Médoc

Médoc

45° N 1° W / 45, -1

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Médoc
Image illustrative de l'article Médoc
Vignoble de Château La Tour (Pauillac)

Pays France
Subdivision administrative Aquitaine
Subdivision administrative Gironde
Villes principales Lesparre-Médoc
Productions Vins du Médoc
Régions naturelles voisines Grande-Lande (Landes de Bordeaux)
Graves
Pays de Buch
Pays (div. territoriale) Pays de Médoc

Image illustrative de l'article Médoc
Carte des différents « pays » du département de la Gironde

Le Médoc (Medoc en gascon, prononcer [meˈðuk])[N 1]) est une presqu'île du nord de la Gascogne, dans le département français de la Gironde.

Limité par l'océan Atlantique, l'estuaire de la Gironde et la vaste forêt des Landes, il est composé de trois entités historiques (Bas-Médoc, Haut-Médoc et Landes) et de plusieurs terroirs (Médoc viticole et Landes du Médoc notamment).

Sa capitale est Lesparre-Médoc[N 2], siège d'une importante sirie sous l'ancien régime, d'une sous-préfecture de nos jours. De par sa situation au cœur des vignobles, Pauillac est également un centre économique important. Le littoral est parsemé de petites stations balnéaires, très fréquentées pendant la saison touristique (Soulac, Montalivet, Carcans, Hourtin, Lacanau).

Les habitants du Médoc sont les Médocains (-aines), en occitan/gascon Medoquins/Médouquîs, (-inas), bien que la graphie « Médocain » se soit généralisée par homophonie. Durant l'antiquité, le gentilé utilisé était Méduliens (-iennes).

Sommaire

Étymologie

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer l'origine du nom « Médoc » :

  • Un dérivé de l'expression « Meduli litus »[1] dont le sens pourrait être « entre les deux bords » (de mer)[N 3]
  • Un dérivé de l'expression « In medio aquæ », signifiant « au milieu des eaux »[2]
  • Une altération de « pagus Medullicus » (pays Médullique), se référant à une possible occupation de la péninsule par une branche du peuple montagnard des Médulles (Medu = Hydromel) au Ier âge de Fer.

Géographie

Les côtes du Médoc vues du ciel

Occupant un grand tiers nord-ouest du département de la Gironde, le Médoc est avant tout connu pour ses vignobles, à la réputation internationale. Il présente cependant une grande diversité de paysages, depuis les marais du Bas-Médoc jusqu'aux grandes plages rectilignes battues par l'océan, en passant par la pointe de grave, cap où se croisent les eaux de l'Atlantique et de la Gironde, la forêt des Landes et ses étendues de pins maritimes à perte de vue, le chapelet d'étangs (Hourtin/Carcans, Lacanau) qui se succède du nord au sud ou encore les îles de Gironde (île Verte, île Nouvelle, île Paté...) qui forment un trait-d'union verdoyant entre les deux rives de l'estuaire.

Sa limite inférieure, assez arbitraire, passe entre Le Porge et Arès et par les Marais de Bruges (cours inférieur de la Jalle de Blanquefort), au cœur de l'agglomération bordelaise. Il est traversé par le 45e parallèle.

Le Haut-Médoc

Bordant l'estuaire de la Gironde, le Médoc viticole correspond principalement au Haut-Médoc. Il prolonge le Bas-Médoc (au nord) et le Bordelais (au sud). Les vignes, omniprésentes, plongent leurs racines dans des sols en apparence ingrats et caillouteux (les Graves), qui donnent pourtant quelques-uns des vins les plus réputés du monde. Ceux-ci sont issus de plusieurs cépages : cabernet-sauvignon et cabernet-franc (cépages de base), associés au merlot, au malbec et au petit verdot[3].

Les caves du Château Mouton Rothschild, un des grands crus du Médoc

Les paysages sont faits d'une succession de coteaux et de croupes, molles ondulations dominant çà et là des terres basses et humides (petits marais du bord d'estuaire, marais de Bruges, de Parempuyre, de Labarde...) draînées par des petits cours d'eau appelés localement « jalles » ou « esteys ». Ces espaces préservés conservent bien souvent une riche végétation palustre couplée à des forêts alluviales, et sont protégés dans le cadre du réseau de protection des espaces naturels de grande valeur patrimoniale Natura 2000[4].

Les principales agglomérations du Haut-Médoc sont Pauillac, important centre de négoce, Castelnau-de-Médoc, Saint-Laurent-Médoc ou encore Blanquefort, dans la proche banlieue bordelaise. Saint-Médard-en-Jalles, également dans la couronne bordelaise, abrite un important complexe aérospatial (missiles nucléaires), en liaison avec d'autres sites de la métropole bordelaise. Ces centres urbains sont relayés par un réseau de villes de moindre importance, mais dont la notoriété reste liée à certaines appellations fortes : Saint-Julien-Beychevelle, Margaux, Saint-Estèphe en sont quelques exemples.

La Gironde vue depuis Fort Médoc (site inscrit au patrimoine mondial de l'humanité)

L'habitat rural reste important, formé d'une trame dense de hameaux et de lieux-dits, mais aussi de « châteaux ». Ce terme désigne ici des exploitations viticoles, souvent organisées autour de demeures bourgeoises édifiées par de riches producteurs aux XVIIIe et XIXe siècles.

Au large des côtes du Haut-Médoc, les îles de Gironde (ou « archipel girondin ») forment un monde à part, où les vignes ne sont pourtant pas absentes. Constituées de sables et d'alluvions chariées par la Garonne et la Dordogne, elles évoluent au gré des courants : certaines accroissent leur superficie, d'autres au contraire sont continuellement entamées. Elles ont connu une certaine heure de gloire au moment de la crise du phylloxéra, car seules épargnées par le fléau[5]. Jusqu'au dernier tiers du XXe siècle, quelques-unes furent habitées, notamment l'île Verte, qui conserve les ruines de son village. Une réserve naturelle est en passe d'être aménagée par le conservatoire du littoral, propriétaire d'une partie de l'archipel.

Le Bas-Médoc

Au nord de Lesparre-Médoc s'étendent les marais du Bas-Médoc. Longtemps immergés (seules quelques îles étant habitées), ils furent aménagés par des Flamands et des Hollandais au XVIIe siècle[6]. Ces polders, auxquels les habitants ont donné le nom de « mattes » sont depuis dévolus à la culture du blé (de plus en plus, du maïs) et à l'élevage. Conservant une faune et une flore particulièrement riche (dont une concentration relativement importante de loutres et de visons d'Europe), ils sont une étape pour de nombreux oiseaux migrateurs, et sont protégés dans le cadre du réseau Natura 2000[7].

Les principales agglomérations du Bas-Médoc sont Lesparre-Médoc, Saint-Vivien-de-Médoc, Talais et le bipôle Soulac-sur-Mer/Le Verdon, qui est la plus ancienne station balnéaire du Médoc.

Les Landes du Médoc

La partie la plus méridionale de la presqu'île est formée des Landes du Médoc. Terres pauvres et marécageuses jusqu'au XIXe siècle, on y retrouvait autrefois toutes les caractéristiques propres à la Gascogne landaise : système agro-pastoral, avant que la loi du 19 juin 1857 ne conduise à l'assainissement des marais (développement d'un réseau de « crastes » évacuant les eaux stagnantes) et à la généralisation de la plantation de pins maritimes.

La forêt des Landes couvre une grande partie du Médoc

De cette ordonnance allait naître la forêt des Landes, le plus grand massif forestier d'Europe. Le pin, « arbre d'or », va bouleverser l'économie locale : il fournit du bois de construction, des traverses de chemin de fer, des poutres de mines, des poteaux télégraphiques, mais aussi et surtout de la résine (ou gemme), récoltée à l'aide d'outils spécifiques (hapchot, pot). Cette industrie du gemmage, qui reste vivace jusqu'au milieu du XXe siècle, permet la fabrication de l'essence de térébenthine et de la colophane, très utilisés dans l'industrie chimique[8]. Enfin, le pin est utilisé en papeterie (fabrication de pâte à papier, via les usines de Biganos et de Bègles). La forêt des Landes du Médoc se décompose en plusieurs massifs : forêt domaniale de la pointe de Grave au nord, forêt domaniale du Flamand près de Montalivet-les-Bains, forêts domaniales d'Hourtin (réserve naturelle), de Carcans et de Lacanau plus au sud, forêt communale de Salaunes près de Saint-Hélène, bois du Plantier près de Vertheuil... Plus ou moins endommagés par le grand incendie de 1949, ils sont sillonnés de pare-feux.

Le plateau landais est bordé par un imposant cordon dunaire, qui forme un véritable massif depuis la pointe de Grave jusqu'au cap Ferret (et se prolonge au sud, culminant à la dune du Pyla). Côté océan, il souligne une immense plage de sable fin, exposée plein ouest et soumise à la force des vagues et des courants, certains très dangereux (baïnes). Cet univers tonique est le royaume des estivants, mais aussi des surfers et autres amateurs de sports extrêmes, qui se retrouvent sur les différents spots de la côte médocaine.

De la pointe de Grave au cap Ferret, le littoral est composé de longues plages bordées de dunes

L'habitat y est dispersé, et ce fait est volontaire : il résulte des travaux de la Miaca (Mission interministérielle d'aménagement de la côte aquitaine) qui, dans les années 1960, a permis la création de pôles touristiques soigneusement balisés (stations balnéaires de Lacanau-Océan, de Hourtin-Plage, de Carcans-Plage) afin de préserver un littoral à la fois riche et instable d'une urbanisation anarchique[9]. Côté forêt, la dune est bordée de dépressions humides, les lèdes. Une ligne d'étangs a vu le jour au pied de ce bourrelet de sable : étangs d'Hourtin/Carcans (le plus vaste de France, avec 6000 hectares) et de Lacanau. Ils sont reliés à l'estuaire de la Gironde et au bassin d'Arcachon par une série de palus et de chenaux : palu de Talais, marais de la Perge, marais de Lespaut, marais de Montaut, marais et étang de Cousseau (réserve naturelle), marais de Talaris...

Les landes du Médoc sont peu peuplées, en dehors de quelques petits centres urbains vivant essentiellement du tourisme : Hourtin, Carcans et Lacanau, mais aussi Brach et Sainte-Hélène, en marge du littoral. Quelques hameaux conservent de remarquables exemples d'habitat traditionnel, qui, avec ses modestes maisons en maçonnerie, se distingue des maisons en bois du reste des Landes. Ces maisons sont longilignes, à toits à deux pentes et façade sur mur gouttereau. Il arrive qu'elles soient constituées d'une enfilade de 3 ou 4 pièces, plusieurs pièces pouvant communiquer avec l'extérieur.

Histoire

Article détaillé : Histoire de l'Aquitaine.
Série de haches médoquines - Musée de Soulac-sur-Mer

Les premières traces d'occupation humaine dans la région médocaine datent de la période azilienne (-8000 ans avant J.C.). Elles restent relativement limitées, en dehors de quelques menhirs, dolmens ou tumuli (Barbehère, à Saint-Germain-d'Esteuil, Le Bernet, à Saint-Sauveur) qui ne nous sont pas toujours parvenus intacts, sinon par le biais de la toponymie (Peyrelebade, « Pierre levée » en gascon). Vers le IIIe millénaire avant J.C. apparaissent les premiers objets en cuivre (pendentifs, armes, bijoux, objets du quotidien), qui indiquent des échanges avec d'autres peuples et civilisations, le Médoc étant dépourvu de gisements cuprifères. L'apparition de la culture campaniforme est marquée par la présence de poteries et de céramiques en forme de cloche, retrouvés sur plusieurs sites (Saint-Sauveur-Médoc, notamment).

L'âge de Bronze est un véritable âge d'or pour le Médoc. Loin d'être un finistère isolé et coupé du monde, la région est une étape importante sur la route de l'étain, métal indispensable à la fabrication du bronze. Un véritable artisanat se développe, spécialisé dans la fabrication de haches à rebords et à tranchant rectiligne, dites haches médoquines (130 à 225 mm). Cette industrie se diversifie au fil du temps avec l'apparition de modèles à talon et à bords évasés, retrouvés en divers points du territoire, mais aussi dans les Charentes ou dans les Landes[10].

Réplique de l'enseigne gauloise de Soulac (l'original est exposé au musée d'archéologie de la ville)

Des populations dites « proto-celtes » puis « pré-celtes » s'installent dans la région vers les VIIe et VIe siècles avant notre ère. Leur identité reste méconnue : s'agit-il de Médulles, ce peuple montagnard originaire de Maurienne ? Ceci n'est pas certain. Quoiqu'il en soit, le Médoc voit rapidement s'implanter sur son sol les Bituriges Vivisques, isolat celte au milieu de populations aquitaines. Ils sont, selon le célèbre géographe Strabon, « La seule peuplade allogène installée parmi les Aquitains »[11]. La conquête romaine est, selon toute vraisemblance, plutôt pacifique, les Bituriges préférant composer avec les envoyés de Publius Crassus, lieutenant de César. De fait, la « romanisation » est largement antérieure à l'apparition des premières légions romaines, marchands et « negociatores » les ayant précédés de longue date. Les Romains fondent ou plus souvent modernisent villes et ports, tels Metilium (Lesparre-Médoc) ou Noviomagus (sans doute Brion, près de Saint-Germain-d'Esteuil).

Une importante voie romaine, la levade, longe le littoral jusqu'à l'actuel Soulac-sur-Mer. Les rives de la Gironde présentent alors un aspect bien différent de celui qu'on lui connaît actuellement, et sont ponctuées de larges anses et de bras secondaires, d'où émergent quelques îles (Antros, Jau...). Au IIe siècle après J.C., Pline le Jeune décrira encore le Bas-Médoc comme « un pays où l'on ne peut ni naviguer comme sur la mer, ni marcher comme sur terre »[12]. Cette situation durera jusqu'au XVIIe siècle et l'assèchement des marais. L'Antiquité voit se développer le commerce des vins, mais aussi et surtout du sel et de l'ambre, ainsi que des produits artisanaux.

Le haut moyen-âge est une période relativement méconnue, durant laquelle le Médoc est intégré à des ensembles politiques variables (royaume d'Aquitaine mérovingien, puis carolingien). Des châteaux sont fondés çà et là, tel le château de Lesparre, au Xe siècle. Cette petite cité devient bientôt le siège d'une importante seigneurie, ses maîtres portant le titre de « sires »[13]. Le pélerinage à Compostelle se développe également, et des étapes sont aménagées au milieu de paysages désolés, où fièvres paludéennes et pellagre font de nombreuses victimes. Le chemin littoral (dit aussi « voie de Soulac » ou « voie des Anglais ») est la principale. Les jacquets qui l'empruntent font halte à la basilique de Soulac, à Saint-Hélène-de-l'Étang (Hourtin), Carcans et Lacanau, avant de poursuivre vers le sud. Des hospices sont implantés le long du chemin, tel celui de Grayannes (Grayan-et-l'Hôpital). D'autres voies, moins fréquentées, longent l'estuaire, par Saint-Vivien-de-Médoc, Lesparre, l'abbaye Saint-Pierre-de-l'Isle (Ordonnac) et Saint-Médard-en-Jalles, avant de rejoindre Bordeaux[14].

Portrait factice d'Aliénor d'Aquitaine (auteur inconnu)

Le mariage de la duchesse Aliénor avec le roi de France Louis VII en 1137 se révélant un échec patent, les deux époux obtiennent du pape une annulation de leur union en 1152. Le divorce est prononcé le 21 mars; le 18 mai, Aliénor épouse Henri Plantagenêt, comte d'Anjou. Lorsque celui-ci est porté sur le trône d'Angleterre en 1154, l'Aquitaine passe dans le giron anglais. Elle y gagne franchises et privilèges, et une plus grande ouverture du marché britannique pour ses productions (vin, notamment). De nombreux facteurs font que l'opposition entre Capétiens et Plantagenêt s'accroît, débouchant sur un des plus importants conflits de l'histoire de France : la guerre de Cent ans. Le Médoc y joue un rôle limité, ses seigneurs restant pour l'essentiel fidèles au roi-duc (ou au Prince noir pendant le temps de la principauté d'Aquitaine, de 1362 à 1372). Au milieu du XVe siècle, les Français grignotent peu à peu le duché de Guyenne, réduit à sa plus simple expression, et se livrent volontiers au pillage. Les troupes de Charles d'Albret et d'un chef de bande redouté, Rodrigue de Villandrando, ravagent ainsi le Médoc en 1438. S'ensuivent de longues années de troubles plus ou moins sporadiques, avant que les Français ne parviennent à prendre la totalité de la Guyenne (Bordeaux compris) en 1451. Cependant, l'occupation française est mal ressentie par la population, et des troubles éclatent quelques mois plus tard. Un ultime appel à l'aide est lancé au roi-duc, qui envoie une armée de secours commandée par John Talbot. Celle-ci débarque à Soulac le 19 octobre 1452[15]. L'éclaircie est pourtant de courte durée et s'achève par la mort de Talbot sur le champ de bataille de Castillon le 17 juillet 1453. La guerre de Cent ans prenait fin. Le souvenir de Talbot restera longtemps vivace, évoqué lors des veillées, comme « Lo bon rey Talabot » (Le bon roi Talbot)[16].

Le Médoc se relève tant bien que mal, et bénéficie d'une campagne de mise en valeur en deux temps. La première, due au roi Henri IV, voit l'assèchement des marais du Bas-Médoc par des Flamands et des Hollandais, qui mettent en place des polders et introduisent, par la même occasion, les vaches frisonnes[6]. La seconde, plus radicale, intervient à partir du XVIIIe siècle avec les premiers essais de fixation des dunes, jusqu'alors fort dangereuses car « mouvantes » (des villages entiers sont ensevelis, comme Soulac), et les premiers boisements. Ceux-ci s'intensifieront au siècle suivant, notamment après la promulgation de la loi du 19 juin 1857 prescrivant l'assainissement des marécages et leur ensemancement en bois (pin maritime). Sur les croupes de l'estuaire, la viticulture connaît son âge d'or aux XVIIIe et XIXe siècle : quelques-uns des plus grands crus du Médoc se distinguent à l'exposition universelle de 1855, tels Château Margaux, Château Lafite et Château Latour. Durement éprouvés par la crise du phylloxéra, les vignobles seront patiemment reconstitués.

Erwin Rommel en tournée d'inspection à Lacanau

Le XXe siècle est marqué, comme dans le reste du pays, par l'occupation allemande. Les 29 et 30 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht pénètrent en Médoc par Le Verdon (en provenance de Royan) et par Bordeaux. Sous l'action de plusieurs mouvements de résistance (Libération-Nord, FTP, OCM), des maquis s'organisent et mènent la vie dure à l'occupant, tout en préparant la libération (caches d'armes, prise en charge de parachutistes...). À la fin de la guerre, les Allemands s'enferment dans une poche de résistance (Gironde Mündung Nord), délivrée en avril 1945 par les FFI du général Milleret, dit « Carnot »[17].

La deuxième moitié du XXe siècle et le début du XXIe voient des tentatives de reconversion d'une économie en perte de vitesse. Le déclin de la sylviculture, patent après 1920, est encore accentué par une série de catastrophes, parmi lesquelles le terrible incendie de forêt de 1949 (les fumées étant visibles jusqu'à Bordeaux !) et les tempêtes Martin (1999) et Klaus (2009). La céréaliculture (maïsiculture), après quelques échecs initiaux, devient un des moteurs de la région, avec le tourisme (Œnotourisme, tourisme balnéaire et naturisme, notamment). De nombreux actifs effectuent de nombreux mouvements pendulaires, la région vivant de plus en plus au rythme de la grande métropole régionale qu'est Bordeaux.

Villes principales

Les principales villes médocaines sont :

Communautés de communes

Le Médoc compte six communautés de communes :

  1. Communauté de communes du Centre Médoc
  2. Communauté de communes Cœur du Médoc
  3. Communauté de communes Médoc Estuaire
  4. Communauté de communes de la Pointe du Médoc
  5. Communauté de communes Médulienne
  6. Communauté de communes des Lacs Médocains

Ces six communautés de communes se sont associées avec trois communes de la Communauté Urbaine de Bordeaux (Eysines, Blanquefort et Parempuyre) au sein du « Syndicat Mixte du Pays Médoc », permettant ainsi de coordonner au mieux leurs actions de développement du territoire.

Économie

Viticulture

Article détaillé : vignoble du Médoc.

Le classement de premiers grands crus à Pauillac et à Margaux lors de l'exposition universelle de 1855 a confirmé le Médoc comme terroir de référence pour les vins rouges de haut de gamme. La force du Médoc est de permettre la production en nombre de vins de très grande classe. Le renom des grands châteaux est international.

Le vignoble du Médoc comprend les appellations suivantes : médoc, haut-médoc, saint-estèphe, pauillac, saint-julien, listrac-médoc, moulis-en-médoc et margaux.

Logistique et industrie

Le Médoc est une région peu industrialisée, en dehors des communes de la grande périphérie de Bordeaux, qui s'inscrivent dans le périmètre de la métropole. Saint-Médard-en-Jalles abrite ainsi un important complexe axé sur les technologies de pointe, notamment dans le domaine de la défense (EADS, ex Aérospatiale) et plus spécifiquement les missiles nucléaires. Cette même commune dispose également d'un site de la SNPE (poudres et explosifs) et est le siège du CAEPE (essais de fusées et missiles de la force de dissuasion nucléaire française)[18].

Le port du Verdon est un des huit sites du Grand port maritime de Bordeaux (GPMB). Mis en service en 1976, il est spécialisé dans le trafic des conteneurs. Son quai de chargement, long de 600 mètres, est équipé de trois portiques. Ce port industriel est équipé d'aires de stockages de 10 hectares et d'une zone franche de 59 hectares. Le site permet la manutention par roulage (système ro-ro)[19]. Le port industriel est distinct du port de plaisance, Port-Médoc (800 anneaux) et de Port-Bloc (bac effectuant la liaison Le Verdon-Royan).

Le port de Pauillac est également un site du Grand port maritime de Bordeaux. C'est depuis ses infrastructures que sont acheminés une grande partie des pièces de l'airbus A380 vers Langon, puis Toulouse[19]. Tout comme Le Verdon, Pauillac possède également un port de plaisance.

Tourisme

L'économie touristique, née à la « Belle Époque » avec la mode des bains de mer à Soulac-sur-Mer ou Lacanau, est aujourd'hui le deuxième poste de PIB du Médoc derrière la viticulture[20]. Elle a ainsi généré 240 millions d'euros de mai à septembre 2004 sur le littoral médocain[21].

Lacanau, important « spot » de surf

Elle est toutefois marquée par une saisonnalité importante et un déséquilibre fort entre le littoral atlantique et la zone viticole et estuarienne du Médoc. En effet, la zone du littoral atlantique regroupe environ 74 000 lits touristiques marchands déclarés, auxquels s'ajoutent 114 000 lits en résidence secondaire, alors que l'intérieur des terres ne propose qu'un peu plus de 2 000 lits marchands déclarés pour environ 7 000 lits en résidence secondaire… Cette économie est donc pourvoyeuse d'emplois, puisque plus de 4 300 saisonniers ont travaillé sur le littoral durant la saison 2006[22].

Piste cyclable en forêt dans le Médoc

Les filières touristiques du Médoc sont nombreuses. Favorisé par l'héliotropisme, le tourisme balnéaire reste un des atouts majeurs du territoire. Il a amené le développement d'une offre complète autour des activités de pleine nature. Au premier rang, c'est le vélo qui a modifié des pratiques de déplacements des touristes en vacances sur le littoral, grâce aux nombreuses pistes cyclables qui sillonnent le Médoc, entre océan et lacs, et en forêt. Autre activité de loisir très présente sur le littoral : le surf. Grâce à la notoriété d'une station comme Lacanau, mais aussi à de nombreux spots tout le long du littoral, ou encore d'événements majeurs (Lacanau Pro par exemple), le surf s'est très vite et tout naturellement imposé.

Derrière le cordon dunaire, et grâce à des plans d'eaux particulièrement adaptés à cette pratique (lac de Carcans-Hourtin, lac de Lacanau, estuaire de la Gironde), ce sont toutes les activités nautiques (voile, ski nautique, etc.) qui ont trouvé un climat favorable pour leur développement, grâce notamment à un régime des vents propice (de nombreuses régates nationales et internationales se déroulent d'ailleurs sur ces plans d'eau), et des installations portuaires de qualité (Port-Médoc, Port de Pauillac notamment). Plus à l'intérieur des terres, c'est l'œnotourisme qui a connu une émergence tout aussi récente que rapide, avec de plus en plus de propriétés viticoles qui ouvrent leurs portes et proposent des visites de plus en plus élaborées[23].

Par ailleurs, le golf est aussi très présent en Médoc, avec plusieurs parcours, à la fois sur le littoral atlantique (à Lacanau notamment) mais aussi dans le vignoble (à Margaux et au Pian-Médoc). Enfin, une des grandes filières de ce territoire reste le naturisme, regroupé en particulier sur trois grands centres de vacances (au Porge, à Montalivet et à Grayan-et-l'Hôpital) qui disposent à eux seuls d'environ 15 000 lits marchands, faisant du Médoc une des grandes destinations naturistes en France.

Agriculture

L'industrie du gemmage fut pendant plusieurs décennies un des piliers de l'économie médocaine. La gemme, prélevée à partir d'une « carre » (entaille) faite à l'aide d'un « hapchot » (petit outil spécifique), était ensuite distillée pour produire de l'essence de térébenthine ou de la colophane. Le déclin de cette activité a conduit les autorités à mettre en place de nouvelles solutions de développement (céréaliculture intensive). Le gemmage reste néanmoins pratiqué, mais en utilisant une technique plus moderne : l'introduction d'une solution d'eau et d'acide sulfurique à l'aide d'une « rainette » limite ainsi la blessure de l'arbre, et assure un meilleur rendement[24].

Opération de gemmage (récolte de la résine de pin)

Les premières tentatives de mise en valeur agricole intensive sont menées dans le courant des années 1960. Menées par la CALG (compagnie d'aménagement des landes de Gascogne) puis par la CARA (compagnie d'aménagement rural d'Aquitaine), elles rencontrent d'abord un succès mitigé. De nouvelles expériences menées dans le courant des années 1980, avec mise en place d'infrastructure adaptées (rampes automatiques, tourniquets, engins d'arrosage) sont cependant couronnées de succès. La maïsiculture connaît ainsi en Gironde un rendement particulièrement important[25].

Économiquement parlant, le Médoc est de plus en plus marqué par l'influence de Bordeaux, métropole dynamique et centre industriel, commercial et culturel qui rayonne sur toute la région. Un nombre croissant d'actifs travaillent dans la CUB, qui demeure le principal pôle d'emploi du département. Peu industrialisé, sinon dans la proche périphérie bordelaise (complexe aérospatial de Saint-Médard-en-Jalles, notamment), le Médoc préserve ses paysages, sa qualité de vie et développe d'incontestables atouts écologiques, matérialisés par deux réserves naturelles (réserve naturelle nationale de l'Étang de Cousseau et réserve naturelle nationale des dunes et marais d'Hourtin) déjà en place, et plusieurs projets d'aménagement (site de l'archipel girondin, notamment).

Culture

Langue régionale

Article détaillé : Gascon.

La langue vernaculaire de la quasi-totalité du Médoc est le gascon, un des six dialectes principaux de l'occitan. Seul l'enclave du Verdon se différencie du reste de la presqu'île, étant un isolat de langue et de culture saintongeaise (langue d'oïl)[26].

Quelques mots médocains :

Dans La Ribeira (La rivière) :

  • estey n.m. 'chenal'.
  • grave n.f. 'terrain graveleux constitué de graviers fluvatiles, prisé pour la viticulture'
  • jalle n.f. 'cours d'eau'.
  • poujeau n.m. 'hauteur (souvent peu marquée)'.

Dans La Lande :

  • alios n.m. 'roche gréseuse du sous-sol landais, composée de sable (96%) lié par un ciment d'oxydes de fer et de colloïdes humiques'
  • baïne n.f. 'trou d'eau dans les plages' ; elles génèrent un courant vers le large quand elles se vidangent
  • berle n.f. 'prairie humide'
  • la canau n.f. 'le canal'.
  • galip n.m. 'copeau enlevé par le résinier'
  • jéma / gemme n.f. 'résine de pin fraîche'
  • hapchot n.m. 'petite hache à bec recourbé utilisé par les gemmeurs'
  • pitey n.m. 'échelle à gradins taillée dans une jeune tige de pin'
  • lède n.f. 'marais'.

Gastronomie

Articles détaillés : Vignoble du Médoc et Cuisine occitane.

La gastronomie médocaine accorde une place importante aux produits de la mer, du fleuve (Gironde) et de la terre. Les poissons (alose, anguille, sardine, pibale, merlu, baudroie...) sont une composante essentielle de la table médocaine. L'alose, pêchée à la « bichareyre » (filet maillant), est servie grillée ou accompagnée d'oseille, tandis que la lamproie à la bordelaise est nappée d'une sauce au vin et souvent accompagnée d'une fondue de poireaux.

Le grenier médocain, spécialité régionale à base de panse de porc.

Les pibales ou civelles sont des alevins d'anguille, pêchés traditionnellement dans l'estuaire et servis en poêlée avec de l'ail. Si l'ostréiculture n'est plus guère présente que de façon confidentielle dans le nord de la presqu'île (Soulac, Saint-Vivien-de-Médoc), la production de gambas y a été introduite depuis les années 1980[27]. Tout comme les crevettes blanches — ou « bichettes » — on les prépare simplement grillées ou avec de l'anis.

L'agneau de Pauillac représente un produit phare de la région, et est simplement servi grillé sur des sarments de vigne. Les gibiers sont représentés par les palombes, les bécasses ou les grives. Enfin, le grenier médocain est une charcuterie à base de panse de porc roulée. Le Médoc produit également des friandises : noisettines médocaines (noisettes caramélisées) et sarments du Médoc (bâtonnets de chocolat). Accompagnant ces produits typiques, les vins du Médoc sont de réputation internationale : Château Latour, Château Lafite, Château Margaux, Château Mouton-Rothschild en sont quelques exemples célèbres. Ils sont également la base de quelques produits dérivés, dont la gelée de vin du Médoc, traditionnellement servie en accompagnement de fromages ou servant à déglacer les sauces[28].

Patrimoine

Les monuments emblématiques du Médoc sont essentiellement :

  • La basilique Notre-Dame de Soulac. Importante étape sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, on y vénérait les reliques de sainte Véronique et la « vraie goutte de lait de la sainte Vierge ». Totalement ensevelie par la dune au XVIIIe siècle, elle est dégagée et restaurée au siècle suivant. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco.

Notes et références

Notes

  1. Parfois aussi : Medòc [meˈðɔk]
  2. « Titre » qu'elle dispute à Pauillac et à Saint-Laurent-de-Médoc
  3. si meduli signifie « entre » - comme medio et litus = « littoral » - ce qui n'est pas certain

Sources et références

  1. Meduli litus
  2. Richesses des terroirs de France, ouvrage sous la direction de Bernard Hennequin, éditions France-Loisirs, p.196
  3. Aimer la Gironde, par Jean-Pierre Bouchard et Annick Larivière, éditions Ouest-France, p.39
  4. Marais du Haut-Médoc, site Natura 2000
  5. L'île Nouvelle, site de l'estuaire de la Gironde
  6. a et b Rôle des Hollandais dans l'histoire de la viticulture mondiale et leur influence sur le vin noble, p.6
  7. Marais du Bas-Médoc, site Natura 2000
  8. Connaître la Gironde, par Philippe Prévôt, éditions Sud-Ouest, p.100
  9. Géo n°290, La Gironde, La Miaca : une mission qui ne demande qu'à renaître, par Christophe Agnus, p.153
  10. Histoire des Aquitains, par Antoine Lebègue, éditions Sud-Ouest, p.22
  11. Histoire des Aquitains, par Antoine Lebègue, éditions Sud-Ouest, p.30
  12. Connaître la Gironde, par Philippe Prévôt, éditions Sud-Ouest, p.116
  13. Les chemins de Saint-Jacques en Gironde, par Francis Zapata, p.50
  14. Les chemins de Saint-Jacques en Gironde, par Francis Zapata, p.21 à 31 et 45 à 63
  15. Histoire des Aquitains, par Antoine Lebègue, éditions Sud-Ouest, p.154
  16. Connaître la Gironde, par Philippe Prévôt, éditions Sud-Ouest, p.119
  17. Opération « Vénérable » : La libération de la poche de la pointe de Grave
  18. Gironde, encyclopédies Bonneton, p.280
  19. a et b Le Grand port maritime de Bordeaux et son trafic
  20. source : charte de territoire du Pays Médoc
  21. Source : enquête menée par BVA pour le compte du Comité Départemental du Tourisme de la Gironde et le Comité Régional du Tourisme d'Aquitaine
  22. source : de l'INSEE
  23. http://fr.calameo.com/read/000001318ca4019b8b0a1 Destination Vignobles en Médoc
  24. Richesses des terroirs de France, ouvrage sous la direction de Bernard Hennequin, éditions France Loisirs, p.209
  25. Gironde, encyclopédies Bonneton, p.273-274
  26. L'enclave saintongeaise (alias Gabatche) du Verdon, par Éric Nowak
  27. Des gambas au milieu des vignobles, article de Pierre Sauvey publié dans la Dépêche du Midi, 8/05/2001
  28. Spécialités gastronomique du Médoc, site de la ville de Pauillac

Voir aussi

Liens externes

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