exprimant annuellement, une seule chambre réellement représentative de la Nation (proportionnelle intégrale comme expression de la démocratie) donnant son sens à l'Assemblée nationale (mode de scrutin : système de Hare), le double examen, le législatif composé des mandataires du peuple est responsable et il nomme en son sein les membres de l'exécutif, réorganisation du travail avec partage équitable des profits et des pertes entre Travailleurs. Il rencontre d'ailleurs Louis Napoléon Bonaparte emprisonné au fort de Ham et, pensant l'avoir convaincu de la pertinence de ses idées va le défendre devant la chambre des Pairs après sa tentative de Boulogne.

Dans Organisation du travail - tout d'abord article de la Revue du Progrès publié ensuite en brochure - il propose une solution concrète pour l'avenir au problème social : l'Association. Tandis qu'au même moment, dans son Histoire de 10 ans il fait un bilan très négatif des premières années de règne de Louis-Philippe et loue l'action d'opposition des républicains.

Il entre au comité de rédaction du journal La Réforme où il collabore avec Ledru-Rollin, Lamennais, Schoelcher et de Cavaignac. Il y développe ses deux idées centrales, l'Association et le Suffrage universel. La Réforme et Le National espèrent voir s'ouvrir les cercles du pouvoir jalousement gardés par le gouvernement Guizot dont la majorité est confirmée par les élections de 1846 grâce à un mode de scrutin spécifique; d'où une propagande accrue pour revendiquer la réforme électoral à travers la Campagne des Banquets. Ces réunions dans toute la France réunissent différentes idéologies politique et Louis Blanc est à la tête des négociateurs radicaux, c'est-à-dire pour une démocratie se définissant par le suffrage universel et une Assemblée représentant proportionnellement la Nation. Les talents d'orateur de Louis Blanc sont célébrés durant le banquet de Dijon où il déclare : « Quand les fruits sont pourris, ils n'attendent que le passage du vent pour se détacher de l'arbre », phrase qui décrit la crise détruisant le régime du moment qu'il subit.

1848 : l'heure de l'engagement concret

Les causes de 1848 sont décrites dans son Histoire de la Révolution de février 1848. Pour lui, le mode d'organisation du travail archaïque conduisant des individus à créer des machines, non pas pour soulager le travail des employés mais bien pour les remplacer le conduit à condamner l'approche individualiste de cette Révolution industrielle. Les conséquences sociales sont insupportables. Dans les faubourgs des grandes villes s'entassent des milliers de travailleurs sans emplois mettant leurs bras et celui de leurs enfants aux enchères inversées (car c'est celui qui demande le moins qui a du travail). Hommes, femmes et enfants vivent dans des conditions désastreuses décrites aussi par Louis René Villermé (notamment dans Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie (2 volumes, 1840). Pour Louis Blanc, où est la Liberté chez celui qui est esclave de la faim et de l'ignorance, où est l'Égalité lorsque le travail des uns fait fructifier l'argent des autres, comment comprendre la Fraternité lorsque le législateur fait des lois non pas pour protéger les plus faibles (dans le sens du contrat social, c'est-à-dire afin de garantir la vie et pour lutter contre la misère) mais bien au contraire pour garantir au plus fort une liberté dont il est le seul à pouvoir jouir.

La campagne des Banquets prend alors une allure que nombre de ses fondateurs n'a pas prévue. Un banquet doit avoir lieu à Paris le 22 février 1848 mais le gouvernement l'interdit. Sous l'impulsion de Louis Blanc, les membres les plus engagés se réunissent néanmoins, et le banquet se prolonge le jour suivant, renforcé par l'appui de la garde nationale. Guizot démissionne. Le soir même éclate une fusillade devant le ministère des Affaires étrangères. Les barricades gagnent toute la ville.

Louis-Philippe Ier abdique en faveur de son petit-fils, le comte de Paris et part en Normandie. Un gouvernement provisoire composé de Dupont de l'Eure, Ledru-Rollin, Flocon, Marie, Garnier-Pagès, Lamartine et Louis Blanc est formé. Cette liste résulte d'un compromis avec les membres du journal Le National et de La Réforme. Ils se rendent à l'hôtel de ville et proclament la République souhaitée par les insurgés. Sous la pression d'ouvriers parisiens dans la salle des Séances le gouvernement provisoire publie un décret rédigé à la hâte par Louis Blanc (auquel s'oppose Lamartine) garantissant le droit au travail : « Le gouvernement provisoire de la République s'engage à garantir l'existence des ouvriers par le travail. Il s'engage à garantir le travail […] à tous les citoyens. Il reconnaît que les ouvriers doivent s'associer entre eux pour jouir du bénéfice légitime de leur travail ». Le gouvernement provisoire ne fait rien pour essayer de tenir sa promesse. La Révolution a pourtant été faite en ce sens. Après négociations, Louis Blanc accepte à contrecœur la présidence sans budget de la Commission du Luxembourg alors qu'il demande, conformément aux vœux des révolutionnaires, un ministère du travail avec un budget.

Le projet : les « Ateliers sociaux »

Louis Blanc remarque que les employés et les employeurs sont soumis aux aléas du marché du travail (employeurs victimes de la concurrence anglaise, et employés victimes de la concurrence des plus pauvres qu'eux) et propose que l'État protège ceux qui souhaitent le rejoindre en créant les ateliers sociaux. C'est un univers d'échange économique basé sur la complémentarité plutôt que sur la concurrence. La fraternité plutôt que l'individualisme. Dans tous les cas, et pour éviter les situations extrêmes de pauvreté et de richesse, il propose de nationaliser la banque. L'État démocratique quant à lui serait contrôlé par le suffrage universel et mettrait au profit du peuple ses pouvoirs. Les élus sont, dans son projet, les serviteurs des électeurs et sont responsables de leur mandat.

Son but est de réguler la concurrence pour lutter contre la misère par la création d'ateliers sociaux dans les branches les plus importantes de l'industrie nationale dans un premier temps. Ensuite, dans un second temps, le projet à vocation à s'étendre suivant la volonté des acteurs.

Pour bénéficier de l'emprunt à taux zéro de l'État ou d'un contrôle du fonctionnement équitable de l'industrie (par exemples), les associations doivent rédiger des statuts qui reconnaissent la démocratie d'entreprise, la souveraineté des travailleurs, le souhait de sortir de l'état de nature des relations économiques. Dans le cas contraire, libre à eux de créer une entreprise et de travailler dans l'univers libéral, concurrentiel, qui continue à exister en parallèle du projet de Louis Blanc. D'ailleurs, pour Louis Blanc, l'univers libéral serait complètement libéralisé. Il n'y aurait plus de droit au travail pour eux, plus de contrôle tout au plus un simple et modeste impôt forfaitaire pour la participation à la gestion du domaine public.

Le capital prêté par l'État à taux zéro aux associations est destiné à l'achat de matériel. Tous les ans les profits seraient répartis entre les membres de l'association. Alors, « déduction faite du montant des dépenses consacrées à faire vivre le travailleur, des frais d'entretien et de matériel, le bénéfice serait ainsi réparti :

  1. Un quart pour l'amortissement du capital avancé par l'État
  2. Un quart pour l'établissement d'un fonds de secours destiné aux vieillards, aux malades, aux blessés, etc.
  3. Un quart à partager entre les travailleurs à titre de bénéfice
  4. Un quart enfin pour la formation d'un fonds de réserve.

Ainsi serait constitué l'association dans un atelier » [1]

Par ailleurs, le problème du machinisme serait résolu par l'emploi progressif des machines pour réduire le coût de production et pour faire baisser le temps de travail. Le progrès technique, qui était pesant pour l'ouvrier, deviendrait alors un facteur d'amélioration de ses conditions de vie, de sa Liberté. Ce programme était un succès considérable. À Paris comme en province l'union des classes est souhaité. Le but est d'en attendre l'amélioration des conditions de vie et de travail avec une augmentation des salaires par la participation directe aux résultats de l'entreprise associative en cas de profits (en cas de perte, la solidarité est la même). C'est là, une alternative directement applicable pour soulager les maux qui touchent l'ensemble de la société. "L'organisation du travail" en est la formule.

Or, Marie est chargé de la réalisation, en parallèle et contre Louis Blanc, des ateliers nationaux dont l'objectif à court terme est d'apporter du travail aux pauvres : travaux de terrassement par exemple, non productifs et ne correspondant pas à la formation des personnes qui y travaillent. Ceci n'a rien à voir avec les ateliers sociaux dont l'objectif est de proposer du travail correspondant au savoir des travailleurs dans une dynamique industrielle à long terme. Louis Blanc et ses ateliers sociaux s'inscrivent dans la logique économique de l'époque.

Une manifestation éclate le 28 février. On y réclame, de nouveau, l'organisation du travail et un ministère du Progrès. La majorité du gouvernement s'oppose à ces nouvelles revendications, et les manifestants n'obtiennent pas gain de cause. Ils doivent se contenter d'une commission pour les travailleurs, laquelle doit siéger au palais du Luxembourg. Dans l'esprit de Louis Blanc, ce devait être une sorte de « parlement du travail » pour annoncer les lois sociales que l'assemblée constituante n'aurait plus qu'à ratifier. Louis Blanc s'y voue totalement et parvient, avec beaucoup de difficultés, à mettre en place de nombreux projets. Des milliers d'associations ouvrières de production sont créées, le papier monnaie utilisée pour les échanges entre les associations est aussi utilisé dans les commerces (à Paris notamment). Aussi, dès la première séance au Luxembourg Louis Blanc s'attache à réduire le nombre d'heures de travail à 10 heures par jour à Paris et à 11 heures en Province et supprime le marchandage à moins qu'il ne soit du fait des ouvriers. Il obtient la suppression du livret ouvrier. Il arbitre également de nombreux conflits entre entrepreneurs et employés.

Néanmoins, Louis Blanc se heurte très rapidement aux aspirations des membres du gouvernement provisoire. En effet, face à l'influence croissante de Louis Blanc ceux-ci souhaitent sa chute. Le Luxembourg devait prouver l'inefficacité des solutions qu'il propose. Ce n'est pas le cas. Dès lors, ce jeune journaliste est à abattre par tous les moyens. La calomnie fait rage dans les journaux. Il échappe de justesse à deux attentats. Les ateliers nationaux sont abondamment financés (tandis que les ateliers sociaux ne bénéficient d'aucune aide). Il est tenu responsable des journées de mai et de juin. Il doit alors fuir.

La fermeture des « Ateliers nationaux », l'exil et le rôle politique à son retour

Après le succès des conservateurs aux élections du 23 avril 1848 pour l'Assemblée nationale Il est écarté de la Commission exécutive qui succède au gouvernement provisoire le 10 mai. La majorité conservatrice, en particulier Jules Favre, tente de le poursuivre en le tenant responsable des événements du 15 mai 1848. C’est le début de l’exil d’où il écrit Les Lettres d’Angleterre et L'Histoire de la Révolution française, de retour sous la Troisième République il n’aura plus le prestige d’antan même s'il effectue sur le terrain partout en France un travail considérable.

Le rôle de Louis Blanc est pratiquement nul pendant les Journées de juin 1848. Il se rend à l'Assemblée qui s'est déclarée en permanence tandis que Falloux propose la dissolution immédiate des Ateliers nationaux. Louis Blanc n'apprécie guère le général Cavaignac à qui l'on vient de confier la mission de contenir la Révolution. Il n'y retrouve pas les sentiments républicains de son frère (lui qui d'ailleurs va par la suite l'accuser d'avoir laissé la situation s'aggraver pour permettre à l'armée d'effacer sa défaite de février). La situation est extrêmement tendue si bien que Louis Blanc manque d'être tué par des gardes nationaux qui voient en lui le promoteur des Ateliers nationaux. Le président de l'Assemblée lui offre un refuge au Palais Bourbon.

Une commission est alors nommée pour enquêter sur les journées de juin et elle décide presque aussitôt de remonter aux événements qui se sont déroulés depuis la proclamation de la République. Louis Blanc et Ledru-Rollin sont directement visés et le procureur général demande la levée de l'immunité parlementaire de Louis Blanc. Après un discours de Cavaignac elle est accordée à 6 heures du matin par 504 voix contre 252. Louis Blanc part à Saint-Denis pour la Belgique. Il gagne Gand. Il y est arrêté puis expulsé pour débarquer en Grande-Bretagne. Son exil se prolonge jusqu'en 1870.

En avril 1849, la Haute Cour de justice de Bourges, qui juge les participants à la manifestation du 15 mai 1848, condamne par contumace Louis Blanc et cinq autres détenus absents à la déportation.

Louis Blanc se fixe à Londres. Il y fait des conférences et donne des cours notamment sur la Révolution française dont il écrit l'histoire. En 1859, il refuse l'amnistie accordée par un gouvernement qu'il ne reconnaît pas. Le succès considérable de l'Empire inquiète les exilés républicains. Toutefois, la défaite de 1870 et la captivité de l'Empereur met une fin brutale au Second Empire. Dés le 5 septembre au soir, Louis Blanc se rend à Paris et y apprend la formation du gouvernement provisoire par Gambetta.

Louis Blanc est resté très populaire malgré vingt-deux ans d'exil. Son nom est inscrit sur la liste du gouvernement. C'est une charge qu'il refuse. Aux élections à l'Assemblée constituante qui ont lieu pendant l'armistice, il est élu député avec un nombre d'électeurs dépassant même celui de Victor Hugo ou de Gambetta. Il part ensuite à Bordeaux où il défend le maintien des frontières contre les partisans de la paix immédiate. Ceux-ci l'emportent et Louis Blanc revient siéger à Versailles. Une méfiance réciproque dresse les ruraux défenseurs de la paix et les Parisiens aigris par leurs souffrances inutiles et l'installation du pouvoir politique à Versailles. Louis Blanc a peu d'influence auprès de ses collègues et les modérés voient en lui, à tort, le dangereux révolutionnaire de 1848: l'homme des Ateliers nationaux. Dans le camp républicain, ses idées d'association sous l'égide de l'État paraissent dépassées en raison de l'influence de Proudhon et de Marx, qui voient dans l'État (même démocratique) une superstructure bourgeoise hostile au peuple. Par ailleurs, l'idée de l'Union des classes en raison de leur interdépendance (car du travail de l'un dépend la vie de l'autre, d'où la nécessité d'un partage équitable des profits) est concurrencée par l'idée de lutte des classes (concept libéral présupposant une concurrence entre les individus ne vivant pas dans la même classe alors que la lutte concurrentielle n'existe qu'à l'intérieur des classes). L'évolution du débat est perceptible dans le Manifeste de la Commune auquel Louis Blanc est hostile car il supprime toute politique centralisatrice et équitable. L'unité de la France serait détruite au profit d'un chacun pour soi dévastateur. Même s'il refuse de prendre part à la Commune car il en condamne l'idéologie, il prend la défense du mouvement après la défaite. Il se dresse contre les excès de la répression et dès septembre 1871 il dépose un projet de loi portant amnistie des délits politiques. Il renouvelle sa demande en 1872 puis en 1873. Son âge et son long exil ont atténué son influence. Il arrive cependant avec Gambetta à repousser un projet de loi qui cherche à restreindre, de nouveau, le suffrage universel. Il est réélu en 1881. Toutefois, du fait de sa santé délicate, il laisse souvent à Clemenceau le soin de défendre leurs idées communes. Il doit bientôt partir se reposer à Cannes où il meurt des suites d'un refroidissement à l'âge de 71 ans.

Le projet politique et juridique issu de ses analyses économiques et historiques

Présentation

L’œuvre de Louis Blanc est pluridisciplinaire. Dès lors, tout en ayant un discours unitaire, son analyse comporte trois domaines d’études théoriques ayant pour but l’avènement de la République démocratique et sociale. Il est tour à tour historien, économiste et théoricien (politique et juridique). Ajoutons qu’il est également un homme politique engagé. C’est alors à partir d’une étude historique qu’il dégage des thèmes fondamentaux d’analyse économique ce qui lui permet de construire et de justifier un projet social appelant la création en droit d’associations par l’impulsion d’un État démocratiquement constitué. C’est ce projet qu’il tente de mettre en œuvre lorsqu’il est acteur du pouvoir.

Dans un premier temps, bien qu’il soit avant tout connu comme théoricien socialiste [2], son propos est beaucoup plus étendu. En effet, à partir des idées qu’il défend, se structure certes un plan d’organisation associative du travail qui est fondamental mais aussi des approches tout autant importantes et complémentaires de la souveraineté, de la décentralisation, du gouvernement du peuple par lui-même, des institutions et des lois (principalement sur le travail). En conséquence, un droit particulier s’applique en raison du caractère démocratique du régime souhaité. D’ailleurs, dans son esprit, le droit est un outil au service d’une politique que les Constitutions révèlent.

Dans un second temps, en ce qui concerne son abondant travail historique, relevons simplement que « la démarche des saint-simoniens et de Fourier avait conduit à une critique radicale de la Révolution de 1789, révolution négative [3].» . Louis Blanc, pour sa part, la perçoit comme profondément socialiste. Dans son esprit, c’est une étape fondamentale vers l’affranchissement de tous les travailleurs. En effet, elle a permis à une partie de la société de se soustraire de la domination de la monarchie absolue. Elle est en conséquence positive quoique incomplète.

« La révolution de 1789 fut certainement une révolution socialiste (…) puisqu’elle modifia la constitution économique de la société au profit d’une classe très nombreuse et très intéressante de travailleurs ; mais la révolution de 1789 laissa beaucoup à faire pour la classe la plus nombreuse et la plus pauvre ! (…) Elle déblaya la route de la liberté ; mais elle laissa sans solution la question, très importante pourtant, de savoir si beaucoup de ceux qui étaient à l’entrée de la route n’étaient pas condamnés par les circonstances du point de départ à l’impuissance de la parcourir. [4]

Louis Blanc a ainsi sur toute cette période, jusqu’en 1848 et à l’exclusion de l’Empire qu’il ne traite pas, un regard détaillé et passionnant. Comme le précise Francis Demier, pour Louis Blanc, « les classes ne sont pas condamnées à s’affronter et la lutte de classes, contrairement à l’idée qui se développe de Guizot à Marx, n’est pas le moteur de l’histoire. (…) Le marché ne fait que des victimes, il est une force anonyme, sans visage, sa logique échappe aux individus qu’ils soient ouvriers ou patrons [5].». Si sa philosophie de l’histoire ne prend pas en compte l’idée d’une lutte des classes[6], l’histoire du XIXe siècle est, d'après lui « le martyrologe des républicains [7]. »

Dans un troisième temps, concernant l’économie, notre auteur étudie la place de l’individu dans un système concurrentiel et dans un système associatif. Sa méthode d’analyse part systématiquement de l’Homme, de son droit fondamental à vivre pour comprendre les influences du monde économique sur la Liberté. Dans son esprit, le travail est vital au même titre que l’air que l’on respire [8]. Dès lors, la puissance des règles économiques sur le quotidien doit être analysée afin d’établir un projet politique pragmatique et responsable. Pour lui, la logique de l’accaparement, du profit, qui a pour conséquence l’appauvrissement général de la population n’a aucun sens. Les chômages, les spéculations sur les denrées alimentaires vitales, sont des injustices criminelles. Il condamne cette logique au nom de la Liberté.

« Dieu en soit loué ! On n’est pas encore parvenu à s’approprier exclusivement les rayons du soleil. Sans cela, on nous aurait dit : « Vous paierez tant par minute pour la clarté du jour » et le droit de nous plonger dans une nuit éternelle, on l’aurait appelé Liberté ! [9]

Dans son esprit, un choix doit être proposé aux Travailleurs (entrepreneurs et employés) de l’industrie et du monde agricole : soit la concurrence individuelle complètement libéralisée, soit l’entente concertée au sein d’associations soutenues la première année par l’État. Or, Louis Blanc constate que ce choix n’existe pas dans la France de la première moitié du XIXe siècle. Dans son projet politique coexistent alors une organisation concurrentielle du travail, une organisation associative du travail (qui emporte son adhésion) et un service public. L’État ne doit pas favoriser telle ou telle dogme économique. C’est la liberté pour le citoyen de pouvoir choisir le mode d’organisation du travail convenant le mieux à son idéologie. C’est la liberté pour celui-ci de vivre, de travailler, dans l’univers économique qui lui convient le mieux. Cette Liberté, c’est à l’État de la garantir et c’est précisément ce qu’il tente de mettre en œuvre lorsqu’il est acteur du pouvoir.

Louis Blanc ne s’arrête pas à la critique et à la description d’un projet, il est aussi homme politique. À deux reprises il joue un rôle concret qui lui permet de tenter la mise en pratique de son système. Une première occasion s’offre à lui en 1848 en tant que membre du gouvernement provisoire et surtout à la tête de la Commission du Luxembourg, une seconde sous la IIIe République en tant qu’élu à l’Assemblée nationale. Dès lors – au-delà d’une vision dogmatique abstraite à la fois économique et politique s’inscrivant dans une perspective historique et idéologique qui doit être saisie par le droit – la confrontation de son système avec la réalité l’amène à proposer un projet social et démocrate éclairé par l’expérience.

L’évolution de sa pensé, entre ses années de jeunesse parisienne et sa retraite forcée en Angleterre, [10], est continue et régulière[11]. Ses années de jeunesse forment le fond de sa philosophie générale qui s’est vue ensuite perfectionnée avec le temps[12].

L’unité du projet politique

Tout d’abord, relevons comme le souligne Francis Demier[13] que Louis Blanc n’a pas fait l’objet de nombreux travaux ces dernières années. Qui plus est, mis à part les actes du colloque « Louis Blanc, socialisme et République »(13) publiés en 2005 ainsi que deux articles de Leo A. Loubere[14] datant de 1955 et 1957, l’ensemble des travaux concernant Louis Blanc se focalisent sur l’Organisation du travail. De plus, ils ne retiennent dans cette œuvre que les ateliers sociaux industriels, agricoles et littéraires. Or, dans la pensée de Louis Blanc ces institutions ne sont que les outils d’un projet beaucoup plus global. Elles ont un sens particulier qui, s’il n’est pas pris en compte, rend impossible les réformes de fond souhaitées. Pour notre auteur tout projet nécessite une discussion préalable des concepts, une redéfinition des notions qu’il décrit comme une véritable révolution morale. D’ailleurs, l’unité du projet comprend au fond trois éléments complémentaires : un aspect social incarné par l’organisation du travail, un aspect moral qui propose une perception de l’intérêt individuel en société et enfin un aspect politique prenant forme à travers le projet démocratique.(15) Dans son esprit, le travail, la morale et la démocratie se complètent pour former un seul projet à long terme : une République sociale démocrate. Ainsi, au-delà de l’organisation du travail (liberté économique), qui est le socle, la révolution morale permet au système de fonctionner et de durer tandis que le projet de l’État démocratique garantit institutionnellement le pouvoir souverain du peuple (liberté politique). Ceci forme l’unité républicaine de Louis Blanc qui peut être au service du socialisme si telle est la volonté du peuple souverain. En effet, celui-ci s’exprime par le suffrage universel via un mode de scrutin permettant à l’Assemblée d’être réellement la représentation, le résumé, de la Nation. En conséquence, l’analyse du projet social ne peut ignorer ni l’aspect moral ni sa vision de l’État, tant ces éléments forment une unité, car c’est en raison d’une communauté de valeurs que l’un et l’autre peuvent s’entendre.

Relevons que, d’un point de vue économique, notre auteur défend avec ferveur le principe associatif. Il y voit la source du progrès véritable, de la pleine expression de la liberté, de l’égal développement de facultés inégales et de la fraternité. Toutefois, tout en dénonçant le système concurrentiel libéral, il ne va pas pour autant en demander autoritairement la suppression dans son projet au nom de la Liberté.(16) En un sens, en raison du silence de sa littérature sur ce thème, on peut dire que Louis Blanc laisse le libéralisme à lui-même. Il ne fixe aucune règle à la concurrence. Si on accentue l’analyse, on peut dire qu’il défend un libéralisme extrême dans les relations commerciales en désengageant totalement l’État des entreprises qui ont fait le choix de l’individualisme concurrentiel. En effet, lorsque Louis Blanc évoque l’organisation du travail il ne pense pas aux entreprises existantes. Il cherche simplement à créer un nouvel espace d’échange non plus basé sur l’antagonisme mais sur la complémentarité, libre à ceux qui souhaitent y participer de le rejoindre. C’est d’ailleurs ce qui se passe en février 1848 lorsqu’il engage les réformes à la tête de la commission du Luxembourg. Ainsi, tout en facilitant la réalisation des vœux les plus chers des libéraux, il propose à ceux qui le souhaitent une organisation du travail basée sur un contrat social transposé à l’économie. Dans son esprit, s’il faut sortir de l’état de nature des relations économiques - de la barbarie criminelle archaïque et immobilisante que cette situation induit, de l’absence de liberté, d’égalité et de fraternité dans ce système – s’il est impératif que la monarchie financière tombe à jamais pour enfin pouvoir vivre dans une vraie démocratie, il ne faut pourtant violenter personne.

En conséquence, nous pouvons dire que dans le cadre de son projet économique, Louis Blanc est libéral et socialiste ce qui peut parfois dérouter le lecteur car si ses préférences vont clairement dans le sens d’un socialisme pragmatique, s'il dénonce avec force les conséquences du libéralisme pendant tout le XIXe siècle, il nous dit clairement aussi que le principal pour lui est que « deux modes de relations industrielles soient mis en présence. (…) [afin que] l’expérience décide lequel des deux modes est le meilleur, (…) sans commotion, par la seule puissance de l’attrait. »[15] Il ne doit y avoir rien qui puisse venir gêner le développement concret de l’un ou l’autre système « économico-philosophique » qui, du reste, aspirent tous deux à un mieux vivre ensemble. C’est le volontariat qui caractérise son projet d’organisation du travail. À partir de ce postulat, en respectant dans leurs statuts le contrat social républicain, à savoir la Liberté, l’Égalité et la Fraternité, ces ateliers sociaux (associations industrielles, agricoles et littéraires) deviennent les seules entreprises qui légitimement peuvent bénéficier du soutien de la collectivité que l’État résume. L’aide publique est conditionnée au respect, de certaines valeurs, l’État et les associations s’entendent dans le cadre d’un projet unitaire et démocratique. Dans son esprit, le droit du travail, les commandes de l’État, le contrôle d’un fonctionnement équitable de l’entreprise (inspection du travail), la protection de la propriété collective dans le travail (et privée dans la famille), l’emprunt gratuit, tous ces thèmes ne concernent que le monde du travail associatif. Les interventions de la puissance publique dans le travail sont l’apanage des associations industrielles, des colonies agricoles et des associations littéraires. Libre aux autres modes de production de s’organiser comme bon leurs semblent.

Pour Louis Blanc, le progrès de la civilisation se comprend par un idéal républicain qui se caractérise par une exigence précise d’humanisation de la société et qui passe, avant de proposer une alternative, par la critique radicale du système économique libéral. Dans son esprit, le libre jeu du capitalisme (la concurrence) laisse le revenu des ouvriers comprimé par la loi du marché et parfois carrément annulé en temps de crise. Mais cette concurrence ne favorise pas non plus la bourgeoisie qui se voit progressivement disséminée au profit d’une oligarchie financière omnipotente et inique. Se dessine alors un ennemi commun, le monde de la finance, contre lequel notre auteur appelle à la Révolution. Ainsi, nous dit-il : « la féodalité territoriale et militaire a disparu, il faut que la féodalité financière disparaisse. (…) La royauté de l’argent, l’aristocratie de l’argent, voilà bien effectivement ce qui est en question. »(18) Il en va, dans son propos, de la logique de l’histoire basée sur le principe de l’émancipation progressive des individus. Précisons alors que, pour notre auteur, la situation de dépendance des travailleurs (entrepreneurs et salariés)[16] par rapport à l’intérêt porté au capital prêté est intolérable au regard de la Liberté [17]. Louis Blanc cherche à y remédier en proposant une intervention sociale et publique à la fois[18]. En effet, seul l’État, entendu comme « une réunion de gens de bien, choisis par leurs égaux pour guider la marche de tous dans les voies de la liberté »(22), peut remplir ce rôle d’émancipation des travailleurs par rapport au capital en soutenant la propriété associative des outils de production. C’est au souverain qu’incombe la responsabilité et le pouvoir de donner le crédit et non à le recevoir. C’est un gage de liberté. Ceci passe inévitablement par une nationalisation de la banque et un crédit gratuit aux associations. C’est l’aspect associatif (partage des bénéfices à égalité) de l’entreprise qui compense le taux d’intérêt que l’entreprise libérale devra payer à l’État banquier.

Pourquoi l’intérêt ajouté au capital prêté est-il un frein illégitime porté à l’exercice de la liberté individuelle ? C’est uniquement en raison du caractère vital de celui-ci pour vivre car tout est approprié dans la société industrielle. Le capital est nécessaire. C’est pourquoi Louis Blanc défend l’idée du crédit gratuit. Pour lui, le pouvoir financier du moment conditionne l’asservissement des individus à des taux dont ils ne peuvent discuter. Bien souvent, plus l’emprunt est nécessaire plus le taux augmente ce qui absolument contre-productif socialement. Aussi, si aucune parité ne peut être faite entre le capital et le travail – car lorsque le travailleur meurt son travail disparaît avec lui tandis que le capital survit au capitaliste - le capital peut alors très bien appartenir aux travailleurs associés, indépendamment du capitaliste. En prônant la doctrine du laisser-aller dans le travail concurrentiel, et sans organisation associative, « la misère devient pour le plus grand nombre un fait inévitable »[19], tant le rapport de force est inégal et la violence inéluctable. Ceci va à l’encontre, pour notre auteur, du premier des droits fondamentaux, celui que l’on acquiert à la naissance, celui de vivre[20].

Un concept central : l’organisation du pouvoir

C’est afin de garantir la vie des individus qu’il demande une « organisation du pouvoir »[21] car le système concurrentiel ne peut remplir cette mission. Or, dans son esprit, « c’est une œuvre trop vaste et qui a contre elle trop d’obstacles matériels, trop d’intérêts aveugles, trop de préjugés, pour être aisément accomplie par une série de tentatives partielles »[22]. Dès lors, c’est le pouvoir organisé, l’État, qui a seul la puissance nécessaire d’impulsion permettant la mise en place concrète d’un mode alternatif de répartition[23] au sein de la société actuelle. Précisons d’ores et déjà que, l’État constitué démocratiquement aurait une mission économique simple. En effet, en parallèle du système concurrentiel laissé à lui-même, le principe de fonctionnement est très précis : « je n’ai jamais entendu faire l’État producteur et le charger d’une besogne impossible. Qu’il devienne le commanditaire et le législateur des associations, je ne lui demande que cela[24]. » Qui plus est, il ne s’agit que d’une proposition car « c’est à la nation (…), par ses mandataires, si telle est sa pensée, de jeter au milieu du système social actuel, les fondements d’un autre système, celui de l’association »(29) . Il en va d’ailleurs de la logique d’un gouvernement démocratique. Pour plus de précisions, nous pouvons dire qu’une distinction dans le travail s’opère alors au sein de l’État français - devenu pour ainsi dire laïque économiquement[25] - entre le communisme (communauté/rouge), le socialisme (association/bleu), et le libéralisme (l’individu/blanc [idem monarchie car tout le monde travail pour le sommet]). Ce sont trois couleurs, trois systèmes à égalité, dans la même unité.

Dans son esprit, l’intervention de l’État pour le compte des associations est complètement légitime. En effet, et au-delà de toutes considérations économiques et philosophiques, Louis Blanc fait le rapprochement suivant : « il n’est pas interdit d’améliorer le régime des prisons, et il le serait de chercher à améliorer le régime du travail ! Il n’y a pas de tyrannie à tendre la main à des compagnies de capitalistes, et il y en aurait à tendre la main à des associations d’ouvriers ! (…) Nous avons un budget de la guerre, et il serait monstrueux d’avoir un budget du travail ! »(31)

Le concept d’organisation impulsé par un État démocratique est central car, « les obligations sociales ne sont pas tellement simples, elles ne se concilient pas si facilement avec le principe d’égoïsme aveugle qui est au-dedans de nous, qu’on puisse repousser dédaigneusement l’initiation aux saintes maximes du dévouement »[26]. C’est alors à l’État d’organiser une alternative non antagoniste de fonctionnement ; d’établir juridiquement (très léger pour les libéraux) trois espaces économiques ayant une philosophie distincte. Pour Louis Blanc, l’Homme n’est pas fondamentalement bon, d’où la nécessité impérieuse de proposer un cadre à son action de façon à éviter l’anarchie. En effet, l’égoïsme laissé à lui-même, dans un contexte violent car concurrentiel, ne peut qu’aboutir au chaos. Sur ce point, notre auteur est certainement plus proche de Hobbes[27] que de Rousseau[28] dans le sens où l’Homme pris individuellement est, dans le contexte concurrentiel, un loup pour l’Homme. En revanche, collectivement, et avec toute la puissance de l’État résumant la nation, les Hommes peuvent, à travers une prise de conscience de leur intérêt véritable, choisir de devenir des individus sociaux. Il faut pour cela proposer, à ceux qui souhaitent sortir de l’état de nature économique, une organisation associative du travail. Il précise ainsi qu’il est « convaincu que, parmi ceux qui, dans la lutte, cherchent à vaincre coûte que coûte, il est des hommes dont le cœur souffre des moyens qu’ils mettent en usage. Mais le régime économique où ils vivent plongés est là qui les y condamne. Il faut qu’ils tâchent de ruiner autrui, sous peine d’être ruinés eux-mêmes. »(35) L’égoïsme inné de l’Homme est conséquemment perverti par le système économique qui l’entoure alors qu’il pourrait être au service d’une juste cause : la leur. En effet, cet égoïsme aux conséquences négatives ne relève que d’une mauvaise perception de l’intérêt individuel. Dans sa pensée, les individus auraient beaucoup plus à gagner, égoïstement, en se solidarisant, en s’associant, qu’en se faisant concurrence(36) . Pour lui il n’y a qu’une oligarchie financière qui profite de cet état de violence perpétuelle. Ainsi, face à la faiblesse individuelle de l’homme trop isolé pour pouvoir concrètement remédier à la situation qu’il subit, il en appelle aux Hommes, démocratiquement rassemblés, pour mettre en place un nouvel ordre économique. En conséquence c’est davantage au système qu’aux personnes qu’il s’attaque. C’est pourquoi il précise que « ce sont les imperfections du régime économique existant qui sont coupables. C’est donc à elles surtout qu’il convient de s’en prendre, et les faire graduellement disparaître est affaire, non de haine et de colère, mais d’étude, non de violence, mais de science »(37) . C’est en ce sens qu’il faut comprendre cette volonté organisationnelle.

Une fois ce postulat de l’organisation posé, il s’agit à présent d’en saisir les sphères d’application. Pour Louis Blanc, cela s’applique à deux niveaux, celui de l’État et celui du travail. Avant d’aller plus loin et afin de préciser le propos, notons qu’il ne faut pas se tromper sur le sens du terme organiser qu’il souhaite mettre en œuvre dans ces deux univers. Dans un premier temps, dans le même sens que Maurice Agulhon, nous pouvons dire que pour Louis Blanc « ce n’est pas organiser l’économie par une sorte de planification, c’est organiser les travailleurs, les inviter à s’associer en coopératives, et à gérer les échanges sur cette base autogestionnaires avant la lettre »(38) . En effet, dans le projet, l’État joue un rôle d’impulsion et de contrôle interne la première année, après cela, il est le gardien externe de la propriété collective comme il est le gardien de la propriété privée. Il la préserve sans l’accaparer. Dans un second temps, organiser, ce n’est pas non plus, en ce qui concerne l’État, ordonner le politique par une sorte d’autoritarisme venant du sommet, c’est organiser les citoyens, les inviter à s’associer à travers les communes et dans des réunions publiques, c’est-à-dire à gérer les échanges politiques sur cette base, avant de prendre part à l’élection des mandataires au suffrage universel. En effet, à défaut d’avoir le temps et l’envie de gérer directement les affaires de l’État, le peuple souverain agit à travers ses serviteurs responsables et révocables. Le mode de scrutin, système de Hare, choisi par Louis Blanc est un moyen d’optimiser la représentativité de l’Assemblée en fonction des divergences nationales et permet à celle-ci d’être le résumé vivant de la nation. L’Assemblée nationale se voit ainsi composée des personnes jugées par leurs semblables les plus aptes à les servir. Elle devient le lieu de résolution des conflits sociaux (toujours préférable à la rue pour la bonne marche de l’économie). C’est le concept d’État serviteur qui domine sa démonstration et non la vision d’un État maître comme chez Pierre Leroux[29] ou de l’État anarchique de Proudhon[30]. Notons de plus, comme le précise Francis Demier que « l’idée d’une révolution de classe, d’un scénario qui pousserait une avant-garde ouvrière à s’emparer du pouvoir pour transformer la société est complètement étrangère à la pensée de Louis Blanc »[31]. C’est du demos, du peuple, dans son unité souveraine, dont il s’agit.

Un moyen d’organisation et une idée à mettre en place : suffrage universel et association

Un moyen d’organisation transcende alors la sphère de l’État (Assemblée nationale et commune) et celle de l’atelier social : le suffrage universel. C’est l’avènement, dans le projet de notre auteur, de la démocratie politique entendue comme la participation collective à la chose publique et de la démocratie économique, entendue comme la participation des travailleurs à leurs entreprises associatives. Le vote devient le moyen d’expression permettant de mandater des personnes pour servir les intérêts des individus à différentes échelles (travail, commune, État). Le citoyen travailleur devient souverain dans ces deux univers. Dès lors, en raison de la communauté d’intérêts et de valeurs, c’est bien l’unité républicaine qui est mise en avant. Aussi, et de façon à matérialiser ce principe d’unité, une idée oriente l’ensemble du projet, l’association, prenant trois visages : les ateliers sociaux (industriels et agricoles[32]), la commune et l’Assemblée nationale[33]. Ces associations sont perçues comme le prolongement naturel de la famille (association naturelle et originelle). Elles garantissent à l’Homme le pouvoir d’exercer concrètement sa Liberté[34].

Dans son idée, c’est à travers le suffrage universel, aussi bien au sein des associations industrielles ou agricoles qu’au niveau de l’association communale ou d’une Assemblée véritablement nationale, que l’homme (politique et économique) est chargé souverainement de nommer des mandataires responsables et révocables. Ces délégués choisis ont pour mission de gérer les affaires courantes de la cité ou de l’industrie pour le compte des individus qui, occupés quotidiennement par leur travail et leur famille, ne peuvent intervenir directement et en permanence. Or, ceci ne peut prendre forme, chez lui, qu’en République entendue comme la gestion démocratique de la chose (res) publique (publica). Notons enfin que si le projet économique associatif relève d’un choix individuel, le projet démocratique est beaucoup plus impératif. En effet, Louis Blanc n’imagine pas exclure de la participation démocratique à la chose publique ceux qui ne partageraient pas ce concept, au contraire. Pour lui, le suffrage doit être universel ce qui doit s’accompagner d’une représentation proportionnelle des minorités. L’idéologie de tous les citoyens doit être représentée proportionnellement à l’Assemblée. Il en va de la liberté d’expression. Pour lui, la démocratie véritable, populaire, est la seule alternative compatible avec la modernité[35]. C’est la légitimité dans la puissance[36], « la force au service de la lumière »(47).

En somme, dans le système qu’il propose, l’individu ne puise plus dans la concurrence les sources du progrès mais dans l’association, organisation qu’il considère comme moins conflictuelle, plus stable économiquement donc moins sujette à une faillite ou à un chômage et, en conséquence, plus enrichissante au niveau macroéconomique[37]. De plus, au niveau microéconomique, un intérêt individuel purement financier s’ajoute au gain social global en raison de la participation proportionnelle de tous les travailleurs aux résultats économiques de l’entreprise. Cette idée de proportionnalité se retrouve également à l’Assemblée nationale. En effet, à travers un mode de scrutin spécifique, le système de Hare, Louis Blanc cherche à faire en sorte que l’Assemblée soit le résumé vivant de la nation. C’est une institution unique d’où tous les pouvoirs découlent car mandatée par le souverain populaire. Or, les mandataires qui, de fait, ont un grand pouvoir sont responsables et révocables. Cette Assemblée est au service du souverain et devient le lieu de résolution des conflits nés de la pluralité d’opinions. C’est un lieu de parole qui garantit, au mieux, la paix civile ; paix toujours salutaire pour la bonne marche des échanges économiques. Notons qu’il ne nie pas le danger d’une Assemblée unique, l’expérience de la Terreur est présente dans son esprit. C’est pourquoi il précise systématiquement qu’au-delà d’un pouvoir administratif autonome confié aux communes il faut « déclarer supérieurs au droit des majorités et absolument inviolables la liberté de conscience, la liberté de la presse, les droits de réunion et d’association, et, en général, toutes les garanties qui permettent à la minorité de devenir majorité, pourvu qu’elle ait raison et qu’elle le prouve »(49). Et c’est en ce sens aussi, qu’il soutient, avec Lamartine, l’abrogation de la loi sur la peine de mort pour raison politique le 26 février 1848.

Dès lors, l’ensemble du projet s’accompagne inévitablement d’une révolution idéologique car la conscience des interdépendances relève d’un changement de perspective, d’une abstraction, qui nécessite un nouveau prisme de lecture de l’intérêt personnel. Pour lui, « les affections humaines ne sont pas assez vastes pour embrasser dès l’abord l’humanité tout entière »(50), ce qui nécessite la participation démocratique, quasi pédagogique, des travailleurs à des niveaux toujours plus étendus : association, commune et Assemblée. Pour lui, briser un seul de ces anneaux c’est détruire ce qui permet à l’Homme de devenir citoyen.

La fin des antagonismes : prise de conscience de l’inévitable solidarité et moralisation des échanges

La prise en compte des intérêts individuels réels qui depuis la révolution industrielle sont, plus que jamais mêlés et non antagonistes, nécessite une vision dépassant les clivages traditionnels. À cette fin il va tout au long de ses démonstrations s’attacher à prouver combien les antagonismes sont construits. Là sans doute, la maxime « diviser pour mieux régner » prend tout son sens. En effet, pour Louis Blanc, que ce soit entre les employés ou les employeurs, le législatif ou l’exécutif, la commune ou l’État, les hommes ou les femmes, les jeunes ou les anciens, les projets sociaux et leurs financements, toutes ces oppositions n’ont aucun sens car les intérêts convergent[38]. Dans son esprit, les employeurs et les employés s’associent pour produire, l’exécutif doit être une émanation sous contrôle du législatif lui-même au service et sous contrôle du souverain populaire, la centralisation politique s’accompagne d’une autonomie administrative des communes(52), les femmes gèrent la famille (et en cela doivent avoir des droits civils) tandis que les hommes gèrent le foyer (entendu comme structure économique), la fougue de la jeunesse s’accompagne de la sagesse de l’âge[39]. Et, suivant le même principe, les projets sociaux comme l’éducation nationale laïque, gratuite et obligatoire par exemple, trouvent leur légitimité dans une perspective à moyen et à long terme car c’est de l’argent placé à gros intérêts pour l’avenir de la société. Pour notre auteur, c’est un gain pour la nation[40]. Qui plus est, en ce qui concerne le financement du projet social de Louis Blanc, la réduction des dépenses – notamment celles concernant l’église et les prêtres, et celles attribuées aux préfectures et sous-préfectures, considérées par notre auteur comme une « superfétation tout à la fois ridicule et coûteuse »[41] – serait une avancée significative de la société vers le progrès. Réduction des dépenses auxquelles s’ajoutent les revenus spéculatifs de la banque nationale et ceux notamment de la mise sur le marché d’une assurance d’État couvrant l’ensemble des activités des individus. Dans l’esprit de notre auteur, les choses ne peuvent s’équilibrer autrement.

Sa théorie défend alors un système démocratique cherchant plus à unir ses forces qu’à les opposer de façon à lutter ensemble contre la misère. Pour lui, de la même manière où dans le passé les forces se sont rassemblées pour protéger la vie, ce qui a pris la forme d’un contrat social, à présent le temps est venu de transposer ce contrat au monde économique de façon à, là aussi, sortir de l’état de nature pour protéger la vie. La misère est la prédation universelle de l’homme moderne contre laquelle il faut réunir toutes les forces, sans toutefois rendre le projet social impératif. Dans son esprit, en veillant sur les pauvres les bienfaits se feront ressentir sur l’ensemble de la collectivité[42]. Dès lors, dans le même sens que Francis Demier, nous voyons qu’une des « originalité de Louis Blanc tient à l’articulation étroite qui s’établit entre l’avènement de la démocratie qui s’impose après l’effondrement du système ancien miné par les effets pervers de la concurrence, et le changement de société que représente l’« Atelier social »[43]. D’ailleurs, Louis Blanc fait le pari que la conséquence de la démocratie sera l’avènement du socialisme.

Précisons enfin que, si les ateliers sociaux, la commune, et l’Assemblée sont les projets, ils ne pourraient exister concrètement à long terme sans un changement moral. Ainsi, nous dit-il en décrivant la situation de l’époque : « on ne prétendra pas (…) que la morale trouve son compte (…) dans la baisse systématique des prix, la falsification des marchandises, les réclames mensongères, les ruses de toute espèce pour grossir sa clientèle aux dépens de celle du voisin, (…) dans l’objectif de ruiner autrui sous peine d’être ruiné soi-même »(58) . Cette absence de morale dans les rapports économiques s’accompagne, pour lui, de nombreuses souffrances chez ceux qui sont obligés d’appliquer ces règles[44]. Or, elle est soutenue par une idéologie libérale visualisant dans l’individualisme et la concurrence le terme de toute évolution politique. C’est précisément ce qu’il convient de dépasser. Dan son esprit, les conséquences de ce schéma sont funestes jusque dans les familles. En effet, une sorte de schizophrénie touche les individus qui, solidaires en famille, doivent se battre à l’extérieur, parfois même en détruisant d’autres familles. Cette situation est intenable pour Louis Blanc car elle laisse les malheureux du monde s’entretuer. Dès lors, « dans une dialectique implacable et mécaniste, c’est tout le progrès qui est perverti par la logique de la concurrence dans la mesure où ce qui pourrait être un bien se transforme en aliénation »(60) . C’est pourquoi il fixe quelques principes moraux devant servir de repères à la construction concrète du projet. C’est, selon lui, « l’évangile en action »[45] qui caractérise le socialisme. Sans être clérical[46] et tout en défendant la séparation de l’église et de l’État ou la laïcité, il pense néanmoins que « le socialisme a pour but de réaliser parmi les hommes ces quatre maximes fondamentales de l’Évangile : 1° Aimez-vous les uns les autres ; 2° Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on fit à vous-mêmes ; 3° Le premier d’entre vous doit être le serviteur de tous les autres ; 4° Paix aux hommes de bonne volonté ! »[47]. Nous y ajoutons un cinquième principe, qu’il décrit comme « une loi écrite en quelque sorte dans son organisation par Dieu lui-même »[48], celle qui consiste à « produire selon ses facultés et à consommer selon ses besoins »[49]. Alors, et sans nier le caractère idéal typique[50] de ce qu’il fixe comme principe, tout ceci prend une forme républicaine à travers la Liberté, l’Égalité et la Fraternité. L’objectif de toute politique est, selon lui, « d’élever la condition intellectuelle, morale et physique de tous ; (…) de rendre les hommes plus éclairés, plus heureux et meilleurs. »[51] Ceci ne peut être le cas dans le schéma libéral. Pour Louis Blanc, d’un point de vue moral, lorsque l’action de l’État va dans ce sens elle est un bien, lorsqu’il agit en sens inverse, elle est un mal[52].

Ainsi, dans le cadre de son étude économique du travail et de son étude politique de la démocratie il défend le suffrage universel dans ces deux univers et dans leurs sphères. Dans son projet, les travailleurs citoyens sont souverains tant dans leurs entreprises associatives (pour ceux qui en ont fait le choix) qu’au niveau de la commune ou de l’Assemblée. C’est à travers un contrat social rénové en raison de la nouvelle donne économique liée aux conséquences, en France, de la révolution industrielle que Louis Blanc propose de sortir de l’état de nature économique. Néanmoins, tout en étant socialiste il défend également une forme de laïcité de l’État concernant les dogmes économiques dans le sens où cohabitent et se développent librement, suivant leurs règles propres, une organisation libérale du travail (sans l’intervention de l’État), une organisation associative fraternelle (un partenariat avec l’État), et un service commun (l’État dans sa mission publique). Aucun système ne doit être favorisé. Ils vivent dans un cadre juridique directement issu de leur philosophie économique. Alors, si pour lui, la République qui doit renaître sera une et indivisible en raison du suffrage universel et du régime d’Assemblée, économiquement, les principes ne sont pas imposés. En effet, l’unité économique réside dans la liberté qu’ont les individus de vivre dans le système convenant le mieux à leur idéologie dans l’attente d’une victoire - qu’il croit inéluctable - du principe fraternel associatif, du socialisme. En conséquence, pour Louis Blanc, « l’unité, (…) ce n’est point, dans l’ordre moral, le jésuitisme avec son hypocrisie et son despotisme ; ce n’est point, dans l’ordre social, le régime exclusif et sans entrailles des maîtrises et des jurandes ; ce n’est point dans l’ordre politique, l’imbécile et vaniteuse tyrannie de la royauté absolue ; c’est quelque chose de neuf, qui ait sa source dans les réalités du présent et son aboutissement dans les nécessités logiques de l’avenir »[53].


À titre posthume

Une station du métro de Paris et une rue du 10e arrondissement de Paris portent son nom, ainsi qu'une rue de Lyon, Anzin, Cannes, Brest, Nantes, Angers de la Garenne-Colombes et du Pré-Saint-Gervais, un boulevard et une station du tramway de Montpellier, un boulevard limougeaud, un boulevard à Alès, une avenue à Amiens et une partie des quais de la Sarthe au Mans, un cabinet médical à Anzin et un collège dans le Val-de-Marne à Saint Maur des Fossés (94).

Notes

  1. Louis Blanc, Organisation du Travail, Au bureau du Nouveau Monde, Paris, 1850, p.119-121.
  2. GOLLIET M., Louis Blanc, sa doctrine,-son action, Thèse droit, A. Pedone, Paris, 1903 ; LAURENS Émile, Le Régime social du travail, Thèse droit, Arthur Rousseau, Paris, 1908 ; LOUSTAU Pierre, Louis Blanc à la Commission du Luxembourg, Thèse droit, Bonvalot-Jouve, Paris, 1908 ; VERLINDE Pierre, L’Œuvre économique de Louis Blanc, thèse économie, Outteryck-Menne, Lille, 1940 ; HUMILIERE Jean-Michel, Louis Blanc, Organisation du travail, Thèse science politique, Toulouse, 1980.
  3. DEMIER Francis, « Louis Blanc face à l’économie de marché », in DEMIER Francis (dir.), Louis Blanc un socialiste en république, Paris, CREPHIS, 2005, p. 133
  4. BLANC Louis, « Association internationale des travailleurs », in BLANC L., Discours politiques, Paris, Librairie Germer-Baillère et Cie, 1882, p. 118.
  5. DEMIER Francis, « Louis Blanc face à l’économie de marché », op.cit., p. 137.
  6. Voir sur ce theme, LOUBERE Leo A., « Louis Blanc’s Philosophy of History », Journal of the History of Ideas, vol. 17, n°1., jan. 1956, p. 70-88 et JACOUTY Jean-François, « Louis Blanc et la construction de l’histoire », in DEMIER Francis (dir.), Louis Blanc un socialiste en république, Paris, CREPHIS, 2005, p. 51-65 ainsi que CARON Jean-Claude, « Louis Blanc, historien du temps présent, À propos de l’Histoire de Dix ans », in DEMIER Francis (dir.), Louis Blanc : un socialiste en république, Paris, Céraphis, 2005, p. 67-84. On peut parler de matérialisme historique car, comme pour Marx, Louis Blanc considère les structures effectives de l’organisation de la production comme déterminant de l’ordre social et politique. Toutefois sa philosophie de l’histoire
  7. BLANC Louis, « La République sans les républicains », in BLANC Louis, Questions d’aujourd’hui et de demain, Paris, E. Dentu, Libraire-éditeur, t. II, 1874, p. 363
  8. BLANC Louis, « Organisation de la démocratie », in BLANC Louis, Le Nouveau Monde, Journal historique et politique, Paris, n°1-12, année 1849-1850, p. 345.
  9. BLANC Louis, Le Nouveau Monde du 15 juillet 1850, p. 2.
  10. LOUBERE A., « The evolution of Louis Blanc’s Political Philosophy », The Journal of Modern History, vol. 27, n°1, mars 1955, p. 39-60.
  11. Il en fait lui-même la preuve dans un article intitulé « mon intransigeance » in BLANC Louis, Questions d’aujourd’hui et de demain, Paris, E. Dentu, 1880, t. 3, p. 489-493
  12. « The changes he made in exile were part of his effort to perfect the details of his general philosophy. » LOUBERE Leo A., « The evolution of Louis Blanc’s Political Philosophy », op.cit., p. 60. Sur l’influence des idées de Louis Blanc et son analyse de la Révolution de 1848 : GERSHOY Leo, « Three French historians and the Revolution of 1848 », Journal of the History of Ideas, vol. 12, n° 1, jan. 1951, p. 131-146. Les trois historiens en question sont Lamartine, Michelet et Louis Blanc. Notons que, « to sum up, then, the writings of the three historians were neither necessary nor sufficient causes of the 1848 revolution. » (Ibid., p. 146.) Sur l’influence de sa pensée sur le réformisme LESPINET-MORET Isabelle, « Un héritage ? Le réformisme social des républicains fin de siècle », in DEMIER Francis (dir.), Louis Blanc un socialiste en république, Paris, Creaphis, 2005, p. 191-196. Notons sa conclusion : « Des préoccupations communes relient les républicains réformateurs sociaux – et tout particulièrement les socialistes – à Louis Blanc. L’intervention de l’État face à la question sociale et en vue d’une institutionnalisation du travail les rassemble. Des rapprochements sont possibles entre deux époques qui se sont volontiers tournées le dos ; des filiations s’établissent en même temps que des prises de distance ; des convergences parfois plus fortuites peuvent être relevées. L’héritage peut être ce que l’on choisit, ce que l’on emprunte et déforme, ou ce qu’on attribue… À ce titre, Louis Blanc est encore bien présent dans l’univers mental des réformateurs de la fin du XIXe siècle, dans un jeu de syncrétisme idéologique. Le contexte a cependant évolué ; d’autres courants de pensée et notamment le positivisme et le solidarisme viennent enrichir la perception et le traitement de la question sociale et du travail, sans pour autant oublier l’expérience de 1848. » (Ibid., p. 195.)
  13. DEMIER Francis, « Louis Blanc face à l’économie de marché », op.cit., p. 5.
  14. LOUBERE Leo A., « The evolution of Louis Blanc’s Political Philosophy », The Journal of Modern History, vol. 27, n°1, 1955, p. 39-60 et LOUBERE Leo A., « Les idées de Louis Blanc sur le nationalisme, le colonialisme et la guerre », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. IV, 1957, p. 33-63.
  15. Ibid.
  16. Lorsque nous parlerons des Travailleurs dans notre étude, l’on devra comprendre les entrepreneurs et les salariés. Louis Blanc oppose systématiquement, les Travailleurs aux financiers, « brasseurs d’affaires » (BLANC Louis, Le Nouveau Monde, op.cit., p. 343-344.).
  17. « L’intérêt du capital représente le privilège accordé à certains membres de la société de voir, tout en restant oisifs, leur fortune se reproduire et s’accroître ; il représente le prix auquel les travailleurs sont forcés d’acquérir la possibilité de travailler ; il représente leur asservissement à une condition que, le plus souvent, ils ne peuvent débattre, et que jamais ils ne peuvent éluder. » (BLANC Louis, Le Catéchisme des socialistes, Paris, Aux bureaux du nouveau monde, 1849, p. 22).
  18. AGULHON Maurice, «Un centenaire oublié », Courrier de la république, n°14, nouvelle série, 1983 (décembre 1984) reproduit in DEMIER Francis (dir.), Louis Blanc un socialiste en république, Paris, Creaphis, 2005, p. 187-189.
  19. Ibid., p. 11.
  20. « Est-il vrai, oui ou non, que tous les hommes apportent en naissant un droit à vivre ? Est-il vrai, oui ou non, que le pouvoir de travailler est le moyen de réalisation du droit de vivre ? Est-il vrai, oui ou non, que si quelques-uns parviennent à s’emparer de tous les instruments de travail, à accaparer le pouvoir de travailler, les autres seront condamnés, par cela même, ou à se faire esclaves des premiers, ou à mourir ? » (BLANC Louis, Le Nouveau Monde, op.cit., pp. 341-342.)
  21. BLANC Louis, L’Organisation du travail, Paris, Bureau du nouveau monde, 1850 (1839), p. 12.
  22. BLANC Louis, Le catéchisme des socialistes, op.cit., p. 18.
  23. Le mode de production reste le même.
  24. BLANC Louis, Histoire de la Révolution de 1848, Paris, Librairie internationale A. Lacroix, Verboeckhoven et Ce, 1870, p. 300-301 ; BLANC L., « Hommes du peuple, l’État, c’est vous ! Réponse au citoyen Proudhon », Le Nouveau Monde, n° 11, 15 novembre 1849, in BLANC Louis, Le Nouveau Monde, Journal historique et politique, Paris, n°1-12, année 1849-1850, p. 205.
  25. Et religieusement. Louis Blanc défend ouvertement la laïcité et la séparation de l’Église et de l’État.
  26. BLANC Louis, Questions d’aujourd’hui et de demain, Paris, E. Dentu, Librairie-éditeur, t. I, 1873, pp. 305-306.
  27. « Homo homini lupus est », locution latine inventée par Plaute et reprise par HOBBES Thomas, Le Citoyen ou les fondements de la politique, (1642), http://classiques.uqac.ca/classiques/hobbes_thomas/le_citoyen/le_citoyen.doc, consulté le 12 décembre 2007, p. 32-34.
  28. L’homme est naturellement bon. Thème du bon sauvage perverti par la société que l’on retrouve dans ROUSSEAU Jean-Jacques, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Flammarion, 1971 (1755), p. 170-176 ainsi que dans ROUSSEAU Jean-Jacques, « Fragments politiques », in ROUSSEAU Jean-Jacques, Du contrat social, Paris, Éditions Gallimard, 1964 (1762), p. 297. « (il) conclura, malgré tous les sophismes des raisonneurs, que le pur état de nature est celui de tous où les hommes seroient le moins méchants, le plus heureux, et en plus grand nombre sur la terre. »
  29. LEROUX Pierre, in La République, 19 et 26 novembre 1849, 3 décembre 1849.
  30. La Voix du Peuple du 3 décembre 1849 : « l’État, (…) c’est l’armée…la police…le système judiciaire…le fisc, etc. (…) L’anarchie est la condition d’existence des sociétés adultes, comme la hiérarchie est la condition des sociétés primitives : il y a un progrès incessant des les sociétés humaines de la hiérarchie à l’anarchie. » (PROUDHON P.J., Idée générale de la Révolution au XIXe siècle, Œuvres complètes, Paris, M. Rivière, 1923, p. 366.)
  31. DEMIER Francis, « Louis Blanc face à l’économie de marché », op.cit., p. 140.
  32. Le projet d’atelier social littéraire obéit à une autre logique.
  33. Précisons sur l’État que, chez notre auteur, « la commune représente l’idée d’unité tout aussi bien que l’État. La Commune, c’est le principe d’association ; l’État, c’est le principe de nationalité. L’État, c’est tout l’édifice ; mais la Commune, c’est la base de cet édifice. » (BLANC Louis, Questions d’aujourd’hui et de demain, t.1, op.cit., p. 317.)
  34. Situation qui d’ailleurs ne connaît pas de limite et pouvant être comprise, in fine, par le panthéisme. (BLANC Louis, Histoire de la Révolution française, Paris, Librairie internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven et C°, t. II, 1869, p. 446-447.)
  35. Pour Louis Blanc, la modernité se caractérise par un éloignement physique du pouvoir central. Dans son esprit, le suffrage universel garantit le contrôle de l’exercice de l’autorité sur la Liberté.
  36. « Le suffrage universel est l’instrument d’ordre par excellence. Et pourquoi ? parce qu’il est la légitimité dans la puissance, et que là où il est pratiqué, l’État est le « moi » de Louis XIV prononcé non plus par un homme, mais par le peuple. » BLANC L., Discours politiques, op.cit., p. 183.
  37. « Si l’on considère, d’un côté, la force du principe association, sa fécondité presque sans bornes, le nombre des gaspillages qu’il évite, le montant des économies qu’il permet ; et, d’un autre côté, si l’on calcule l’énorme quantité de valeurs perdues que représentent, sous l’influence du principe contraire, les faillites qui se déclarent, les magasins qui disparaissent, les ateliers qui se ferment, les chômages qui se multiplient, les marchés qui s’engorgent, les crises commerciales, (…) il faudra bien reconnaître que, par la substitution du premier principe au second, les peuples gagneraient en richesse ce qu’ils auraient gagné en moralité. » (BLANC Louis, Discours politiques, op.cit., p. 390.)
  38. « La vérité est que tous les intérêts sont solidaires ; leur opposition ne vient que d’une manière étroite et fausse de les comprendre. » BLANC L., Discours politiques, op.cit., p. 181.
  39. « La vérité est que la jeunesse et la vieillesse sont faites pour se servir mutuellement de contre-poids : esprit de tradition et amour du progrès, prudence et décision, générosité et sagesse, la vie des sociétés a besoin de tout cela, parce que, pour elles, le danger de rester en place est aussi grand que celui de trop se hâter. » BLANC Louis, « Le suffrage universel », in BLANC L., Discours politiques, op.cit., p. 176.
  40. « Pour la nation, prise dans son ensemble, que le temps donné par l’enfant travailleur à la culture de l’esprit et à un repos réparateur. De quoi dépend, après tout, la qualité d’un produit ? Est-ce qu’elle ne dépend pas de la qualité du producteur ? C’est donc le producteur qu’il faut s’attacher à améliorer, même en se plaçant au point de vue de la prospérité commerciale. » (BLANC Louis, Discours politiques, op. cit., p. 138.)
  41. BLANC Louis, « De l’État et de la Commune », in BLANC L., Questions d’aujourd’hui et de demain, t.1, op.cit., p. 313.
  42. « En demandant justice pour les pauvres, nous veillons sur ce riche que les coups du sort peuvent demain faire tomber dans la pauvreté. En demandant protection pour les faibles, nous songeons aussi à vous, puissants du jour, que le souffle des vicissitudes humaines peut d’un instant à l’autre dépouiller de votre force. Oui, tous les hommes sont frères ; oui, tous les intérêts sont solidaires. La cause de la démocratie, c’est la cause de la liberté bien entendue, qui ne peut exister là où n’est pas l’unité. La démocratie est comme le soleil, elle brille pour tous. » (BLANC Louis, Questions d’aujourd’hui et de demain, Paris, E. Dentu, Libraire-éditeur, t. II, 1874, p. 29)
  43. DEMIER Francis, « Louis Blanc face à l’économie de marché », op. cit., p. 148.
  44. « Je suis convaincu que, parmi ceux qui, dans la lutte, cherchent à vaincre coûte que coûte, il est des hommes dont le cœur souffre des moyens qu’ils mettent en usage. Mais le régime économique où ils vivent plongés est là qui les y condamne. Il faut qu’ils tâchent de ruiner autrui, sous peine d’être ruinés eux-mêmes. » (Ibid.)
  45. BLANC Louis, Le Catéchisme des socialistes, op.cit., p. 3.
  46. BLANC Louis, Histoire de la Révolution française, Paris, Librairie internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven et C°, t. II, 1869, p. 446 « Les prêtres ont créé un Dieu à leur image : ils l’ont fait jaloux, capricieux, avide, cruel, implacable ; ils l’ont traité comme jadis les maires de palais traitèrent les descendants de Clovis, pour régner sous son nom et se mettre à sa place. » (Ibid.)
  47. BLANC Louis, Le Catéchisme des socialistes, op.cit., p. 3.
  48. Ibid., p. 6.
  49. BLANC Louis, « Du gouvernement du peuple par lui-même », Questions d’aujourd’hui et de demain, t. I, op.cit., p. 143.
  50. WEBER Max, Essais sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1992, p. 183 et s.
  51. Ibid., p. 340.
  52. « Si l’État (…) manque à son devoir quand il intervient pour mettre obstacle au développement de l’autonomie individuelle, il remplit, au contraire, le plus sacré de ses devoirs lorsqu’il intervient pour écarter les obstacles que mettent à l’essor de la liberté, chez le pauvre, la misère, résultat d’une civilisation imparfaite, et l’ignorance, résultat de la misère. » (BLANC Louis, Discours politiques, op.cit., p. 422).
  53. BLANC Louis, Questions d’aujourd’hui et de demain, t. I, op.cit., p. 28.

9 Voir sur ce thème, 13 DEMIER Francis (dir.), Louis Blanc un socialiste en république, Paris, Creaphis, 2005. 15 BLANC Louis, Questions d’aujourd’hui et de demain, Paris, E. Dentu, Libraire-éditeur, t. II, 1874, p.1-29. 16 BLANC Louis, Discours politiques, Paris, Librairie Germer-Baillère et Cie, 1882, p. 388. 18 BLANC Louis, Le Nouveau Monde, op.cit., p. 340. 22 BLANC Louis, Le catéchisme des Socialistes, op.cit., p. 17. 29 BLANC Louis, Discours politiques, op.cit., p. 387. 31 Ibid., p. 385. 35 BLANC Louis, Discours politiques, op.cit., p. 390. 36 Notons que sur ce thème, il est proche de Stirner. STIRNER Max, L’Unique et sa propriété, Paris, La Table ronde, 2000 (1844). 37 BLANC Louis, Discours politiques, op.cit., p. 391. 38 AGULHON Maurice, «Un centenaire oublié », op.cit., p. 188. 47 BLANC L., Discours politiques, op.cit., p. 180. 49 Ibid., p. 385. 50 BLANC Louis, Questions d’aujourd’hui et de demain, t.1, op.cit., p. 306. 52 Proche en cela du principe de subsidiarité. 58 BLANC Louis, Discours politiques, op.cit., p. 390. 60 DEMIER Francis, « Louis Blanc face à l’économie de marché », op.cit., p. 135.

Bibliographie

  • Charruaud Benoît, Louis Blanc, La République au service du socialisme - Droit au travail et perception démocratique de l'État, thèse droit, université Robert Schuman, Strasbourg, 2008 (téléchargement: http://urs-srv-eprints.u-strasbg.fr/315/01/CHARRUAUD_Benoitv2_2008.pdf)
  • Démier Francis (dir.), Louis Blanc. Un socialiste en République, Créaphis, 2006.
  • Mayaud Jean-Luc, 1848, société d'histoire de la Révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle, Créaphis, Paris, 2002
  • Murat Inès, La Seconde République, Fayard, Paris, 1987
  • Stern Daniel, Histoire de la Révolution de 1848, édition Balland, 1984, Poîtier
  • Vidalenc Jean, Louis Blanc, Presses universitaires de France, Vendôme, 1948
  • Louis Blanc, trois textes : Doctrine de l'État, Plus de Girondins, La République une et indivisible, Éditions Inclinaison, 2008.

Pour une vision condensée de la pensée politique de Louis Blanc voir :

  • Charruaud Benoît, Louis Blanc m’a dit…, éditions Baudelaire, Lyon, 2009 (Il s’agit d’un travail de reconstruction et d’actualisation qui a pour but de présenter le plus simplement possible l’originalité de la pensée de Louis Blanc.)

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