- Ordre des Trois-Toisons d'Or
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Ordre des Trois-Toisons d'Or Projet d’insigne de l’ordre des Trois Toisons d’or Décerné par Empire français Type Ordre honorifique comportant 3 grades Décerné pour Mérite militaire et civil Statut Jamais décerné Priorité Suivant (supérieur) Légion d'honneur Équivalent Destiné à fusionner les Ordres autrichien et espagnol de la Toison d'Or
( Empire d’Autriche)
( Royaume d'Espagne (1808-1813))Ruban de l'Ordre L'Ordre des Trois-Toisons d'Or est un ordre honorifique institué par Napoléon Ier à partir de Schönbrunn par lettres patentes[1],[2] du 15 août 1809. Il n'a jamais été distribué, et a été dissous par Napoléon le 27 septembre 1813.
Sommaire
Institution
Après avoir placé son frère Joseph sur le trône d'Espagne le 6 juillet 1808 à Madrid, et vaincu l’Autriche à Wagram le 6 juillet 1809, Napoléon a l'idée de fusionner les deux Ordres de la Toison d'Or, l'espagnol, et l'autrichien, en y ajoutant une branche française.
La dotation de l'Ordre fut constituée à partir de certains domaines pris dans les États de Rome et des mines d'Idrija (en italien : Idria)[3]. Les titulaires devaient pouvoir percevoir une rente :
- 4 000 francs pour les Commandeurs ;
- 1 000 francs pour les Chevaliers.
On avait déjà dressé l’état des corps qui avaient participé aux grandes batailles de la Grande Armée, commandée par S. M. l’Empereur et roi en personne. Tout le travail était prêt, et les promotions allaient commencer, lorsque le mariage de Napoléon avec l’archiduchesse Marie-Louise fit renoncer à l’établissement d’un ordre qui aurait contrarié le beau-père[4]. La signature du Traité de Schönbrunn le 14 octobre 1809, mettant un terme à la cinquième coalition, et plus encore son mariage avec Marie-Louise d'Autriche en 1810, amène Napoléon à vouloir ménager son beau-père François Ier, empereur d'Autriche, qui est farouchement opposé à la dissolution de l'ordre autrichien.
En France Napoléon rencontre également l'opposition des membres de la Légion d'honneur, craignant la dévalorisation de leur décoration.
L'Empereur prononce la dissolution de cet Ordre mort-né le 27 septembre 1813 et la réunion de ces biens à ceux de la Légion d'honneur.
« Le comte Andréossi perdit alors son titre de grand chancellier, et moi celui de secrétaire général, qui m’avait été promis. Mais en 1814, Napoléon n’avait plus à ménager son beau-père, et le général Andréossi reprit à Constantinople le titre d’un ordre qui, sans la chute de l’Empire, aurait été organisé. »
— V-VE[4].
Organisation
L'ordre est dirigé par un conseil composé :
- du Grand maître : Napoléon ;
- du Grand chancelier : Bernard Germain de Lacépède, grand chancelier de la Légion d'honneur depuis le 14 août 1803, nommé grand chancelier à titre provisoire[5]. Celui-ci ne sera remplacé que le 14 octobre 1810 par le Général Andreossy.
- du Grand trésorier : Schimmelpenninck ;
- y participe aussi Berthier, major général de l'armée[6].
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François-Andréossi, comte de l'Empire, né le 7 mars 1761 à Castelnaudary, estampe de Joseph Eymar, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, Rueil-Malmaison.
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Rutger Jan Schimmelpenninck (1761-1825), par Charles Howard Hodges
Rangs et Compositions
Il devait être composé au maximum de :
- 100 Grands Chevaliers ;
- 400 Commandeurs ;
- 1000 Chevaliers.
Bénéficiaires
L’Ordre impérial des Trois Toisons d’Or devait récompenser :
- Les soldats les plus méritants ;
- Les aigles surmontant les drapeaux et étendards des régiments ayant participés aux huit plus grandes batailles d'Ulm à Wagram[réf. à confirmer] [7] ;
- Les « Princes du sang » ;
- Les grands dignitaires de l'Empire ;
- Les présidents du Sénat ;
- Les ministres ;
- Les ministres d'État.
Selon le général Oudinot, cet ordre avait surtout pour but de récompenser l'ancienneté des services militaires, auxquels aurait cependant manqué l'occasion de se distinguer par des actions d'éclat[8].
Éligibilité
Exception faite des princes, des grands dignitaires de l’Empire, du président du Sénat, des ministres et des ministres d’État, l’Ordre ne devait être attribué qu’en période de guerre aux soldats les plus méritants.
- Le Prince impérial seul a de droit la décoration en naissant : les « Princes du sang » ne peuvent la recevoir qu'après avoir fait une campagne de guerre, ou avoir servi pendant deux ans.
- Les grands dignitaires et les ministres peuvent être admis dans l'Ordre des Trois-Toisons d'Or lorsqu'ils ont conservé leur portefeuille pendant dix ans ;
- Les ministres d'État peuvent être admis dans l'Ordre après vingt ans d'exercice
- Les présidents du Sénat, lorsqu'ils ont présidé le Sénat pendant trois années.
- Les descendants directs des maréchaux qui ont commandé les corps de la Grande Armée, pourront être admis dans cet Ordre lorsqu'ils se seront distingués dans la carrière qu'ils auront embrassée.
- Aucune autre personne que celles ci-dessus désignées, ne peut y être admise, si elle n'a fait la guerre et reçu trois blessures.
Pour être Grand Chevalier, il faut avoir commandé en chef, soit dans une bataille rangée, soit dans un siège, soit un corps d'armée, dans une armée impériale dite « la Grande Armée ».
- Une décoration de Commandeur sera donnée à celui des capitaines, lieutenants ou sous-lieutenants de chaque régiment ayant fait partie de la Grande Armée, qui sera désigné comme le plus brave dans le régiment.
- Une décoration de Chevalier sera donnée au sous-officier ou soldat de chacun de ces régiments, ayant reçu au combat trois blessures au moins et qui sera également désigné comme le plus brave du régiment. « Nous nous réservons toutefois d'admettre dans l'ordre des trois toisons d'or, les militaires qui n'ayant pas reçu trois blessures, se seroient distingués soit en détendant leur aigle, soit en arrivant des premiers à la brèche, soit en passant des premiers sur un pont, ou qui auroit fait toute autre action d'éclat constatée.[9] »
La nomination des Commandeurs ou Chevaliers des régiments sera faite par l'Empereur, sur la présentation qui sera adressée, cachetée, au grand chancelier de l'Ordre par le colonel, et concurremment par chacun des chefs de bataillon pour les régimens d'infanterie. L'Empereur prononcera sur ces présentation à la réunion des grands chevaliers de l'Ordre, qui aura lieu chaque année le 15 août, jour où toutes les promotions seront publiées.
Une lettre du général Compans, datée du 29 septembre 1809, en explique le principe :
« Le général réunira les colonels et les chefs de bataillon et leur fera faire séparément la présentation d’un capitaine, d’un lieutenant, d’un sous-lieutenant pour Commandeur et d’un sous-officier ou soldat pour Chevalier. Ces présentations seront faites secrètement et cachetées par les colonels et les chefs de bataillon et adressées directement au Grand chancelier. Le général de son côté effectuera une semblable proposition sans communiquer, sur le choix, avec les colonels et les chefs de bataillon et l’enverra cacheté au Grand chancelier. »
Il est à noter que les commandeurs et les chevaliers ne pouvaient plus quitter leur régiment, « et devaient mourir sous les drapeaux[4] ».
Des chevaliers potentiels
- Au mois de juin 1811, le général de brigade François Goullus sollicita son admission dans l'ordre des Trois-Toisons-d'Or, et sa demande, favorablement accueillie, fut renvoyée au grand chancelier.
- Le chef d'escadron Jean-François Jacqueminot fut proposé et prêta serment.
L'insigne
Le baron Lejeune avait réalisé un dessin de l’insigne selon les desiderata de Napoléon, qui stipulait :
« Sera mon aigle aux ailes déployées, tenant suspendue dans chacune de ses serres une des toisons antiques qu’elle a enlevées et elle montrera fièrement en l’air, dans son bec, la toison que j’institue. »
Si plusieurs médaillistes et joailliers réalisèrent des modèles ; c’est celui du fabricant Coudray[10] qui fut choisi par le Conseil d’administration de l’Ordre et présenté à l’Empereur. Rappelant dans ses grandes lignes le pendentif de l'Ordre de la Toison d'Or, l'insigne définitif, double face, en or, représentait trois dépouilles de bélier suspendues à un motif central comportant une pierre bleue de laquelle partaient de chaque côté des étincelles orangées. Ce motif était surmonté par un aigle couronné et aux ailes déployés[11].
La décoration devait se porter en sautoir par les Grands Chevaliers, et à la boutonnière par les Commandeurs et les Chevaliers[12].
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Projets de plaque de Grand Chevalier de l'Ordre des Trois-Toisons d’or, Musée de la Légion d'honneur
Ruban
L'insigne était supendu à un ruban rouge avec de chaque côté deux raies dorées à 2 mm du bord.
Uniforme
Un uniforme, avec cuirasse d’or et casque, devait être porté par les membres de l’Ordre des Trois Toisons d’Or[3].
Annexes
Bibliographie
- Testu, Almanach impérial pour l'année 1810 : présenté à S.M. l'Empereur et Roi par Testu, Paris, Testu, 1810 [lire en ligne] ;
- Jean Joseph Taurignac, L'ordre impérial des Trois toisons d'or, J. Leroy, 1907, 198 p. [lire en ligne] ;
- Étienne Alexandre Bardin, Mémorial de l'officier d'infanterie, vol. 1, Magimel, 1813, 2e éd. [lire en ligne] ;
- Aristide-Michel Perrot, Collection historique des ordres de chevalerie civils et militaires : existant chez les differens peuples du monde : suivie d'un tableau chronologique des ordres éteints, A. André, 1820, 294 p. [lire en ligne] ;
Notes et références
- Almanach impérial pour l'année 1810
« Décrets Impériaux.
En notre camp impérial de Schœnbrunn, le 15 Août 1809.
Napoléon par la grâce de Dieu et par les constitutions, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, etc. etc,
Voulant donner à notre grande-armée une preuve toute particulière de notre satisfaction,
Nous avons résolu de créer, comme nons créons par les présentes lettres-patentes, un ordre qui portera le nom, d'ordre de Trois Toisons d'Or. »- Source
- Lewis Goldsmith, Recueil de décrets, ordonnances, traités de paix, manifestes, proclamations, discours etc, etc, de Napoléon Bonaparte : Contenant les pièces des années 1807, 1808, et 1809, 1813 [lire en ligne]
- www.france-phaleristique.com, Ordre des Trois-Toisons d'Or - 15 août 1809 -. Consulté le 4 février 2011
- Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : Histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes., t. 1, 1843 [lire en ligne]
- comte de Lacépède,
Grand chancelier de la Légion d'honneur, à Paris.
Schœnbrunn, 24 septembre 1809.« Vous recevrez le décret par lequel j'ai institué l'ordre des Trois-Toisons d'or. Jusqu'à ce que j'aie organisé cet Ordre, mon intention est que vous remplissiez les fonctions de chancelier de la même manière que vous remplissez celles de grand chancelier de la Légion d'honneur. En consé'quence, vous prendrez possession des revenus que nous attacherons à l'ordre des Trois-Toisons d'or. Vous ferez faire les décorations conformément au modèle, et vous ferez enfin pour cet Ordre tout ce que vous faites en votre qualité de grand chancelier de la Légion d'honneur. »
— Napoléon., D'après la minute. Archives de l'Empire.
- Source
- Correspondance de Napoléon Ier, empereur des Français, vol. 19, Imprimerie impériale, 1865 [lire en ligne]
15855. — Au - M. Maret, Duc de Bassano,
Ministre-Secrétaire d'État, à Paris.
Paris. 18 février 1810.« Monsieur le Duc de Bassano, mon intention est que le rapport sur les comptes de la Légion d'honneur soit imprimé dans le Moniteur avec le budget de 1810. Présentez-moi la nomination d'un conseil qui se tiendra sous la présidence de l'architrésorier pour arrêter tous les comptes de la Légion d'honneur.
Il se tiendra mercredi prochain, chez l'archichancelier, un conseil de l'ordre des Trois Toisons d'Or. Le grand chancelier, le grand trésorier et le major général seront appelés à ce conseil, qui aura pour objet de me rendre compte de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire pour mettre en activité l'ordre des Trois Toisons d'Or. Dimanche prochain, le grand chancelier me présentera un modèle de la décoration de cet Ordre. Expédiez les lettres d'avis et de convocation nécessaires. »— Napoléon., D'après l'original. Archives de l'Empire.
- Source
- Correspondance de Napoléon Ier, empereur des Français, vol. 20, H. Plon, 1866 [lire en ligne]
16210. — À - « Les huit plus grandes batailles d'Ulm à Wagram » sont :
- Ulm ;
- Austerlitz ;
- Auerstaedt ;
- Iéna ;
- Eylau ;
- Friedland ;
- Eckmühl ;
- Wagram.
- Général Oudinot, Considérations sur les ordres de Saint-Louis & du Mérite militaire, vol. in-8°, Paris, 1833 ;
- François Frédéric Steenackers, Histoire des ordres de chevalerie et des distinctions honorifiques en France, Librairie internationale, 1867, 375 p. [lire en ligne]
Source :
- Étienne Alexandre Bardin, Mémorial de l'officier d'infanterie, vol. 1, Magimel, 1813, 2e éd. [lire en ligne]
- Orfèvre Joaillier des Ordres du Roi. Ci-devant vis-à-vis Henri IV. Chargé de la fabrication des Croix des Ordres de St.Michel et du St.Esprit, de St.Louis, du Mérite Militaire, de St.Lazare et autres. Demeure présentement Rue du Roule à la Fabrique des Croix de tous les Ordres du Roi. A Paris. s.d. (vers 1830).
- Source
- www.galaxidion.com. Consulté le 4 février 2011
COUDRAY - www.france-phaleristique.com, Pendentif définitif de l'Ordre des Trois-Toisons d'Or. Consulté le 4 février 2011
- A.-L. d'Harmonville, Dictionnaire des dates, des faits, des lieux et des hommes historiques ou les tables de l'histoire : répertoire alphabétique de chronologie universelle..., vol. 2, A. Levasseur, 1843 [lire en ligne]
Voir aussi
Articles connexes
- Décorations militaires instituées successivement en France jusqu'en 1815 ;
- Ordres, décorations et médailles de la France ;
- Rubans des décorations militaires et civiles françaises
- Décorations militaires (France).
Liens externes
- www.france-phaleristique.com, Ordre des Trois-Toisons d'Or - 15 août 1809 -. Consulté le 4 février 2011.
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