- Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume
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Traduction à relire --- The System of Doctor Tarr and Professor Fether → Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume --- (+)
Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume est une nouvelle humoristique écrite par l'auteur américain Edgar Allan Poe et traduite en français par Charles Baudelaire.
Sommaire
Résumé
Résumé du début
L'histoire nous est contée par un narrateur anonyme qui visite un établissement psychiatrique dans le sud de la France (plus exactement, une "Maison de Santé") réputé pour une nouvelle méthode révolutionnaire permettant de traiter les maladies mentales et appelé "système de la douceur". Un compagnon de route connaissant Monsieur Maillard, l'inventeur du système, fait les présentations avant de prendre congé du narrateur, en raison de son aversion pour la folie. Le narrateur est très vite surpris d'apprendre que le "système de la douceur" n'est depuis peu plus pratiqué et s'interroge à propos de l'abandon de cette méthode devenue populaire en raison des succès qu'on lui a attribués. Maillard, au décours d'une promenade dans le parc de l'établissement et avant de l'inviter à diner, lui répond à ce propos : « Ne croyez rien de ce que vous entendez, et seulement la moitié de ce que vous voyez. »
Suite du résumé
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Le diner est quelque peu excentrique, tant par ses mets (originaux et trop abondants) que par la présence de la petite trentaine d'autres convives habillés de vêtements non ajustés, parfois légèrement provocants, en décalage avec la mode de l'époque, et concernant les femmes une surcharge de bijoux et parures diverses. Le diner est accompagné d'une musique fort appréciée des autres invités mais que le narrateur n'hésite pas à qualifier d'"infinie variété de bruits".Dans l'ensemble, le narrateur note la bizarrerie présente tout le long de cette soirée, au cours de laquelle les personnes présentes réalisent avec emphase des imitations de leurs patients traités qui se croyaient alors être une théière, un âne, un fromage, une bouteille de champagne, un grenouille, du tabac à priser, une citrouille, ou bien d'autres choses encore. Monsieur Maillard ou bien les invités entre eux devaient régulièrement intervenir afin de calmer l'ardeur des intervenants à mimer leurs patients. Le narrateur exprimant poliment auprès du maitre de maison ses doutes quant à la santé mentale des autres convives, ce dernier met l'accent sur le soi-disant comportement libéré des gens du Midi ainsi que sur l'alcool consommé.
Le narrateur apprend finalement que l'équipe soignante a remplacé le système de la douceur par un système beaucoup plus strict basé sur les travaux du "docteur Goudron" et du "professeur Plume". Quand, au grand étonnement des autres personnes présentes, il avoue ne pas connaitre ces travaux, on consent à lui donner plus de précisons sur les évènements récents. Un "simple" incident, selon Maillard, est survenu alors qu'une trop grande liberté avait été accordée aux patients, lors duquel ils avaient en réalité renversé l'autorité de leurs médecins et d'infirmières et usurpé pris leur place, les enfermant tels des fous. Ils étaient dirigés par un homme qui prétendait avoir inventé une meilleure méthode de traitement de la maladie mentale, et ne permettait pas la présence de visiteurs, « à l’exception, une seule fois, d’un jeune gentleman, d’une physionomie très-niaise et qui ne pouvait lui inspirer aucune défiance. Il lui permit de visiter la maison, comme pour y introduire un peu de variété et pour s’amuser de lui. Aussitôt qu’il l’eut suffisamment fait poser, il le laissa sortir et le renvoya à ses affaires. »
Alors que le narrateur demande comment l'équipe soignante avait repris le contrôle survient un important chahut se concluant par l'irruption de "monstres" se trouvant être les soignants eux-mêmes. Il devient alors évident que Monsieur Maillard, effectivement ancien directeur de l'établissement mais dont la santé mentale dégradée l'avait fait passé du côté des "fous", avait ainsi raconté pendant toute la visite ses propres exploits, qui avaient permis aux autres "fous" de profiter de la liberté et des réserves alimentaires de la maison, tout en maintenant enfermés et soumis au supplice du goudron et des plumes le personnel qui avait enfin réussi à se libérer plus d'un mois après son renversement.
Le narrateur, qui n'est autre que le « jeune gentleman d’une physionomie très-niaise », conclut le récit en admettant que, malgré tous ses efforts mis en œuvre à rechercher dans toutes les bibliothèques de l’Europe les œuvres du docteur Goudron et du professeur Plume, il n’avait pas encore pu, jusqu’à ce jour, s’en procurer un exemplaire…
Le "système de la douceur"
Monsieur Maillard décrit au narrateur ledit système : les "malades" étaient ménagés, c'est-à-dire exemptés de tout châtiment et sauf cas exceptionnel laissés libres dans l'enceinte de l'établissement, ainsi qu'encouragés dans leurs "fantaisies" afin de mieux les réduire à l'absurde, allant même jusqu'à "accuser les malades de stupidité" si ceux-ci se trouvaient en contradiction avec leurs délires poussés à l'extrême par les soignants. Par exemple, pour un homme qui se croyait poulet, le traitement consistait à lui refuser quelque temps toute autre nourriture qu'un peu de grain et de gravier. Les "fous" (parfois ainsi désignés dans le texte) avaient par ailleurs charge de se surveiller mutuellement.
Le système avait été, selon les dires du médecin, généralisé à toutes les Maisons de Santé de France avant d'être abandonné.
Quelques citations remarquables
- « Ne croyez rien de ce que vous entendez, et seulement la moitié de ce que vous voyez. »
- « Quand un fou paraît tout à fait raisonnable, il est grandement temps, croyez-moi, de lui mettre la camisole. »
Contexte historique
À l'époque où ce texte fut écrit, la prise en charge de la folie était une question éminemment politique. La population appelait à la réforme des asiles à un moment où les malades mentaux étaient traités comme des prisonniers. C'est également au cours de cette période où les acquittements avaient augmenté en raison de la notion d'irresponsabilité pénale ("insanity defense" en anglais) pour raisons psychiatriques, critiquée pour avoir permis à certains criminels d'échapper à une condamnation[1].
Publication de l'œuvre
Le manuscrit était dans les mains des éditeurs depuis plusieurs mois avant d'être finalement publié dans le numéro de Novembre 1845 de Graham's Magazine[2].
Adaptations
- Une des pièces jouées au Théâtre du Grand Guignol à Paris fut Le Système des Dr Goudron et Pr Plume (1903), adapté par André de Lorde. Maurice Tourneur en a tiré un film en 1912.
- Le film mexicain surréaliste La Mansión de la Locura (1973), en anglais The Mansion of Madness, par Juan López Moctezuma.
- Le film de S.F Brownrigg The Forgotten (1973), dont l'intrigue est vaguement inspirée de la nouvelle.
- (The System Of) Dr. Tarr and Professor Fether est la 5e piste de l'album Tales of Mystery and Imagination, par The Alan Parsons Project dont la musique est inspirée des textes d'Edgar Allan Poe.
- Le réalisateur tchèque Jan Švankmajer a basé son film Les Fous (2005) sur cette histoire, ainsi que sur une autre d'Edgar Allan Poe de 1844 L'enterrement prématuré et les travaux du marquis de Sade.
Références
- ISBN 0-7910-6173-6 Cleman, John. "Irresistible Impulses: Edgar Allan Poe and the Insanity Defense", dans la collection Bloom's BioCritiques: Edgar Allan Poe, édité par Harold Bloom. Philadelphia: Chelsea House Publishers, 2001. p. 66-7
- ISBN 0801857309 Quinn, Arthur Hobson. Edgar Allan Poe: A Critical Biobraphy. Baltimore: The Johns Hopkins University Press, 1998. p. 469.
Lien externe
- Texte original intégral sur PoeStories.com avec liens hypertexte pour le vocabulaire utilisé.
Catégories :- Nouvelle d'Edgar Allan Poe
- Nouvelle parue en 1845
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