- Famille Cavaillé-Coll
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La famille Cavaillé-Coll est une célèbre « dynastie » française de facteurs d'orgues.
Sommaire
Origine de la dynastie
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L'origine des Cavaillé est à Gaillac dans le Tarn et remonte à 1700, environ. L'ancêtre, Jean-Pierre Cavaillé, est tisserand, fabricant de serge, et père de quatre enfants, trois garçons (dont les deux plus jeunes entreront chez les dominicains), et une fille :
- L'aîné, Gabriel, est tisserand. Il meurt à 46 ans, en laissant plusieurs enfants, dont Jean-Pierre ;
- La fille, Françoise, se marie ;
- Le cadet, Pierre, devient l'apothicaire du couvent ;
- Le dernier, Joseph, apprend la facture d'orgue auprès du frère Isnard.
Principales personnalités
Jean-Pierre Cavaillé
Jean-Pierre Cavaillé naît le 11 octobre 1743. Il apprend le métier de facteur d'orgue en travaillant avec son oncle Joseph, le moine. Tous deux travaillent aux instruments de Notre-Dame-de-la-Réal à Perpignan, à Vinça (1754), à l'église Saint-Michel de Gaillac (1755), puis Jean-Pierre se rend en Espagne pour construire les orgues des églises de La Mercè et de Sainte-Catherine à Barcelone.
Jean-Pierre se marie le 12 février 1767 en l'église de Santa Maria del Mar de Barcelone avec une Espagnole, María Francisca Coll, fille d'un fabricant de soieries. De cette union naît en 1771 à Toulouse Dominique-Hyacinthe. Suivant la tradition espagnole, le nom de la mère est ajouté à celui du père. Dominique devient donc le premier Cavaillé-Coll.
On peut signaler que le bénédictin et célèbre facteur, Dom Bedos de Celles, conseilla parfois Jean-Pierre Cavaillé.
Ce dernier construira les instruments suivants :
- positif de l'orgue de l'église Saint-Nazaire de Carcassonne (1772)
- orgue de l'église Saint-Michel de Castelnaudary
- orgue de l'église de Montréal de l'Aude (1781-1785)
- orgue de l'église de l'abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert (1785-1789).
Jean-Pierre apprend le métier à son fils et tous deux font plusieurs déplacements en Espagne, à Santa Maria del Mar de Barcelone, Vic, Tortosa. C'est sur le point de rentrer définitivement en France que Jean-Pierre décède, en 1808 à Llançà en Catalogne.
Dominique-Hyacinthe Cavaillé-Coll
En 1785, il travaille avec son père à la réfection de l'orgue de la collégiale Saint-Vincent à Montréal (Aude).
En 1788, il passe en Catalogne espagnole où il construit l'orgue de la collégiale de Puigcerda. En 1789, son père Jean-Pierre le rejoint à Barcelone où toute la famille s'établit, fuyant la Révolution. Ils réaliseront notamment les orgues de Sant Joan de las Abadesses, de la Mercè à Barcelone, de la cathédrale de Vic, et de Castelló d'Empúries.
Puis les relations se tendant entre la France napoléonienne et l'Espagne, en 1807 il rentre en France, s'engage au 5e bataillon de l'Hérault où il est nommé officier et s'installe à Montpellier. En 1808 il relève l'orgue de l'Église Saint-Paul de Beaucaire où il rencontre sa future épouse Jeanne Autard avec qui il se marie en1810. Cette union régularise une situation, le couple ayant déjà un fils, Vincent, né le 8 octobre 1808, Aristide arrivant en 1811.
Dominique construit des instruments dans la région de Montpellier, puis vient se fixer à Toulouse.
Aristide Cavaillé-Coll
Aristide Cavaillé-Coll (4 février 1811-13 octobre 1899) deviendra l'un des plus grands facteurs d'orgue du XIXe siècle.
Né à Montpellier (Hérault), dans une famille de facteurs d'orgues, c'est tout naturellement et très tôt qu'il fait son apprentissage dans cette profession. Associé à son père et à son frère Vincent, il vit à Toulouse mais les chantiers se font rares. En 1833, il « monte » à Paris, à la demande de Rossini qui a besoin d'un petit orgue pour la représentation d'un opéra. Il se fait connaître en remportant le concours ouvert pour la construction d'un grand orgue à l'abbaye royale de Saint-Denis, avec l'appui des membres de la commission : Boieldieu, Cherubini, Lesueur. Cet instrument colossal comporte, en germe, tout le génie du jeune facteur : emploi de machines Barker afin de soulager le jeu de l'organiste, jeux harmoniques, récit expressif, pressions multiples, plans sonores pensés non plus en opposition mais par masses venant composer un tutti puissant. Cette brillante réussite, terminée en 1841, marque le point de départ d'une éblouissante carrière.
Avec l'aide de son père et de son frère, il construit par la suite les orgues de nombreuses églises à Paris comme en province. Après Saint-Denis, les plus prestigieuses paroisses de la capitale font appel à son talent. Il réalise ainsi les instruments de :
- (1838) église Notre-Dame-de-Lorette (47 jeux) ;
- (1842) église Saint-Roch de Paris (49 jeux) ;
- (1846) église de la Madeleine (48 jeux) ;
- (1852) église Saint-Vincent-de-Paul de Paris (48 jeux) ;
- (1852) église Saint-Thomas d'Aquin de Paris. Installé en 1863 dans l'église Notre-Dame-de-Recouvrance d'Orléans (14 jeux) ;
- (1853) Panthéon de Paris (8 pieds de deux claviers-pédalier et de 21 jeux) ;
- (1859) basilique Sainte-Clotilde (46 jeux) ;
- (1862) église Saint-Sulpice (100 jeux, alors le plus grand orgue de France) ;
- (1868) cathédrale Notre-Dame de Paris (86 jeux) ;
- (1868) église de la Sainte-Trinité de Paris (46 jeux) ;
- (1871) Remaniment de l'orgue de la chapelle du château de Versailles ;
- (1874) église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant (26 jeux) ;
- (1878) Exposition universelle, palais du Trocadéro (64 jeux).
Il est aussi l'auteur des travaux suivants :
- (1837) Orleans, orgue de chœur provisoire à la cathédrale Sainte-Croix, puis orgue définitif en 1846 ;
- (1848) Nîmes, église Saint-Paul ;
- (1849) Ajaccio, cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption (44 jeux) ;
- (1853) Saint-Omer (49 jeux) ;
- (1853) Pézenas (Hérault), collégiale Saint Jean, reconstruction dans le buffet de J.F. Lépine (38 jeux) ;
- (1857-1861) Nancy, cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation (65 jeux sur 4 claviers) ;
- (1857) Luçon, cathédrale Notre-Dame de l'Assomption (4 claviers/pédalier, 54 jeux) ;
- (1857) Saint-Servan, église Sainte-Croix (orgue de chœur, 2 claviers/pédalier, 15 jeux) ;
- (1858) Poligny, collégiale Saint-Hippolyte ;
- (1860) Belley, cathédrale Saint-Jean-Baptiste (26 jeux) ;
- (1861) Castelnaudary, reconstruction de l'orgue Jean-Pierre Cavaillé (38 jeux) ;
- (1862) Bayeux (43 jeux) ;
- (1864) La Grand-Combe, église de l'Immaculé-Conception ;
- (1866) Rabastens (Tarn), église Notre-Dame-du-Bourg, (20 jeux), modification de l'orgue par Costa (ajout d'un jeu de soubasse à la pédale entre autres) ;
- (1868) Épernay (43 jeux) ;
- (1868) Marseille, église Saint-Joseph (43 jeux) ;
- (1869) Villefranche-sur-Saône, chapelle du lycée Notre-Dame de Mongré (25 jeux) ;
- (1870) Trouville-sur-Mer, église Notre-Dame-des-Victoires (16 jeux), agrandi à 21 jeux par Charles Mutin en 1899 ;
- (1874) Lisieux, cathédrale Saint-Pierre (opus 389/384, 3 clavier/pédalier, 46 jeux) ;
- (1874) Rennes, cathédrale Saint-Pierre (opus 366/355, 3 claviers/pédalier, 46 jeux, buffet de A. Simil) ;
- (1876) Lavaur, cathédrale Saint-Alain (32 jeux) ;
- (1880) Lyon, église Saint-François-de-Sales (45 jeux) ;
- (1880) Orléans, cathédrale Sainte-Croix (54 jeux) ;
- (1884-1885) Saint-Servan, église Sainte-Croix, orgue de tribune (3 claviers/pédalier 37 jeux) ;
1884:Notre Dame d'Auteuil( 53 jeux);
- (1885) Caen, église Saint-Étienne (51 jeux) ;
- (1889) Nancy, église Saint-Léon (remplacé en 1975 par un orgue Gonzales) ;
- (1889) Toulouse, modification de l'orgue Daublaine Callinet de la basilique Saint-Sernin (54 jeux) (La Symphonie Romane de Charles-Marie Widor lui est dédiée) ;
- (1890) Rouen, abbatiale Saint-Ouen, reconstruction de l'orgue Crespin Carlier 1630 dans le buffet d'origine (Les quatre claviers (64 jeux) de cette superbe abbatiale inspire encore à Charles-Marie Widor sa Symphonie gothique n° 9 dédiée à cet instrument) ;
- (1897) Vimoutiers, église Notre-Dame (48 jeux), terminé par Charles Mutin, et inauguré en 1900.
Il réalise également de nombreux orgues à l'étranger, tel celui de l'église Saint-Nicolas à Gand en Belgique (1856) et de la cathédrale de Saint-Sébastien en Espagne (1863, 44 jeux) ainsi que bien d'autres en Pays Basque espagnol. En Europe du Nord, il crée ceux du palais de l'Industrie d'Amsterdam aux Pays-Bas (1875, 46 jeux) et du conservatoire de Bruxelles en Belgique (1880, 44 jeux).
Celui de l'abbaye Saint-Michel dans le sud de l'Angleterre (abbaye que l'impératrice Eugénie a fait construire pour abriter les tombeaux de son mari Napoléon III et de son fils) lui est attribué (ce que sa qualité semble confirmer) quoique construit juste après sa mort et peut être l'œuvre de son gendre.
D'autres pays, encore, font appel à son talent incomparable. Sa production avoisine les 500 instruments, toutes tailles confondues.
La petite histoire attribue à Aristide l'invention de la scie circulaire.
Il meurt à Paris, où il est enterré au cimetière du Montparnasse.
L'astéroïde 5184 Cavaillé-Coll découvert en 1990 par Eric Walter Elst de l'observatoire royal de belgique a été nommé en son honneur.
Bibliographie
- Henri de Rohan-Csermak, Aristide Cavaillé-Coll, Le Pérégrinateur, Toulouse, coll. « L'esprit Curieux », 1999 (ISBN 2-910352-22-6)
- François Turellier, Les orgues et les organistes de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans. Leur place à l'église et dans la ville, des origines jusqu'aux travaux d'Aristide Cavaillé-Coll, in : "L'Orgue", Revue trimestrielle publiée par l'Association des Amis de l'Orgue en coédition avec Symétrie, N° 291, Versailles, Lyon, 2010-III, pp. 3-33.
- Ariam / Île-de-France, Orgues de l'Île-de-France. Inventaire réalisé sous la direction de Pierre Dumoulin : Tome IV - Inventaire des Orgues de Paris, Première Partie, Paris, Aux Amateurs de Livres, 1992 ; Tome V - Inventaire des Orgues de Paris, Deuxième Partie, Paris, Klincksieck, 1995 ; Tome VI - Inventaire des Orgues de Paris, Troisième Partie, Paris, Klincksieck, 1997.
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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