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Edgar Allan Poe
Edgar Allan Poe L'écrivain en novembre 1848, daguerréotype de W.S. Hartshorn, Providence, Rhode IslandAutres noms Edgar A. Perry Activité(s) romancier, nouvelliste, poète, critique littéraire Naissance 19 janvier 1809
BostonDécès 7 octobre 1849
BaltimoreGenre(s) roman policier ; fantastique ; parodie ; satire Edgar Poe (Boston, 19 janvier 1809 - Baltimore, 7 octobre 1849) est un poète, romancier, nouvelliste, critique littéraire, dramaturge[1] et éditeur américain, ainsi que l'une des principales figures du romantisme américain. Connu surtout pour ses contes — genre dont la brièveté lui permet de mettre en valeur sa théorie de l'effet, suivant laquelle tous les éléments du texte doivent concourir à la réalisation d'un effet unique — il a donné à la nouvelle ses lettres de noblesse et est considéré comme l’inventeur du roman policier. Nombre de ses récits préfigurent les genres de la science-fiction et du fantastique.
Né à Boston, Edgar Poe perd ses parents dans sa petite enfance ; il est recueilli par John et Frances Allan de Richmond, en Virginie, où il passe l’essentiel de ses jeunes années, si l’on excepte un séjour en Angleterre et en Écosse, dans une aisance relative. Après un bref passage à l’Université de Virginie et des tentatives de carrière militaire, Poe quitte les Allan. Sa carrière littéraire débute humblement par la publication anonyme d’un recueil de poèmes intitulés Tamerlan et autres poèmes (1827), signés seulement « par un Bostonien ». Poe s’installe à Baltimore, où il vit auprès de sa famille paternelle et abandonne quelque peu la poésie pour la prose. En juillet 1835, il devient rédacteur-assistant au Southern Literary Messenger de Richmond, où il contribue à augmenter les abonnements et commence à développer son propre style en matière de critique littéraire. La même année, il se marie avec Virginia Clemm, sa cousine, âgée de 13 ans.
Après l’échec de son roman Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, Poe réalise son premier recueil d’histoires, les Contes du Grotesque et de l’Arabesque, en 1839. La même année, il devient rédacteur au Burton's Gentlemen's Magazine, puis au Graham's Magazine à Philadelphie. C'est à Philadelphie que nombre des œuvres parmi les plus connues ont été publiées. Dans cette ville, Poe a également projeté la création de son propre journal, The Penn (plus tard rebaptisé The Stylus), qui ne verra jamais le jour. En février 1844, il déménage à New York, où il travaille au Broadway Journal, un magazine dont il devient finalement l’unique propriétaire.
En janvier 1845, Poe publie Le Corbeau, qui connaît un succès immédiat. Mais, juste deux ans plus tard, son épouse Virginia meurt de la tuberculose le 30 janvier 1847. Poe envisage de se remarier, mais aucun projet ne se réalisera. Le 7 octobre 1849, Poe meurt à l’âge de 40 ans à Baltimore. Les causes de sa mort n’ont pas pu être déterminées et ont été attribuées diversement à l’alcool, à une drogue, au choléra, à la rage, à une maladie du cœur, à une congestion cérébrale, etc.
L'influence de Poe a été et demeure importante, aux États-Unis comme dans l'ensemble du monde, non seulement sur la littérature, mais également sur d'autres domaines artistiques tels le cinéma[2] et la musique, ou encore dans des domaines scientifiques[3]. Auteur américain, il ne fait pas exception au proverbe qui dit que nul n’est prophète en son pays, car il a d’abord été reconnu et défendu par des auteurs français, Baudelaire et Mallarmé en tête. La critique contemporaine le situe parmi les plus remarquables écrivains de la littérature américaine du XIXe siècle.
Sommaire
Biographie
Une famille de comédiens
Il naît le 19 janvier 1809 à Boston, dans le Massachusetts. Sa mère, Elizabeth Arnold (1787-1811) est la fille de deux acteurs londoniens, Henry (ou William Henry) Arnold et Elizabeth Smith. À la mort de son père, en 1796, elle suit sa mère en Amérique. Arrivée le 3 janvier à Boston à bord de l’Oustram, elle monte sur les planches trois mois plus tard, âgée d'à peine neuf ans. Elle rejoint ensuite avec sa mère, qui meurt quelque temps après, une petite troupe de théâtre, les Charleston Players[4].
À l'été 1802, elle se marie avec le comédien Charles Hopkins, à Alexandria, en Virginie, qui meurt trois ans plus tard, le 26 octobre 1805. À 18 ans, déjà veuve, elle épouse un garçon tuberculeux et alcoolique de 21 ans, David Poe Jr. (1784-1810), dont le père, le général David Poe Sr. (1742 ou 1743-1816), un commerçant patriote de Baltimore, s'était illustré durant la guerre d'indépendance. David Poe Jr. avait abandonné ses études de droit pour s'engager, en juin 1805, dans les Charleston Players[5]. C'est là qu'il a rencontré Elizabeth Arnold Hopkins, qu'il épouse le 14 mars 1806[6]. À l'époque, ils jouent au Federal Street Theater de Boston. Elizabeth est danseuse et chanteuse, mais David est alcoolique, tuberculeux et piètre acteur[4],[5].
Edgar est le deuxième de trois enfants du couple. Son frère, William Henry Léonard, né le 30 janvier 1807, mourra le 1er août 1831, à l'âge de 24 ans, alcoolique et tuberculeux, tandis que sa sœur, Rosalie, née le 20 décembre 1810, contractera à douze ans une maladie inconnue, peut-être une méningite, qui la laissera arriérée mentale et nécessitera une mise sous tutelle durant toute sa vie[4].
En septembre 1809, la famille quitte Boston pour le New York Park Theater. Le 18 octobre, David Poe, qui a sombré dans l'alcoolisme, joue son dernier rôle ; il fugue quelques mois plus tard, en juillet 1810. Il meurt sans doute peu après, en décembre 1810. La même année, Elizabeth donne naissance à une fille, Rosalie[5]. Elle fait une tournée dans le Sud, accompagnée d'Edgar (William Henry a été confié à son grand-père paternel). Mais malade, elle ne joue que par intermittence[4],[5].
Le 9 octobre 1811, à Richmond (Virginie), malade, elle doit s'aliter. Le 25 novembre, un journal local lance un appel à la générosité des citoyens de Richmond, sous le titre « Au cœur humain » : « Mrs Poe, allongée sur son lit de douleur et entourée de ses enfants, demande votre aide et la demande peut-être pour la dernière fois ! ». Le 8 décembre 1811[6], Elizabeth est emportée par le mal qui la ronge, peut-être la pneumonie, à l'âge de 24 ans, après avoir joué près de deux cents rôles, laissant ses enfants orphelins. Deux semaines après ses obsèques, le théâtre de Richmond brûle pendant une représentation, et la troupe, privée de théâtre, quitte la ville après avoir laissé Edgar et Rosalie à la charité de la bourgeoisie de la ville[4].
Tandis que William Henry demeure avec son grand-père David Poe et sa tante Maria Clemm, Edgar est recueilli par un couple de riches négociants de tabac et de denrées coloniales de Richmond, John et Frances Allan, et Rosalie (1810-1874) par les Mackenzie. Le 7 janvier 1812, Edgar est baptisé par le révérend John Buchanan, vraisemblablement sous le nom d'« Edgar Allan Poe » et avec les Allan pour parrain et marraine[4].
Une éducation d'aristocrate virginien
Edgar passe son enfance à Richmond, chez ses parents adoptifs, qui l'élèvent avec tendresse. En 1814, à peine âgé de 5 ans, il commence ses études primaires sous la conduite de Clotilda ou Elizabeth Fisher. L'année suivante, il passe brièvement, à l'école de William Ewing. En 1815, en effet, John Allan (1780-1834), qui est d'origine écossaise, décide de partir en Grande-Bretagne pour y étudier le marché et, si possible, ouvrir à Londres une succursale. La Bible occupe une grande place dans la vie d'Edgar, et ce malgré le rationaliste John Allan[7]. Edgar, qui a six ans, quitte l'école de Richmond et embarque avec ses parents et la jeune sœur de Mme Allan, Ann Moore Valentine (appelée Nancy) à Norfolk (Virginie) à bord du Lothair[4].
Débarqués à Liverpool le 28 juillet, les Allan gagnent d'abord l'Écosse. Mais le marché écossais se révèle mauvais, et la famille s'installe bientôt à Londres. Edgar suit, de 1816 à 1818, des études primaires à l'école des demoiselles Dubourg (146 Sloan Street, Chelsea, Londres), où il est connu sous le nom de « Master Allan », puis à la Manor House School de Londres, à Stoke Newington, dirigée par le révérend John Bransby (elle pourrait avoir servi de modèle au collège de William Wilson[8]), sous le nom d'« Edgar Allan ». Il suit des études classiques et littéraires solides[9]. Mais la situation se dégrade. D'abord, sa mère adoptive, dont la santé a toujours été fragile, tombe sérieusement malade, ce qui a pour effet de la rendre nerveuse, irritable. Par ailleurs, John Allan connaît de graves ennuis financiers : la bourse de tabac s'effondre, puis un employé l'escroque. Le jeune Edgar, qui est séparé de sa famille, fait une première fugue[7]. En 1817, Edgar est envoyé à l'école de Stoke Newington, à la campagne. Il fait preuve d'un caractère irritable et parfois tyrannique envers ses camarades, mais obtient de brillants résultats scolaires, en latin et français notamment[9], ainsi que dans les disciplines sportives[7].
Le 22 juillet 1820, la famille Allan quitte l'Angleterre pour New York à bord du Martha, puis se réinstalle à Richmond, le 27 juillet. Edgar reprend le chemin de l'école, où il obtient, là aussi, d'excellents résultats, mais commence à manifester un certain penchant pour la solitude et la rêverie[7]. En 1823, les affaires de John Allan sont moribondes et la vie à la maison des Allan s'en ressent[7]. Edgar continue à rédiger des poèmes qu'il adresse aux élèves de l'école où se trouve sa sœur[4].
Les relations avec ses parents adoptifs sont ambivalentes. Il est encouragé par sa mère dans ses travaux d'écritures, mais les tours qu'il joue à certains habitants de Richmond causent le désespoir de son père[7]. Ce dernier prend ombrage du caractère assez fier de l'adolescent, et s'éloigne progressivement de son épouse, toujours malade. Edgar, très attaché à Frances Allan (1784-1829), réprouve l'adultère de son père adoptif[7]. John Allan voudrait voir Edgar devenir marchand, mais le jeune homme ne rêve que de poésie et envisage, à la rigueur, une carrière dans l'armée. Il trouve souvent refuge chez la mère d'un camarade, Jane Stith Stanard, qui est l'inspiratrice du poème À Hélène[7] (1831). Son décès, en 1824, affectera grandement Edgar[4].
Un gros héritage, en mars 1825, permet à John Allan de payer ses dettes et d'acheter un manoir en briques appelé « Moldavia » (pour 14 950 dollars). Entre 1821 et 1825, Edgar fréquente les meilleures écoles privées de Richmond, où il reçoit l'éducation traditionnelle des gentlemen virginiens. Il est inscrit à l'English Classical School de John H. Clarke (1821-1822), puis il fréquente le collège William Burke (1823-mars 1825) et l'école du Dr Ray Thomas et de son épouse[4].
À cette époque, il écrit ses premiers vers satiriques, tous perdus aujourd'hui, excepté O Tempora! O Mores! Par ailleurs, il est très influencé par l'œuvre et le personnage de Lord Byron. Bon élève, il se montre excellent nageur et passionné de saut en longueur. En juin ou juillet 1824, il nage six ou sept miles le long de la James River, tandis que son maître suit sur un bateau. Du 26 au 28 octobre 1824, lors de son voyage aux États-Unis, le général La Fayette visite Richmond. Les volontaires juniors de la ville participent aux cérémonies organisées pour lui souhaiter la bienvenue ; Edgar est lieutenant des volontaires[4].
Le 14 février 1826, il entre à la nouvelle université de Virginie, à Charlottesville[10], que vient de fonder Jefferson (elle a ouvert ses portes le 7 mars 1825), où il suit avec brio des cours de langues ancienne et moderne[4]. Mais M. Allan lui a donné juste assez d'argent pour s'inscrire. Excédé par les dettes de jeu et les frais courants d'Edgar, qui s'élèvent à 2 000 dollars, alors qu'il vient de passer avec succès ses premiers examens, John Allan refuse de le réinscrire et le ramène à Richmond en décembre 1826 pour l'employer dans sa maison de commerce. Par ailleurs, il ruine ses fiançailles avec Elmira Royster (1810-1888) ; le père de la jeune fille s'empresse de la marier à un riche négociant, Alexander Shelton[4].
Rêves de gloire et pérégrinations
En mars 1827, comme son beau-père refuse de le renvoyer à l'université, il quitte sa famille adoptive et s'enfuit à Boston, où il espère survivre en publiant ses poèmes. Il y passe deux mois, comme acteur ou soldat, on l'ignore. Le 26 mai, sous le nom d'Edgar A. Perry (pseudonyme qu'il réutilisera pour signer certains contes), après s'être vieilli de quatre ans, il s'engage pour cinq ans comme artilleur de seconde classe dans l'armée fédérale. À la même époque, il fait paraître à ses frais, chez Calvin F.S. Thomas à Boston, une mince plaquette anonyme Tamerlan et autres poèmes sur laquelle est inscrit « A Bostonian » et dont 50 exemplaires à peine sont vendus. Il n'en existe aujourd'hui que 12 exemplaires[4].
En novembre, sa batterie est transférée à Fort Moultrie, sur l'île Sullivan, face à Charleston (cette île servira de décor au très populaire Scarabée d'or). Malgré sa rapide promotion au grade d'artificier, puis de sergent-major (le 1er janvier 1829) et l'amitié de ses supérieurs, Edgar s'ennuie. John Allan lui refuse la lettre d'autorisation sans laquelle il ne peut démissionner. Le 15 décembre 1828, la batterie d'artillerie où il sert est transférée au Fort Monroe en Virginie[4].
Le 28 février 1829, Frances Keeling Allan meurt. Elle est inhumée le 2 mars au cimetière de Shockoe Hill. Prévenu tardivement, Edgar n'arrive que le soir du jour des funérailles de cette mère tant aimée. Durant ce séjour, Edgar se réconcilie provisoirement avec son père adoptif, qui accepte de l'aider à démissionner de l'armée et d'appuyer (sèchement) sa candidature à West Point, école des officiers de l'armée américaine. Le 4 avril, Edgar est libéré de l'armée[4].
Une nouvelle histoire de dettes entraîne une nouvelle brouille entre les deux hommes. Libéré de l'armée en avril 1829, sans le sou, Edgar va attendre son admission à West Point à Baltimore. Il séjourne auprès de sa tante Maria Clemm (1790-1871), sœur cadette de son père, qui a perdu son mari en 1826 et vit dans un extrême dénuement, entourée de sa mère impotente, Elizabeth Cairnes Poe, d'un fils tuberculeux, Henry (1818-après 1836), et de deux filles, Elizabeth Rebecca (1815-1889) et Virginia (1822-1847), qui est éperdue d'admiration devant son cousin, ainsi que du frère d'Edgar, William Henry. Dans cette ville, il fait paraître un second recueil de poèmes, Al Aaraaf, Tamerlan et poèmes mineurs chez Hatch and Dunning en décembre 1829[4].
Muni de chaleureuses lettres de recommandation de ses anciens officiers et d'une froide supplique de John Allan, il se rend à pied à Washington, pour solliciter son admission dans la prestigieuse académie de John Eaton, Secrétaire à la guerre. Ses démarches n'ayant obtenu aucun succès, il retourne à Baltimore[4].
Edgar est admis à West Point en juin 1830. Il y fait de brillantes études, meilleures dans les disciplines académiques que dans les exercices militaires. John Allan, cependant, se remarie avec Louisa Patterson, qui lui donnera trois fils. Excédé par l'avarice de John Allan, qui lui refuse à nouveau l'argent nécessaire à ses études, et opposé à la discipline, Edgar se fait volontairement renvoyer de West Point[10] (en refusant de se rendre en classe ou à l'église) après jugement de la cour martiale, le 8 février 1831. Le 6 mars, il quitte l'école avec des lettres de recommandation de ses supérieurs[4].
Des débuts littéraires difficiles
De retour à Baltimore, chez Maria Clemm, il recherche vainement un emploi. Ses articles et ses contes sont tous refusés. Enfin, il envoie cinq nouvelles au concours du Philadelphia Saturday Courrier, qui promet au gagnant un prix de 100 dollars. Il n'obtient pas le prix, mais ses contes (notamment Metzengerstein) sont publiés, sans son nom, en 1832 par le Saturday Courrier (qui les paie très mal)[4].
Ainsi commence sa carrière de journaliste. Dans l'indigence, il mène parallèlement un métier de pigiste nègre et son travail d'écrivain, consacrant ses loisirs et ses maigres revenus à l'éducation de sa petite cousine Virginia. En 1831, il fait paraître chez Elam Bliss à New York Poèmes, seconde édition, dédié au « corps des cadets des États-Unis » et précédé du premier manifeste critique d'Edgar, la Lettre à M… (reprise par la suite sous le titre Lettre à B…), qui bénéficie d'un accueil peu favorable[4].
En 1833, le New England refuse de publier son premier recueil : Contes du club de l'In-Folio. En revanche, en octobre, il enlève le 1er prix du concours du Baltimore Saturday Visiter avec le Manuscrit trouvé dans une bouteille, qui lui apporte une certaine notoriété et l'amitié de John P. Kennedy, membre du jury et célèbre romancier. Grâce à ses recommandations, il peut publier ses premiers comptes rendus de critique littéraire au Southern Literary Messenger[4].
En août 1835, il est enfin engagé par Thomas W. White comme directeur de la section littéraire du journal. Toutefois, il n'est pas libre : il doit se conformer au programme de la revue, qui soutient la littérature sudiste, et satisfaire l'admiration infantile de T. W. White pour les discours des gentlemen virginiens. La griffe d'Edgar apparaît dans ses nombreux pamphlets contre les romanciers populaires (du Nord) de l'époque. Il s'attaque notamment au best-seller de Theodore Fay, Norman Leslie, coqueluche de New York et des journaux nordistes tels le Knickerbocker, le Commercial Intelligencer ou la North American Review. Son talent de polémiste éclate, et il rénove l'esprit du Southern. Ses opérations médiatiques, comme la série : « Autobiographies pastiches de lettres d'écrivains », font monter le nombre d'abonnés au journal[4].
Du point de vue sentimental, il épouse clandestinement Virginia le 22 septembre 1835. Le 16 mai 1836, il l'épouse publiquement, et la jeune fille, qui n'a que 14 ans[10], le rejoint à Richmond avec sa mère[4].
Toutefois, il s'estime, à juste titre, mal payé et ne supporte plus les reproches (sur son supposé alcoolisme, notamment) dont l'accable, en public, T. W. White, pour empêcher son brillant rédacteur de prendre trop d'ascendant et garder le contrôle de son journal. Aussi décide-t-il de quitter le Southern[4].
En février 1837, il s'installe à New York, où la New York Review lui a fait une proposition. Mais le journal a cessé de paraître quand il arrive. Mrs Clemm ouvre une pension à Manhattan, où Edgar s'installe avec Virginia. Il y achève Les Aventures d'Arthur Gordon Pym et y révise Les Contes de l'In-Folio[4].
Un écrivain reconnu
En 1838, il se fixe à Philadelphie pour reprendre ses activités régulières de journaliste appointé. Il tente d'y vivre de sa plume, mais ses quelques piges ne le sortent pas de la misère. La même année paraissent Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, qui n'ont aucun succès[4].
En juin 1839, William Burton offre à Edgar la place de rédacteur en chef adjoint au Burton's Gentleman's Magazine. Il y est encore moins libre qu'au Southern, car il doit servir l'opportunisme de Burton, qui lui a recommandé de faire preuve d'indulgence dans ses comptes rendus critiques. Toutefois, il s'entend bien avec Burton, et leur collaboration permet au Gent's Mag, qui publie La Chute de la maison Usher, Le Diable dans le beffroi et William Wilson, de devenir le mensuel le plus en vue de Philadelphie. En revanche, la publication en volume des Contes du grotesque et de l'arabesque, en 1840, n'obtient qu'un succès d'estime. La même année, Edgar se livre à une critique de Longfellow, auquel il reproche le manque d'unité de ses textes, et inaugure une série de dénonciations de plagiats[4].
En janvier 1840, il entreprend la publication en livraisons successives d'un roman de l'Ouest, Le Journal de Julius Rodman, médiocre fiction restée inachevée et pleine d'emprunts aux journaux de voyage contemporains. En juin, il quitte Burton pour fonder le Pen Magazine, revue littéraire dont il serait le seul maître. Il fait circuler des tracts aux plus grandes célébrités littéraires américaines, mais le projet échoue lorsque le commanditaire, George Graham, se retire. En octobre, Graham, qui possède le Saturday Evening Post et le mensuel Casket achète pour 3 500 dollars le Burton's Gentleman's Magazine (qui compte alors 3 500 abonnés) et le rebaptise Graham's Gentleman's Magazine. Dans le premier numéro paraît le conte L'homme des foules[4].
En juin 1841, Edgar est engagé comme rédacteur associé par son ami George Graham. Il touche un salaire annuel de 800 dollars. Pour la première fois, il jouit d'une réelle indépendance. La plupart de ses grands articles et l'essentiel de son œuvre critique ont paru dans les pages du Graham's Magazine. C'est également la période la plus heureuse de sa vie. Il poursuit ses attaques contre les « cliques » et les « coteries » de New York et de Boston, qui dictent leur loi aux éditeurs et aux journalistes des grands centres urbains. Le tirage de la revue passe à 25 000 exemplaires, chiffre exceptionnel pour l'époque[4].
Un malheur vient cependant frapper sa famille. Un soir de janvier 1842, alors qu'elle chante pour des amis, Virginia est victime d'une hémorragie causée par la rupture d'un vaisseau de la gorge. Elle reste plusieurs mois entre la vie et la mort. Peu après, le 6 mars, Edgar rencontre Charles Dickens, en tournée aux États-Unis, avec lequel il discute de l'instauration d'un copyright international. Dickens lui promet de lui trouver un éditeur en Angleterre. En mai, Edgar quitte le Graham's Magazine, repris par le projet de fonder sa propre revue, baptisée cette fois The Stylus[4].
Espérances et errances
En mars 1843, il se porte candidat à un poste de l'administration qui lui laisserait le temps d'écrire, grâce aux contacts de son ami F. W. Thomas. Toutefois, malgré le soutien de Robert Tyler, le fils du président des États-Unis, il ne peut obtenir aucun poste. Pendant la campagne présidentielle de 1840, il avait rédigé plusieurs pamphlets politiques opportunistes contre le candidat démocrate Martin Van Buren (Le Diable dans le beffroi) et son co-listier Richard Mentor Johnson (L'Homme qui était refait), pour obtenir les bonnes grâces du parti whig. De retour à Philadelphie le 13 mars, il vit à nouveau de maigres piges[4].
En 1844, Edgar s'installe dans le nord de Manhattan, à la ferme Brennan, où il travaille avec acharnement à une Histoire critique de la littérature américaine qui ne verra jamais le jour. Par ailleurs, il écrit des Marginalia, brèves notes journalistiques souvent tirées de ses articles antérieurs. Enfin, il accepte un emploi subalterne au New York Mirror de son ami Nathaniel Parker Willis et remet à plus tard son projet du Stylus[4].
Le 28 janvier 1845, il publie Le Corbeau, qui a un succès extraordinaire. Paru dans l'Evening Mirror, le poème est repris dans de nombreux journaux. Sa renommée grandit. Une sélection de ses contes paraît chez les prestigieux éditeurs Wiley et Putnam à New York, puis un recueil de poèmes, Le Corbeau et autres poèmes en novembre 1845[4].
Plusieurs de ses comptes rendus critiques sont publiés dans le Broadway Journal de Charles Frederick Briggs et John Brisco, hebdomadaire d'information artistique et culturelle. Le 22 janvier 1845, il devient collaborateur permanent du journal et lance une campagne célèbre à New York sous le nom de « Guerre Longfellow » : Edgar et « Outis », un correspondant anonyme (Edgar lui-même selon certaines hypothèses), échangent de violentes diatribes, l'une ridiculisant Longfellow, l'autre accusant Le Corbeau de plagiat. En juillet, Edgar parvient à éliminer Briggs, l'un des deux actionnaires du journal. En octobre, Brisco cède ses parts à Edgar, qui concrétise alors son rêve, en devenant l'unique propriétaire de l'hebdomadaire. Toutefois, il s'aliène les journalistes et le public bostonien lors d'une conférence, volontairement obscure, sur son poème Al Aaraaf. Le 3 janvier 1846, Edgar dépose le bilan du Broadway Journal pour cause de dettes[4].
En mai, Virginia étant de plus en plus malade, la famille s'installe à Fordham, quartier du Bronx, dans la grande banlieue de New York. Il apprécie les jésuites de l'université de Fordham et flâne fréquemment dans son campus, conversant avec les étudiants et les professeurs. La tour du clocher de l'université de Fordham lui inspire le poème « Bells. » À cette époque, Edgar tombe gravement malade et, ne pouvant plus écrire, sombre dans la misère. Le foyer est soutenu par une amie, Marie Louis Shew, mais leur pauvreté est telle qu'un entrefilet dans le New York Express du 5 décembre appelle les amis du poète à l'aide[4].
Le 30 janvier 1847, Virginia décède à Fordham, à l'âge de 24 ans. Edgar, gravement malade, est soigné par Mrs Shew et Maria Clemm. À cette époque, il est très occupé par son projet de poème en prose, Eureka ou Essai sur l'univers matériel et spirituel. Il s'engage dans une quête frénétique d'amitiés féminines avec Mrs Lewis, dont il corrige les poèmes sentimentaux contre rétribution, avec Mrs Nancy Locke-Richmond (qui habite à Lowell, dans le Massachusetts), dont il s'éprend et qui sera l'Annie des derniers poèmes, enfin, avec Mrs Sarah Whitman (qui vit à Providence, dans le Rhode Island), poétesse spiritualiste à qui il adresse le second poème À Hélène et qu'il demande en mariage. En novembre 1848, dans des circonstances assez obscures, il absorbe une forte dose de laudanum qui manque de l'empoisonner. De plus, il s'est mis à boire, lors de la maladie de Virginia, entre 1842 et 1847, et il est victime de crises d'éthylisme. Il souffre même un moment d'une attaque de paralysie faciale[4].
Le 13 novembre, Mrs Whitman accepte de l'épouser s'il renonce à l'alcool. Le 23 décembre, à Providence, il donne devant deux mille personnes sa célèbre conférence sur Le Principe poétique (qui ne sera publiée qu'après sa mort). Deux jours plus tard, 25 décembre, doivent être célébrées les noces avec Mrs Whitman. Toutefois, le lendemain, celle-ci reçoit une lettre anonyme lui apprenant de prétendues « relations immorales » entre Edgar et une de ses amies. De plus, on lui apprend que son fiancé a passé la nuit à boire avec des jeunes gens dans une taverne de la ville. Aussitôt, elle décide de rompre avec lui[4].
De retour à Fordham, Edgar reprend son projet de revue littéraire avec E.H.N. Patterson. Après une visite à Mrs Richmond, il entreprend un voyage dans le Sud pour rassembler des fonds en faveur de sa revue. Parti de New York le 30 juin 1849, il séjourne tout l'été à Richmond, où il retrouve Elmira Royster Shelton, veuve depuis la mort de son mari en 1844, avec laquelle il songe à se marier, et redonne sa conférence sur Le Principe poétique, qui rencontre un très grand succès. Il la refait également à Norfolk (Virginie)[4].
Une mort mystérieuse
Le 27 septembre, Edgar quitte Richmond en bateau pour Baltimore, où il débarque le lendemain. On perd alors sa trace pendant quatre jours[4].
Le 3 octobre 1849, Joseph W. Walker envoie un message au Dr James E. Snodgrass : « Cher Monsieur, — Il y a un monsieur, plutôt dans un mauvais état, au 4e bureau de scrutins de Ryan, qui répond au nom d'Edgar A. Poe, et qui paraît dans une grande détresse et qui dit être connu de vous, et je vous assure qu'il a besoin de votre aide immédiate. Vôtre, en toute hâte, Jos. W. Walker. » L'endroit où Edgar réapparaît, plus connu sous le nom de « Gunner's Hall », était une taverne, qui (comme souvent à l'époque) servait de lieu de vote pendant les élections[4].
Le Dr Snodgrass et Henry Herring, l'oncle d'Edgar, viennent chercher l'écrivain, qu'ils présument ivre. D'après les différents témoignages, au lieu de son costume de laine noir, il portait un manteau et un pantalon d'alpaga de coupe médiocre, vieillis et salis, et dont les coutures avaient lâché en plusieurs points, ainsi qu'une paire de chaussures usées aux talons et un vieux chapeau tout déchiré, presque en lambeaux, en feuilles de palmier. La chemise était toute chiffonnée et souillée, et il n'avait ni gilet ni faux-col[4].
Conduit au Washington College Hospital, il alterne entre des phases de conscience et d'inconscience. Aux questions qu'on lui pose, il répond par des phrases incohérentes. Son cousin, Neilson Poe, venu lui rendre visite, ne peut le voir. Edgar meurt, officiellement d'une « congestion cérébrale », le dimanche 7 octobre, à 3 h ou 5 h du matin. Il est inhumé dans le cimetière presbytérien de la ville, le Westminster Hall, maintenant intégré à l'école de droit de l'université du Maryland[4].
Plusieurs théories ont été émises pour expliquer la mort d'Edgar. On a prétendu, ainsi, qu'il serait mort des suites d'une trop grande consommation d'alcool. D'autres mettent en avant des ennuis de santé. En 1847, il avait été victime d'une longue maladie qui lui aurait causé une lésion au cerveau. De même, en 1848, le Dr John W. Francis aurait diagnostiqué une maladie du cœur, diagnostic qu'Edgar Poe aurait d'ailleurs rejeté. Enfin, dans ses lettres à Maria Clemm, les 7 et 14 juillet, il indique qu'il est malade, parlant d'une amélioration de son état le 19. Parmi les maladies qui auraient pu causer sa mort, on a parlé de la tuberculose, de l'épilepsie, du diabète ou de la rage[4].
Autre hypothèse mise en avant : il aurait retrouvé des anciens de West Point, qui l'auraient invité à boire. Rentrant seul, dans un état d'ivresse, il aurait été volé et battu par des brutes et aurait erré dans les rues pendant la nuit, avant de sombrer inconscient[4].
Cependant, la théorie la plus largement admise est qu'il aurait été victime de la corruption et de la violence, qui sévissaient de manière notoire lors des élections. De fait, la ville était alors en pleine campagne électorale (pour la désignation du shérif, le 4 octobre) et des agents des deux camps parcouraient les rues, d’un bureau de vote à l’autre, pour faire boire aux naïfs un cocktail d’alcool et de narcotiques afin de les traîner ainsi abasourdis au bureau de vote. Pour parfaire le stratagème, on changeait la tenue de la victime, qui pouvait être battue. Le faible cœur d'Edgar Poe n'aurait pas résisté à un tel traitement[4].
Les tombes d'Edgar Poe
Poe est enterré lors d'une cérémonie réduite à sa plus simple expression et placé dans une tombe non marquée qui progressivement sera recouverte par les herbes.
En 1860, sa famille se mobilise pour offrir une pierre tombale de marbre blanc au poète négligé de Baltimore portant l'épitaphe : « Hic Tandem Felicis Conduntur Reliquae. Edgar Allan Poe, Obiit Oct. VII 1849 » et sur l'autre face l'inscription : « Jam parce sepulto », mais la pierre est détruite accidentellement avant même sa mise en place.
Grâce à une souscription initiée en 1865 et relayée par les élèves de l'université du Maryland, Poe est réinhumé le 1er octobre 1875 sur un nouvel emplacement, et une véritable cérémonie est organisée sur sa nouvelle tombe le 17 novembre qui mentionne cette fois une date de naissance erronée (20 janvier au lieu du 19). Le nouveau monument n'a aucune épitaphe, même si plusieurs suggestions ont été faites en particulier par Oliver Wendell Holmes. La pierre tombale mentionne seulement les noms et les dates de ses occupants. En 1885, Les restes de Virginia Poe, enterrés en 1847 à New York, ont été apportés à Baltimore et inhumés avec ceux de Poe et de Maria Clemm, désormais réunis. Ce monument sera dégradé par le temps, remplacé par un monument en bronze, lui même volé et remplacé[4].
Ce n'est finalement qu'en 1913 qu'une autre pierre commémorative est repositionnée, d'abord au mauvais endroit, puis finalement à l'emplacement originel de la tombe d'Edgar Poe, dans le cimetière presbytérien de Baltimore avec l'épitaphe suivante tirée du poème Le Corbeau: « Quoth the Raven, "Nevermore." » (Le corbeau dit : « Jamais plus ! »)[11].
Depuis 1949, les admirateurs de Poe se réunissent chaque année sur sa tombe, à l'anniversaire de sa naissance, le 19 janvier.
À l'occasion du bicentenaire de sa naissance, des funérailles solennelles, présidées par John Astin ont été organisées par le Poe House and Museum de Baltimore le 11 octobre 2009, son enterrement n'ayant pas été annoncé publiquement en 1849 et l'assistance autour de son cercueil s'étant alors résumée à dix personnes[12].
Sa personnalité
Doté d'une vaste intelligence, Edgar Allan Poe était un homme très courtois mais d'une férocité sans égale, qui le brouilla avec de nombreuses personnes. Ses amis étaient toujours frappés par sa tenue soignée à l'excès et la clarté de son élocution. De même, ses manuscrits se distinguent par la fermeté, la régularité et l'élégance de son écriture et ne comportent que peu de ratures. Très souvent, il écrivait sur des feuilles de bloc-notes qu'il collait les uns aux autres de manière à former des rouleaux très stricts. Une analyse graphologique de ces manuscrits a été réalisée, et elle révélerait une intelligence « ne dormant jamais », d'une indépendance extrême à l'égard des conventions, et qui contrôle, ou cherche toujours à contrôler, une extraordinaire sensibilité, somme toute, un « cérébral »[13].
Dans son travail, il se méfiait du premier jet, du spontané. Pressé par le besoin d'argent, il livrait le plus souvent des contes non revus aux journaux ou revues auxquels ils étaient destinés. Toutefois, lors des republications, il apportait à ceux-ci d'importants changements, toujours dans le sens d'un meilleur resserrement du texte. Durant les derniers mois de son existence, il révisa de près ses fictions et ses écrits théoriques ou critiques en vue de la première grande édition de ses œuvres, qui parut à New York en 1850.
Très conscient de son intelligence, logicien, il aimait faire montre de ses capacités analytiques. Ainsi, lors de la publication en feuilleton de Barnabé Rudge (1841), roman de Dickens, il aurait deviné la fin de l'intrigue avant la parution des dernières livraisons. De même, Le Mystère de Marie Roget est inspiré d'un fait réel, l'assassinat de Mary Cecil Rogers à New York en 1841, dont le corps avait été retrouvé dans l'Hudson, près de la rive du New Jersey. Dans une lettre datée du 4 juin 1842, il explique que, dans son conte, en faisant faire à Dupin « une analyse très longue et rigoureuse de la tragédie » et en reprenant « les opinions et les arguments de la presse », il démontre « le caractère fallacieux de l'opinion reçue » et a « indiqué l'assassin d'une manière qui donnera un nouvel élan à l'enquête », expliquant que la jeune femme n'a pas été assassinée, comme on le pensait, par une bande de voyous[14].
Sa supériorité dans l'art d'écrire fut aussi marquée par quelques canulars, où il appliqua sa théorie de l'effet. Le 13 avril 1844, il fit paraître dans un numéro spécial du New York Sun un conte, Le Canard au ballon, présenté comme un fait réel. Par cette adroite mystification, il marquait son retour sur la scène littéraire new-yorkaise[15]. Quant à La Vérité sur le cas de M. Valdemar, conte paru en 1845, l'éditeur, qui le publia comme un pamphlet, et les journaux qui le reprirent dans les éditions anglaises le présentèrent comme un rapport scientifique (parce qu'ils avaient été dupés). Elizabeth Barrett Browning lui écrivit pour louer « la puissance de l'écrivain et cette faculté qu'il a de transformer d'improbables horreurs en choses qui paraissent si proches et si familières »[16].
Idéaliste, il était aussi très ambitieux, ce qu'il ne cachait pas. Il écrit ainsi : « J'aime la gloire, j'en raffole ; je l'idolâtre ; je boirais jusqu'à la lie cette glorieuse ivresse ; je voudrais que l'encens monte en mon honneur de chaque colline et de chaque hameau et de chaque ville et de chaque cité sur terre ».
Dès l'enfance, il lisait Byron, dont l'influence devait marquer ses premiers poèmes, Coleridge et la plupart des romantiques de son époque. Par la suite, il devait se démarquer de ces auteurs et se signala par des critiques assez féroces contre Coleridge. Il connaissait aussi parfaitement la littérature classique et goûtait particulièrement Pope. Il professa une grande admiration pour Ondine, conte de Friedrich de La Motte-Fouqué, pour Shelley[17], pour le génie de Dickens (notamment pour Le Magasin d'antiquités), pour Hawthorne. En revanche, il exprimait de sévères critiques à l'égard de Carlyle, d'Emerson (qu'il considère comme la « respectueuse réplique » du premier), de Montaigne, dont l'emploi de la digression dans ses Essais était en contradiction avec ses idées sur la nécessaire unité d'un texte. De même, s'il pouvait dire de John Neal que « son art est grand, il est d'une nature élevée », il mettait en avant ses « échecs répétés (…) dans le domaine de la construction de ses œuvres », due, selon lui, soit à une « déficience du sens de la totalité », soit à une « instabilité de tempérament »[18].
Malgré ses efforts, il ne vécut jamais dans une réelle aisance, mais connut souvent la misère, même s'il bénéficia de son vivant d'une réelle célébrité, surtout par ses activités de journaliste et son poème Le Corbeau.
L'alcoolisme de Poe a été démesurément exagéré. Ainsi, on a pu établir qu'à l'université et à West Point, contrairement à certaines légendes, il était tout à fait sobre. Plus généralement, il restait souvent sans boire sur de très longues durées et pouvait ne pas toucher une goutte d'alcool pendant des mois ou des années. En revanche, les quelques fois où il était amené à boire, il était le plus souvent malade et ne pouvait travailler pendant quelques jours. Il semble qu'il se soit mis à boire davantage à l'époque de la maladie de son épouse. Quant aux rumeurs d'alcoolisme, elles sont fondées sur le fait que, d'une part, il ne supportait pas l'alcool, et que, d'autre part, plusieurs personnes, soit qu'elles fussent fâchées avec lui, soit qu'elles pussent se compter comme ses ennemis, ont profité de ces quelques occurrences où il est apparu ivre pour généraliser et prétendre qu'il était alcoolique, ceci afin de le blesser et de salir son honneur, puis sa mémoire[19].
Œuvres
L'ambition d'Edgar Poe était de créer une véritable littérature nationale. En effet, à cette époque, l'influence européenne était prépondérante et la production du vieux continent affluait aux États-Unis dont la littérature — hormis Washington Irving et James Fenimore Cooper — ne brillait guère que par ses histoires d'horreur — l'auteur le plus connu étant alors Charles Brockden Brown — et ses romans sentimentaux. À ce titre, son œuvre de critique littéraire fut marquée par une véritable exigence de qualité, ainsi que la dénonciation des facilités et des plagiats. Longfellow fut la plus illustre de ses victimes ; il ne répondit jamais à ses accusations, encore que ses amis se fissent un plaisir, en réponse, de calomnier Edgar Poe dans les milieux littéraires new-yorkais[20].
Edgar Poe a laissé d'importants écrits théoriques, influencés par August Wilhelm Schlegel et Coleridge, qui permet de donner sens à son œuvre. Ses réflexions littéraires renvoient à ses conceptions cosmogoniques. Dans Eureka, il explique que l'univers, à l'origine, était marqué par l'unicité. Il a éclaté par la suite en quelque chose que l'on pourrait rapprocher de la théorie du Big Bang, mais il aspire à retrouver son unité. De même, en littérature, l'unité doit l'emporter sur toute autre considération. D'où la théorie de l'effet unique qu'il développe dans Philosophie de la composition (traduit par Baudelaire sous le titre de Genèse d'un poème): le but final de l'art est esthétique, c'est-à-dire l'effet qu'il crée chez le lecteur. Or, cet effet ne peut être maintenu que durant une brève période (le temps nécessaire à la lecture d'un poème lyrique, à l'exécution d'un drame, à l'observation d'un tableau, etc.). Pour lui, si l'épopée a quelque valeur, c'est qu'elle est composée d'une série de petits morceaux, chacun tourné vers un effet unique ou un sentiment, qui « élève l'âme ». Il associe l'aspect esthétique de l'art à l'idéalité pure, affirmant que l'humeur ou le sentiment créé par une œuvre d'art élève l'âme et constitue, de ce fait, une expérience spirituelle. Le poème, le conte, le roman ne doit tendre que vers sa réalisation, et toute digression doit être rejetée. De même, le roman à thèse, où l'intrigue est entrecoupée de dissertations sur tel ou tel sujet, est à proscrire. Adversaire du didactisme, Poe soutient, dans ses critiques littéraires, que l'instruction morale ou éthique appartient à un univers différent du monde de la poésie et de l'art, qui devrait seulement se concentrer sur la production d'une belle œuvre d'art[20].
L'univers, dit-il, est un poème de Dieu, c'est-à-dire qu'il est parfait. Mais l'Homme, aveugle aux œuvres de Dieu, ne voit pas cette perfection. C'est au poète, qui à l'intuition de cette perfection, grâce à son imagination créatrice, de la faire connaître à l'humanité. Mais certains poètes mégalomanes, guidés par ce que les Grecs anciens appelaient hubris, au lieu d'admettre l'impossibilité de l'imitation parfaite de l'intrigue de Dieu par l'Homme, prétendent se livrer à une concurrence sacrilège. Marqués non par l'imagination créatrice, mais par la fancy — une fantaisie délirante créant l'erreur, l'illusion —, ils ne voient pas la perfection de la création divine ; leur esprit aveuglé interprète le monde en fonction de leur cœur, de leur propre tourment intérieur ; ils sont voués au néant par leur ambition prométhéenne. Dans la première catégorie, on peut citer le chevalier Auguste Dupin (Double assassinat dans la Rue Morgue, Le Mystère de Marie Roget et La Lettre volée), William Legrand (Le Scarabée d'or) ou le baron Ritzner von Jung (Mystification). De même, dans certains contes, l'illusion est révélée par un parent au narrateur fiévreux qui a fui une épidémie de choléra dans Le Sphinx, par des lunettes qu'on offre au narrateur myope dans Les Lunettes, par la révélation des causes psychosomatiques de la sorte de catalepsie dont souffre le narrateur dans L'Enterrement prématuré. Dans la seconde catégorie, la figure la plus marquante est Roderick Usher, dont l'influence néfaste « contamine » le regard du narrateur et lui fait voir comme surnaturels des phénomènes qui ont, en fait, une explication rationnelle (Poe disséminant adroitement les indices de cette explication dans le texte)[20].
Dans La Lettre volée (en anglais, The Purloined Letter), Edgar Poe imagine une intrigue où un certain « D. » (peut-être un frère du héros, le chevalier Auguste Dupin, comme semble l'indiquer la citation de la tragédie Atrée et Thyeste de Crébillon père : « Un destin si funeste, / S'il n'est digne d'Atrée, est digne de Thyeste. ») vole à une dame de qualité une lettre compromettante. Pour la cacher aux policiers, qui surveillent ses allers-retours et fouillent son hôtel pendant son absence, il la met bien en évidence dans un tableau accroché au mur. L'aveuglement des policiers, à l'esprit médiocre, renvoie à l'aveuglement des hommes, incapables de saisir la perfection de l'intrigue de Dieu. Quant à « D. », Poe le décrit comme dominé par la fancy, au contraire du chevalier Dupin, qui finit par l'emporter, grâce à son imagination créatrice[20].
La narration, chez Poe, est marquée par la polysémie, dont témoignent les nombreux jeux de mot, dans les textes tragiques comme dans les textes comiques. Le narrateur, qui se signale le plus souvent par des lectures néfastes (littérature fantastique à l'allemande, romans gothiques, ésotérisme, métaphysique), décrit une histoire déformée par sa fancy, il ne maîtrise pas son écriture, dans laquelle plusieurs indices permettent d'appréhender la réalité sous-jacente[20].
Nombre d'histoires d'Edgar Poe, principalement celles qui devaient figurer dans les Contes de l'In-Folio, qu'elles relèvent du tragique ou du comique, appartiennent au registre de la parodie. Son but est de démontrer l'inconsistance des fausses gloires de son temps, dont seuls quelques-uns ont échappé à l'oubli. Ainsi, Metzengerstein imite les horreurs inventées dans les romans gothiques, comme Le Château d'Otrante d'Horace Walpole ou Les Élixirs du diable d'E.T.A. Hoffmann. L'histoire repose sur la croyance en la métempsycose, pour laquelle Edgar Poe a toujours manifesté un profond mépris et qui relevait pour lui de l'aliénation mentale. Dans Le Duc de l'Omelette, il se moque des maniérismes et du style affecté de Nathaniel Parker Willis. Dans Un événement à Jérusalem, qui reprend un roman de Horace Smith, Zilhah, a Tale of the Holy City (1829), il ridiculise l'orientalisme des romantiques. Quant à Manuscrit trouvé dans une bouteille, il représente un pastiche des récits de voyage. De même, des contes comme Bérénice raillent les outrances auxquelles se livraient les revues de l'époque. Le Roi Peste, de son côté, démonte les mécanismes du roman Vivian Grey (1826), récit plein de fantaisie débridée à travers lequel, non sans incongruité, Benjamin Disraeli entendait dénoncer l'ivrognerie. De même, dans Comment écrire un article à la « Blackwood » et A Predicament, la satire dénonce l'absurdité des contes à sensation, qui faisaient la fortune du Blackwood's Magazine, très célèbre revue d'Édimbourg. Quant à l'héroïne, Psyché Zenobia, c'est une femme de lettres américaine, un « bas-bleu », Margaret Fuller, dont les sympathies pour les transcendantalistes suffisaient à énerver Poe[20].
Plus largement, quand l'actualité ne venait pas lui fournir un sujet, il puisait assez souvent dans ses nombreuses lectures (que favorisait son travail de critique littéraire) pour concevoir et construire ses œuvres de fiction. Ainsi, Hop Frog est inspiré de l'accident advenu à Charles VI lors du bal des ardents, tel que l'a décrit Jean Froissart dans ses Chroniques. De même, William Wilson est directement inspiré de la trame d'un poème dramatique que Byron aurait eu l'intention d'écrire, dont Washington Irving avait révélé le contenu dans The Gift en 1836. Nathaniel Hawthorne s'était lui-même servi de ce matériau pour rédiger Howe's Masquerade[20].
Il pouvait aussi faire appel, comme tout écrivain, à son expérience personnelle. Ainsi, Un matin sur le Wissahicon, où il s'éloigne vite de la simple transcription de souvenirs pour se livrer à une contemplation émerveillée de la nature et à une réflexion sur l'altération des paysages créée par la présence humaine, et plus largement sur les rapports entre l'industrie humaine et la beauté (sa description perdant tout réalisme pour basculer dans l'onirisme et offrir un coup d'œil éphémère sur une vision céleste), relate au départ une promenade qu'il avait faite à Mom Rinker's Rock et la rencontre d'un daim apprivoisé[20].
Postérité
Articles détaillés : Influence littéraire d'Edgar Allan Poe, Influence d'Edgar Allan Poe et Poe dans la culture populaire.Edgar Poe est un auteur prolifique, qui laisse deux romans, de nombreux contes et poèmes, outre ses essais, ses critiques littéraires et son abondante correspondance. Une partie importante de ses contes et poèmes ont été traduits en français par Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé. D'une très grande qualité littéraire, ces traductions comportent cependant quelques erreurs et libertés par rapport à l'original, parfois graves pour la compréhension de la pensée de Poe[21],[22]. Si les poèmes ont pu faire l'objet de retraductions, le rôle joué par Baudelaire dans la célébrité de Poe en Europe empêche tout travail en ce sens, et seuls les textes qu'il a laissé de côté ont fait l'objet de traductions plus récentes. On trouve plusieurs contes et poèmes de Poe en accès libre sur le web.
Pendant longtemps, l'image d'Edgar Poe fut tronquée ; elle l'est encore dans une partie importante du public[23]. Poe fut victime d'un pasteur baptiste bien-pensant, par ailleurs littérateur jaloux, Rufus Griswold (1815-1857) — le « pédagogue vampire », selon le mot de Baudelaire —, qui s'acharna à détruire son image[24]. Le 9 octobre 1849, déjà, il écrivait dans le New York Tribune : « Edgar Poe est mort. Il est mort à Baltimore avant-hier. Ce faire-part étonnera beaucoup de personnes, mais peu en seront attristées. (…) L'art littéraire a perdu une de ses plus brillantes et de ses plus bizarres célébrités[20]. » Par la suite, chargé avec James Russell Lowell et Nathaniel Parker Willis d'assurer l'édition des Œuvres posthumes de Poe[25], il rédigea une notice biographique parue en tête du troisième tome, « chef d'œuvre d'ambiguïtés suggestives, de faux vraisemblables, de mensonges masqués, d'imaginations superbement jouées » selon Claude Richard. Il prétendit ainsi qu'il était alcoolique, mélancolique, c'est-à-dire victime d'un déséquilibre mental, et que c'était un personnage sinistre qui avait des « éclairs de génie ». Les légendes qu'il forgea eurent longtemps seules droit de cité, malgré les protestations des amis de Poe (Sarah Helen Whitman, John Neal, George Graham, George W. Peck, Mrs Nichols ou Mrs Weiss)[26]. C'est grâce aux travaux de John Henry Ingram (1880)[27], James A. Harrison (1902)[28] et Arthur Hobson Quinn (1941)[29] que la vérité sur le travail de l'écrivain fut rétablie, avec l'édition, en 1902, des œuvres complètes de Poe, dite Virginia Édition, qui comporte dix-sept volumes[30],[31].
En France même, où ses œuvres ont connu très tôt un large écho, grâce essentiellement aux efforts de Charles Baudelaire, nombre d'études témoignent d'une méconnaissance assez large du poète américain. Une part des légendes qui se colportent ont d'ailleurs été transmises par Baudelaire, lui-même, qui s'est reconnu dans cette image de l'écrivain hanté et misérable et l'a présenté avec trop d'insistance comme le parangon des poètes maudits[32] et sulfureux. Même s'il dénonce largement les légendes colportées par Rufus Griswold (parmi lesquelles celle de l'alcoolisme de Poe), rappelant que, selon plusieurs témoins, il ne buvait généralement que fort peu, il décrit ce supposé alcoolisme comme « un moyen mnémonique, une méthode de travail »[33]. De même, il lui attribue ses propres penchants pour la drogue[30].
Plus tard, en 1933, Marie Bonaparte se livra à une importante étude psychanalytique, qui est fréquemment citée parmi les grandes critiques de Poe et de son œuvre, et qui a eu une grande influence sur la réception de l'œuvre de Poe, ne serait-ce qu'en raison de son analyse des textes de Poe suivant le prisme de la psychanalyse freudienne. Ceci dit, plusieurs critiques considèrent son ouvrage comme assez contestable dans sa manière de reproduire et d'amplifier certaines légendes véhiculées par Griswold. Par exemple, elle affirme qu'Edgar Poe aurait aperçu, dans sa petite enfance, ses parents faisant l'amour, déduisant de cet événement des complexes dont témoigneraient, selon elle, ses textes. Influencée par les légendes répétées à l'envi depuis Griswold, qui présentent Poe comme un être neurasthénique, alcoolique, drogué, marqué par la fatalité[34], elle fait partie des analystes qui considèrent que Poe a écrit une œuvre largement autobiographique, transcrivant sur le papier ses propres terreurs[35]. Pour ce faire, si elle corrige certaines erreurs de la traduction de Baudelaire[36], elle se livre elle-même à certaines déformations, pour justifier son propos. Ainsi, la phrase : « Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de l'âme — que j'ai déduit cette terreur de ses seules sources légitimes et ne l'ai poussée qu'à ses seuls résultats légitimes.», tirée de la préface des Contes du grotesque et de l'arabesque, devient, sous sa plume : « Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de mon âme ». Pour ces critiques, cette lecture ignore pour une part le travail de l'écrivain et méconnaît la pensée de Poe, que l'auteur prétend qualifier de « nécrophile en partie refoulé en partie sublimé »[37],[38],[39]. Ainsi, selon le psychanalyste Édouard Pichon, « les études des psychanalystes sur les artistes, représentées surtout, en France, par celles de Laforgue sur Baudelaire et de Marie Bonaparte sur Edgard Poë, contiennent maints éléments intéressants, mais Freud a le bon sens d'écrire que la psychanalyse "ne peut rien nous dire de relatif à l'élucidation artistique"[40] ». Par ailleurs, et dans une perspective très différente de celle d'une Marie Bonaparte ou d'un René Laforgue, Jacques Lacan a également livré un commentaire psychanalytique de la nouvelle intitulée La Lettre volée[36].
Demeures conservées
La plus ancienne des maisons existant encore où ait vécu Poe se trouve à Baltimore. Elle est conservée sous la forme d’un Musée Edgar Allan Poe. Poe est censé avoir vécu dans cette maison à 23 ans, quand il s’installa une première fois avec Maria Clemm et Virginia ainsi que sa grand-mère et, peut-être, son frère William Henry Leonard Poe. Elle est ouverte au public, de même que le siège de la Société Edgar Allan Poe[41].
Poe, son épouse Virginia et sa belle-mère Maria ont, par la suite, loué plusieurs maisons à Philadelphie, mais seule la dernière des ces maisons est encore debout. La maison Spring Garden, où vécut l’auteur en 1843-1844, est aujourd’hui conservée par le Service du Parc national en tant que Site historique national Edgar Allan Poe. Elle se situe entre la 7e rue et la rue Spring Garden et est ouverte du mercredi au dimanche de 9 heures à 17 heures[42].
La dernière maison de Poe, un cottage dans le Bronx, à New York, est également conservée[43].
La plus ancienne maison de Richmond, baptisée « Virginia », où Poe n’a jamais vécu, est aujourd’hui le siège d’un Musée Edgar Allan Poe, centré sur les premières années de l’écrivain auprès de la famille Allan[44].
Citations à propos d'Edgar Poe
- Charles Baudelaire : « Aucun homme n’a raconté avec plus de magie les exceptions de la vie humaine et de la nature: les fins de saisons chargées de splendeurs énervantes, l’hallucination convaincue et raisonnée comme un livre. L’absurde s’installe dans l’intelligence et la gouverne avec une épouvantable logique. Poe fut toujours grand, non seulement dans ses conceptions nobles, mais encore comme farceur. Chez lui, toute entrée en matière est attirante, sans violence, comme un tourbillon. Sa solennité surprend et tient l’esprit en éveil. On sent tout d’abord qu’il s’agit de quelque chose de grave. Et lentement, peu à peu, se déroule une histoire dont tout l’intérêt repose sur une imperceptible déviation de l’intellect, sur une hypothèse audacieuse. Le lecteur, lié par le vertige, est contraint de suivre l’auteur dans ses entraînantes déductions. C’est l’écrivain des nerfs. », introduction des Histoires extraordinaires, (L'Art romantique, chapitre 10 : « Edgar Poe, sa vie et ses œuvres »)
- Fedor Dostoïevski : « Il [Poe] choisit presque toujours la réalité la plus exceptionnelle, met son personnage dans la situation la plus exceptionnelle sur le plan extérieur ou psychologique. »[45],[46]
- Paul Valéry : « Edgar Allan Poe a emprunté la voie royale du grand art. Il a découvert l’étrange dans le banal, le neuf dans le vieux, le pur dans l’impur. C'est un être complet. »[47]
- Gaston Bachelard : « Parmi les écrivains trop rares qui ont travaillé à la limite de la rêverie et de la pensée objective, dans la région confuse où le rêve se nourrit de formes et de couleurs réelles, où réciproquement la réalité esthétique reçoit son atmosphère onirique, Edgar Allan Poe est l’un des plus profonds et des plus habiles. Par la profondeur du rêve et par l’habileté du récit, il a su concilier dans ses œuvres deux qualités contraires: l’art de l’étrange et l’art de la déduction. », préface des Aventures d'Arthur Gordon Pym, 1944
Publications
Textes publiés en volume par Edgar Poe
- Tamerlan and Other Poems, Boston, Calvin F. S. Thomas, 1827
- Al Aaraaf, Tamerlane and Minor Poems, Baltimore, Hatch and Dunning, 1829
- Poems, second edition, New York, Elam Bliss, 1831
- The Narrative of Arthur Gordon Pym from Nantucket, les trois premiers chapitres en feuilleton (janvier-février 1837), en volume à New York, Harper & Brothers, et à Londres, Wiley & Putnam, 1838
- The Conchologist's First Book, Philadelphie, Haswerl, Barrington et Haswell, 1839 (deuxième édition en 1840, troisième édition en 1845)
- Tales of the Grotesque and Arabesque, 2 volumes, Philadelphie, Lea & Blanchard, 1840 (750 exemplaires)
- The Prose Romances of Edgar A. Poe (contenant : The Murders in the Rue Morgue et The Man that was used up), Philadelphie, William H. Graham, 1843 (probablement publié à 250 exemplaires)
- The Raven and other Poems, New York, Wiley & Putnam, 1845
- Tales, New York, Wiley & Putnam, 1845
- Eureka : A Prose Poem, New York, George P. Putnam, 1848
- The Works of the Late Edgar Allan Poe (édité par Griswold), New York, J. S. Redfield, vols 1-2, 1850; vol 3, 1850; vol 4, 1856 (édition posthume préparée par Edgar Poe)
Contes traduits en français par Baudelaire
Article connexe : Charles Baudelaire.- Histoires extraordinaires (1856)
- Double Assassinat dans la rue Morgue (Philadelphie, avril 1841)
- La Lettre volée (automne 1844)
- Le Scarabée d'or (Philadelphie, 21 et 28 juin 1843)
- Le Canard au ballon (New York, 13 avril 1844)
- Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall (Richmond, juin 1835)
- Manuscrit trouvé dans une bouteille (Baltimore, 19 octobre 1833)
- Une Descente dans le Maelstrom (Philadelphie, mai 1841)
- La Vérité sur le cas de M. Valdemar (décembre 1845)
- Révélation Magnétique (août 1844)
- Souvenirs de M. Auguste Bedloe (avril 1844)
- Morella (Richmond, avril 1835)
- Ligeia (septembre 1838)
- Metzengerstein (Philadelphie, 14 janvier 1832)
- Nouvelles Histoires extraordinaires (1857)
- Le Démon de la perversité (Philadelphie, juillet 1845)
- Le Chat noir (Philadelphie, 19 août 1843)
- William Wilson (Philadelphie, octobre 1839)
- L'homme des foules (Philadelphie, décembre 1840)
- Le Cœur révélateur (janvier 1843)
- Bérénice (Richmond, mars 1835)
- La Chute de la maison Usher (Philadelphie, septembre 1839)
- Le Puits et le pendule (1843)
- Hop-Frog (17 mars 1849)
- La Barrique d'amontillado (novembre 1846)
- Le Masque de la mort rouge (New York, 19 juillet 1845)
- Le Roi Peste (Richmond, septembre 1835)
- Le Diable dans le beffroi (Philadelphie, 18 mai 1839)
- Lionnerie (Richmond, mai 1835)
- Quatre bêtes en une (Richmond, mars 1836)
- Petite Discussion avec une momie (avril 1845)
- Puissance de la parole (juin 1845)
- Colloque entre Monos et Una (Philadelphie, août 1841)
- Conversation d'Eiros avec Charmion (Philadelphie, décembre 1839)
- Ombre (Richmond, septembre 1835)
- Silence (Baltimore, automne 1837)
- L'Île de la fée (Philadelphie, juin 1841)
- Le Portrait ovale (Philadelphie, avril 1842)
- Histoires grotesques et sérieuses (1865)
- Le Mystère de Marie Roget (novembre et décembre 1842, février 1843)
- Le Joueur d'échecs de Maelzel (avril 1836)
- Éléonora (Philadelphie, 4 septembre 1841)
- Un Événement à Jérusalem (Philadelphie, 9 juin 1832)
- L'Ange du bizarre (octobre 1844)
- Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume (Philadelphie, novembre 1845)
- Le Domaine d'Arnheim (mars 1847)
- Le Cottage Landor (9 juin 1849)
- Philosophie de l'ameublement (Philadelphie, mai 1840)
- La Genèse d'un poème (Philadelphie, avril 1846)
- Les Aventures d'Arthur Gordon Pym (New York, 1838), roman (1858)
Contes non traduits par Baudelaire
- Le Duc de l'Omelette (Philadelphie, 3 mars 1832)
- Perte d'haleine (Philadelphie, 10 novembre 1832)
- Bon-Bon (Philadelphie, 1er décembre 1832)
- Le Rendez-vous (Richmond, janvier 1834)
- Mystification (juin 1837)
- Comment écrire un article à la « Blackwood » (Baltimore, novembre 1838)
- A Predicament (Baltimore, novembre 1838)
- L'Homme qui était refait (Philadelphie, août 1839)
- Le Journal de Julius Rodman (Philadelphie, janvier-juin 1840), roman inachevé
- L'Homme d'affaires (Philadelphie, février 1840)
- Pourquoi le petit Français porte-t-il le bras en écharpe? (Philadelphie, 1840)
- Préface des Contes du Grotesque et de l'Arabesque (Philadelphie, 1840)
- Ne pariez jamais votre tête au diable (Philadelphie, septembre 1841)
- La Semaine des trois dimanches (27 novembre 1841)
- Le jardin paysage (octobre 1842), texte fondu plus tard dans Le Domaine d'Arnheim
- De l'escroquerie considérée comme l'une des sciences exactes (Philadelphie, 14 octobre 1843)
- Un matin sur le Wissahicon (automne 1843)
- Les Lunettes (27 mars 1844)
- L'Enterrement prématuré (31 juillet 1844)
- La Caisse oblongue (septembre 1844)
- C'est toi l'homme! (Thou Art the Man), d'abord traduit sous le titre: Ecce homo (novembre 1844)
- La Vie littéraire de Monsieur Thingum bob, ancien rédacteur en chef de « L'Oie soiffarde » (Richmond, décembre 1844)
- Le Mille Deuxième Conte de Schéhérazade (février 1845)
- Le Sphinx (janvier 1846)
- Mellonta Tauta (février 1849)
- Von Kempelen et sa découverte (14 avril 1849)
- X-ing a Paragrab (12 mai 1849)
- Introduction du recueil Le Club de l'In-Folio (1850)
- Le Phare (25 avril 1942, manuscrit incomplet)
Essais d'Edgar Poe
- Lettre à B… (New York, 1831)
- Le Joueur d'échecs de Maelzel (Richmond, avril 1836)
- Philosophie de l'ameublement (Philadelphie, mai 1840)
- Exorde (Philadelphie, janvier 1842)
- La Philosophie de la composition (Philadelphie, avril 1846), titre exact de La Genèse d'un poème
- L'Art du conte Nathaniel Hawthorne (novembre 1847)
- Eureka (New York, 1848)
- Marginalia (New York, 1850), recueil posthume de brefs textes parus dans divers journaux entre 1844 et 1849
- Le Principe poétique (31 août 1850), posthume
Éditions modernes d'Edgar Poe
- Contes, Essais, Poèmes (Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1989), une édition de référence avec un appareil critique étendu. Introduction générale (« Le mythe de Poe »), chronologie, introduction aux contes (« Les contes de Poe ou les modes de la contamination »), introduction aux essais (« Poe critique »), notes et bibliographie de Claude Richard, professeur de littérature anglaise à l'université Paul-Valéry Montpellier III, introduction aux poèmes (« Poète irrévocablement? ») de Robert Kopp, professeur à l'université de Bâle.
- Ne pariez jamais votre tête au diable et autres contes non traduits par Baudelaire (Éditions Gallimard, collection Folio, 1989), traduction et appareil critique d'Alain Jaubert
- Histoires, essais et poèmes (Lgf, collection Pochothèque Classiques Moderne, 2006), avec une nouvelle traduction de l'ensemble des poèmes de Poe.
- Les Lettres d'amour à Helen (Éditions Dilecta, 2006)
- Marginalia et autres fragments (Éditions Allia, 2007)
Annexes
Bibliographie critique
En langue française
- Charles Baudelaire:
- Edgar Allan Poe: sa vie et ses ouvrages, Paris, L'Herne, collection Confidences, 1994.
- Notes nouvelles sur Edgar Poe, 1857.
- Nicolas Isidore Boussoulas, La Peur et l'univers dans l'œuvre d'Edgar Poe : une métaphysique de la peur, Paris, Presses universitaires de France, 1952.
- Jacques Cabau, Edgar Poe par lui-même, Paris, Seuil, collection Microcosme, 1960.
- Jean-François Chassay, Jean-François Côté et Bertrand Gervais (dir.), Edgar Allan Poe. Une pensée de la fin, Montréal, Liber, 2001. Actes du colloque tenu à l'université du Québec les 15 et 16 octobre 1999 (voir les résumés et « S'enterrer dans le texte. Au commencement était la fin », contribution de Bertrand Gervais).
- Odile Joguin, Itinéraire initiatique d'Edgar Poe, Paris, éditions-Edite, 2002.
- Henri Justin:
- Poe dans le champ du vertige : des Contes à Eureka : l'élaboration des figures de l'espace, Paris, Klincksieck, 1991.
- Avec Poe jusqu'au bout de la prose, Paris, Gallimard, 2009.
- Eric Lysoe, Les voies du silence, E. A. Poe et la perspective du lecteur, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2000.
- Claude Richard, Edgar Allan Poe journaliste et critique, Klincksieck, 1978.
- Georges Walter, Enquête sur Edgar Allan Poe, Paris, Phébus, collection d'aujourd'hui, 1998.
En langue anglaise
- Peter Ackroyd, Poe, a life cut short, Londres, Chatto & Windus, 2008 (ISBN 9780701169886).
- William Bittner, Poe: A Biography, Boston, Little, Brown and Company, 1962.
- Eric W.Carlson, Critical essays on Edgar Allan Poe, Boston, Mass., G.K. Hall, 1987.
- Graham Clarke, Edgar Allan Poe : critical assessments, Mountfield, East Sussex, Helm Information, 1991.
- Joan Dayan, Fables of mind : an inquiry into Poe's fiction, New York, Oxford University Press, 1987.
- Raymond Foye, The Unknown Poe, San Francisco, City Lights, 1980 (ISBN 0872861104).
- Frederick S. Frank, Anthony Magistral, The Poe Encyclopedia, Westport, Greenwood Press, 1997 (ISBN 0313277680).
- David Halliburton, Edgar Allan Poe; a phenomenological view, Princeton, Princeton University Press, 1973.
- Daniel Hoffman, Poe Poe Poe Poe Poe Poe Poe, Bâton Rouge, Louisiana State University Press, 1998 (ISBN 0807123218).
- James M. Hutchisson, Poe, Jackson, University Press of Mississippi, 2005, (ISBN 1-57806-721-9).
- J. Gerald Kennedy, Poe, death, and the life of writing, New Haven, Yale University Press, 1987.
- Joseph Wood Krutch, Edgar Allan Poe: A Study in Genius, New York, Alfred A. Knopf, 1926.
- A. Robert Lee, Edgar Allan Poe : the design of order, Londres, Vision, Totowa, NJ, Barnes & Noble, 1987.
- Jeffrey Meyers, Edgar Allan Poe: His Life and Legacy, New York, Cooper Square Press, 1992 (ISBN 0815410387).
- Harry Lee Poe, Edgar Allan Poe: An Illustrated Companion to His Tell-Tale Stories, New York, Metro Books, 2008, (ISBN 978-1-4351-0469-3).
- Arthur Hobson Quinn, Edgar Allan Poe: A Critical Biography, New York, Appleton-Century-Crofts, Inc., 1941 (ISBN 0801857309).
- Shawn James Rosenheim, The Cryptographic Imagination: Secret Writing from Edgar Poe to the Internet, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1997, (ISBN 9780801853326).
- Kenneth Silverman, Edgar A. Poe: Mournful and Never-Ending Remembrance, New York, Harper Perennial, 1991 (ISBN 0060923318).
- Dawn B. Sova, Edgar Allan Poe: A to Z, New York, Checkmark Books, 2001, (ISBN 081604161X).
- Terence Whalen, « Poe and the American Publishing Industry », in J. Kennedy, A Historical Guide to Edgar Allan Poe, Oxford University Press, 2001 (ISBN 0195121503).
Notes et références
- ↑ Edgar Poe est l'auteur de Politien, un drame en vers inachevé et longtemps inédit.
- ↑ Gérard Lenne, Le Cinéma fantastique et ses mythologies, Éditions du Cerf, 1970, 232 pages, p. 154.
- ↑ Voir l'article Influence d'Edgar Allan Poe
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p , q , r , s , t , u , v , w , x , y , z , aa , ab , ac , ad , ae , af , ag , ah , ai , aj , ak , al , am , an , ao , ap , aq , ar , as , at et au Voir la chronologie de la vie d'Edgar Allan Poe sur le site officiel de la Société Edgar Allan Poe de Baltimore (en anglais) et la chronologie de Claude Richard, in Contes, essais, poèmes, Robert Laffont, collection Bouquins, 1989
- ↑ a , b , c et d Poe: histoires grotesques et sérieuses, Éditions Folio Classique, « Vie d'Egar Allan Poe », p. 291.
- ↑ a et b Poe: histoires extraordinaires, Éditions GF-Flammarion, p. 8.
- ↑ a , b , c , d , e , f , g et h Poe: Histoires grotesques et sérieuses, Éditions Folio Classiques, « Vie d'Edgar Allan Poe », p. 292.
- ↑ « Edgar Poe, sa vie et ses œuvres », introduction de Charles Baudelaire.
- ↑ a et b Poe: histoires extraordinaires, « Chronologie de la vie d'Edgar Allan Poe », de Roger Asselineau, p. 7.
- ↑ a , b et c Daniel Royot, La littérature américaine, Paris, PUF, 2004, (ISBN 2130541240), p.25
- ↑ Poe's Original Burial Place & Memorial Grave
- ↑ Requiescat in pace : 160 ans après sa mort, les obsèques d'Edgar Allan Poe.
- ↑ Voir Michel Zéraffa, préface aux Histoires extraordinaires, Lgf, 1972.
- ↑ Voir la notice du conte Le Mystère de Marie Roget, par Claude Richard, dans Contes, Essais, Poèmes (Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1989.
- ↑ Voir la notice du conte Le Canard au ballon, par Claude Richard, dans Contes, Essais, Poèmes (Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1989.
- ↑ Voir la notice du conte La Vérité sur le cas de M. Valdemar, par Claude Richard, dans Contes, Essais, Poèmes (Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1989.
- ↑ Michel Barrucand, Histoire de la littérature des États-Unis, Paris, Ellipses, 2006, (ISBN 2729827552), p.34.
- ↑ Voir Edgar Poe, Marginalia, dans Contes, Essais, Poèmes, Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1989.
- ↑ Sur les prétendus liens d'Edgar Poe avec les drogues ou l'alcool, voir Poe, drogues et alcool sur le site officiel de la Société Edgar Allan Poe de Baltimore.
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h et i Voir Claude Richard, introductions et notes, in Contes, essais, poèmes, Robert Laffont, collection Bouquins, 1989.
- ↑ Ainsi, Baudelaire ne distingue pas toujours la fancy et l'imagination créatrice ou introduit trop souvent un vocabulaire de type fantastique étranger à l'original
- ↑ Pour Henri Justin, « Edgar Allan Poe: les racines du mal », Le Magazine littéraire, hors-série n° 17, juillet-août 2009, p. 18-19, Baudelaire « traduit phrase à phrase, non sans erreurs graves, mais ses traductions restituent partiellement la complexité de l'original », au contraire de traducteurs précédents, qui ont souvent élagué le texte original. Ainsi, dans Double assassinat dans la rue Morgue, « Dupin (n'en déplaise à Baudelaire qui traduit exactement le contraire) est le parfait voyeur ».
- ↑ Voir Biographie problématique de Poe sur le site officiel de la Société Edgar Allan Poe de Baltimore.
- ↑ Voir Edgar Allan Poe et Rufus Wilmot Griswold sur le site officiel de la Société Edgar Allan Poe de Baltimore.
- ↑ The Works of the Late Edgar Allan Poe, New York, J. S Redfield, vols 1 à 3, 1850 ; vol 4, 1856.
- ↑ Charles Baudelaire, L'Art romantique, chapitre 10 : « Edgar Poe, sa vie et ses œuvres », 1869.
- ↑ John Ingram, Edgar Allan Poe, His Life, Letters and Opinions, New York & Londres, John Hogg, 1880, 2 tomes, et The Works of Edgar Allan Poe, Édimbourg, Black, 1874-1875, 4 tomes.
- ↑ James A. Harrison, The Life of Edgar Allan Poe, édité dans The Complete Works of Edgar Allan Poe, New York, T. Y. Crowell, 1902, 17 tomes.
- ↑ Arthur Hobson Quinn, Edgar Allan Poe: À Critical Biography, New York, D. Appleton-Century, 1941.
- ↑ a et b Voir Claude Richard, introductions et notes, in Contes, essais, poèmes, Robert Laffont, collection Bouquins, 1989.
- ↑ Voir les différentes éditions des œuvres de Poe en anglais
- ↑ Daniel Royot, La littérature américaine, Paris, PUF, 2004, (ISBN 2130541240), p.26.
- ↑ L’Art romantique, chapitre X. « Edgar Poe II. Edgar Poe, sa vie et ses œuvres », 1869.
- ↑ Sur les relations entre Edgar Poe et Rufus Griswold, voir Edgar Allan Poe et Rufus Wilmot Griswold et, sur les rapports de Poe avec les drogues ou l'alcool, voir Poe, drogues et alcool sur le site officiel de la Société Edgar Allan Poe de Baltimore
- ↑ Sur le caractère supposé autobiographique des œuvres de Poe, voir Œuvres d'Edgar Allan Poe comme autobiographie.
- ↑ a et b Marc Nacht, « D'une exquise brisure du refoulement », 28 mai 1992 sur le site de l'Association lacanienne internationale.
- ↑ Voir Claude Richard, « Le Mythe de Poe », in Edgar Poe, Contes, essais, poèmes, Robert Laffont, collection Bouquins, 1989, qui rappelle que « la fortune de Poe en France repose essentiellement sur trois appropriations : celle de Rufus W. Griswold, celle de Charles Baudelaire et celle de Marie Bonaparte. Elles ont donné naissance à trois mythes : le mythe de la morale, le mythe de la révolte et le mythe de la folie. »
- ↑ Georges Walter, Enquête sur Edgar Allan Poe, éditions Phébus, collection d'aujourd'hui, 1998. L'auteur explique : « Je me suis toujours demandé pourquoi une légende noire d'alcool, d'opium et de démence a si longtemps voilé son image, alors que l'auteur de Double assassinat dans la rue Morgue ne fut jamais fou que d'écriture ».
- ↑ Voir la présentation de Jean-Pierre Naugrette, in Edgar Allan Poe, Histoires essais et poèmes, Le Livre de poche, collection La Pochotèque. Jean-Pierre Naugrette (professeur à l'Institut du Monde Anglophone, à l'université Sorbonne Nouvelle) considère que la critique psychanalytique de Marie Bonaparte est « très réductrice ».
- ↑ Édouard Pichon, « les méthodes : la psychanalyse ».
- ↑ (en) Voir la maison et le musée de Poe à Baltimore, sur le site de la Société Edgar Allan Poe.
- ↑ Voir le Site historique national Edgar Allan Poe (en anglais).
- ↑ Voir le cottage de Poe, sur le site de la Société historique du comté du Bronx
- ↑ (en) Musée Edgar Allan Poe à Richmond
- ↑ Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Le Seuil, 1970, 187 pages, p. 53 (ISBN 2020020351).
- ↑ Jacques Catteau, Dostoïevski, Éditions de l'Herne, 1973, 376 pages, p. 290, où la phrase est traduite ainsi : « Il prend presque toujours la réalité la plus exceptionnelle, met son personnage dans la situation la plus exceptionnelle sur le plan extérieur ou psychologique. »
- ↑ Paul Valéry, Cahiers (édition établie par Judith Robinson), Gallimard, 1973, vol. 2, p. 1048.
Articles connexes
- Elizabeth Poe, sa mère
- William Henry Poe, son frère aîné
- Rosalie Poe, sa sœur cadette
- Virginia Poe, son épouse
- Sarah Elmira Royster, amour d'enfance
- Frances Sargent Osgood
- Rufus Griswold, adversaire et calomniateur de Poe
- Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, roman d'Edgar Poe
- Influence littéraire d'Edgar Allan Poe
- Influence d'Edgar Allan Poe
- La cryptologie dans le scarabée d'or
- Edgar Allan Poe dans la culture populaire
- Liste d'adaptations d'œuvres d'Edgar Allan Poe à la télévision et au cinéma
Liens externes
- (fr) Poescriptum Choix ouvert, en traduction française, de textes courts d'Edgar Poe, inédits ou oubliés, et tirés le plus souvent de son œuvre critique
- (fr) Quelques œuvres de Poe sur In Libro Veritas
- (fr) Citations d'Edgar Poe
- (en)Œuvres de Edgar Allan Poe sur le projet Gutenberg
- (en) Site officiel de la Société Edgar Allan Poe de Baltimore comportant d'importants éléments sur la vie et l'œuvre d'Edgar Poe
- (en) Musée Edgar Allan Poe à Richmond
- (en) Site officiel du Edgar Allan Poe National Historic Site
- (en) Biographie, images et textes de Poe
- (en) Collection de documents originaux d'Edgar Poe et ses proches
- (fr) Textes disponibles sur Wikisources
- (fr) Edgar Allan Poe, son œuvre en version audio
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