- Grand collier de la Légion d'honneur
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Article principal : Légion d'honneur.
Grand collier
de la Légion d'honneurGrand collier de la Légion d’honneur
(Type Premier Empire)Décerné par France Type Distinction non-statutaire de la Légion d'honneur Éligibilité Signe distinctif du grand maître de l'ordre Décerné pour Le président de
la République françaiseStatut Toujours décerné Suivant (inférieur) Grand-croix Le grand collier de la Légion d'honneur est une décoration française. Distinction non-statutaire de la Légion d'honneur créée par Napoléon Ier, oubliée sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, le grand collier est depuis le Second Empire le signe distinctif du grand maître de l'ordre : le chef de l'État.
Sommaire
Historique
Dominique-Vivant Denon proposa à Napoléon Ier, le 5 prairial an XII (25 mai 1804), un modèle de collier destiné aux grands officiers ou à l'ornement des armoiries impériales, formé d’une alternance d’enseignes romaines – vexilla en latin – surmontées d'une aigle, et de trophées évoquant les disciplines d’excellence des membres de la Légion d'honneur. Ce collier entoura le blason de l’Empire diffusé dès août 1804 et fut repris dans la version définitive du contre-sceau de l’État fixée par décret le 16 pluviôse an XIII (5 février 1805).
Sans qu'aucun décret ne soit venu l'officialiser, le grand collier, imaginé par Dominique-Vivant Denon et réalisé par l’orfèvre Martin-Guillaume Biennais, apparut pour la première fois le 2 décembre 1804 lors de la cérémonie du sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame-de-Paris. De ce collier d'or émaillé formé de 16 aigles attachées ensemble par de doubles anneaux d'or, il n'existe plus que la description par son fabricant, l'orfèvre, et des représentations iconographiques. Il fut certainement fondu pour fabriquer un collier d'un modèle différent.
De fait, dès le début de 1805, l'Empereur commanda à Biennais la réalisation d'un collier dit du « second type », composé de seize médaillons symbolisant les disciplines d'excellence des membres de la Légion d'honneur, et de seize aigles symbolisant les cohortes, unités territoriales administratives de l'institution, le tout bordé d'une double chaînette alternant abeilles et étoiles, éléments majeurs de la symbolique napoléonienne.
Il n’était pas statutaire : Sa Majesté impériale et royale fit fabriquer plusieurs exemplaires de ce bijou et le distribua à son bon vouloir aux princes et grands dignitaires de l'Empire français. Sa symbolique illustrait les activités d’excellence de la Nation.
Napoléon se fit également réaliser au début de 1805 par le joaillier Marguerite un collier du second modèle garni de diamants. Démonté sous la Restauration, il ne reste plus de ce bijou que le mémoire de fourniture et des représentations iconographiques, dont la plus célèbre est le portrait de Napoléon Ier sur son trône peint par Dominique Ingres.
Appelé à être décoré du grand collier, Cambacérès demanda à Biennais de lui fabriquer sa décoration. Biennais exécuta un calque (voir ci-contre) conservé aujourd'hui à l'université Kokagakuin au Japon. Le 10 février, l'empereur lui remit sa décoration au cours d'une cérémonie officielle au palais des Tuileries, où fut également promu le prince Borghèse.
Tombé en désuétude sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, le collier réapparut sous le Second Empire. En 1852, Napoléon III « s'appropria » le grand collier de la Légion d'honneur (modèle second type du Premier Empire) ainsi que les regalia de son oncle.
En 1881, alors que la IIIe République, en place depuis le 4 septembre 1870, organisait ses fastes, l'idée d'un collier de la Légion d'honneur, attribut du grand maître à porter sur l'habit, se fit jour. Le dessin original d'un nouveau collier, dérivé du « 2e modèle Empire » fut approuvé par le Président Grévy. L'exécution du projet fut confiée à la maison Lemoine et Fils. Chaque médaillon du bijou porte au revers le nom d'un président de la IIIe République, de Adolphe Thiers à Charles de Gaulle (comme chef du Gouvernement provisoire de la République française). Le dernier président à l'avoir reçu est Vincent Auriol, en 1947, première année de son mandat. Son nom n'y fut pas gravé, tous les maillons étant occupés. Ce collier fut remplacé en 1953.
En 1953, à l’initiative du Musée de la Légion d'honneur, la maison Arthus-Bertrand, « fournisseur attitré de la Grande chancellerie et successeur de la Maison Le Moyne », réalisa un nouveau collier sur des dessins du ferronnier d'art Raymond Subes et de l'architecte et décorateur André Arbus.
Il fallut attendre le Code de la Légion d'honneur de 1962 pour le voir cité officiellement par un texte comme insigne du grand maître.
Aujourd'hui, la présentation de ce collier par le grand chancelier de l'ordre, actuellement le général d'armée Jean-Louis Georgelin, marque symboliquement la première étape de la cérémonie d'investiture du président élu qui se déroule après la passation des pouvoirs.
Lors de la cérémonie d'investiture, le président de la République acquiert la qualité de grand maître par le grand chancelier de l'ordre qui prononce :
« Monsieur le président de la République, nous vous reconnaissons comme grand maître de l'ordre national de la Légion d'Honneur. »
Jusqu'à Georges Pompidou, les présidents de la République portèrent le collier sur l'habit. Depuis, Valéry Giscard d'Estaing simplifia le cérémonial. Le collier n'est plus porté : il est présenté sur un coussin rouge par le grand chancelier au président de la République. Le collier est ensuite déposé au Musée de la Légion d'honneur, où il est conservé. Procès verbal est dressé.
Quatre exemplaires sont visibles au musée de la Légion d'honneur : celui du maréchal Berthier (« modèle Premier Empire 2e type ») donné par le prince de La Tour d'Auvergne-Lauraguais en 1962, celui donné à l'État par le prince Napoléon en 1979 (« modèle Premier Empire 2e type »), celui de la IIIe République, datant de 1881 et enfin le collier « modèle 1953 » utilisé lors de la cérémonie d'investiture. De son côté le musée de l’Armée conserve le collier de Napoléon donné par Joseph Bonaparte aux Invalides en 1843.
Attributions
Sous le Premier Empire
Selon les usages de l'Ancien Régime (ordre de Saint-Michel, ordre du Saint-Esprit, etc...) le port du collier était réservé à une élite et non au seul grand maître.
L'Empereur attribua une quinzaine de colliers : il fut offert au roi de Rome, aux princes français de la famille impériale (Joseph, Louis, Jérôme et au cardinal Fesch, oncle de l'Empereur). Les princes adoptifs ou par alliance le reçurent également : Eugène de Beauharnais, Joachim Murat, Camille Borghèse et Félix Baciocchi. Les seuls autres bénéficiaires furent les grands dignitaires de l'Empire français Cambacérès, Lebrun, ainsi que Talleyrand et Berthier.
Depuis le XXe siècle
Modifié et modernisé au cours des IIIe, IVe et Ve Républiques, le grand collier est depuis le Second Empire uniquement réservé au chef de l'État (empereur, puis président de la République), grand maître de l'ordre.
Description
Les colliers de Napoléon
Le dessin dû à Galy (qui ne fut jamais réalisé), présentait en ligne descendante seize vexilla portant en chiffres romains les numéros des seize cohortes de la Légion séparés par des insignes scientifiques, artistiques, culturels ou militaires symbolisant les activités de la France.
Il y en eut, sous le Premier Empire, sans tenir compte de variantes en soi minimes, deux types essentiellement différents dont le premier servit incontestablement lors du sacre (voir les tableaux de Napoléon en costume du sacre par Robert Lefèvre et le baron Gérard). Par la suite, les princes de la famille impériale, Cambacérès et Talleyrand firent frappés les mêmes colliers dans le bronze. Aucun de ces colliers ne subsiste.
- Premier type : L'orfèvre Martin-Guillaume Biennais le décrivait ainsi : « Il est composé de seize grands aigles les ailles ouvertes, et tenant dans leurs serres un foudre, ayant suspendues à leurs cous, la croix d’honneur en or émaillé avec les numéros des cohortes. Les dits aigles sont attachés ensemble par de doubles anneaux d’or et se réunissent au milieu à une couronne de laurier au milieu de laquelle est la lettre N surmontée d’une couronne impériale, et au bas des-quels est suspendu la grande croix d’honneur émaillée et ciselée avec le portrait de S. M. l’Empereur d’un côté et de l’autre un aigle impérial posé sur un foudre le tout en or et ciselé […]. »
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François Gérard, Napoléon Ier en costume du sacre, 1805
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Portrait de Napoléon en costume du sacre, Robert Lefèvre.
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Portrait de Napoléon en costume du sacre, Robert Lefèvre, 1807.
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Portrait de Napoléon en costume du sacre, Robert Lefèvre, 1811.
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Portrait de Napoléon en costume du sacre, gravure au trait tirée du Pausanias français d'après le tableau de Robert Lefèvre exposé au Salon de 1806 en même temps que celui d'Ingres.
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- Nous connaissons, par des tableaux, la même version de ce modèle enrichie de diamants :
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Jean Auguste Dominique Ingres : Napoléon sur le trône impérial, 1806
- Deuxième type : Les aigles en ligne descendante, comme on peut les admirer sur le collier qui repose dans la crypte des Invalides, les attributs des Lettres, Sciences et Arts, placés à l'intérieur d'un médaillon détouré dont la couronne de lauriers est émaillée au naturel, sont reliés entre eux par des aigles au vol abaissé empiétant un foudre. Ils sont cravatés de rouge avec une étoile émaillée de blanc portant au centre les numéros des seize cohortes. Comme précédemment, les aigles ont la tête tournée vers l'intérieur du collier, donc tantôt normales tantôt contournées. Leur chaîne est bordée à l'intérieur comme à l'extérieur par de petites étoiles à cinq rais entourées d'un anneau, alternant avec des médaillons oblongs qui présentent en relief un autre symbole impérial : l'abeille. Le motif central est constitué par un vaste « N » entouré de deux couronnes de palmes et de lauriers concentriques, avec en bout une grande étoile surmontée d'une couronne à aigles contournées.
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Statue de Napoléon Ier aux Invalides.
Le collier de la IIIe République
À porter sur l'habit, le bijou comprend 16 médaillons illustrant les activités de la Nation, alternant avec seize monogrammes « HP » stylisés. Chaque médaillon porte au revers le nom d'un président de la IIIe République.
Article connexe : Armoiries de la France#Emblèmes officieux.Le collier de 1953
Le collier actuel est en or massif travaillé en partie en surface mate, partie en surface brillante. Il est composé de seize maillons (en souvenir des seize cohortes de la Légion), de forme rectangulaire, en or formant une chaîne. Les médaillons symbolisent les activités de la Nation, adaptées aux temps modernes. Le motif central de la chaîne est constitué par le monogramme « HP » (Honneur et Patrie, devise de l'ordre). À ce motif est suspendue par une bélière de feuilles de chêne et de laurier la croix de grand-maître, similaire à celle de grand-croix mais d'un diamètre supérieur, 81 mm. L'ensemble pèse 950 grammes.
Chaque médaillon porte les attributs des symboles de l'ordre et activités de la Nation, de gauche à droite en partant de la croix :
- Infanterie (deux fusils croisés) ;
- Marine (une ancre) ;
- Blindés (une tête de cheval) ;
- Industrie et Commerce (le dieu Mercure) ;
- Histoire et Géographie (une mappemonde sur un livre) ;
- Musique et Peinture (une lyre et une palette) ;
- Sciences (une chouette) ;
- Architecture et Sculpture (une chouette) ;
- Œuvres sociales (une main posée sur la tête d'un enfant) ;
- Littérature (un livre et une plume) ;
- Médecine et Chirurgie (un caducée) ;
- Agriculture (une faucille et un épi) ;
- Union Française (deux mains serrées) ;
- Télécommunications (un radar) ;
- Aviation (un oiseau) ;
- Artillerie (une grenade).
Au revers, on retrouve gravés les noms des grands maîtres avec les dates de prise et cessation de fonction. Le onzième maillon, au dos duquel fut le nom de Nicolas Sarkozy, représente la marine alors que les deux maillons de Jacques Chirac concernent l'artillerie et l'infanterie, ceux de François Mitterrand, les télécommunications et l'aviation ou ceux de Charles de Gaulle la littérature et la médecine.
Le collier actuel crée au début de la IVe République a été porté par les présidents de la République française qui se sont succédé après la Seconde Guerre mondiale :
- Vincent Auriol (1er décembre 1953),
- René Coty,
- Charles de Gaulle (deux fois),
- Georges Pompidou,
- Valéry Giscard d'Estaing,
- François Mitterrand (deux fois),
- Jacques Chirac (deux fois),
- Nicolas Sarkozy.
Il reste donc encore cinq maillons vierges. Si l'histoire suit son cours normal, le collier doit pouvoir être utilisé jusqu'en 2037.
Récipiendaires du grand collier
Nom Portrait Armoiries Napoléon Ier,
Grand-maître
et fondateur de l'ordre, empereur des français......et roi d'Italie Napoléon II Joseph Bonaparte Le grand collier de la Légion d'honneur n'apparaissait pas sur les armoiries de Joseph Bonaparte Louis Bonaparte Le grand collier de la Légion d'honneur n'apparaissait pas sur les armoiries de Louis Bonaparte Jérôme Bonaparte Joseph Fesch [1] Eugène de Beauharnais Joachim Murat Camille Borghèse Félix Baciocchi Jean-Jacques-Régis de Cambacérès Charles-François Lebrun Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord Louis-Alexandre Berthier En 1852, Napoléon III « s'appropria » le grand collier de la Légion d'honneur ainsi que les regalia de son oncle. Napoléon III
Depuis 1881, le grand collier est le signe distinctif des grands maîtres de l'ordre de la Légion d'honneur.
Grand Maître Date de nomination comme
Grand maître de
l'ordre de la Légion d'honneurJules Grévy 30 janvier 1879[2] Sadi Carnot 3 décembre 1887 Jean Casimir-Perier 27 juin 1894 Félix Faure 17 janvier 1895 Émile Loubet 18 février 1899 Armand Fallières 18 février 1906 Raymond Poincaré 18 février 1913 Paul Deschanel 18 février 1920 Alexandre Millerand 23 septembre 1920 Gaston Doumergue 13 juin 1924 Paul Doumer 13 juin 1931 Albert Lebrun 10 mai 1932 Philippe Pétain 10 juillet 1940 Vincent Auriol 16 janvier 1947 René Coty 16 janvier 1954 Charles de Gaulle 8 janvier 1959 Georges Pompidou 20 juin 1969 Valéry Giscard d'Estaing 27 mai 1974 François Mitterrand 21 mai 1981 Jacques Chirac 17 mai 1995 Nicolas Sarkozy 16 mai 2007 Notes et références
- Les statuts de l'ordre précisent que les personnalités ecclésiastiques doivent porter l'ordre en sautoir.
- Décoré du grand collier en 1881.
Bibliographie
- (sous la direction de) Anne de Chefdebien, Grands colliers, l'orfèvrerie au service d'un idéal, Châtellerault, Musée national de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie, 1997, 126 p. (ISBN 2-910575-00-4), p. 23-45
- François Frédéric Steenackers, Histoire des ordres de chevalerie et des distinctions honorifiques en France, Librairie internationale, 1867, 375 p. [lire en ligne (page consultée le 29 déc. 2009)] ;
- Jean Daniel, La Légion d’honneur, édition A. Bonne ;
- Jean Rollet, Revue du Souvenir napoléonien n°268, pages 13 à 18, 1973 ;
- Anne de Chefdebien, Bertrand Galimard Flavigny, La Légion d'honneur, un ordre au service de la Nation, Découvertes Gallimard,
Liens externes
- La Légion d'honneur sur www.farac.org ;
- Les insignes de la Légion d'honneur sur www.napoleon.org ;
- Le collier de grand maître de la Légion d'honneur gravé au nom de Sarkozy sur www.ladepeche.fr ;
- La légion d'honneur sur www.musee-legiondhonneur.fr ;
- Le collier sur www.musee-legiondhonneur.fr ;
- La légion d'honneur sur www.crdp-reims.fr ;
- www.cambaceres.fr
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